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31 juillet 2023 1 31 /07 /juillet /2023 15:19

Le 7 juillet 1950, en l’absence de l’Union soviétique - laquelle entendait ainsi protester contre l'occupation du siège de la Chine par la République de Chine (Taiwan) -, le Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) adopta la résolution 84 confiant aux États-Unis l'autorité de l'opération militaire menée contre la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) dans la péninsule coréenne où les combats avaient débuté le 25 juin précédent. Par cette résolution, le Conseil de Sécurité autorisait les États-Unis à utiliser le drapeau des Nations Unies dans le cadre d’un « commandement unifié » dont ils étaient le chef. Aujourd’hui, 70 ans après la fin des combats en Corée, les forces des États-Unis stationnées en Corée du Sud utilisent toujours le drapeau des Nations Unies, y compris pendant les exercices militaires simulant une invasion du Nord, laissant croire que l’Organisation des Nations Unies, au mépris de sa propre Charte, apporte son soutien à de telles manœuvres menées à l’initiative des seuls États-Unis. Pour protester contre ce qui apparaît comme une usurpation, le Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée a adressé le 27 juillet 2023 une lettre ouverte au secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lui demandant de mettre fin à l'autorisation accordée aux États-Unis d'agir sous couvert des Nations Unies en Corée.

L’AAFC publie ci-dessous la traduction française de cette lettre.


 

27 juillet 2023

 

Son Excellence Monsieur António Guterres

secrétaire général des Nations Unies

New York NY 1017,
U.S.A.

 

Cher Monsieur le Secrétaire général,

 

Nous soussignés demandons que les Nations Unies révoquent la permission d’utiliser le drapeau des Nations unies accordée aux États-Unis d’Amérique en tant que chef du commandement unifié en Corée.

 

Malgré le fait que 70 années ont passé depuis la signature de l’armistice qui a mis fin aux combats, le danger d’une reprise des hostilités dans la péninsule coréenne a rarement été aussi grand qu’aujourd’hui. Il est donc approprié de revoir le rôle des Nations Unies afin de promouvoir un régime de paix pour le peuple de la péninsule coréenne.

 

L’utilisation du drapeau des Nations Unies, en association avec les manœuvres sur le terrain telles que les récents exercices de guerre à grand échelle « Freedom Shield » et « Warrior Shield », donnent une fausse impression que les Nations Unies approuvent les manœuvres militaires d’un des belligérants. Cela entrave le potentiel des Nations Unies d’agir en tant qu'intermédiaire pour la paix dans la péninsule.

 

En novembre 1975, la clause B3 de la résolution A/RES/3390B de l’Assemblée générale a appelé à « dissoudre le ‘Commandement des Nations Unies’ et retirer toutes les troupes étrangères stationnées en Corée du Sud sous le couvert des Nations Unies ».

 

Par la suite, trois de vos prédécesseurs, Boutros Boutros-Ghali, Kofi Annan et Ban Ki-moon ont publiquement reconnu que le « Commandement des Nations Unies » en Corée n’est pas un organe des Nations Unies.

 

En conséquence, nous appelons à l'annulation de la clause 5 de lrésolution 84 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies le 5 juillet 1950, laquelle « autorise le commandement unifié à utiliser à sa discrétion, au cours des opérations contre les forces de la Corée du Nord, le drapeau des Nations Unies »Elle fut adoptée en l’absence d'un membre permanent du CSNU, l'Union soviétique. Les véritables hostilités de cette époque sont depuis longtemps passées à l’histoire.

 

Cette action apportera une contribution positive à la paix en dissipant l’illusion qu’un des belligérants, en l’occurrence les États-Unis, agit sous les auspices des Nations Unies. Libérées du fardeau d’une fausse participation, les Nations Unies, et le bureau du Secrétaire général, seront alors en meilleure position pour remplir leur vrai rôle d’organisation impartiale, laquelle est à même, selon les termes de l’article 1 de la Charte des Nations Unies, de « réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement de différends ou de situations susceptibles de mener à une rupture de la paix ».

 

Bien cordialement,

 

pour le Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée

 

Co-présidents

M. Madhav Kumar Nepal, ancien Premier ministre du Népal, président du Comité pour la promotion de la réunification de la Corée, gamknepal@gmail.com

Dr. Doğu Perinçek, président du Parti patriote, Turquie, international@vatanpartisi.org.tr

Rashed Khan Menon, président du comité central du Parti des travailleurs du Bangladesh, arkhan@bangla.net

M. Atul Kumar Anjan, président de l’Association d’amitié panindo-coréenne, atulanjaan@gmail.com

M. Rafael V. Mariano, président de la Société d’amitié et de solidarité Philippines-Corée, kapaeng_mariano@yahoo.com

M. Neil Fitzgerald, président national de la Société pour la culture et l’amitié Australie-RPDC, bequanaland@gmail.com

Secrétariat

Directeur

M. Raymond Ferguson, secrétaire général de la Société pour la culture et l’amitié Australie-RPDC, ray.ferguson@tisgroup.com.au

Secrétaires adjoints

Mme Norma G. Binas, secrétaire générale de la Société d’amitié et de solidarité Philippines-Corée, norbin2008@gmail.com

M. Javed Ansari, président du Comité pour la solidarité et l’amitié Pakistan-Corée, ansarijaved1@yahoo.com

M. Hakki Ergincan, président de l’Association d’amitié Turquie-Corée, heergincan@gmail.com

Bureau d’information publique

Directeur

M. Teguh Santosa, président de l’Association pour les échanges culturels et l’amitié Indonésie-Corée, teguh_timur@yahoo.com

Membres exécutifs

M. Phanidra Raj Pant, secrétaire général de l’Association d’amitié Népal-Corée, prpanta@yahoo.com

M. Peter Wilson, secrétaire de la Société Nouvelle-Zélande-RPDC, nzdprksociety@gmail.com

 

Lettre du Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée (en anglais)

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14 juillet 2023 5 14 /07 /juillet /2023 14:33

Le 12 juillet 2023, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a procédé, pour la quatrième fois depuis le début de l'année, au lancement d'un missile balistique intercontinental, sous la supervision du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Selon KCNA, il s'agit d'un missile de type Hwasong-18 à combustible solide, ayant parcouru 1 001,2 km et atteint une altitude maximale de 6 648,4 km. 

Pyongyang a lancé un nouveau missile balistique intercontinental

Dans une dépêche publiée le 13 juillet 2023, l'agence nord-coréenne KCNA a déclaré qu'il s'agissait d'une mesure d'auto-défense pour garantir la sécurité nationale et garantir la paix régionale contre "le désastre d'une guerre nucléaire". Toujours selon KCNA, il a été procédé au tir en réaction aux "mouvements militaires dangereux des forces hostiles" - la suite de la dépêche citant nommément les Etats-Unis et la République de Corée (Corée du Sud).

Par la voix de leur secrétaire d'Etat, Antony Blinken, les Etats-Unis ont déclaré, le 14 juillet 2023, qu'ils protégeraient leurs alliés contre toute "agression" de la Corée du Nord. A l'instar de la France, ils avaient auparavant fermement condamné ce nouveau lancement de missile, contraire aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), tout en appelant au dialogue pour une issue diplomatique à la crise.

La Corée du Sud, à direction conservatrice, a réagi en prenant des sanctions unilatérales contre quatre personnalités et trois institutions nord-coréennes.

La Russie et la Chine imputent la responsabilité de la dégradation de la situation sécuritaire en Asie du Nord-Est aux Etats-Unis et à leurs alliés, qui intensifient leurs manoeuvres militaires - à la suite notamment de la déclaration de Washington. Dans ce contexte, il apparaît hautement improbable que de nouvelles sanctions soient adoptées par le CSNU. 

Fidèle à sa position constante en faveur de la paix et de la dénucléarisation de l'ensemble de la péninsule coréenne, l'AAFC estime que mettre fin à l'escalade des tensions implique de mener un dialogue sincère, prenant aussi en compte les attentes en termes de sécurité de la partie la plus faible (la RPDC) et s'inscrivant dans un cadre "action contre action", où chacune des deux parties s'engage conjointement sur la voie de la désescalade. A la veille du 70e anniversaire de l'armistice ayant mis fin aux combats de la guerre de Corée, tout doit être mis en oeuvre pour éviter qu'un nouveau conflit endeuille la péninsule coréenne. L'AAFC y contribuera en organisant, à cette occasion, de nouvelles manifestations pour la paix en Corée.

Sources : 

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3 juin 2023 6 03 /06 /juin /2023 21:46

Le 31 mai 2023, l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a reconnu l'échec du lancement du satellite de reconnaissance militaire Chollima-1, en début de matinée, depuis le site de lancement Sohae. Alors que la RPDC entend poursuivre ses programmes militaires face aux menaces des Etats-Unis et de leurs alliés - dans un contexte d'escalade des tensions, marqué notamment par l'adoption de la déclaration de Washington - les puissances occidentales ne sont pas parvenues à faire condamner Pyongyang au Conseil de sécurité des Nations unies, Pékin et Moscou mettant en cause l'attitude des Etats-Unis dans la péninsule coréenne. 

Lancement du satellite Chollima-1 le 31 mai 2023 (source : KCNA)

Lancement du satellite Chollima-1 le 31 mai 2023 (source : KCNA)

Dans une certaine démarche de transparence, l'agence officielle nord-coréenne KCNA a reconnu l'échec du lancement et tenu à en analyser les raisons, dans l'attente d'un examen plus approfondi des causes de cet insuccès - avant l'annonce d'un second lancement, après une phase de tests, dès que possible : 

La fusée porteuse Chollima-1 est tombée dans la mer de Corée occidentale (...) en raison du démarrage anormal du moteur du second étage après la séparation du premier étage pendant un vol normal. Le porte-parole de la NADA [NdA : l'agence spatiale nord-coréenne] a attribué cet échec au manque de fiabilité et de stabilité du système de moteur de type nouveau appliqué à la fusée porteuse Chollima-1 et au caractère instable du carburant utilisé.

Si Pyongyang avait prévenu le Japon du lancement du satellite (comme il est d'usage pour ses programmes spatiaux qui sont présentés comme étant pacifiques), le tir du 31 mai a entraîné des alertes inappropriées en République de Corée (Corée du Sud) et au Japon - soulevant des interrogations sur leur caractère opérationnel. Un appel aux Séoulites à se préparer à une évacuation était erroné, de l'avis même du ministère de l'intérieur sud-coréen, faute de menace sur Séoul. De même, les autorités nippones ont retiré, une demi heure après l'avoir lancé, un appel aux habitants d'Okinawa les exhortant à se mettre à l'abri. En 2012 et en 2016, La RPDC avait procédé à des lancements de satellites qui avaient survolé Okinawa.

Sans surprise, les Etats-Unis ont dénoncé une violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, étant rejoints par Séoul et Tokyo dans leurs condamnations.

Mais la Chine et la Russie ont réitéré leur position, constante depuis un veto opposé en mai 2022 à une proposition américaine de renforcement des sanctions contre la RPD de Corée, selon laquelle les Occidentaux ont une responsabilité majeure dans l'escalade des tensions, en pointant - à l'instar de Pyongyang - l'impact de la déclaration de Washington. Les deux membres permanents du CSNU ont exhorté les Etats-Unis et leurs alliés à faire diminuer le niveau des tensions et à renouer avec la voie du dialogue, en soulignant que leur proposition conjointe de novembre 2021, en mettant fin à des sanctions toujours plus lourdes, a pour objectif de "favoriser la désescalade, la confiance mutuelle et l'unité" parmi les 15 membres du Conseil de sécurité, selon la formule de Geng Shuang, ambassadeur adjoint de la Chine aux Nations unies.

Sources :

- 38 North

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26 mai 2023 5 26 /05 /mai /2023 15:14

Fondé en 1957, le mouvement Pugwash rassemble des personnalités universitaires et politiques pour réduire les dangers de conflits armés - notamment de conflits nucléaires, ce qui a valu à l'organisation internationale d'obtenir le Prix Nobel de la Paix en 1995 pour son action en faveur du désarmement nucléaire. En étant animé par des personnalités venant à la fois de l'Ouest de de l'Est, Pugwash a acquis une réputation d'impartialité qui lui a permis d'intervenir efficacement lors de plusieurs épisodes de tension liés aux armes nucléaires. En particulier, Pugwash a joué un rôle de médiation dans la péninsule coréenne, ainsi que l'a souligné Venance Journé dans un article intitulé "Pugwash ou la diplomatie scientifique contre les armes nucléaires", publié dans le numéro 225 (avril 2023, p. 69-79) de la revue Raison présente de l'Union rationaliste, et que nous avons analysé ci-après.

Le physicien polonais Józef Rotblat, spécialiste de physique nucléaire, qui a cofondé Pugwash

Le physicien polonais Józef Rotblat, spécialiste de physique nucléaire, qui a cofondé Pugwash

Lors de la première crise nucléaire nord-coréenne, lors de laquelle les Etats-Unis envisagèrent une option militaire contre les installations nucléaires nord-coréennes, Józef Rotblat joua un rôle pour l'engagement des discussions : en effet, il écrivit personnellement à Kim Il-sung pour exhorter le président nord-coréen à ce que son pays ne quitte pas le Traité de non-prolifération (TNP). Les échanges entre Washington et Pyongyang  aboutirent à l'accord-cadre de Genève en 1994 : en contrepartie de la fourniture par les Etats-Unis de deux réacteurs à eau légère et d'une normalisation des relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée, cette dernière resta membre du TNP.

L'annulation de l'accord par les Etats-Unis en 2002 - après que le Président George W. Bush eut classé la Corée du Nord parmi les pays de "l'Axe du mal" - conduisit toutefois la RPD de Corée à quitter le TNP en janvier 2003 et à mener six essais nucléaires (de bombes A et H) entre 2006 et 2017. Dans ce contexte, plusieurs délégations de Pugwash furent invitées en Corée du Nord et l'organisation internationale s'est affirmée comme un canal de dialogue, notamment entre les deux Etats coréens, ainsi que l'a souligné Venance Journé dans l'article de Raison présente précité :

Depuis 2001, de nombreuses délégations Pugwash se sont rendues en Corée du Nord et ont maintenu des contacts à haut niveau. Les Nord-Coréens participent aux conférences annuelles depuis les années 1990 et ont établi un groupe national. Le Conseil organise régulièrement des conférences sur le développement énergétique et économique, la coopération en matière de sécurité en Asie du Nord-Est et du Sud-Est, la sécurité alimentaire ou la médecine, qui se tiennent en Chine, au Vietnam ou en Mongolie, leur objectif principal étant de réunir des experts des deux pays de la péninsule pour résoudre des problèmes communs et établir la confiance entre les deux Corées. Pugwash a aussi favorisé la création du Centre international de Pyongyang sur la nouvelle économie et la technologie en 2003.

Lors de la crise internationale de 2017 autour de la Corée, Pugwash fut sollicité par la Corée du Sud et la Corée du Nord pour jouer un rôle de médiateur. En particulier, le président sud-coréen Moon Jae-in demanda à Pugwash, en décembre 2017, de convaincre les Nord-Coréens de participer aux Jeux olympiques de Pyeongchang - et, de fait, la Corée est apparue former une seule nation lors de cette trêve olympique.  S'était ainsi enclenché un mouvement de rapprochement et de rencontres diplomatique entre la Corée du Nord, la Corée du Sud et les Etats-Unis.

Venance Journé conclut que Pugwash n'a certes pas empêché le développement d'armes nucléaires en Corée du Nord, mais qu'elle a permis d'abaisser les tensions et a su s'affirmer à Pyongyang comme un interlocuteur respecté car neutre : 

Bien que Pugwash n'ait pu empêcher le programme nucléaire militaire nord-coréen, son action a été décisive en 1994 puis a contribuer à retarder de dix années la mise au point des armes. Pugwash est considéré en Corée du Nord avec respect et comme une organisation neutre. Ses possibilités sont bien entendu contraintes par les changements politiques dans les pays concernés, quand les nouveaux dirigeants sont moins enclins à la négociation. Cependant, dans une situation aussi tendue, délicate, changeante et où l'incompréhension prévaut, le maintien de contacts confidentiels réguliers a sans doute permis d'éviter des développements militaires beaucoup plus dangereux de part et d'autre.

Source : 

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27 avril 2023 4 27 /04 /avril /2023 21:25

Dans le cadre de la visite du président de la République de Corée (Corée du Sud) Yoon Seok-yeol aux Etats-Unis, le président sud-coréen et son homologue américain Joe Biden ont signé le 26 avril 2023 une déclaration, la déclaration de Washington, qui renforce l'alliance entre les deux pays - notamment dans le domaine nucléaire. Si les deux chefs d'Etat entendent ainsi répondre aux menaces nord-coréennes, c'est de fait à une escalade des tensions que tend la déclaration de Washington, sans d'ailleurs satisfaire les préoccupations sécuritaires d'une majorité de Sud-Coréens favorables à ce que leur pays se dote de l'arme nucléaire. 

 

La déclaration de Washington, un texte qui attise les tensions

Le point le plus saillant de la déclaration bilatérale américano-sud-coréenne est que "des sous-marins américains à armement nucléaire accosteront pour la première fois en Corée du Sud depuis plus de quarante ans", comme l'a indiqué CNBC. Ainsi placée sous le "parapluie nucléaire" américain, la République de Corée doit continuer à s'abstenir de développer un programme nucléaire militaire autonome, en réaffirmant son engagement en ce sens au sein du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) - alors que le refus de voir d'autres Etats que ceux possessionnés se doter de l'arme nucléaire constitue l'une des constantes de la diplomatie américaine, d'autant plus qu'une telle évolution justifierait a contrario le programme nucléaire militaire nord-coréen.  

Un sondage indique pourtant que 64 % des Sud-Coréens sont favorables à ce que la République de Corée se dote de l'arme nucléaire, ce qui témoigne d'une volonté de disposer de moyens de dissuasion nucléaire autonomes de ceux des Etats-Unis. 

La déclaration de Washington envisage également de renforcer l'entraînement commun des troupes sud-coréennes et américaines - mais c'est déjà à ce quoi tendent des exercices militaires conjoints de plus en plus fréquents et de plus en plus longs. Enfin, un groupe de consultation nucléaire doit être constitué entre Washington et Séoul pour élaborer une planification stratégique nucléaire dans l'hypothèse d'une attaque nord-coréenne.

La Chine a vivement réagi à ces annonces, en exhortant à ne pas "provoquer une confrontation" avec la République populaire démocratique de Corée. Selon la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères,

Toutes les parties doivent faire face au nœud du problème de la péninsule [coréenne] et jouer un rôle constructif dans la promotion d'un règlement pacifique de la question. [Il ne faut pas] attiser délibérément les tensions, provoquer la confrontation et brandir des menaces.

Ces déclarations resituent, une nouvelle fois, la montée des tensions en Asie du Nord-Est dans le cadre d'une confrontation plus globale entre les Etats-Unis et leurs alliés, d'une part, la Chine et ses alliés, d'autre part. 

Sources : 

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23 avril 2023 7 23 /04 /avril /2023 13:59

Si la situation en Ukraine concentre les regards de l'opinion publique occidentale, celle en Asie du Nord-Est connaît de nouveaux développements potentiellement porteurs de risque de conflit - que l'AAFC appelle à prévenir par la voie du dialogue, afin d'éviter une course aux armements. Des déclarations récentes du président sud-coréen ont par ailleurs associé les questions de Taïwan et de la Corée, créant d'importantes tensions entre Séoul et Pékin. 

Kim Jong-un visitant l'agence spatiale nord-coréenne NADA, le 18 avril 2023

Kim Jong-un visitant l'agence spatiale nord-coréenne NADA, le 18 avril 2023

En annonçant avoir réussi le lancement d'un missile balistique Hwasong-18 à combustible solide (en l'occurrence, du propergol), le 14 avril 2023, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) dispose d'un certain avantage stratégique, puisqu'un missile à combustible solide est plus simple à déployer et offre davantage de liberté quant au délai de lancement qu'un missile à combustible liquide, lequel doit être tiré en un laps de temps plus court.

L'agence de presse nord-coréenne KCNA a réitéré la position classique de Pyongyang, selon laquelle cette composante de la force de dissuasion nucléaire de la RPD de Corée visait à prévenir un conflit nucléaire :

La dissuasion nucléaire militaire de la RPDC se développe rapidement (...) pour accroître de manière continue la puissance de la force stratégique de la RPDC et qu'elle devienne une entité dotée d'une superpuissance et d'une force absolue, une grande force capable de prévenir l'holocauste nucléaire et toutes sortes de potentielles et dangereuses invasions ennemies, ainsi qu'un glaive puissant pour défendre la justice et la paix.

Par ailleurs, après l'essai concluant d'un prototype en décembre 2022, le lancement d'un satellite de reconnaissance a été un objectif réaffirmé par le Président Kim Jong-un lors d'une visite de l'agence spatiale nord-coréenne NADA, qui célébrait ses dix ans, ce 18 avril 2023. Cette perspective a été accueillie fraîchement à Tokyo : le 22 avril, le Japon a annoncé avoir mis son armée en état d'alerte pour abattre un potentiel missile balistique nord-coréen qui mettrait en orbite un satellite d'observation. 

La veille, le 21 avril, la Corée du Nord avait rejeté l'appel des pays du G7 l'appelant à "s'abstenir" de tout nouvel essai nucléaire ou tir de missile balistique intercontinental (prohibé par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, CSNU).  Pyongyang a fustigé ce qu'elle considère comme relevant de sa politique intérieure.

De fait, la nouvelle partition bipolaire, entre les Etats-Unis et les Occidentaux d'une part (ainsi que le Japon et la Corée du Sud), la Chine et la Russie d'autre part, rend peu probable l'adoption de nouvelles sanctions par le CSNU en cas d'essai nucléaire ou de tir d'un missile ICBM par la RPD de Corée.

Dans ce contexte, les déclarations du président sud-coréen Yoon Seok-yeol, selon lesquelles les prétentions chinoises sur Taïwan présentent des similarités avec la situation dans la péninsule coréenne, ont lié les deux thèmes et entraîné une dégradation des relations bilatérales avec Pékin : après une protestation de la Chine, la République de Corée a convoqué l'ambassadeur chinois. Puis Pékin a annoncé avoir déposé plainte contre Séoul, à la veille d'une rencontre entre les présidents américain et sud-coréen prévue du 24 au 26 avril 2023. 

Sources : 

- Ouest France

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3 avril 2023 1 03 /04 /avril /2023 22:23

Sans même attendre la fin des exercices Freedom Shield le 23 mars 2023, les manoeuvres maritimes Ssangyong ont débuté le 20 mars pour se terminer le 3 avril, témoignant de la volonté des Etats-Unis et de leurs alliés sud-coréens de maintenir un état de tension permanent autour de la péninsule coréenne. Pis, les exercices de guerre en mer ont été étendus au Japon - qui a rejoint les forces combinées américano-sud-coréennes pendant deux jours. Ces initiatives sont d'autant plus inquiétantes qu'elles pourraient conduire la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) à mettre fin au moratoire sur les essais nucléaires qu'elle observe depuis septembre 2017. 

Le porte-avions américain à propulsion nucléaire USS-Nimitz, au départ de la base de Pusan, le 2 avril 2023

Le porte-avions américain à propulsion nucléaire USS-Nimitz, au départ de la base de Pusan, le 2 avril 2023

Occultée par l'actualité de la guerre en Ukraine, la montée des tensions en Extrême-Orient présente pourtant de dangereuses similitudes avec l'escalade militaire qui avait été observée à l'est de l'Europe avant l'offensive russe de février 2022. Les premiers exercices militaires conjoints menés depuis six mois entre les Etats-Unis, la République de Corée (Corée du Sud) et le Japon en constituent l'une des manifestations les plus dangereuses - sur fond de remilitarisation du Japon. Ces manoeuvres, menées notamment au large de l'île de Jeju, impliquent le porte-avions américain polyvalent à propulsion nucléaire USS Nimitz et des contre-torpilleurs sud-coréens, américains et japonais.

Pour sa part, la Corée du Nord affirme avoir récemment testé un drone sous-marin à capacité nucléaire et a réagi vivement à ces nouveaux exercices, en dénonçant une "hystérie de guerre" et des préparatifs de "guerre totale". Le 1er avril, le site spécialisé 38 North a rendu publiques des images satellitaires montrant une forte activité autour de la centrale nucléaire de Yongbyon, augmentant la probabilité d'un nouvel essai nucléaire en représailles. Par ailleurs, le ministère de la défense sud-coréen estime que Pyongyang a accompli d'importants progrès dans la miniaturisation de têtes nucléaires qui seraient placées sur des missiles de courte portée. Il s'agit d'une des limites identifiées du programme nucléaire et balistique nord-coréen - avec la rentrée des missiles dans l'atmosphère.

Face aux menaces de conflit, l'Association d'amitié franco-coréenne continuera de combattre pour la paix - pour que plus jamais le fracas des armes n'endeuille les hommes, les femmes et les enfants de la Corée - de toute la Corée. 

Sources : 

Military Times ;

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29 mars 2023 3 29 /03 /mars /2023 13:05

Alors que les tensions se poursuivent en Corée, des pacifistes coréens et des militants de l'Association d'amitié franco-coréenne ont déployé des banderoles et des drapeaux et distribué des tracts en marge de la manifestation contre la réforme des retraites qui s'est tenue à Paris le mardi 28 mars 2023. Le très bon accueil des manifestants, qui s'est traduit par des demandes de contact avec l'AAFC, traduit que la montée des tensions militaires, partout dans le monde, est indissociable des luttes sociales - les restrictions liées à la guerre pesant directement sur la situation économique et sociale des ménages. 

Corée : refuser les exercices de guerre, revenir aux négociations

Alors que les manoeuvres militaires américano-sud-coréennes sont devenues le plus grand exercice de guerre au monde en temps de paix, l'AAFC continue à porter haut le flambeau du combat pour la paix en Corée, le retour au dialogue et aux négociations pour stopper la marche à la guerre. 

La nouvelle initiative du 28 mars 2023 est intervenue alors que les Etats-Unis et la Corée du Sud viennent de relancer les exercices de débarquement amphibie Ssangyong (double dragon) pour la première fois en cinq ans. Pour leur part, les Nord-Coréens ont testé un nouvel missile intercontinental de type Hwasong-17 le 16 mars 2023. 

Dans ce contexte lourd de menaces de guerre en Asie et dans le monde, l'AAFC reste à l'avant-garde du combat pour la paix. 

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15 mars 2023 3 15 /03 /mars /2023 20:58

Le samedi 11 mars 2023, à l’initiative de l’association URI Korea, s’est tenu place du Trocadéro un rassemblement pour la paix et l’arrêt définitif des manœuvres militaires conjointes des forces armées américaine et sud-coréenne se déroulant du 13 au 23 mars. À cette occasion, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a réaffirmé son engagement pour le dialogue, la réunification pacifique de la Corée, ainsi que pour la levée des sanctions qui frappent les populations nord-coréennes.

Manifestation parisienne contre la reprise des exercices militaires américano-sud-coréens

Le rassemblement fut ponctué de prises de parole en coréen tout comme en français.

Madame Kim, présidente de URI Korea a ouvert le tour de paroles par un discours empreint d'émotion contre le bellicisme du gouvernement de Séoul et de ses alliés américains, rappelant l’ampleur inégalée depuis 2017 de ces manœuvres, ainsi que la menace diffuse que font peser les médias atlantistes sur l’âme des Coréens.

« Nous avons constaté que les Nord-Coréens n’arrêteront jamais le développement de leurs armes nucléaires ou d’armes encore plus puissantes parce qu’ils savent que quand on est faible, on est anéanti. […] L’intention des manœuvres américano-sud-coréennes est de détruire la Corée du Nord et d’affamer les Nord-Coréens en empêchant leur production d’atteindre le niveau nécessaire à l’autosuffisance. »

Au nom du Mouvement de la Paix, Gérard Halie a rappelé l’exigence du retrait de toute force militaire étrangère de la péninsule coréenne. Il a aussi exprimé le regret du manque de prise de responsabilité de l’État français, lequel, selon lui, devrait activement œuvrer pour le dialogue entre les deux États coréens.

« Nous devons laisser le peuple coréen, qu’il soit en République de Corée ou en République populaire démocratique de Corée, décider librement de son avenir. »

De jeunes Coréens présents ont souligné le caractère autoritaire et militariste du gouvernement sud-coréen actuel, lequel réprime les opposants au régime ou les syndicalistes en lutte en Corée du Sud.

Hugo de Sousa, du comité « Jeunes et étudiants » de l’AAFC, enfin, a pris la parole pour insister sur le rôle déterminant de la jeunesse dans le combat pour la paix en Corée face aux années de luttes qui s’annoncent.

Le rassemblement s’est ensuite déplacé, longeant le jardin de la Tour Eiffel jusqu’au bassin du Champ de Mars. Les manifestants ont alors réitéré leur détermination à faire advenir un climat de paix durable dans la péninsule coréenne, enjeu vital pour la paix du monde.

Photos Dominique de Miscault

Manifestation parisienne contre la reprise des exercices militaires américano-sud-coréens
Manifestation parisienne contre la reprise des exercices militaires américano-sud-coréens
Manifestation parisienne contre la reprise des exercices militaires américano-sud-coréens
Manifestation parisienne contre la reprise des exercices militaires américano-sud-coréens
Manifestation parisienne contre la reprise des exercices militaires américano-sud-coréens
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6 mars 2023 1 06 /03 /mars /2023 11:13

Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue le 6 mars 2023, Park Jin, ministre des Affaires étrangères de la République de Corée (Corée du Sud), a annoncé la création prochaine d'une fondation pour indemniser des Coréens victimes de travail forcé pendant l'occupation japonaise de la péninsule (1910-1945). Même si des discussions avaient éte engagées sur le sujet entre les deux parties, cette décision manifestement unilatérale, prise sans contrepartie immédiate du Japon, a été vivement saluée à Tokyo - mais a déjà engendré des critiques parmi des victimes, alors que les stigmates de la colonisation japonaise restent un sujet très sensible dans l'opinion publique coréenne.

Le ministre des Affaires étrangères Park Jin peut avoir le sourire : partisan résolu d'un front renforcé Washington-Tokyo-Séoul contre la Corée du Nord, il a satisfait les deux alliés de la République de Corée au-delà de leurs espérances en annonçant la création d'un fonds d'indemnisation des Coréens victimes du travail forcé pendant la colonisation japonaise

Le ministre des Affaires étrangères Park Jin peut avoir le sourire : partisan résolu d'un front renforcé Washington-Tokyo-Séoul contre la Corée du Nord, il a satisfait les deux alliés de la République de Corée au-delà de leurs espérances en annonçant la création d'un fonds d'indemnisation des Coréens victimes du travail forcé pendant la colonisation japonaise

Alors que des décisions de justice de tribunaux sud-coréens, en 2018, avaient prévu l'indemnisation de victimes coréennes de travail forcé pendant la colonisation japonaise, la question du versement des compensations était devenue un point de désaccord majeur entre Tokyo et Séoul. En effet, pour le Japon, l'accord de 1965 établissant les relations diplomatiques avec la République de Corée a réglé les contentieux historiques - dont l'indemnisation des travailleurs forcés - et ce n'est pas aux entreprises japonaises ni au gouvernement japonais de procéder à des versements décidés par la justice sud-coréenne. Finalement, selon l'annonce faite par le ministre Park Jin ce lundi 6 mars 2023, c'est une tierce partie - aux acteurs japonais et au gouvernement sud-coréen - qui procèdera à l'indemnisation : une fondation spécifiquement mise en place, dont les modalités de mise en place restent à établir.

Plus que les montants en jeu (si 780 000 Coréens ont été victimes de travail forcé, les décisions de justice ne concernent que quelques dizaines de personnes), la symbolique est forte, au moment où les tensions dans la péninsule coréenne imposent, selon Tokyo et Washington, de régler les différends entre alliés pour opposer un front commun face à Pyongyang.

Park Jin a d'ailleurs reconnu que tel était le sens de son annonce : 

La coopération entre la Corée et le Japon est très importante dans tous les domaines de la diplomatie, de l’économie et de la sécurité, dans le contexte actuel de grave situation internationale et de difficile crise mondiale (...) Je crois que le cercle vicieux doit être brisé pour le bien [des] peuples au niveau de l’intérêt national, plutôt que de laisser [nos] relations [ainsi] distendues pendant longtemps.

Séoul espère des excuses du Japon, ainsi qu'une contribution des entreprises nippones. Mais le gouvernement nationaliste japonais estime s'être déjà suffisamment excusé. La Corée du Sud a manifestement cédé sans contrepartie à une demande pressante du Japon - et des milieux d'affaires des deux pays - ainsi que des Etats-Unis, soucieux que les contentieux nippo-sud-coréens soient réglés face à la Corée du Nord et à la Chine. 

La décision prise risque d'être d'autant plus mal acceptée dans l'opinion publique sud-coréenne que le Japon accélère sa remilitarisation, en ayant décidé de porter de 1 % à 2 % la part de son PIB consacrée aux dépenses militaires. Si la création d'une fondation permet à quelques-unes des victimes, toutes très âgées, d'espérer une indemnisation, était-il pertinent de céder aussi facilement à un gouvernement japonais animé de sentiments fortement nationalistes et tenté par le révisionnisme historique ? L'escalade des tensions, qui accroît les risques de guerre, est aussi encouragée par des décisions telles que celle du gouvernement du Président Yoon Seok-yeol, défenseur du resserrement des liens avec le Japon - quoi qu'il en coûte.

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