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29 août 2023 2 29 /08 /août /2023 20:33

Le 27 juillet 2023, au 70e anniversaire de l’armistice en Corée, le Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée (APRCPRK) adressait une lettre ouverte au secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lui demandant de mettre fin à l'autorisation accordée aux États-Unis d'agir sous couvert des Nations Unies en Corée, notamment en utilisant le drapeau de l’ONU pendant les manœuvres militaires menées contre la Corée du Nord. Le 29 août 2023, l’APRCPRK a adressé une autre lettre ouverte au président du Groupe des 77 (G77), coalition formée en 1964 par 77 pays en développement pour promouvoir les intérêts économiques et politiques collectifs de ses membres et créer une capacité de négociation accrue aux Nations Unies. Par cette lettre, l’APRCPRK demande aux 134 pays que compte aujourd’hui le G77 de s’emparer de la question de l’utilisation abusive des symboles de l’ONU par les États-Unis en Corée, y compris en soumettant une proposition de résolution à l’Assemblée générale des Nations Unies.

L'AAFC publie ci dessous une traduction française de cette letttre.

 

29 août 2023

 

Son Excellence l’Ambassadeur Pedro Luis Pedroso Cuesta

Président du Groupe des 77

Immeuble du Secrétariat des Nations Unies, pièce S-0518

New York, N.Y. 10017,

U.S.A.

secretariat@g77.org

 

Cher Ambassadeur Pedroso,

 

The Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée (APRCPRK) demande que le Groupe des 77 propose à l’Assemblée générale des Nations Unies une résolution recommandant de retirer le pouvoir d’utiliser le drapeau et le logo des Nations Unies à l’unité militaire des États-Unis qui se fait appeler « Commandement des Nations Unies » (UNC) en République de Corée (RC).

 

Le 7 juillet 1950, la résolution 84 du Conseil de sécurité a autorisé les États-Unis, en tant que dirigeants d’un commandement unifié, à « utiliser le drapeau des Nations Unies au cours des opérations contre la Corée du Nord ».

 

Bien que les opérations militaires contre la Corée du Nord aient pris fin en juillet 1953, l’armée des États-Unis utilise toujours le drapeau et le logo des Nations Unies en Corée 70 ans plus tard en 2023. Cela crée une situation confuse, comme en témoigne ce communiqué de presse des Forces des États-Unis en Corée (USFK) :

 

Le CFC, l'USFK et l'UNC lancent Ulchi Freedom Shield

PA-001-22 / 23 août 2022

Garnison de l'armée des États-Unis, Humphreys, République de Corée -

Le Commandement des forces combinées (CFC), les Forces des États-Unis en Corée (USFK), le Commandement des Nations Unies (UNC) et les commandements subordonnés composant le CFC, ainsi que des renforts, des personnels civils et les représentants des pays des Nations Unies qui y participent, ont commencé l'exercice Ulchi Freedom Shield (UFS) le lundi 22 août 2022.

 

Avoir le drapeau et le logo des Nations Unies associés à Ulchi Freedom et d’autres exercices de guerre menés par les États-Unis en République de Corée dénature complètement les Nations Unies.

 

Ces exercices de guerre sont conduits par les Forces des États-Unis en Corée qui ont leur quartier général à Camp Humphreys, la plus grande base militaire des États-Unis outre-mer dans le monde. Camp Humphreys est aussi la base militaire des États-Unis la plus proche de Beijing et il est clair que les exercices sont dirigés non seulement contre un membre de l’Assemblée générale des Nations Unies – la République populaire démocratique de Corée (RPDC) – mais aussi contre un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, la Chine.

 

Le drapeau et le logo des Nations Unies ne devraient pas être associés à ces exercices car cela donne la fausse impression que les Nations Unies approuvent les manœuvres militaires d’un des belligérants de la Guerre de Corée à laquelle il n’a pas encore été mis fin. Cela entrave le potentiel des Nations Unies d’agir en tant qu'intermédiaire pour la paix dans la péninsule coréenne. Il est aussi clairement inapproprié que les Nations Unies soient vues comme conduisant des exercices militaires perçus comme menaçant des membres des Nations Unies elles-mêmes.

 

Même si on peut supposer que le Conseil de sécurité a commis une erreur en autorisant l’utilisation du drapeau des Nations Unies par le « commandement unifié », qui n’était pas une entité des Nations Unies, il est très clair que l'utilisation du drapeau des Nations Unies par l'armée des États-Unis en République de Corée n'est pas conforme aux règles du Code du drapeau des Nations Unies publié par le Secrétariat de l'ONU le 20 novembre 2020.

 

Pour ces raisons, nous demandons que :

 

(1)

un accord soit recherché lors de la réunion ministérielle du G77 prévue le 22 septembre pour que le G77 engage une action visant à annuler la résolution 84 du Conseil de sécurité du 7 juillet 1950, laquelle autorise les États-Unis, en tant que dirigeants d’un commandement unifié, à « utiliser le drapeau des Nations Unies au cours des opérations contre la Corée du Nord ».

 

(2)

une clause allant dans ce sens soit incluse dans la déclaration ministérielle du G77 de 2023 :

Les Ministres ont convenu que l'utilisation du drapeau et du logo des Nations Unies par le Commandement militaire des États-Unis en République de Corée (US Forces in Korea; USFK) est inapproprié. Cela donne l'impression que les Nations Unies sont impliquées dans, et soutiennent, les exercices militaires des États-Unis dans et autour de la péninsule coréenne, lesquels sont perçus par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la République populaire de Chine (RPC) comme provocateurs et menaçant la paix et la stabilité. De plus, l'utilisation du drapeau et du logo par une unité militaire des États-Unis d’Amérique n'est pas conforme au Code du drapeau des Nations Unies. En conséquence, une résolution devrait être présentée à l'Assemblée générale des Nations Unies recommandant que soit retirée l’autorisation d’utiliser le drapeau et le logo de l'ONU accordée à l’USFK, opérant sous l’auto-désignation de « Commandement des Nations Unies » (UNC) même s'il ne s'agit pas d'une entité des Nations Unies.

 

(3)

Les membres du G77 co-parrainent une proposition présentée en réunion plénière de l'Assemblée générale accompagnée d'un projet de résolution allant dans ce sens :

L'Assemblée générale

Reconnaissant que la clause 5 de la résolution 84 du Conseil de sécurité du 5 juillet 1950 autorise les États-Unis, en tant que dirigeants du commandement unifié, à utiliser le drapeau des Nations Unies à leur discrétion,

Notant que l'entité militaire située en République de Corée, laquelle a été baptisée « Commandement des Nations Unies » par les Forces des États-Unis en Corée (USFK), est une entité sous le contrôle de l’USFK et, en tant que telle, n’est pas et n’a jamais été une entité ou un organe sous le contrôle des Nations Unies,

Reconnaissant que l'utilisation du drapeau des Nations Unies par le soi-disant « Commandement des Nations Unies » en République de Corée contrevient aux règles du Code du drapeau des Nations Unies du Secrétariat de l’ONU du 20 novembre 2020,

(1) Recommande que la clause 5 de la résolution 84 du Conseil de sécurité du 5 juillet 1950 soit annulée.

 

Vous en remerciant par avance,

 

Respectueusement,

 

Pour le Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée

 

Co-présidents

M. Madhav Kumar Nepal, ancien Premier ministre du Népal, président du Comité pour la promotion de la réunification de la Corée, gamknepal@gmail.com

Dr. Doğu Perinçek, président du Parti patriote, Turquie, international@vatanpartisi.org.tr

Rashed Khan Menon, président du comité central du Parti des travailleurs du Bangladesh, arkhan@bangla.net

M. Atul Kumar Anjan, président de l’Association d’amitié panindo-coréenne, atulanjaan@gmail.com

M. Rafael V. Mariano, président de la Société d’amitié et de solidarité Philippines-Corée, kapaeng_mariano@yahoo.com

M. Neil Fitzgerald, président national de la Société pour la culture et l’amitié Australie-RPDC, bequanaland@gmail.com

Secrétariat

Directeur

M. Raymond Ferguson, secrétaire général de la Société pour la culture et l’amitié Australie-RPDC, ray.ferguson@tisgroup.com.au

Secrétaires adjoints

Mme Marisa Dumanjug, secrétaire générale de la Société d’amitié et de solidarité Philippines-Corée, norbin2008@gmail.com

M. Javed Ansari, président du Comité pour la solidarité et l’amitié Pakistan-Corée, ansarijaved1@yahoo.com

M. Hakki Ergincan, président de l’Association d’amitié Turquie-Corée, heergincan@gmail.com

Bureau d’information publique

Directeur

M. Teguh Santosa, président de l’Association pour les échanges culturels et l’amitié Indonésie-Corée, teguh_timur@yahoo.com

Membres exécutifs

M. Phanidra Raj Pant, secrétaire général de l’Association d’amitié Népal-Corée, prpanta@yahoo.com

M. Peter Wilson, secrétaire de la Société Nouvelle-Zélande-RPDC, nzdprksociety@gmail.com

Membre à vie

Dr. Tim Beal, président de la Société Nouvelle-Zélande-RPDC, tim@timbeal.net.nz
 

Note

En accompagnement de cette lettre, veuillez trouver:

(1) Copie de la lettre adressée par l’APRCPRK à Son Excellence Monsieur António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, demandant que les Nations Unies révoquent la permission d’utiliser le drapeau des Nations Unies accordée aux États-Unis d’Amérique en tant que dirigeants du commandement unifié en Corée

(2) Copie de la lettre adressée par l’Association internationale des juristes démocrates à Son Excellence Monsieur António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, mettant en évidence la violation du Code du drapeau des Nations Unies par le soi-disant « Commandement des Nations Unies » (« UNC »), lequel n’est pas une entité de l’ONU sous le contrôle des Nations Unies, en Corée du Sud et au Japon

Lettre du Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée (en anglais)

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24 août 2023 4 24 /08 /août /2023 07:32

Après une première tentative infructueuse le 31 mai 2023, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a échoué une seconde fois, le 24 août 2023, à lancer un satellite de reconnaissance militaire Malligyong-1 par une fusée Chollima-1 depuis le site de Sohae. Alors qu'un nouveau lancement est d'ores et déjà annoncé en octobre après une analyse des causes du récent échec, cette initiative est intervenue à l'occasion des exercices militaires américano-sud-coréens Ulchi Freedom Shield, du 21 au 30 août 2023, qui associent d'autres puissances militaires (dont la France) et sont cette année d'une ampleur accrue. L'Association d'amitié franco-coréenne, fidèle à son engagement pour la paix et la dénucléarisation de toute la péninsule coréenne, rappelle que ces objectifs ne pourront in fine être atteints qu'en mettant fin à l'escalade des tensions. 

Logo de l'agence spatiale nord-coréenne NADA

Logo de l'agence spatiale nord-coréenne NADA

L'agence de presse nord-coréenne KCNA a indiqué que le lancement avait échoué en raison d'une erreur survenue durant le vol du troisième étage de la fusée : 

Le premier et le deuxième étages de la nouvelle fusée Chollima-1 ont volé normalement mais une faille du système d'autodestruction en cas d'urgence durant le vol du 3e étage a causé l'échec du lancement

Tout en précisant que les causes de cet échec seraient analysées, l'agence KCNA a estimé que cela ne révélait pas "de grandes difficultés" s'agissant de la fiabilité des moteurs de chaque étage.  

Dans le domaine spatial, les échecs constituent une étape classique pour progresser et préparer de succès futurs - les lancements successifs ayant échoué de fusées SpaceX le rappelant, par exemple, dans une période récente.

Les experts estiment que cette annonce - reconnaissant un échec, comme pour le précédent lancement ayant échoué fin mai - était intervenue rapidement s'agissant de la Corée du Nord. Selon nous, une telle hypothèse avait probablement été anticipée. KCNA n'a toutefois pas publié d'images associées au texte de sa dépêche. Pour sa part, le Comité des chefs d'état-major interarmées de la République de Corée (Corée du Sud) a précisé qu'il avait détecté le lancement effectué à 3h50 (heure locale).

Le lancement contrevient aux sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies, mais l'opposition entre la Russie et la Chine, d'une part, les Etats-Unis et leurs alliés, d'autre part, rend improbable l'adoption de nouvelles sanctions après cette initiative. Pyongyang estime les mesures prises à son encontre infondées au regard de son droit à garantir sa souveraineté. Par ailleurs, la RPDC ne cherche pas à dissocier ses programmes spatiaux et militaires - en partie liés, quel que soit le pays, la course à l'espace ayant ainsi connu des progrès particulièrement significatifs au paroxysme de la compétition américano-soviétique pendant la guerre froide.

Entendant agir en puissance responsable de la communauté internationale, la RPDC avait prévenu le Japon du lancement d'un tel satellite entre le 24 et le 31 août, en indiquant trois zones de risques maritimes situés en dehors de la zone économique exclusive (ZEE) du Japon. Compte tenu de l'échec du lancement, les débris du lanceur sont retombés en dehors de ces zones.

Sources : 

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20 août 2023 7 20 /08 /août /2023 16:55

A la veille des exercices de guerre Ulchi Freedom Shield, qui se dérouleront du 21 au 30 août 2023 en associant principalement des militaires américains et sud-coréens, des hackeurs qui seraient liés à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) sont accusés d'avoir lancé des attaques contre le personnel du centre de simulation de guerre de Séoul et Washington. Alors que Pyongyang dénonce les manoeuvres militaires américano-sud-coréennes comme des préparatifs d'invasion de son territoire, les accusations réciproques des différentes parties témoignent d'un climat de tensions toujours croissant dans la péninsule coréenne.  Pour l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), plus que jamais il est urgent d'oeuvrer pour la paix, le dialogue et la suspension des manoeuvres militaires afin de restaurer un climat de confiance propice à une nécessaire désescalade. 

Les exercices militaires prennent part dans un contexte de renforcement des alliances autour des Etats-Unis en Asie du nord-est. Sur cette image, manifestation de militants sud-coréens de Solidarity for Peace and Reunification of Korea, le 17 août 2023, contre le rapprochement militaire de Séoul et de Tokyo

Les exercices militaires prennent part dans un contexte de renforcement des alliances autour des Etats-Unis en Asie du nord-est. Sur cette image, manifestation de militants sud-coréens de Solidarity for Peace and Reunification of Korea, le 17 août 2023, contre le rapprochement militaire de Séoul et de Tokyo

L'édition été 2023 des manoeuvres Ulchi Freedom Guardian comporte un exercice de commandement basé sur des simulations informatiques ainsi que des exercices militaires et civils sur le terrain - au nombre d'une trentaine cette année (contre 13 en août 2022 et 25 pour l'exercice Freedom Shield du printemps 2023) - impliquant les différentes forces (air, terre, mer).  Elles sont présentées par Washington et Séoul comme défensives, face à la Corée du Nord. Comme en début d'année, la RPD de Corée pourrait réagir à ces manoeuvres en lançant un missile balistique intercontinental (ICBM). 

Outre la République de Corée (Corée du Sud) et les Etats-Unis, neuf autres pays doivent participer à Ulchi Freedom Guardian : l'Australie, le Canada, la France, la Grande-Bretagne, la Grèce, l'Italie, la Nouvelle-Zélande, les Philippines et la Thaïlande - tous membres du commandement des Nations unies en Corée, ce qui nourrit les accusations de la RPD de Corée contre le rôle selon elle non neutre des Nations unies (parallèlement aux critiques de personnalités sur l'utilisation du drapeau des Nations unies) - alors que la Commission de supervision des nations neutres est aussi associée aux exercices militaires. La participation française s'inscrit pour sa part dans un renforcement de l'alliance militaire entre Paris et Séoul, fortement critiqué par Pyongyang le 2 août 2023.

Même si ces manoeuvres militaires gagnent à nouveau en intensité, ce qui a retenu l'attention des médias internationaux cette année est surtout les accusations de piratage par la RPD de Corée d'adresses email de personnels sud-coréens du centre de simulation de guerre de Séoul et Washington. Les attaques, consistant en l'envoi de emails malveillants, ont été attribuées par la police sud-coréenne au groupe Kimsuky supposément lié à Pyongyang. Le choix des cibles et la date des attaques conduisent à incriminer la Corée du Nord, qui disposent de capacités offensives dans le domaine cybernétique.

En matière de cyberattaques, qui ne sont par ailleurs pas l'apanage des adversaires des Occidentaux, il est toujours difficile d'identifier de manière certaine les commanditaires, qui s'avèrent être des Etats dans la moitié des cas - lesquels ne revendiquent qu'exceptionnellement les actions menées : nous nous trouvons ici dans le domaine de la zone grise des conflits. Les pays des cibles visées ne réagissent généralement pas par des moyens conventionnels, en l'absence par ailleurs de régulation du cyberespace par le droit international public. Le déplacement des conflits traditionnels sur le terrain cyber traduit la diversification des modes d'affrontement - certes sur un mode non létal s'agissant des cyberattaques - mais s'inscrivant dans une logique de confrontation asymétrique aux effets d'entraînement tout aussi délétères quant aux risques d'escalade. 

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16 août 2023 3 16 /08 /août /2023 23:08

Le 16 août 2023, l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a donné pour la première fois publiquement des nouvelles de Travis King, un soldat américain qui a gagné la RPDC le 18 juillet 2023 en franchissant la zone démilitarisée (DMZ) alors qu'il s'était joint à un groupe de touristes en visite du côté Sud. Toujours selon KCNA, qui a précisé que l'enquête se poursuit, le deuxième classe King a "exprimé sa volonté de chercher refuge en RPDC ou dans un pays tiers, se disant désabusé face à la société inégalitaire américaine". 

Travis King en 2021

Travis King en 2021

Né en 1999 ou en 2000, Travis King a grandi dans le Wisconsin et s'est engagé dans l'armée américaine en 2021. Avec son unité, il avait rejoint la République de Corée (Corée du Sud) en février 2022.

Après avoir été mêlé à une rixe dans un bar près de Hongdae et une altercation avec la police, il avait été condamné au travaux forcés à Cheonan. Une procédure disciplinaire avait été engagée pour les mêmes faits et il devait se présenter à la base militaire de Fort Bliss, au Texas, après son retour ainsi prévu aux Etats-Unis.

Alors qu'il était escorté à un contrôle douanier à l'aéroport d'Incheon, il avait réussi à s'échapper puis, le lendemain, à intégrer un groupe de touristes visitant la DMZ. Il a enfin rejoint la RPD de Corée en franchissant la ligne de démarcation, parvenant à échapper à ses guides militaires, les soldats affectés dans la zone démilitarisée n'étant pas armés. Immédiatement arrêté par les Nord-Coréens, il a reconnu, selon KCNA, être entré illégalement en RPD de Corée.

Toujours selon KCNA, il a donné des motifs politiques à sa défection : 

Au cours de l’enquête, Travis King a confié qu’il avait décidé de venir en RPDC car il abhorrait les traitements inhumains et la discrimination raciale au sein de l’armée américaine.

Alors que le 3 août 2023 le commandement américain avait indiqué avoir établi le contact avec les autorités nord-coréennes au sujet de Travis King, ce dernier devient le septième soldat américain basé en Corée du Sud à rejoindre la RPD de Corée visa la zone démilitarisée, le premier ayant été Larry Allen Abshier en 1962. Les plus connus sont Charles Jenkins, qui fuyait la guerre du Vietnam et est retourné ensuite aux Etats-Unis, et James Dresnok, devenu un acteur du cinéma nord-coréen et décédé à Pyongyang en novembre 2016. 

Selon l'agence de presse nord-coréenne, Travis King pourrait toutefois s'établir dans un pays tiers et pas nécessairement en RPD de Corée, l'enquête se poursuivant. En tout état de cause, il semble toutefois souhaiter demander l'asile politique. 

Sources : 

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31 juillet 2023 1 31 /07 /juillet /2023 15:19

Le 7 juillet 1950, en l’absence de l’Union soviétique - laquelle entendait ainsi protester contre l'occupation du siège de la Chine par la République de Chine (Taiwan) -, le Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) adopta la résolution 84 confiant aux États-Unis l'autorité de l'opération militaire menée contre la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) dans la péninsule coréenne où les combats avaient débuté le 25 juin précédent. Par cette résolution, le Conseil de Sécurité autorisait les États-Unis à utiliser le drapeau des Nations Unies dans le cadre d’un « commandement unifié » dont ils étaient le chef. Aujourd’hui, 70 ans après la fin des combats en Corée, les forces des États-Unis stationnées en Corée du Sud utilisent toujours le drapeau des Nations Unies, y compris pendant les exercices militaires simulant une invasion du Nord, laissant croire que l’Organisation des Nations Unies, au mépris de sa propre Charte, apporte son soutien à de telles manœuvres menées à l’initiative des seuls États-Unis. Pour protester contre ce qui apparaît comme une usurpation, le Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée a adressé le 27 juillet 2023 une lettre ouverte au secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lui demandant de mettre fin à l'autorisation accordée aux États-Unis d'agir sous couvert des Nations Unies en Corée.

L’AAFC publie ci-dessous la traduction française de cette lettre.


 

27 juillet 2023

 

Son Excellence Monsieur António Guterres

secrétaire général des Nations Unies

New York NY 1017,
U.S.A.

 

Cher Monsieur le Secrétaire général,

 

Nous soussignés demandons que les Nations Unies révoquent la permission d’utiliser le drapeau des Nations unies accordée aux États-Unis d’Amérique en tant que chef du commandement unifié en Corée.

 

Malgré le fait que 70 années ont passé depuis la signature de l’armistice qui a mis fin aux combats, le danger d’une reprise des hostilités dans la péninsule coréenne a rarement été aussi grand qu’aujourd’hui. Il est donc approprié de revoir le rôle des Nations Unies afin de promouvoir un régime de paix pour le peuple de la péninsule coréenne.

 

L’utilisation du drapeau des Nations Unies, en association avec les manœuvres sur le terrain telles que les récents exercices de guerre à grand échelle « Freedom Shield » et « Warrior Shield », donnent une fausse impression que les Nations Unies approuvent les manœuvres militaires d’un des belligérants. Cela entrave le potentiel des Nations Unies d’agir en tant qu'intermédiaire pour la paix dans la péninsule.

 

En novembre 1975, la clause B3 de la résolution A/RES/3390B de l’Assemblée générale a appelé à « dissoudre le ‘Commandement des Nations Unies’ et retirer toutes les troupes étrangères stationnées en Corée du Sud sous le couvert des Nations Unies ».

 

Par la suite, trois de vos prédécesseurs, Boutros Boutros-Ghali, Kofi Annan et Ban Ki-moon ont publiquement reconnu que le « Commandement des Nations Unies » en Corée n’est pas un organe des Nations Unies.

 

En conséquence, nous appelons à l'annulation de la clause 5 de lrésolution 84 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies le 5 juillet 1950, laquelle « autorise le commandement unifié à utiliser à sa discrétion, au cours des opérations contre les forces de la Corée du Nord, le drapeau des Nations Unies »Elle fut adoptée en l’absence d'un membre permanent du CSNU, l'Union soviétique. Les véritables hostilités de cette époque sont depuis longtemps passées à l’histoire.

 

Cette action apportera une contribution positive à la paix en dissipant l’illusion qu’un des belligérants, en l’occurrence les États-Unis, agit sous les auspices des Nations Unies. Libérées du fardeau d’une fausse participation, les Nations Unies, et le bureau du Secrétaire général, seront alors en meilleure position pour remplir leur vrai rôle d’organisation impartiale, laquelle est à même, selon les termes de l’article 1 de la Charte des Nations Unies, de « réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement de différends ou de situations susceptibles de mener à une rupture de la paix ».

 

Bien cordialement,

 

pour le Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée

 

Co-présidents

M. Madhav Kumar Nepal, ancien Premier ministre du Népal, président du Comité pour la promotion de la réunification de la Corée, gamknepal@gmail.com

Dr. Doğu Perinçek, président du Parti patriote, Turquie, international@vatanpartisi.org.tr

Rashed Khan Menon, président du comité central du Parti des travailleurs du Bangladesh, arkhan@bangla.net

M. Atul Kumar Anjan, président de l’Association d’amitié panindo-coréenne, atulanjaan@gmail.com

M. Rafael V. Mariano, président de la Société d’amitié et de solidarité Philippines-Corée, kapaeng_mariano@yahoo.com

M. Neil Fitzgerald, président national de la Société pour la culture et l’amitié Australie-RPDC, bequanaland@gmail.com

Secrétariat

Directeur

M. Raymond Ferguson, secrétaire général de la Société pour la culture et l’amitié Australie-RPDC, ray.ferguson@tisgroup.com.au

Secrétaires adjoints

Mme Norma G. Binas, secrétaire générale de la Société d’amitié et de solidarité Philippines-Corée, norbin2008@gmail.com

M. Javed Ansari, président du Comité pour la solidarité et l’amitié Pakistan-Corée, ansarijaved1@yahoo.com

M. Hakki Ergincan, président de l’Association d’amitié Turquie-Corée, heergincan@gmail.com

Bureau d’information publique

Directeur

M. Teguh Santosa, président de l’Association pour les échanges culturels et l’amitié Indonésie-Corée, teguh_timur@yahoo.com

Membres exécutifs

M. Phanidra Raj Pant, secrétaire général de l’Association d’amitié Népal-Corée, prpanta@yahoo.com

M. Peter Wilson, secrétaire de la Société Nouvelle-Zélande-RPDC, nzdprksociety@gmail.com

 

Lettre du Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée (en anglais)

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14 juillet 2023 5 14 /07 /juillet /2023 14:33

Le 12 juillet 2023, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a procédé, pour la quatrième fois depuis le début de l'année, au lancement d'un missile balistique intercontinental, sous la supervision du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Selon KCNA, il s'agit d'un missile de type Hwasong-18 à combustible solide, ayant parcouru 1 001,2 km et atteint une altitude maximale de 6 648,4 km. 

Pyongyang a lancé un nouveau missile balistique intercontinental

Dans une dépêche publiée le 13 juillet 2023, l'agence nord-coréenne KCNA a déclaré qu'il s'agissait d'une mesure d'auto-défense pour garantir la sécurité nationale et garantir la paix régionale contre "le désastre d'une guerre nucléaire". Toujours selon KCNA, il a été procédé au tir en réaction aux "mouvements militaires dangereux des forces hostiles" - la suite de la dépêche citant nommément les Etats-Unis et la République de Corée (Corée du Sud).

Par la voix de leur secrétaire d'Etat, Antony Blinken, les Etats-Unis ont déclaré, le 14 juillet 2023, qu'ils protégeraient leurs alliés contre toute "agression" de la Corée du Nord. A l'instar de la France, ils avaient auparavant fermement condamné ce nouveau lancement de missile, contraire aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), tout en appelant au dialogue pour une issue diplomatique à la crise.

La Corée du Sud, à direction conservatrice, a réagi en prenant des sanctions unilatérales contre quatre personnalités et trois institutions nord-coréennes.

La Russie et la Chine imputent la responsabilité de la dégradation de la situation sécuritaire en Asie du Nord-Est aux Etats-Unis et à leurs alliés, qui intensifient leurs manoeuvres militaires - à la suite notamment de la déclaration de Washington. Dans ce contexte, il apparaît hautement improbable que de nouvelles sanctions soient adoptées par le CSNU. 

Fidèle à sa position constante en faveur de la paix et de la dénucléarisation de l'ensemble de la péninsule coréenne, l'AAFC estime que mettre fin à l'escalade des tensions implique de mener un dialogue sincère, prenant aussi en compte les attentes en termes de sécurité de la partie la plus faible (la RPDC) et s'inscrivant dans un cadre "action contre action", où chacune des deux parties s'engage conjointement sur la voie de la désescalade. A la veille du 70e anniversaire de l'armistice ayant mis fin aux combats de la guerre de Corée, tout doit être mis en oeuvre pour éviter qu'un nouveau conflit endeuille la péninsule coréenne. L'AAFC y contribuera en organisant, à cette occasion, de nouvelles manifestations pour la paix en Corée.

Sources : 

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3 juin 2023 6 03 /06 /juin /2023 21:46

Le 31 mai 2023, l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a reconnu l'échec du lancement du satellite de reconnaissance militaire Chollima-1, en début de matinée, depuis le site de lancement Sohae. Alors que la RPDC entend poursuivre ses programmes militaires face aux menaces des Etats-Unis et de leurs alliés - dans un contexte d'escalade des tensions, marqué notamment par l'adoption de la déclaration de Washington - les puissances occidentales ne sont pas parvenues à faire condamner Pyongyang au Conseil de sécurité des Nations unies, Pékin et Moscou mettant en cause l'attitude des Etats-Unis dans la péninsule coréenne. 

Lancement du satellite Chollima-1 le 31 mai 2023 (source : KCNA)

Lancement du satellite Chollima-1 le 31 mai 2023 (source : KCNA)

Dans une certaine démarche de transparence, l'agence officielle nord-coréenne KCNA a reconnu l'échec du lancement et tenu à en analyser les raisons, dans l'attente d'un examen plus approfondi des causes de cet insuccès - avant l'annonce d'un second lancement, après une phase de tests, dès que possible : 

La fusée porteuse Chollima-1 est tombée dans la mer de Corée occidentale (...) en raison du démarrage anormal du moteur du second étage après la séparation du premier étage pendant un vol normal. Le porte-parole de la NADA [NdA : l'agence spatiale nord-coréenne] a attribué cet échec au manque de fiabilité et de stabilité du système de moteur de type nouveau appliqué à la fusée porteuse Chollima-1 et au caractère instable du carburant utilisé.

Si Pyongyang avait prévenu le Japon du lancement du satellite (comme il est d'usage pour ses programmes spatiaux qui sont présentés comme étant pacifiques), le tir du 31 mai a entraîné des alertes inappropriées en République de Corée (Corée du Sud) et au Japon - soulevant des interrogations sur leur caractère opérationnel. Un appel aux Séoulites à se préparer à une évacuation était erroné, de l'avis même du ministère de l'intérieur sud-coréen, faute de menace sur Séoul. De même, les autorités nippones ont retiré, une demi heure après l'avoir lancé, un appel aux habitants d'Okinawa les exhortant à se mettre à l'abri. En 2012 et en 2016, La RPDC avait procédé à des lancements de satellites qui avaient survolé Okinawa.

Sans surprise, les Etats-Unis ont dénoncé une violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, étant rejoints par Séoul et Tokyo dans leurs condamnations.

Mais la Chine et la Russie ont réitéré leur position, constante depuis un veto opposé en mai 2022 à une proposition américaine de renforcement des sanctions contre la RPD de Corée, selon laquelle les Occidentaux ont une responsabilité majeure dans l'escalade des tensions, en pointant - à l'instar de Pyongyang - l'impact de la déclaration de Washington. Les deux membres permanents du CSNU ont exhorté les Etats-Unis et leurs alliés à faire diminuer le niveau des tensions et à renouer avec la voie du dialogue, en soulignant que leur proposition conjointe de novembre 2021, en mettant fin à des sanctions toujours plus lourdes, a pour objectif de "favoriser la désescalade, la confiance mutuelle et l'unité" parmi les 15 membres du Conseil de sécurité, selon la formule de Geng Shuang, ambassadeur adjoint de la Chine aux Nations unies.

Sources :

- 38 North

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26 mai 2023 5 26 /05 /mai /2023 15:14

Fondé en 1957, le mouvement Pugwash rassemble des personnalités universitaires et politiques pour réduire les dangers de conflits armés - notamment de conflits nucléaires, ce qui a valu à l'organisation internationale d'obtenir le Prix Nobel de la Paix en 1995 pour son action en faveur du désarmement nucléaire. En étant animé par des personnalités venant à la fois de l'Ouest de de l'Est, Pugwash a acquis une réputation d'impartialité qui lui a permis d'intervenir efficacement lors de plusieurs épisodes de tension liés aux armes nucléaires. En particulier, Pugwash a joué un rôle de médiation dans la péninsule coréenne, ainsi que l'a souligné Venance Journé dans un article intitulé "Pugwash ou la diplomatie scientifique contre les armes nucléaires", publié dans le numéro 225 (avril 2023, p. 69-79) de la revue Raison présente de l'Union rationaliste, et que nous avons analysé ci-après.

Le physicien polonais Józef Rotblat, spécialiste de physique nucléaire, qui a cofondé Pugwash

Le physicien polonais Józef Rotblat, spécialiste de physique nucléaire, qui a cofondé Pugwash

Lors de la première crise nucléaire nord-coréenne, lors de laquelle les Etats-Unis envisagèrent une option militaire contre les installations nucléaires nord-coréennes, Józef Rotblat joua un rôle pour l'engagement des discussions : en effet, il écrivit personnellement à Kim Il-sung pour exhorter le président nord-coréen à ce que son pays ne quitte pas le Traité de non-prolifération (TNP). Les échanges entre Washington et Pyongyang  aboutirent à l'accord-cadre de Genève en 1994 : en contrepartie de la fourniture par les Etats-Unis de deux réacteurs à eau légère et d'une normalisation des relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée, cette dernière resta membre du TNP.

L'annulation de l'accord par les Etats-Unis en 2002 - après que le Président George W. Bush eut classé la Corée du Nord parmi les pays de "l'Axe du mal" - conduisit toutefois la RPD de Corée à quitter le TNP en janvier 2003 et à mener six essais nucléaires (de bombes A et H) entre 2006 et 2017. Dans ce contexte, plusieurs délégations de Pugwash furent invitées en Corée du Nord et l'organisation internationale s'est affirmée comme un canal de dialogue, notamment entre les deux Etats coréens, ainsi que l'a souligné Venance Journé dans l'article de Raison présente précité :

Depuis 2001, de nombreuses délégations Pugwash se sont rendues en Corée du Nord et ont maintenu des contacts à haut niveau. Les Nord-Coréens participent aux conférences annuelles depuis les années 1990 et ont établi un groupe national. Le Conseil organise régulièrement des conférences sur le développement énergétique et économique, la coopération en matière de sécurité en Asie du Nord-Est et du Sud-Est, la sécurité alimentaire ou la médecine, qui se tiennent en Chine, au Vietnam ou en Mongolie, leur objectif principal étant de réunir des experts des deux pays de la péninsule pour résoudre des problèmes communs et établir la confiance entre les deux Corées. Pugwash a aussi favorisé la création du Centre international de Pyongyang sur la nouvelle économie et la technologie en 2003.

Lors de la crise internationale de 2017 autour de la Corée, Pugwash fut sollicité par la Corée du Sud et la Corée du Nord pour jouer un rôle de médiateur. En particulier, le président sud-coréen Moon Jae-in demanda à Pugwash, en décembre 2017, de convaincre les Nord-Coréens de participer aux Jeux olympiques de Pyeongchang - et, de fait, la Corée est apparue former une seule nation lors de cette trêve olympique.  S'était ainsi enclenché un mouvement de rapprochement et de rencontres diplomatique entre la Corée du Nord, la Corée du Sud et les Etats-Unis.

Venance Journé conclut que Pugwash n'a certes pas empêché le développement d'armes nucléaires en Corée du Nord, mais qu'elle a permis d'abaisser les tensions et a su s'affirmer à Pyongyang comme un interlocuteur respecté car neutre : 

Bien que Pugwash n'ait pu empêcher le programme nucléaire militaire nord-coréen, son action a été décisive en 1994 puis a contribuer à retarder de dix années la mise au point des armes. Pugwash est considéré en Corée du Nord avec respect et comme une organisation neutre. Ses possibilités sont bien entendu contraintes par les changements politiques dans les pays concernés, quand les nouveaux dirigeants sont moins enclins à la négociation. Cependant, dans une situation aussi tendue, délicate, changeante et où l'incompréhension prévaut, le maintien de contacts confidentiels réguliers a sans doute permis d'éviter des développements militaires beaucoup plus dangereux de part et d'autre.

Source : 

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27 avril 2023 4 27 /04 /avril /2023 21:25

Dans le cadre de la visite du président de la République de Corée (Corée du Sud) Yoon Seok-yeol aux Etats-Unis, le président sud-coréen et son homologue américain Joe Biden ont signé le 26 avril 2023 une déclaration, la déclaration de Washington, qui renforce l'alliance entre les deux pays - notamment dans le domaine nucléaire. Si les deux chefs d'Etat entendent ainsi répondre aux menaces nord-coréennes, c'est de fait à une escalade des tensions que tend la déclaration de Washington, sans d'ailleurs satisfaire les préoccupations sécuritaires d'une majorité de Sud-Coréens favorables à ce que leur pays se dote de l'arme nucléaire. 

 

La déclaration de Washington, un texte qui attise les tensions

Le point le plus saillant de la déclaration bilatérale américano-sud-coréenne est que "des sous-marins américains à armement nucléaire accosteront pour la première fois en Corée du Sud depuis plus de quarante ans", comme l'a indiqué CNBC. Ainsi placée sous le "parapluie nucléaire" américain, la République de Corée doit continuer à s'abstenir de développer un programme nucléaire militaire autonome, en réaffirmant son engagement en ce sens au sein du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) - alors que le refus de voir d'autres Etats que ceux possessionnés se doter de l'arme nucléaire constitue l'une des constantes de la diplomatie américaine, d'autant plus qu'une telle évolution justifierait a contrario le programme nucléaire militaire nord-coréen.  

Un sondage indique pourtant que 64 % des Sud-Coréens sont favorables à ce que la République de Corée se dote de l'arme nucléaire, ce qui témoigne d'une volonté de disposer de moyens de dissuasion nucléaire autonomes de ceux des Etats-Unis. 

La déclaration de Washington envisage également de renforcer l'entraînement commun des troupes sud-coréennes et américaines - mais c'est déjà à ce quoi tendent des exercices militaires conjoints de plus en plus fréquents et de plus en plus longs. Enfin, un groupe de consultation nucléaire doit être constitué entre Washington et Séoul pour élaborer une planification stratégique nucléaire dans l'hypothèse d'une attaque nord-coréenne.

La Chine a vivement réagi à ces annonces, en exhortant à ne pas "provoquer une confrontation" avec la République populaire démocratique de Corée. Selon la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères,

Toutes les parties doivent faire face au nœud du problème de la péninsule [coréenne] et jouer un rôle constructif dans la promotion d'un règlement pacifique de la question. [Il ne faut pas] attiser délibérément les tensions, provoquer la confrontation et brandir des menaces.

Ces déclarations resituent, une nouvelle fois, la montée des tensions en Asie du Nord-Est dans le cadre d'une confrontation plus globale entre les Etats-Unis et leurs alliés, d'une part, la Chine et ses alliés, d'autre part. 

Sources : 

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23 avril 2023 7 23 /04 /avril /2023 13:59

Si la situation en Ukraine concentre les regards de l'opinion publique occidentale, celle en Asie du Nord-Est connaît de nouveaux développements potentiellement porteurs de risque de conflit - que l'AAFC appelle à prévenir par la voie du dialogue, afin d'éviter une course aux armements. Des déclarations récentes du président sud-coréen ont par ailleurs associé les questions de Taïwan et de la Corée, créant d'importantes tensions entre Séoul et Pékin. 

Kim Jong-un visitant l'agence spatiale nord-coréenne NADA, le 18 avril 2023

Kim Jong-un visitant l'agence spatiale nord-coréenne NADA, le 18 avril 2023

En annonçant avoir réussi le lancement d'un missile balistique Hwasong-18 à combustible solide (en l'occurrence, du propergol), le 14 avril 2023, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) dispose d'un certain avantage stratégique, puisqu'un missile à combustible solide est plus simple à déployer et offre davantage de liberté quant au délai de lancement qu'un missile à combustible liquide, lequel doit être tiré en un laps de temps plus court.

L'agence de presse nord-coréenne KCNA a réitéré la position classique de Pyongyang, selon laquelle cette composante de la force de dissuasion nucléaire de la RPD de Corée visait à prévenir un conflit nucléaire :

La dissuasion nucléaire militaire de la RPDC se développe rapidement (...) pour accroître de manière continue la puissance de la force stratégique de la RPDC et qu'elle devienne une entité dotée d'une superpuissance et d'une force absolue, une grande force capable de prévenir l'holocauste nucléaire et toutes sortes de potentielles et dangereuses invasions ennemies, ainsi qu'un glaive puissant pour défendre la justice et la paix.

Par ailleurs, après l'essai concluant d'un prototype en décembre 2022, le lancement d'un satellite de reconnaissance a été un objectif réaffirmé par le Président Kim Jong-un lors d'une visite de l'agence spatiale nord-coréenne NADA, qui célébrait ses dix ans, ce 18 avril 2023. Cette perspective a été accueillie fraîchement à Tokyo : le 22 avril, le Japon a annoncé avoir mis son armée en état d'alerte pour abattre un potentiel missile balistique nord-coréen qui mettrait en orbite un satellite d'observation. 

La veille, le 21 avril, la Corée du Nord avait rejeté l'appel des pays du G7 l'appelant à "s'abstenir" de tout nouvel essai nucléaire ou tir de missile balistique intercontinental (prohibé par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, CSNU).  Pyongyang a fustigé ce qu'elle considère comme relevant de sa politique intérieure.

De fait, la nouvelle partition bipolaire, entre les Etats-Unis et les Occidentaux d'une part (ainsi que le Japon et la Corée du Sud), la Chine et la Russie d'autre part, rend peu probable l'adoption de nouvelles sanctions par le CSNU en cas d'essai nucléaire ou de tir d'un missile ICBM par la RPD de Corée.

Dans ce contexte, les déclarations du président sud-coréen Yoon Seok-yeol, selon lesquelles les prétentions chinoises sur Taïwan présentent des similarités avec la situation dans la péninsule coréenne, ont lié les deux thèmes et entraîné une dégradation des relations bilatérales avec Pékin : après une protestation de la Chine, la République de Corée a convoqué l'ambassadeur chinois. Puis Pékin a annoncé avoir déposé plainte contre Séoul, à la veille d'une rencontre entre les présidents américain et sud-coréen prévue du 24 au 26 avril 2023. 

Sources : 

- Ouest France

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