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22 septembre 2023 5 22 /09 /septembre /2023 20:50

A la tribune des Nations unies, le 20 septembre 2023, Yoon Seok-yeol, président de la République de Corée (Corée du Sud), a mis en garde la Russie contre une coopération militaire avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) dont il a jugé qu'elle constituerait une "provocation directe" contre la République de Corée. Ces déclarations interviennent dans le contexte d'un accroissement de l'aide sud-coréenne à l'Ukraine. 

Coopération Russie-RPDC : Séoul met en garde Moscou

Qu'elle semble éloignée l'époque où, à la fin de la guerre froide, la République de Corée resserrait ses liens avec l'Union soviétique jusqu'à établir des relations diplomatiques, enfonçant un coin dans l'alliance entre Moscou et Pyongyang... Le nouveau contexte de la guerre en Ukraine a entraîné un rapprochement entre la Russie et la RPD de Corée, vivement condamné par le président Yoon Seok-yeol à la tribune des Nations unies au lendemain de la visite de Kim Jong-un en Russie :

Il est contradictoire qu'un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), a qui l'on a confié le rôle de gardien ultime de la paix mondiale, entre en guerre en envahissant un autre pays souverain et reçoive des armes et des munitions d'un régime violant de façon flagrante les résolutions du CSNU (...) Et si la Corée du Nord obtient les informations et les technologies dont elle a besoin pour renforcer les capacités de ses armes de destruction massive en échange de son soutien à la Russie avec la livraison d'armes conventionnelles, l'accord sera une provocation directe menaçant la paix et la sécurité de non seulement l'Ukraine mais aussi de la république de Corée.

Alors que les deux Etats coréens avaient cherché - et cherchent toujours - à ne pas être directement impliqués dans la guerre en Ukraine, les accusations américaines et sud-coréennes - à étayer - de livraisons d'armes de Pyongyang à Moscou font écho au soutien de plus en plus affirmé de Séoul à Kiev.

Si la Corée du Sud prétend toujours ne livrer que des armes non létales à l'Ukraine (et seulement du matériel comme des casques et des gilets pare-balles), elle est en revanche un fournisseur majeur de tout type d'armements aux alliés européens de Kiev, qui approvisionnent ensuite l'Ukraine.  Par ailleurs, après un déplacement à un sommet de l'OTAN en Lituanie et une visite en Pologne, le président Yoon avait rencontré Volodymyr Zelenski à Kiev le 15 juillet 2023. A cette occasion, il avait discuté à son homologue ukrainien de coopérations en matière d'énergie, d'alimentation et d'économie.

Le discours de Yoon Seok-yeol à Washington a entraîné une réaction de l'ambassade de Russie à Séoul, pour laquelle les déclarations du président sud-coréen "rejoi[gnent] la campagne de propagande initiée par Washington et relayée par les médias américains et sud-coréens et visant à discréditer la coopération russo-nord-coréenne". En réponse, le ministère des Affaires étrangères sud-coréen a demandé à la Russie de faire preuve de "transparence" sur ses échanges avec la RPDC. Enfin, dès le 21 septembre 2023 la Corée du Sud a élargi la liste des personnes sanctionnées unilatéralement par Séoul, en raison notamment de la vente d'armes nord-coréennes à plusieurs pays, dont la Russie.

Face à un axe Moscou-Pyongyang se dessine un axe Washington-Séoul dont une des principales conséquences est la diminution des relations russo-sud-coréennes, à contre-courant d'un approfondissement des échanges depuis la fin des années 1980.

Sources : 

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14 septembre 2023 4 14 /09 /septembre /2023 20:12

Le 13 septembre 2023, Kim Jong-un, secrétaire général du Parti du travail de Corée et président des affaires d'Etat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), a rencontré Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie, au cosmodrome de Vostotchny, dans l'Extrême-Orient russe. Le choix de la Russie pour le premier déplacement à l'étranger du dirigeant nord-coréen après la réouverture des frontières de la RPDC, à l'issue de la pandémie liée au Covid-19, traduit la volonté des deux pays de renforcer leur alliance traditionnelle. Le président russe a par ailleurs répondu favorablement à l'invitation de visiter à son tour la RPDC au moment opportun. 

Vladimir Poutine et Kim Jong-un a l'aérodrome de Vostotchny

Vladimir Poutine et Kim Jong-un a l'aérodrome de Vostotchny

Le choix de l'aérodrome ultra-moderne de Vostotchny est significatif de la volonté des deux pays de renforcer leur coopération dans tous les domaines, y compris scientifiques, alors que la RPDC fait de son programme spatial l'une des composantes importantes de son développement dans l'édification d'un pays puissant et prospère. La Russie a d'ailleurs proposé d'envoyer dans l'espace un cosmonaute nord-coréen, ce qui serait une première pour la RPD de Corée. 

Le sommet s'est tenu à l'occasion du 75e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre Moscou et Pyongyang, après que le ministre russe de la défense Sergueï Choïgou a visité la RPD de Corée en juillet 2023, lors des commémorations du 70e anniversaire de l'armistice de la guerre de Corée.

Alors que la Russie et la RPD de Corée sont toutes deux soumises à des sanctions des puissances occidentales, les deux pays se sont engagés à renforcer leur coopération dans différents secteurs ("politique, économique, militaire et culturel", sans beaucoup plus de précisions), notamment pour faire face aux puissances "impérialistes" en réaffirmant leur attachement à la paix et au bien-être des peuples russe et coréen ; selon l'agence de presse nord-coréenne KCNA,  

 

[les deux dirigeants] ont discuté dans un esprit ouvert de questions importantes, notamment de coopération immédiate liées à la défense de la souveraineté, du développement et des intérêts des deux pays, de la paix et de la sécurité dans la région et dans le monde et de la justice internationale en renforçant davantage la coopération stratégique et tactique entre les deux pays. et en s'accordant un fort soutien et une solidarité l'un envers l'autre dans un front commun pour contrecarrer la menace et la provocation militaire des impérialistes, les pratiques autoritaires et arbitraires visant à piller l'indépendance, le progrès et la vie paisible de l'humanité, et ils sont parvenus à un accord satisfaisant et à un consensus de points de vue.

Si la coopération militaire était particulièrement observée dans le contexte de la guerre en Ukraine, aucune annonce n'a été faite quant à d'éventuelles livraisons d'armes nord-coréennes à la Russie - selon des allégations de Washington qu'a toujours démenties Pyongyang. Le président Vladimir Poutine a d'ailleurs réaffirmé, lors du sommet, que la Russie respectait les sanctions internationales contre la RPD de Corée.

Le programme de visite de Kim Jong-un en Russie comporte également, selon Moscou, des usines d'aviation civile et militaire à Komsomolsk et sa participation à une démonstration militaire de la flotte russe du Pacifique, à Vladivostok. 

Dans la liste des membres de la délégation nord-coréenne, le nom de la ministre des Affaires étrangères Choe Son-hui figure en deuxième position, devant ceux du maréchal Pak Jong-chon puis du ministre de la Défense nationale Kang Sun-nam, indiquant que les domaines politiques et civils occupent bien la première place dans les projets de coopération bilatérale. De fait, lors de la rencontre au sommet, côté russe les deuxième et troisième noms de la délégation sont ceux du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov puis du vice Premier ministre, ministre de l'Industrie et du Commerce, Denis Mantrov, avant le ministre de la Défense Sergueï Choïgou.

Visite de l'aérodrome de Vostotchny

Visite de l'aérodrome de Vostotchny

Sources :

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6 septembre 2023 3 06 /09 /septembre /2023 17:56

Selon Washington, une rencontre devrait prochainement avoir lieu entre le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Si Moscou a refusé de confirmer ou d'infirmer cette annonce, un nouveau sommet entre les deux dirigeants nous semble effectivement probable. Plus que la date de la rencontre, ce qui importe est de resituer celle-ci dans le cadre des relations russo-nord-coréennes - alors que le précédent sommet Russie - République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a eu lieu en avril 2019 à Vladivostok et que la RPDC vient de rouvrir ses frontières

Rencontre entre Kim Jong-un et Vladimir Poutine le 25 avril 2019 à Vladivostok

Rencontre entre Kim Jong-un et Vladimir Poutine le 25 avril 2019 à Vladivostok

Un des rares avantages des guerres est qu'elles conduisent les services de renseignement à se focaliser sur l'adversaire, quitte d'ailleurs à négliger d'autres champs d'analyse : si la Corée du Nord reste un trou noir pour le renseignement occidental, en revanche le pouvoir russe est scruté avec attention. Dans ce contexte, c'est probablement par des informations provenant de Russie que la Maison Blanche a jugé être en mesure de pouvoir annoncer publiquement un futur sommet entre les dirigeants russe et nord-coréen. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, Adrienne Watson, porte-parole au Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, a accusé les deux pays d'être en discussions pour la livraison d'armes :  

Comme nous l'avons déjà dit, des négociations sur la fourniture d'armes entre la Russie et la Corée du Nord progressent activement.

La formulation reste toutefois prudente, en ne prétendant pas que des fournitures d'armes - qui contreviendraient aux sanctions internationales contre la RPDC - ont déjà eu lieu, même si de telles accusations ont déjà été formulées et démenties par les deux parties intéressées. De fait, dans le conflit en Ukraine, les deux Etats coréens souhaitent ne pas être directement impliqués

Par ailleurs, en ne réfutant pas la possibilité de manoeuvres conjointes avec la RPD de Corée, Sergueï Choïgou, ministre russe de la défense qui était présent à Pyongyang en juillet 2023 à l'occasion de la commémoration de l'armistice ayant mis fin aux combats de la guerre de Corée, semble surtout jouer avec les nerfs des Occidentaux, en laissant sous-entendre que la coopération militaire avec la RPDC pourrait prendre un tour nouveau : 

Nous en discutons avec tout le monde, y compris avec la Corée du Nord. Pourquoi pas? Ce sont nos voisins.

Si la Russie est l'un des deux voisins de la Corée du Nord, la Chine reste aujourd'hui - et de loin - son principal partenaire. Le resserrement des liens  politiques, économiques... - avec la Russie s'inscrit dans une volonté délibérée de Pyongyang de ne pas être dans un face-à-face avec Pékin, le nouveau contexte international résultant de la guerre en Ukraine ayant conduit à un resserrement des liens avec la Russie. Si les sanctions contre la RPDC n'ont pas ouvertement été dénoncées par la Chine et la Russie, il n'est pas (ou plus) dans l'intérêt de ces deux puissances de les voir s'appliquer, ni a fortiori de les renforcer malgré les nouvelles initiatives prises par Pyongyang en méconnaissance des précédentes résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU). Dans la confrontation américano-nord-coréenne, Pékin et Moscou sont à présent extrêmement critiques contre Washington, accusant les Etats-Unis d'être responsables de la montée des tensions autour de la péninsule coréenne. Disposant d'un droit de veto, ils bloquent l'imposition de nouvelles sanctions par le CSNU.

Au-delà des aspects stratégiques - qu'il faut relativiser s'agissant d'une possible coopération militaire opérationnelle, la RPDC étant très soucieuse de son autonomie - la nécessité de relancer les échanges apparait cruciale pour l'économie nord-coréenne qui a été durement éprouvée par la fermeture des frontières dans le contexte de la crise liée au Covid-19. Selon la Banque de Corée (du Sud), le PIB nord-coréen aurait reculé pendant trois années consécutives. Pyongyang aurait un intérêt direct à la fourniture d'énergie par la Russie, ainsi que de produits alimentaires, tandis que l'embargo occidental limite les débouchés des produits russes. Par ailleurs, des travailleurs nord-coréens demeurent à l'étranger - y compris en Russie - dans des secteurs comme le bois et le bâtiment, alors que la sous-exploitation de l'Extrême-Orient russe, faiblement peuplé, constitue un facteur de fragilité pour Moscou. 

Enfin, une éventuelle rencontre, tout en réaffirmant une solidarité anti-impérialiste contre les Etats-Unis, pourrait aussi être l'occasion de renouer des échanges culturels et sportifs entre les deux pays. 

Source principale :

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3 juin 2023 6 03 /06 /juin /2023 21:46

Le 31 mai 2023, l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a reconnu l'échec du lancement du satellite de reconnaissance militaire Chollima-1, en début de matinée, depuis le site de lancement Sohae. Alors que la RPDC entend poursuivre ses programmes militaires face aux menaces des Etats-Unis et de leurs alliés - dans un contexte d'escalade des tensions, marqué notamment par l'adoption de la déclaration de Washington - les puissances occidentales ne sont pas parvenues à faire condamner Pyongyang au Conseil de sécurité des Nations unies, Pékin et Moscou mettant en cause l'attitude des Etats-Unis dans la péninsule coréenne. 

Lancement du satellite Chollima-1 le 31 mai 2023 (source : KCNA)

Lancement du satellite Chollima-1 le 31 mai 2023 (source : KCNA)

Dans une certaine démarche de transparence, l'agence officielle nord-coréenne KCNA a reconnu l'échec du lancement et tenu à en analyser les raisons, dans l'attente d'un examen plus approfondi des causes de cet insuccès - avant l'annonce d'un second lancement, après une phase de tests, dès que possible : 

La fusée porteuse Chollima-1 est tombée dans la mer de Corée occidentale (...) en raison du démarrage anormal du moteur du second étage après la séparation du premier étage pendant un vol normal. Le porte-parole de la NADA [NdA : l'agence spatiale nord-coréenne] a attribué cet échec au manque de fiabilité et de stabilité du système de moteur de type nouveau appliqué à la fusée porteuse Chollima-1 et au caractère instable du carburant utilisé.

Si Pyongyang avait prévenu le Japon du lancement du satellite (comme il est d'usage pour ses programmes spatiaux qui sont présentés comme étant pacifiques), le tir du 31 mai a entraîné des alertes inappropriées en République de Corée (Corée du Sud) et au Japon - soulevant des interrogations sur leur caractère opérationnel. Un appel aux Séoulites à se préparer à une évacuation était erroné, de l'avis même du ministère de l'intérieur sud-coréen, faute de menace sur Séoul. De même, les autorités nippones ont retiré, une demi heure après l'avoir lancé, un appel aux habitants d'Okinawa les exhortant à se mettre à l'abri. En 2012 et en 2016, La RPDC avait procédé à des lancements de satellites qui avaient survolé Okinawa.

Sans surprise, les Etats-Unis ont dénoncé une violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, étant rejoints par Séoul et Tokyo dans leurs condamnations.

Mais la Chine et la Russie ont réitéré leur position, constante depuis un veto opposé en mai 2022 à une proposition américaine de renforcement des sanctions contre la RPD de Corée, selon laquelle les Occidentaux ont une responsabilité majeure dans l'escalade des tensions, en pointant - à l'instar de Pyongyang - l'impact de la déclaration de Washington. Les deux membres permanents du CSNU ont exhorté les Etats-Unis et leurs alliés à faire diminuer le niveau des tensions et à renouer avec la voie du dialogue, en soulignant que leur proposition conjointe de novembre 2021, en mettant fin à des sanctions toujours plus lourdes, a pour objectif de "favoriser la désescalade, la confiance mutuelle et l'unité" parmi les 15 membres du Conseil de sécurité, selon la formule de Geng Shuang, ambassadeur adjoint de la Chine aux Nations unies.

Sources :

- 38 North

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27 février 2023 1 27 /02 /février /2023 22:57

Dans le conflit russo-ukrainien, les deux Etats coréens ont adopté des positions diplomatiques opposées : si la République de Corée (Corée du Sud) a condamné l'invasion russe commencée le 24 février 2022, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a au contraire rejeté les résolutions qui, à l'Assemblée générale des Nations unies, condamnaient la Russie - cette position s'inscrivant dans une démarche de plus long terme qui tend à développer les relations de Pyongyang avec Moscou. Mais, sur un plan davantage militaire, les deux Etats partagent la même volonté de ne pas être impliqués directement dans le conflit.

La guerre en Ukraine a fait couler beaucoup d'encre sur le fait de savoir si les Américains et les Européens, en fournissant directement des armes à l'Ukraine, devaient être considérés comme des co-belligérants. La réponse est difficile, car il n'y pas de définition claire de cette notion en droit international public, et pas davantage de consensus au sein de la doctrine. La Professeure Anne-Laure Chaumette, dans un article publié le 16 février 2023, a formulé les observations suivantes : 

Une partie de la doctrine a pu élargir cette approche et considérer que l’État qui fournit des armes ou une aide financière à un État en conflit devient partie à ce conflit et a le statut de belligérant. Mais la pratique et la majorité de la doctrine soutiennent au contraire que ces aides ne font pas de l’Etat qui les fournit un belligérant (voir par ex. Michael N. Schmitt) : ainsi, durant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ne sont considérés comme étant en guerre qu’à partir du 7 décembre 1941, alors qu’ils fournissaient une aide militaire aux alliés depuis la loi prêt-bail du 11 mars 1941.

Le Club des Juristes

Pour reprendre l'exemple d'Anne-Laure Chaumette, les Etats-Unis ne sont entrés en guerre (et donc devenus belligérants) que le 7 décembre 1941 avec l'attaque de Pearl Harbor, mais la fourniture d'armes aux puissances alliées, par la loi prêt-bail du 11 mars 1941, les faisait déjà quitter le statut de non-belligérants - ne pouvant plus être considérés comme neutres. De la même manière, selon la doctrine majoritaire en droit international public, dans la guerre qui oppose aujourd'hui l'Ukraine et la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne ne sont pas neutres ; ils sont non-belligérants (par la fourniture directe d'armes à l'Ukraine, qui plus est reconnue), mais pas belligérants (ou co-belligérants). A contrario la Biélorussie, en ayant permis aux troupes russes d'utiliser son territoire, est susceptible de voir sa responsabilité internationale engagée, toujours selon Anne-Laure Chaumette. Les sanctions prises contre la Russie ont ainsi pu être étendues à la Biélorussie, quand bien même les troupes biélorusses n'interviennent pas en Ukraine. 

Au regard de ces observations, comment qualifier la position de chacun des deux Etats coréens ?

La RPD de Corée a constamment nié fournir des armes à la Russie. Cette position s'inscrit dans une volonté de ne pas être partie au conflit, de respecter non seulement le principe de non-belligérance mais aussi de se conformer aux règles de neutralité fixées par les Conventions de La Haye de 1907. Une conséquence est également que les puissances occidentales n'ont pas adopté de sanctions supplémentaires contre la Corée du Nord au regard de son positionnement dans le conflit.

La République de Corée a de la même manière démenti que ses livraisons d'armes aux Etats-Unis seraient destinées à l'Ukraine - notamment en novembre 2022, pour un contrat d'achat de 100 000 obus d'artillerie de 155 mm. De même, si la Corée du Sud a permis de reconstituer les stocks d'armement de plusieurs pays de l'OTAN (notamment, la Pologne et la République tchèque, confortant son statut d'exportateur d'armes de haut niveau technologique), ces armes ne peuvent qu'indirectement approvisionner l'armée ukrainienne - ce qui, selon la presse tchèque, serait le cas pour des missiles sol-air portatifs KP-SAM, commercialisés sous le nom Chiron, livrés à la République tchèque. Malgré des sollicitations réitérées fin février 2023 par le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg, la République de Corée a par ailleurs maintenu sa position de ne pas livrer d'armes létales à l'Ukraine. Le soutien direct sud-coréen se limite à une aide civile. 

Dans le domaine des sanctions contre la Russie, Séoul n'a pas interdit le survol de son territoire aux avions russes en février 2022. En revanche, elle a participé à fermer l'accès de la Russie au système SWIFT et à interdire tant certaines transactions financières (notamment avec les principales banques russes) que les exportations de matériaux stratégiques. Ces sanctions ont été déplorées par la Russie - en des termes toutefois plus mesurés qu'avec les puissances occidentales. Le 28 février 2022, l'ambassadeur de Russie en République de Corée, Andrey Kulik, avait déclaré que les liens bilatéraux, qui s'étaient développés de manière régulière depuis 30 ans (et l'établissement de relations diplomatiques complètes en 1990), pourraient "changer de cap". 

Par le passé, les soldats tant nord-coréens que sud-coréens ont participé à des conflits : les premiers en Afrique subsaharienne (Ethiopie, Angola, Mozambique), les seconds au Vietnam.  L'attitude aujourd'hui de Séoul et de Pyongyang apparaît beaucoup plus en retrait, témoignant d'une volonté manifeste de ne pas s'impliquer directement dans un conflit susceptible de s'étendre à d'autres parties de la planète.  

Missile sol-air portatif KP-SAM sud-coréen (2013)

Missile sol-air portatif KP-SAM sud-coréen (2013)

Sources : 

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23 septembre 2022 5 23 /09 /septembre /2022 20:29

Selon le Pentagone, la Russie, manquant de munitions, se serait tournée vers de nouveaux fournisseurs - dont la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) - pour l'approvisionner dans son effort de guerre en Ukraine. Pyongyang a cependant fermement démenti.

Affiche du Mouvement de la paix contre la guerre en Ukraine

Affiche du Mouvement de la paix contre la guerre en Ukraine

Selon John Kirby, du Conseil de sécurité national américain, pour pallier l'épuisement de ses stocks militaires la Russie se serait tournée vers la Corée du Nord pour acquérir "des millions de cartouches, de roquettes et d'obus d'artillerie". 

Ce n'est pas la première fois que la Corée du Nord était mentionnée dans le conflit en Ukraine : elle avait naguère été présentée comme étant sur le point d'envoyer des soldats combattre aux côtés des Russes, ce qui est improbable étant donné que Pyongyang a cessé d'envoyer des soldats combattre à l'étranger depuis plusieurs décennies - qui plus est ces envois de troupes s'opéraient dans le cadre privilégié des luttes de libération nationale. Mais cette fois les autorités nord-coréennes ont réagi en opposant un démenti formel à l'envoi d'armes en Russie. Selon un responsable du Bureau général de l'Equipement du ministère de la défense de la RPD de Corée, cité par l'agence officielle KCNA :  

Nous n’avons jamais exporté d’armes ou de munitions vers la Russie auparavant et nous n’envisageons pas d’en exporter.

Le même communiqué a dénoncé des "rumeurs", alimentées par "des forces hostiles". 

En tout état de cause, l'AAFC, fondamentalement attachée à la paix en Corée et partout dans le monde, se félicite du démenti nord-coréen : les fournitures d'armes à un belligérant prolongent un conflit auquel il convient de tout faire pour y mettre fin. Refuser des livraisons d'armes à un pays en guerre est une règle de base dans les efforts conduits par les Nations unies pour maintenir et rétablir la paix, quel que soit le pays considéré.

Nous réaffirmons aussi notre attachement au désarmement militaire et au refus des exercices militaires pour prévenir les risques d'escalade vers des conflits meurtriers et garantir que les différends internationaux soient toujours réglés par des voies pacifiques.

 

Source : 

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9 septembre 2022 5 09 /09 /septembre /2022 10:46

Le 9 septembre 1948 était fondée la République populaire démocratique de Corée. Alors que la libération de la péninsule coréenne, au nord, a été le fruit des actions conjointes des partisans et des Soviétiques - comme l'a récemment rappelé le président russe Vladimir Poutine, dans un courrier à son homologue nord-coréen Kim Jong-un le 15 août 2022 - la fondation de la République populaire démocratique de Corée doit se resituer dans un contexte non seulement de partition de la péninsule, mais aussi de la mise en place d'institutions autonomes vis-à-vis des Soviétiques. Nous revenons ici sur l'autonomie acquise par les Nord-Coréens, dès les années suivant la Libération, vis-à-vis des Soviétiques.

Billet de 5000 won, représentant le Président Kim Il-sung, émis en 2008 à l'occasion du 60e anniversaire de la fondation de la RPD de Corée

Billet de 5000 won, représentant le Président Kim Il-sung, émis en 2008 à l'occasion du 60e anniversaire de la fondation de la RPD de Corée

Pour apprécier la nature des liens entre les Nord-Coréens et les Soviétiques, Bruce Cumings mentionne tout d'abord le nombre de conseillers soviétiques dans le nord de la Corée : 

Le nombre de conseillers soviétiques au nord n'a jamais été très élevé, même dans l'armée. Les sources britanniques estiment que les conseillers soviétiques au gouvernement central ont diminué de 200 en 1946 à seulement 30 en avril 1947, la plupart d'entre eux relevant probablement du ministère de l'intérieur. Le ministre de la défense sud-coréen a établi le nombre de conseillers militaires soviétiques à seulement 120 avant la guerre, ce qui est conforme avec les estimations des services de renseignement après le déclenchement de la guerre, affirmant que les Soviétiques utilisaient "approximativement quinze conseillers par division nord-coréenne".

Pour une approche plus globale de l'influence soviétique à cette époque, Bruce Cumings cite le diplomate britannique R. S. Milward, qui, tout en décrivant la Corée du Nord comme un Etat-satellite (suivant le point de vue répandu parmi les chancelleries occidentales à cette date), soulignait néanmoins son degré d'autonomie en écrivant en milieu d'année 1948 que :

[La Corée du Nord montre] d'apparentes similarités avec les Etats communistes occidentaux les plus autonomes comme la Yougoslavie. Kim Il-sung (...) avait grandi pendant la guerre comme un héros de guérilla presque légendaire... un Tito coréen. Par ailleurs, les Russes ont proposé de retirer leurs troupes de Corée, semblant faire confiance à leurs marionnettes (...) pour diriger le pays suivant les intérêts russes sans ingérence russe directe.

R. S Milward poursuivait en estimant que "cette autonomie de façade" était plus prononcée que "dans presque n'importe quel autre Etat situé dans l'orbite russe".

 

Selon Bruce Cumings, cette situation spécifique devait permettre à la toute jeune république fondée le 9 septembre 1948 de disposer d'une autonomie entre ses deux voisins géants soviétique et chinois. Nous ajouterons que, par la suite, lors de la dégradation des relations sino-soviétiques, cette position propre à la RPD de Corée l'a conduite à développer une idéologie propre, les idées du Juche. 

 

Source : Bruce Cumings, Korea's place in the sun, Norton et Company, New York, 2005. Extraits pp. 226-227 (traduits de l'anglais par l'AAFC).

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2 septembre 2022 5 02 /09 /septembre /2022 21:23

Alors que les sanctions internationales de plus en plus lourdes prises contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) à partir de 2006 ont pu être adoptées grâce au ralliement de la Russie et de la Chine aux propositions des Etats-Unis et de leurs alliés au Conseil de sécurité des Nations unies, le nouveau contexte international, marqué par les tensions croissantes entre les Etats-Unis, d'une part, la Russie et la Chine, d'autre part, offre une opportunité pour Pyongyang de renforcer ses échanges avec Moscou et Pékin - alors que la RPDC a annoncé réouvrir ses frontières après avoir déclaré terminée l'épidémie de "fièvre" (interprétée comme une épidémie de Covid-19) - et fermé ses frontières avec la Chine il y a plus de deux ans et demi, en début d'année 2020. 

Rencontre à Vladivostok, Le 25 avril 2019, entre Kim Jong-un, président de la Commission des affaires d'Etat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), et Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie.

Rencontre à Vladivostok, Le 25 avril 2019, entre Kim Jong-un, président de la Commission des affaires d'Etat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), et Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie.

Si le renforcement des relations bilatérales de la RPDC avec la Russie et la Chine s'était traduit, en 2019, par des rencontres au sommet entre leurs dirigeants (du Président Kim Jong-un à Vladivostok en avril 2019, et du Président Xi Jinping en RPD de Corée les 20 et 21 juin 2019), la fermeture des frontières dans le contexte international de la lutte de pandémie de Covid-19 avait mis fin à ces échanges au plus haut niveau quelques mois plus tard. Durement touchée par les sanctions internationales, l'économie nord-coréenne avait nettement reculé, selon les estimations occidentales - en l'absence de statistiques officielles publiées par la RPDC.

Le nouveau contexte international offre à Pyongyang une opportunité de renforcer ses échanges avec ses deux principaux voisins - et tout d'abord au plan diplomatique. Lors du déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022, la RPDC a dénoncé la responsabilité selon elle des Etats-Unis et de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) - dénonçant par ailleurs les perspectives de création d'un OTAN asiatique qui se constituerait autour des alliances militaires privilégiées de Washington avec Tokyo et Séoul. De fait, l'agence de renseignement sud-coréenne a été la première, en Asie, à rejoindre cette année le groupe de défense cyber de l'OTAN.

La possibilité d'un axe Moscou-Pékin-Pyongyang apparaît dans les analyses partagées de ces trois puissances contre l'hégémonie américaine, nonobstant la position de la Chine qui, sur la guerre en Ukraine, modère son ton pour préserver ses relations économiques avec les puissances occidentales. 

Entre la Russie et la RPD de Corée, le fait le plus notable est la reconnaissance par Pyongyang des républiques de Donetsk et de Lougansk le 13 juillet 2022. La RPD de Corée est également apparue prête à participer à la reconstruction économique de ces zones en guerre, par l'envoi de travailleurs - ce qui s'inscrirait dans le prolongement d'une pratique ancienne, naguère de la Corée du Sud, et de la Corée du Nord jusqu'aux récentes sanctions internationales l'interdisant à Pyongyang. De fait, les sanctions ne seraient alors plus appliquées par la Russie - du moins, sur ce point.  

A l'occasion de l'anniversaire de la libération de la Corée le 15 août 1945, les courriers échangés au niveau des chefs d'Etat traduisent la volonté de renforcer les relations bilatérales. Vladimir Poutine a rappelé les combats menés "entre l'Armée rouge et les patriotes de Corée" pour la libération de la péninsule de l'occupation japonaise pendant la Seconde guerre mondiale, et exprimé son souhait de renforcer "la sécurité et le stabilité de la Corée". Kim Jong-un lui a répondu en observant qu'un "front commun" permettait de contrer "les menaces et les provocations des forces hostiles".

Alors que Pyongyang a critiqué la visite de Nancy Pelosi à Taïwan, et rappelé sa position de principe sur une seule Chine (à l'instar de Moscou), les manoeuvres militaires américano-sud-coréennes d'août 2022 (les plus importantes depuis 2018, bien que d'une ampleur non rendue publique) ont été dénoncées non seulement par la RPD de Corée, mais aussi par la Chine - et par l'ambassadeur russe à Pyongyang. Alors que les experts occidentaux s'attendent à un nouvel essai nucléaire nord-coréen, il semble improbable que Pékin et Moscou accepteraient alors de renforcer les sanctions contre la RPD de Corée, voire même de se joindre à une condamnation verbale. Le 26 mai 2022, la Chine et la Russie avaient opposé leur veto à une proposition de résolution, d'origine occidentale, appelant à renforcer les sanctions contre la RPD de Corée après le lancement par cette dernière de plusieurs missiles balistiques. La Chine et la Russie appellent à présent au dialogue avec Pyongyang et à commencer à lever les sanctions. Si les Occidentaux venaient à prendre de nouvelles sanctions contre la RPDC, celles-ci n'auraient qu'une portée somme toute réduite - vu la quasi-absence de relations et d'échanges avec la Corée du Nord.

La situation géopolitique actuelle a déjà fait une victime : les relations intercoréennes, qui s'étaient réchauffées pendant la présidence du démocrate Moon Jae-in en République de Corée (Corée du Sud), sont au plus bas. Le nouveau président conservateur Yoon Suk-yeol, qui avait déjà qualifié la RPD de Corée d' "ennemi principal" de la Corée du Sud pendant la campagne électorale en mars 2022, a profité de l'anniversaire de la libération de la Corée, le 15 août 2022, pour formuler une proposition consistant à apporter une aide économique au Nord en contrepartie de sa dénucléarisation. Les observateurs étaient sceptiques sur la réponse de Pyongyang à ce qui apparaissait surtout comme une opération de communication à peu de frais pour apparaître vouloir un dialogue : en effet, le président sud-coréen Lee Myung-bak avait formulé une proposition très proche en 2008, qui avait été rejetée par le Nord. Sans surprise, la RPD de Corée avait répondu quelques jours plus tard que sa sécurité internationale n'était pas négociable - et pas à vendre.

Alors que la France et l'Union européenne se démarquent des Etats-Unis sur la montée des tensions avec la Chine (notamment, s'agissant de la France, lors de la conclusion de l'alliance militaire AUKUS entre l'Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, en septembre 2021), il apparaîtrait utile de promouvoir le dialogue et de prévenir les risques d'escalade et de tensions à la frontière est de la Russie, dans et autour de la péninsule coréenne. Dans le site d'analyse de référence sur la Corée du Nord 38 North, Jagannath Panda ne dit pas autre chose, en soulignant qu' "il est impératif d'empêcher une confrontation de type russe en Asie du Nord-est". Nous faisons nôtres ces propos raisonnables et de bon sens.

 

Sources :

Jagannath Panda, "Will Pyongyang's NATO tirades pay dividends", 38 North, 19 août 2022

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28 avril 2019 7 28 /04 /avril /2019 22:28

Le 25 avril 2019, Kim Jong-un, président de la Commission des affaires d'Etat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), et Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie, se sont rencontrés à Vladivostok, dans l'Extrême-Orient russe. Depuis sa rencontre de mars 2018 avec le président de la République populaire de Chine, le dirigeant nord-coréen aura multiplié les contacts directs avec les principaux acteurs du dossier coréen : quatre rencontres avec le président chinois Xi Jinping, trois rencontres avec le président sud-coréen Moon Jae-in, deux rencontres avec le président américain Donald Trump et, donc, une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine. Deux mois après l'échec du sommet RPDC-Etats-Unis de Hanoï, la rencontre de Vladivostok a été une occasion significative de rappeler l'importance d'un mécanisme de sécurité collective pour l'Asie du Nord-Est et, plus particulièrement, de garanties de sécurité pour la Corée du Nord, garanties que les Etats-Unis semblent incapables d'offrir.

A Vladivostok, Kim Jong-un et Vladimir Poutine réaffirment l'importance d'une solution pacifique en Corée et d'un mécanisme de sécurité collective pour l'Asie du Nord-Est

La rencontre du 25 avril 2019 entre Kim Jong-un et Vladimir Poutine s'est tenue à l'Université fédérale d'Extrême-Orient, sur l'île Rousski, située en face de Vladivostok. C'était la première rencontre au plus haut niveau entre des dirigeants nord-coréen et russe depuis le sommet entre le Dirigeant Kim Jong-il et le Président Dmitri Medvedev d'août 2011, et la première visite à l'étranger de Kim Jong-un après sa réélection au poste de président de la Commission des affaires d'Etat de la RPDC le 12 avril 2019.

Ce sommet était très attendu car perçu comme un test pour les efforts diplomatiques de la RPDC destinés à mettre fin au blocage dans les négociations avec les Etats-Unis sur la dénucléarisation, à alléger les sanctions et pressions et à donner une nouvelle impulsion à son plan de développement économique.

Les dirigeants nord-coréen et russe ont d'abord eu, pendant deux heures, un entretien en tête-à-tête consacré, d'après l'agence russe TASS, à la résolution pacifique de la question nucléaire dans la péninsule coréenne, aux moyens d'assurer la paix en Asie du Nord-Est et aux relations entre la RPDC et la Fédération de Russie. Il n'était pas prévu de signature d'une déclaration commune ou d'un accord.

Avant cet entretien, le Président Vladimir Poutine a déclaré que la visite du dirigeant de la RPDC aiderait à résoudre la situation dans la péninsule coréenne, la Fédération de Russie accueillant favorablement les efforts de la RPDC visant à normaliser ses relations avec la Corée du Sud et avec les Etats-Unis. Il a félicité Kim Jong-un pour sa réélection au poste de président de la Commission des affaires d'Etat de la RPDC et souligné que l'année 2018 avait été celle du 70ème de l'établissement des relations diplomatiques entre la RPDC et la Russie.

Le Dirigeant Kim Jong-un a aussi fait part de son espoir que sa rencontre avec le Président russe contribue au développement des relations bilatérales et au règlement de la situation dans la péninsule coréenne. Il a remercié Vladimir Poutine pour l'organisation de la rencontre et l'a félicité à son tour pour sa réélection à la présidence de la Fédération de Russie en 2018, lui souhaitant de poursuivre « son travail couronné de succès pour construire une Russie forte ».

A l'issue de leur entretien en tête-à-tête, les dirigeants se sont montrés satisfaits : « Nous venons d'avoir un échange d'opinions très substantiel sur des questions qui nous intéressent mutuellement », a déclaré Kim Jong-un, remerciant Vladimir Poutine pour ce « très bon moment ».

« Nous avons abordé la situation sur la péninsule coréenne, avons eu un échange d'opinions sur ce qu'il fallait faire et comment le faire pour que les perspectives puissent s'améliorer », a de son côté affirmé Vladimir Poutine.

Ils ont alors été rejoints par les membres de leurs délégations pour une réunion élargie d'une heure et demi. Kim Jong-un était accompagné du ministre des Affaires étrangères Ri Yong-ho et de la vice-ministre des Affaires étrangères Choe Son-hui, tandis que la délégation russe comprenait le vice-Premier ministre Yuri Trutnev, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le ministre des Transports Yevgeny Dietrich et le ministre du Développement de l'Extrême-Orient Alexandre Kozlov.

A Vladivostok, Kim Jong-un et Vladimir Poutine réaffirment l'importance d'une solution pacifique en Corée et d'un mécanisme de sécurité collective pour l'Asie du Nord-Est

Selon l'agence nord-coréenne KCNA, Kim Jong-un a déclaré au cours de cette réunion élargie que la situation dans la péninsule coréenne et la région se trouve dans l'impasse et est à un point critique où elle pourrait revenir à son état originel, car les Etats-Unis ont adopté une attitude unilatérale de mauvaise foi lors du sommet RPDC-Etats-Unis à Hanoï. Il a ajouté, toujours selon KCNA, que la paix et la sécurité sur la péninsule coréenne dépendront entièrement de la future attitude des Etats-Unis et la RPDC se préparera à toutes les situations possibles.

Les dirigeants russe et nord-coréen sont convenus de promouvoir plus étroitement la compréhension et les liens mutuels et de renforcer la collaboration stratégique pour assurer la paix et la sécurité régionales à l'avenir. Ils se sont également accordés à prendre des mesures positives dans divers domaines afin de stimuler davantage leur coopération en matière de commerce, d'économie et de sciences et technologies en plaçant les relations économiques et commerciales mutuellement bénéfiques entre les deux pays à un niveau élevé.

Enfin, Kim Jong-il a invité Vladimir Poutine à visiter la République populaire démocratique de Corée, une invitation acceptée par le Président russe.

Pendant la réception qui a suivi les entretiens, Vladimir Poutine a réaffirmé qu'il n'y a pas d'alternative à une résolution pacifique de la question nucléaire dans la péninsule coréenne. « Nous considérons qu'il n'y a pas et qu'il ne peut pas y avoir d'alternative au règlement pacifique du problème nucléaire et d'autres problèmes dans la région », a dit le Président russe. La Russie, quant à elle, est prête à continuer à coopérer pour réduire les tensions dans la péninsule coréenne et améliorer la sécurité en Asie du Nord-Est en général : « Comme le dit un proverbe coréen, si nous joignons nos forces, un rocher peut être déplacé », a déclaré Poutine, ajoutant qu'il s'agit d'une « formule à succès ». « Avec la participation active de la communauté internationale et de tous les pays concernés, nous atteindrons définitivement notre but d'assurer une paix durable, la stabilité et la prospérité dans la péninsule coréenne », a insisté Vladimir Poutine.

Pour sa part, Kim Jong-un a porté un toast à la prospérité à la Russie, mettant en avant les vieilles traditions d'amitié entre les deux pays : « J'ai eu aujourd'hui des échanges de vues francs et substantiels avec Monsieur [le Président russe Vladimir] Poutine sur les questions du développement des liens d'amitié russo-coréens, de la préservation de la paix et de la sécurité dans la péninsule coréenne et dans la région, ainsi que sur les questions internationales », a dit le dirigeant nord-coréen. « Je souhaite sincèrement à la Russie de prospérer en tant que grand pays puissant et digne »

A Vladivostok, Kim Jong-un et Vladimir Poutine réaffirment l'importance d'une solution pacifique en Corée et d'un mécanisme de sécurité collective pour l'Asie du Nord-Est

Après avoir quitté le dirigeant nord-coréen (qui devait rentrer en Corée le lendemain 26 avril), Vladimir Poutine a tenu une conférence de presse, se disant satisfait de ses discussions avec Kim Jong-un : « Nous sommes tous satisfaits des résultats des discussions, mes collègues et moi », a dit le Président russe, décrivant Kim Jong-un comme « une personne assez ouverte qui discute librement de tous les sujets à l'ordre du jour ». Selon Vladimir poutine, Kim Jong-un s'est révélé être « un interlocuteur assez intéressant et substantiel ».

Le Président russe a insisté sur la nécessité d'abandonner l'idée de la force pour résoudre la situation dans la péninsule coréenne. Il croit qu'un règlement dans la péninsule coréenne est possible, pour peu que chaque partie concernée respecte les intérêts des autres.

Vladimir Poutine a rappelé qu'on était proche d'une solution en 2005, quand la RPDC et les Etats-Unis étaient parvenus à un accord dans le cadre des pourparlers à six pays (deux Corée, Etats-Unis, Russie, Chine, Japon). Mais Washington essaya par la suite d'inclure d'autres dispositions dans cet accord, ce qui incita la Corée du Nord à s'en retirer : « Si nous agissons ainsi, un pas en avant, deux pas en arrière, alors nous ne parviendrons pas au résultat désiré, mais si nous avançons pas après pas en respectant les intérêts des autres, alors cet objectif peut être finalement atteint », a déclaré le Président Poutine.

Selon Poutine, pour que la Corée du Nord renonce à son programme nucléaire, il faut lui fournir des garanties : « Que signifie la dénucléarisation? Dans une certaine mesure, il s'agit du désarmement de la Corée du Nord. », a-t-il dit, notant que Moscou et Pyongyang pensent que la Corée du Nord « a besoin de garanties quant à sa sécurité et à la préservation de sa souveraineté ». « De quelle sorte de garanties peut-il s'agir, à part les garanties qu'offre la légalité internationale ? », s'est interrogé le Président russe, ajoutant qu'il est trop tôt pour dire si de telles garanties seront suffisantes et qu'il est donc « essentiel de prendre des premières mesures afin de bâtir la confiance ».

Selon Vladimir Poutine, les intérêts russes et américains peuvent coïncider sur la question de la dénucléarisation de la péninsule coréenne : « Par certains aspects, [les intérêts russes et américains] coïncident », a déclaré Poutine. « Nous sommes résolument opposés à la prolifération des armes de destruction massive sur la planète. C'est pourquoi un nombre significatif de mesures sont prises dans le cadre de l'Organisation des Nations unies », a dit le Président russe, dans une allusion aux sanctions visant le programme nucléaire nord-coréen, votées par le Conseil de sécurité des Nations unies, dont la Russie est un membre permanent. « Il est vrai que, quand certaines décisions sont prises, nous ne le cacherons pas et vous le savez, il y a souvent une lutte pour imposer une certaine formulation, mais pour ce qui concerne la réduction de la menace d'un conflit nucléaire, assurément, il s'agit de notre priorité commune », a encore dit Vladimir Poutine.

Le Président russe a déclaré que des discussions multilatérales sur la Corée du Nord (à l'image des pourparlers à six pays qui ont pris fin en décembre 2008) devront reprendre à terme, une fois qu'il s'agira de fournir des garanties internationales à Pyongyang : « Je ne suis pas sûr que ces discussions doivent reprendre maintenant mais je suis confiant quant au fait que, si nous parvenons à une étape où nous avons besoin de mettre au point certaines garanties pour une des parties, à commencer par des garanties de sécurité pour la Corée du Nord, des garanties internationales deviendront nécessaires », a dit Poutine.

Enfin, le Président Poutine a dit qu'il allait informer les dirigeants chinois et américains du contenu de sa rencontre avec Kim Jong-un : « Bien sûr, je parlerai de celà demain [26 avril 2019 à Pékin pendant le Forum sur les nouvelles routes de la soie] avec les dirigeants de la République populaire de Chine et nous discuterons aussi ouvertement et sincèrement de la rencontre de ce jour avec les dirigeants américains. Il n'y a aucun secret à cet égard et la position de la Russie est toujours ouverte, sans aucun complot. De plus, Kim Jong-un lui-même nous a demandé d'informer la partie américaine de sa position et des problèmes qui se posent à lui à propos des processus en cours dans la péninsule coréenne et dans ses environs », a conclu le Président russe.

A l'instar de la Chine, la Russie entend de longue date jouer un rôle dans l'établissement d'un mécanisme de sécurité collective, en tant que potentiel garant d'un accord entre les Etats-Unis et la République populaire démocratique de Corée, laquelle devra disposer de garanties de sécurité et de non-agression en contrepartie de sa dénucléarisation. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait déjà eu l'occasion d'exposer la position russe à Kim Jong-un quand il l'avait rencontré à Pyongyang en mai 2018.

En outre, la Russie et la Chine plaident, de manière constante, pour un « double gel » : gel des essais nucléaires et balistiques de la Corée du Nord, gel des manoeuvres militaires et de l'alourdissement continu des sanctions par les Etats-Unis et leurs alliés. En novembre 2017, à Séoul, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Igor Morgoulov avait présenté les trois étapes de la feuille de route russo-chinoise :

- tout d'abord, une révision à la baisse des exigences attendues de la part de Washington (non plus la suspension des exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud, mais la diminution de leur intensité et de leur ampleur), afin de faire baisser les tensions diplomatiques et militaires ;

- puis l'engagement de négociations bilatérales directes entre Pyongyang et Washington d'une part, Séoul et Pyongyang d'autre part ;

- enfin, des négociations multilatérales portant sur la mise en place d'un dispositif collectif de maintien de la paix et de la sécurité en Asie du Nord-Est, impliquant notamment la dénucléarisation de la Corée du Nord.

Si les deux premières étapes semblent en grande partie atteintes à la faveur des accords signés au cours de l'année 2018 par le dirigeant suprême de la Corée du Nord avec son homologue sud-coréen d'une part, et son homologue américain d'autre part, la troisième reste un vœu pieux, d'abord en raison des exigences américaines quant à un désarmement unilatéral de la RPDC avant toute autre avancée.

Comme l'a rappelé Vladimir Poutine le 25 avril 2019 à Vladivostok, la confiance est un préalable sur le chemin d'une solution en Corée.

 

Sources :

KCNA

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17 février 2019 7 17 /02 /février /2019 19:51

La question du désarmement nucléaire de la péninsule coréenne se pose à nouveau dans le contexte des préparatifs du sommet entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et les Etats-Unis, prévu les 27 et 28 février 2019 à Hanoi au Vietnam. A la veille de la rencontre entre Kim Jong-un et Donald Trump, l’ambassadeur de Russie à Pyongyang, Alexander Matsegora, a exposé dans un entretien à l'agence RIA Novosti quel rôle Moscou peut jouer dans le processus de dénucléarisation, quels sont les points à l’ordre du jour des relations bilatérales entre la Russie et la RPDC, et comment il envisage l’avenir des projets de la Russie avec les pays de la péninsule coréenne.

Alexandre Matsegora (ambassadeur de la Fédération de Russie en RPD de Corée) : « La visite de Kim Jong-un en Russie est le point numéro 1 de notre agenda. »

Kim Jong-un prévoit-il de se rendre en Russie cette année? Quand cela pourrait-il avoir lieu et à quel point Pyongyang est-il intéressé par cette visite? Quelle ville Kim Jong-un visitera-t-il?

Il existe une compréhension de base commune concernant la tenue d’une réunion des dirigeants de la Russie et de la RPDC. L’intérêt d’un tel sommet est réciproque. De nombreuses questions nécessitent un examen et une prise de décision au plus haut niveau. À cet égard, la visite en Russie du président du Conseil des affaires d’Etat de la RPDC, Kim Jong-un, est au premier rang de notre agenda bilatéral.

La date et le lieu précis de la réunion, ainsi que le programme de la visite n’ont pas encore été fixés.

Le journal Washington Post a annoncé que Moscou avait proposé à la RPDC de construire une centrale nucléaire dans le pays à l’automne 2018 en échange du refus de Pyongyang de mener des programmes nucléaires et de missiles. Est-ce vrai et comment a réagi la partie nord-coréenne?

Le message du Washington Post ne correspond pas à la réalité. Les raisons pour lesquelles une telle chose est à la base impossible sont nombreuses. L’une d’entre elles est que les Nord-Coréens développent leur programme de missiles nucléaires non parce qu’ils manquent d’électricité (bien qu’il y ait une grave pénurie dans ce domaine) et qu’ils souhaitent par conséquent résoudre le problème par cet échange. Le fait est que Pyongyang ne se sent pas en sécurité et entend pouvoir se défendre contre une attaque militaire et une ingérence des Etats-Unis dans les affaires intérieures de la république, grâce à la maîtrise d’un potentiel de légitime défense suffisant. Par conséquent, l’hypothèse qu’ils accepteraient de recevoir des centrales nucléaires et resteraient ainsi totalement sans défense face à la menace américaine est, à mon avis, absolument dénuée de fondement.

Steven Biegun, représentant spécial du département d’Etat américain pour la RPDC, a déclaré que Washington avait un plan B concernant la Corée du Nord si la diplomatie ne fonctionnait pas. Comment pouvez-vous commenter une telle déclaration? Existe-t-il une possibilité d’escalade de tension dans la péninsule coréenne cette année?

Le plan B concerne non seulement Stephen Biegun, mais également son partenaire de négociation du côté nord-coréen, Kim Hyok-chol. Dans les médias de la RPDC, qui publient des documents reflétant la position officielle, plusieurs articles ont paru l’autre jour, indiquant que si les Etats-Unis ne proposaient rien de leur côté en réponse aux mesures déjà prises par Pyongyang (renonciation à fabriquer, à tester, à utiliser et à propager des armes nucléaires, fermeture d’un site d’essais nucléaires, etc.), on sera forcé de rechercher « d’autres options ». Quelles sont ces options, c’est facile à deviner. L’escalade de la situation dans la péninsule coréenne est donc tout à fait possible, même si nous espérons que les parties à la négociation auront le sens commun, qu’elles souhaitent trouver un compromis et que le pire des cas soit exclu.

Pensez-vous que Pyongyang soit prêt à autoriser les observateurs de l’AIEA [Agence internationale de l'énergie atomique] à se rendre dans leurs locaux?

Je tiens à souligner que le principal problème concerne les installations nucléaires nord-coréennes liées au programme militaire de Pyongyang. Quant aux observateurs de l’AIEA, le mandat de cette organisation se limite à vérifier le caractère pacifique des programmes nucléaires civils. Le temps pour cela viendra plus tard. Ces inspections et autres travaux devraient être effectués par des experts d’États dotés d’armes nucléaires, notamment des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine.

Et quel rôle Moscou peut-elle jouer dans le processus de dénucléarisation de la RPDC? La Russie envisage-t-elle la possibilité d’importer des matières radioactives de la RPDC afin de dénucléariser la république? Est-ce que Pyongyang a besoin de services intermédiaires de Moscou dans le dialogue avec l’Occident?

La dénucléarisation de la RPDC en tant que terme ne révèle pas tout le problème. Nous devrions parler de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, élément essentiel de la tâche générale qui consiste à créer un système de maintien de la paix et de la sécurité dans la région de l’Asie du Nord-Est. De toute évidence, sans la participation la plus active de la Russie, il n’est pas possible de construire un tel mécanisme. Autant que je sache, même les Américains et les Nord-Coréens ne parlent pas entre eux d’exportation de matières radioactives de la RPDC – c’est trop tôt. En ce qui concerne la possibilité d’importer des matières radioactives nord-coréennes sur le territoire de la Russie, j’imagine mal une situation dans laquelle nous serions d’accord.

Le projet Khasan–Rajin a-t-il un avenir?

Je suis absolument sûr que le projet rencontrera un accueil favorable. Déjà au XIXème siècle, la Russie envisageait d’utiliser la baie de Rajin libre de glaces : à l’époque soviétique, des millions de tonnes de notre fret d’import-export passaient par le port de Rajin. Je ne doute pas que le projet fonctionnera le plus tôt possible. De plus, il ne faut pas oublier que Khasan–Rajin fait partie intégrante d’un programme beaucoup plus vaste d’organisation du trafic ferroviaire transcontinental de la Corée du Sud via la RPDC et le Transsibérien vers l’Europe. Il sera certainement mis en œuvre.

Le projet de construction d’un gazoduc reliant la Russie à la Corée du Sud à travers le territoire de la RPDC est-il discuté? Quand en RPDC pourra-t-on installer les lignes électriques pour la fourniture d’électricité? Quelles sont les perspectives?

Le transfert de gaz et d’électricité de la Russie vers la Corée du Sud à travers le territoire de la RPDC constitue deux projets tripartites prometteurs. Des accords fondamentaux à ce sujet entre tous ses membres existent déjà. Le problème réside dans la situation politique: une fois la sécurité et la paix garanties, les sanctions internationales imposées à la RPDC levées, la vie elle-même obligera à construire des ponts pour les hydrocarbures et l’énergie. Jusqu’à présent, il n’y a pas de telles conditions. Et, soit dit en passant, la Russie est également le défenseur le plus actif de la normalisation intercoréenne et souhaite sincèrement que le dialogue américano-nord-coréen soit couronné de succès: la mise en service de ces deux voies non seulement garantit la sécurité de nos frontières extrême-orientales, mais nous apporte également des avantages économiques tangibles.

 

Source :

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