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Entretiens du Président Kim Il-sung avec les délégués sud-coréens
aux pourparlers
politiques de haut niveau entre le Nord et le Sud
les
3 mai et 3 novembre 1972

 


Je suis heureux de vous rencontrer aujourd’hui.


Des compatriotes longtemps séparés du fait de la division de la nation se sont ainsi retrouvés. J’en éprouve une joie et une émotion indicibles.

Vous avez dit avoir tout défié pour venir discuter avec nous du problème de la réunification de la nation, vous montrant ainsi très courageux et intrépide. Les autorités sud-coréennes ont très bien fait de prendre la décision de participer aux pourparlers politiques entre le Nord et le Sud et d’y déléguer le représentant que vous êtes, et nous accueillons très favorablement cette mesure.

Dans mon discours du 6 août 1971, j’ai déclaré que nous étions disposés à rencontrer à n’importe quel moment les représentants de tous les partis, y compris ceux du Parti républicain-démocrate, de toutes les organisations sociales ainsi que des personnalités de Corée du Sud. Quelques jours après la publication de mon discours, la partie sudcoréenne a consenti à l’engagement de négociations entre les Croix-Rouges du Nord et du Sud. Des entretiens préliminaires ont ainsi été entamés entre eux, ce qui a donné lieu à l’ouverture de pourparlers politiques de haut niveau entre le Nord et le Sud.

Ainsi le contact et le dialogue ont-ils commencé entre le Nord et le Sud qui se sont trouvés longtemps fermés l’un à l’autre, et leurs représentants de haut rang se rencontrent-ils directement pour échanger leurs avis en toute loyauté. C’est un grand progrès dans la solution du problème de la réunification de la patrie.

A l’heure actuelle, toute la nation coréenne aspire à la réunification de la patrie. Pour elle, aucun autre problème n’est présentement plus pressant que celui de cette réunification. Si elle reste toujours divisée au lieu d’être réunifiée dans les meilleurs délais, elle risque de tomber sous le coup de l’arbitraire de certaines grandes puissances et d’être à jamais partagée en deux nations.

Le trait distinctif essentiel d’une nation, c’est sa communauté de langue et de vie culturelle. Même un groupe humain descendant du même sang ne peut être qualifié de nation homogène s’il se sert de langues et d’écritures différentes et s’il a des cultures et des habitudes différentes. Or, notre pays demeure divisé depuis tant d’années que la langue, la culture et le mode de vie commencent déjà à se différencier entre le Nord et le Sud. Plus longtemps la division de la nation durera, plus les différences de langue et de mode de vie s’accentueront.

Au lendemain de la Libération, dans la moitié nord, d’aucuns ont préconisé la réforme des lettres, à laquelle je me suis opposé. Si on y procédait avant la réunification de la patrie, il pourrait en résulter une division perpétuelle de la nation coréenne en deux parties. C’est pourquoi j’ai alors dit aux linguistes qu’il ne faudrait procéder à la réforme de l’écriture qu’une fois la patrie réunifiée, et en aucun cas avant. Si l’une des deux parties de notre patrie divisée opérait cette réforme, chacune d’elles aurait sa propre écriture, et il s’ensuivrait que le partage de notre nation serait définitivement consacré.

Nous ne pouvons tolérer que la nation coréenne reste à jamais divisée en deux. Nous devrons au plus tôt réunifier notre patrie et léguer à la postérité cette patrie réunifiée. Si nous mettons un terme à la division de la nation et réunifions la patrie, notre pays pourra devenir une grande puissance avec ses 50 millions d’habitants, une splendide culture nationale et une puissante économie nationale, que nul n’osera attaquer.

La réunification de la patrie exige qu’on définisse correctement les principes fondamentaux qui peuvent être à la base de la solution de ce problème. C’est la question capitale. C’est seulement en se guidant sur les principes fondamentaux dont ils seront convenus que le Nord et le Sud pourront travailler ensemble pour la réunification de la patrie et trouver une solution à tous les problèmes qui se poseront dans ce domaine.

J’estime indispensable que la question de la réunification de notre pays soit résolue en toute indépendance, sans aucune ingérence étrangère, selon le principe de la promotion d’une grande union nationale et par la voie pacifique.

En premier lieu, il faut réunifier la patrie en toute indépendance, sans recours aux forces extérieures ni ingérence étrangère.

Résoudre le problème de la réunification de la patrie en toute indépendance, selon le principe de l’autodétermination nationale, telle est la position intransigeante à laquelle le gouvernement de notre République s’en tient invariablement.

Si l’on a recours aux forces extérieures, il sera impossible de résoudre le problème de la réunification de la patrie. Le problème de la réunification de la Corée n’est pas autre chose qu’une affaire intérieure. Vouloir résoudre une affaire intérieure en comptant sur les forces extérieures, et non par elle-même, serait un déshonneur pour une nation.

Actuellement, certains cherchent à obtenir de certaines grandes puissances étrangères une garantie quelconque pour résoudre le problème de la réunification du pays; c’est une grave erreur. Les grandes puissances impérialistes ne veulent pas la réunification de notre pays. D’ailleurs, elles préfèrent la division de tout pays quel qu’il soit, car il leur est difficile de régner sur un pays uni en un seul bloc; aussi s’emploient-elles par tous les moyens à diviser d’autres nations. C’est la raison pour laquelle on ne doit en aucun cas chercher à résoudre le problème de la réunification de la patrie en recourant aux grandes puissances. Pourquoi faire appel aux grandes puissances alors que notre nation peut parfaitement dissiper les malentendus et la méfiance créés en son sein et aboutir à son union et à son unité par le moyen de contacts et de dialogues?

Nous ne devons tolérer aucune ingérence étrangère dans les affaires intérieures de la Corée. Nulle force étrangère n’a le droit de s’immiscer dans nos affaires intérieures, et toute ingérence de cette espèce est de nature à empêcher que le problème de la réunification soit résolu conformément aux aspirations et aux intérêts de notre nation. Ce problème ne doit être résolu que par les forces autonomes de la nation coréenne, sans aucune ingérence étrangère.

Vous avez dit que les autorités sud-coréennes se prononcent elles aussi contre l’ingérence étrangère et qu’elles veulent résoudre le problème de la réunification du pays en toute indépendance, sans permettre l’immixtion des Etats-Unis et du Japon, et vous avez vousmême juré de ne jamais servir de laquais ni aux Etats-Unis ni au Japon. Si c’est vrai, c’est une très bonne chose.

Si l’on veut repousser toute ingérence étrangère et réunifier la patrie en toute indépendance, il est indispensable de s’opposer résolument à la servilité envers les grandes puissances.

Je dis souvent à nos cadres qu’une personne qui vénère les grandes puissances devient stupide, qu’une nation, si elle le fait, se ruine, et qu’un parti, s’il se laisse aller à cette servilité, fait échouer la révolution et le développement du pays. Pour rester souverain, l’homme ne doit jamais tomber dans la servilité envers les grandes puissances, qui est caractérisée par une aveugle vénération d’autrui.

Géographiquement parlant, notre pays se trouve entouré de grands pays; aussi ses habitants ont-ils été à travers son histoire fortement enclins à cette servilité. Après la Libération, les manifestations de cette tendance gênaient notre peuple qui voulait aller de l’avant pour l’édification d’une société nouvelle. C’est pourquoi nous n’avons cessé de lutter contre la servilité envers les grandes puissances.


Je vais vous raconter un fait qui s’est produit au lendemain de la Libération. A cette époque, parmi ceux qui se prétendaient communistes, beaucoup étaient imprégnés de servilité envers les grandes puissances. En ce temps-là, à Séoul, un individu nommé Pak Hon Yong a eu la stupidité de prétendre faire de notre pays une république affiliée à un autre Etat. Ces absurdités ont exercé une influence très néfaste sur la population sud-coréenne et créé de grands obstacles à la solution du problème de la réunification. Certains de ceux qui l’avaient entendu craignaient que notre pays ne fût de nouveau asservi à un autre pays. J’ai donc prononcé un discours devant le peuple, déclarant que nous édifierions une société démocratique de type coréen, conforme aux intérêts de la nation coréenne, et non de type soviétique ni de type américain.

Après la guerre, lorsque nous avons adopté pour orientation de coopérativiser l’agriculture, beaucoup de gens nous ont critiqués. Certains d’entre eux disaient: comment sera-t-il possible de coopérativiser l’économie rurale en Corée où l’industrie est réduite à néant, alors que des pays européens industriellement développés euxmêmes n’y procèdent pas encore sur tous les plans? Puisque les éléments serviles écoutent très volontiers ce qu’ont dit les personnalités d’un grand pays, j’ai réfuté leur raisonnement en citant Lénine. Celui-ci a dit que même une économie communautaire qui se contente tout simplement de mettre en commun les terres et les outils agricoles des paysans est déjà de beaucoup supérieure à l’exploitation paysanne privée. Aussi ai-je dit que l’orientation de notre Parti en matière de coopérativisation agricole correspondait au léninisme, qu’elle était dictée par les exigences de la réalité de notre pays et qu’on ne pouvait donc prétendre que faire précéder la coopérativisation rurale par l’industrialisation serait la seule voie juste à suivre. Ils ont enfin reconnu eux aussi la justesse de notre affirmation.

En fait, à cette époque-là, nos paysans se trouvaient dans une situation si difficile qu’ils ne pouvaient même pas survivre s’ils ne conjuguaient pas leurs efforts grâce à la coopérativisation. La guerre avait affreusement détruit l’économie rurale et les paysans manquaient de bœufs de trait et d’outils agricoles. Il en était de même pour les paysans riches. Dans ce contexte, nous avons fait en sorte que les paysans s’organisent dans des coopératives selon le principe du libre consentement, associent leurs efforts et gèrent en commun leur économie. Depuis toujours les Coréens ont aimé joindre leurs efforts et s’entraider. Notre peuple a eu dès l’antiquité une coutume fort louable: si quelqu’un se marie, chacun de ses voisins lui donne une somme pour contribuer aux frais des noces, l’aide de diverses autres manières, et va chez lui le féliciter et partager sa joie. Après la guerre, nous manquions de machines agricoles modernes; mais, puisque la vie même exigeait impérieusement la coopérativisation agricole et que les paysans soutenaient activement l’orientation que nous avions choisie en la matière, nous avons pu réaliser sans grand problème et en peu de temps la coopérativisation de l’économie rurale.

Nous avons tout aussi résolument rejeté la tendance à la servilité et fermement adhéré à une position indépendante quand il s’est agi des relations économiques avec l’étranger.

Nous n’avons jamais admis de relations de nature à nous assujettir à d’autres pays sur le plan économique. Nous avons noué et développé des relations économiques avec d’autres pays, en adhérant strictement au principe de la protection de notre économie nationale et à celui de l’égalité complète. Dans notre commerce avec les pays socialistes développés, nous veillons à ne leur livrer les matières premières dont ils ont besoin que s’ils nous fournissent celles que nous leur demandons et à acheter leurs machines à la seule condition qu’ils achètent les nôtres. Etant donné que le niveau de développement technique de notre pays n’est pas assez élevé, si nous ne nous en tenons pas à ce principe dans nos relations économiques avec les pays développés, nous nous verrons contraints à continuer à leur fournir des matières premières et à acheter leurs produits manufacturés. C’est alors qu’il ne nous restera que des montagnes trouées de puits. Serait-il possible que nous léguions à la postérité des montagnes vidées de leurs matières premières?


En deuxième lieu, il faut promouvoir une grande union nationale en transcendant les différences d’idéologie, d’idéal et de régime.

La question de la réunification de notre pays n’est pas de savoir qui l’emportera sur qui. C’est un problème relatif au rétablissement de l’unité de la nation divisée par la force extérieure et à la réalisation de la souveraineté nationale. C’est pourquoi, pour que la réunification de la patrie soit faite, notre premier souci doit être de trouver le moyen de réaliser l’unité du Nord et du Sud et de favoriser la grande union nationale.

Pour accéder à une grande union nationale, le Nord et le Sud doivent mettre de côté leur idéologie et leur régime et cesser de pratiquer une politique d’hostilité entre eux.

Actuellement, des idéologies et des régimes différents prévalent au Nord et au Sud de notre pays. Dans cette situation, les deux parties ne doivent pas chercher à s’imposer réciproquement leur idéologie et leur régime. Nous ne voulons pas imposer notre régime socialiste et notre idéologie communiste à la Corée du Sud. Les autorités sud-coréennes ne doivent pas elles non plus comploter une «réunification par la victoire sur le communisme» ni chercher à nous contraindre à abandonner le communisme. En d’autres termes, elles doivent renoncer à leur slogan «anticommuniste».

Le Nord et le Sud doivent abandonner leur politique d’hostilité qui fait obstacle à leur union et chercher ensemble à trouver des points communs entre eux. Si, à l’inverse, les deux parties se haïssent, se reprochent mutuellement leur passé et cherchent à discerner le bien du mal, le fossé entre elles s’approfondira et la réunification de la patrie sera d’autant plus retardée. Dans ce cas, on commettra un grave crime devant la patrie et le peuple.

Je pense que le Nord et le Sud pourront très bien découvrir entre eux des points communs, s’ils travaillent ensemble à partir d’une sincère aspiration à l’union. Quant à nous, nous avons fait beaucoup dans ce sens afin de hâter la réunification de la patrie.

Depuis quelque temps, les autorités sud-coréennes parlent de «souveraineté», d’«indépendance» et de «capacité d’autodéfense». Nous croyons pouvoir trouver là des points communs entre nous. Nous pensons que ces devises des autorités sud-coréennes rappellent la politique indépendante de notre Parti et du gouvernement de notre République. La découverte progressive de points communs entre le Nord et le Sud et l’union réalisée sur cette base accéléreront la réunification de la patrie.

Pour réaliser une grande union nationale, il est important de dissiper les malentendus et la méfiance entre le Nord et le Sud.

La persistance de la partition du pays a accentué la différence entre le Nord et le Sud et engendré des malentendus et de la méfiance à bien des égards. Les malentendus et la méfiance rendent impossible l’union authentique de la nation. Un mari et une femme, s’ils ne se fient pas sincèrement l’un à l’autre, ne peuvent fonder une famille. Ils ne peuvent pas vivre ensemble et finiront par divorcer. Le Nord et le Sud doivent s’efforcer sincèrement de faire disparaître les malentendus et la méfiance existant entre eux.

Pour cela, il faut que les autorités et de nombreuses personnalités du Nord et du Sud se rencontrent fréquemment et dialoguent en toute loyauté. Si on se réunit pour discuter à cœur ouvert de tout problème, quel qu’il soit, on peut éliminer les malentendus et approfondir la confiance mutuelle.

Notre présent dialogue a déjà beaucoup diminué les malentendus entre le Nord et le Sud. Puisqu’un dialogue devait être entamé entre le Nord et le Sud, nous aurions dû l’amorcer plus tôt.

Nous avons cru jusqu’ici que les autorités sud-coréennes servaient de laquais à l’impérialisme américain et au militarisme japonais auxquels elles voulaient vendre le pays. Mais vous avez déclaré qu’elles ne le feraient jamais. Vous nous avez assuré qu’elles n’entraîneraient pas les militaristes japonais en Corée du Sud, ni ne serviraient de laquais aux Etats-Unis et au Japon pour leur brader le pays. Et vous m’avez prié avec instance de bien vous croire. Nous pouvons donc vous croire et faire abstraction de la méfiance que nous avons éprouvée jusqu’à ce jour à leur égard.

J’ai appris que les autorités sud-coréennes croient à tort que nous cherchons à «envahir le Sud» et à le «rendre rouge». Nous n’avons pas l’intention d’«envahir le Sud» ni de le «rendre rouge». Nous avons plus d’une fois déclaré à ce jour que nous n’avons pas l’intention d’«envahir le Sud». Je vous le réaffirme une fois de plus aujourd’hui. Quant à la question de «rendre rouge» la Corée du Sud, nous ne voulons pas la «rendre rouge», et d’ailleurs, celle-ci ne le serait pas, même si nous cherchions à y parvenir. Je pense que vous pourrez maintenant mettre fin à ce malentendu selon lequel nous voulons «envahir» et «rendre rouge» le Sud. La dissipation des malentendus et l’approfondissement de la confiance entre nous grâce aux contacts et aux dialogues nous permettront d’aboutir à une grande union nationale en transcendant les différences d’idéologie, d’idéal, de régime et de croyance.

Pour réaliser une grande union nationale, il est tout aussi important de mettre un terme aux critiques et aux attaques qui ont cours entre le Nord et le Sud.


L’union et la collaboration présupposent le respect mutuel, et non pas la critique ni l’attaque. Si le Nord et le Sud continuent, comme c’est le cas actuellement, de se critiquer et de s’attaquer l’un l’autre, cela les empêchera de se rapprocher et creusera encore plus le fossé entre eux. Aussi faut-il tout d’abord qu’ils s’en abstiennent.

La collaboration économique entre le Nord et le Sud est tout aussi importante si l’on veut réaliser une grande union nationale.

La moitié nord de la République est riche en ressources naturelles, et elle a une industrie lourde développée. La Corée du Sud, de son côté, possède depuis longtemps une certaine base d’industrie légère. La compensation mutuelle qui se réalise par l’effet de la collaboration économique entre le Nord et le Sud leur permettra de mieux résoudre leurs problèmes économiques immédiats et de développer rapidement l’économie nationale par leurs propres forces, sans avoir besoin d’importer des capitaux étrangers. Si le Nord et le Sud collaborent pour développer l’économie nationale de notre pays, celui-ci pourra devenir plus prospère que le Japon et d’autres pays développés.

Il faut que le Nord et le Sud partagent la même orientation dans le domaine des relations extérieures. Ainsi seulement, notre nation pourra démontrer sa cohésion.

Nous estimons que si le Nord et le Sud s’attachent l’un et l’autre à la nation et prennent position en faveur de la réunification de la patrie, cela favorisera la grande union nationale sans égard aux différences d’idéologie et de régime, d’opinion politique et de croyance religieuse. Alors que des nations aux idéologies et aux régimes différents établissent entre elles des liens d’amitié et vivent en bonne intelligence, ce genre de différences ne devrait pas empêcher des compatriotes descendant du même sang de s’unir et de coopérer.

Le fait d’être partisans du communisme, du nationalisme ou du capitalisme ne doit pas faire obstacle à la réalisation d’une grande union nationale. Quant à nous, nous ne sommes pas hostiles aux nationalistes et aux capitalistes de Corée du Sud. Les capitalistes sud-coréens sont, pour la plupart, des capitalistes nationalistes. Or, nous avons toujours pratiqué une politique visant à protéger les capitalistes nationalistes. Nous nous efforcerons donc de nous unir et de coopérer avec toutes les couches sociales de Corée du Sud, y compris les nationalistes et les capitalistes nationalistes, en vue de la réunification du pays.

En troisième lieu, il faut que la réunification de la patrie soit réalisée par la voie pacifique, en excluant tout recours à la force des armes.

Nous sommes une nation homogène; donc, il ne faut pas que le Nord et le Sud se battent entre eux. Nous devons à tout prix réunifier pacifiquement notre patrie divisée. Si l’on y échoue et qu’une nouvelle guerre éclate en Corée, notre nation connaîtra un grand désastre.

A l’heure actuelle, les grandes puissances du monde veulent vivre en bons termes plutôt que de se battre les unes contre les autres. Lors de sa récente visite en Chine, Nixon, président des Etats-Unis, a dit qu’il serait souhaitable de ne pas s’entrebattre et de maintenir la paix pendant la génération à venir. De plus, à l’issue de sa visite à la Grande Muraille de Chine, il a dit qu’aucune barrière ne devrait séparer les gens de la planète. Le communiqué conjoint publié entre la Chine et les Etats-Unis au terme de la visite de Nixon en Chine affirme que les Etats-Unis ont consenti aux cinq principes de paix qu’ils avaient jusqu’à ce jour refusé de reconnaître. Le consentement donné par les Etats-Unis aux cinq principes de paix est une bonne chose. Evidemment, il reste à savoir comment les Américains mettront en pratique ce qu’ils ont dit. Très souvent, les impérialistes ne conforment pas leurs actes à leurs paroles; aussi m’est-il impossible de deviner si les paroles de Nixon étaient sincères ou non.

Dans son commentaire sur la visite de Nixon en Chine, notre quotidien Rodong Sinmun a écrit que si ce qu’a dit Nixon à l’issue de sa visite à la Grande Muraille est sincère, pourquoi ne veut-il pas faire disparaître la ligne de démarcation militaire qui traverse le territoire de notre pays au beau milieu ni retirer les GI’s arrogants, coiffés de casques portant l’inscription «MP». Je pense que ce commentaire est justifié.

Alors que les grandes puissances se proposent actuellement de ne pas se battre et de vivre en bonne intelligence, est-il raisonnable que des compatriotes s’entrebattent? Il ne faut pas que nous autres compatriotes nous battions entre nous, il faut réunifier notre patrie par la voie pacifique.

Pour éviter la guerre entre le Nord et le Sud et réunifier la patrie dans la paix, il faut avant tout réduire les effectifs militaires du Nord et du Sud. Dans les discours que j’ai prononcés en public, j’ai déjà souligné à maintes reprises la nécessité de réduire considérablement des effectifs. Seule cette réduction peut amener la détente entre le Nord et le Sud et diminuer d’autant les charges militaires. Actuellement, celles-ci sont excessives.

Nous sommes également appelés à conjuguer nos efforts pour faire disparaître la ligne de démarcation militaire qui divise notre pays en Nord et Sud.


Si, comme aujourd’hui, une pléthore de forces armées des deux parties se trouvent confrontées de part et d’autre de la ligne de démarcation militaire, on ne peut éviter le danger de guerre. Dans une telle situation, la faute d’un chef de régiment ou de division risque d’y provoquer une fusillade entraînant un accrochage entre les deux armées qui pourrait finalement dégénérer en une guerre. C’est donc très dangereux.

Si à l’avenir le Nord et le Sud s’engageaient tous deux, par des négociations sincères, à ne pas recourir à la force des armes l’un contre l’autre et le mettaient en pratique, il en résulterait que les ouvrages et les effectifs militaires des deux parties qui existent de part et d’autre de la ligne de démarcation militaire deviendraient inutiles et qu’il serait alors possible de faire disparaître la ligne de démarcation elle-même.

A l’heure actuelle, le Nord et le Sud préconisent l’un comme l’autre l’autodéfense, mais il ne faut pas qu’ils destinent leur «autodéfense» à s’opposer l’un à l’autre. Il faut qu’ils conjuguent leurs efforts pour opposer leur autodéfense à l’agression étrangère.

Quant à l’autodéfense de notre République, elle vise uniquement à défendre notre nation contre l’agression étrangère. Nous ne pourrons jamais tolérer aucune agression étrangère contre notre pays.

Lorsque les impérialistes américains ont envoyé leur navire-espion armé Pueblo dans les eaux territoriales de notre République, les marins de notre Armée populaire l’ont capturé. C’était là une légitime mesure d’autodéfense prise par l’Armée populaire qui a pour mission de défendre sa patrie. Cependant, les Américains, au lieu de nous faire amende honorable, ont amené dans les parages de la mer de l’Est des forces armées considérables dont le porte-avions Enterprise dans le but de nous menacer et de nous intimider. Ce fut une violation brutale de la souveraineté de notre nation et un défi outrageant lancé contre elle. Nous n’avons pas cédé le moins du monde aux menaces et aux pressions des Américains. Puisque ceux-ci, en mobilisant d’énormes forces armées, voulaient provoquer la guerre, nous avons pris la ferme résolution de les combattre. Voyant que nous ne cédions pas à leurs menaces et à leurs pressions, ils n’ont pu déclencher la guerre et s’en sont allés bredouilles. S’ils avaient alors provoqué la guerre, notre nation aurait dû la supporter une fois encore et les autorités du Nord et du Sud n’auraient pu se réunir comme aujourd’hui pour procéder à des négociations pacifiques.

A l’avenir, si les agresseurs d’un pays quelconque envahissent notre pays, il faudra que le Nord et le Sud s’unissent pour les repousser. La nation coréenne tout entière unie pourra parfaitement parvenir à écraser n’importe quel agresseur.

En joignant nos efforts, nous devons éliminer l’état d’affrontement militaire et relâcher la tension existant entre le Nord et le Sud, pour qu’une nouvelle guerre ne puisse éclater en Corée et que notre patrie soit réunifiée par la voie pacifique.

Au cours de nos entretiens, nous avons découvert d’importants points communs entre le Nord et le Sud et nous sommes parvenus à un accord sur le problème essentiel.

Les Trois principes qui consistent à réunifier notre patrie en toute indépendance, sans aucune ingérence étrangère, à promouvoir une grande union nationale en surmontant les différences d’idéologie, d’idéal et de régime et à réunifier la patrie par la voie pacifique, sans recourir à la force des armes, constituent le point de départ et la base de la solution du problème de la réunification.

Puisque vous vous êtes déclaré d’accord sur ces Trois principes pour résoudre le problème de la réunification du pays, et que vous avez dit que le dirigeant suprême de la Corée du Sud le ferait lui aussi, nous pouvons affirmer être parvenus à un consentement complet sur les Trois principes de la réunification de notre patrie.

Je suis très satisfait de l’accord qui est intervenu aujourd’hui au cours de notre entretien entre le Nord et le Sud sur ces Trois principes.

Ces Trois principes de la réunification de la patrie sur lesquels le Nord et le Sud sont parvenus à une identité de vues après des discussions sont les plus justes principes qui soient, car ils permettront de régler le problème de cette réunification en accord avec les aspirations et les vœux de notre nation. Nous devons absolument réunifier notre pays selon ces Trois principes. Vous avez fait serment de prendre ces Trois principes comme fondement de vos activités. Dans ces conditions, il sera également possible de régler avec succès les autres problèmes que pose la réunification de notre nation et de réaliser celle-ci dans les meilleurs délais.

Du moment que nous sommes convenus du principe essentiel de la réunification de la patrie, nous sommes tenus désormais de rechercher les moyens concrets de le matérialiser pour unir en un seul bloc toute la nation et réunifier la patrie. Pour trouver ces moyens, nous devons absolument partir de ces Trois principes. Le Nord et le Sud pourront trouver des moyens efficaces de réunifier la patrie s’ils font des recherches approfondies et discutent sérieusement entre eux sur la base des Trois principes que sont l’indépendance, la grande union nationale et la réunification pacifique.

Pour trouver des moyens raisonnables de réunifier la patrie en toute indépendance et par la voie pacifique, il faut promouvoir les négociations politiques et activer les contacts et le dialogue entre le Nord et le Sud.


Etant donné les entretiens directs qu’ont eus les représentants de haut rang du Nord et du Sud à cette occasion, on peut dire que les négociations politiques sont déjà entamées. Du moment que ces négociations politiques ont commencé entre le Nord et le Sud, il faut les développer jusqu’à les faire fructifier de façon éclatante.

Vous êtes venu le premier à Pyongyang, nous enverrons la prochaine fois notre délégué à Séoul en réponse à votre visite. Je pense que lorsque la confiance mutuelle s’approfondira et que les différentes conditions requises seront créées grâce aux fréquentes visites réciproques de délégués du Nord et du Sud, des entretiens au sommet pourront avoir lieu éventuellement.

A l’avenir, il faudra que les délégués du Nord et du Sud échangent fréquemment leurs visites et dialoguent de façon intensive.

Un ou deux contacts ou entretiens ne suffiront pas pour effacer tous les malentendus et la méfiance accumulés entre le Nord et le Sud depuis la Libération, au cours de près de 30 années de séparation. D’ailleurs, une ou deux consultations directes ne suffiront pas non plus pour trouver tous les moyens concrets de résoudre le problème de la réunification de la patrie. Au cours de nos présents entretiens, le Nord et le Sud ont réglé des problèmes fondamentaux sur lesquels portait la méfiance de l’un et de l’autre et ont découvert d’importants points communs, mais de nombreux autres problèmes restent à régler pour réunifier la patrie. Ces problèmes ne pourront être réglés que si les représentants du Nord et du Sud ont de fréquents contacts et négocient sérieusement.

Lors de ce dialogue et de ces négociations, le Nord et le Sud devront mettre à l’ordre du jour tous les problèmes qui se posent pour la réunification de la patrie, notamment ceux qui soulèvent des malentendus entre eux. Les deux parties devront discuter à cœur ouvert de tout point sur lequel elles ne sont pas d’accord, car, dans le cas contraire, aucune solution ne sera possible. Aussi négligeable que puisse paraître un malentendu, il faudra, dès qu’il fera son apparition, en discuter et le régler.

Le dialogue entre le Nord et le Sud doit absolument avoir pour principe d’approfondir la compréhension mutuelle, de chercher des points communs et de renforcer l’unité entre eux. Il se peut que notre partie et la vôtre proposent des solutions différentes quant au problème de la réunification de la patrie. C’est pourquoi des discussions pourront éventuellement s’engager entre elles pour savoir laquelle a raison. Cependant ces discussions doivent absolument avoir pour but de trouver des points communs, de réaliser l’unité et la cohésion, et ne jamais servir à la division.

Pour régler correctement les rapports entre le Nord et le Sud et résoudre avec succès les différents problèmes que pose la réunification de la patrie, il serait souhaitable, à mon sens, d’organiser et de faire fonctionner un comité conjoint Nord-Sud, par exemple.

Il faudra organiser ce comité conjoint pour procéder effectivement à la coordination nécessaire, car un dialogue général ne suffit pas pour accomplir de grands progrès dans la réalisation de l’union nationale et de la réunification de la patrie.

Pour organiser ce comité conjoint, le Nord et le Sud désigneront respectivement des dirigeants de haut rang comme coprésidents ainsi que le personnel nécessaire. Le voyage en avion entre Pyongyang et Séoul demandant peu de temps, les vôtres pourraient venir à Pyongyang et les nôtres aller à Séoul pour assurer le fonctionnement du comité conjoint.

Ce comité aurait de nombreux problèmes à régler. Il devrait procéder en temps voulu, par voie de discussion, aux différentes opérations de coordination qui s’imposent dans les rapports entre le Nord et le Sud, notamment en ce qui concerne la cessation des critiques et des attaques et la prévention des conflits militaires entre les deux parties. Au sein du comité conjoint, les deux parties devraient participer aux discussions dans un esprit de sérieux jusqu’à ce qu’elles parviennent à une complète identité de vues sur les problèmes soulevés, conformément à leur objectif qui est l’unité, plutôt que de chercher à s’imposer réciproquement leur volonté.

Il serait également possible d’installer une ligne téléphonique directe entre Pyongyang et Séoul et de discuter souvent par ce moyen des questions qui se poseraient. Alors, dès qu’on constaterait le moindre problème susceptible de faire obstacle à la réunification de la patrie ou de causer des malentendus, on devrait s’en informer par téléphone et en discuter pour le résoudre en temps voulu.

Les Trois principes de la réunification de la patrie dont le Nord et le Sud viennent de convenir constituent un programme commun pour toute la nation coréenne en vue de sa réunification. J’estime qu’il serait bon de les publier à la face du monde entier pour que toute la nation coréenne et tous les peuples du monde soient tenus au courant.

Cette publication sera efficace aussi bien pour éduquer notre peuple que pour démontrer aux peuples du monde entier l’union de la nation coréenne. Si nous rendons public le programme de réunification dont le Nord et le Sud sont convenus, tous les Coréens, dans le pays comme à l’étranger, adopteront le même point de vue en sachant que nous voulons réunifier la patrie en toute indépendance, selon le principe de la grande union nationale et par la voie pacifique; cela encouragera grandement toutes les couches sociales. Une fois publié ce programme commun de la nation pour la réunification, les peuples du monde entier apprendront que la nation coréenne est une grande nation unie, tandis que les forces extérieures qui s’opposent à la réunification se rendront nettement compte qu’il ne leur sera nullement possible de la maintenir à jamais divisée quel qu’en soit leur désir.

Il est souhaitable de délibérer, au cours du dialogue, de la date à laquelle seront publiés les Trois principes de la réunification de la patrie et de quelle manière. Pour les publier, il suffirait que les représentants du Nord et du Sud soient d’accord lors d’une nouvelle rencontre à la suite de la discussion que vous aurez eue, de retour à Séoul, au niveau des autorités sud-coréennes.

 Puisque vous vous êtes donné tant de peine pour venir à Pyongyang, vous feriez bien d’y séjourner encore un jour pour vous entretenir avec nos fonctionnaires.

Votre visite chez nous est une action patriotique. On doit être patriote, et non traître. Même si l’on ne devait vivre qu’un seul jour, on devrait le vivre dans l’intérêt de la nation; alors seulement, on s’en sentirait fier et honoré.

On peut affirmer que les récents pourparlers entre le Nord et le Sud se sont déroulés avec succès. J’espère qu’à l’avenir vous reviendrez souvent à Pyongyang.



 

Source : Naenara

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