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27 mai 2018 7 27 /05 /mai /2018 09:43

S'étant tenu le 26 mai 2018, deux jours après que le Président Donald Trump avait annoncé l'annulation de son sommet avec le Président Kim Jong-un, le quatrième sommet intercoréen a donné lieu à des commentaires convergents du Président Moon Jae-in et de l'agence nord-coréenne KCNA : la volonté de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) de procéder à sa dénucléarisation reste intacte, et Pyongyang a réitéré son souhait que la rencontre avec le président américain ait lieu comme prévu. Ce dont le Président Donald Trump s'est réjoui, en revenant sur les termes de son courrier du 24 mai 2018, en déclarant à des journalistes : "Ça avance très bien. On vise le 12 juin à Singapour. Ça n'a pas changé." Mais le temps presse pour que les Etats-Unis définissent clairement les contreparties qu'ils apporteront aux engagements pris par la RPD de Corée.

Le sommet Kim-Trump de nouveau sur les rails : l'urgence pour les Etats-Unis de préciser la nature de leurs contreparties

C'est à une demande du dirigeant nord-coréen exprimée le 25 mai que s'est tenu le sommet du 26 mai 2018, en un temps record, confirmant ainsi que la RPD de Corée avait placé ses espoirs dans la République de Corée (Corée du Sud) pour ramener Washington à la table des négociations. Le Président Moon Jae-in a évoqué la nécessité de dissiper les malentendus dans les échanges entre Washington et Pyongyang, tout en insistant auprès de Pyongyang sur le désir du Président Donald Trump de réussir la tenue du sommet de Singapour. Ainsi qe l'a précisé KCNA, "Kim Jong-un a remercié Moon Jae-in pour ses importants efforts pour le sommet RPDC-Etats-Unis prévu le 12 juin".

Le Président Moon Jae-in a cependant souligné les attentes de la RPD de Corée en matière de garanties de sécurité de la part des Etats-Unis, soulignant ainsi les engagements que doit prendre Washington en ce domaine - et sur lesquels l'administration américaine reste vague quant aux modalités, au-delà des déclarations de principe :

Ce qui reste incertain pour le président Kim Jong-un, c’est la confiance qu’il peut accorder à la promesse des Etats-Unis de mettre fin aux relations hostiles et de garantir la sécurité de la Corée du Nord après sa dénucléarisation.

Les deux dirigeants coréens ont exprimé leur volonté commune de mettre en œuvre la déclaration de Panmunjom et de garantir la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne, en convenant de se rencontrer souvent à l'avenir pour favoriser le dialogue.

Enfin, le Président Moon Jae-in a affirmé son intention de permettre la tenue d'un sommet trilatéral (réunissant les dirigeants des deux Corée et des Etats-Unis) qui permette de transformer l'accord d'armistice de 1953 en un traité de paix. Il a déclaré, cité par l'agence sud-coréenne Yonhap : 

Le sommet Corée du Nord-Etats-Unis doit être tenu avec succès et je souhaite voir des efforts pour mettre fin officiellement à la guerre (de Corée) à travers un sommet trilatéral entre le Sud, le Nord et les Etats-Unis.

Les deux Etats coréens ont affiché une large convergences de vues sur la nécessité de favoriser la paix, la prospérité et le développement dans la péninsule. Il reste maintenant à s'assurer que les Etats-Unis seront bien sur la même ligne, et qu'ils éviteront des demandes déraisonnables de nature à faire échouer le processus - ils devront effectuer des gestes au fur et à mesure du processus de dénucléarisation nord-coréen. Ces contreparties, non exhaustives, peuvent être les suivantes :

- définition d'un mécanisme permanent, complet et irréversible de sécurité collective, pouvant impliquer la Chine et la Russie comme garants d'un accord de non-agression par les Etats-Unis, ainsi que la mise en place d'un canal de dialogue militaire direct avec Pyongyang au-delà d'un cadre de discussion multilatéral,
- levée progressive de toutes les sanctions, internationales et bilatérales, et garanties données à la RPD de Corée de pouvoir accéder aux financements internationaux,
- pleine possibilité pour Pyongyang de pouvoir mener les programmes de recherche scientifiques nécessaires à son développement économique, en levant les obstacles aux coopérations internationales,
- établissement de relations diplomatiques bilatérales entre Washington et Pyongyang et organisation d'événements culturels et sportifs communs...

Les attentes nord-coréennes sont cohérentes avec sa volonté d'être un acteur de la communauté internationale reconnu à part entière, disposant des mêmes droits que les autres Etats souverains : il appartient à présent au Président Donald Trump de répondre à ces exigences légitimes.

Sources :

- KCNA ;

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25 mai 2018 5 25 /05 /mai /2018 22:16

Après avoir annulé par voie épistolaire le sommet prévu à Singapour avec le Président Kim Jong-un, le Président Donald Trump a affirmé le lendemain que les discussions se poursuivaient avec les Nord-Coréens et qu'il était possible que le sommet ait finalement lieu, peut-être même à la date initialement prévue du 12 juin 2018. Un revirement que le chef d'Etat américain justifie par la réaction de Pyongyang, qui avait rapidement exprimé ses regrets quant à l'annulation du sommet par la voix de Kim Kye-gwan, Premier vice-Ministre des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), et dans laquelle Donald Trump a voulu voir une "déclaration productive et chaleureuse" de Pyongyang. En tout cas (et sur ce point le chef d'Etat américain a raison) la Corée du Nord veut réellement que le sommet se tienne.

Trump évoque la possibilité de tenir finalement le sommet avec Kim Jong-un

Le Président américain affiche la satisfaction de ceux qui pensent avoir réussi un coup de maître dans une négociation difficile, alors qu'en fait les Nord-Coréens n'ont guère varié dans leurs positions, tout en durcissant leur discours depuis une dizaine de jours afin de clarifier les termes de la discussion : oui à un sommet, mais pas à un chèque en blanc sur une dénucléarisation sans contreparties. Pyongyang attend toujours des gestes concrets de Washington tout au long du processus de dénucléarisation. Mais Donald Trump y est-il prêt ? Rien n'est moins sûr, ses silences à ce sujet pouvant donner lieu à toutes les spéculations.

Adepte des réactions intempestives, le président américain a-t-il tenté un coup de bluff en faisant mine d'annuler le sommet, tout en ne prévenant pas par ailleurs les Sud-Coréens ? C'est possible. Plus fondamentalement, face à une administration hostile depuis le début à une rencontre avec le dirigeant nord-coréen et qui a trouvé un appui de circonstance dans les "néo-cons" interventionnistes menés par le conseiller présidentiel John Bolton, la position américaine tangue, peinant manifestement à définir des objectifs clairs - mais il reste encore un peu plus de deux semaines pour lever les incertitudes, sur un processus qui ne peut être que long. En face, la Corée du Nord veut - légitimement - savoir où elle va. Dès lors, tout est possible, du rétablissement du sommet, à son report ou à la confirmation de son annulation... Réponse au prochain épisode.

Source : 

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24 mai 2018 4 24 /05 /mai /2018 21:03

Dans une lettre en date du 24 mai 2018 adressée au Président Kim Jong-un, le Président Donald Trump a annoncé l'annulation du sommet prévu avec le dirigeant nord-coréen à Singapour le 12 juin prochain. Cette décision a été annoncée le jour même (coïncidence ou provocation ?) où la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) procédait au démantèlement du site d'essais nucléaires de Punggye-ri, qui était parfaitement fonctionnel, en présence de journalistes étrangers. Tous les observateurs se posent aujourd'hui la question : que va-t-il arriver à présent, le courrier du Président Trump évoquant la puissance militaire américaine dans une menace d'intervention militaire à peine voilée ? 

La lettre du Président Donald Trump au Président Kim Jong-un

La lettre du Président Donald Trump au Président Kim Jong-un

Depuis une semaine, le ton s'était durci entre Pyongyang et Washington, la RPD de Corée dénonçant les manoeuvres militaires Max Thunder, mettant en cause le parallèle avec la dénucléarisation de la Libye et condamnant l'influence des néoconservateurs emmenés par le conseiller à la sécurité nationale du président américain John Bolton. Plus fondamentalement, les gestes de bonne volonté de Pyongyang n'ont eu aucun répondant côté américain, les Etats-Unis restant vagues sur un possible calendrier de levée progressive des sanctions, faisant légitimement douter les Nord-Coréens de la bonne foi américaine.

Ce sont cependant les Etats-Unis qui ont pris l'initiative de la rupture, dans un courrier de seulement une vingtaine de lignes où le Président Donald Trump a dénoncé "la colère" et "l'hostilité" selon lui de la Corée du Nord, sans donner de détails, pour juger qu'un tel sommet serait "inapproprié, en l'état" : 

Malheureusement, considérant l’immense colère et l’hostilité affichée dans vos récentes déclarations, j’estime qu’il est inapproprié, en l’état, de procéder à ce sommet tant attendu.

Le président américain a certes dessiné une ouverture de reprise des discussions, mais si sa stratégie est celle de faire monter les enchères, elle a très peu de chances de faire fléchir les Nord-Coréens qui y verront un chantage  - ce sont au contraire les Américains qui devront réviser leurs exigences à la baisse pour espérer retourner à la table des négociations qu'ils viennent de quitter de manière fracassante : 

Si vous changez d’avis par rapport à ce sommet important, n’hésitez pas à m’appeler ou à m’écrire. Le monde, et la Corée du Nord en particulier, ont perdu une grande occasion pour une paix durable et une grande prospérité. Cette opportunité manquée est un moment vraiment triste de l’histoire.

Enfin, la lettre de Donald Trump contient la menace d'une possible intervention militaire des Etats-Unis : 

Vous parlez de vos capacités nucléaires, mais les nôtres sont si énormes et puissantes que je prie Dieu que nous n’ayons jamais à en faire usage.

Les présidents sud-coréen Moon Jae-in (qui avait rencontré Donald Trump deux jours plus tôt et n'a donc manifestement pas réussi à le faire fléchir) et russe Vladimir Poutine ont jugé la décision du Président Trump regrettable. Pis, le chef d'Etat sud-coréen a manifestement été placé devant le fait accompli, sans concertation préalable, la présidence sud-coréenne précisant en effet que Séoul "cherche à comprendre quelles sont les intentions du Président Trump et leur signification". De fait, le revirement américain affaiblit une nouvelle fois la parole américaine vis-à-vis des autres pays du monde, faisant apparaître Donald Trump comme versatile, brouillon (l'hypothèse a été avancée d'un malentendu dès l'origine entre Washington et Pyongyang sur le processus de dénucléarisation) et surtout étant sous l'influence des courants les plus militaristes et interventionnistes de son administration - quelques semaines après l'annulation unilatérale de l'accord sur le nucléaire iranien.

Pour Donald Trump, cet échec diplomatique marque non seulement un retour au point de départ (le territoire américain reste à portée des missiles nord-coréens dotés d'armes nucléaires), mais le commandant en chef américain a aussi isolé et affaibli son pays : dans le bras-de-fer qui se joue avec Pékin sur les questions commerciales, la question coréenne a entretemps rapproché Pékin de Pyongyang (avec la possibilité que la Chine décide en pratique d'assouplir l'application des sanctions à l'encontre de la RPD de Corée) et fragilisé l'alliance américano-sud-coréenne, en plaçant le Président Moon Jae-in dans une position inconfortable et en hypothéquant les chances de retour au dialogue intercoréen qui, à un moment à un autre, passera par une levée au moins partielle des sanctions internationales. Or, en revenant à la politique de pression maximale contre Pyongyang, l'administration américaine reporte les perspectives d'assouplissement des sanctions internationales.

Mais pire que le statu quo il existe le risque d'une action militaire américaine, et donc d'une escalade des tensions : plus que jamais, l'Association d'amitié franco-coréenne juge prioritaire de garantir la paix maintenant dans la péninsule coréenne.

Mise à jour le 25 mai 2018 : dans un communiqué publié par l'agence nord-coréenne KCNA le 25 mai 2018, Kim Kye-gwan, Premier vice Ministre des Affaires étrangères de la RPD de Corée, a jugé l'annulation du sommet "extrêmement regrettable" et "inattendue", rappelant la "détermination" de Pyongyang à s'asseoir à la table des négociations avec les Etats-Unis "à tout moment et de quelque manière que ce soit".

Sources :  

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18 mai 2018 5 18 /05 /mai /2018 21:58

Le 16 mai 2018, une rencontre intercoréenne a été reportée et Kim Kye-gwan, premier vice-ministre des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), a annoncé la possibilité de "reconsidérer" le sommet envisagé le 12 juin prochain entre la RPD de Corée et les Etats-Unis - alors que ces derniers ont engagé des exercices militaires de grande ampleur Max Thunder, dénoncés par Pyongyang comme le maintien d'une politique hostile à son égard et contrevenant aux engagements pris par les deux Corée dans le cadre de la déclaration de Panmunjom, le 27 avril 2018. Cet avertissement, lancé à la veille du sommet entre les présidents américain Donald Trump et sud-coréen Moon Jae-in le 22 mai prochain, signifie que la Corée du Nord ne désarmera pas unilatéralement. L'avertissement est clair : le sommet du 12 juin n'aura pas lieu s'il devait consister en un chèque en blanc de la RPD de Corée, s'engageant sur la voie de la dénucléarisation sans contreparties tangibles et concrètes des Etats-Unis.

Sommet du 12 juin : Pyongyang ne signera pas de chèque en blanc

Selon l'agence nord-coréenne KCNA, Kim Kye-gwan, interlocuteur expérimenté et reconnu des Etats-Unis au sein de l'administration nord-coréenne, a fait savoir qu'il n'y aurait pas de désarmement unilatéral de la RPD de Corée : 

[Si Washington] nous met au pied du mur et exige unilatéralement que nous renoncions à l’arme nucléaire, nous n’aurions plus d’intérêt pour des discussions.

En d'autres termes, les Etats-Unis devront aussi faire des concessions, dans le cadre d'un dispositif de type "action contre action" (chaque partie faisant simultanément un pas vers l'autre pour créer les conditions de la confiance mutuelle et de la poursuite du processus), sans attendre le stade ultime du démantèlement du programme nucléaire nord-coréen - comme l'entend au contraire le conseiller présidentiel à la sécurité nationale John Bolton.

Ce dernier, partisan de la guerre en Irak (qu'il justifie aujourd'hui encore, y compris le mensonge sur les armes de destruction massive) et de l'étranglement économique de la RPD de Corée, est une vieille connaissance des Nord-Coréens : faucon parmi les faucons, il a toujours été de ceux qui voulaient attaquer la Corée du Nord et s'engager sur le terrain de la propagande de guerre, en faisant prospérer l'idée qu'on ne pourrait pas négocier avec les Nord-Coréens car ils mentiraient forcément.

Il n'est donc pas surprenant que Kim Kye-gwan ait ciblé à plusieurs reprises John Bolton : alors que les discussions se sont engagées avec le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, imposer John Bolton dans les négociations serait considéré par les Nord-Coréens comme une provocation et un motif de rupture. 

Les limites posées par Pyongyang n'ont pas été vaines : la République de Corée (Corée du Sud) a annoncé qu'elle ne participerait pas aux manoeuvres militaires Max Thunder (qui seront donc limitées aux Etats-Unis et au Japon), lesquelles n’empiéteront pas par ailleurs sur le territoire aérien sud-coréen. 

Pour sa part, le Président Donald Trump a publiquement désavoué John Bolton en rejetant le scénario "à la libyenne" esquissé par ce dernier de dénucléarisation de la Corée du Nord, et ajouté qu'il offrirait de sérieuses garanties de sécurité à la RPD de Corée et des perspectives de prospérité économique comparables à celles actuelles de la Corée du Sud - ce qui sous-entend que les sanctions seraient levées et que les entreprises étrangères, notamment américaines, pourraient investir en Corée du Nord.

Ces propos sont certes encourageants, mais ils doivent maintenant se traduire en engagements concrets de la part de Washington : il n'y aura pas de calendrier de dénucléarisation nord-coréen si en même temps les Etats-Unis ne précisent pas la nature de leurs engagements de sécurité et ne lèvent pas progressivement les sanctions économiques qu'ils ont imposées à la Corée du Nord. Le précédent de la rupture de l'accord nucléaire iranien, en révélant la versatilité de la parole américaine, incite évidemment les Nord-Coréens à exiger des garanties.

Sources : 

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13 mai 2018 7 13 /05 /mai /2018 09:41

La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) continue d'avancer rapidement sur la voie de sa dénucléarisation, en procédant comme convenu dans moins de deux semaines - sans attendre le sommet avec le Président Donald Trump le 12 juin 2018 - au démantèlement d'un élément majeur de son programme nucléaire : selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères de la RPD de Corée reproduit par l'agence nord-coréenne KCNA, le site d'essais nucléaires du village de Punggye sera démantelé entre le 23 et le 25 mai prochains (selon les conditions diplomatiques), en présence de journalistes étrangers de Chine, de Russie, des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la République de Corée (Corée du Sud). 

Pyongyang invite les médias internationaux à couvrir le démantèlement du site de Punggye-ri entre le 23 et le 25 mai 2018

L'annonce du démantèlement du site d'essais nucléaires de Punggye avait été faite dès la réunion du Comité central du Parti du travail de Corée du 20 avril 2018, une semaine avant le sommet intercoréen du 27 avril 2018 entre les Présidents Kim Jong-un et Moon Jae-in - lors de laquelle il avait été confirmé que le processus serait mené de manière transparente, en mai 2018, et en présence de journalistes et d'experts étrangers. 

Conformément à leurs engagements, les autorités nord-coréennes ont rendu publique, le 12 mai 2018, la date de la destruction du site de Punggye, ainsi que ses modalités techniques : 

Conformément à la décision de la troisième réunion plénière du septième Comité central du Parti du travail, l'Institut des armes nucléaires et les autres institutions concernées sont en train de prendre des mesures techniques en vue de démanteler le site d'essais nucléaires du nord de la RPDC dans le but d'assurer la transparence de l'arrêt du site nucléaire.

Une cérémonie de démantèlement est prévue entre les 23 et 25 mai, selon les conditions météorologiques.

Le démantèlement du site d'essais nucléaires se déroulera dans l'ordre suivant : provoquer l'effondrement de tous les tunnels du site d'essais par explosion, bloquer complètement les entrées, retirer toutes les installations d'observation ainsi que les instituts de recherche et structures des unités de garde sur le site.

Parallèlement au démantèlement, les gardes et chercheurs seront retirés et la zone autour du site sera complètement fermée.

Le communiqué du ministère des Affaires étrangères de la RPD de Corée a aussi donné des détails précis sur la couverture de cette opération par les médias de cinq autre pays, en précisant leurs conditions d'accueil, de transport et d'hébergement :

[Le ministère des Affaires étrangères de la RPD de Corée] a l'intention d'autoriser non seulement les médias locaux mais aussi les journalistes d'autres pays à effectuer une couverture sur le terrain afin de montrer, de manière transparente, que le site d'essais nucléaires du nord du pays sera conduit conformément à la décision de la troisième réunion plénière du septième Comité central du Parti du travail de Corée.

Au regard de l'espace exigu du site d'essais, les journalistes d'autres pays seront limités à ceux venant de la Chine, de la Russie, des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la Corée du Sud.

Les journalistes invités viendront de Corée du Sud et des pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies, à l'exception notable de la France - ce qui traduit l'effacement de notre pays sur la question nucléaire dans la péninsule coréenne, et peut aussi être interprété comme une conséquence de la volonté des gouvernements français successifs de ne pas avoir établi de relations diplomatiques complètes avec la RPD de Corée - contrairement à tous les autres pays de l'Union européenne (sauf l'Estonie), à la différence notamment du Royaume-Uni dont les journalistes seront, quant à eux, bien invités à venir couvrir la destruction du site d'essais nucléaires. 

La mesure a une portée réelle : elle traduit l'engagement concret de la RPD de Corée dans le processus de dénucléarisation - contrairement à des informations erronées relayées par certains médias, des experts ont souligné que le site, encore utilisé lors du sixième essai nucléaire nord-coréen le 3 septembre 2017, restait parfaitement opérationnel.

A l'annonce de cette décision, un mois avant son sommet avec le Président Kim Jong-un, le Président Donald Trump a salué une décision "intelligente".

Sources :
- KCNA

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11 mai 2018 5 11 /05 /mai /2018 12:24

Dans un tweet, le Président Donald Trump a annoncé le 10 mai 2018 que sa rencontre avec le Président Kim Jong-un aurait lieu le 12 juin 2018 à Singapour, en ajoutant : "Nous allons tous les deux essayer d'en faire un moment très particulier pour la Paix Mondiale !". Cet optimisme du président américain fait écho aux déclarations des autorités nord-coréennes, qui ont fait état d'un accord très satisfaisant après la deuxième rencontre à Pyongyang entre le Président Kim Jong-un et le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, revenu eux Etats-Unis le 10 mai 2018 en même temps que les trois Coréens américains libérés après avoir été emprisonnés en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).

Kim Jong-un et Mike Pompeo à Pyongyang

Kim Jong-un et Mike Pompeo à Pyongyang

Après de longues tergiversations sur le lieu et la date du sommet, c'est finalement la cité-Etat de Singapour qui a été retenue : celle-ci a de bonnes relations tant avec les Etats-Unis qu'avec la RPD de Corée et a une expérience des rencontres internationales. C'est à Singapour que s'étaient rencontrés les présidents chinois Xi Jinping et taïwanais Ma Ying-jeou en 2015, et que se tiennent les forums de dialogue de Shangri-La - du nom de l'hôtel où se réunissent chaque année, à l'initiative du think tank qu'est l'Institut International pour les Etudes Stratégiques (acronyme anglais, IISS), des réunions intergouvernementales dans le domaine de la défense entre des ministres de la Défense et des militaires des puissances présentes dans la région Asie-Pacifique. Il est d'ailleurs envisagé que le sommet américano - nord-coréen ait lieu à Shangri-La.

Utilisant des procédés plus inspirés des négociations commerciales que de la diplomatie traditionnelle, l'administration Donald Trump a placé la barre très haut - en particulier, l'absence de levée, même partielle, des sanctions internationales avant le démantèlement complet de l'arsenal nucléaire nord-coréen - pour obtenir davantage - probablement un calendrier de désarmement nucléaire de la RPD de Corée. Quoi qu'il en soit, l'hypothèse - un moment envisagée par le Président Trump - de quitter le sommet en cas de désaccord n'est plus d'actualité. A minima le sommet de Singapour listera les thèmes de discussion et posera les bases d'un accord sur la méthode, renvoyant ultérieurement le règlement des points de désaccord. Au regard des réactions des différentes parties, il est cependant raisonnable de ne pas envisager d'échec à ce stade, et même d'espérer aller plus loin sur la voie de la paix en Asie du Nord-Est, du désarmement et de la levée des sanctions - alors que Pyongyang a multiplié les gestes de bonne volonté, de la fermeture du site d'essais nucléaires de Punggye-ri à la libération des Américains détenus en Corée du Nord, sur décision personnelle du dirigeant. Au demeurant, le Président Kim Jong-un n'aurait pas effectué deux visites en un mois et demi en Chine s'il n'avait pas la volonté d'aboutir et de garantir ses arrières (rendant compte de la visite du dirigeant nord-coréen les 7 et 8 mai 2018, le Président Xi Jinping a ainsi souligné auprès de son homologue américain, si besoin était, qu'il fallait prendre en compte les préoccupations de sécurité de Pyongyang).

Ce qui ne signifie pas que le Président Donald Trump ne tentera pas de pousser plus loin son avantage ni de faire monter les enchères, menaçant de tout rompre au dernier moment et à tout moment. Ce qui serait surprenant serait plutôt l'absence de tensions et d'incertitudes, d'autant que les Nord-Coréens sont d'excellents négociateurs et que la pression de certains milieux est forte, au sein du lobby militaro-industriel américain, pour faire échouer la rencontre et revenir à un climat de confrontation. Mais le Président Donald Trump, qui caresse désormais l'espoir d'obtenir le prix Nobel de la paix, a tout intérêt à réussir.

Sources : 

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10 mai 2018 4 10 /05 /mai /2018 10:11

Dans la nuit du mercredi 9 mai au jeudi 10 mai 2018, le président américain Donald Trump et son épouse Melania ont accueilli, dès leur arrivée à l'aéroport, les trois Américains - tous d'origine coréenne - qui étaient emprisonnés en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Ayant déploré les conditions tragiques de la libération d'Otto Warmbier en juin 2017, l'Association d'amitié franco-coréenne, l'AAFC salue ce dénouement diplomatique heureux - intervenu à l'occasion d'une nouvelle visite à Pyongyang du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo. Ce déplacement préparait le sommet entre les présidents Kim Jong-un et Donald Trump, dont ce dernier a annoncé qu'il se tiendrait le 12 juin à Singapour. La libération des trois Américains apparaît comme un nouveau geste d'ouverture et de bonne volonté des autorités nord-coréennes. 

Donald et Melania Trump accueille à l'aéroport les trois Américains libérés

Donald et Melania Trump accueille à l'aéroport les trois Américains libérés

La nouvelle était attendue, notamment depuis la visite à Stockholm mi-mars de Ri Yong-ho, ministre des Affaires étrangères de la RPD de Corée - la Suède représentant les intérêts consulaires des Etats-Unis en Corée du Nord. 

Si ce n'est pas la première fois que des citoyens américains sont détenus puis libérés en RPD de Corée, notamment à l'occasion de la visite de personnalités américaines (par exemple pour les journalistes Laura Ling et Euna Lee, en août 2009, à l'occasion d'une visite de l'ancien président américain Bill Clinton), et que la mesure de libération intervient sur décision spécifique et personnelle du plus haut dirigeant du pays (le Président de la commission des Affaires d'Etat Kim Jong-un a amnistié les trois hommes), cette décision s'inscrit pour sa part clairement dans le contexte d'une perspective d'évolution des relations bilatérales entre Pyongyang et Washington. C'est aussi un succès personnel pour le président Donald Trump qui, quelle que soit l'issue du sommet à venir avec le Président Kim Jong-un, réussit d'ores et déjà sur une question où son prédécesseur Barack Obama avait échoué, en ce qui concerne le plus ancien des trois détenus coréens américains en Corée du Nord. 

En effet, deux des hommes libérés, Kim Hak-song et Kim Sang-duk (ou Tony Kim), avaient été arrêtés en 2017 pour "actes hostiles" contre la RPD de Corée. Ils travaillaient à l'Université des sciences et des technologies de Pyongyang, université privée en Corée du Nord - dont les activités sont par ailleurs rendues plus difficiles depuis l'interdiction de principe faite aux citoyens américains de se rendre en RPDC, après la disparition d'Otto Warmbier.

Le troisième citoyen américain, Kim Dong-chul, est un pasteur et homme d'affaires, qui avait été condamné en avril 2016 à dix ans de travaux forcés pour espionnage. Des activités de prosélytisme religieux sont menées auprès des Nord-Coréens par des protestants sud-coréens ou d'origine coréenne en Chine du Nord-Est.

Sources : 

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7 mai 2018 1 07 /05 /mai /2018 19:55

La dénucléarisation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) devrait être le principal thème du sommet entre les Présidents Kim Jong-un et Donald Trump, prévu en mai ou juin. A cet égard, entre les positions de la déclaration de Panmunjom adoptée lors du sommet intercoréen du 27 avril 2018 et les attentes américaines, un certain nombre de questions restent en suspens - comme le rappelle le fait que les termes de "dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible" (correspondant à la position de Washington) ne figureront pas dans le communiqué devant être publié ce 9 mai 2018, à l'issue du sommet entre la République de Corée (Corée du Sud), la République populaire de Chine et le Japon. 

Le site nucléaire du village (ri) de Punggye, en Corée du Nord

Le site nucléaire du village (ri) de Punggye, en Corée du Nord

Affirmée à trois reprises au paragraphe 4 de la déclaration de Panmunjom, la "dénucléarisation complète" de la péninsule coréenne est présentée comme un "objectif" à atteindre : 

Le Nord et le Sud ont confirmé l’objectif commun d’aboutir à une péninsule coréenne sans armes nucléaire grâce à une dénucléarisation complète.

On notera que, corollairement à la dénucléarisation à terme (il s'agit d'un "objectif") de la RPDC, le but poursuivi est que toute la péninsule coréenne - donc y compris le Sud, aujourd'hui sous le "parapluie" nucléaire américain - devienne une zone exempte d'armes nucléaires.

De leur côté, les autorités américaines précisent que la dénucléarisation doit non seulement être "complète", mais également "vérifiable" et "irréversible". 

Actuellement, et en amont du sommet intercoréen, la RPD de Corée a suspendu ses essais nucléaires (après en avoir mené six, entre octobre 2006 et septembre 2017), mais n'a pas (encore) pris l'engagement de ne plus en mener - alors que la fin des essais nucléaires nord-coréens devrait aller de pair avec son adhésion au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), dont les inspecteurs seraient ainsi en mesure de vérifier les engagements de Pyongyang. En particulier, dans le cadre du TICEN sont mis en place des détecteurs sismiques et acoustiques d'essais nucléaires.

La fin des essais ne signifie pas non plus la fin des programmes nucléaires. Enfin, la dénucléarisation ne deviendra effective qu'à l'issue d'une troisième étape : après la fin des essais nucléaires puis des programmes nucléaires, le démantèlement de l'arsenal nucléaire (le nombre d'ogives nucléaires détenues par la RPD de Corée étant par ailleurs inconnu).

Dans une manifestation supplémentaire de bonne volonté, les autorités nord-coréennes ont également annoncé la fermeture du site d'essais nucléaires de Punggye - qui, contrairement à des informations erronées diffusées dans plusieurs médias - est dans un état qui le rend aujourd'hui parfaitement utilisable, comme l'ont montré les experts du site 38 North, aujourd'hui le site public le mieux informé sur les questions militaires liées à la Corée du Nord. Toujours sur le site 38 North, pour passer d'abord de la phase de la suspension à celle de l'arrêt des essais nucléaires, Jon Wolfsthal souligne l'utilité de combiner les engagements de dénucléarisation de la RPDC avec son adhésion au TICEN, ainsi que la nécessité que la fermeture du site de Punggye fasse l'objectif de vérifications par les équipes d'inspection du TICEN, qui devront également pouvoir accéder à d'autres sites.

Le chemin sera donc long vers la dénucléarisation "complète, vérifiable et irréversible" de la Corée du Nord, dont il est difficile d'envisager qu'elle avance sur cette voie sans bénéficier de contreparties tout au long du processus (conformément au principe "action pour action", qui a rendu possible les précédentes phases de négociations sur le nucléaire nord-coréen). Si officiellement l'administration américaine - notamment par la voix du "faucon" John Bolton, conseiller à la sécurité nationale du Président Donald Trump - exclut tout geste des Etats-Unis avant la phase de démantèlement des armes nucléaires, le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, qui a rencontré le Président Kim Jong-un, évite ostensiblement d'adopter publiquement une position aussi maximaliste, conscient qu'aucun pays au monde n'a jamais désarmé de son plein gré, unilatéralement et sans contreparties. Tôt ou tard, les préoccupations légitimes de sécurité de la RPD de Corée et un calendrier de levée des sanctions devront être mis sur la table des négociations, si l'on veut que celles-ci aboutissent.

Sources : 

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21 avril 2018 6 21 /04 /avril /2018 13:14

La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a fait une nouvelle fois le premier pas dans la mise en place d'une réponse diplomatique globale à la crise autour de la péninsule coréenne qui a atteint son paroxysme en 2017 : à la suite d'une réunion du Comité central du Parti du travail de Corée (PTC) s'étant tenue la veille, les médias nord-coréens ont annoncé la suspension, à compter du 21 avril 2018, des essais nucléaires et des essais de missiles balistiques intercontinentaux, ainsi que le démantèlement du site d'essais nucléaires situé près du village (ri) de Punggye, dans la province du Hamgyong du Nord. Cette décision spectaculaire, prise à moins d'une semaine de la tenue du troisième sommet intercoréen (le 27 avril 2018) et après la visite en Corée du Nord du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, a été unanimement saluée et traduit la fermeté des engagements de Pyongyang à s'engager sur la voie de sa dénucléarisation - pour peu qu'elle obtienne les garanties de sécurité et la levée des sanctions économiques qu'elle est légitimement en droit d'attendre en tant qu'Etat souverain.

La Corée du Nord annonce la suspension de ses essais nucléaires et de missiles balistiques intercontinentaux : un signal pour une réponse diplomatique globale

Dans le compte rendu de la session du Comité central du PTC, l'agence KCNA a tout d'abord souligné que la suspension des programmes nucléaires et balistiques avait pu être décidée au regard des progrès obtenus en la matière pour la défense nationale du pays : 

Premièrement, nous déclarons solennellement que l'essai nucléaire subcritique, l'essai nucléaire souterrain, ayant rendu les armes nucléaires plus petites et plus légères, et le développement d'une très puissante arme nucléaire et de ses moyens balistiques ont été conduits dans le cadre de la campagne de mise en oeuvre de la ligne du parti de développement simultané sur deux fronts, et c'est ainsi que le travail pour équiper des têtes nucléaires sur des fusées balistiques a été mené de manière fiable.

Deuxièmement, nous allons arrêter les essais nucléaires et les tests de missiles balistiques intercontinentaux à compter du 21 avril de l'an 107 du Juche (2018).

Le site d'essais nucléaires situé au nord de la RPDC sera démantelé pour garantir en toute transparence l'interruption des essais nucléaires.

Ces décisions ont été resituées dans le contexte des efforts faits par la RPD de Corée pour le désarmement mondial, tandis qu'était réaffirmé l'engagement de Pyongyang à ne pas utiliser l'arme nucléaire en premier (ainsi qu'à lutter contre la prolifération nucléaire), sauf si elle faisait elle-même l'objet d'une menace d'attaque nucléaire ou d'une "provocation nucléaire" : 

Troisièmement, l'interruption des essais nucléaires correspond à un processus important pour le désarmement mondial, et la RPDC va rejoindre les efforts et les souhaits internationaux d'un arrêt complet des essais nucléaires.

Quatrièmement, la RPDC n'utilisera pas d'armes nucléaires et ne procédera à des transferts ni d'armes nucléaires, ni de technologies nucléaires, en toute circonstance, sauf en cas de menace nucléaire ou de provocation nucléaire contre elle.

Enfin, il est souligné que la priorité est donnée au développement d'une puissante économie socialiste - ce qui signifie que la dénucléarisation de la RPDC, qui ne pourra être réalisée que par étapes et dans le cadre d'un principe "action contre action", où chaque partie fera simultanément un pas vers l'autre, devra conduire à une levée des sanctions internationales. A cet égard, la balle est désormais dans le camp américain pour concrétiser cette promesse de paix, de désarmement et de prospérité dans la péninsule coréenne.

Source principale : KCNA.

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20 avril 2018 5 20 /04 /avril /2018 12:39

A une semaine du troisième sommet intercoréen prévu le 27 avril 2018, Moon Jae-in, Président de la République de Corée (Corée du Sud), a donné une conférence de presse au cours de laquelle il a lié ce sommet et la rencontre entre les Présidents Donald Trump et Kim Jong-un, envisagée (dans une date et en un lieu encore à confirmer) fin mai ou début juin 2018. La perspective est celle d'un accord global autour de la péninsule coréenne, qui lierait la dénucléarisation de la péninsule et la conclusion d'un traité de paix - alors que la guerre de Corée s'est terminée par un simple accord d'armistice.

Le Président Moon Jae-in, lors d'une conférence de presse à la Maison Bleue le 19 avril 2018

Le Président Moon Jae-in, lors d'une conférence de presse à la Maison Bleue le 19 avril 2018

Si les hypothèses vont bon train sur les enjeux et les conclusions à attendre des deux sommets à venir (Corée du Nord-Corée du Sud et Corée du Nord-Etats-Unis), un intense cycle de négociations diplomatiques a commencé - les délais étant rapprochés - comme en a d'ailleurs témoigné la visite à Pyongyang, du 30 mars au 1er avril, de Mike Pompeo, directeur de la CIA récemment nommé secrétaire d'Etat par le Président Donald Trump, où il a eu un échange avec le Président Kim Jong-un. Son déplacement en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a confirmé du même coup que les discussions sont menées par le canal des services de renseignement (et non par la voie diplomatique), ce qui est habituel s'agissant des relations intercoréennes, moins classique pour la diplomatie américaine, y compris en ce qui concerne la péninsule coréenne.

Lors de la conférence de presse qu'il a donnée à la Maison Bleue à une semaine du troisième sommet intercoréen, le Président Moon Jae-in a clairement observé que cette rencontre s'inscrivait dans un cycle plus global, dont les résultats devraient être appréciés à l'issue du sommet entre les présidents Kim Jong-un et Donald Trump :

Nous ne parlerons de dialogue fructueux que lorsque le tout premier sommet nord-coréano-américain aura eu lieu, et pas seulement le sommet Sud-Nord (...) Nous aurons besoin d'idées audacieuses et de solutions créatives pour réussir les deux sommets et ne pas répéter les erreurs du passé.

Quand il évoque la nécessité selon lui de "ne pas répéter les erreurs du passé", le Président Moon Jae-in parle manifestement du besoin qu'il n'y ait pas deux lignes diplomatiques parallèles, conduites par Séoul et Washington. Ainsi, les objectifs attendus des deux sommets sont imbriqués, et ils lient dénucléarisation de la péninsule, conclusion d'un accord de paix, relance des relations intercoréennes et (il est important de souligner que ces questions sont présentées comme une conséquence des trois premières) levée des sanctions contre la RPD de Corée et normalisation des relations entre Pyongyang et Washington d'une part, Pyongyang et Tokyo d'autre part , dessinant ainsi la perspective d'un accord global :

Si la dénucléarisation est conclue lors des sommets Sud-Nord et Corée du Nord-Etats-Unis, il ne sera pas très difficile de se mettre d’accord en principe sur un cadre large comme l'établissement d'un régime de paix, la normalisation des relations Corée du Nord-Etats-Unis et une aide internationale pour le développement économique du Nord (...) Les relations Sud-Nord pourront se développer lorsque la question nucléaire nord-coréenne sera résolue et que les sanctions internationales seront levées. Nous sommes dans une situation où nous ne pouvons pas améliorer les relations Séoul-Pyongyang uniquement sur la base d'un dialogue réussi entre le Sud et le Nord. Les relations entre la Corée du Nord et les Etats-Unis doivent également être améliorées et celles Pyongyang-Tokyo aussi. Les rapports Sud-Nord pourront s’améliorer quand tous ces problèmes seront réglés.

Donald Trump ne semble pas être sur une autre ligne, qui a confirmé la rencontre entre Mike Pompeo et le Président Kim Jong-un, a rappelé que cinq lieux étaient à l'étude pour le sommet avec Kim Jong-un (dont probablement Pyongyang, Washington et la zone démilitarisée) et a aussi observé l'importance, lui aussi, de conclure un traité de paix :

Mike Pompeo a rencontré Kim Jong-un en Corée du Nord la semaine dernière. La rencontre s’est bien déroulée et une bonne relation s’est établie. Les détails du sommet sont à l’étude (...) Nous envisageons cinq lieux (...) Je crois vraiment qu’il y a beaucoup de bonne volonté. Nous verrons ce qu’il advient, comme je dis toujours. Car à la fin, c’est le résultat qui compte. (...) La Corée du Sud a des projets de rencontre avec la Corée du Nord pour voir s’ils peuvent mettre fin à la guerre. Et ils ont ma bénédiction à ce sujet (...) les gens n’ont pas conscience que la guerre de Corée ne s’est pas terminée.

Toutefois, la partie américaine a été prudente quant aux modalités de concrétisation des engagements de la République populaire démocratique de Corée sur sa dénucléarisation, laissant clairement entendre que le sommet Etats-Unis - Corée du Nord devrait conduite à l'adoption d'une feuille de route en posant des principes, dont les détails (cruciaux) devraient ensuite être précisés. Dans ce contexte, il faudra donc que chacun fasse des avancées simultanément, conformément au principe "action contre action" qui a toujours prévalu dans les échanges diplomatiques sur la question coréenne, notamment lors des pourparlers à quatre (les deux Corée, les Etats-Unis et la Chine) puis à six parties (les mêmes, plus la Russie et le Japon).

Sources :

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