La visite en République de Corée (Corée du Sud) du Premier ministre japonais Fumio Kishida, les 7 et 8 mai 2023, a suivi un déplacement au Japon du président sud-coréen Yoon Seok-yeol, en mars dernier. Si les deux chefs d'Etat et de gouvernement ont entendu continuer de resserrer leurs liens face à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), qui poursuit ses programmes balistiques et nucléaires, ce spectaculaire rapprochement suscite des réserves dans l'opinion publique sud-coréenne - alors que les plaies de la colonisation japonaise de la Corée (1910-1945) sont loin d'être refermées.
Alors que Tokyo considère que la normalisation des relations diplomatiques avec la République de Corée en 1965 a réglé les contentieux liés à la colonisation, les sujets de friction n'ont jamais cessé - notamment la déportation des travailleurs forcés coréens et la question des "femmes de réconfort", obligées de se prostituer pour l'armée japonaise avant et pendant la Seconde guerre mondiale. Sur le premier point, Séoul a récemment annoncé la création d'une fondation pour indemniser les victimes. De fait, le président Yoon Seok-yeol, à l'instar de ses prédécesseurs conservateurs sud-coréens, a fait de l'amélioration des relations avec Tokyo une priorité de sa politique étrangère pour contrer la Corée du Nord : les militaires japonais participent ainsi aux manoeuvres militaires conjointes entre les Etats-Unis et la Corée du Sud, tandis que le Japon est en voie de doubler la part du budget militaire dans son PIB. Sur fond de rivalité croissante entre la Chine et les Etats-Unis, qui se focalise notamment sur la question de Taïwan, la Corée du Sud et le Japon font corps autour de leur allié américain, en considérant que la question nord-coréenne avait une portée mondiale.
Un des points concrets du sommet nippo-sud-coréen des 7 et 8 mai est la décision de Séoul et de Tokyo de partager leurs informations obtenues par radar s'agissant des missiles nord-coréens, qui selon les autorités des deux pays seraient toutefois encore en cours de finalisation. En effet, si les Etats-Unis et la Corée du Sud, d'une part, les Etats-Unis et le Japon, d'autre part, partagent leurs données obtenues par surveillance radar, il n'y a pas d'échanges directs en ce domaine entre le Japon et la Corée du Sud.
Au regard du legs douloureux de la colonisation, le Premier ministre japonais a fait un geste en reconnaissant, à Séoul, les souffrances endurées : "j'ai le coeur qui saigne face aux expériences très difficiles et tristes vécues par tant de personnes dans les dures circonstances de l'époque". Les termes sont toutefois mesurés, pour ne pas heurter la frange la plus nationaliste de l'opinion publique japonaise.
Les contentieux commerciaux sont également en voie d'apaisement : au lendemain de la visite au Japon du président sud-coréen, Tokyo avait annoncé lever les restrictions à l'exportation vers la Corée du Sud de certaines technologies utilisées pour la production de puces et d'écrans plats.
Sources :
- RFI ;
Japon et Corée du Sud vont unir leur surveillance de la Corée du Nord - Challenges
TOKYO (Reuters) - Le Japon et la Corée du Sud devraient se mettre d'accord au début de juin pour relier leurs radars via un système américain afin de partager des informations en temps réel fa...
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https://www.cnews.fr/monde/2023-05-07/pourquoi-le-japon-se-rapproche-t-il-de-la-coree-du-sud-1351948
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