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29 août 2023 2 29 /08 /août /2023 20:33

Le 27 juillet 2023, au 70e anniversaire de l’armistice en Corée, le Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée (APRCPRK) adressait une lettre ouverte au secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lui demandant de mettre fin à l'autorisation accordée aux États-Unis d'agir sous couvert des Nations Unies en Corée, notamment en utilisant le drapeau de l’ONU pendant les manœuvres militaires menées contre la Corée du Nord. Le 29 août 2023, l’APRCPRK a adressé une autre lettre ouverte au président du Groupe des 77 (G77), coalition formée en 1964 par 77 pays en développement pour promouvoir les intérêts économiques et politiques collectifs de ses membres et créer une capacité de négociation accrue aux Nations Unies. Par cette lettre, l’APRCPRK demande aux 134 pays que compte aujourd’hui le G77 de s’emparer de la question de l’utilisation abusive des symboles de l’ONU par les États-Unis en Corée, y compris en soumettant une proposition de résolution à l’Assemblée générale des Nations Unies.

L'AAFC publie ci dessous une traduction française de cette letttre.

 

29 août 2023

 

Son Excellence l’Ambassadeur Pedro Luis Pedroso Cuesta

Président du Groupe des 77

Immeuble du Secrétariat des Nations Unies, pièce S-0518

New York, N.Y. 10017,

U.S.A.

secretariat@g77.org

 

Cher Ambassadeur Pedroso,

 

The Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée (APRCPRK) demande que le Groupe des 77 propose à l’Assemblée générale des Nations Unies une résolution recommandant de retirer le pouvoir d’utiliser le drapeau et le logo des Nations Unies à l’unité militaire des États-Unis qui se fait appeler « Commandement des Nations Unies » (UNC) en République de Corée (RC).

 

Le 7 juillet 1950, la résolution 84 du Conseil de sécurité a autorisé les États-Unis, en tant que dirigeants d’un commandement unifié, à « utiliser le drapeau des Nations Unies au cours des opérations contre la Corée du Nord ».

 

Bien que les opérations militaires contre la Corée du Nord aient pris fin en juillet 1953, l’armée des États-Unis utilise toujours le drapeau et le logo des Nations Unies en Corée 70 ans plus tard en 2023. Cela crée une situation confuse, comme en témoigne ce communiqué de presse des Forces des États-Unis en Corée (USFK) :

 

Le CFC, l'USFK et l'UNC lancent Ulchi Freedom Shield

PA-001-22 / 23 août 2022

Garnison de l'armée des États-Unis, Humphreys, République de Corée -

Le Commandement des forces combinées (CFC), les Forces des États-Unis en Corée (USFK), le Commandement des Nations Unies (UNC) et les commandements subordonnés composant le CFC, ainsi que des renforts, des personnels civils et les représentants des pays des Nations Unies qui y participent, ont commencé l'exercice Ulchi Freedom Shield (UFS) le lundi 22 août 2022.

 

Avoir le drapeau et le logo des Nations Unies associés à Ulchi Freedom et d’autres exercices de guerre menés par les États-Unis en République de Corée dénature complètement les Nations Unies.

 

Ces exercices de guerre sont conduits par les Forces des États-Unis en Corée qui ont leur quartier général à Camp Humphreys, la plus grande base militaire des États-Unis outre-mer dans le monde. Camp Humphreys est aussi la base militaire des États-Unis la plus proche de Beijing et il est clair que les exercices sont dirigés non seulement contre un membre de l’Assemblée générale des Nations Unies – la République populaire démocratique de Corée (RPDC) – mais aussi contre un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, la Chine.

 

Le drapeau et le logo des Nations Unies ne devraient pas être associés à ces exercices car cela donne la fausse impression que les Nations Unies approuvent les manœuvres militaires d’un des belligérants de la Guerre de Corée à laquelle il n’a pas encore été mis fin. Cela entrave le potentiel des Nations Unies d’agir en tant qu'intermédiaire pour la paix dans la péninsule coréenne. Il est aussi clairement inapproprié que les Nations Unies soient vues comme conduisant des exercices militaires perçus comme menaçant des membres des Nations Unies elles-mêmes.

 

Même si on peut supposer que le Conseil de sécurité a commis une erreur en autorisant l’utilisation du drapeau des Nations Unies par le « commandement unifié », qui n’était pas une entité des Nations Unies, il est très clair que l'utilisation du drapeau des Nations Unies par l'armée des États-Unis en République de Corée n'est pas conforme aux règles du Code du drapeau des Nations Unies publié par le Secrétariat de l'ONU le 20 novembre 2020.

 

Pour ces raisons, nous demandons que :

 

(1)

un accord soit recherché lors de la réunion ministérielle du G77 prévue le 22 septembre pour que le G77 engage une action visant à annuler la résolution 84 du Conseil de sécurité du 7 juillet 1950, laquelle autorise les États-Unis, en tant que dirigeants d’un commandement unifié, à « utiliser le drapeau des Nations Unies au cours des opérations contre la Corée du Nord ».

 

(2)

une clause allant dans ce sens soit incluse dans la déclaration ministérielle du G77 de 2023 :

Les Ministres ont convenu que l'utilisation du drapeau et du logo des Nations Unies par le Commandement militaire des États-Unis en République de Corée (US Forces in Korea; USFK) est inapproprié. Cela donne l'impression que les Nations Unies sont impliquées dans, et soutiennent, les exercices militaires des États-Unis dans et autour de la péninsule coréenne, lesquels sont perçus par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la République populaire de Chine (RPC) comme provocateurs et menaçant la paix et la stabilité. De plus, l'utilisation du drapeau et du logo par une unité militaire des États-Unis d’Amérique n'est pas conforme au Code du drapeau des Nations Unies. En conséquence, une résolution devrait être présentée à l'Assemblée générale des Nations Unies recommandant que soit retirée l’autorisation d’utiliser le drapeau et le logo de l'ONU accordée à l’USFK, opérant sous l’auto-désignation de « Commandement des Nations Unies » (UNC) même s'il ne s'agit pas d'une entité des Nations Unies.

 

(3)

Les membres du G77 co-parrainent une proposition présentée en réunion plénière de l'Assemblée générale accompagnée d'un projet de résolution allant dans ce sens :

L'Assemblée générale

Reconnaissant que la clause 5 de la résolution 84 du Conseil de sécurité du 5 juillet 1950 autorise les États-Unis, en tant que dirigeants du commandement unifié, à utiliser le drapeau des Nations Unies à leur discrétion,

Notant que l'entité militaire située en République de Corée, laquelle a été baptisée « Commandement des Nations Unies » par les Forces des États-Unis en Corée (USFK), est une entité sous le contrôle de l’USFK et, en tant que telle, n’est pas et n’a jamais été une entité ou un organe sous le contrôle des Nations Unies,

Reconnaissant que l'utilisation du drapeau des Nations Unies par le soi-disant « Commandement des Nations Unies » en République de Corée contrevient aux règles du Code du drapeau des Nations Unies du Secrétariat de l’ONU du 20 novembre 2020,

(1) Recommande que la clause 5 de la résolution 84 du Conseil de sécurité du 5 juillet 1950 soit annulée.

 

Vous en remerciant par avance,

 

Respectueusement,

 

Pour le Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée

 

Co-présidents

M. Madhav Kumar Nepal, ancien Premier ministre du Népal, président du Comité pour la promotion de la réunification de la Corée, gamknepal@gmail.com

Dr. Doğu Perinçek, président du Parti patriote, Turquie, international@vatanpartisi.org.tr

Rashed Khan Menon, président du comité central du Parti des travailleurs du Bangladesh, arkhan@bangla.net

M. Atul Kumar Anjan, président de l’Association d’amitié panindo-coréenne, atulanjaan@gmail.com

M. Rafael V. Mariano, président de la Société d’amitié et de solidarité Philippines-Corée, kapaeng_mariano@yahoo.com

M. Neil Fitzgerald, président national de la Société pour la culture et l’amitié Australie-RPDC, bequanaland@gmail.com

Secrétariat

Directeur

M. Raymond Ferguson, secrétaire général de la Société pour la culture et l’amitié Australie-RPDC, ray.ferguson@tisgroup.com.au

Secrétaires adjoints

Mme Marisa Dumanjug, secrétaire générale de la Société d’amitié et de solidarité Philippines-Corée, norbin2008@gmail.com

M. Javed Ansari, président du Comité pour la solidarité et l’amitié Pakistan-Corée, ansarijaved1@yahoo.com

M. Hakki Ergincan, président de l’Association d’amitié Turquie-Corée, heergincan@gmail.com

Bureau d’information publique

Directeur

M. Teguh Santosa, président de l’Association pour les échanges culturels et l’amitié Indonésie-Corée, teguh_timur@yahoo.com

Membres exécutifs

M. Phanidra Raj Pant, secrétaire général de l’Association d’amitié Népal-Corée, prpanta@yahoo.com

M. Peter Wilson, secrétaire de la Société Nouvelle-Zélande-RPDC, nzdprksociety@gmail.com

Membre à vie

Dr. Tim Beal, président de la Société Nouvelle-Zélande-RPDC, tim@timbeal.net.nz
 

Note

En accompagnement de cette lettre, veuillez trouver:

(1) Copie de la lettre adressée par l’APRCPRK à Son Excellence Monsieur António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, demandant que les Nations Unies révoquent la permission d’utiliser le drapeau des Nations Unies accordée aux États-Unis d’Amérique en tant que dirigeants du commandement unifié en Corée

(2) Copie de la lettre adressée par l’Association internationale des juristes démocrates à Son Excellence Monsieur António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, mettant en évidence la violation du Code du drapeau des Nations Unies par le soi-disant « Commandement des Nations Unies » (« UNC »), lequel n’est pas une entité de l’ONU sous le contrôle des Nations Unies, en Corée du Sud et au Japon

Lettre du Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée (en anglais)

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31 juillet 2023 1 31 /07 /juillet /2023 15:19

Le 7 juillet 1950, en l’absence de l’Union soviétique - laquelle entendait ainsi protester contre l'occupation du siège de la Chine par la République de Chine (Taiwan) -, le Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) adopta la résolution 84 confiant aux États-Unis l'autorité de l'opération militaire menée contre la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) dans la péninsule coréenne où les combats avaient débuté le 25 juin précédent. Par cette résolution, le Conseil de Sécurité autorisait les États-Unis à utiliser le drapeau des Nations Unies dans le cadre d’un « commandement unifié » dont ils étaient le chef. Aujourd’hui, 70 ans après la fin des combats en Corée, les forces des États-Unis stationnées en Corée du Sud utilisent toujours le drapeau des Nations Unies, y compris pendant les exercices militaires simulant une invasion du Nord, laissant croire que l’Organisation des Nations Unies, au mépris de sa propre Charte, apporte son soutien à de telles manœuvres menées à l’initiative des seuls États-Unis. Pour protester contre ce qui apparaît comme une usurpation, le Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée a adressé le 27 juillet 2023 une lettre ouverte au secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lui demandant de mettre fin à l'autorisation accordée aux États-Unis d'agir sous couvert des Nations Unies en Corée.

L’AAFC publie ci-dessous la traduction française de cette lettre.


 

27 juillet 2023

 

Son Excellence Monsieur António Guterres

secrétaire général des Nations Unies

New York NY 1017,
U.S.A.

 

Cher Monsieur le Secrétaire général,

 

Nous soussignés demandons que les Nations Unies révoquent la permission d’utiliser le drapeau des Nations unies accordée aux États-Unis d’Amérique en tant que chef du commandement unifié en Corée.

 

Malgré le fait que 70 années ont passé depuis la signature de l’armistice qui a mis fin aux combats, le danger d’une reprise des hostilités dans la péninsule coréenne a rarement été aussi grand qu’aujourd’hui. Il est donc approprié de revoir le rôle des Nations Unies afin de promouvoir un régime de paix pour le peuple de la péninsule coréenne.

 

L’utilisation du drapeau des Nations Unies, en association avec les manœuvres sur le terrain telles que les récents exercices de guerre à grand échelle « Freedom Shield » et « Warrior Shield », donnent une fausse impression que les Nations Unies approuvent les manœuvres militaires d’un des belligérants. Cela entrave le potentiel des Nations Unies d’agir en tant qu'intermédiaire pour la paix dans la péninsule.

 

En novembre 1975, la clause B3 de la résolution A/RES/3390B de l’Assemblée générale a appelé à « dissoudre le ‘Commandement des Nations Unies’ et retirer toutes les troupes étrangères stationnées en Corée du Sud sous le couvert des Nations Unies ».

 

Par la suite, trois de vos prédécesseurs, Boutros Boutros-Ghali, Kofi Annan et Ban Ki-moon ont publiquement reconnu que le « Commandement des Nations Unies » en Corée n’est pas un organe des Nations Unies.

 

En conséquence, nous appelons à l'annulation de la clause 5 de lrésolution 84 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies le 5 juillet 1950, laquelle « autorise le commandement unifié à utiliser à sa discrétion, au cours des opérations contre les forces de la Corée du Nord, le drapeau des Nations Unies »Elle fut adoptée en l’absence d'un membre permanent du CSNU, l'Union soviétique. Les véritables hostilités de cette époque sont depuis longtemps passées à l’histoire.

 

Cette action apportera une contribution positive à la paix en dissipant l’illusion qu’un des belligérants, en l’occurrence les États-Unis, agit sous les auspices des Nations Unies. Libérées du fardeau d’une fausse participation, les Nations Unies, et le bureau du Secrétaire général, seront alors en meilleure position pour remplir leur vrai rôle d’organisation impartiale, laquelle est à même, selon les termes de l’article 1 de la Charte des Nations Unies, de « réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement de différends ou de situations susceptibles de mener à une rupture de la paix ».

 

Bien cordialement,

 

pour le Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée

 

Co-présidents

M. Madhav Kumar Nepal, ancien Premier ministre du Népal, président du Comité pour la promotion de la réunification de la Corée, gamknepal@gmail.com

Dr. Doğu Perinçek, président du Parti patriote, Turquie, international@vatanpartisi.org.tr

Rashed Khan Menon, président du comité central du Parti des travailleurs du Bangladesh, arkhan@bangla.net

M. Atul Kumar Anjan, président de l’Association d’amitié panindo-coréenne, atulanjaan@gmail.com

M. Rafael V. Mariano, président de la Société d’amitié et de solidarité Philippines-Corée, kapaeng_mariano@yahoo.com

M. Neil Fitzgerald, président national de la Société pour la culture et l’amitié Australie-RPDC, bequanaland@gmail.com

Secrétariat

Directeur

M. Raymond Ferguson, secrétaire général de la Société pour la culture et l’amitié Australie-RPDC, ray.ferguson@tisgroup.com.au

Secrétaires adjoints

Mme Norma G. Binas, secrétaire générale de la Société d’amitié et de solidarité Philippines-Corée, norbin2008@gmail.com

M. Javed Ansari, président du Comité pour la solidarité et l’amitié Pakistan-Corée, ansarijaved1@yahoo.com

M. Hakki Ergincan, président de l’Association d’amitié Turquie-Corée, heergincan@gmail.com

Bureau d’information publique

Directeur

M. Teguh Santosa, président de l’Association pour les échanges culturels et l’amitié Indonésie-Corée, teguh_timur@yahoo.com

Membres exécutifs

M. Phanidra Raj Pant, secrétaire général de l’Association d’amitié Népal-Corée, prpanta@yahoo.com

M. Peter Wilson, secrétaire de la Société Nouvelle-Zélande-RPDC, nzdprksociety@gmail.com

 

Lettre du Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée (en anglais)

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25 janvier 2023 3 25 /01 /janvier /2023 21:37

Les 18 et 19 janvier 2023, des raids policiers ont visé les locaux de la Confédération coréenne des syndicats (acronyme anglais, KCTU) et du Syndicat coréen de la santé et des travailleurs médicaux. Alors que la liberté syndicale n'a été consacrée en République de Corée (Corée du Sud) que tardivement, la KCTU n'ayant été autorisée qu'après l'entrée de la Corée du Sud à l'OCDE en 1997, les atteintes à la liberté syndicale restent trop nombreuses, tout particulièrement lorsque les conservateurs sont au pouvoir à Séoul : à l'AAFC, nous avions déjà dénoncé un raid policier au siège de la KCTU en novembre 2015, alors que le président de la KCTU Han Sang-gyun était arrêté en décembre 2015 pour "sédition" (sic). Nous avions aussi relayé en 2014 l'appel d'Amnesty international à la libération de Kim Jeong-woo. Toujours solidaires du combat des syndicalistes coréens pour la justice sociale et la liberté, nous reproduisons ci-après, traduit de l'anglais, un article publié par la Confédération syndicale internationale (CSI), à laquelle est affiliée la KCTU, sur les raids policiers des 18 et 19 janvier 2023.

Photo KCTU

Photo KCTU

Corée du Sud : les raids du Gouvernement contre les syndicats sont des attaques contre la démocratie

La CSI condamne les raids contre les locaux de syndicats coréens par les services de renseignement comme une attaque ouverte contre la démocratie et le mouvement du travail.

Les bureaux de la Confédération coréenne des syndicats (KCTU) et du Syndicat coréen de la santé et des travailleurs médicaux (KHMU) ont été ciblés par l'agence de renseignement sud-coréenne tôt dans la journée du 18 janvier. Selon les comptes rendus des médias, les raids se sont poursuivis le 19 janvier alors que la police ciblait les syndicats de la construction affiliés à la KCTU et à la Fédération des syndicats coréens (KFTU) [Note de la traduction : la KFTU est le plus ancien syndicat coréen, autorisé antérieurement à la KCTU, de tradition réformiste].

Dans une déclaration, la KHMU a dit que les forces gouvernementales avaient fouillé ses bureaux pendant plusieurs heures malgré son intention de coopérer : "Nous condamnons fermement la suppression du mouvement du travail par la sécurité publique. Nous allons combattre fermement contre cela... Nous ne cèderons jamais à la campagne de sécurité publique ciblée du Gouvernement".

Le secrétaire général adjoint de la CSI, Owen Tudor, a dénoncé les raids : "Nous soutenons fermement le mouvement du travail coréen face à cette agression ouverte et cette intimidation du Gouvernement.

C'est une attaque honteuse contre les syndicats et, en tant que telle, une attaque contre la démocratie en Corée du Sud. En tant que membre de l'OIT, le gouvernement coréen a le devoir de respecter les normes de l'OIT sur la liberté d'association. Cela implique de respecter les droits humains et les droits syndicaux et garantir que les syndicats puissent fonctionner à l'abri de la peur et de la persécution.

Les syndicats en Corée du Sud peuvent être fiers de leur histoire de lutte pour la justice sociale et de leurs victoires pour les travailleurs. Je sais qu'ils ne seront pas réduits au silence, qu'ils continueront leur travail malgré les intimidations, et qu'ils peuvent compter sur le soutien et la solidarité de toute la CSI.
"

Ce n'est pas la première fois que le gouvernement coréen réprime les syndicats. En 2021, le président de la KCTU avait été arrêté et en décembre les policiers avaient tenté de mener un raid contre les locaux syndicaux pour briser une grève des camionneurs.

Traduction de l'anglais de l'article publié le 20 janvier 2023 sur le site de la CSI : 

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6 novembre 2022 7 06 /11 /novembre /2022 14:11

Dans notre édition du 28 août 2022 nous dénoncions fermement l'émission d'un mandat d'arrêt par le FBI contre le Britannique Christopher Emms, poursuivi pour avoir participé à une conférence internationale sur la blockchain en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en avril 2019. Cette mesure intervenait après une première condamnation - celle de Virgil Griffith, développeur d'Ethereum. Christopher Emms a finalement pu quitter l'Arabie Saoudite, où il était emprisonné puis retenu contre caution depuis février 2022, et se rendre en Russie - signant l'échec des autorités américaines à obtenir son extradition. Nous nous réjouissons de cet heureux développement pour Christopher Emms, en continuant d'appeler à ce que soit mis fin au mandat d'arrêt émis contre lui pour des motifs inacceptables. Il pourrait alors rejoindre son pays et les siens. 

Photo de Christopher Emms sur son compte Twitter

Photo de Christopher Emms sur son compte Twitter

Christopher Emms a déclaré que "le Royaume-Uni aurait mis un joli petit ruban sur [lui] et l'aurait envoyé dans une prison américaine pendant 20 ans". Dans ce contexte, il a déclaré que la Russie était son "domicile dans un avenir prévisible", en ajoutant que les autorités russes lui avaient proposé de résider en Russie, mais qu'il ne travaillait pas pour le gouvernement russe.

L'intervention en sa faveur du parlementaire Crispin Blunt (conservateur) a manifestement joué pour que les autorités britanniques se soucient (enfin) du sort d'un de leurs ressortissants. La représentante de Christopher Emms, Radha Stirling, de l'ONG Due Process International, a en effet salué le "soutien continu" du gouvernement britannique pour que l'interdiction de voyager de l'informaticien britannique soit levée, en déclarant :

Nous sommes soulagés que les autorités saoudiennes aient finalement rejeté la demande d'extradition américaine, qui n'avait pas de base légale solide ; et nous apprécions fortement l'intervention britannique dans cette affaire, ainsi que la coopération établie avec les Saoudiens.

Mais pour que Christopher Emms, désormais dans un pays sûr, puisse retrouver une vie normale, il faut que la notice rouge d'Interpol le visant soit abrogée. Ses défenseurs vont à présent s'y employer.

Source : 

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11 septembre 2022 7 11 /09 /septembre /2022 21:16

Après délibération en ce sens de son bureau national, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a rejoint le Collectif national des marches pour la paix, coordonné par le Mouvement de la paix. Elle appelle d'ores et déjà à participer aux marches pour la paix le 21 septembre 2022, en ayant également décidé d'apporter un soutien financier aux manifestations qui seront alors organisées par le Collectif national.

L'AAFC rejoint le Collectif national des marches pour la Paix

Constamment engagée pour la paix dans la péninsule coréenne depuis sa fondation en 1969, l'AAFC a été de tous les combats pour que plus jamais la guerre ne s'abatte sur la péninsule coréenne. En relation continue avec le Mouvement de la paix, elle a souligné l'urgence d'un traité de paix dans "Planète paix", le mensuel de l'organisation pacifiste, et soutenu le combat des objecteurs de conscience sud-coréens. C'est donc fort logiquement qu'elle a décidé de poursuivre sa lutte pour la paix en Corée dans un cadre plus large, en rejoignant le Collectif national des marches pour la paix.

Par ailleurs, plusieurs des responsables de l'AAFC sont aussi fortement engagés sur le terrain des luttes pacifistes, à l'instar de Bernard Hugo, vice-président de l'AAFC, président de l'Institut de documentation et de recherches sur la paix, disparu en mars 2021.

Ayant signé et fait signer la pétition de l'organisation civique sud-coréenne SPARK pour un traité de paix en Corée, s'étant associée aux initiatives internationales relatives à la Corée, l'AAFC a aussi soutenu toutes les initiatives pour la paix en Corée en France (y compris en région) - par exemple du député Jean-Jacques Candelier, des églises bouddhistes, ou encore récemment le 19 août 2022 pour protester contre la reprise des manoeuvres militaires de grande ampleur entre les Etats-Unis et la République de Corée (Corée du Sud) au large de la péninsule coréenne.


Alors que la guerre fait à nouveau rage à l'est de l'Europe, la confrontation n'est pas une fatalité pour régler les différends internationaux : tous ensemble, nous devons continuer à agir pour qu'advienne une ère de paix et de solidarité entre les peuples, en Corée et dans le monde - faisant de l'amitié le ferment de nouvelles relations fraternelles entre les hommes et entre les nations.

Manifestation initiée par l'AAFC place de la Sorbonne, le 24 juin 2017, pour la paix et la réunification en Corée

Manifestation initiée par l'AAFC place de la Sorbonne, le 24 juin 2017, pour la paix et la réunification en Corée

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28 août 2022 7 28 /08 /août /2022 21:41

Alors que l'opinion publique française est alertée sur la situation terrible de Sébastien Raoult, jeune hacker français de 21 ans détenu au Maroc et menacé d'extradition vers les Etats-Unis, un citoyen britannique est menacé d'un sort similaire : Christopher Emms est actuellement détenu en Arable Saoudite, risquant une extradition vers les Etats-Unis après l'émission d'un mandat d'arrêt par le FBI. Pourtant, un Britannique ne devrait pas être soumis à une juridiction américaine pour des faits commis en dehors du territoire américain : le principe d'extraterritorialité est contraire aux règles de droit international. Les accusations à l'encontre de Christopher Emms sont par ailleurs absurdes : pour avoir participé à une conférence internationale sur la blockchain en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en avril 2019, il deviendrait soudainement co-organisateur de cette conférence selon la justice américaine - et à ce titre coupable de complot pour avoir tenté de soustraire la RPD de Corée aux sanctions internationales. Christopher Emms encourt vingt ans de prison aux Etats-Unis. L'Association d'amitié franco-coréenne se joint aux défenseurs de l'informaticien britannique, qui rejette catégoriquement les accusations à son encontre, pour qu'il puisse enfin bénéficier de la protection consulaire des autorités britanniques en étant rapatrié au Royaume-Uni, et que dans son pays il puisse se défendre librement d'accusations dont tout indique qu'elles sont infondées.

Justice et liberté pour Christopher Emms !

Les poursuites contre Christopher Emms - ainsi que l'Espagnol Alejandro Cao de Benos - s'inscrivent dans le prolongement de la condamnation du développeur d'Ethereum, Virgil Griffith, à 63 mois de prison par la justice américaine. Tous les trois avaient participé à une conférence sur la blockchain, organisée en 2019 à Pyongyang par Alejandro Cao de Benos. Après avoir défendu n'avoir apporté aucune information sensible de nature à permettre aux Nord-Coréens d'échapper aux sanctions internationales, Virgil Griffith avait finalement plaidé coupable à la suite d'un placement en détention provisoire - ce qui lui avait permis de réduire la très lourde peine à laquelle il était exposé (jusqu'à 20 ans de prison). Après sa condamnation, Christopher Emms et Alejandro Cao de Benos sont poursuivis pour complicité en ayant prétendument aidé les Nord-Coréens à utiliser les crypto-monnaies pour contourner les sanctions internationales. Ni l'un ni l'autre ne sont pourtant américains et les faits incriminés n'ont pas été commis aux Etats-Unis. L'affaire Julian Assange a apparemment donné des ailes aux procureurs américains pour faire appliquer la loi américaine partout dans le monde, en méconnaissance du principe de souveraineté des Etats.

 

Comme l'a souligné Christopher Emms, non seulement il n'était pas impliqué dans l'organisation de la conférence à Pyongyang, mais la description qu'il en donne peut difficilement laisser penser qu'une quelconque information utile ait pu être apportée aux Nord-Coréens : 

Nous n'avons reçu aucune préparation, on nous a donné un tas de merde, des copiés-collés de Google qui nous ont été donnés par [Cao de Benós] avec différents sujets de discussion, des trucs de haut niveau comme “Blockchain et technologie” et “Blockchain et la paix.”

Blockworks

De la description qu'il donne de son voyage (payant) en RPD de Corée, Christopher Emms ne peut vraiment pas être décrit comme un défenseur à quelque titre que ce soit du régime nord-coréen. Pourtant, à en croire le FBI, il aurait permis aux Nord-Coréens d'acquérir des connaissances pour échapper aux sanctions frappant la RPDC... 

 

Non seulement Christopher Emms est détenu en Arabie Saoudite, dans un état de pression psychologique intense, mais ses comptes bancaires ont été bloqués par décision de la justice américaine et il en est réduit à emprunter de l'argent à sa famille et ses amis.

 

Malgré l'engagement courageux en sa faveur du député britannique conservateur Crispin Blunt, les autorités londoniennes ont manifestement abandonné l'un de leurs ressortissants.  Tout ce qu'il demande est de pouvoir retourner au Royaume-Uni et se défendre :

Emms maintient qu'il est innocent, mais même s'il ne l'était pas, il considère qu'il a le droit de “rentrer à la maison et de traiter avec le système judiciaire britannique, ce qui n'est pas, je pense, une énorme chose à demander, même aux Américains”

Coingeek

Les poursuites contre Christopher Emms s'inscrivent plus largement dans un mouvement inquiétant de criminalisation des activités liées aux crypto-monnaies, ainsi que de mise en oeuvre d'un délit d'opinion - ce dont a également souffert le président de l'AAFC : au fond, la principale critique contre Christopher Emms n'est-elle pas d'avoir dénoncé comme particulièrement injustice la gestion par les autorités américaines du système monétaire global ? Les fondateurs des crypto-monnaies ont rêvé d'un monde meilleur en instituant un système monétaire qui puisse échapper aux Etats ; aujourd'hui, l'appareil répressif des Etats cherche à étouffer leurs voix indépendantes et libres.

 

Sources :

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4 novembre 2018 7 04 /11 /novembre /2018 18:39

De longue date l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) s'est engagée pour la démocratisation de l'armée sud-coréenne et le recul du militarisme en Corée du Sud, y compris pour les droits des objecteurs de conscience - alors qu'au moins 20 000 jeunes hommes sud-coréens ont été emprisonnés depuis sept décennies parce qu'ils refusaient d'accomplir le service militaire, en l'absence de toute forme alternative de service civil. Coup sur coup, dans un contexte de réchauffement des relations inter-coréennes, deux décisions importantes ont été prises : le 28 juin 2018, la Cour constitutionnelle a enjoint les autorités sud-coréennes d'introduire un service civil alternatif d'ici le 31 décembre 2019 ; le 1er novembre 2018, la Cour suprême a reconnu l'objection de conscience en se prononçant contre la peine d'emprisonnement d'un objecteur qui est Témoin de Jéhovah. L'AAFC salue ces progrès majeurs, qui sont aussi le fruit de la mobilisation internationale - et notamment de la médiatisation de cas célèbres, comme celui de Lee Yeda, premier objecteur de conscience sud-coréen à avoir obtenu l'asile politique à ce titre dans le monde - en l'occurrence en France. Mais le combat ne s'arrête pas aujourd'hui, compte tenu des lourdes interrogations sur les formes alternatives de service civil, des limites posées par la Cour suprême dans sa décision du 1er novembre 2018, ainsi que des discriminations persistantes à l'égard des objecteurs de conscience. Nous reproduisons ci-après un article publié sur le site du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud (CILD) le 3 novembre 2018, faisant le point sur la portée et les limites des récentes décisions prises par la Cour constitutionnelle et la Cour suprême de la République de Corée. 

La Cour suprême de la République de Corée

La Cour suprême de la République de Corée

Dans une décision rendue le 1er novembre 2018, une majorité des juges de la Cour suprême (huit sur treize) de la République de Corée a reconnu non coupable un objecteur de conscience, témoin de Jéhovah, au titre de son refus d'effectuer le service militaire. Le Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud (CILD) salue une décision majeure, tout en appelant à la vigilance sur sa portée, puisque la Cour suprême a limité sa jurisprudence aux cas où l'objection de conscience est "ferme, solide et réelle".

Avec près de 20 000 objecteurs de conscience emprisonnés depuis 1950, et 930 cas pendants devant les tribunaux, s'agissant des seuls témoins de Jéhovah pour lesquels des statistiques consolidées sont disponibles, la République de Corée enregistre le triste record d'être le pays au monde emprisonnant le plus grand nombre d'objecteurs de conscience. Le refus de reconnaître l'objection de conscience était régulièrement dénoncé par les organisations de défense des droits de l'homme comme contraire aux libertés fondamentales et aux engagements internationaux de la République de Corée, dont les autorités donnaient une interprétation infondée juridiquement de sa situation d'Etat techniquement en état de guerre (faute d'accord d'armistice signé entre les deux Corée, depuis la fin des combats de la guerre de Corée le 27 juillet 1953). Des objecteurs de conscience avaient ainsi obtenu le statut de réfugié politique dans le monde - et pour la première fois en France avec Lee Yeda.

Le 28 juin 2018, la Cour constitutionnelle - qui avait longtemps, contre toute évidence juridique, cherché à justifier sur la base de la Constitution le refus de toute forme d'objection de conscience - avait déjà opéré un revirement de jurisprudence, en déclarant anticonstitutionnelle l'absence de formes alternatives de service civil au service militaire, et en enjoignant au gouvernement de changer la loi d'ici le 31 décembre 2019. Le CILD avait salué cette décision, tout en en soulignant les limites - concernant les incertitudes sur la durée et la forme que revêtirait le nouveau service civil alternatif, l'absence de décriminalisation de l'insoumission (mais aussi, avaient relevé de nombreux juristes, de l'objection de conscience en soi), le maintien des formes de répression contre les objecteurs de conscience avant le changement de la législation et l'absence de politique de lutte contre les discriminations, très fortement ancrées socialement, à l'encontre des hommes n'accomplissant pas leur service militaire, et qui pourraient continuer à être traités comme des criminels par leurs potentiels employeurs. Un témoignage des discriminations est apporté par l'acharnement du système judiciaire sud-coréen à l'encontre du chanteur et acteur Yoo Seung-jun, interdit d'entrée en République de Corée car accusé d'avoir pris la nationalité américaine pour ne pas effectuer son service militaire. Si la décision rendue par  la Cour suprême décriminalise clairement l'objection de conscience (contrairement à la Cour constitutionnelle le 28 juin 2018), elle ne lève aucune des incertitudes et des inquiétudes mises en exergue par le CILD.

Sous ces réserves, la Cour suprême va changer la vie du requérant, Oh Seung-heon, 34 ans, marié et père de famille de deux enfants, qui avait été condamné à 18 mois de prison en juillet 2013 pour la Cour du district de Changwon pour son refus de porter les armes, et donc d'accomplir le service militaire, pour des raisons religieuses, comme d'ailleurs son père et son frère cadet, également témoins de Jéhovah. Une brochure d'Amnesty International Corée sur l'objection de conscience soulignait que les témoins de Jéhovah considèrent qu'ils naissent criminels au regard de la loi sud-coréenne.

La Cour suprême a formulé les observations suivantes à l'appui de sa décision, en mentionnant la liberté de conscience au titre des droits fondamentaux, ainsi que les valeurs démocratiques :

Obliger les objecteurs de conscience à accomplir leur service militaire en imposant des sanctions telles que des poursuites criminelles constituent une atteinte à leurs droits fondamentaux, notamment la liberté de conscience. Obliger uniformément à l'accomplissement de leurs obligations militaires et recourir à des poursuites pénales criminelles pour les sanctionner ceux qui ne satisfont pas à leur devoir [militaire] est également contraire à l'esprit de la démocratie libérale, à l'esprit de tolérance et de magnanimité. L'opinion de la majorité [des juges] est que le refus de servir militairement suivant de vrais motifs de conscience constitue l'une des raisons légitimes que la loi sur le service militaire énonce comme exception à l'application de poursuites.

Si la décision rendue est exceptionnelle, elle est toutefois limitée par des considérants selon laquelle l'objection de conscience doit être "ferme, solide et réelle", et les juges ayant émis une opinion dissidente se sont engouffrés dans la brèche en parlant de l'impossibilité selon eux d'apprécier la sincérité de l'objection de conscience. En d'autres termes, même pour le cas pourtant patent des témoins de Jéhovah, rien ne garantit que le droit à l'objection de conscience sera à nouveau reconnu, et qu'en sera-t-il des autres motifs d'objection de conscience, notamment pacifistes et anti-militaristes ? des personnes ayant changé de religion plus ou moins récemment ? du cas des conscrits (notamment issus de minorités sexuelles) victimes d'abus encore très rarement reconnus et punis ? des militants politiques refusant de porter les armes contre le Nord, dans un pays où le service militaire sert la propagande et le bourrage de crâne anti-Corée du Nord - ceux-ci étant des insoumis au sens juridique, mais pas des objecteurs de conscience ? Si la Cour suprême a assurément pris une décision qui va dans le bon sens, il serait naïf de croire que le combat juridique et politique est gagné d'avance, dans une société sud-coréenne où le militarisme reste omniprésent.

Le jour même où la Cour suprême rendait sa décision tombait le cas du footballeur Jang Hyun-soo, banni à vie de l'équipe nationale pour s'être soustrait à ses obligations militaires - car avoir été exempté du service militaire en raison de ses performances sportives ne vous exonère pas d'accomplir des périodes militaires. Et le plus triste dans l'affaire Jang Hyun-soo est sans doute le plaider coupable et les excuses présentées par l'intéressé, confirmant - si besoin était - qu'être soldat et/ou accomplir ses obligations militaires constitue toujours un devoir sacré pour la majorité de l'opinion publique sud-coréenne.

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6 octobre 2018 6 06 /10 /octobre /2018 21:32

A plusieurs reprises, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a dénoncé les atteintes aux droits des Coréens qui résident au Japon et protesté auprès des autorités japonaises sur la répression contre l'Association générale des résidents coréens au Japon (Chongryon). En particulier, les Coréens du Japon continuent de lutter pour que leurs écoles (qui offrent un cursus complet d'études en coréen, jusqu'à l'université) ne soient plus exclus du champ des avantages fiscaux dont bénéficient les autres établissements d'enseignement de l'archipel : la lutte pour l'égalité des droits implique de mener la solidarité à l'échelle internationale. Afin d'éclairer les termes de ce combat pour les droits humains, l'AAFC présente et analyse le dernier rapport périodique, consacré au Japon, du Comité de l'ONU pour l'élimination de la discrimination raciale (acronyme anglais : CERD), adopté lors de sa soixante-neuvième session (en août 2018).

Rassemblement organisé par les Coréens du Japon en 2018, pour célèbrer l'anniversaire du soulèvement du 1er mars 1919 contre la colonisation japonaise

Rassemblement organisé par les Coréens du Japon en 2018, pour célèbrer l'anniversaire du soulèvement du 1er mars 1919 contre la colonisation japonaise

Composé de 18 experts indépendants, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale est chargé de la surveillance de l’application de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Fondé en 1969, le CERD examine les rapports que doivent présenter les Etats parties à la Convention tous les deux ans. 

Lors du dernier examen périodique de la situation au Japon, en août 2018, sur la base du rapport présenté par les autorités nippones, le CERD (dans les paragraphes 21 et 22 de sa recommandation) a rappelé ses recommandations de 2004 pour mettre fin aux discriminations à l'encontre des Coréens vivant au Japon (qui vivent dans l'archipel "depuis de nombreuses générations"), en demandant notamment qu'ils bénéficient du droit de vote aux élections locales et qu'ils puissent accéder à la fonction publique nationale :

Rappelant sa recommandation générale n° 30 (2004) sur les discriminations contre les non-citoyens, le Comité recommande que l'Etat partie assure aux Coréens qui vivent au Japon depuis de nombreuses générations se voient accorder le droit de vote aux élections locales, et de servir comme fonctionnaires publics nationaux pouvant également exercer l'autorité publiques ou participer au processus de décision.

Rapport du CERD : CERD/C/JPN/CO/10-11

Réitérant ensuite sa recommandation déjà formulée lors du précédent examen périodique de la situation au Japon, le Comité des Nations unies souligne ensuite que l'exclusion des écoles coréennes du dispositif de subventions scolaires pour les établissements secondaires porte atteinte au principe d'égalité d'accès à l'éducation (l'AAFC rappelle que - tous niveaux d'enseignements confondus - la Chongryon gère 65 établissements fréquentés par des dizaines de milliers d'élèves) :

Le Comité réitère sa précédente recommandation (CERD/C/JPN/CO/7-9, paragraphe 19) que l'Etat partie assure aux "écoles coréennes" de ne pas être discriminée dans le financement par le Fonds de Soutien à l'Education aux Lycées, afin d'assurer aux étudiants coréens les mêmes possibilités d'éducation, sans discrimination.

Rapport du CERD : CERD/C/JPN/CO/10-11

Enfin, le Comité rappelle que les autorités japonaises doivent prendre des mesures spécifiques pour protéger les femmes et les enfants coréens contre de multiples formes de discrimination, et notamment un discours haineux :

Le Comité recommande que l'Etat partie fasse des efforts pour assurer une protection aux femmes et aux enfants coréens contre de multiples formes de discrimination et les discours de haine.

Rapport du CERD : CERD/C/JPN/CO/10-11

Les discriminations basées sur l'origine sont particulièrement fortes vis-à-vis des femmes. Elles sont aussi le fait de groupes d'extrême-droite qui ciblent les enfants mineurs (notamment les primo-apprenant de la langue coréenne) afin de les effrayer, créer des sentiments d'anxiété et les dissuader de fréquenter les écoles coréennes. Le discours de haine ("hate speech") méconnaît les obligations internationales du Japon de réprimer les discriminations fondées sur la nationalité et le genre.

Manifestation de haine raciale au Japon

Manifestation de haine raciale au Japon

Dans son rapport, le Comité de l'ONU pour l'élimination de la discrimination raciale mentionne d'autres groupes victimes de discriminations : les Aïnous, les habitants de Ryukyu/Okinawa, les burakumin (descendants des castes de parias ouvertement discriminés à l'époque féodale), les musulmans, les femmes victimes de discriminations et de violence, les "femmes de réconfort" (anciennes esclaves sexuelles de l'armée japonaise avant et pendant la Seconde guerre mondiale), les non-citoyens, les migrants, les demandeurs d'asile et les victimes du trafic des êtres humains.

Le paragraphe 47 de la recommandation du CERD attend des autorités japonaises des réponses plus particulièrement sur les observations formulées dans ses paragraphes 14 (mise en place d'un dispositif plus effectif de lutte contre les discriminations, en amendant la loi sur l'élimination des discours de haine), 22 (recommandations relatives aux Coréens du Japon) et 34 (fin des discriminations contre les non-citoyens et les résidents étrangers - ce qui inclut les Coréens du Japon - y compris l'accès aux retraites et aux pensions d'invalidité, la mise en place d'une législation contre les discriminations dans les lieux publics contre les personnes étrangères ou d'apparence étrangère et d'envisager la ratification de la convention de 1954 sur le statut des personnes sans Etat et de la convention de 1961 pour réduire le nombre de cas des personnes sans Etat).

Ce programme pour l'égalité des droits doit être une préoccupation, qui nécessité également de favoriser l'évolution des mentalités dans la société japonaise.

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23 novembre 2016 3 23 /11 /novembre /2016 20:17

En décembre 2017 doit se tenir la prochaine élection présidentielle en République de Corée (Corée du Sud). Mais ce calendrier pourrait se trouver accéléré, alors que les Sud-Coréens manifestent depuis des semaines par centaines de milliers pour obtenir la démission de la Présidente Park Geun-hye, embourbé dans le scandale Choi Soon-sil qui a révélé son incompétence : dans ce contexte, les conservateurs au pouvoir à Séoul accélèrent le rythme pour réaliser leur programme de répression politique et antisyndicale, et renforcer l'alignement de Séoul sur l'axe Washington-Tokyo. Plus que jamais, il faut les empêcher de mettre en oeuvre une politique discréditée dans l'opinion : tel est le sens, notamment, de la manifestation à Paris le 26 novembre 2016, à 15h place du Trocadéro, pour le départ de Mme Park Geun-hye, à laquelle l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) appelle à participer.

Une manifestante coréenne le 23 novembre, contre l'accord nippo-sud-coréen en matière de renseignement

Une manifestante coréenne le 23 novembre, contre l'accord nippo-sud-coréen en matière de renseignement

Cela fait quatre ans que l'accord nippo - sud-coréen, de partage d'information en matière de renseignement, était bloqué en Corée du Sud : sentant le risque que cet accord impopulaire ne soit jamais mis en oeuvre après leur départ du pouvoir désormais exigé par une écrasante majorité de Sud-Coréens, les conservateurs qui tiennent encore le haut du pavé à Séoul ont engagé une manoeuvre pour une entrée en vigueur immédiate, le 23 novembre 2016, en prétextant - une fois encore - la menace nord-coréenne. Il n'y a pourtant eu aucune initiative nord-coréenne récente de nature à juger cet empressement... sinon le besoin de Mme Park Geun-hye et de ses affidés de lier les mains de leurs successeurs, comme pour le déploiement en Corée du système de missiles antibalistique THAAD, sans l'accord du Parlement et malgré l'opposition d'une majorité de citoyens. Tel est le sens de la démocratie pour Mme Park Geun-hye, qui trouve opportunément des alliés pour cautionner sa démarche autoritaire dans les dirigeants français, François Hollande en tête. La Corée du Sud de Mme Park accomplit parfaitement son rôle de supplétif des Etats-Unis.

Cette marche à la guerre, par le renforcement des systèmes d'alliances militaires, est indissociable des atteintes grandissantes aux libertés publiques en Corée du Sud, que le bellicisme permet de justifier. Un des symboles de cette dérive autoritaire est la condamnation à cinq ans de prison du syndicaliste Han Sang-gyun, suivant une décision qui a soulevé un tollé international tant elle constitue une atteinte inacceptable à la liberté d'expression et à la liberté de manifestation. Alors que le procureur exige l'alourdissement de cette peine à huit ans en appel (le jugement sera rendu le 13 décembre prochain), l'AAFC appelle toutes et tous à signer la pétition en ligne pour la libération de Han Sang-gyun et assurer le respect des droits des travailleurs en Corée du Sud. Cette pétition, disponible en plusieurs lignes sur le site change.org, a été initiée par le Réseau européen pour une Corée progressiste (basé en Allemagne) et est adressée au juge Shim Dam.

Sources :

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11 juin 2016 6 11 /06 /juin /2016 19:18

Le 26 février 2016, la base navale de Jeju a été officiellement inaugurée, entraînant des dommages irréversibles pour l'environnement, malgré l'opposition des habitants de l'île, dont le combat a été largement relayé dans le monde - y compris par l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC). Mais de nouveaux combats sont à mener ; un projet d'aéroport géant serait un nouveau drame environnemental pour l'île, tandis que des poursuites judiciaires ont été engagées à l'encontre des opposants à la base. L'AAFC s'élève avec force contre ce procès indigne, dont le seul but est de briser les vies de tous ceux qui se sont opposés à la base navale en les ruinant financièrement. Le procédé apporte la preuve que les autorités réactionnaires sud-coréennes sont prêtes à tout pour étouffer toute voix dissidente. L'AAFC appelle tous les défenseurs des libertés publiques à s'opposer à la dérive autoritaire en Corée du Sud en étant solidaires des victimes de l'arbitraire du régime Park Geun-hye.

Les rochers Gureombi

Les rochers Gureombi

C'est la marine sud-coréenne qui a pris l'initiative d'intenter un procès en droit civil à l'encontre de 116 personnes qui se sont opposées à la construction de la base militaire sur l'île de Jeju, ainsi que contre 5 associations ou groupes civiques (dont l'association du village de Gangjeong, sur le territoire duquel la base a été construite). Il s'agit d'une demande de compensation au titre des retards pris sur le chantier, à hauteur de 3 millions de dollars. Elle fait suite à la décision du groupe Samsung d'engager des poursuites contre les autorités sud-coréennes en raison des retards de chantier, du fait de l'opposition à la construction de la base. 

Exiger de telles sommes revient à ruiner les habitants de Gangjeong et les opposants à la base. Il s'agit d'un procédé hélas habituel du patronat sud-coréen contre les syndicalistes et tous ceux qui, selon eux, entravent le processus de production. Le fait que ce soit le gouvernement sud-coréen qui prenne l'initiative d'un procès en dit long sur sa volonté d'éliminer les voix discordantes et de se venger de ses opposants.

En signe de protestation, la mairie de Gangjeong a décidé d'installer l'hôtel de ville sous une tente.

En signe de protestation, la mairie de Gangjeong a décidé d'installer l'hôtel de ville sous une tente.

Vétéran de l'armée américaine, réserviste, ayant servi pendant 16 ans comme diplomate au Département d'Etat, avant de démissionner de la fonction publique en mars 2003 par refus de la guerre en Irak, Ann Wright a rendu compte du combat pour la paix et la défense de l'environnement, notamment dans un article pour le site Consortiumnews où elle souligne la colère des habitants de Gangjeong en citant leurs avocats :

(Le procès) est une déclaration de guerre injustifiée contre le peuple (...) Condamner cette action [l'opposition à la construction de la base] comme illégalesape les fondements de la démocratie.

Plus que jamais, soyons solidaires de la lutte des habitants de Jeju, et des opposants à la base navale !

Source :

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