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27 avril 2024 6 27 /04 /avril /2024 10:54

Le 26 avril 2024, le test d'un lance-roquette multiples par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) est intervenu alors que s'achevaient deux semaines de manoeuvres militaires américano-sud-coréennes. Ces exercices militaires s'inscrivent de part et d'autre dans une logique d'escalade des tensions aux conséquences dangereuses pour la paix. Plus que jamais, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) appelle à la reprise du dialogue pour prévenir tout risque de conflit dans l'une des zones les plus militarisées de la planète. 

A gauche, décollage d'un avion de chasse sud-coréen dans le cadre d'exercices conjoints avec les Etats-Unis le 23 février 2024. A droite, tir de lance-roquettes multiples par la Corée du Nord le 26 avril 2024.A gauche, décollage d'un avion de chasse sud-coréen dans le cadre d'exercices conjoints avec les Etats-Unis le 23 février 2024. A droite, tir de lance-roquettes multiples par la Corée du Nord le 26 avril 2024.

A gauche, décollage d'un avion de chasse sud-coréen dans le cadre d'exercices conjoints avec les Etats-Unis le 23 février 2024. A droite, tir de lance-roquettes multiples par la Corée du Nord le 26 avril 2024.

Loin, très loin des théâtres d'opérations de l'Ukraine et de Gaza la montée des tensions autour de la péninsule coréenne ne soulève qu'un intérêt des plus limités dans les opinions publiques française et européenne. Pourtant, le risque d'affrontements localisés meurtriers, comme en 2010 en mer de l'Ouest, est réel. La rupture des canaux de dialogue entre les deux parties accroît la probabilité d'une situation d'incompréhension réciproque dans une logique d'escalade où chacun pourrait croire à la nécessité d'une action préventive pour ne pas être frappé le premier. Les exercices militaires, que tous justifient par une volonté d'empêcher une attaque ennemie, ne font qu'amplifier ce danger, pouvant se traduire par un engrenage fatal. 

Le 4 mars 2024, Américains et Sud-Coréens avaient lancé les exercices "Bouclier de la Liberté". Si les états-majors des deux alliés ne donnent jamais un luxe de détails sur l'étendue de leurs manoeuvres conjointes, menées désormais plusieurs fois par an, ils ont néanmoins indiqué que deux fois plus de soldats  avaient été impliqués que lors des exercices portant le même nom qui avaient été conduits en 2023

Puis Washington et Séoul ont mené des manoeuvres aériennes conjointes entre le 12 et le 26 avril sur la base de Kunsan, en République de Corée (Corée du Sud). Une centaine d'appareils ont participé à ces exercices de grande ampleur. En réponse, l'agence nord-coréenne KCNA a annoncé, le 23 avril, que le dirigeant Kim Jong-un avait "un exercice tactique combiné simulant une contre-attaque nucléaire impliquant des lanceurs de fusées multiples de très grande taille". Toujours selon KCNA, des projectiles dotées d'ogives nucléaires simulées auraient atteint leurs cibles, situées à une distance de 352 kilomètres. La Corée du Sud ont confirmé le lancement de missiles balistiques de courte portée.

Enfin, le 26 avril, la Corée du Nord a annoncé avoir expérimenté avec succès un nouveau lance-roquettes d'une technologie avancée, dont la production devrait ainsi s'accélérer. Plus tôt en avril, la RPDC avait déjà fait état du test d'un nouveau missile hypersonique à carburant solide de moyenne à longue portée.

Sources : 

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6 avril 2024 6 06 /04 /avril /2024 16:16

Les régimes de sanctions mis en place par le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) font chacun l'objet d'un suivi par un comités d'experts. Depuis son premier essai nucléaire en 2006, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) était soumise à des sanctions internationales qui ont été renforcées à plusieurs reprises, notamment en 2016 et en 2017. A l'occasion du renouvellement du mandat des experts chargés de la surveillance des sanctions internationales contre la RPDC, la Russie, membre permanent du CSNU, a imposé son veto, entraînant ainsi la fin des travaux du comité d'experts. La Russie a critiqué l'inefficacité selon elle du recours aux sanctions pour créer un dialogue qui permettrait d'améliorer la situation sécuritaire dans la péninsule coréenne. 

Vassili Nebenzia, représentant permanent de la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU

Vassili Nebenzia, représentant permanent de la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU

L'époque où un consensus international permettait d'imposer puis de renforcer les sanctions internationales contre la RPDC semble bel et bien révolue. Dans le nouveau contexte géopolitique né de l'offensive russe en Ukraine en février 2022, Pékin et plus encore Moscou tiennent Washington et leurs alliés comme les principaux responsables de la montée des tensions dans la péninsule coréenne, refusant à plusieurs reprises d'accroître un régime de sanctions - déjà sévère - pour sanctionner la poursuite par Pyongyang de son programme balistique. La Chine et plus encore la Russie étant mises en cause pour ne plus appliquer pleinement les sanctions internationales à l'encontre de la Corée du Nord, les puissances occidentales - à l'instar de la République de Corée (Corée du Sud) et de l'Ukraine - ont accusé Moscou, en imposant son veto, de chercher à dissimuler une coopération militaire majeure depuis une rencontre au sommet entre Vladimir Poutine et Kim Jong-un en septembre 2023, la livraison d'armes conventionnelles et de munitions à la Russie contrevenant au régime de sanctions mis en place par le CSNU. Les deux pays prennent toutefois soin de ne pas afficher publiquement des échanges dans le domaine militaire. 

Washington, Londres ou encore Paris relèvent que des obligations juridiques dont la connaissance n'est pas sanctionnée n'ont pas d'effectivité. Les Occidentaux n'ont pas indiqué s'ils souhaitaient mettre en place un dispositif de surveillance en dehors du cadre des Nations unies.

Moscou a bien évidemment une interprétation différente de l'usage de son droit de veto - alors que la Chine s'est pour sa part abstenue, n'allant pas jusqu'à émettre un vote contre. Le représentant russe auprès du CSNU, Vassili Nebenzia, a mis en avant les conséquences humanitaires des sanctions ainsi que la nécessité de réouvrir la voie d'un dialogue avec Pyongyang, en appelant ouvertement à une révision du régime des sanctions. Le veto russe est ainsi présenté comme la conséquence d'une absence sur ce point non seulement d'accord, mais même de dialogue, des Etats-Unis et de leurs alliés. Le ministère russe des affaires étrangères a observé, dans un communiqué, que les sanctions internationales n'avaient pas non plus permis de créer les conditions d'une diminution des tensions internationales autour de la Corée, en estimant qu'il fallait désormais recréer les conditions de la confiance entre les différentes parties impliquées. Selon le communiqué du ministère russe : 

Pendant de longues années, les mesures de restrictions internationales n'ont pas aidé à améliorer la situation sécuritaire dans la région. Au contraire, en l'absence de mécanismes permettant de réviser et alléger ces sanctions, cet instrument est un obstacle majeur au renforcement de la confiance et au maintien d'un dialogue politique.

Ce n'est pas la première fois que la Russie fait usage de son droit de veto pour mettre fin à la surveillance d'un régime de sanctions en bloquant le renouvellement du mandat des experts en charge de son suivi : elle avait  procédé de même en août 2023 pour le Mali, où elle était déjà accusée de ne pas appliquer les sanctions internationales. 

Que ce soit la Russie plutôt que la Chine qui oppose son veto est conforme à un recours traditionnellement beaucoup plus important de Moscou que de Pékin au droit de veto - la Chine n'en faisant le plus souvent usage que lorsque ses intérêts directs sont en jeu. Par ailleurs, la Russie est davantage ciblée par les sanctions internationales que la Chine depuis le début de la guerre russo-ukrainienne. Comme la RPDC, elle se considère ainsi visée par les puissances occidentales : Sergueï Narychkine, qui dirige l'agence russe de renseignement extérieur SVR, a récemment rencontré à Pyongyang Ri Chang-dae, ministre de la sécurité d'Etat. Selon l'agence de presse nord-coréenne KCNA, les deux hommes ont discuté de l'espionnage et des "complots de plus en plus nombreux" des forces qui leur sont hostiles. 

Si les sanctions internationales se sont fortement développées après la fin de la guerre froide comme outil à la disposition des Nations unies pour garantir la paix et la sécurité internationales sans recours à la force armée, le contexte d'une nouvelle guerre froide en montre les limites. Faute pour les régimes internationaux d'être limités dans le temps, et en l'absence désormais de consensus pour les modifier, il n'y a d'autre choix pour un pays comme la Russie que de recourir au veto pour exprimer qu'elle ne partage plus les positions qui l'avaient amenée, par le passé, à imposer puis à renforcer les sanctions internationales contre Pyongyang. Plus largement, la coopération au sein des organisations internationales, au premier rang desquelles les Nations unies, restera durablement bloquée tant que se manifestera pas une volonté de dialogue de toutes les parties impliquées. A défaut, le droit ne sera plus qu'une arme dans les relations internationales. 

Principale source :  

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10 janvier 2024 3 10 /01 /janvier /2024 17:13

L'agence officielle nord-coréenne KCNA a rapporté que Kim Jong-un avait visité des usines d'armement les 8 et 9 janvier 2024. Alors que l'escalade des tensions se poursuit dangereusement dans la péninsule coréenne, l'appréciation portée lors de ces visites par KCNA sur les autorités de la République de Corée (Corée du Sud) montre que les relations intercoréennes ont atteint l'un de leurs plus bas niveaux depuis des décennies - au point que certains analystes considèrent désormais que les deux Etats coréens seraient désormais ennemis. Qu'en est-il exactement ? 

Kim Jong-un visitant des usines d'armement

Kim Jong-un visitant des usines d'armement

A l'occasion d'une réunion du comité central du Parti du travail de Corée (PTC) qui s'est tenue en fin d'année 2023, Kim Jong-un a considéré que la rhétorique hostile de la Corée du Sud rendait à présent inapproprié - et relevant même d'une appréciation erronée - tout dialogue tendant à la réconciliation et à la réunification avec les actuelles autorités sud-coréennes : 

Je pense que c'est une erreur que nous ne devrions plus commettre que de considérer les personnes qui nous qualifient de 'pire ennemi' (...) comme quelqu'un avec qui chercher la réconciliation et l'unification.

Lors de la visite des usines d'armement des 8 et 9 janvier 2024, selon l'agence KCNA ce n'est pas tant la Corée du Sud qui est mise en cause comme "principal ennemi" que le "clan" qui la dirige, cette situation justifiant, toujours d'après KCNA, la priorité donnée aux efforts militaires pour faire face à "une posture de confrontation" : 

Prédisant que le clan de la République de Corée est notre principal ennemi, il a déclaré que la priorité de la RPDC dans ses relations avec l'État hostile qui connaît une forte fièvre d'accumulation d'armes tout en incitant à une posture de confrontation avec le premier est de renforcer les capacités militaires d'autodéfense et la dissuasion nucléaire en premier lieu.

Il est habituel que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) prétende être dans une posture d'autodéfense pour se tenir prête si les forces qu'elle qualifie d'hostiles déclenchaient une guerre, en excluant d'attaquer la première. A cet égard, la Corée du Nord à d'ailleurs récemment procédé à des tirs d'artillerie à munitions réelles près de la frontière maritime contestée, objet par le passé d'affrontements qui ont été meurtriers, en réaction aux manoeuvres conjointes des Etats-Unis et de leurs alliés.

En revanche, il est nouveau de déclarer que l'ennemi principal puisse se trouver à Séoul et pas à Washington. Si la Corée du Sud peut considérer le Nord comme son ennemi lorsque les conservateurs sont au pouvoir à la Maison bleue, le discours nord-coréen est traditionnellement de voir les Etats-Unis comme la principale menace pour Pyongyang - et la Corée du Sud comme un allié des Américains. Par des déclarations ciblées sur les autorités sud-coréennes, la sémantique a son importance : elle exclut toute perspective de dialogue ou d'échanges intercoréens sans modification de l'équipe dirigeante à Séoul - même si, par le passé, un changement de politique intercoréenne au Sud a pu s'opérer sous une même présidence. Sans surprise, les relations intercoréennes font malheureusement les frais de l'escalade des tensions qui dure depuis désormais près de deux ans. 

 

Sources : 

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19 décembre 2023 2 19 /12 /décembre /2023 13:06

Le 18 décembre 2023, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a procédé au nouveau lancement d'un missile balistique intercontinental (ICBM) Hwasong, dans un contexte de tensions militaires toujours élevées dans la péninsule coréenne, désormais marqué par des exercices militaires trilatéraux entre Washington, Tokyo et Séoul. Le précédent lancement d'un ICBM nord-coréen datait de juillet 2023. Ce nouveau tir intervient moins d'un mois après le lancement réussi par Pyongyang d'un satellite de reconnaissance militaire. 

La Corée du Nord a lancé un nouveau missile intercontinental

Comme en juillet 2023, le missile lancé par la RPDC est de la classe Hwasong-18 et il est susceptible d'atteindre les Etats-Unis en pouvant parcourir 15 000 km. Selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA, il a atteint une altitude maximale de 6 518,2 km et a parcouru 1 002,3 km avant de s'abîmer en mer de Corée orientale (mer du Japon). 

Les attitudes des différents protagonistes sont également habituelles : alors que la RPDC souligne - longuement - qu'il s'agit selon elle d'une mesure d'auto-défense face aux manoeuvres hostiles, visant à un changement de régime, des Etats-Unis et de leurs alliés (notamment le déploiement du sous-marin nucléaire Missouri), ces derniers insistent au contraire sur ce qu'ils qualifient de dangereuses provocations de Pyongyang, tout en exhortant la RPDC à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies qui lui interdisent de procéder à de tels tirs. Mais le soutien russe et chinois à Pyongyang rend totalement improbable l'adoption d'une nouvelle résolution. Tout au plus peut-on observer que les positions se figent et se raidissent : la dépêche de KCNA fustige les "gangsters militaires" de la République de Corée (Corée du Sud), tandis que la diplomatie chinoise a exprimé, au plus haut niveau, un soutien désormais sans ambiguïté à l'allié nord-coréen dans un environnement international traversé par des "turbulences". Dans un contexte de nouvelle guerre froide, Pyongyang renforce ses capacités de dissuasion nucléaire. 

Partisane constante de la paix en Corée et partout dans le monde, l'Association d'amitié franco-coréenne plaide une nouvelle fois pour le rétablissement du dialogue : il n'y pas de fatalité à l'escalade des tensions, lourde de menaces de guerre, si l'on veut éviter qu'un nouveau conflit meurtrier endeuille la Corée, dont les habitants ont déjà payé, il y a 70 ans, un trop lourd tribut aux affrontements entre grandes puissances. 

Sources : 

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22 novembre 2023 3 22 /11 /novembre /2023 11:04

La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé avoir réussi le lancement d'un satellite de reconnaissance militaire : selon KCNA, le 21 novembre 2023 le lanceur Cheollima-1 a décollé de la base de Sohae à 22h42 et le satellite Malligyeong-1 a été mis en orbite avec succès à 22h54, sous la supervision du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Les Etats-Unis et leurs alliés ont dénoncé un lancement effectué en violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.  

Le lancement opéré dans la soirée du 21 novembre 2023

Le lancement opéré dans la soirée du 21 novembre 2023

Présenté par Pyongyang comme relevant de son droit à l'auto-défense face aux manoeuvres militaires hostiles de ses ennemis, la mise en orbite du satellite militaire a été vivement dénoncée par les Etats-Unis, la République de Corée (Corée du Sud) et le Japon, car utilisant une technologie de missiles balistiques à laquelle les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies interdisent la RPDC de recourir. Le Japon avait été prévenu en amont par la RPDC du prochain lancement d'un satellite, ce qui avait entraîné un bref ordre de mise à l'abri des habitants de la région d'Okinawa lors de l'annonce du lancement. Séoul a annoncé la suspension partielle de l'accord intercoréen de septembre 2018, visant à réduire les tensions le long de la DMZ. L'arrivée au pouvoir à Séoul du conservateur Yoon Seok-yeol, en 2022, avait toutefois déjà entraîné, un rapprochement avec les Etats-Unis (conduisant à l'adoption de la déclaration de Washington) et le Japon, une profonde détérioration des relations Nord-Sud et l'interruption des lignes de communication entre les deux Etats coréens.

Deux précédentes tentatives de mise sur orbite d'un satellite militaire, en mai et en août 2023, avaient échoué, les fusées ayant explosé en vol. Si d'aucuns estiment que l'aide de la Russie aurait été décisive pour le récent lancement, une éventuelle coopération mise en place après la rencontre entre Vladimir Poutine et Kim Jong-un serait trop récente, comme l'a observé le professeur Jeffrey Lewis du Middlebury Institute, pour expliquer le succès (qui reste d'ailleurs à confirmer par Washington, Séoul et Tokyo) de la mise en orbite, pour la première fois, d'un satellite militaire.

En effet par le passé la RPDC avait déjà mis en orbite des satellites d'observation de la Terre, mais à des fins civiles, en 2012 et 2016, qui auraient ensuite cessé d'émettre. Les éléments alors recueillis par d'autres pays que la RPDC avaient conduit les experts à estimer le matériel basique, compte tenu de la faible résolution des images. Par ailleurs, une surveillance militaire efficace, comparable à celle de ses adversaires, suppose que la RPDC mette en orbite des dizaines de satellites. D'autres lancements sont ainsi attendus.

Dans le contexte de nouvelle guerre froide, il est improbable qu'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations unies renforce les sanctions contre la RPDC, compte tenu des vetos attendus de la Russie et de la Chine. Pyongyang a pris position pour la Russie dans la guerre en Ukraine, étant l'un des rares Etats à reconnaître les républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk, ensuite intégrées à la Russie à la suite de référendums non reconnus par la communauté internationale. De même, Pyongyang a accentué ses critiques contre Taïwan en soutenant la position de Pékin, tandis que le président sud-coréen a également établi un parallèle entre les situations à Taïwan et dans la péninsule coréenne. La Russie et la Chine ont ainsi dénoncé la responsabilité, selon elles, des Etats-Unis dans la montée des tensions autour de la péninsule coréenne pour s'opposer à de nouvelles mesures de sanctions contre la RPDC. 

Alors que malheureusement la perspective d'un dialogue vers la paix s'éloigne en Asie du Nord-Est, la nouvelle donne diplomatique a conduit, depuis 2022, à rendre caduque la perspective d'une normalisation des relations entre Washington et Pyongyang dans le cadre d'une dénucléarisation - qui constituaient l'objet des discussions depuis les années 1990, comme l'a observé l'officier et chercheur Rémy Hémez. Ce dernier formule également la proposition de discuter, à court terme, d'une réduction des risques, ce qui permettrait de réamorcer un dialogue et de prévenir la poursuite, de part et d'autre, d'une escalade lourde de risques : 

A court terme, une voie de négociation possible pourrait être de mettre en place des mesures de réduction des risques, qui contribuerait à l'avancée progressive vers une dénucléarisation de plus long terme. Dans le cas contraire, sans une approche repensée pour faire face à une Corée du Nord enhardie; la tendance à l'escalade risque de devenir la nouvelle normalité.

Sources :

- Rémy Hémez, "Péninsule coréenne : tensions nucléaires", in Thierry de Montbrial et Dominique David (sous la direction de), Ramsès 2024, Dunod, 2023, pp. 264-267 (dont citation). 

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24 octobre 2023 2 24 /10 /octobre /2023 09:20

Pour la première fois, le 22 octobre 2023, les Etats-Unis, le Japon et la République de Corée (Corée du Sud) ont mené conjointement des exercices militaires aériens dans les zones aériennes de défense japonaise et sud-coréenne, lesquelles se superposent. Par le passé, seules des manoeuvres aériennes bilatérales avaient été conduites entre deux des trois alliés, dans un contexte d'augmentation des dépenses militaires japonaises (dont la part dans la PIB devrait doubler) et de rapprochement entre Tokyo et Séoul face à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). 

Exercices militaires aériens Etats-Unis - Japon - Corée du Sud : une première

Après les manoeuvres maritimes conjointes en mars 2023, Washington, Tokyo et Séoul franchissent une nouvelle étape vers la constitution d'une alliance formelle. Citant la menace nord-coréenne, les trois pays avaient annoncé à Camp David, en août 2023, qu'ils mèneraient des exercices conjoints.

Des bombardiers stratégiques américains B-52 ont participé aux manoeuvres.

L'ONG sud-coréenne Solidarité pour la paix et la réunification de la Corée a dénoncé ces exercices, rappelant que le Japon avait colonisé la Corée (jusqu'en 1945) : 

Les exercices aériens trilatéraux sont un prélude à la participation des Forces d'autodéfense japonaises à des exercices dans la péninsule coréenne, permettant au Japon d'intervenir et de s'immiscer dans les affaires coréennes et de faire encourir le risque d'une réoccupation de la péninsule coréenne par ses forces.

A la suite de la déclaration de facto d’une défense collective trilatérale par les dirigeants de la Corée du Sud, des États-Unis et du Japon à Camp David, l’expansion et l’institutionnalisation des exercices aériens trilatéraux et des exercices trilatéraux accéléreront encore l’établissement d’une alliance trilatérale.

Fidèle à sa position constante pour la paix et la dénucléarisation de la Corée, l'Association d'amitié franco-coréenne regrette vivement que de telles initiatives éloignent toujours davantage la perspective d'un retour au dialogue dans la péninsule coréenne, alors que les conflits en Ukraine et à Gaza accroissent les risques de guerre dans d'autres parties du monde. 

Source : 

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6 septembre 2023 3 06 /09 /septembre /2023 17:56

Selon Washington, une rencontre devrait prochainement avoir lieu entre le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Si Moscou a refusé de confirmer ou d'infirmer cette annonce, un nouveau sommet entre les deux dirigeants nous semble effectivement probable. Plus que la date de la rencontre, ce qui importe est de resituer celle-ci dans le cadre des relations russo-nord-coréennes - alors que le précédent sommet Russie - République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a eu lieu en avril 2019 à Vladivostok et que la RPDC vient de rouvrir ses frontières

Rencontre entre Kim Jong-un et Vladimir Poutine le 25 avril 2019 à Vladivostok

Rencontre entre Kim Jong-un et Vladimir Poutine le 25 avril 2019 à Vladivostok

Un des rares avantages des guerres est qu'elles conduisent les services de renseignement à se focaliser sur l'adversaire, quitte d'ailleurs à négliger d'autres champs d'analyse : si la Corée du Nord reste un trou noir pour le renseignement occidental, en revanche le pouvoir russe est scruté avec attention. Dans ce contexte, c'est probablement par des informations provenant de Russie que la Maison Blanche a jugé être en mesure de pouvoir annoncer publiquement un futur sommet entre les dirigeants russe et nord-coréen. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, Adrienne Watson, porte-parole au Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, a accusé les deux pays d'être en discussions pour la livraison d'armes :  

Comme nous l'avons déjà dit, des négociations sur la fourniture d'armes entre la Russie et la Corée du Nord progressent activement.

La formulation reste toutefois prudente, en ne prétendant pas que des fournitures d'armes - qui contreviendraient aux sanctions internationales contre la RPDC - ont déjà eu lieu, même si de telles accusations ont déjà été formulées et démenties par les deux parties intéressées. De fait, dans le conflit en Ukraine, les deux Etats coréens souhaitent ne pas être directement impliqués

Par ailleurs, en ne réfutant pas la possibilité de manoeuvres conjointes avec la RPD de Corée, Sergueï Choïgou, ministre russe de la défense qui était présent à Pyongyang en juillet 2023 à l'occasion de la commémoration de l'armistice ayant mis fin aux combats de la guerre de Corée, semble surtout jouer avec les nerfs des Occidentaux, en laissant sous-entendre que la coopération militaire avec la RPDC pourrait prendre un tour nouveau : 

Nous en discutons avec tout le monde, y compris avec la Corée du Nord. Pourquoi pas? Ce sont nos voisins.

Si la Russie est l'un des deux voisins de la Corée du Nord, la Chine reste aujourd'hui - et de loin - son principal partenaire. Le resserrement des liens  politiques, économiques... - avec la Russie s'inscrit dans une volonté délibérée de Pyongyang de ne pas être dans un face-à-face avec Pékin, le nouveau contexte international résultant de la guerre en Ukraine ayant conduit à un resserrement des liens avec la Russie. Si les sanctions contre la RPDC n'ont pas ouvertement été dénoncées par la Chine et la Russie, il n'est pas (ou plus) dans l'intérêt de ces deux puissances de les voir s'appliquer, ni a fortiori de les renforcer malgré les nouvelles initiatives prises par Pyongyang en méconnaissance des précédentes résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU). Dans la confrontation américano-nord-coréenne, Pékin et Moscou sont à présent extrêmement critiques contre Washington, accusant les Etats-Unis d'être responsables de la montée des tensions autour de la péninsule coréenne. Disposant d'un droit de veto, ils bloquent l'imposition de nouvelles sanctions par le CSNU.

Au-delà des aspects stratégiques - qu'il faut relativiser s'agissant d'une possible coopération militaire opérationnelle, la RPDC étant très soucieuse de son autonomie - la nécessité de relancer les échanges apparait cruciale pour l'économie nord-coréenne qui a été durement éprouvée par la fermeture des frontières dans le contexte de la crise liée au Covid-19. Selon la Banque de Corée (du Sud), le PIB nord-coréen aurait reculé pendant trois années consécutives. Pyongyang aurait un intérêt direct à la fourniture d'énergie par la Russie, ainsi que de produits alimentaires, tandis que l'embargo occidental limite les débouchés des produits russes. Par ailleurs, des travailleurs nord-coréens demeurent à l'étranger - y compris en Russie - dans des secteurs comme le bois et le bâtiment, alors que la sous-exploitation de l'Extrême-Orient russe, faiblement peuplé, constitue un facteur de fragilité pour Moscou. 

Enfin, une éventuelle rencontre, tout en réaffirmant une solidarité anti-impérialiste contre les Etats-Unis, pourrait aussi être l'occasion de renouer des échanges culturels et sportifs entre les deux pays. 

Source principale :

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29 août 2023 2 29 /08 /août /2023 20:33

Le 27 juillet 2023, au 70e anniversaire de l’armistice en Corée, le Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée (APRCPRK) adressait une lettre ouverte au secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lui demandant de mettre fin à l'autorisation accordée aux États-Unis d'agir sous couvert des Nations Unies en Corée, notamment en utilisant le drapeau de l’ONU pendant les manœuvres militaires menées contre la Corée du Nord. Le 29 août 2023, l’APRCPRK a adressé une autre lettre ouverte au président du Groupe des 77 (G77), coalition formée en 1964 par 77 pays en développement pour promouvoir les intérêts économiques et politiques collectifs de ses membres et créer une capacité de négociation accrue aux Nations Unies. Par cette lettre, l’APRCPRK demande aux 134 pays que compte aujourd’hui le G77 de s’emparer de la question de l’utilisation abusive des symboles de l’ONU par les États-Unis en Corée, y compris en soumettant une proposition de résolution à l’Assemblée générale des Nations Unies.

L'AAFC publie ci dessous une traduction française de cette letttre.

 

29 août 2023

 

Son Excellence l’Ambassadeur Pedro Luis Pedroso Cuesta

Président du Groupe des 77

Immeuble du Secrétariat des Nations Unies, pièce S-0518

New York, N.Y. 10017,

U.S.A.

secretariat@g77.org

 

Cher Ambassadeur Pedroso,

 

The Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée (APRCPRK) demande que le Groupe des 77 propose à l’Assemblée générale des Nations Unies une résolution recommandant de retirer le pouvoir d’utiliser le drapeau et le logo des Nations Unies à l’unité militaire des États-Unis qui se fait appeler « Commandement des Nations Unies » (UNC) en République de Corée (RC).

 

Le 7 juillet 1950, la résolution 84 du Conseil de sécurité a autorisé les États-Unis, en tant que dirigeants d’un commandement unifié, à « utiliser le drapeau des Nations Unies au cours des opérations contre la Corée du Nord ».

 

Bien que les opérations militaires contre la Corée du Nord aient pris fin en juillet 1953, l’armée des États-Unis utilise toujours le drapeau et le logo des Nations Unies en Corée 70 ans plus tard en 2023. Cela crée une situation confuse, comme en témoigne ce communiqué de presse des Forces des États-Unis en Corée (USFK) :

 

Le CFC, l'USFK et l'UNC lancent Ulchi Freedom Shield

PA-001-22 / 23 août 2022

Garnison de l'armée des États-Unis, Humphreys, République de Corée -

Le Commandement des forces combinées (CFC), les Forces des États-Unis en Corée (USFK), le Commandement des Nations Unies (UNC) et les commandements subordonnés composant le CFC, ainsi que des renforts, des personnels civils et les représentants des pays des Nations Unies qui y participent, ont commencé l'exercice Ulchi Freedom Shield (UFS) le lundi 22 août 2022.

 

Avoir le drapeau et le logo des Nations Unies associés à Ulchi Freedom et d’autres exercices de guerre menés par les États-Unis en République de Corée dénature complètement les Nations Unies.

 

Ces exercices de guerre sont conduits par les Forces des États-Unis en Corée qui ont leur quartier général à Camp Humphreys, la plus grande base militaire des États-Unis outre-mer dans le monde. Camp Humphreys est aussi la base militaire des États-Unis la plus proche de Beijing et il est clair que les exercices sont dirigés non seulement contre un membre de l’Assemblée générale des Nations Unies – la République populaire démocratique de Corée (RPDC) – mais aussi contre un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, la Chine.

 

Le drapeau et le logo des Nations Unies ne devraient pas être associés à ces exercices car cela donne la fausse impression que les Nations Unies approuvent les manœuvres militaires d’un des belligérants de la Guerre de Corée à laquelle il n’a pas encore été mis fin. Cela entrave le potentiel des Nations Unies d’agir en tant qu'intermédiaire pour la paix dans la péninsule coréenne. Il est aussi clairement inapproprié que les Nations Unies soient vues comme conduisant des exercices militaires perçus comme menaçant des membres des Nations Unies elles-mêmes.

 

Même si on peut supposer que le Conseil de sécurité a commis une erreur en autorisant l’utilisation du drapeau des Nations Unies par le « commandement unifié », qui n’était pas une entité des Nations Unies, il est très clair que l'utilisation du drapeau des Nations Unies par l'armée des États-Unis en République de Corée n'est pas conforme aux règles du Code du drapeau des Nations Unies publié par le Secrétariat de l'ONU le 20 novembre 2020.

 

Pour ces raisons, nous demandons que :

 

(1)

un accord soit recherché lors de la réunion ministérielle du G77 prévue le 22 septembre pour que le G77 engage une action visant à annuler la résolution 84 du Conseil de sécurité du 7 juillet 1950, laquelle autorise les États-Unis, en tant que dirigeants d’un commandement unifié, à « utiliser le drapeau des Nations Unies au cours des opérations contre la Corée du Nord ».

 

(2)

une clause allant dans ce sens soit incluse dans la déclaration ministérielle du G77 de 2023 :

Les Ministres ont convenu que l'utilisation du drapeau et du logo des Nations Unies par le Commandement militaire des États-Unis en République de Corée (US Forces in Korea; USFK) est inapproprié. Cela donne l'impression que les Nations Unies sont impliquées dans, et soutiennent, les exercices militaires des États-Unis dans et autour de la péninsule coréenne, lesquels sont perçus par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la République populaire de Chine (RPC) comme provocateurs et menaçant la paix et la stabilité. De plus, l'utilisation du drapeau et du logo par une unité militaire des États-Unis d’Amérique n'est pas conforme au Code du drapeau des Nations Unies. En conséquence, une résolution devrait être présentée à l'Assemblée générale des Nations Unies recommandant que soit retirée l’autorisation d’utiliser le drapeau et le logo de l'ONU accordée à l’USFK, opérant sous l’auto-désignation de « Commandement des Nations Unies » (UNC) même s'il ne s'agit pas d'une entité des Nations Unies.

 

(3)

Les membres du G77 co-parrainent une proposition présentée en réunion plénière de l'Assemblée générale accompagnée d'un projet de résolution allant dans ce sens :

L'Assemblée générale

Reconnaissant que la clause 5 de la résolution 84 du Conseil de sécurité du 5 juillet 1950 autorise les États-Unis, en tant que dirigeants du commandement unifié, à utiliser le drapeau des Nations Unies à leur discrétion,

Notant que l'entité militaire située en République de Corée, laquelle a été baptisée « Commandement des Nations Unies » par les Forces des États-Unis en Corée (USFK), est une entité sous le contrôle de l’USFK et, en tant que telle, n’est pas et n’a jamais été une entité ou un organe sous le contrôle des Nations Unies,

Reconnaissant que l'utilisation du drapeau des Nations Unies par le soi-disant « Commandement des Nations Unies » en République de Corée contrevient aux règles du Code du drapeau des Nations Unies du Secrétariat de l’ONU du 20 novembre 2020,

(1) Recommande que la clause 5 de la résolution 84 du Conseil de sécurité du 5 juillet 1950 soit annulée.

 

Vous en remerciant par avance,

 

Respectueusement,

 

Pour le Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée

 

Co-présidents

M. Madhav Kumar Nepal, ancien Premier ministre du Népal, président du Comité pour la promotion de la réunification de la Corée, gamknepal@gmail.com

Dr. Doğu Perinçek, président du Parti patriote, Turquie, international@vatanpartisi.org.tr

Rashed Khan Menon, président du comité central du Parti des travailleurs du Bangladesh, arkhan@bangla.net

M. Atul Kumar Anjan, président de l’Association d’amitié panindo-coréenne, atulanjaan@gmail.com

M. Rafael V. Mariano, président de la Société d’amitié et de solidarité Philippines-Corée, kapaeng_mariano@yahoo.com

M. Neil Fitzgerald, président national de la Société pour la culture et l’amitié Australie-RPDC, bequanaland@gmail.com

Secrétariat

Directeur

M. Raymond Ferguson, secrétaire général de la Société pour la culture et l’amitié Australie-RPDC, ray.ferguson@tisgroup.com.au

Secrétaires adjoints

Mme Marisa Dumanjug, secrétaire générale de la Société d’amitié et de solidarité Philippines-Corée, norbin2008@gmail.com

M. Javed Ansari, président du Comité pour la solidarité et l’amitié Pakistan-Corée, ansarijaved1@yahoo.com

M. Hakki Ergincan, président de l’Association d’amitié Turquie-Corée, heergincan@gmail.com

Bureau d’information publique

Directeur

M. Teguh Santosa, président de l’Association pour les échanges culturels et l’amitié Indonésie-Corée, teguh_timur@yahoo.com

Membres exécutifs

M. Phanidra Raj Pant, secrétaire général de l’Association d’amitié Népal-Corée, prpanta@yahoo.com

M. Peter Wilson, secrétaire de la Société Nouvelle-Zélande-RPDC, nzdprksociety@gmail.com

Membre à vie

Dr. Tim Beal, président de la Société Nouvelle-Zélande-RPDC, tim@timbeal.net.nz
 

Note

En accompagnement de cette lettre, veuillez trouver:

(1) Copie de la lettre adressée par l’APRCPRK à Son Excellence Monsieur António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, demandant que les Nations Unies révoquent la permission d’utiliser le drapeau des Nations Unies accordée aux États-Unis d’Amérique en tant que dirigeants du commandement unifié en Corée

(2) Copie de la lettre adressée par l’Association internationale des juristes démocrates à Son Excellence Monsieur António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, mettant en évidence la violation du Code du drapeau des Nations Unies par le soi-disant « Commandement des Nations Unies » (« UNC »), lequel n’est pas une entité de l’ONU sous le contrôle des Nations Unies, en Corée du Sud et au Japon

Lettre du Comité régional Asie-Pacifique pour la réunification pacifique de la Corée (en anglais)

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24 août 2023 4 24 /08 /août /2023 07:32

Après une première tentative infructueuse le 31 mai 2023, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a échoué une seconde fois, le 24 août 2023, à lancer un satellite de reconnaissance militaire Malligyong-1 par une fusée Chollima-1 depuis le site de Sohae. Alors qu'un nouveau lancement est d'ores et déjà annoncé en octobre après une analyse des causes du récent échec, cette initiative est intervenue à l'occasion des exercices militaires américano-sud-coréens Ulchi Freedom Shield, du 21 au 30 août 2023, qui associent d'autres puissances militaires (dont la France) et sont cette année d'une ampleur accrue. L'Association d'amitié franco-coréenne, fidèle à son engagement pour la paix et la dénucléarisation de toute la péninsule coréenne, rappelle que ces objectifs ne pourront in fine être atteints qu'en mettant fin à l'escalade des tensions. 

Logo de l'agence spatiale nord-coréenne NADA

Logo de l'agence spatiale nord-coréenne NADA

L'agence de presse nord-coréenne KCNA a indiqué que le lancement avait échoué en raison d'une erreur survenue durant le vol du troisième étage de la fusée : 

Le premier et le deuxième étages de la nouvelle fusée Chollima-1 ont volé normalement mais une faille du système d'autodestruction en cas d'urgence durant le vol du 3e étage a causé l'échec du lancement

Tout en précisant que les causes de cet échec seraient analysées, l'agence KCNA a estimé que cela ne révélait pas "de grandes difficultés" s'agissant de la fiabilité des moteurs de chaque étage.  

Dans le domaine spatial, les échecs constituent une étape classique pour progresser et préparer de succès futurs - les lancements successifs ayant échoué de fusées SpaceX le rappelant, par exemple, dans une période récente.

Les experts estiment que cette annonce - reconnaissant un échec, comme pour le précédent lancement ayant échoué fin mai - était intervenue rapidement s'agissant de la Corée du Nord. Selon nous, une telle hypothèse avait probablement été anticipée. KCNA n'a toutefois pas publié d'images associées au texte de sa dépêche. Pour sa part, le Comité des chefs d'état-major interarmées de la République de Corée (Corée du Sud) a précisé qu'il avait détecté le lancement effectué à 3h50 (heure locale).

Le lancement contrevient aux sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies, mais l'opposition entre la Russie et la Chine, d'une part, les Etats-Unis et leurs alliés, d'autre part, rend improbable l'adoption de nouvelles sanctions après cette initiative. Pyongyang estime les mesures prises à son encontre infondées au regard de son droit à garantir sa souveraineté. Par ailleurs, la RPDC ne cherche pas à dissocier ses programmes spatiaux et militaires - en partie liés, quel que soit le pays, la course à l'espace ayant ainsi connu des progrès particulièrement significatifs au paroxysme de la compétition américano-soviétique pendant la guerre froide.

Entendant agir en puissance responsable de la communauté internationale, la RPDC avait prévenu le Japon du lancement d'un tel satellite entre le 24 et le 31 août, en indiquant trois zones de risques maritimes situés en dehors de la zone économique exclusive (ZEE) du Japon. Compte tenu de l'échec du lancement, les débris du lanceur sont retombés en dehors de ces zones.

Sources : 

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20 août 2023 7 20 /08 /août /2023 16:55

A la veille des exercices de guerre Ulchi Freedom Shield, qui se dérouleront du 21 au 30 août 2023 en associant principalement des militaires américains et sud-coréens, des hackeurs qui seraient liés à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) sont accusés d'avoir lancé des attaques contre le personnel du centre de simulation de guerre de Séoul et Washington. Alors que Pyongyang dénonce les manoeuvres militaires américano-sud-coréennes comme des préparatifs d'invasion de son territoire, les accusations réciproques des différentes parties témoignent d'un climat de tensions toujours croissant dans la péninsule coréenne.  Pour l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), plus que jamais il est urgent d'oeuvrer pour la paix, le dialogue et la suspension des manoeuvres militaires afin de restaurer un climat de confiance propice à une nécessaire désescalade. 

Les exercices militaires prennent part dans un contexte de renforcement des alliances autour des Etats-Unis en Asie du nord-est. Sur cette image, manifestation de militants sud-coréens de Solidarity for Peace and Reunification of Korea, le 17 août 2023, contre le rapprochement militaire de Séoul et de Tokyo

Les exercices militaires prennent part dans un contexte de renforcement des alliances autour des Etats-Unis en Asie du nord-est. Sur cette image, manifestation de militants sud-coréens de Solidarity for Peace and Reunification of Korea, le 17 août 2023, contre le rapprochement militaire de Séoul et de Tokyo

L'édition été 2023 des manoeuvres Ulchi Freedom Guardian comporte un exercice de commandement basé sur des simulations informatiques ainsi que des exercices militaires et civils sur le terrain - au nombre d'une trentaine cette année (contre 13 en août 2022 et 25 pour l'exercice Freedom Shield du printemps 2023) - impliquant les différentes forces (air, terre, mer).  Elles sont présentées par Washington et Séoul comme défensives, face à la Corée du Nord. Comme en début d'année, la RPD de Corée pourrait réagir à ces manoeuvres en lançant un missile balistique intercontinental (ICBM). 

Outre la République de Corée (Corée du Sud) et les Etats-Unis, neuf autres pays doivent participer à Ulchi Freedom Guardian : l'Australie, le Canada, la France, la Grande-Bretagne, la Grèce, l'Italie, la Nouvelle-Zélande, les Philippines et la Thaïlande - tous membres du commandement des Nations unies en Corée, ce qui nourrit les accusations de la RPD de Corée contre le rôle selon elle non neutre des Nations unies (parallèlement aux critiques de personnalités sur l'utilisation du drapeau des Nations unies) - alors que la Commission de supervision des nations neutres est aussi associée aux exercices militaires. La participation française s'inscrit pour sa part dans un renforcement de l'alliance militaire entre Paris et Séoul, fortement critiqué par Pyongyang le 2 août 2023.

Même si ces manoeuvres militaires gagnent à nouveau en intensité, ce qui a retenu l'attention des médias internationaux cette année est surtout les accusations de piratage par la RPD de Corée d'adresses email de personnels sud-coréens du centre de simulation de guerre de Séoul et Washington. Les attaques, consistant en l'envoi de emails malveillants, ont été attribuées par la police sud-coréenne au groupe Kimsuky supposément lié à Pyongyang. Le choix des cibles et la date des attaques conduisent à incriminer la Corée du Nord, qui disposent de capacités offensives dans le domaine cybernétique.

En matière de cyberattaques, qui ne sont par ailleurs pas l'apanage des adversaires des Occidentaux, il est toujours difficile d'identifier de manière certaine les commanditaires, qui s'avèrent être des Etats dans la moitié des cas - lesquels ne revendiquent qu'exceptionnellement les actions menées : nous nous trouvons ici dans le domaine de la zone grise des conflits. Les pays des cibles visées ne réagissent généralement pas par des moyens conventionnels, en l'absence par ailleurs de régulation du cyberespace par le droit international public. Le déplacement des conflits traditionnels sur le terrain cyber traduit la diversification des modes d'affrontement - certes sur un mode non létal s'agissant des cyberattaques - mais s'inscrivant dans une logique de confrontation asymétrique aux effets d'entraînement tout aussi délétères quant aux risques d'escalade. 

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