Lors de la visite du président Kim Jong-un de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en Russie en septembre 2023, il avait été convenu que son homologue russe Vladimir Poutine se rendrait en RPDC au moment opportun. Cette visite, en tant que première étape d'un déplacement en Asie de l'Est qui a ensuite conduit le président russe au Vietnam, a eu lieu les 18 et 19 juin 2024. Elle a donné lieu à la signature d'un partenariat stratégique global entre les deux pays, traduisant la volonté partagée de rehausser le niveau des relations bilatérales dans tous les domaines - y compris sur les questions stratégiques.
Après la première visite de Vladimir Poutine en RPDC en 2000, les relations bilatérales avaient connu des hauts et des bas. Si la Russie - comme la Chine - s'étaient jointes aux puissances occidentales pour imposer des sanctions à l'encontre de la République populaire démocratique de Corée pour qu'elle cesse son programme nucléaire militaire, à la suite notamment du premier essai nucléaire nord-coréen le 9 octobre 2006, le déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022 et le contexte d'une nouvelle guerre froide ont conduit Moscou et Pékin à soutenir Pyongyang et à dénoncer Washington et ses alliés dans la montée des tensions autour de la péninsule coréenne.
Si la Chine reste le principal partenaire de la RPDC, cette dernière cherche à rééquilibrer ses relations avec ses deux grands voisins - pendant la guerre froide, elle gardait une certaine équidistance entre Pékin et Moscou pour préserver son indépendance. De fait, alors qu'elle est accusée par Kiev et les pays occidentaux d'être un des principaux fournisseurs d'armes à la Russie, la RPDC semble aujourd'hui plus proche politiquement de la Fédération de Russie - c'est d'ailleurs cette dernière, et non la Chine, qui a mis fin au mandat du comité d'experts des Nations unies sur les sanctions à son encontre.
Les déclarations de Vladimir Poutine, reçu avec les honneurs, et Kim Jong-un, telles qu'elles ont été retranscrites par l'agence officielle KCNA de la RPDC, soulignent la convergence de vues pour un monde multipolaire, la stabilité et la paix internationales, et contre les sanctions internationales vues comme un instrument des Occidentaux pour lutter contre leurs adversaires. Si l'impérialisme américain est dénoncé, les autres puissances occidentales et leurs alliés - tout particulièrement la République de Corée, avec laquelle la RPDC a rompu les liens - ne sont pas expressément nommées.
Le partenariat stratégique global signé le 19 juin 2024 couvre un large domaine de coopération et d'échanges. Mais c'est sa composante de défense qui a été la plus fortement commentée par les spécialistes. Alors qu'un précédent traité d'assistance et de coopération mutuelle avait été signé en 1961, le traité de partenariat stratégique global mentionne explicitement un soutien mutuel si l'une des deux parties est attaquée, en faisant référence à l'article 51 de la charte des Nations unies relatif au droit de légitime défense :
Si l'une des deux parties se retrouve dans une situation de guerre en raison d'une invasion armée d'un pays individuel ou de plusieurs nations, l'autre partie doit fournir une aide militaire et d'autres aides sans délai en mobilisant tous les moyens qu'il possède conformément à l'article 51 de la Charte des Nations unies (ONU) et aux lois de la RPDC (République populaire démocratique de Corée) et de la Russie.
Alors que la RPDC considère les manoeuvres militaires américano - sud-coréennes qui sont régulièrement menées comme les préparatifs d'une invasion de son territoire, cette clause de défense mutuelle vise à dissuader ses ennemis d'une éventuelle attaque en amenant alors la Russie à prendre sa défense. Par ailleurs, les accords de défense avec la Chine devraient également amener cette dernière à intervenir en cas d'attaque contre la RPDC.
Principale source : KCNA
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