Le 23 janvier 2025, lors d'un entretien sur la chaîne Fox News, Donald Trump a manifesté son souhait de réouvrir le dialogue avec son homologue nord-coréen Kim Jong-un, qu'il avait rencontré à trois reprises lors de son premier mandat (à Singapour en juin 2018, à Hanoï en février 2019 et dans la DMZ en juin 2019). Si le lancement de missiles de croisière stratégiques par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) le surlendemain, le 25 janvier, a pu apparaître comme une fin de non-recevoir - d'autant plus qu'il s'agissait du premier test d'armements stratégiques par la RPDC depuis l'investiture de Donald Trump le 20 janvier 2025 - en réalité chaque partie essaie d'apparaître en position de force avant que ne commencent les discussions, comme l'illustre l'histoire des processus de négociations à l'issue d'un conflit.
Avion d'attaque léger KA-1 de la République de Corée, engagé dans les manoeuvres Buddy Squadron (source : ROKAF Senior Master Sgt. Hyung Kwon)
La RPDC a présenté son tir de missiles stratégiques comme une réponse à l'exercice aérien conjoint Buddy Squadron, mené par les Etats-Unis et la République de Corée (Corée du Sud), le 22 janvier 2025 - soit la veille de l'intervention du Président Donald Trump sur Fox News.
Cette manoeuvre, menée dans les environs de la base de Wonju, à 87 km au sud-est de Séoul, a impliqué des chasseurs sud-coréens FA-50, des avions d'attaque américains A-10 et des avions d'attaque légers sud-coréens KA-1. Des exercices aériens combinés sont menés régulièrement par Washington et par Séoul depuis la fin de la pandémie de Covid-19.
Le ministère nord-coréen des Affaires étrangères avait alors réagi vivement, en promettant une riposte pour défendre la souveraineté et les intérêts de sécurité de la RPDC face aux Etats-Unis :
La réalité souligne que la RPDC doit contrer Etats-Unis avec les ripostes les plus dures de A à Z tant qu'ils nieront la souveraineté et les intérêts sécuritaires de la RPDC, et il s'agit de la meilleure option pour faire face aux Etats-Unis.
La riposte a effectivement pris la forme, le 25 janvier 2025, du tir de missiles de croisière stratégiques lancés depuis la mer, en vue de renforcer les capacités de dissuasion militaires de la RPDC. Selon l'agence nord-coréenne KCNA, l'opération a été supervisé par Kim Jong-un et les missiles ont atteint leurs cibles après avoir effectué une trajectoire elliptique de 1 500 km pendant 7 507 à 7 511 secondes, sans effets sur la sécurité des pays voisins. En octobre 2024, la RPDC avait procédé à un tir de missile balistique intercontinental.
Le communiqué de KCNA, faisant écho aux "ennemis potentiels", sans référence directe aux Etats-Unis ni à la République de Corée, a souligné que renforcer le potentiel de dissuasion était indissociable des efforts menés pour parvenir à une paix durable - ce qui semble indiquer que la porte du dialogue avec Donald Trump reste entrouverte.
A cet égard, sur Fox News, Donald Trump a salué en Kim Jong-un "un homme intelligent", qui n'est pas un fanatique religieux, à la différence selon lui des dirigeants iraniens. Interrogé sur le fait de savoir s'il essaierait de se rapprocher à nouveau de son homologue nord-coréen, le président américain a répondu par l'affirmative. Le choix de collaborateurs déjà impliqués dans le dialogue avec la RPDC en 2018-2019 confirme cette volonté de reprendre langue. Enfin, contrairement au premier mandat de Donald Trump, les faucons de l'administration républicaine - opposés à tout dialogue avec la RPDC - ne sont plus en place pour freiner tout accord.
Si les démocrates américains ont fustigé l'absence de résultats, selon eux, des trois rencontres au sommet américano-nord-coréennes entre juin 2018 et juin 2019, l'administration républicaine objecte que la RPDC avait alors suspendu pendant plusieurs années ses tirs de missile balistiques intercontinentaux et ses essais nucléaires (ces derniers n'ont d'ailleurs pas repris), tandis qu'en contrepartie les Etats-Unis avaient alors mis fin à leurs exercices militaires de grande ampleur avec la République de Corée. Cette diminution des tensions s'est accompagnée de progrès sur d'autres dossiers, comme le rapatriement des dépouilles de soldats américains morts pendant la guerre de Corée.
En pratique, le spectaculaire rapprochement entre la Russie et la RPDC dans le cadre de la guerre en Ukraine est toutefois de nature à changer la donne. Si le soutien militaire nord-coréen à la Russie peut constituer un levier de discussions avec Pyongyang, le mettre sur la table de négociations peut aussi freiner la reprise de tout dialogue - alors que Pyongyang est lié à Moscou par un partenariat stratégique global qui a renforcé les intérêts communs, les visites de délégations officielles russes se succédant rapidement en RPDC. On peut aussi envisager des progrès dans les discussions bilatérales en marge de celles entre l'administration républicaine et la présidence russe sur la guerre en Ukraine.
Sources :
Alarabiya News, "Trump says he will reach out to North Korea’s Kim again"
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Trump-Kim bromance again?: The Korea Herald
Given that Mr. Trump's previous "big deal" attempts with North Korea have all failed, speculation is mounting that he may seek an alternative route for a "small deal," namely a negotiation aimed at
https://asianews.network/trump-kim-bromance-again-the-korea-herald/
KCNA | Article | Test of Important Weapon System Conducted
Test of Important Weapon System Conducted
http://kcna.kp/en/article/q/91ef3733667560afd9021abdbf6b3f20.kcmsf
Buddy Squadron is Back for 51st Fighter Wing, Republic of Korea Air Forces
A Republic of Korea Air Force KA-1 Woongbi assigned to the 237th Fighter Squadron flies alongside two 25th Fighter Squadron A-10 Thunderbolt IIs during Buddy Squadron 22-5 July 12, at Wonju Air ...
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