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13 janvier 2023 5 13 /01 /janvier /2023 22:56

Selon le service Web Speedtest qui mesure la vitesse de connexion à Internet, la République de Corée (Corée du Sud), longtemps championne du monde en la matière, ne se classe plus que 34e. Ce recul traduit en fait l'arrivée récente de nouveaux pays dans ce secteur des nouvelles technologies, alors que pour la vitesse de connexion mobile la Corée du Sud reste très bien placée - se situant au troisième rang mondial.

Capture d'écran de Speedtest.net sur le système d'exploitation mobile iOS

Capture d'écran de Speedtest.net sur le système d'exploitation mobile iOS

Telle est la rançon du succès : précurseur en matière de nouvelles technologies, la Corée du Sud a développé de manière précoce un réseau Internet haut débit, en utilisant un réseau hybride fibre optique - câble coaxial. Mais d'autres pays ont ensuite développé un réseau Internet haut débit basé sur la seule fibre optique - ce qui leur permet aujourd'hui de souvent disposer d'une vitesse de connexion à Internet plus rapide que celle de la Corée du Sud. 

En conséquence, selon les données diffusées par Speedtest en janvier 2023, les Sud-Coréens, longtemps champions du monde de l'Internet haut débit, ne sont plus classés que trente-quatrièmes pour la vitesse de connexion au réseau Internet - alors qu'ils étaient encore deuxièmes en 2019.

Si Monaco se situe en tête du classement mondial, devant Singapour, d'autres pays, comme le Chili, la Chine ou encore la France, affichent désormais des performances supérieures à celles de la Corée du Sud.

Source :  

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15 novembre 2022 2 15 /11 /novembre /2022 21:05

Dans une étude publiée le 15 novembre 2022, deux auteurs de 38 North, Martyn Williams et Natalia Slavey, rappellent les étapes du développement de la téléphonie mobile en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Ils estiment qu'une majorité des adultes nord-coréens - 50% à 80% - disposeraient désormais d'un téléphone mobile. 

Si un premier réseau de téléphonie mobile (Sunnet) avait été développé dans le pays entre 2002 et 2004, ce n'est véritablement qu'à partir de 2008 que ce secteur a pris son essor en Corée du Nord. Un réseau 3G avait alors été lancé par la société égyptienne Orascom dans le cadre d'une joint ventureLe capital de l'opérateur du réseau, Cheo Technology JV Co., est détenu à 75 % par Orascom Telecom, et à 25 % par la Compagnie coréenne des postes et télécommunications. La licence a été attribuée pour une durée de 25 ans - en 2015, Orascom a annoncé avoir perdu le contrôle effectif de Cheo Technology. Deux ans plus tard, en 2010, la RPD de Corée avait lancé sa propre production industrielle pour répondre à la demande des consommateurs.

 

Le cap du premier million d'abonnés au réseau Koryolink avait été franchi en février 2012 et celui des deux millions en mai 2013. Si l'évolution récente du nombre d'abonnés n'est plus connue précisément, selon l'étude de 38 North le nombre d'abonnés aurait continué de progresser rapidement, pour s'élever actuellement entre 6 et 8 millions (pour une population de 26 millions d'habitants), correspondant à une proportion de 50% à 80% de la population adulte (une même ligne pouvant être utilisée par plusieurs personnes), le réseau couvrant la plus grande partie du pays. La téléphonie mobile a joué un rôle essentiel dans l'essor des marchés privés pour faciliter les transactions. En septembre 2018, Orascom avait obtenu une exemption des Nations unies pour continuer à opérer en Corée du Nord malgré les sanctions.

 

Les Nord-Coréens ont ensuite lancé leur propre réseau 3G, concurrent de Koryolink - et les deux réseaux coexistent aujourd'hui. Opérationnel depuis 2017 à Pyongyang, puis dans d'autres grandes villes, le réseau Mirae est dix fois plus rapide que Koryolink. La modernisation du réseau de téléphonie mobile reste toutefois l'un des enjeux économiques et technologiques, comme l'a souligné le Président Kim Jong-un lors du huitième Congrès du Parti du travail de Corée, en janvier 2021.

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6 novembre 2022 7 06 /11 /novembre /2022 14:11

Dans notre édition du 28 août 2022 nous dénoncions fermement l'émission d'un mandat d'arrêt par le FBI contre le Britannique Christopher Emms, poursuivi pour avoir participé à une conférence internationale sur la blockchain en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en avril 2019. Cette mesure intervenait après une première condamnation - celle de Virgil Griffith, développeur d'Ethereum. Christopher Emms a finalement pu quitter l'Arabie Saoudite, où il était emprisonné puis retenu contre caution depuis février 2022, et se rendre en Russie - signant l'échec des autorités américaines à obtenir son extradition. Nous nous réjouissons de cet heureux développement pour Christopher Emms, en continuant d'appeler à ce que soit mis fin au mandat d'arrêt émis contre lui pour des motifs inacceptables. Il pourrait alors rejoindre son pays et les siens. 

Photo de Christopher Emms sur son compte Twitter

Photo de Christopher Emms sur son compte Twitter

Christopher Emms a déclaré que "le Royaume-Uni aurait mis un joli petit ruban sur [lui] et l'aurait envoyé dans une prison américaine pendant 20 ans". Dans ce contexte, il a déclaré que la Russie était son "domicile dans un avenir prévisible", en ajoutant que les autorités russes lui avaient proposé de résider en Russie, mais qu'il ne travaillait pas pour le gouvernement russe.

L'intervention en sa faveur du parlementaire Crispin Blunt (conservateur) a manifestement joué pour que les autorités britanniques se soucient (enfin) du sort d'un de leurs ressortissants. La représentante de Christopher Emms, Radha Stirling, de l'ONG Due Process International, a en effet salué le "soutien continu" du gouvernement britannique pour que l'interdiction de voyager de l'informaticien britannique soit levée, en déclarant :

Nous sommes soulagés que les autorités saoudiennes aient finalement rejeté la demande d'extradition américaine, qui n'avait pas de base légale solide ; et nous apprécions fortement l'intervention britannique dans cette affaire, ainsi que la coopération établie avec les Saoudiens.

Mais pour que Christopher Emms, désormais dans un pays sûr, puisse retrouver une vie normale, il faut que la notice rouge d'Interpol le visant soit abrogée. Ses défenseurs vont à présent s'y employer.

Source : 

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28 août 2022 7 28 /08 /août /2022 21:41

Alors que l'opinion publique française est alertée sur la situation terrible de Sébastien Raoult, jeune hacker français de 21 ans détenu au Maroc et menacé d'extradition vers les Etats-Unis, un citoyen britannique est menacé d'un sort similaire : Christopher Emms est actuellement détenu en Arable Saoudite, risquant une extradition vers les Etats-Unis après l'émission d'un mandat d'arrêt par le FBI. Pourtant, un Britannique ne devrait pas être soumis à une juridiction américaine pour des faits commis en dehors du territoire américain : le principe d'extraterritorialité est contraire aux règles de droit international. Les accusations à l'encontre de Christopher Emms sont par ailleurs absurdes : pour avoir participé à une conférence internationale sur la blockchain en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en avril 2019, il deviendrait soudainement co-organisateur de cette conférence selon la justice américaine - et à ce titre coupable de complot pour avoir tenté de soustraire la RPD de Corée aux sanctions internationales. Christopher Emms encourt vingt ans de prison aux Etats-Unis. L'Association d'amitié franco-coréenne se joint aux défenseurs de l'informaticien britannique, qui rejette catégoriquement les accusations à son encontre, pour qu'il puisse enfin bénéficier de la protection consulaire des autorités britanniques en étant rapatrié au Royaume-Uni, et que dans son pays il puisse se défendre librement d'accusations dont tout indique qu'elles sont infondées.

Justice et liberté pour Christopher Emms !

Les poursuites contre Christopher Emms - ainsi que l'Espagnol Alejandro Cao de Benos - s'inscrivent dans le prolongement de la condamnation du développeur d'Ethereum, Virgil Griffith, à 63 mois de prison par la justice américaine. Tous les trois avaient participé à une conférence sur la blockchain, organisée en 2019 à Pyongyang par Alejandro Cao de Benos. Après avoir défendu n'avoir apporté aucune information sensible de nature à permettre aux Nord-Coréens d'échapper aux sanctions internationales, Virgil Griffith avait finalement plaidé coupable à la suite d'un placement en détention provisoire - ce qui lui avait permis de réduire la très lourde peine à laquelle il était exposé (jusqu'à 20 ans de prison). Après sa condamnation, Christopher Emms et Alejandro Cao de Benos sont poursuivis pour complicité en ayant prétendument aidé les Nord-Coréens à utiliser les crypto-monnaies pour contourner les sanctions internationales. Ni l'un ni l'autre ne sont pourtant américains et les faits incriminés n'ont pas été commis aux Etats-Unis. L'affaire Julian Assange a apparemment donné des ailes aux procureurs américains pour faire appliquer la loi américaine partout dans le monde, en méconnaissance du principe de souveraineté des Etats.

 

Comme l'a souligné Christopher Emms, non seulement il n'était pas impliqué dans l'organisation de la conférence à Pyongyang, mais la description qu'il en donne peut difficilement laisser penser qu'une quelconque information utile ait pu être apportée aux Nord-Coréens : 

Nous n'avons reçu aucune préparation, on nous a donné un tas de merde, des copiés-collés de Google qui nous ont été donnés par [Cao de Benós] avec différents sujets de discussion, des trucs de haut niveau comme “Blockchain et technologie” et “Blockchain et la paix.”

Blockworks

De la description qu'il donne de son voyage (payant) en RPD de Corée, Christopher Emms ne peut vraiment pas être décrit comme un défenseur à quelque titre que ce soit du régime nord-coréen. Pourtant, à en croire le FBI, il aurait permis aux Nord-Coréens d'acquérir des connaissances pour échapper aux sanctions frappant la RPDC... 

 

Non seulement Christopher Emms est détenu en Arabie Saoudite, dans un état de pression psychologique intense, mais ses comptes bancaires ont été bloqués par décision de la justice américaine et il en est réduit à emprunter de l'argent à sa famille et ses amis.

 

Malgré l'engagement courageux en sa faveur du député britannique conservateur Crispin Blunt, les autorités londoniennes ont manifestement abandonné l'un de leurs ressortissants.  Tout ce qu'il demande est de pouvoir retourner au Royaume-Uni et se défendre :

Emms maintient qu'il est innocent, mais même s'il ne l'était pas, il considère qu'il a le droit de “rentrer à la maison et de traiter avec le système judiciaire britannique, ce qui n'est pas, je pense, une énorme chose à demander, même aux Américains”

Coingeek

Les poursuites contre Christopher Emms s'inscrivent plus largement dans un mouvement inquiétant de criminalisation des activités liées aux crypto-monnaies, ainsi que de mise en oeuvre d'un délit d'opinion - ce dont a également souffert le président de l'AAFC : au fond, la principale critique contre Christopher Emms n'est-elle pas d'avoir dénoncé comme particulièrement injustice la gestion par les autorités américaines du système monétaire global ? Les fondateurs des crypto-monnaies ont rêvé d'un monde meilleur en instituant un système monétaire qui puisse échapper aux Etats ; aujourd'hui, l'appareil répressif des Etats cherche à étouffer leurs voix indépendantes et libres.

 

Sources :

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30 juillet 2022 6 30 /07 /juillet /2022 23:52

Attribuée tous les quatre ans, la médaille Fields est la plus prestigieuse récompense en mathématiques, décernée par l'Union mathématique internationale à des lauréats âgés de moins de 40 ans. En 2022, les récipiendaires ont été - par ordre alphabétique - le Français Hugo Duminil-Copin, l'Américain (d'origine coréenne) June Huh, le Britannique James Maynard et l'Ukrainienne Maryna Viazovska. L'AAFC revient sur le parcours exceptionnel du premier Coréen titulaire de la médaille Fields en donnant un aperçu de ses travaux.

Le Coréen américain June Huh a reçu la médaille Fields

June Huh est né en 1983 à Stanford, en Californie, de parents sud-coréens qui poursuivaient leurs études aux Etats-Unis - lui en statistique, elle en littérature russe. Après avoir un temps renoncé à approfondir les mathématiques après avoir échoué à un test dans cette discipline à l'école primaire, il a assisté à une conférence de Heisuke Hironaka qui le convainc de s'engager dans un doctorat, soutenu en 2014. De fait, si l'on excepte les trois années où il a été l'élève de Hironaka, il est largement autodidacte - ce qui n'en rend son parcours que plus extraordinaire.

Professeur à l'université de Princeton, professeur émérite à Institut coréen pour les études avancées (KIAS), June Huh s'est spécialisé dans le domaine d
es applications de combinatoire en géométrie algébrique et en géométrie combinatoire, ayant notamment prouvé avec Karim Adiprasito et Eric Katz une généralisation de la conjecture de Read sur les matroïdes.

Un article de Philippe Pajot dans Sciences et avenir nous explique ce concept de matroïde :

Le matroïde est l’objet abstrait privilégié de ses travaux. Il en existe deux types : les matroïdes réalisables et les matroïdes généralisés. "Pour comprendre un peu ce qu’est un matroïde, on peut prendre des points dans l’espace, et on ne retient pas leurs positions, uniquement leurs « relations d’incidence » : savoir si trois points sont alignés, si les points sont dans le même plan, etc. Autrement dit, seules les conditions géométriques sont importantes", explique Antoine Chambert-Loir. Ça c’est pour les matroïdes réalisables, mais on peut construire des matroïdes associés à des graphes, des matroïdes qui ne sont pas avec des points dans l’espace réel.

Sciences et avenir

June Huh nous explique l'importance de la notion pour notre approche des mathématiques :

Les intuitions mathématiques se sont développées au cours de l’évolution en raison des organes sensoriels que nous possédons (vision pour la géométrie par exemple). Et il y a plusieurs choses différentes qui ont conduit à l’élaboration des différentes disciplines mathématiques. Mais je pense qu'il est tout à fait raisonnable de supposer que si nous avions eu d'autres types de sens ou si nous avions été exposés à d'autres types d'environnement au cours de notre évolution, nous aurions eu des sous-disciplines mathématiques très différentes.

Sciences et avenir

Ce champ d'études apparaît particulièrement prometteur en mathématiques fondamentales. 

Autres sources utilisées :

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27 juillet 2022 3 27 /07 /juillet /2022 20:30

Le 21 juin 2022, la République de Corée (Corée du Sud) a réussi à placer en orbite un satellite grâce à un lanceur de conception entièrement nationale, Nuri ou KSLV-II. Ce succès est intervenu après l'échec du premier vol d'un lanceur complet le 21 octobre 2021. Alors que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) fait aussi partie des puissances spatiales disposant de capacités de lancement en disposant une charge utile sur leurs fusées, les deux Etats coréens sont engagés dans une course vers l'espace avec un même objectif : poser une sonde sur la Lune d'ici la fin de la décennie.

Fusée sud-coréenne sur son pas de tir au centre spatial de l'île de Naro, le 21 octobre 2021

Fusée sud-coréenne sur son pas de tir au centre spatial de l'île de Naro, le 21 octobre 2021

Après deux lancements réussis de satellites artificiels de la classe Kwangmyongsong (littéralement en coréen "étoile brillante") en 2012 et en 2016, Hyon Kwang-il, directeur du département scientifique de l'agence spatiale nord-coréenne NADA, avait annoncé, dans un entretien donné à l'agence américaine AP le 28 juillet 2016, que la RPD de Corée entendait atteindre la Lune dans un délai de dix ans - puis la planète Mars. Ces objectifs ambitieux requièrent de développer des lanceurs nettement plus puissants que ceux actuellement utilisés, alors que le programme spatial nord-coréen, présenté par Pyongyang comme pacifique et mené à des fins économiques, l'expose à des sanctions internationales en étant assimilé (hâtivement, selon l'expert indépendant John Schilling) à un programme balistique. A plus court terme, l'objectif de l'agence NADA est de développer un premier satellite pour l'orbite géostationnaire. 

S'appuyant sur ses compétences scientifiques, notamment en matière balistique, la RPDC avait créé en 1980 le Comité coréen de la technologie spatiale (acronyme anglais : KCST), dont l'un des objectifs était le lancement de satellites. Le KCST est devenue une agence nationale en 2013, l'Administration nationale pour le développement aérospatial (acronyme anglais : NADA), dirigée par Yu Chol-u. 

Logo de l'agence spatiale NADA

Logo de l'agence spatiale NADA

Alors que le 12 décembre 2012 la RPD de Corée avait été considérée comme la dixième puissance spatiale capable de lancer un satellite avec son propre lanceur Unha (la onzième si l'on compte l'Union européenne), la République de Corée l'avait suivie de près en procédant le 30 janvier 2013 au lancement du satellite STSAT-2C avec le lanceur KSLV-1. 


L'agence sud-coréenne, l'Institut coréen de recherche aérospatiale (KARI), fondée en 1989 et ayant son siège à Daejeon, a développé le lanceur KSLV-2 (Korean Launch Satellite Vehicle), capable de placer 1,5 tonne sur une orbite héliosynchrone. La première cosmonaute sud-coréenne, Yi So-yeon, a séjourné dans la station spatiale internationale en avril 2008. Le budget de l'agence KARI, supérieur à 600 millions d'euros, est essentiellement consacré au développement du lanceur KSLV-2 et à la sonde spatiale KPLO (Korea Pathfinder Lunar Orbitar). L'objectif d'atteindre la Lune est actuellement fixé à 2030.

Le KSLV-II est une fusée à carburant liquide de 200 tonnes et de 47,2 mètres de long. Son développement a demandé une dizaine d'années, pour un coût de 2 000 milliards de won (soit 1,46 milliard de dollars). Le lancement réussi du 21 juin 2022 est une prouesse technologique, à la hauteur des ambitions de la République de Corée d'atteindre l'excellence dans la course à l'espace.

Principales sources :

- "Tout savoir sur l'agence spatiale nord-coréenne (NADA) et actualités", fromspacewithlove, 17 mars 2019 ;

- Valérie Collet, "La Corée du Sud, nouvelle puissance spatiale", Le Figaro, 21 juin 2022.

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23 août 2018 4 23 /08 /août /2018 22:40

En septembre 2018, Pyongyang organisera sa onzième foire internationale du livre scientifique et technique. Comme l'an passé pour la dixième édition de cette foire, Olivier Bouchard, membre du bureau national de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), a réuni de la documentation technique - consistant en plusieurs dizaines d'ouvrages en français et en anglais, sous format électronique, qui seront remis cette année par la délégation de l'AAFC qui visitera la péninsule coréenne du 4 au 13 septembre 2018, à l'occasion du 70e anniversaire de la fondation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le 9 septembre 1948.

Formulaire de candidature à la Foire internationale du livre scientifique et technique de Pyongyang

Formulaire de candidature à la Foire internationale du livre scientifique et technique de Pyongyang

A plusieurs reprises, l'AAFC a fait des dons de livres aux étudiants, aux professeurs et auc chercheurs de la RPD de Corée : en 2012, ce sont plus de 500 ouvrages qui avaient été offerts par l'association. Ces actions répondent à une double priorité pour l'AAFC au titre de ses actions de coopération : soutenir la francophonie, favoriser la coopération technique.

Pour l'édition 2018 de la foire internationale du livre scientifique et technique de Pyongyang, l'accent a été porté sur de la documentation promouvant l'agriculture, notamment l'agriculture biologique, en incluant des publications de pays d'Afrique francophone. En effet, alors que les populations nord-coréennes sont toujours soumises à un aléa climatique pour un retour du pays à l'autosuffisance alimentaire, la diversification des productions et des techniques apparaît primordiale pour relever le défi alimentaire.

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10 août 2018 5 10 /08 /août /2018 21:54

Le 9 août 2018, Martyn Williams a publié un article sur le site North Korea Tech (affilié au site de référence 38 North) sur l'ouverture d'un site Internet par l'Université de technologie Kim Chaek (acronyme anglais : KUT), l'une des principales universités de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), spécialisée dans les disciplines scientifiques et techniques, à l'adresse suivante  : www.kut.edu.kp. Le lancement de ce site Internet coïncide avec le 70e anniversaire de la fondation de l'Université, qui doit aussi donner lieu à l'organisation d'un colloque, en septembre 2018.

L'Université Kim Chaek lance son site Internet

Comme le précise Martyn Williams, il s'agit du deuxième site Internet d'une université nord-coréenne - après celui de l'Université Kim Il-sung, dont le design est d'ailleurs proche de celui de l'Université Kim Chaek. Le site, bilingue (coréen et anglais), traduit une volonté d'échanges extérieurs accrus, notamment dans le domaine universitaire : si l'Intranet nord-coréen compte en effet de nombreux sites, les sites nord-coréens reliés au réseau Internet restent encore peu nombreux (North Korea Tech en dresse d'ailleurs un inventaire). De fait, l'Université Kim Chaek a déjà établi quelques coopérations internationales notables, comme avec l'Université Syracuse, aux Etats-Unis, pour le développement (entre autres) d'une bibliothèque digitale.

Alors que les informaticiens nord-coréens bénéficient d'un niveau international réel mais encore trop souvent méconnu (à cet égard, Martyn Williams mentionne notamment les résultats atteints par les Nord-Coréens dans la compétition internationale de programmation CodeChef, Kim Song-il ayant obtenu le maximum de points lors de l'édition qui s'est tenue en mai 2018), il y avait aussi quelque paradoxe à ce qu'une des plus prestigieuses (sinon la plus prestigieuse) universités de la RPD de Corée formant des informaticiens ne dispose pas encore de son site Internet.

Parmi les autres universités prestigieuses nord-coréennes dans le domaine de l'informatique figurent l'Université Kim Il-sung, généraliste, et l'Académie militaire Mirim. 

Source : 

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18 septembre 2017 1 18 /09 /septembre /2017 20:45

Un paradoxe semble caractériser l'économie de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) : malgré des sanctions internationales toujours accrues, non seulement le pays ne s'effondre pas, mais il connaît même une croissance économique non négligeable. Pour expliquer ce paradoxe, les partisans de la théorie de l'effondrement de la RPD de Corée ont recours à diverses explications qui contournent l'échec de leur modèle théorique : contournement des sanctions, comportement non coopératif de certains Etats (au premier rang desquels ils placent bien sûr la Chine, principal partenaire économique) ou de certaines entités non étatiques (facteur selon eux seul à même d'expliquer la poursuite avec succès des programmes nucléaire et balistique...). Ce faisant, ils ignorent un aspect pourtant largement développé par les auteurs ayant analysé l'effondrement des civilisations (comme le géographe Jared Diamond, auteur de Effondrement) : la capacité (ou non) des sociétés à innover économiquement et à s'adapter. Celle-ci est pourtant très présente dans la société nord-coréenne, comme nous allons l'illustrer par divers exemples. 

Ri Sung-gi (1905-1996), inventeur du vinalon, lauréat du prix Lénine en 1962.

Ri Sung-gi (1905-1996), inventeur du vinalon, lauréat du prix Lénine en 1962.

Inventeurs et découvreurs occupent une place particulière dans les créations artistiques nord-coréennes - l'héroïne du Journal d'une jeune Nord-Coréenne ne se voit-elle pas reprocher que son père soit un savant qui ne découvre rien, avant que ce dernier ne fasse (enfin) une découverte majeure et qu'elle décide d'embrasser à son tour une carrière scientifique ?  

L'innovation et l'adaptation sont hautement valorisées, et les Nord-Coréens sont très fiers de découvertes nationales dont les applications ont permis de pallier certaines carences (ou au contraire les atouts) en ressources premières. Le vinalon et le fer Juche apportent des illustrations ainsi décrites dans le fascicule "Economie" de la série Connaissances sur la Corée (éditions en langues étrangères de Pyongyang, 2016, citations extraites p. 26-27 et 31-32), qui soulignent le processus continu d'innovation et l'utilisation économique faite de ces découvertes : 

37. Fer Juche

Il s'agit du fer produit par un procédé de production n'utilisant pas de coke.
La RPDC, où ce combustible manque, s'est investie depuis longtemps dans la mise au point d'une méthode de production de fer recourant à ses propres ressources et techniques.
Le complexe d'aciérage de Songjin a perfectionné un système de production de fer Juche en reliant directement le four rotatif et le four de fusion à oxygène, une véritable révolution dans l'industrie sidérurgique du pays.
Cette méthode de production de l'acier intégrant le processus de fonte et celui d'aciérage est originale, car elle permet de produire l'acier en maintenant bouillante la fonte jusqu'à son aciérage, innovant ainsi la production de l'acier.

42. Vinalon

Le vinalon, fibre d'alcool issue d'alcool polyvinylique, est une fibre chimique mise au point par le savant coréen Ri Sung Gi (1905-1996) dans les années 1930.
Il suffit de carbure de calcium pour produire du vinalon. Or, la RPDC abonde en gisements de calcaire et d'anthracite, matières premières pour le carbure de calcium.
Le tissu de vinalon, fibre blanche et luisante, est dur et doux, et il absorbe l'humidité mieux que les autres tissus de fibres synthétiques. Il résiste d'ailleurs à l'acide et à l'alcali, et ne s'altère presque guère sous l'action des microbes, dont la moisissure.
Le complexe de vinalon 8-Février sort, outre la fibre de vinalon de qualité, des produits chimiques inorganiques, organiques, macromoléculaires et fines organiques. Il produit encore à partir d'un produit intermédiaire de vinalon plus de 400 sortes de produits chimiques, dont la soude caustique, le chlorure de vinyle, le vinylacétate, l'acide chlorhydrique, des catalyseurs. On y compte aussi des produits phytosanitaires comme herbicide et pesticide efficaces ainsi que des colorants.

Certains aspects de l'économie nationale, souvent interprétés comme des défaillances, traduisent autant des adaptations à un environnement sous contrainte. Si la vitesse des trains est réduite il faut aussi y voir une réponse à la pénurie d'énergie, qui n'a rien d'exceptionnel ni de propre à la Corée : après 2008, les compagnies de navires-cargo ont réduit la vitesse de leurs navires tout en en accroissant le nombre pour compenser l'augmentation des coûts de pétrole. Après 2012, les façades des immeubles nouvellement construits à Pyongyang se sont couvertes d'éclairage led, plus faiblement consommateur d'énergie. 

Dans le contexte des sanctions économiques et d'une fermeture subie aux circuits financiers internationaux, la résilience de la Corée du Nord s'éprouve à sa capacité à faire face : à l'embargo partiel sur le pétrole nouvellement imposé répond ainsi une rationalisation de la consommation d'hydrocarbures et, peut-on supposer, la recherche de sources d'énergie alternatives - la RPD de Corée a multiplié les panneaux solaires, et pourrait demain s'engager sur l'exploitation du gaz de schiste. Peut-être verra-t-on à Pyongyang les prémisses d'une société pionnière dans l'économie post-pétrolière. Innover et s'adapter n'est pas propre à la RPDC, mais à toute société humaine - alors qu'a contrario les civilisations humaines qui se sont effondrées ont souffert d'une pluralité de facteurs, non seulement une dégradation de leur environnement, mais aussi (entre autres) l'action de forces extérieures hostiles, comme l'a montré Jared Diamond. 

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19 mars 2017 7 19 /03 /mars /2017 15:29

Le 19 mars 2017, l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) s'est félicitée du test réussi d'un nouveau moteur de fusée - au moment où le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson était en visite à Pékin, où il a rencontré le Président Xi Jinping. Si la RPD de Corée souligne que cet essai, réalisé en présence du Président Kim Jong-un, présente un caractère scientifique, d'aucuns y voient un pied de nez aux Etats-Unis... et à la Chine - alors que l'annonce coïncide avec la rencontre bilatérale de haut niveau entre Rex Tillerson et Xi Jinping. Au-delà des faits, la situation actuelle fait ressortir l'intérêt de revenir à la table des négociations, comme l'a montré le Professeur Kazuto Suzuki dans un entretien au quotidien Le Monde

En février 2016, la RPD de Corée a réussi la mise sur orbite du satellite artificiel Kwangmyonsong-4.

En février 2016, la RPD de Corée a réussi la mise sur orbite du satellite artificiel Kwangmyonsong-4.

Pour l'agence nord-coréenne KCNA, l'affaire est entendue : il s'agit d'un progrès scientifique majeur, qui répond aux objectifs de l'ambitieux programme spatial national. Ainsi, selon KCNA :

Le développement et la mise au point d’un moteur à haute poussée nouvelle génération va aider à consolider les bases scientifiques et technologiques qui nous permettront d’atteindre le niveau mondial en matière de lanceurs de satellites et d’intervention dans l’espace (...) Le leader a souligné que le succès de ce test est un événement d’une signification historique et il a déclaré qu’il s’agissait d’une renaissance pour le programme de fusées du pays.

L'administration Trump ne l'interprètera certainement pas en ce sens, alors que le Président américain a déclaré qu'il empêcherait la RPD de Corée de se doter de missiles balistiques intercontinentaux pouvant atteindre le territoire américain, et que - de longue date - les Etats-Unis assimilent (de manière sinon abusive, tout au moins hâtive) les programmes balistique et spatial conduits parallèlement par la Corée du Nord.

Après avoir déclaré à Séoul lors de son actuelle tournée en Extrême-Orient (Chine, Corée, Japon) qu'il n'excluait pas l'option militaire contre Pyongyang, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson - un ancien ingénieur d'Exxon, républicain bon teint par ailleurs opposé aux sanctions contre la Russie - se retrouve dos au mur, alors qu'il s'efforce d'amener la Chine à se rapprocher des positions américaines, notamment sur la question coréenne. Cette coopération est entravée par des divergences stratégiques majeures (notamment le début du déploiement en Corée du Sud, en février 2017, du système américain de missiles antibalistique THAAD, qui a conduit la Chine à mettre en place des sanctions économiques contre Séoul). En outre, Washington avait déjà opposé une fin de non-recevoir au récent plan chinois de sortie de crise ayant conduit à l'escalade actuelle sur la question coréenne.

Rencontre entre Rex Tillerson et Xi Jinping au Palais de l'Assemblée du Peuple, à Pékin, le 19 mars 2017.

Rencontre entre Rex Tillerson et Xi Jinping au Palais de l'Assemblée du Peuple, à Pékin, le 19 mars 2017.

Dans ce contexte, le communiqué commun publié suite à la rencontre entre Rex Tillerson et Xi Jinping, esquivant les points de divergence, tend à montrer que l'administration Trump n'a pas encore arrêté sa politique coréenne - tout en faisant par ailleurs le constat de l'échec de la politique dite de "patience stratégique" conduite par l'administration Obama.

Ce n'est pas la première fois que Pyongyang prend une initiative de nature à fortement déplaire aux Etats-Unis lors d'une rencontre bilatérale de haut niveau - le 12 février 2017, les autorités nord-coréennes avaient déjà procédé à un tir balistique de moyenne portée alors que le Président américain Donald Trump recevait le Premier ministre japonais Shinzo Abe.

Il y a clairement, côté nord-coréen, l'engagement d'une diplomatie consistant à aller jusqu'au bord de la rupture (le tir du 12 février n'était pas un essai nucléaire, lequel aurait entraîné à coup sûr le renforcement des sanctions internationales contre la RPD de Corée ; de même, le 19 mars, il a été procédé à un essai de moteur de fusée, non au lancement d'une fusée ni à un tir balistique de longue portée). Par ailleurs, la RPD de Corée manifeste une volonté claire d'indépendance par rapport à la Chine - après avoir subi la décision chinoise de suspendre les achats de charbon nord-coréen.

Pour autant, il est hautement improbable - contrairement à ce que peuvent prétendre certains médias occidentaux - que la RPD de Corée envisage sérieusement une action militaire contre ses voisins ou les Etats-Unis, ne serait-ce qu'au regard du très net déséquilibre des forces.

Dans un entretien qu'il a donné au quotidien Le Monde, publié dans l'édition des 19 et 20 mars 2017, le Japonais Kazuto Suzuki, professeur de relations internationales à l'université d'Hokkaido, ancien membre du comité d'experts auprès du Comité des sanctions des Nations Unies sur le dossier iranien, estime que les conseillers militaires de Donald Trump décourageront ce dernier à engager des frappes militaires contre Pyongyang, car "même si leurs forces arrivent à détruire les installations, ils ne se débarrasseront pas des ingénieurs et du savoir que les Coréens ont accumulés" (on peut ajouter que la RPD de Corée a dû mettre à l'abri d'une attaque aérienne ses installations les plus sensibles, ainsi que son stock d'uranium et ses armes nucléaires). Dès lors, le professeur Kazuto Suzuki envisage clairement une négociation avec la RPD de Corée (que rechercherait par ailleurs cette dernière), en évitant que la Corée du Nord ne favorise la prolifération des armes nucléaires. A cette fin, il propose, en s'inspirant du précédent iranien, de reconnaître la Corée du Nord comme une puissance nucléaire :

Nous devons admettre cet état de fait - la Corée du Nord est une puissance nucléaire - et le considérer non pas comme un précédent mais comme un cas extrême. Nous devons ramener la Corée du Nord à l'intérieur du TNP [NdA : Traité de non-prolifération nucléaire]. C'est ce langage qui a été utilisé dans les négociations avec l'Iran.
Téhéran a obtenu le droit de posséder un nombre limité de centrifugeuses, un stock d'uranium appauvri et un réacteur à eau lourde, des concessions destinées à permettre des activités d'enrichissement qui ne sont pas destinées à fabriquer une bombe. Le président américain George W. Bush avait rejeté cette possibilité qui avait été négociée dès 2005 par la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne avec l'Iran de Mohammad Khatami. Cette option du "zéro enrichissement", défendue par M. Bush, a été abandonnée par Barack Obama, ce qui a permis de conclure l'accord nucléaire. M. Obama est ainsi passé du "zéro enrichissement" à "zéro bombe". Ce fut un tournant dans la négociation et cela peut aussi se produire avec la Corée du Nord.

En posant d'excellentes questions (retour de la RPD de Corée dans le régime du TNP, qui implique des obligations en matière de non-prolifération et de contrôle des activités ; reconnaissance de la Corée du Nord comme d'un Etat doté de l'arme nucléaire, à l'instar des cinq membres permanents du Conseil de sécurité ; différence entre les activités d'enrichissement et la production de bombes nucléaires), le professeur Kazuto Suzuki montre qu'il y a du "grain à moudre" pour une négociation sur le nucléaire nord-coréen. Mais pour ce faire l'administration Trump devra faire preuve de pragmatisme, ce que lui a d'ailleurs proposé la Chine dans son dernier plan de sortie de crise qui a été rapidement rejeté par Washington. Au-delà des postures guerrières destinées, entre autres, à rassurer des administrations conservatrices sur le départ (s'agissant de la Corée du Sud) ou enfermées dans un anti-coréanisme primaire flattant les instincts de l'opinion publique (en ce qui concerne le gouvernement japonais de Shinzo Abe), Donald Trump est aujourd'hui confronté à résoudre, en homme d'Etat, une crise internationale à laquelle son prédécesseur a été incapable de mettre fin de manière satisfaisante sinon dans l'intérêt de la paix, du moins au regard des intérêts américains. 

Sources :

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