Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 janvier 2023 2 17 /01 /janvier /2023 19:14

En décidant de porter de 1 % à 2 % de son PNB le montant de ses dépenses militaires, le Japon est engagé dans une démarche de remilitarisation soutenue par les Etats-Unis et leurs alliés qui participe d'une escalade militaire porteuse de risques accrus de guerre dans la région Asie-Pacifique. Ainsi, lors d'un déplacement à Paris le 9 janvier 2023, avant un sommet du G7, le Premier ministre japonais Fumio Kishida et le Président français Emmanuel Macron ont convenu que les forces militaires de leurs pays continueraient de mener des exercices militaires conjoints. Les forces japonaises d'autodéfense (FAD) ne méritent plus vraiment leur nom, alors que la tradition pacifiste japonaise de ne pas s'engager sur des théâtres d'opérations extérieures est, de fait, de plus en plus sérieusement battue en brèche sur fond d'essor du nationalisme dans l'archipel nippon.

Fumio Kishida et Joe Biden, à la Maison Blanche, le 13 janvier 2023

Fumio Kishida et Joe Biden, à la Maison Blanche, le 13 janvier 2023

Si le budget militaire japonais occupait la 9e place mondiale en 2021 selon le SIPRI (54 milliards de dollars), en s'élevant alors à 1,1 % du PIB, le quasi-doublement prévu de la part des dépenses militaires dans le PIB japonais (qui doit être portée à 2 % du PIB sur une période de cinq ans) signifie, à terme, un niveau de dépenses militaires de l'ordre de 100 milliards de dollars, qui serait le troisième budget militaire le plus élevé au monde, après ceux des Etats-Unis et de la Chine. 

Cette augmentation des dépenses correspond à des investissements militaires d'ampleur, adoptés en décembre 2018, et comportant le renforcement des moyens de cyberguerre, l'acquisition de 105 avions de combat américains F-35 et la transformation du porte-hélicoptères JDS Izumo en un porte-avions. Ces évolutions doivent permettre aux FAD du Japon de se déployer à l'étranger, y compris par l'achat de missiles Tomahawk et le renforcement de l'interopérabilité des forces avec les Etats-Unis.

Surtout, la doctrine d'emploi des FAD évolue en dehors du cadre strict des missions d'auto-défense : de 2004 à 2008, les FAD ont été envoyées pour la première fois dans une zone de combat, en Irak, mais pour des missions humanitaires ; en 2015, un nouveau cap a été franchi en permettant le déploiement de forces militaires à l'étranger - combattantes - dans le cadre d'un "droit à la légitime défense collective", pourtant dépourvu de base juridique en droit international public. Profondément attachée à la paix en Asie et dans le monde, l'AAFC avait alors dénoncé une révision de facto de la Constitution japonaise, soutenant le militarisme japonais. Dans un sondage du quotidien Nikkei, en décembre 2022, 55 % des personnes interrogées (contre 36 %) se déclaraient favorables à un renforcement des capacités militaires.

Dans un éditorial publié le 16 janvier 2023, le quotidien sud-coréen Hankyoreh faisait part de ses inquiétudes que la remilitarisation du Japon, allié majeur des Américains dans la région Asie-Pacifique, ne contribue à alimenter une dangereuse course aux armements :

Ces actions des Etats-Unis et du Japon signifient un changement fondamental dans la répartition des rôles qui avait prévalu depuis la Seconde guerre mondiale, selon laquelle les Etats-Unis étaient "l'épée" et le Japon "le bouclier" en termes de capacités offensives et défensives. Alors que l'objectif est de répondre au nouvel environnement marqué par le défi militaire chinois, il est probable que les pays d'Asie du Nord-Est seront pris dans un cercle vicieux de course aux armements. Les courses aux armements élèvent les tensions et augmentent le risque d'un affrontement non intentionnel. Ce type de situation n'aide aucun pays. En raison de sa position géopolitique, la péninsule coréenne a le plus à souffrir d'une course aux armements entre les grandes puissances.

Sources : 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Recherche

D'où venez-vous?