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30 novembre 2024 6 30 /11 /novembre /2024 00:37

Comme lors des précédentes présidentielles américaines, pour lesquelles un délai assez long avait été observé avant de faire état de l'issue du scrutin, les médias de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) n'ont pas encore rendu compte de l'élection de Donald Trump pour un nouveau mandat. Dans un discours rapporté par les médias nord-coréens après la victoire du candidat républicain, Kim Jong-un a toutefois déclaré que "nous sommes allés aussi loin que nous le pouvions dans les négociations avec les Etats-Unis", semblant ainsi indiquer qu'il n'y aurait pas de motifs d'un changement de ligne dans les relations avec Washington, la formule évoquant toutefois implicitement la possibilité de négociations en évitant de recourir à des formules critiquant fortement les Etats-Unis. Si la future administration présidentielle américaine n'a pas démenti les informations selon lesquelles Donald Trump pourrait tenter de renouer un dialogue direct avec Kim Jong-un (suivant son approche transactionnelle des relations internationales : un accord peut être trouvé avec tout chef d'Etat, tout dépendant du contenu de l'accord), de chaque côté un certain attentisme prévaut, alors que les causes des échecs des trois rencontres entre Donald Trump et Kim Jong-un entre juin 2018 et juin 2019 (à Singapour, à Hanoï et dans la zone démilitarisée entre les deux Corée) donnent lieu à des interprétations divergentes entre Pyongyang et Washington.  

Alex Nelson Wong, futur conseiller adjoint à la sécurité nationale du Président Trump

Alex Nelson Wong, futur conseiller adjoint à la sécurité nationale du Président Trump

Lorsqu'il avait été interrogé par la Arms Control Association en juin 2021, Stephen Biegun, secrétaire d'Etat adjoint lors du premier mandat de Donald Trump, avait indiqué les causes selon lui de l'absence d'accord entre les Etats-Unis et la RPD de Corée : les Nord-Coréens auraient surestimé la volonté du président Donald Trump de parvenir à un accord, ils auraient exigé une levée de toutes les sanctions et surtout ils auraient évité le sujet de la dénucléarisation de la RPDC (tout en faisant de nombreuses propositions dans d'autres domaines) - la dénucléarisation étant pourtant le point central pour la partie américaine. Les Nord-Coréens ont, pour leur part, affirmé qu'ils avaient demandé une levée partielle des sanctions en contrepartie d'un arrêt permanent des essais nucléaires et balistiques et d'un démantèlement complet et vérifiable du site de Yongbyon. 

Dans ce même entretien, où il avait indiqué avoir rencontré ses interlocuteurs nord-coréens à huit reprises (sans que tous ces échanges ne soient rendus publics), Stephen Biegun avait souligné un point majeur - sur lequel les Nord-Coréens ne peuvent que tomber d'accord avec lui : la nécessité d'établir un canal de communication, pour construire une relation de confiance.

Tout indique que Donald Trump souhaite effectivement reprendre les discussions en recréant un circuit d'échanges. A cette fin, il est significatif que le principal négociateur des Nord-Coréens sera Alex N. Wong, en qualité de conseiller adjoint à la sécurité nationale du Président Trump, et qui avait déjà été un des principaux collaborateurs de Stephen Biegun sur le dossier nord-coréen. 

Né en 1980, Alex N. Wong a été sous-secrétaire adjoint pour la Corée du Nord au Bureau de l'Asie de l'Est et du Pacifique du département d'Etat américain entre 2017 et 2021. Diplômé en littérature anglaise et en français à l'Université de Pennsylvanie, d'une part, et en droit à Harvard, d'autre part, il a travaillé pour Janice Rogers Brown, ainsi que pour le candidat républicain Mitt Romney lors de l'élection présidentielle de 2012. Il travaillait récemment pour la plateforme de commerce électronique Coupang, ce qui a été salué par l'agence de presse sud-coréenne Yonhap.

La future administration Trump n'a cependant pas été loquace quant à la reprise d'une relation directe avec les Nord-Coréens, en indiquant simplement qu'il y avait des discussions et qu'aucune décision n'avait été prise à ce stade. Alex Wong a été tout aussi discret. De fait, quand des négociations difficiles sont à prévoir, il serait pour le moins maladroit de dévoiler ses intentions.

Il est en effet hautement probable que les Nord-Coréens, qui se sont spectaculairement rapprochés de la Russie et ont inscrit l'arme nucléaire dans leur Constitution, demandent des gestes préalablement à toute nouvelle rencontre au sommet... ce qui suppose en effet de rétablir d'abord un canal de discussion. Or, contrairement à la période 2018-2019, les autorités sud-coréennes - désormais conservatrices - ne favoriseront certainement pas un tel dialogue. La Chine a joué un rôle de négociateur par le passé dans les pourparlers à cinq, mais le nucléaire nord-coréen ne serait pas le thème prioritaire d'un hypothétique dialogue sino-américain qui n'est pas à l'ordre du jour. La représentation nord-coréenne aux Nations unies représente, elle, un interlocuteur directement accessible pour l'administration Trump, mais elle n'a pas de mandat de négociation des autorités nord-coréennes qui, après 2018, avaient discuté directement avec les Etats-Unis. Si la plupart des observateurs occidentaux s'attendent à un tir de missile intercontinental ou à un nouvel essai nucléaire de la RPDC dans les prochaines semaines, conformément à une attitude déjà éprouvée par Pyongyang et alors interprétée comme consistant à faire monter les enchères d'une future négociation, la RPDC n'a pas, à ce stade, agi en ce sens. Comme avant l'élection présidentielle américaine, Pyongyang dénonce les Etats-Unis comme responsables de la montée des tensions dans la péninsule coréenne.

De part et d'autre, l'heure est à l'observation, et les premiers échanges ne seront sans doute pas médiatisés, d'autant plus qu'un éventuel échec pourrait être exploité par l'opposition démocrate à Donald Trump. 

Sources : 

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