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28 septembre 2023 4 28 /09 /septembre /2023 18:21

Alors que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) est toujours exposée à une insuffisance de sa production alimentaire par rapport aux besoins de la population - ce qui a justifié que l'AAFC fasse de l'aide alimentaire et agricole aux populations nord-coréennes une des priorités de son action - la situation alimentaire apparaît s'être améliorée, mais requiert toujours une grande vigilance pour éviter que ne se reproduise la situation de sévère pénurie subie dans les années 1990. 

Le Premier ministre Kim Tok-hun, en visite dans les provinces du Hwanghae du nord et du Pyongan du sud (source : KCNA, juin 2023)

Le Premier ministre Kim Tok-hun, en visite dans les provinces du Hwanghae du nord et du Pyongan du sud (source : KCNA, juin 2023)

Lors de sa session des 26 et 27 septembre 2023, l'Assemblée populaire suprême de la RPD de Corée a adopté un projet de loi sur l'irrigation afin d'augmenter la production céréalière. 

Alors que la situation alimentaire semblait particulièrement critique au premier semestre 2023, le ministère de la réunification de la République de Corée (Corée du Sud), par la voix d'un responsable s'étant exprimé aux médias sous couvert d'anonymat, a déclaré que des progrès avaient été enregistrés, grâce, selon lui, à de bonnes récoltes de blé et d'orge et aux importations.

L'ambassadeur russe en RPDC, Alexander Matsegora, a également affirmé, dans l'entretien à l'agence TASS, que les récoltes avaient été bonnes - ce qui, selon lui, permet à la RPDC de ne pas avoir besoin de recourir à des importations, démentant l'hypothèse d'importations en provenance de Russie. 

Sources : 

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5 avril 2023 3 05 /04 /avril /2023 16:58

Créateur des cryptomonnaies Luna et TerraUSD, le Sud-Coréen Do Kwon (de son nom complet d'état civil Kwon Do-hyung) a été l'une des personnalités les plus puissantes et les plus écoutées du monde des crypto-monnaies. Mais l'effondrement de Luna et de Terra en mai 2022 - l'un des plus spectaculaires de l'économie des crypto-monnaies - a précipité sa chute. Do Kwon est aujourd'hui un homme traqué, poursuivi pour fraude dans plusieurs pays - non seulement la République de Corée (Corée du Sud), qui a demandé son extradition du Monténégro où il vient d'être interpellé, mais aussi, entre autres, les Etats-Unis - où le 23 mars 2023 la justice l'a inculpé pour pour huit motifs de fraude, lui faisant encourir une peine de cent ans de prison. Toutefois, la colère des investisseurs ayant cru en Luna et Terra, et qui ont pour certains tout perdu, ne doit pas occulter les aspects complexes d'une faillite où les responsabilités des différents acteurs restent à établir par la justice à l'issue d'une procédure contradictoire. 

Do Kwon, au siège de sa société Terraform Labs, à Singapour, où il s'était établi en janvier 2022

Do Kwon, au siège de sa société Terraform Labs, à Singapour, où il s'était établi en janvier 2022

En avril 2022, la valeur des cryptomonnaies Luna et Terra atteignait 100 milliards de dollars et leur créateur, Do Kwon, comptait un million de suiveurs sur Twitter. L'ancien diplômé en informatique de l'Université Stanford était alors considéré comme l'une des personnalités de référence de l'univers des cryptos.

Le principe retenu était que Terra - ou plus exactement TerraUSD (acronyme : UST) - constitue un stable coin, à la valeur garantie par parité avec le dollar, afin de répondre aux fluctuations du cours des crypto-monnaies. Lancée en avril 2019, Luna permettait d'assurer la stabilité du cours de Terra, comme l'avait ainsi expliqué Clémence Tanguy dans un article du Café de la Bourse :  

Lorsque l’UST valait plus que 1$, des tokens LUNA étaient détruits pour augmenter l’offre d’UST. À l’inverse, lorsque l’UST valait moins de 1$, des tokens LUNA étaient achetés grâce à la réduction de l’offre d’UST.

Terra et Luna formaient ainsi un couple de crypto-monnaies - dont le sort était lié. La stabilité du cours de Terra était assurée non pas par des réserves en devises (à la différence d'autres stable coins), mais par l'algorithme utilisé, permettant d'effectuer des arbitrages en fonction de l'offre et de la demande. L'ambition était de mettre en place un financement par les crypto-monnaies indépendant des marchés classiques : à cette fin, Do Kwon et ses associés avaient créé la société Chai, permettant des paiements en ligne en utilisant Terra. La société Terraform, créatrice de Terra et de Luna, était aussi devenue l'un des principaux détenteurs de Bitcoin, appliquant le principe too big to fail selon lequel un établissement bancaire de première importance ne peut pas disparaître, au risque sinon de compromettre toute la chaîne de financement. Si Terraform était atteint, c'est toute l'économie des cryptos qui vacillait. Enfin - et surtout - un protocole de rendement, nommé Anchor, avait été lancé à l'été 2021, offrant aux détenteurs de Terra des rendements de l'ordre de 20 %. Ce taux élevé avait précipité l'intérêt des investisseurs - mais fait soupçonner la constitution d'une pyramide de Ponzi, dans laquelle ce sont les nouveaux entrants qui rémunèrent les investisseurs déjà présents.  Une rupture dans les apports ou des demandes massives de retrait rendent alors le dispositif non viable. Anchor a représenté jusqu'à 70 % du montant des UST en circulation.

Et, de fait, en seulement six jours, en mai 2022, les valeurs de Terra et de Luna se sont effondrées. Do Kwon a soupçonné des fuites internes à l'entreprise pour justifier les retrait de plusieurs investisseurs de premier plan.  Mais ce n'était pas la première fois que la parité avec le dollar n'était plus assurée. Toutefois, ni des apports de fonds, ni l'utilisation d'une réserve de Bitcoins se chiffrant en milliards de dollars n'ont cette fois-ci pu enrayer le processus de faillite, suivant le schéma classique de panique bancaire (bank run) dans lequel les clients retirent leurs dépôts en craignant une insolvabilité. Au final, Luna, qui était la 9e crypto-monnaie par le montant de sa capitalisation, a perdu 99,9 % de sa valeur, tandis que la parité de Terra avec le dollar avait disparu. Les pertes ont été estimées à quelque 45 milliards de dollars pour Luna et Terra, et à près de 80 milliards de dollars pour l'ensemble des crypto-monnaies.


Restant résolument un entrepreneur, Do Kwon a alors lancé de nouvelles monnaies, Luna 2.0 et Terra 2.0. Mais les investisseurs floués ont engagé des actions en justice - jusqu'à l'arrestation récente au Monténégro de Ko Kwon, qui était muni de faux papiers belges et costaricains et s'apprêtait à partir pour Dubaï. Selon le jury fédéral américain l'ayant inculpé, il lui est reproché d'avoir

volontairement trompé les investisseurs sur de nombreux aspects de la blockchain Terra, parmi lesquels la technologie utilisée et l’ampleur de son adoption par les utilisateurs

Selon Gurbir Grewal, un des responsables du "gendarme" américain des marchés financiers, la Securities and Exchange Commission (SEC), le système de l'entreprise Terraform Labs

constituait simplement une fraude gonflée par un pseudo “stablecoin” algorithmique, dont le prix était contrôlé par les accusés, et pas par un quelconque code informatique

Si les accusations sont lourdes, elles restent à instruire. Dans une économie des crypto-monnaies peu ou pas régulée - et les règles ne sont pas les mêmes selon les pays, Terraform étant d'ailleurs basée à Singapour - les investisseurs ayant cru à des rendements annuels de 20 %, pour de simples actifs numériques, ont sans doute fait preuve de naïveté. Il faudra aussi déterminer dans quelle mesure Do Kwon et ses associés de Terraform - également mis en cause - connaissaient l'ampleur des risques encourus et ont communiqué à ce sujet. C'est un principe général de droit, quelle que soit la (ou les) juridiction(s) nationale(s) qui ser(ont) finalement saisies : l'élément intentionnel du délit doit être établi. Le précédent du Français Mark Karpelès, qui gérait la plateforme de crypto-monnaies Mt Gox et finalement condamné à une peine de prison avec sursis pour manipulation de données (très en-deçà des réquisitoires initiaux), mérite d'être pris en compte pour éviter d'établir des conclusions hâtives, alors que la faillite du couple Terra-Luna a engendré des drames parmi des investisseurs ayant sincèrement cru à un nouveau paradigme économique et financiers. Et Do Kwon compte d'ailleurs encore des partisans, qui se sont eux-mêmes appelés... les Lunatics.

Sources : 

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12 mars 2023 7 12 /03 /mars /2023 23:38

Fin février 2023, le 8e comité central du Parti du travail de Corée a tenu sa 7e réunion plénière, consacrée à l'augmentation de la production agricole et à l'amélioration de la gestion de l'agriculture. Nous faisons le point sur les données disponibles et les tâches qui incombent à l'Association d'amitié franco-coréenne en tant qu'organisation de solidarité avec le peuple coréen.

Situation alimentaire en Corée du Nord : notre devoir de solidarité

Selon l'agence nord-coréenne KCNA, lors de sa réunion plus spécifiquement consacrée à l'agriculture le Comité central du Parti du travail de Corée (PTC) a discuté "de la mise en oeuvre du programme pour la révolution rurale et le développement économique national". Kim Jong-un, secrétaire général du PTC, a "clarifié la stratégie de développement et les politiques pour mettre en oeuvre le développement soutenable de la production agricole". 

Alors que la moitié nord de la péninsule coréenne est handicapée par la plus grande rareté des terres arables, un climat plus montagnard et une forte exposition aux aléas climatiques (sécheresses, inondations), l'Association d'amitié franco-coréenne a apporté par le passé une aide d'urgence aux populations coréennes - notamment après les inondations de l'été 2007, puis celles de l'été 2016, en coopération avec le Secours populaire français, ou encore en partenariat avec la fondation Eugene Bell). Nous avons également privilégié des actions non conjoncturelles, en favorisant la diversification de la production, par exemple par la fourniture de semences de plantes fourragères et de betteraves

La situation alimentaire apparaît aujourd'hui particulièrement critique : en l'absence de statistiques exhaustives nord-coréennes, la Corée du Sud estime que la production céréalière en 2022 à 4,51 millions de tonnes, soit l'une des plus faibles depuis les disettes des années 1990, en recul de 3,8 % par rapport à 2021 (4,69 millions de tonnes), et très en-deçà des besoins estimés pour l'ensemble de la population (5,5 millions de tonnes).

Ayant discuté de ce sujet avec nos interlocuteurs nord-coréens, l'AAFC a décidé de lancer un appel à projets auprès de ses interlocuteur habituels, tout en étant évidemment ouverte aux propositions de toutes celles et tous ceux qui ne veulent pas que des millions de femmes, d'hommes et d'enfants souffrent à nouveau de la pénurie alimentaire. Ainsi, il ne s'agirait pas tant d'apporter une aide d'urgence, par nature limitée, que de :

- recueillir des semences, en particulier de blé, dans la perspective notamment d'étendre la production dans les parties les plus septentrionales du pays, les moins fertiles ;

- améliorer les techniques de mécanisation et d'irrigation, dans une logique de développement durable qui évite l'épuisement des sols ;

- renforcer la connaissance statistique de la production. 

Nous comptons sur vous. 

Sources : 

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30 janvier 2023 1 30 /01 /janvier /2023 22:32

Dans une dépêche publiée le 10 janvier 2023, l'agence officielle nord-coréenne KCNA a rendu compte de l'aide apportée par les étudiants d'université, pendant leurs vacances d'hiver, aux ouvriers et paysans "dans des établissements industriels, des fermes, des stations électriques et des chantiers d'importance majeure". La mise en exergue de ces initiatives s'inscrit dans une démarche visant à valoriser des activités bénévoles qui contribuent à renforcer la solidarité entre les étudiants, appelés à devenir des cadres, et les ouvriers et paysans.

Lorsqu'arrive le moment du repiquage du riz, tous les Nord-Coréens sont invités à contribuer à l'effort collectif - souvent rejoints par les diplomates étrangers en poste. Suivant la même logique, les autorités valorisent les initiatives par lesquelles les étudiants d'université soutiennent les travailleurs et - par conséquent - une économie nationale qui reste soumise à un embargo sévère

Dans une dépêche du 10 janvier 2023, KCNA a ainsi rendu compte que les étudiants de l'Université du commerce de Pyongyang Jang Chol Gu avaient aidé les travailleurs de l'usine thermique de Pyongyang. Les étudiants de l'Université de l'industrie légère de Pyongyang Han Tok Su s'étaient pour leur part rendus dans l'Usine d'impression des livres d'éducation. 

Ces efforts s'incrivent également dans le cadre d'un soutien au secteur du bâtiment, alors que l'accent est désormais porté également sur la rénovation et l'amélioration du logement dans les zones rurales - alors que le manque de logements avait longtemps conduit à mettre en lumière les programmes de construction à Pyongyang et dans les principaux centres urbains, plus dynamiques démographiquement. 

Principale source : KCNA.

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1 janvier 2023 7 01 /01 /janvier /2023 16:32

Du 26 au 31 décembre 2022, le huitième Comité central du Parti du travail de Corée (PTC) a tenu sa sixième réunion plénière élargie. Dans une dépêche du 1er janvier 2023, l'agence officielle nord-coréenne KCNA a rendu compte en détail des travaux ainsi menés qui soulignent les priorités données au développement de l'économie et à l'autodéfense pour, selon une formule de l'agence KCNA, "conduire le socialisme à la coréenne vers de nouveaux changements et développements", dans un contexte de montée des tensions dans la péninsule coréenne faisant courir le risque d'un nouveau conflit dévastateur. 

"Conduire le socialisme à la coréenne vers de nouveaux changements et développements"

A l'instar d'autres dirigeants dans le monde, Kim Jong-un, président de la Commission des affaires d'Etat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et secrétaire général du Parti du travail de Corée (PTC), avait choisi par le passé de s'adresser à la nation dans un discours de Nouvel An pour faire le bilan de l'année passée et tracer les priorités de l'année à venir. Mais la RPDC a choisi, fin 2022, de réunir la plus haute instance plénière du PTC (après le Congrès) pour débattre et adopter des orientations pour 2023 - traduisant ainsi une volonté, constante depuis l'accession au pouvoir du Président Kim Jong-un en 2011, de mettre en avant le rôle moteur du Parti.

"Conduire le socialisme à la coréenne vers de nouveaux changements et développements"

Sur le premier point à l'ordre du jour de la réunion (les politiques menées en 2022 et le plan de travail pour 2023), le rapport présenté par le secrétaire général Kim Jong-un a tout d'abord mis l'accent sur le "développement des capacités de défense", face aux forces ennemies identifiées comme l'impérialisme américain. Avant de revenir plus en détail sur la situation internationale et la politique nationale de défense, le rapport a toutefois développé le bilan économique et social de l'année 2022 - témoignant de la priorité toujours accordée au développement du pays. Ont ainsi été cités, dans le domaine de la construction, l'achèvement de l'aménagement des zones de Hwasong et Ryonpho, projets majeurs pour "l'amélioration du niveau de vie de la population", et la construction de logements modèles dans les zones rurales. Pour l'avenir, dans la poursuite de la réalisation des objectifs du plan quinquennal, le développement de la production en 2023 doit viser à atteindre l'autosuffisance, tout en appelant à combattre une approche étroitement techniciste et scientiste ("la croyance mystique dans la technologie") qui consiste notamment à dépendre des technologies d'autres puissances. Plus précisément, ont été affirmés les objectifs de construire 10 000 logements dans la deuxième phase d'aménagement à Hwasong et 50 000 logements à Pyongyang. L'agriculture a été présentée comme un secteur économique prioritaire. 

"Conduire le socialisme à la coréenne vers de nouveaux changements et développements"

En politique étrangère, le renforcement des capacités de dissuasion nucléaire a été justifié par la pression militaire exercée par les Etats-Unis et leurs alliés : 

En 2022, les États-Unis ont fréquemment déployé divers moyens de frappe nucléaire en Corée du Sud dans un déploiement constant, augmentant au maximum le niveau de pression militaire sur la RPDC. Et, en même temps, ils ont fait avancer la réalisation d'une coopération triangulaire avec le Japon et la Corée du Sud à grande échelle tout en travaillant dur pour établir un nouveau bloc militaire comme la version asiatique de l'OTAN sous le signe d'une "alliance renforcée".

Dans ce contexte, la Corée du Sud n'est pas menacée elle-même (le discours évoque le "prétexte de faire face à toute "menace" ", les guillemets étant employés dans la dépêche de KCNA) et ce sont bien les Etats-Unis qui sont présentés comme l'ennemi de la RPDC - et pas la Corée du Sud.  Mais il est reproché aux autorités sud-coréennes de s'inscrire dans une logique d'escalade militaire et de confrontation.

Toujours selon le rapport, le développement de la puissance militaire de la RPDC a comme objectif de "prévenir la paix et de sauvegarder la paix et la stabilité" - tout en précisant que, en cas d'échec, "la force nucléaire permettra de réaliser sa seconde mission, qui ne sera pas pour la défense". Implicitement, c'est l'idée de contre-attaque préventive qui est suggérée - mais sans être formulée ouvertement, contrairement à certaines doctrines militaires avancées par d'autres puissances, au premier rang desquelles les Etats-Unis, en particulier lors de la "guerre préventive" contre l'Irak en 2003

Dans une logique restant toutefois fondamentalement celle de la dissuasion nucléaire, le système de défense antimissile nord-coréens doit disposer de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) permettant une "contre-attaque nucléaire rapide". Mi-décembre, KCNA avait rendu compte d'un essai souterrain pour que la RPDC dispose d'un moteur de missile balistique à combustible solide. On retrouve ici l'idée,  développée notamment dans la doctrine française de la dissuasion nucléaire, qu'une frappe en second doit prévenir une attaque en premier, dans la logique de dissuasion du faible au fort. En outre, le rapport adopté lors de la réunion du PTC préconise d'augmenter la production de forces nucléaires tactiques et le lancement, dès que possible en 2023, du premier satellite militaire de reconnaissance. 

Sans faire explicitement allusion à la guerre en Ukraine ou d'autres conflits dans le monde, le PTC observe que la structure des relations internationales a évolué vers un système de "nouvelle Guerre froide", impliquant de placer au premier rang la défense de la souveraineté nationale dans la "consolidation" du socialisme à la coréenne.

Les objectifs ainsi définis devront être mis en oeuvre dans les sections du PTC, en particulier lors de réunions de travail de deux jours et de réunions consultatives.

Source principale : 

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15 novembre 2022 2 15 /11 /novembre /2022 21:05

Dans une étude publiée le 15 novembre 2022, deux auteurs de 38 North, Martyn Williams et Natalia Slavey, rappellent les étapes du développement de la téléphonie mobile en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Ils estiment qu'une majorité des adultes nord-coréens - 50% à 80% - disposeraient désormais d'un téléphone mobile. 

Si un premier réseau de téléphonie mobile (Sunnet) avait été développé dans le pays entre 2002 et 2004, ce n'est véritablement qu'à partir de 2008 que ce secteur a pris son essor en Corée du Nord. Un réseau 3G avait alors été lancé par la société égyptienne Orascom dans le cadre d'une joint ventureLe capital de l'opérateur du réseau, Cheo Technology JV Co., est détenu à 75 % par Orascom Telecom, et à 25 % par la Compagnie coréenne des postes et télécommunications. La licence a été attribuée pour une durée de 25 ans - en 2015, Orascom a annoncé avoir perdu le contrôle effectif de Cheo Technology. Deux ans plus tard, en 2010, la RPD de Corée avait lancé sa propre production industrielle pour répondre à la demande des consommateurs.

 

Le cap du premier million d'abonnés au réseau Koryolink avait été franchi en février 2012 et celui des deux millions en mai 2013. Si l'évolution récente du nombre d'abonnés n'est plus connue précisément, selon l'étude de 38 North le nombre d'abonnés aurait continué de progresser rapidement, pour s'élever actuellement entre 6 et 8 millions (pour une population de 26 millions d'habitants), correspondant à une proportion de 50% à 80% de la population adulte (une même ligne pouvant être utilisée par plusieurs personnes), le réseau couvrant la plus grande partie du pays. La téléphonie mobile a joué un rôle essentiel dans l'essor des marchés privés pour faciliter les transactions. En septembre 2018, Orascom avait obtenu une exemption des Nations unies pour continuer à opérer en Corée du Nord malgré les sanctions.

 

Les Nord-Coréens ont ensuite lancé leur propre réseau 3G, concurrent de Koryolink - et les deux réseaux coexistent aujourd'hui. Opérationnel depuis 2017 à Pyongyang, puis dans d'autres grandes villes, le réseau Mirae est dix fois plus rapide que Koryolink. La modernisation du réseau de téléphonie mobile reste toutefois l'un des enjeux économiques et technologiques, comme l'a souligné le Président Kim Jong-un lors du huitième Congrès du Parti du travail de Corée, en janvier 2021.

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17 septembre 2022 6 17 /09 /septembre /2022 20:57

Promulguée le 16 août 2022 par le président américain Joe Biden, la loi sur la réduction de l'inflation (en anglais : Inflation Reduction Act, IRA) comporte une disposition qui a créé un contentieux avec la République de Corée (Corée du Sud) : en instaurant un crédit d'impôt (jusqu'à 7 500 dollars) pour tout achat d'un véhicule électrique assemblé en Amérique du Nord, la loi IRA exclut les véhicules assemblés en Corée du Sud, notamment ceux des marques Hyundai et Kia. Protestant contre une mesure jugée discriminatoire par les constructeurs sud-coréens, Lee Do-hoon, vice-ministre des Affaires étrangères de la République de Corée, a annoncé qu'il se rendrait aux Etats-Unis du 19 au 23 septembre pour s'entretenir à ce sujet avec des responsables américains au Gouvernement et au Congrès, notamment Jose W. Fernandez, sous-secrétaire d'Etat à la croissance économique, à l'énergie et au développement. 

A droite : Jose W. Fernandez. A gauche : Lee Do-hoon. A droite : Jose W. Fernandez. A gauche : Lee Do-hoon.

A droite : Jose W. Fernandez. A gauche : Lee Do-hoon.

C'est dans des négociations difficiles que s'est engagée la République de Corée : en tentant de faire revenir les Etats-Unis sur le champ d'application d'un crédit d'impôt pour l'achat par les ménages américains d'une voiture électrique, dont sont exclus les véhicules assemblés à l'étranger, elle cherche à remettre en cause une mesure de protectionnisme économique (et de relocalisation industrielle) populaire dans l'opinion publique américaine - qui plus est avant les élections de mi-mandat aux Etats-Unis. 

Pour y parvenir, Séoul devra s'employer à mobiliser tous ses relais aux Etats-Unis. Le président Yoon Suk-yeol a ainsi rencontré le 16 septembre Larry Hogan, gouverneur du Maryland, et son épouse d'origine coréenne, Yumi Hogan, en déplacement dans la péninsule coréenne, pour qu'ils puissent obtenir des avantages équivalents à ceux des véhicules assemblés aux Etats-Unis pour les constructeurs coréens.

Quelques jours plus tôt, Ahn Duk-geun, ministre du commerce, s'était rendu aux Etats-Unis pendant une semaine et avait obtenu que s'engagent des discussions de haut niveau, en vue de réduire l'impact de la mesure de la loi IRA sur les entreprises sud-coréennes : 

Il n'est pas facile d'un point de vue pratique de modifier la loi avant les élections de mi-mandat aux Etats-Unis en novembre. Mais nous restons ouverts à toutes les possibilités et recherchons diverses mesures pour trouver des solutions avec le Congrès américain et son gouvernement

C'est dans ce contexte que Lee Do-hoon, vice-ministre des Affaires étrangères, a annoncé le 15 septembre qu'il se rendrait à son tour aux Etats-Unis pour discuter de la loi IRA. Lee Do-hoon est un diplomate expérimenté, qui connaît bien ses interlocuteurs américains après avoir été un des principaux négociateurs pour Séoul dans les pourparlers multilatéraux sur le nucléaire nord-coréen pendant la présidence de Moon Jae-in.

Alors que l'opinion sud-coréenne reste prompte à renouer avec l'anti-américanisme, les gestes de bonne volonté qu'apporteront les Etats-Unis seront aussi de nature à montrer leur volonté de renouer véritablement avec une approche davantage multilatérale des relations internationales, qui plus est à l'égard d'un de leurs principaux alliés en Asie de l'est.

 

Sources : 

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19 décembre 2019 4 19 /12 /décembre /2019 17:57

Le comté de Samjiyon, situé au nord-est de la péninsule coréenne, dans la province du Ryanggang de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), occupe une place de premier plan dans l’histoire de la RPDC : le Président Kim Il-sung y a dirigé la guérilla jusqu'en 1945, alors que la Corée était sous le joug de l'empire du Japon. Par ailleurs, c’est dans un camp situé au pied du Mont Paektu,  point culminant de la péninsule coréenne situé dans le même comté, qu’est né le 16 février 1942 le Dirigeant Kim Jong-il, successeur de Kim Il-sung de 1994 à 2011. Alors qu'était commémoré le 17 décembre 2019 le huitième anniversaire de la disparition de Kim Jong-il, Kim Jong-un, Chef d’État de la RPDC, a inauguré quelques jours auparavant, le 2 décembre, la nouvelle ville de Samjiyon, après des travaux qui ont complètement transformé cette dernière.

La ville de Samjiyon inaugurée le 2 décembre 2019 (source : KCNA)

La ville de Samjiyon inaugurée le 2 décembre 2019 (source : KCNA)

À un moment où la perspective d’un accord entre les États-Unis et la RPDC s’éloigne chaque jour d’avantage – et, avec elle, un allègement des lourdes sanctions pesant sur la RPDC -, l’inauguration de la « nouvelle ville de Samjiyon » démontre au monde que, malgré les difficultés, la RPDC dispose des ressources humaines et matérielles nécessaires pour réaliser en un temps record d’immenses projets d’infrastructures. Car l’inauguration de Samjiyon - la ville ne sera achevée en totalité qu’en 2021 - n’est qu’un des projets civils lancés ces dernières années sous l’impulsion de Kim Jong-un. On peut citer, entre autres, le Complexe scientifique et technologique (inauguré en 2016) et l'avenue Ryomyong (inaugurée en 2017), à Pyongyang, la cité balnéaire de Wonsan (en cours d'achèvement) ou encore le Complexe des sources chaudes de Yangdok, inauguré le 7 décembre 2019.

L'avenue Ryomyong inaugurée en 2017 (source : KCNA)

L'avenue Ryomyong inaugurée en 2017 (source : KCNA)

Le Complexe des sources chaudes de Yangdok inauguré le 7 décembre 2019 (source : KCNA)

Le Complexe des sources chaudes de Yangdok inauguré le 7 décembre 2019 (source : KCNA)

Ces immenses chantiers mobilisent tout un peuple et nombreux sont les volontaires et soldats mobilisés qui affluent de tout le pays pour participer à l’effort de construction. Surtout, ils illustrent des principes depuis longtemps ancrés dans le Juche, idéologie directrice de la RPDC, notamment les principes d’indépendance et de créativité.

Kim Jong-il (1942-2011) a joué un rôle primordial dans le développement des idées du Juche. Plus précisément, à partir de 1974, alors qu’il était  directeur du département de l'organisation et de l'orientation du Parti du travail  de Corée, Kim Jong-il a accompli un grand travail de théorisation, dont l’aboutissement fut la publication en 1982 d’un ouvrage important dans l'histoire des idées en RPDC : Des Idées du Juche.

De l'action politique de Kim Jong-il, on peut retenir deux événements marquants,  sur le plan intérieur et en matière de politique étrangère.

Sur le plan intérieur, il s’agit bien évidemment de la lutte contre les conséquences des tragiques événements de la décennie 1990, période désignée en RPDC comme la « dure marche ». Si le bilan humain de la famine qui frappa la RPDC à la fin des années 1990 est toujours controversé, il s’agit sans doute de l’événement le plus dramatique de l’histoire de la péninsule coréenne depuis la fin de la guerre  en 1953. Aussi, cette période reste durablement ancrée dans les mémoires, tant en Corée qu’à l’étranger. Pourtant, on ne peut que regretter que beaucoup d’observateurs étrangers et experts plus ou moins autoproclamés de la Corée du Nord mettent toujours en avant des images et témoignages vieux de plus de 20 ans, et soient incapables de mesurer et apprécier l’importance de la modernisation voulue et accomplie ces dernières années  par la RPD de Corée sous la direction de Kim Jong-il puis de Kim Jong-un.

Alors que la RPDC était en proie à d’immenses défis, Kim Jong-il a d'abord voulu protéger les intérêts vitaux de son pays, notamment face aux tentatives de déstabilisation d'ampleur croissante. En ce sens, la poursuite du programme de développement d'une force de dissuasion nucléaire autonome, malgré les difficultés économiques, grâce à la politique du Songun (priorité aux affaires militaires), a sans doute permis à la RPDC de conserver sa souveraineté et de maintenir l’équilibre des forces en Corée. Ainsi, Kim Jong-il a écrit : « Se défendre par ses propres moyens est un des principes essentiels de l'édification d'un État indépendant et souverain. Tant qu'existe l'impérialisme, un pays qui ne dispose pas de forces armées d'autodéfense susceptibles de repousser ses ennemis, de l'intérieur comme de l'extérieur, ne peut, en fait, être considéré comme un pays complètement indépendant et souverain. » (Kim Jong-il, Des Idées du Juche,  « L’autodéfense en matière de sécurité nationale », Éditions en langues étrangères, Pyongyang, 1982).

Il convient de noter que la dissuasion « du faible au fort » pratiquée par la RPDC est analogue à la doctrine française de dissuasion voulue par le Président Charles de Gaulle dans les années 1960, dans un contexte différent puisque, à cette époque, la France bénéficiait encore du  « parapluie nucléaire » des États-Unis et ses intérêts vitaux étaient moins menacés que ceux de la RPDC dans les années 1990...

Mais la politique de priorité aux affaires militaires ne fut jamais une fin en soi et s’est accompagnée d'efforts diplomatiques de la part de la RPDC qui ont marqué un tournant décisif pour la Corée et pour le monde.

On retiendra d'abord la relance du dialogue inter-coréen entre 1998 et 2008 et les historiques sommets entre Kim Jong-il et les présidents sud-coréens Kim Dae-jung, en juin 2000, et Roh Moo-hyun, en octobre 2007.  Les déclarations signées conjointement par les dirigeants suprêmes des deux États coréens le 15 juin 2000 et le 4 octobre 2007 posèrent les bases d'une réunification de la Corée dans l'indépendance et la paix « par les propres efforts du peuple coréen ». Deux des résultats les plus emblématiques de la relance du dialogue inter-coréen furent le circuit touristique des monts Kumgang et la zone industrielle de Kaesong, projets malheureusement arrêtés, respectivement, en juillet 2008 et février 2016 par les gouvernements conservateurs revenus au pouvoir en Corée du Sud.

Le Dirigeant Kim Jong-il accueille le Président Kim Dae-jung à Pyongyang le 13 juin 2000

Le Dirigeant Kim Jong-il accueille le Président Kim Dae-jung à Pyongyang le 13 juin 2000

Kim Jong-il a aussi tendu la main aux pires ennemis de son pays, en déléguant à Washington du 9 au 12 octobre 2000 le vice-président de la Commission de la défense nationale de la RPDC, le vice-maréchal Jo Myong-rok, visite suivie par celle de la secrétaire d'État américaine Madeleine Albright à Pyongyang le 23 octobre 2000. Le 17 septembre 2002, Kim Jong-il reçut aussi à Pyongyang le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi.

La secrétaire d'État Madeleine Albright accueillie par Kim Jong-il à Pyongyang le 23 octobre 2000

La secrétaire d'État Madeleine Albright accueillie par Kim Jong-il à Pyongyang le 23 octobre 2000

À l'instar des grands projets civils menés en dépit des difficultés économiques - souvent imposées de l'extérieur -, les gestes diplomatiques spectaculaires accomplis par la RPDC au cours des deux dernières décennies, démontrant que le dialogue est toujours possible, adressent un message d'espoir au monde entier.

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13 juillet 2019 6 13 /07 /juillet /2019 17:13

Le 1er juillet 2019, le gouvernement du Premier ministre japonais Abe Shinzo a annoncé la mise en place de restrictions à l'exportation vers la Corée du Sud de trois matériaux nécessaires à la fabrication de semi-conducteurs et d'écrans, produits phares de l'industrie sud-coréenne. Cette mesure semble avoir été prise en représailles d'un verdict rendu en 2018 par la Cour suprême sud-coréenne, ordonnant à des entreprises japonaises d'indemniser des victimes du travail forcé, mais pourrait aussi être motivée par des considérations de politique intérieure.

Le Président Moon Jae-in passe devant  le Premier ministre Abe Shinzo après l'avoir salué à la réunion du G20 à Osaka le 28 juin 2019 (source : Yonhap) 

Depuis le 4 juillet 2009, les sociétés japonaises doivent demander une autorisation pour exporter trois matériaux vers la Corée du Sud : le polymère fluoré, la résine photosensible et le fluorure d'hydrogène. La procédure d'autorisation nécessite désormais 90 jours, là où le gouvernement japonais accordait auparavant un traitement préférentiel aux entreprises sud-coréennes. Les matériaux visés sont nécessaires à la fabrication des écrans pour smartphones et des puces mémoire, soit les principaux produits exportés par la Corée du Sud, laquelle a dépendu à plus de 90% du Japon pour ses approvisionnements en polymère fluoré et résine photosensible et à 44% pour le fluorure d'hydrogène entre janvier et mai 2019, selon l'Association coréenne du commerce international.

Dès l'annonce de la décision du Japon de restreindre l'exportation de certains produits nécessaires à l'industrie sud-coréenne, le ministère du Commerce, de l'Industrie et de l'Energie de Corée du Sud a accusé le Japon de violer un accord de l'Organisation mondiale du commerce et déclaré qu'il y répondrait « fermement ».

Le 4 juillet, jour d'entrée en vigueur des restrictions aux exportations japonaises, le ministre de l'Economie a dit que le gouvernement sud-coréen envisagerait « diverses mesures correspondantes » à moins que le Japon ne revienne sur sa décision.

Apparemment, la décision japonaise est une réponse à un jugement rendu en 2018 par la Cour suprême de Corée du Sud, ordonnant à des entreprises japonaises de dédommager des victimes coréennes du travail forcé pendant la période coloniale (1910-1945). Le Japon a dénoncé cette décision en affirmant que toutes les questions concernant les réparations liées à son régime colonial ont été résolues grâce à l'accord signé en 1965 par les gouvernements japonais et sud-coréen et normalisant les relations diplomatiques entre les deux pays.

Le 8 juillet, s'exprimant pour la première fois en public au sujet de la décision prise la semaine précédente par le Japon, le président sud-coréen Moon Jae-in a appelé ce dernier à lever les restrictions d'exportations imposées contre des entreprises sud-coréennes, en les décrivant comme une tentative de limiter le commerce dans un but politique. Le Président Moon a dit que le gouvernement sud-coréen mènerait d'abord des efforts « calmes » pour tenter de la résoudre de façon diplomatique. Mais, en cas de « dommages réels » subis par des entreprises sud-coréennes, le gouvernement n'aura pas d'autre choix que de prendre les mesures « nécessaires ».

Le Président Moon s'est aussi engagé à apporter tous les soutiens possibles aux entreprises sud-coréennes, de telle sorte à ce qu'elles puissent améliorer leur compétitivité internationale dans le secteur manufacturier en réduisant la dépendance aux importations de matériaux essentiels.

Pour justifier la décision prise par son pays, l'ambassadeur du Japon en Corée du Sud a déclaré le 8 juillet que les restrictions placées sur les exportations de matériaux technologiques vers la Corée du Sud étaient dues à un « effondrement » de la confiance mutuelle. Le lendemain, le gouvernement japonais est allé jusqu'à affirmer que le renforcement de ses réglementations sur les exportations de certains matériaux vers la Corée du Sud était dû en partie au non-respect par Séoul des sanctions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies à l'encontre de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Ces allégations ont été immédiatement rejetées par le gouvernement sud-coréen.

Le 9 juillet, le Japon a refusé l'appel au dialogue de la Corée du Sud pour trouver une solution au différend commercial, disant n'avoir pas l'intention de lever les restrictions et que la question n'était pas sujette à des pourparlers, la décision du 1er juillet s'inscrivant dans le cadre des efforts du Japon visant à revoir les contrôles de ses exportations.

Comme les efforts visant à résoudre cette crise de manière bilatérale n'ont abouti à rien, la Corée du Sud cherche désormais à s'assurer un soutien de la communauté internationale, dont les Etats-Unis, afin de faire supprimer la mesure commerciale prise par le Japon. Les Etats-Unis ont un intérêt certain à trouver une issue à un conflit commercial entre deux de leurs principaux alliés en Asie, alors qu'il cherchent depuis longtemps à promouvoir la coopération, y compris militaire, entre eux face à la Corée du Nord et, surtout, à la Chine identifiée comme le principal adversaire stratégique des Etats-Unis depuis le début des années 2000.

Mais, au-delà des différends historiques entre la Corée et le Japon, la décision du gouvernement du Premier ministre Abe Shinzo de restreindre l'exportation de certains matériaux nécessaires à l'industrie sud-coréenne pourrait avoir été prise pour des considérations de politique intérieure japonaise, comme l'analyse le quotidien sud-coréen Hankyoreh.

La moitié de la Chambre des conseillers, chambre haute de la Diète du Japon, doit être renouvelée le 21 juillet 2019, et plusieurs experts estiment que l'objectif du gouvernement japonais est de mobiliser sa base conservatrice en s'en prenant à la Corée du Sud, afin de remporter le maximum de sièges, ce qui permettrait de s'assurer une majorité des deux tiers, nécessaire à la modification de la Constitution. Alors qu'on s'attendait à ce que le Japon prenne des mesures de rétorsion vers la fin de l'année 2019, lorsque les actifs sud-coréens des entreprises japonaises condamnées par la Cour suprême de Corée du Sud seraient mis aux enchères pour indemniser les victimes coréennes du travail forcé, le gouvernement Abe a rendu publique la mise en place de restrictions aux exportations vers la Corée du Sud dès le 1er juillet, soit le même jour que l'annonce du renouvellement de la moitié de la Chambre des conseillers. Plusieurs observateurs en ont conclu que le gouvernement japonais avait voulu que les restrictions aux exportations coïncident avec l'élection à la chambre haute.

Mais, souligne le Hankyoreh, le Premier ministre japonais n'a jamais pris de lui-même l'initiative d'évoquer les nouveaux contrôles sur les exportations, et ne l'a fait que lorsque des questions ont été posées à ce sujet par les journalistes ou dans les débats politiques. Cette attitude va à l'encontre de l'idée selon laquelle Abe Shinzo pousserait à s'en prendre à la Corée du Sud dans le cadre d'une stratégie électorale. Si une telle réserve du Premier ministre japonais peut être en partie motivée par sa crainte de réactions du monde des affaires, elle pousse aussi les analystes à penser que le gouvernement Abe a vu au-delà de l'élection en décidant de restreindre les exportations vers la Corée du Sud.

« Il est vrai que ces mesures ont été très efficaces pour susciter le vote conservateur. L'objectif d'Abe semble être de gagner non seulement l'élection à la Chambre des conseillers, mais aussi l'élection à la Chambre des représentants et [de profiter de cet élan] pour modifier la Constitution », a déclaré Lee Yeong-chae, professeur à l'université Keisen, le 9 juillet au Hankyoreh. Abe a déclaré que la mission de sa vie était de réviser la « Constitution pacifique » du Japon, interdisant à ce dernier de posséder une armée et de faire la guerre.

Pour le moment, les partis politiques japonais favorables à une révision constitutionnelle détiennent déjà les deux tiers des sièges à la Chambre des représentants (chambre basse de la Diète du Japon). Une majorité des deux tiers à la Chambre des conseillers ouvrirait donc la voie à une modification de la Constitution. Mais une telle révision doit ensuite être approuvée par référendum et les citoyens japonais restent en majorité opposés à la révision de l'article 9, crucial quant au caractère pacifique de la Constitution japonaise. Le Premier ministre japonais va donc vouloir maximiser les chances d'une révision constitutionnelle en remportant l'élection à la Chambre des représentants. La législature actuelle s'achève normalement à l'automne 2021, mais le Premier ministre japonais a le pouvoir de dissoudre la chambre basse quand il le souhaite.

Certains experts pensent que, en plus d'en tirer un avantage lors des élections à venir, Abe cherche à utiliser les restrictions posées aux exportations vers la Corée du Sud pour que celle-ci fasse d'énormes concessions.

« Cela ne peut pas être décrit comme totalement indépendant de l'élection, ni comme une stratégie électorale », a ainsi déclaré Junya Nishino, professeur à l'université Keio. « Ce problème est survenu parce que rien ne laisse supposer que le gouvernement sud-coréen change de position sur la décision de la Cour suprême [accordant des dommages et intérêts aux victimes du travail forcé]. Les élections coïncidaient avec cela. Ce problème a déjà pris de l'ampleur et il semble inévitable qu'il se prolonge », a déclaré le professeur Nishino.

Ce point de vue est partagé par une source diplomatique à Tokyo, citée par le Hankyoreh : « L'un des problèmes ici est que le Japon en a assez du problème des femmes de réconfort. Les élections ont sans aucun doute eu un effet, mais vous ne pouvez pas considérer que cela concerne uniquement les élections. »

Alors que le gouvernement sud-coréen soutient que la décision de la Cour suprême doit être respectée et qu’il ne peut pas intervenir dans les décisions judiciaires, le gouvernement japonais rétorque que la décision de la Cour suprême sud-coréenne constitue en soi une violation du droit international. Les positions du Japon et de la Corée du Sud quant à la question des réparations pour le travail forcé pendant la période coloniale semblent donc inconciliables.

Le Japon a déjà admis ouvertement qu’il prendrait des mesures de rétorsion : en mars, le vice-Premier ministre japonais, Taro Aso, a déclaré que le Japon envisageait de relever les droits de douane sur les produits sud-coréens et d'interdire les envois de fonds et les visas en cas de liquidation des actifs des entreprises japonaises.

Une première indication des véritables intentions du Japon et de la durée prévisible du conflit commercial en cours sera donnée le 1er août, après l'élection de la Chambre des conseillers. Le gouvernement japonais devra alors décider s'il enlève ou non la Corée du Sud de la « liste blanche » des pays bénéficiant d'un traitement préférentiel pour les exportations de matériaux destinés aux industries de pointe, en application de la loi japonaise relative à la gestion des échanges internationaux et du commerce extérieur (Foreign Exchange and Foreign Trade Management Act). Le retrait de la Corée du Sud de cette liste signifierait que le Japon peut imposer des restrictions à tous les produits autres que les produits alimentaires et le bois d'œuvre. Le conflit entre le Japon et la Corée du Sud franchirait alors un nouveau palier et échapperait à tout contrôle.


Sources :

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1 janvier 2019 2 01 /01 /janvier /2019 16:17

Le 1er janvier 2019, Kim Jong-un, président du Parti du travail de Corée (PTC), président de la Commission des affaires d'Etat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et commandant suprême de l'Armée populaire de Corée, a prononcé le traditionnel discours de Nouvel an, faisant le bilan de l'année écoulée et traçant les grandes lignes de l'année qui s'ouvre. Compte tenu des évolutions intervenues en 2018 dans les relations entre la RPDC et la Corée du Sud d'une part, entre la RPDC et les Etats-Unis d'autre part, cette allocution était particulièrement attendue cette année. Voici la traduction du compte rendu qu'en a fait l'agence de presse officielle KCNA.

Kim Jong-un, le 1er janvier 2019

Kim Jong-un, le 1er janvier 2019

Le dirigeant suprême Kim Jong-un a prononcé un discours à l'occasion du Nouvel an 2019.

Dans son discours de Nouvel an, il a adressé ses vœux chaleureux au peuple et à l'armée à travers le pays et aux compatriotes au Sud et à l'étranger, et exprimé son espoir que les dirigeants et amis de pays étrangers enregistrent des succès dans leur travail.

Il a déclaré que 2018 a été une année historique où, conformément à la ligne d’indépendance et à la décision stratégique du Parti du travail de Corée, de grands changements ont eu lieu dans la situation intérieure et extérieure et l’édification du socialisme a atteint un palier nouveau.

Notant qu'en cette année nouvelle nous sommes confrontés à la tâche d’ouvrir sûrement des perspectives pour le progrès de l’édification du socialisme grâce à l’élargissement et au renforcement de la capacité de développement indépendant du pays, il a dit que nous devons arborer le mot d'ordre « Ouvrons une nouvelle voie à la marche pour l’édification du socialisme en portant haut la bannière de la confiance en soi ! ».

Il a appelé à un essor révolutionnaire sur tous les fronts de l'édification du socialisme en considérant la confiance en soi comme une arme précieuse en vue de la prospérité.

Il a souligné le besoin de réussir à atteindre l’objectif stratégique du développement de l'économie nationale en comptant sur nos propres forces techniques et ressources ainsi que sur l’esprit créateur et l’enthousiasme révolutionnaire élevés du peuple entier, pour ainsi passer à une étape nouvelle de sa croissance.

Il a mis en évidence le besoin d'augmenter par tous les moyens le potentiel politique et idéologique de notre Etat.

Il a souligné le besoin d'accélérer l'édification d'une civilisation socialiste et de renforcer le potentiel de la défense national.

Il a dit que l'année dernière a été une année émouvante, marquée de changements spectaculaires jamais vus dans l’histoire de plus de 70 ans de la division.

En nous basant sur les réalisations précieuses de l’année dernière, marquée remarquablement d’événements sans précédent, nous devons faire, en 2019, de plus grands progrès dans l’effort pour le développement des rapports Nord-Sud, la paix et la prospérité ainsi que pour la réunification du pays, a-t-il souligné.

Tous les Coréens doivent arborer le mot d'ordre « Appliquons en tous points les Déclarations historiques Nord-Sud pour inaugurer une période de pleine floraison de l’effort de paix, de prospérité et de réunification de la péninsule coréenne ! », a-t-il insisté.

Notant que notre volonté immuable est de mettre fin à la source des rapports d’hostilité militaire entre le Nord et le Sud et de transformer la péninsule coréenne en une zone de paix permanente et durable, il a appelé à étendre et développer sur tous les plans la collaboration et les échanges entre le Nord et le Sud pour raffermir la réconciliation et l’union nationales et permettre à tous les Coréens de bénéficier réellement de l’amélioration des rapports Nord-Sud.

Il a déclaré que nous ne tolérons jamais l’ingérence des forces extérieures qui entendent barrer la voie de notre nation vers la réconciliation, l’union et la réunification, en cherchant à subordonner les rapports Nord-Sud à leurs goûts et intérêts.

Il a déclaré que, l'année dernière, le PTC et le gouvernement de la RPDC se sont efforcés de façon responsable de sauvegarder la paix et la sécurité mondiales, d’élargir et renforcer les relations d’amitié avec différents pays.

Notant que la rencontre et la conférence au sommet entre la RPDC et les Etats-Unis, premières dans l’histoire, ont changé de façon spectaculaire les rapports RPDC-Etats-Unis, rapports les plus hostiles sur le globe, et ont contribué grandement à la paix et à la sécurité de la péninsule coréenne et de la région, il a souligné que c’était l'attitude immuable du PTC et du gouvernement de la RPDC, ainsi que sa ferme volonté, d’établir de nouvelles relations entre les deux pays comme l’exige le nouveau siècle, d'instaurer un système de paix permanent et durable dans la péninsule coréenne et d'aller vers une dénucléarisation complète comme stipulé dans la Déclaration conjointe RPDC-Etats-Unis du 12 Juin.

Il a ajouté que la RPDC n'avait pas l'intention de rester obstinément empêtrée dans l’histoire regrettable entre les deux pays, mais la volonté de résoudre au plus tôt le passé et à aller vers l’établissement de nouveaux rapports répondant aux aspirations des peuples des deux pays et aux impératifs de l’évolution de l’époque.

Comme l’a montré le progrès rapide des rapports Nord-Sud de l’an dernier, rien n’est impossible quand on prend la décision nécessaire, et si les partenaires de négociations osent se libérer chacun de son opinion invétérée, proposent, selon le principe de se reconnaître et de se respecter l’un l’autre, des projets équitables et procèdent avec une attitude correcte et la volonté de résoudre les problèmes, ils pourront parvenir sans faute à un aboutissement favorable à l’un et à l’autre, a-t-il déclaré.

Déclarant qu'il reste prêt à s’asseoir de nouveau n’importe quand avec le Président des Etats-Unis, il a également souligné qu'il s'efforcera d’obtenir un résultat digne d’être accueilli par la communauté internationale.

Mais si les Etats-Unis, au lieu de tenir les engagements qu’ils ont pris au vu et au su du monde entier, interprètent mal la patience du peuple coréen et tentent d'imposer certaines choses à la RPDC et de poursuivre toujours leurs sanctions et pressions contre elle, force nous serait de chercher une nouvelle voie permettant de sauvegarder la souveraineté du pays et les intérêts suprêmes de l’Etat ainsi que d’obtenir la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne, a-t-il souligné.

Il a appelé les pays voisins et la communauté internationale à soutenir les positions et efforts sincères de la RPDC tendant à stimuler l’évolution positive de la situation dans la péninsule coréenne et lutter contre tous les actes et défis de nature à détruire la paix et à contrecarrer la justice.

Il a souligné que le PTC et le gouvernement de la RPDC, suivant les idées d’indépendance, de paix et d’amitié, continueront à renforcer l’union et la coopération avec les pays socialistes et développeront les relations avec tous les pays qui traitent amicalement la RPDC.

"Supreme Leader Kim Jong Un Makes New Year Address", KCNA, 1er janvier 2019

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