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24 août 2015 1 24 /08 /août /2015 11:07

Les négociations marathon qui se déroulent depuis trois jours entre les deux Corée dans le village frontalier de Panmunjom ont ostensiblement pour origine un malheureux incident : le 4 août 2015, deux soldats sud-coréens ont sauté sur des mines dans la DMZ et ont été gravement estropiés. Après plusieurs jours de flottement, les autorités sud-coréennes avaient ensuite dénoncé une "attaque" nord-coréenne - ce qu'avait démenti Pyongyang - et, à titre de représailles, relancé la propagande anti-Nord diffusée par les hauts parleurs situés le long de la DMZ. Un des points d'achoppement des discussions en cours est que le Nord exige la fin de la propagande par haut-parleur, quand le Sud réclame des excuses du Nord. Si les négociateurs tentent apparemment de sortir par le haut de l'impasse en élargissant le champ des discussions, il est utile de revenir sur l'incident des mines, qui, à bien des égards, rappelle le dramatique naufrage du Cheonan, au printemps 2010 dans lequel 46 marins sud-coréens ont trouvé la mort, entraînant la rupture des échanges intercoréens (à l'exception notable de ceux de la zone économique spéciale de Kaesong) après la mise en place, par Séoul, des mesures dites du 24 mai (2010). En effet, en 2010 déjà l'opinion publique sud-coréenne avait été fortement émue suite à un accident attribué tardivement au Nord, comme récemment pour l'affaire des mines, avec le même démenti vigoureux de Pyongyang, et les mêmes doutes de nombreux experts sur la fiabilité de la thèse officielle sud-coréenne et américaine - laquelle permet opportunément, en 2015 comme en 2010, de ressouder les Sud-Coréens contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), autour d'un exécutif conservateur sud-coréen à la cote de popularité en baisse et dont une part importante de la base électorale est viscéralement hostile à la RPDC. Nous traduisons ci-après de l'anglais un article paru en exclusivité le 21 août 2015 dans New Eastern Outlook, qui avait déjà été mis en lien sur notre page Facebook : l'expert russe Konstantin Asmolov, chercheur à l'Institut d'études orientales de l'Académie des sciences de Russie, y analyse de manière approfondie "l'affaire des mines", sous le titre "A propos des explosions récentes dans la zone démilitarisée et de la dégradation des tensions intercoréennes". 

L'analyse du chercheur russe Konstantin Asmolov, à propos de l'affaire des mines à l'origine de l'actuel bras-de-fer intercoréen

Le 4 août 2015 un incident est intervenu au Sud de la zone démilitarisée (DMZ), qui sépare la République populaire démocratique de Corée et la Corée du Sud le long du 38e parallèle.

Selon l'agence de presse Yonhap, deux soldats sud-coréens ont été gravement blessés à la jambe pendant une patrouille de routine, en raison d'une explosion survenue à 7h40 du matin heure locale (1h40 heure de Moscou) dans le district d'Incheon, de la province de Gyeonggi, près de la ville de Paju. Un représentant local du commandement militaire a déclaré à l'agence qu'"une implication de la République populaire démocratique de Corée dans cet incident était improbable". Il a ajouté qu'une mine antipersonnelle était la cause la plus probable de l'explosion.

Kim Min-seok, porte-parole du ministère de la Défense nationale, a exprimé ses regrets à propos de l'incident et observé que la vie des victimes n'était plus en danger grâce à une réaction rapide. En outre, le compte rendu de Yonhap avait aussitôt relevé que l'endroit où l'incident était survenu était "jonché" de mines, pour la plupart enfouies au moment de la guerre de Corée (1950-1953). Les cartes des champs de mines n'aident pas vraiment à les localiser précisément, car la plupart ont été déplacées par la pluie, le vent et l'érosion des sols.

Il ne semblait s'agir que d'un incident banal. Pourtant, dès le 7 août, un militaire de haut rang du commandement sud-coréen, Jung Ho-sub, plaçait ses unités en alerte pour pouvoir répondre à de futures provocations nord-coréennes et bientôt la question des provocations nord-coréennes devint le principal sujet de discussions dans la ville.

Pendant ce temps, les blessures subies par le personnel militaire pendant l'incident se sont révélées bien plus graves qu'initialement envisagé. Les deux garde-frontières ont perdu leurs jambes, ce qui signifie qu'ils sont officiellement handicapés et éligibles à une pension à vie.  

Finalement, l'implication nord-coréenne a été officiellement annoncée le 10 août. Selon le général de brigade Ahn Young-ho, qui a conduit la commission d'enquête sur l'incident, "il est apparu qu'il s'agissait d'une mine antipersonnel (pour être précis, trois mines), enfermées dans une des boîtes en bois habituellement utilisées par l'armée nord-coréenne (...) L'ennemi a délibérément planté des mines pour infliger des dommages aux forces armées de la République de Corée", ainsi que pour faire obstacle aux prochains exercices militaires conjoints de la République de Corée et des Etats-Unis (Ulchi Freedom Guardian).

Selon les officiers militaires, les éléments trouvés sur place (des fragments de la boîte en bois qui aurait contenu les mines, trois ressorts et des traces d'une substance explosive, le trotyl) prouvent l'implication de la République populaire démocratique de Corée dans l'explosion. Et dès lors qu'il n'y avait pas de corrosion ou de rouille sur les fragments de mine il en a été conclu que la mine avait été installée récemment, sans doute fin juillet, dans la région de l'incident qui avait connu de fortes pluies et un épais brouillard. 

En tout cas il a été en même temps "découvert" qu'il n'y avait auparavant pas de mines dans la région où l'incident s'est produit, ce qui signifie qu'il ne s'agissait pas de vieilles mines plantées il y a longtemps, mais de mines récentes, enfouies par des agents provocateurs nord-coréens. Il est apparu que le brouillard était si dense en juillet que des agents de renseignement nord-coréens auraient pu pénétrer sur le territoire de la République de Corée et planté ces mines à 440 mètres de la frontière. Ahn Young-ho a souligné que des incidents similaires étaient survenus dans les années 1960.  

A ce stade une question se pose : qu'en est-il du système de garde-frontière sud-coréen assisté par ordinateur tant vanté ? Il faudrait alors admettre qu'il est possible de pénétrer dans la zone démilitarisée. Au moins deux incidents ont eu lieu récemment, quand des soldats nord-coréens ayant fait défection ont franchi avec succès tous les obstacles posés à la frontière. Dans un des cas, le soldat n'a été remarqué qu'après avoir frappé à la porte d'un point de contrôle sud-coréen. C'est pourquoi il est difficile de dire si les commandos nord-coréens sont si habiles, ou si les garde-frontières sud-coréens ont échoué à accomplir leur mission. En outre, tout en formulant ses excuses, le ministère de la Défense nationale (MDN) a admis que les garde-frontières n'avaient pas de détecteur de mines, ce qui doit être considéré comme une grave négligence. 

Il semble à l'auteur de cet article que les deux déclarations se contredisent de manière à soulever un doute. D'un côté, les représentants du commandement local ont confirmé la non-implication de la République populaire démocratique de Corée dans cet incident. Dans ce cas, il est raisonnable d'affirmer que cette conclusion se fondait sur les éléments matériels de l'enquête menée initialement sur le lieu de l'incident. Or près d'une semaine plus tard de nouvelles preuves sont apparues qui, pour une raison ou une autre, n'avaient pas été découvertes immédiatement. Mais si des restes de l'enveloppe extérieure de la mine et d'autres parties avaient été découvertes d'emblée, il apparaît alors quelque peu étrange que cette version n'ait pas été diffusée tout de suite, surtout si les mines des deux pays sont si différentes. 

Il est aussi important de relever que le lieu de l'incident a attiré l'attention à plusieurs reprises. Si l'on revient en 2010, après les incidents de l'île Yeonpyeong, au paroxysme de la flambée de tensions entre les deux Corée, un canon s'est "accidentellement" embrasé de lui-même. Son obus n'a pas atteint le territoire nord-coréen et il n'y a donc pas eu d'échanges de tirs. Et des incidents difficiles à expliquer dans lesquels chaque partie reproche à l'autre d'avoir "bombardé son territoire" sont survenus à plusieurs reprises ces jours-ci. En outre, les "défenseurs sud-coréens des droits de l'homme" ont envoyé leurs ballons chargés de tracts de propagande depuis cette zone.

Néanmoins, une enquête menée par le commandement des troupes des Nations Unies (la commission d'enquête comprenait des représentants des Etats-Unis, de la République de Corée, de la Nouvelle-Zélande et de la Colombie) est arrivée aux mêmes conclusions que leurs homologues en Corée du Sud, ce qui a été qualifié de signal pour "aller de l'avant". Les commandants en chef du comité conjoint des forces armées de la République de Corée ont qualifié l'enfouissement de mines par la Corée du Nord dans la DMZ de rupture ouverte du cessez-le-feu et des accords de réconciliation. Le Sud a exigé que le Nord reconnaisse sa responsabilité dans l'incident et présente ses excuses. Le commandement des Nations Unies a dénigré les actions supposées du Nord et ordonné une rencontre de toutes les parties concernées au niveau des généraux. Selon la déclaration du commandement des Nations Unies, "en ayant planté des mines antipersonnel enfermées dans des boîtes en bois le long de la route où patrouillent les soldats sud-coréens dans la partie Sud de la DMZ, l'armée nord-coréenne a violé les paragrahes 6, 7 et 8 de l'accord de cessez-le-feu".

Tant le parti au pouvoir que l'opposition sud-coréenne ont dénoncé les actions supposées de la République populaire démocratique de Corée. Le Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki-moon a appelé le Nord à cesser immédiatement ses provocations et à engager un dialogue. Le secrétaire d'Etat britannique pour les Affaires étrangères et le Commonwealth Phillip Hammondalso a vilipendé les actions présumées de la République populaire démocratique de Corée. En ce qui concerne la Présidente de la République de Corée (qui n'a jamais clairement mis en doute les résultats de l'enquête), elle a pris une position rigide, mais sans essayer de "brûler les ponts" comme Lee Myung-bak l'avait fait avant elle.  "Notre gouvernement continuera d'exercer une pression sur la Corée du Nord selon une logique de stricte dissuasion, et poursuivra parallèlement ses efforts pour reprendre le dialogue intercoréen". 

Le 10 août, il a été pris la décision de reprendre les émissions de propagande anti-Corée du Nord en utilisant les hauts parleurs installés le long de la frontière et de placer en état d'alerte les troupes de la République de Corée stationnées dans la zone démilitarisée. Le ministre de la Défense de la République de Corée Han Min-koo a déclaré que ce n'était qu'un début et que d'autres mesures de rétorsion étaient envisagées. Quand il a été interrogé s'il existait des plans pour attaquer les postes frontières nord-coréens situés de l'autre côté de la zone démilitarisée, il a répondu que la décision n'avait pas encore été prise. Selon certaines sources, la République de Corée aurait même souhaité mener une contre-attaque, mais les Etats-Unis l'aurait désapprouvée.

S'agissant des grands médias sud-coréens, ils ont déjà identifié le Nord-Coréen qui aurait manigancé l'incident. Ils ont pointé du doigt le Général Kim Yong-chol, récemment promu. En fait, il a été promu avant l'incident, mais c'est le général Kim qui avait déjà été accusé d'être derrière l'incident de l'île Yeonpyeong et le naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan. Les Sudistes croient qu'il est en charge du renseignement militaire et qu'il a sur la conscience toutes les provocations de ce genre.

Pour conclure, les lecteurs doivent avoir conscience de deux autres aspects de la situation, qui ont trait à la politique étrangère. D'abord, l'incident est survenu juste avant les exercices militaires conjoints prévus entre les armées américaine et sud-coréenne. Chaque année la Corée du Nord déclare que ces exercices sont menés en préparation d'une invasion, et elle reçoit la même réponse du Sud que ce sont leurs affaires et strictement leur droit souverain. L'incident récent a "démoli les allégations nord-coréennes" : maintenant tout un chacun peut voir qui est le vrai provocateur.

Et plus largement il doit être noté que, ayant repoussé une attaque menée par Park Geun-hye dans le cadre de sa politique de "lutte contre la corruption", les forces conservatrices de la République de Corée tentent de se venger. Ce qui inclut la nomination d'un nouveau Premier ministre, une tentative pour limiter le pouvoir du Président, que nous avons analysée dans un de nos récents articles, et tout une série de décisions controversées rendues par la Cour constitutionnelle.

En tout cas, pour l'auteur de cet article tant les provocations du Nord que celles du Sud représentent en quelque sorte "beaucoup de bruit pour rien", car il se passe quelque chose de beaucoup plus important. Qu'on en juge : au moment même où était rendue publique la nouvelle de l'implication supposée de la Corée du Nord, les deux victimes de l'accident devenaient handicapées et éligibles à une pension à vie. Dans ce contexte, indépendamment de ce qui est effectivement arrivé, les Sud-Coréens épouseraient plus facilement la version officielle de la provocation de la Corée du Nord  comme étant socialement plus acceptable que la méconnaissance des règles de sécurité (les soldats n'avaient pas de détecteur de mines).

Et effectivement il y a des ressemblances avec l'escalade des tensions engendrée par le naufrage de la corvette Cheonan il y a cinq ans, quand il a été décidé que cet événement dramatique pourrait être utilisé à des fins politiques. Alors qu'initialement, après les faits, la Corée du Nord ne figurait pas parmi les suspects, des preuves hautement douteuses (une torpille rouillée de manière surprenante) ont ensuite été "découvertes".  

Konstantin Asmolov, docteur en histoire, chercheur confirmé de l'Institut d'études orientales de l'Académie des sciences de Russie. Article publié en exclusivisité par le magazine en ligne New Eastern Outlook.

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28 mai 2015 4 28 /05 /mai /2015 16:04

Le 26 mars 2010, la corvette Cheonan de la marine sud-coréenne coulait au large de l'île de Baengnyeong, à l'ouest de la péninsule coréenne, entraînant la mort de 46 marins. Pour élucider les causes de ce naufrage, le gouvernement sud-coréen a mis en place un groupe d'enquête - largement dominé par la Corée du Sud et les Etats-Unis – qui a rendu le 20 mai 2010 son rapport intermédiaire (confirmé le 13 septembre suivant) selon lequel le Cheonan avait été coulé par une torpille tirée par un sous-marin de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Ces accusations ont aussitôt été rejetées par la RPDC, mais la thèse d'une torpille nord-coréenne ayant coulé le Cheonan a servi de justification à des mesures de rétorsion à l'encontre de la Corée du Nord, annoncées le 24 mai 2010 par le gouvernement sud-coréen. Au cinquième anniversaire des « mesures du 24 mai », la RPD de Corée a réitéré sa demande d'une enquête conjointe pour faire la lumière, de manière incontestable, sur les causes du naufrage du Cheonan, alors que la version officielle américano-sud-coréenne, dite de la torpille nord-coréenne, est d'autant plus remise en question qu'elle contribue à alimenter les tensions dans la péninsule coréenne.

Repéchage de l'épave du "Cheonan" en avril 2010

Repéchage de l'épave du "Cheonan" en avril 2010

Les mesures de rétorsion à l'encontre de la RPDC, annoncées le 24 mai 2010 par le gouvernement du président sud-coréen Lee Myung-bak (conservateur), comprenaient : la reprise de la diffusion de messages de propagande par tracts et par haut-parleurs à la frontière avec le Nord par l'armée sud-coréenne ; l'organisation de manœuvres sous-marines conjointes avec les Etats-Unis en mer de l'Ouest (mer Jaune) ; la fermeture du détroit de Jeju, à l'extrême sud de la péninsule coréenne, aux navires nord-coréens ; la suspension des relations commerciales avec la RPDC, à l'exception de la zone industrielle intercoréenne de Kaesong ; la restriction des contacts entre Coréens du Sud et du Nord. Sur le plan diplomatique, Séoul a saisi le Conseil de sécurité des Nations Unies pour alourdir les sanctions déjà en place contre la RPDC et en adopter de nouvelles. Toutefois, le 9 juillet 2010, le Conseil de sécurité, tout en condamnant l'« attaque » contre le Cheonan, s'est bien gardé de désigner la Corée du Nord comme l'agresseur.

Depuis leur divulgation, les conclusions de l'enquête officielle américano-sud-coréenne accusant la RPDC d'avoir coulé le Cheonan ont été remises en question, entre autres, par un ancien membre du groupe d'enquête (mai 2010), par des chercheurs de prestigieuses universités américaine (juillet 2010) et britannique (novembre 2014), et même par les experts de la marine russe (juillet 2010) invités par Séoul à examiner les « preuves » de la culpabilité de la Corée du Nord.

Au cinquième anniversaire des « mesures du 24 mai », le département politique de la Commission de la défense nationale (CDN), plus haute instance de la RPD de Corée, a publié le 24 mai 2015 une déclaration exposant sa « position de principe », appelant la présidente sud-coréenne Park Geun-hye à lever ces mesures et affirmant que la RPDC est prête à participer à l'enquête sur le naufrage du Cheonan :

1. Les "mesures du 24 mai" constituent une négation ouverte de l'historique déclaration conjointe du 15 juin [2000], réussite commune à toute la nation, et de son programme d'action qu'est la déclaration du 4 octobre [2007].

Le traitre Lee Myung-bak et son parti ont qualifié l'ère de la réunification consécutive au 15 juin [2000] de 'décennie perdue' et ont menacé d'ouvrir une 'décennie de confrontation' pour refroidir l'enthousiasme des compatriotes pour la réunification.

Cette menace a été mise à exécution avec l'affaire du naufrage du navire de guerre "Cheonan" et les "mesures du 24 mai" qui ont suivi.

Cinq années ont passé depuis et le chef de Chongwadae [le siège de la présidence de la République de Corée du Sud] a aussi changé.

Mais les "mesures du 24 mai" demeurent comme une tumeur cancéreuse, bloquant l'amélioration des relations entre le Nord et le Sud, entravant la concorde et l'unité nationale et faisant monter la confrontation et la tension.

Cela montre clairement que Park Geun-hye et son parti sont juste pareils à Lee Myung-bak.

2. Les "mesures du 24 mai" sont une initiative en vue de la confrontation, fabriquée sous le prétexte du naufrage du navire de guerre "Cheonan".

Les mesures basées sur une fabrication ne peuvent être que des mesures visant à la confrontation.

Saisissant cette opportunité, nous enjoignons poliment Park et son parti de faire ce qui suit.

S'ils ont le moindre élément leur permettant de prouver la responsabilité de la RPDC dans l'affaire du naufrage, ils doivent accepter sa demande d’inspection conjointe sur l’incident, face à toute la nation et au monde entier.

Il n'y a pas d'excuse possible pour eux de refuser notre demande, s'ils n'ont pas peur.

L'enquête sur la vérité sera d'autant plus facile à mener que la coque du navire "Cheonan", qui a été brisée en deux parties, a été récupérée et placée à terre.

Nous gardons un puissant groupe d'inspection de la CDN de la RPDC prêt à se joindre à une enquête sur l'incident.

Si Park et son parti refusent cette juste demande de la RPDC, ils ne feront qu'admettre que l'affaire est une mascarade montée par eux. Les "mesures du 24 mai" devraient donc naturellement être levées.

3. Les sinistres "mesures du 24 mai" sont le produit d'intrigues politiques qui devraient être jetées dans la décharge de l'histoire.

Ces mesures sont le produit d'escroqueries politiques, que personne ne veut, contre la nation, la réunification et la paix, et constituent la plus grande source d'ennuis pour tous les Coréens.

Park Geun-hye et son parti devront admettre devant toute la nation les crimes contre les compatriotes, commis en s'accrochant aux "mesures du 24 mai" et jeter ces dernières dans la décharge de l'histoire.

Leurs paroles pleines de non-sens telles que "d'abord le dialogue puis la levée des mesures" ne font que révéler leur stratagème cynique visant à pousser le dialogue Nord-Sud vers un autre théâtre de confrontation. Cela ne constitue qu'une perte de temps.

Les gens de tous les horizons en Corée du Sud devront se lever comme un seul homme afin de lutter au niveau national pour voir levées les "mesures du 24 mai".

Le grand tournant et l'amélioration des relations Nord-Sud dépendent de la levée de ces mesures.

En réaction à la déclaration de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée, le ministère sud-coréen de l'Unification a indiqué que la position du gouvernement sud-coréen « n'a pas changé. Il faut que la Corée du Nord assume la responsabilité du naufrage du Cheonan avant que soient levées les sanctions du 24 mai 2010 ». Pour Séoul, « une enquête internationale a déjà déterminé que la Corée du Nord est derrière l’attaque », comme l'a rappelé en mars le ministère de l’Unification. Toutefois, Séoul se garde bien de rappeler le groupe d'enquête « international » ayant imputé le naufrage du Cheonan à la Corée du Nord était composé de 47 experts civils et militaires mandatés par le gouvernement de Corée du Sud et de 15 autres mandatés par le gouvernement des Etats-Unis, ce qui ne constitue pas exactement la meilleure des garanties pour l'impartialité de l'enquête… Les autres membres du groupe d'enquête venaient de Suède (5), d'Australie (4) et du Royaume-Uni (3). Le gouvernement sud-coréen oublie aussi de rappeler que la Suède, seul pays neutre participant à l'enquête sur le naufrage du Cheonan, a pris ses distances avec les conclusions du rapport accusant la RPDC d'avoir torpillé le navire.

Pour la paix en Corée, en Asie et dans le monde, il est grand temps de lever les « mesures du 24 mai » et de mener - enfin - une enquête impartiale sur le naufrage du Cheonan, dont les conclusions seront, cette fois, incontestables.

 

Sources :

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26 mars 2015 4 26 /03 /mars /2015 23:03

Le 26 mars 2010, le Cheonan, corvette de la marine sud-coréenne, sombrait au large de l'île de Baegnyeong, à l'ouest de la péninsule coréenne, entraînant la mort de 46 marins. Suite à ce naufrage, sur la base d'une enquête controversée attribuant à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) la responsabilité du drame du 26 mars, le gouvernement sud-coréen a pris des sanctions à l'encontre de la RPDC, malgré les dénégations de cette dernière. Ces sanctions ont porté le coup le plus sévère au dialogue intercoréen après l'arrivée au pouvoir des conservateurs en 2008 en Corée du Sud. Cinq ans après le naufrage du Cheonan, il apparaît plus urgent que jamais de rouvrir l'enquête pour établir de manière incontestable les causes réelles du naufrage du Cheonan. La thèse dite de la torpille nord-coréenne est en effet de plus en plus contestée, et pas seulement par la Corée du Nord.

Emplacement du naufrage du "Cheonan" le 26 mars 2010

Emplacement du naufrage du "Cheonan" le 26 mars 2010

Pour élucider les causes du naufrage de la corvette Cheonan, le 26 mars 2010, le gouvernement sud-coréen a mis en place un groupe d'enquête principalement composé d'experts civils et militaires de Corée du Sud et des Etats-Unis auxquels se sont joints ceux de deux pays alliés (l'Australie et le Royaume-Uni) et d'un pays neutre (la Suède). Dès le 20 mai 2010, le rapport intermédiaire du groupe d'enquête (confirmé le 13 septembre suivant) a imputé le naufrage du 26 mars à une torpille nord-coréenne, des accusations aussitôt rejetées par la RPD de Corée.

Sur la base des conclusions du rapport d'enquête intermédiaire, le gouvernement sud-coréen a pris le 24 mai 2010 des mesures de rétorsion contre la RPDC : reprise de la diffusion de messages de propagande par tracts et par haut-parleurs à la frontière avec le Nord, manœuvres sous-marines conjointes avec les Etats-Unis en mer de l'Ouest, fermeture du détroit de Jeju (extrême sud de la péninsule coréenne) aux navires nord-coréens, suspension des relations commerciales avec la RPDC, arrêt de tout investissement en RPDC, et restriction des contacts entre Coréens du Sud et du Nord. Ce sont ces mesures qui ont porté le coup le plus grave aux déclarations Nord-Sud pourtant signées au plus haut niveau des deux Etats coréens le 15 juin 2000 et le 4 octobre 2007.

A la veille du cinquième anniversaire du naufrage du Cheonan, le département politique de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée a tenu à exposer, le 24 mars 2015, ce qui reste la position de principe de la RPDC à l'égard des "mesures du 24 mai" consécutives à un naufrage "qui ne la concerne en rien":

 

"[...] Premièrement, nous ne modifierons pas notre position selon laquelle le Sud doit immédiatement lever les sinistres 'mesures' qu'il a concoctées sous le prétexte absurde de l'affaire du naufrage du navire de guerre Cheonan, sans perdre de temps. Ces 'mesures' s'appuient sur la fiction d'une 'implication du Nord dans le naufrage'.

L'absence de fondements justes rend ces mesures déraisonnables.

Deuxièmement, le Sud devrait clairement comprendre qu'exiger des 'excuses' et une 'expression de regrets' comme préalable à la levée des 'mesures' est un sophisme qui ne pourra jamais fonctionner.

Si quelqu'un demande au Nord de 's'excuser' pour lever les 'mesures', cela sera considéré comme une intolérable moquerie à l'égard de la RPDC et une déclaration de confrontation avec elle.

Si les autorités sud-coréennes souhaitent réellement une amélioration des relations Nord-Sud, elles doivent garder à l'esprit que la première chose à faire est de lever les 'mesures'.

Troisièmement, la RPDC maintient sa position selon laquelle l'enquête doit, si nécessaire, être immédiatement rouverte pour établir de manière scientifique la vérité sur ce naufrage qui a abouti à ces sinistres 'mesures', même si cela arrive tardivement.

Si les autorités sud-coréennes souhaitent réellement le règlement de cette question, elles doivent avoir le courage de prendre la décision d'accepter toutes les propositions faites par la RPDC pour régler l'affaire concernant le naufrage.

Si elles considèrent qu'il est difficile de répondre aux propositions de la RPDC, elles peuvent juste apporter à Panmunjom [dans la zone démilitarisée séparant les deux Corée], ou à tout autre endroit convenu, les matériaux et preuves liés au naufrage pour seulement laisser la RPDC livrer ouvertement au monde la vérité au sujet de cette affaire. […]"

 

Les "mesures du 24 mai" n'ont jamais été remises en question par les autorités de Séoul après 2010, malgré les doutes croissants sur la version américano-sud-coréenne d'une implication de la Corée du Nord dans le naufrage du Cheonan, doutes exprimés, dès la publication des résultats de l'enquête officielle, par, entre autres, les experts de la marine russe qui ont eu accès aux "preuves" avancées pour accuser la RPDC, par des scientifiques indépendants et même par un ancien membre du groupe officiel d'enquête.

A la suite de l'exposé du 24 mars 2015 de la "position de principe" de la Commission de la défense nationale, la mission de l'Armée populaire de Corée (du Nord) à Panmunjom a accusé les Etats-Unis d'avoir "monté l'affaire du naufrage du navire de guerre Cheonan et d'en avoir abusé pour intensifier leur politique hostile à l'égard de la RPDC":

"[… Le naufrage du Cheonan] a été orchestré par les Etats-Unis avec la sinistre intention de garder le contrôle de la Corée du Sud et du Japon, de les utiliser comme une brigade de choc dans la réalisation de leur ambition de domination mondiale et d'intensifier les actions visant à isoler et étouffer la RPDC après avoir trouvé des justifications pour un renforcement militaire dans la région. [...]"

 

La mission de l'Armée populaire de Corée cite notamment des experts de la marine russe selon lesquels le Cheonan pourrait avoir été coulé par un "tir ami", à savoir une torpille lancée depuis un sous-marin à propulsion nucléaire américain. La possibilité de la présence d'un sous-marin de grande taille à proximité du Cheonan le 26 mars 2010 a été évoquée à plusieurs autres reprises, notamment en novembre 2014 dans une étude scientifique publiée dans la revue Advances in Acoustics and Vibration.

De fait, le naufrage du Cheonan a constitué pour les Etats-Unis un événement tombant de manière très opportune pour justifier un renforcement de leur présence militaire dans la zone Asie-Pacifique, conformément à la stratégie dite du pivot asiatique, dans le cadre d'une politique d'encerclement de la Chine identifiée depuis le début des années 2000 comme le principal adversaire stratégique.

 

Sources :

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9 décembre 2014 2 09 /12 /décembre /2014 00:52

Les « preuves » avancées par une équipe d’enquête internationale - en fait largement dominée par la Corée du Sud et les Etats-Unis - pour imputer le naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan, survenu le 26 mars 2010, à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) sont, une fois de plus, réfutées par une étude publiée le 20 novembre 2014 dans la revue Advances in Acoustics and Vibration. Il n’est malheureusement pas certain que l'avis des scientifiques incite le gouvernement sud-coréen à rouvrir l’enquête sur le naufrage du Cheonan, au risque de voir contredit le scénario officiel de 2010, dit de la torpille nord-coréenne, servant de justification à plusieurs sanctions adoptées par la Corée du Sud à l’encontre de la RPDC, lesquelles entravent les relations intercoréennes et contribuent à aggraver les tensions dans cette partie du monde.

Repêchage de l'épave du « Cheonan » (avril 2010)

Repêchage de l'épave du « Cheonan » (avril 2010)

Le 26 mars 2010, la corvette Cheonan de la marine sud-coréenne, avec 104 marins à son bord, coulait au large de l'île de Baengnyeong, à l'ouest de la péninsule coréenne, entraînant la mort de 46 hommes de l'équipage. Pour élucider les causes de ce naufrage, le gouvernement sud-coréen mit en place un groupe d'enquête composé d'experts civils et militaires de Corée du Sud (47), des Etats-Unis (15), de Suède (5), d'Australie (4) et du Royaume-Uni (3).

Le 20 mai 2010, ce groupe d'enquête - largement dominé par la Corée du Sud et les Etats-Unis - rendit son rapport intermédiaire (confirmé le 13 septembre suivant), selon lequel une torpille tirée par un sous-marin nord-coréen avait coulé le Cheonan.

Ces accusations furent aussitôt rejetées par la RPD de Corée, mais l'hypothèse d'une torpille nord-coréenne ayant coulé le Cheonan servit de justification aux mesures de rétorsion à l'encontre de la RPDC, annoncées le 24 mai 2010 par le gouvernement sud-coréen : reprise de la diffusion de messages de propagande par tracts et par haut-parleurs à la frontière avec le Nord par l'armée sud-coréenne ; organisation de manœuvres sous-marines conjointes avec les Etats-Unis en mer de l'Ouest (mer Jaune) ; fermeture du détroit de Jeju, à l'extrême sud de la péninsule coréenne, aux navires nord-coréens ; suspension des relations commerciales avec la RPDC, à l'exception de la zone industrielle intercoréenne de Kaesong ; restriction des contacts entre Coréens du Sud et du Nord.

Sur le plan diplomatique, Séoul saisit le Conseil de sécurité des Nations Unies pour alourdir les sanctions déjà en place contre la RPDC et en adopter de nouvelles. Mais, le 9 juillet 2010, le Conseil de sécurité, tout en condamnant l'« attaque » contre le Cheonan, se garda bien de désigner un agresseur, une prudence bien inhabituelle du Conseil de sécurité dès qu'il s'agit de la Corée du Nord...

Dans le même temps, les conclusions de l'enquête officielle américano-sud-coréenne étaient remises en question, entre autres, par un ancien membre du groupe d'enquête (le 26 mai 2010), par des chercheurs indépendants d'universités américaines (le 12 juillet 2010), et par les experts de la marine russe (juillet 2010) invités par Séoul à examiner les « preuves » de la culpabilité de la Corée du Nord.

Deux autres scientifiques, Kim Hwang-su, du département de physique de l'Université Kyungsung de Pusan (Corée du Sud), et Mauro Caresta, du département d'ingénierie de l'Université de Cambridge (Royaume-Uni), remettent à leur tour en question la version officielle américano-sud-coréenne dans un article publié le 20 novembre 2014 par la revue Advances in Acoustics and Vibration, laquelle se veut une « plateforme pour la diffusion de recherches innovantes et originales et de travaux de développement dans le domaine de l'acoustique et des vibrations ».

Kim et Caresta ont analysé le spectre des signaux sismiques laissés par le naufrage du Cheonan, tels que consignés dans les rapports officiels. En 2010, l'équipe d'enquête expliqua certains pics de ces signaux par les vibrations de la colonne d'eau formée par une explostion sous-marine. L'analyse menée par Kim et Caresta les amène à douter de cette explication, à l'instar de plusieurs autres scientifiques cités dans leur étude, et en proposent une autre : les signaux sismiques enregistrés lors du naufrage du Cheonan sont « cohérents avec les fréquences des vibrations naturelles d'un grand sous-marin d'une longueur d'environ 113 mètres ». Comme l'écrivent Kim et Caresta, « ces résultats accroissent la possibilité que le navire de la République de Corée Cheonan ait coulé à cause d'une collision avec un grand sous-marin plutôt qu'à la suite d'une explosion de torpille ou de mine sous-marine ».

Dans leur étude, Kim Hwang-su et Mauro Caresta se bornent à exposer des données scientifiques et ne se livrent à aucune hypothèse quant à l'origine du sous-marin pouvant être à l'origine du naufrage du Cheonan.

On peut seulement remarquer que le naufrage du Cheonan est intervenu à la fin d'exercices militaires américano-sud-coréens.

On peut aussi observer qu'un sous-marin nucléaire d'attaque américain de classe Los Angeles mesure 110 mètres et que, sur la quarantaine d'unités déployées en 2010, certaines l'étaient au large de l'Asie orientale.

Et si on veut pousser plus loin, on peut rappeler que, de 1986 à 2009, les sous-marins de classe Los Angeles ont été impliqués dans au moins dix accidents : trois collisions (dont deux démenties par la marine américaine) avec des sous-marins « ennemis » soviétiques puis russes, une collision avec un autre sous-marin américain, une collision avec un transport de chalands de débarquement américain, une collision avec un chalutier japonais, deux collisions avec des cargos norvégien et turc, une collision avec un pétrolier japonais, une collision avec une montagne sous-marine… à cause d'une carte de navigation périmée.

Certains de ces accidents ont été particulièrement meurtriers, comme lorsque le sous-marin USS Greeneville heurta, le 9 février 2001, le chalutier-école japonais Ehime Maru au large de l'archipel d'Hawaï, entraînant la mort de neuf marins japonais. Le Conseil national de la sécurité des transport, agence indépendante chargée d'enquêter sur les accidents maritimes aux Etats-Unis, conclut que la collision avait été provoquée par une communication inadéquate entre les officiers supérieurs de l'USS Greeneville.

Le USS « Greeneville » en réparation après sa collision avec le chalutier « Ehime Maru » (février 2001)

Le USS « Greeneville » en réparation après sa collision avec le chalutier « Ehime Maru » (février 2001)

Dès lors, comment interpréter la réponse faite à Donald P. Gregg, ancien conseiller pour la sécurité nationale du président américain George H. Bush et ancien ambassadeur des Etats-Unis en Corée du Sud, par un Russe au fait du dossier, sur les raisons du silence prolongé des experts de la marine russe ayant mené leur propre enquête sur le naufrage du Cheonan? « Cela ferait beaucoup de tort politique au Président Lee Myung-bak et embarrasserait le Président Obama. » (cité par Claude Helper dans Corée du Nord : dénucléarisation et succession de Kim Jong-il, L'Harmattan, 2010)

De fait, une collision mortelle entre un bâtiment de la marine des Etats-Unis et un navire sud-coréen, dans les eaux sud-coréennes de surcroît, aurait de très graves répercussions politiques.

A contrario, les bénéfices retirés de la controversée thèse officielle « de la torpille nord-coréenne » par Séoul et Washington sont multiples. Pour le gouvernement sud-coréen, cette thèse justifie le resserrement de l'alliance avec les Etats-Unis, l'intensification des exercices militaires menés conjointement avec Washington et un raidissement de la Corée du Nord, autorisant l'abandon de la politique d'ouverture des anciens présidents sud-coréens démocrates Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun, en exigeant des « excuses » de Pyongyang. Pour l'administration américaine, elle constitue un prétexte commode pour renforcer la présence militaire des Etats-Unis dans la zone Asie-Pacifique, dans le cadre d'une politique d'encerclement de la Chine identifiée depuis le début des années 2000 comme le principal adversaire stratégique.

Rouvrir l'enquête sur le naufrage du Cheonan, pour enfin connaître de manière incontestable ce qu'il s'est réellement passé le 26 mars 2010 au large de l'île de Baengnyeong, est une urgence absolue, dans l'intérêt de la paix en Asie et dans le monde.

 

Sources principales :

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 01:56

 

CheonanLe 26 mars 2010, le naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan entraînait la mort de 46 marins. Une enquête internationale, menée principalement par la Corée du Sud et les Etats-Unis, a imputé ce drame à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), laquelle continue de vigoureusement démentir toute responsabilité. Ailleurs, les conclusions de l'enquête officielle suscitent de nombreuses interrogations chez de nombreux observateurs et experts. Même le Conseil de sécurité des Nations Unies, d'habitude si prompt à voter des résolutions contraignantes à l'égard de la Corée du Nord, n'a adopté qu'une simple déclaration sur le naufrage du Cheonan, se gardant bien d'accuser la RPD de Corée. En France, les grands médias en restent aux conclusions de l'enquête américano-sud-coréenne (« un sous-marin nord-coréen a torpillé le Cheonan »), prétexte supplémentaire au renforcement de la présence militaire américaine en Asie du nord-est. Pourtant le combat pour faire toute la lumière sur les circonstances du naufrage continue en Corée du Sud, malgré les risques encourus. Aujourd'hui, c'est le réalisateur Baek Seung-woo qui, dans son nouveau film, met en évidence les failles de l'enquête officielle. Cette prise de position a attiré les foudres de l'armée sud-coréenne qui entend faire interdire ce film dans une nouvelle attaque contre tout ce qui ressemble à une voix « dissidente » en Corée du Sud

Présenté le 27 avril 2013 au quatorzième Festival international du film de Jeonju, en Corée du Sud, le film documentaire Project Cheonan Ship, réalisé par le cinéaste indépendant Baek Seung-woo, a fait sensation en pointant les insuffisances de l'enquête officielle diligentée par le gouvernement sud-coréen suite au naufrage de la corvette Cheonan, survenu en mars 2010.

Les faits sont les suivants : le 26 mars 2010, la corvette Cheonan de la marine sud-coréenne, avec 104 marins à son bord, a coulé au large de l'île de Baegnyeong, à l'ouest de la péninsule coréenne, entraînant la mort de 46 hommes de l'équipage. Pour élucider les causes de ce naufrage, le gouvernement sud-coréen a mis en place un groupe d'enquête composé d'experts civils et militaires de Corée du Sud (47), des Etats-Unis (15), de Suède (5), d'Australie (4) et du Royaume-Uni (3). Le 20 mai 2010, le groupe d'enquête a rendu son rapport intermédiaire (qu'il a confirmé le 13 septembre suivant), selon lequel un sous-marin nord-coréen avait coulé le Cheonan. Ces accusations ont aussitôt été rejetées par la RPD de Corée niant toute responsabilité dans le drame du 26 marsLe 9 juillet 2010, le Conseil de sécurité des Nations Unies, saisi par la Corée du Sud à propos du naufrage du Cheonan, a condamné l'« attaque » perpétrée contre le navire sud-coréen, mais sans identifier l'agresseur. Dans le même temps, les conclusions de l'enquête officielle ont été contredites par un ancien membre du groupe d'enquêtepar des scientifiques indépendants et par les experts de la marine russe invités par Séoul pour examiner les « preuves » de la culpabilité de la Corée du Nord.

Aujourd'hui, le film réalisé par Baek Seung-woo remet à son tour en question la version officielle sur le naufrage du Cheonan. Selon The Hollywood Reporter, une des principales revues consacrées à l'industrie cinématographique, son film Project Cheonan Ship est un « documentaire qui analyse en profondeur l'incident ». Cité par The Hollywood Reporter, Kim Young-jin, programmateur du Festival international du film de Jeonju, a déclaré : « Contrairement aux attentes selon lesquelles ce film serait contestataire et provocateur, Project Cheonan Ship donne l'impression d'un documentaire scientifique réalisé par un expert en raison de son ton constamment calme et de l'analyse qu'il fait de l'histoire. »

Project Cheonan Shipa été produit par Chung Ji-young, auteur de films très engagés politiquement tels que Unbowed (Bureojin Hwasal, 2011), dénonçant les dysfonctionnements de la justice sud-coréenne, et National Security (Namyeong-dong 1985, 2012), d'après l'histoire vraie d'un militant pro-démocratie enlevé et torturé en Corée du Sud sous le régime du général Chun Doo-hwan en 1985 (ces deux films sont inédits en France).

La création de Project Cheonan Ship n'a pas été un processus facile, rapporte The Hollywood Reporter, tous les investisseurs s'étant retirés à mi-parcours, laissant Chung Ji-young seul responsable du financement du film.

En tant que producteur, Chung a déclaré être satisfait du résultat : « Lorsque j'ai assisté au premier tournage du film, j'ai vu comment Baek accordait beaucoup d'attention à la production en fournissant un espace bien éclairé aux personnes interrogées. J'avais imaginé quelque chose d'un peu plus brut, et l'ai suggéré, mais il a poussé avec son propre style. Mais je pense que c'est une des choses qui ont fait que le film fonctionne auprès du public, parce que cela montre que c'est un projet très sérieux, sincère. »

Baek Seung-woo a affirmé avoir ressenti beaucoup de pression tout au long de la réalisation de Project Cheonan Ship: « Dès le début, c'était un lourd fardeau car le naufrage du Cheonan est un incident que tout le monde connaît en Corée, et que personne ne peut facilement comprendre. Je voulais l'expliquer le plus simplement possible mais plus je faisais de recherches plus c'était difficile pour moi. Je viens de terminer, la moitié doutant et l'autre moitié me faisant croire que j'avais raison. »

Pour Baek, l'objectif de son film n'était pas de fournir des réponses mais de partager un sentiment : « Quand l'incident [du naufrage du Cheonan] est survenu, j'ai ressenti beaucoup de frustration face à la manière avec laquelle il était traité par le gouvernement et par les médias. […] Je pense qu'il y a deux types de gens qui critiqueront mon film, ceux qui se situent politiquement à l'extrême-droite et ceux qui connaissent très bien l'incident [puisque le film parle de choses qu'ils savent déjà]. Mon film ne vise pas à trouver le coupable, mais à partager ce sentiment de frustration. »

Les intentions de Baek Seung-woo étaient donc relativement modestes, mais c'en est déjà trop pour l'armée sud-coréenne, laquelle demande l'interdiction d'un film qui « jette le doute sur la responsabilité de la Corée du Nord dans le naufrage de la corvette Cheonan », selon les termes du quotidien conservateur Chosun Ilbo,relai médiatique de cette campagne.

Après la projection de Project Cheonan Ship au festival de Jeonju, un responsable du ministère sud-coréen de la Défense a déclaré qu'étaient envisagées des poursuites pour diffamation, tout en reconnaissant qu'il est « juridiquement impossible pour le ministère de la Défense et la Marine d'être diffamés » et que « le ministre de la Défense et le chef de la Marine ont conclu qu'il est juridiquement ambigu d'établir que le film les diffame personnellement ».

Le ministère a donc essayé d'impliquer – pour ne pas dire instrumentaliser - les familles des marins décédés dans le naufrage du Cheonan en leur demandant d'identifier les parties du documentaire qui s'écartent des conclusions de l'enquête officielle, s'engageant à leur fournir une assistance juridique.

Pour le ministère sud-coréen de la Défense, le documentaire réalisé par Baek Seung-woo et produit par Chung Ji-young est « trompeur car il prétend que le Cheonan a coulé à la suite d'une collision ou d'un échouement et pourrait potentiellement causer la confusion parmi le public ».

En Corée du Sud, tous les moyens semblent bons pour que ne soit pas levée la chape de plomb recouvrant la vérité sur le naufrage du Cheonan.

 

Sources :

Lee Hyo-won, "Project Cheonan Ship Filmmakers Spill Secrets Behind the Controversial Doc",The Hollywood Reporter, 28 avril 2013

 "Military Wants to Ban Controversial Cheonan Documentary", Chosun Ilbo, 8 mai 2013


 

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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 21:47

cheonan epave rtbfEn mars 2010, le dramatique naufrage du navire sud-coréen Cheonan, à l'origine de la mort de 46 marins, avait été attribué à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) par une commission d'enquête internationale exclusivement constituée de représentants des Etats-Unis, de la Corée du Sud et de leurs alliés. Alors que la RPDC a farouchement nié toute implication dans cette affaire, les médias sud-coréens indépendants ont montré les nombreuses lacunes de l'enquête officielle. Les preuves scientifiques ont également été apportées de la vraisemblance d'un accident imputable aux seules forces armées américaines et sud-coréennes. Pour empêcher que la réalité ne se traduise par un fiasco pour les conservateurs au pouvoir à Séoul, les services secrets sud-coréens n'ont eu depuis de cesse de multiplier les opérations de manipulation de l'opinion publique. La dernière en date est particulièrement éclairante : elle prétend que les marins nord-coréens à l'origine du naufrage auraient été décorés. Mais tout sonne faux dans ce nouveau mensonge dont l'Association d'amitié franco-coréenne décrypte les ficelles très grossières pour toute personne un peu familière des méthodes d'espionnage contemporaines. Au demeurant, l'objectif de cette énième opération de désinformation est clair : à douze jours de l'élection présidentielle sud-coréenne du 19 décembre 2012, où l'avance de quelques points dans les sondages de la candidate de droite Park Geun-hye n'est pas suffisante pour garantir le maintien au pouvoir des conservateurs, l'appareil de sécurité sud-coréen fait souffler "le vent du Nord" dans les voiles de sa favorite, sur fond de manipulations et d'intoxications dont les campagnes électorales sud-coréennes sont hélas coutumières.

 

Dans une dépêche en date du 7 décembre 2012, l'agence publique sud-coréenne Yonhap, dont les positions relaient celles du pouvoir conservateur - à l'instar de l'ORTF naguère en France - l'affirme sans ambages : "les officiers de la marine nord-coréens responsables du naufrage meurtrier du navire de guerre sud-coréen Cheonan en 2010 ont été décorés, a affirmé ce vendredi un transfuge".

 

Tout d'abord, le nom du précieux transfuge n'est pas révélé : peut-être n'existe-t-il tout simplement pas. Appelons-le M. X. (même si l'agence Yonhap préfère l'appeler Ahn Cheol-nam, cela sonne plus vrai et en plus, son nom évoque furieusement celui du populaire Ahn Cheol-su, dont la droite sud-coréenne essaie de récupérer les voix à l'approche de l'élection présidentielle, après son retrait en faveur du candidat de centre-gauche Moon Jae-in).

 

On ne sait même pas où M. X. a fait ses révélations. Selon Yonhap, ce serait "lors d'un événement organisé par le Forum pour la paix en Corée". Y avait-il d'autres personnes participant à ce forum dont on connaîtrait l'identité ? Bien sûr que non, car dans ce cas l'identité de M. X. ne serait plus secrète ! Il s'agissait donc d'un forum secret, avec de mystérieux participants fantômes... En tout cas, l'idée d'un "Forum" est excellente (avec un "F" majuscule, il s'agissait d'un événement majeur, assurément... Quel dommage qu'on ne puisse pas savoir précisément quand ni où "l'évènement" de ce forum a eu lieu...).  

 

Mais peut-être M. X. détient-il des preuves matérielles de ce qu'il avance ? Là encore, nous n'avons pas de chance : il faut se référer à un contact de M. X (dont nous sommes heureux d'apprendre  par ce fait que, même au Sud, il dispose encore de tels contacts) : selon M. X, "l'un de mes contacts a affirmé que son gendre était l'ingénieur en chef du sous-marin responsable de l'attaque contre le Cheonan". Le mystérieux gendre serait d'autant mieux informé que, d'après Yonhap "le gendre, dont l’identité n’a pas été dévoilée, a été promu commandant en second et a reçu le titre de héros de la RPDC après le naufrage, selon Ahn". La boucle est bouclée : au nom de la protection des sources (et, quelle heureuse coïncidence, de la famille du contact), on ne peut rien savoir, ni rien vérifier.

 

1 beon number 1Doit-on ajouter qu'on ne trouve aucune trace - ni dans les médias nord-coréens, ni même dans les médias sud-coréens - que des marins nord-coréens auraient été promus héros de la RPDC après le naufrage? Seulement des rumeurs, complaisamment entretenues par la presse sud-coréenne de droite, qu'il y aurait eu de telles promotions, sans le début d'un commencement de preuve matérielle. Au demeurant, pour le naufrage du Cheonan, les pièces à conviction ont été fabriquées : la torpille nord-coréenne repêchée, quel heureux hasard, quelques semaines avant la conclusion officielle de "l'enquête" (qui cherchait alors désespérement un élément de preuve matérielle à exhiber) portait une inscription utilisant une graphie peu ou pas utilisée au Nord de la péninsule, et qui aurait dû disparaître sous l'effet de la chaleur de l'explosion. Par ailleurs, les éléments marins attachés à ladite torpille prouvaient qu'elle avait été immergée des mois avant la date du naufrage, apportant la preuve irréfutable qu'elle rouillait au fond de la mer bien longtemps avant le naufrage...

 

A défaut de preuves matérielles, il faudra donc se contenter des déclarations du mystérieux M. X., du gendre inconnu de M. X. et de ses contacts improbables au Nord de la péninsule.

 

Pour donner une apparence de crédibilité à ces pseudo-révélations diffusées complaisamment à douze jours de l'élection présidentielle sud-coréenne, des détails sont inventés : auraient été décorés "le capitaine, son adjoint, le chef mécanicien et le maître d'équipage du sous-marin" nord-coréen (et pas l'ingénieur en chef, le mystérieux gendre de M. X ? Il y a décidément des contradictions ou, tout au moins, des zones d'ombre dans les déclarations de M. X). Faut-il préciser qu'aucune preuve matérielle de la présence d'un sous-marin nord-coréen, au moment et sur les lieux de l'incident, n'a pu être produite par la pseudo-enquête officielle américano - sud-coréenne ?

 

De même, les décorations dateraient d'octobre 2010, soit dans le mois ayant précédé une attaque meurtrière sur l'île de Yeonpyeong, et pour laquelle il est indéniable qu'il y a eu des échanges de tirs de chaque côté, Nord comme Sud. Dans la fabrication des faux en renseignement, ce genre de procédé est habituel : les éléments inventés doivent s'inscrire dans un récit vraisemblable pour celui qui l'entendra. Seul problème : il n'a jamais été prouvé à aucun moment que les affrontements autour de l'île Yeonpyeong aient été prémédités par le Nord, bien au contraire.

 

Enfin, la nouvelle de ces révélations est bien tardive. Pourtant, M. X. est censé "a[voir] travaillé pour le gouvernement nord-coréen, a[voir] fait défection au Sud à la fin de l'année dernière". Depuis fin 2011, M. X. a donc mis bien du temps a retrouver la mémoire ou plutôt - si on croit ses révélations embrouillées - à renouer avec un contact sur une affaire vieille de deux ans (octobre 2010, selon ses dires). M. X. est décidément un cas exceptionnel et, pour tout dire, extraordinaire : c'est le seul officiel nord-coréen ayant fait défection au Sud et qui est mieux informé quand il vit en Corée du Sud que quand il travaillait pour le gouvernement nord-coréen !

 

Arrêtons-là l'ironie : l'agence Yonhap s'est prêtée à une misérable mise en scène des services sud-coréens et de la droite, affolée par la possibilité de perdre le pouvoir et ,sans doute aussi, par l'idée que la vérité émerge enfin, en cas d'alternance, sur le naufrage du Cheonan. M. X. n'existe évidemment pas, pas plus que le gendre de M. X., et l'événement du Forum où les révélations auraient été faites ne s'est jamais tenu. De tels mensonges ne servent pas la cause de la démocratie sud-coréenne, quand une grande agence de presse comme Yonhap abandonne tout esprit critique pour relayer la propagande du gouvernement sortant, qui la contrôle.

 

Sources : AAFC, Yonhap.

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3 septembre 2012 1 03 /09 /septembre /2012 19:55

Le dramatique naufrage du Cheonan, qui a causé la mort de 46 marins sud-coréens en mars 2010, avait été attribué à une torpille nord-coréenne par l'équipe d'enquête officielle composée d'Américains, de Sud-Coréens et d'autres représentants des pays occidentaux. Si les lacunes de l'enquête officielle avaient été aussitôt dénoncées par la presse sud-coréenne indépendante, montrant l'inconsistance de la thèse de la torpille nord-coréenne, les vraies causes du naufrage ont donné lieu à diverses interprétations. Une étude scientifique internationale, publiée par deux experts de sismologie, le Sud-Coréen Kim So-gu et l'Israélien Yefim Gitterman, a levé un coin du voile en montrant que les données de l'explosion étaient conformes à l'hypothèse que la naufrage du Cheonan est dû à une mine abandonnée par la marine sud-coréenne, comme l'avaient déjà conclu les experts de la Marine russe ayant examiné les causes de l'accident. En d'autres termes, l'armée sud-coréenne serait elle-même responsable de la catastrophe du Cheonan : alors que les mines sud-coréennes devaient torpiller des navires nord-coréens qui se seraient aventurés dans les eaux contestées de l'Ouest de la Corée, l'armée sud-coréenne aurait ainsi été prise à son propre piège. Kim So-gu et Yefim Gitterman infirment également les résultats d'une autre étude scientifique qui avait cherché à valider l'hypothèse officielle de la torpille nord-coréenne : quels que soient les scénarios retenus, les données scientifiques disponibles rendent impossible d'attribuer le naufrage à une torpille nord-coréenne. Enfin, l'équipe officielle d'experts du gouvernement sud-coréen a écarté de manière arbitraire l'hypothèse de la mine sud-coréenne. Nous publions ci-après une traduction de l'anglais d'un article d'Oh Cheol-woo, publié dans le quotidien sud-coréen Hankyoreh le 27 août 2012 sous le titre "Selon une nouvelle étude, le Cheonan a été coulé par une mine, pas par une torpille nord-coréenne" - et faisant le compte rendu de l'étude de Kim So-gu et Yefim Gitterman, publiée dans la revue internationale Pure and Applied Geophysics.

 

cheonan-wreck.jpg

 

Un article publié dans une revue académique internationale explique que l'explosion qui a coulé le navire de guerre sud-coréen Cheonan en mars 2010 aurait été causée non par une torpille nord-coréenne, mais par une mine abandonnée par la marine sud-coréenne.

 

C'est la seconde étude scientifique sur le naufrage du Cheonan publiée dans une revue académique, la première étant une analyse sismique publiée l'an dernier par le professeur Hong Tae-kyung du département des sciences de la Terre. Cette étude soutenait les conclusions de l'équipe d'enquête conjointe du gouvernement.

 

Dans l'étude publiée par la revue académique internationale Géophysique pure et appliquée (Pure and Applied Geophysics), Kim So-gu, directeur de l'Institut coréen de sismologie, et Yefim Gitterman, de l'Institut de géophysique d'Israël, écrivent que l'analyse des vagues sismiques, des vagues acoustiques et de la fréquence de la formation des bulles montrent clairement qu'une explosition sous-marine s'est produite.

 

Ils disent que la magnitude sismique de l'explosion est de 2,04, soit 136 kg de TNT et l'équivalent de la charge individuelle d'un grand nombre des mines terrestres abandonnées par la marine [sud-]coréenne après leur installation dans les années 1970.

 

Les conclusions sont remarquables en ce qu'elles diffèrent grandement de celles du groupe conjoint d'enquête civilo-militaire (GCECM, note du traducteur : l'équipe officielle mandatée par le gouvernement sud-coréenne), qui a donné comme cause du naufrage une torpille nord-coréenne CHT-02D avec une charge de 250 kg de TNT, qui a explosé à une profondeur de six à neuf mètres, et ayant produit un séisme de magnitude 1,5.

 

A l'appui de sa thèse, l'équipe de recherche a analysé les causes de l'explosion sous-marine par des équations, des modèles et des simulations examinant la fréquence des bulles de gaz qui se forment rapidement après une explosion, et la quantité de charge explosive nécessaire pour les produire.

 

La dilatation et la contraction répétées des bulles, qui se développent rapidement avec l'explosion puis diminuent en raison de la pression de l'eau, endommagent les navires.

 

Le délai nécessaire à la dilatation et à la contraction est appelé rythme des bulles. D'après les données observées, Kim et Gitterman ont calculé que le rythme des bulles - une valeur nécessaire pour déterminer la charge explosive et la profondeur de l'explosion - était de 0.990 seconde.

 

Kim et Gitterman ont alors fait des calculs selon diverses hypothèses de charges explosives et de profondeur et déterminé qu'une explosion de 136 kg de TNT à une profondeur de 8 m avait produit le rythme de bulles selon les données observées.

 

Kim et Gitterman ont déclaré que des tentatives de confirmation, suivant plusieurs méthodes, de l'hypothèse d'une explosion de 250 kg de TNT avait produit des résultats trop discordants avec le rythme de bulles observé. 

 

Le groupe conjoint d'enquête civilo-militaire (GCECM) avait aussi examiné l'hypothèse d'une explosion par une mine terrestre.

 

D'après le rapport de conclusions du GCECM publié en 2010, la marine [sud-]coréenne, suivant une décision de 1985, avait abandonné sur le plancher océanique ses mines terrestres, considérées comme n'étant plus nécessaires, après un processus de désactivation impliquant de les désamorcer. Les mines avaient été placées autour des îles de la mer de Corée occidentale, le long de la Ligne de limite nord  (Northern Limit Line), en 1977.

 

Le GCECM a exclu les mines comme une cause possible de l'explosion, en affirmant qu'une mine terrestre avec une charge de 136 kg de TNT aurait été incapable de couper en deux la coque d'un navire de 47 mètres, compte tenu de la profondeur des eaux à l'endroit où l'incident a eu lieu.

 

Kim a déclaré : "Les résultats de l'enquête du GCECM ne respectent pas suffisamment les données de base des explosions sous-marines et de la dynamique des bulles. D'autres hypothèses pouvant être soulevées, une nouvelle enquête devrait être menée pour étudier scientifiquement les causes de l'explosion".

 

 

L'étude en anglais Underwater Explosion (UWE) Analysis of the ROKS Cheonan Incident (So Gu Kim and Yefim Gitterman) est disponible à l'adresse suivante :

http://www.springerlink.com/content/c861379488372070/

Pure and Applied Geophysics

2012, DOI: 10.1007/s00024-012-0554-9

 

 

Source : Hankyoreh, traduit de l'anglais par l'AAFC (dont photo).

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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 23:01

Il y a deux ans, le 26 mars 2010, le naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan causait 46 morts. Une enquête internationale, composée principalement d'experts américains et sud-coréens, avait imputé ce drame à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), qui avait vigoureusement démenti toute implication. Alors que l'enquête officielle a suscité de nombreuses interrogations, notamment d'un ancien membre de l'équipe d'enquête choisi par l'opposition sud-coréenne et de membres de la Marine russe, un spécialiste français de la péninsule coréenne, Claude Helper - qui a accompli de nombreuses missions tant au Nord qu'au Sud de la Corée au début des années 1990 - a démonté les arguments officiels américano - sud-coréens pour conclure à l'évidence : "Le naufrage du Cheonan n'a pas été provoqué par une torpille nord-coréenne (...) ce naufrage a très probablement été provoqué par une mine" (Corée du Nord : dénucléarisation et succession de Kim Jong-il, L'Harmattan, 2010, p. 248). L'AAFC reprend les différents points développés par Claude Helper dans l'ouvrage (pp. 236-248), à partir notamment de sources que nous avions eu l'occasion de citer dans les mois ayant suivi le naufrage.

 

SHLee Fig5

L'inscription en coréen sur la torpille

 

Brandie comme la pièce à conviction de l'implication de la RPD de Corée dans le naufrage du Cheonan, l'hélice rouillée d'une torpille nord-coréenne (photo ci-dessus) exhibée par les experts américains et sud-coréens, et portant des caractères qui seraient seulement utilisés au Nord de la péninsule, a finalement apporté la preuve la plus concluante de la mise en scène opérée par Washington et Séoul. Dans un article publié par le Asia-Pacific Journal le 12 juillet 2010 (et dont l'AAFC a publié une traduction en français), le professeur Lee Seung-hun (de l'Université de Virginie), assisté du professeur Jae-jung Suh (de l'Université Johns Hopkins), indique notamment qu'à la température de l'explosion (autour de 1 000 °C) les inscriptions auraient dû disparaître, comme la peinture recouvrant ces pièces et qui a, elle, bien disparu. Mieux encore, la peinture des inscriptions aurait dû se consumer à une température moins élevée (150 °C) que la peinture des pièces (350 °C) qui a seule brûlé... La conclusion d'évidence, rappelée par Claude Helper, est que les signes en coréen (du Nord) ont "été gravés ou peints par dessus la rouille" (ibid., p. 237).

 

Claude Helper rappelle également les conclusions d'une équipe d'experts de la Marine russe, à l'origine pourtant sollicités par Séoul pour faire taire les critiques persistantes d'une grande partie de l'opinion publique sud-coréenne. La publication du rapport des experts russes, sans cesse reportée, ne paraîtra finalement jamais officiellement... avant qu'un journal d'opposition, le Hankyoreh, n'y ait accès, et livre les conclusions de la Marine russe : le naufrage a été causé par une mine, et non par une torpille ; le navire sud-coréen, lors d'une manoeuvre à l'endroit peu profond où il devait couler, aurait agrippé un filet de pêche et dragué accidentellement une mine, ainsi à l'origine de l'explosion.

 

Précisons que la plupart des mines dans cette région ont été disposées par le gouvernement sud-coréen depuis l'armistice de 1953, pour empêcher une intrusion nord-coréenne dans une zone qui, au moment des faits, était le théâtre de manoeuvres militaires à grande échelle.

 

Outre ce rappel des faits, Claude Helper a eu le mérite de mettre en perspective les raisons pour lesquelles les gouvernements américain et sud-coréen s'en sont tenus à une version officielle aussi peu convaincante. En effet, les experts russes n'en seraient pas restés à leurs premières conclusions publiées par le Hankyoreh. Après le fiasco causé par cet article, le gouvernement sud-coréen leur a fourni de plus amples informations... qui eurent, une fois encore, l'effet inverse. Une preuve en a été apportée par un témoin digne de foi, peu suspect de sympathie pro-Corée du Nord, Donald P. Gregg, ancien conseiller pour la sécurité nationale de George H. Bush de 1982 à 1988, puis ancien ambassadeur américain à Séoul, aujourd'hui président d'honneur de la Korean Society. Selon un article du International Herald Tribune, publié en septembre 2010 et cité par Claude Helper, Donald P. Gregg aurait obtenu la réponse suivante d'un contact russe, au fait du dossier, sur les raisons du silence prolongé des experts de la Marine russe : "Because it would do much political damage to President Lee Myung-bak and would embarrass President Obama" (car "cela ferait beaucoup de tort politique au Président Lee Myung-bak et embarrasserait le Président Obama").

 

De fait, ce sont des experts américains qui ont dû être dépêchés en catastrophe sur place, alors que le gouvernement Lee Myung-bak était très vite dépassé par les événements - et en particulier par la colère des familles des marins d'abord portés disparus avant de mourir, un deuxième scandale étouffé ayant été l'incapacité à les sauver, alors qu'ils étaient encore enfermés dans l'épave. Associés aux experts d'autres pays tous alliés (ainsi que d'experts suédois, mais dont le silence n'a été que plus assourdissant), les analystes américains ont pu mettre en place les éléments justificatifs de la thèse officielle. Pour leur part, les médias sud-coréens acquis au gouvernement de droite, soit parce qu'ils sont à capitaux publics (comme KBS ou Yonhap), soit parce qu'ils sont d'orientation conservatrice, ont fait leur une pendant des semaines sur un "11 septembre" coréen, avant de marteler la thèse officielle de la torpille nord-coréenne - tandis que la répression faisait taire les voix dissidentes.

 

Claude Helper a, pour sa part, mis sur l'accent sur les bénéfices retirés de la présentation de la thèse officielle par le gouvernement sud-coréen, au niveau international : resserrement de l'alliance avec les Etats-Unis ; intensification des exercices de guerre menés conjointement avec Washington, à un rythme et en engageant un niveau de forces sans précédent ; raidissement de la Corée du Nord justifiant l'abandon de la politique d'ouverture au Nord des anciens présidents démocrates, en exigeant préalablement des "excuses" de Pyongyang.

 

Quant à elle, l'AAFC dénonce vigoureusement la politique de confrontation avec le Nord menée de manière constante par le gouvernement Lee Myung-bak. Pour que cessent les atteintes à la démocratie perpétrées par les conservateurs au pouvoir à Séoul, sur la vérité concernant le naufrage du Cheonan comme plus largement pour l'expression de la liberté d'opinion, elle forme le voeu que les élections législatives du 11 avril en Corée du Sud sanctionnent les dirigeants sud-coréens qui ont non seulement menti à leur peuple sur le naufrage du Cheonan, mais aussi cherché à manipuler l'opinion internationale.

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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 15:43

cheonan epave rtbfLe 13 septembre 2010, le groupe mixte d'enquêteurs civils et militaires sud-coréens, américains, britanniques, australiens et suédois a rendu son rapport final sur le naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan, le 26 mars dernier en mer de l'Ouest (mer Jaune), un drame qui a tué 46 marins. Les conclusions figurant dans le rapport final sont les mêmes que celles figurant dans le rapport intermédiaire du 20 mai : le Cheonan aurait été torpillé par un sous-marin nord-coréen.  Depuis le début, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) nie être impliquée dans le naufrage du Cheonan, proposant même l'envoi de ses propres enquêteurs à Séoul, une proposition toujours refusée par les autorités sud-coréennes. Malgré les pressions, de nombreux citoyens de Corée du Sud continuent de s'interroger sur les véritables causes du naufrage et, en Corée du Sud comme à l'étranger, plusieurs scientifiques et spécialistes de renom  considèrent que les conclusions de l'enquête officielle s'appuient sur des preuves trop faibles et servent trop d'intérêts pour être crédibles. Particulièrement en Corée du Sud, les appels se multiplient pour une réouverture de l'enquête afin de connaître de manière certaine la vérité sur le naufrage du Cheonan, une question considérée, à juste titre, essentielle pour la sauvegarde de la paix dans la péninsule coréenne, en Asie du Nord-Est et dans le monde. Ceux qui appellent à la réouverture de l'enquête sur le Cheonan sont désormais aidés dans ce combat par un documentaire et une base documentaire créés par des Sud-Coréens et disponibles en anglais sur Internet. Pour que l'opinion publique mondiale ne puisse pas dire un jour « Nous ne savions pas » .

 

 Le 12 novembre 2010, Hani TV, département audiovisuel du quotidien sud-coréen Hankyoreh, a édité une version anglaise de son documentaire intitulé Beneath the Surface: the investigation into the sinking of the Cheonan (Sous la surface : l'enquête sur le naufrage du Cheonan). Ce documentaire est désormais disponible sur les sites YouTube (youtube.com/watch?v=SDITkTEDVNA) et HaniTV (hanitv.com/sisa/sub_index.php?depth1_idx=4).

 

Avec l'aide de députés de l'Assemblée nationale sud-coréenne, de spécialistes des opérations de sauvetage, de scientifiques et de membres d'organisations civiques, les journalistes de Hani TV ont analysé le rapport final du groupe mixte d'experts civils et militaires mandaté par le gouvernement sud-coréen pour enquêter sur le naufrage du Cheonan.

 

Ce documentaire de 26 minutes s'intéresse principalement aux aspects scientifiques de l'enquête officielle sur le drame du 26 mars, en soulignant les failles significatives des preuves avancées par les experts du groupe mixte qui imputent le naufrage à la Corée du Nord. Les auteurs du documentaires font notamment référence à l'autre enquête menée par les experts de la Marine russe, dont les conclusions – non rendues publiques à ce jour mais obtenues par le Hankyoreh - infirment la thèse officielle dite de la torpille nord-coréenne.

 

Le film présenté par Hani TV replace aussi le naufrage du Cheonan dans son contexte. Pour les auteurs du documentaire, la précipitation avec laquelle le groupe mixte a rendu ses premières conclusions incriminant la RPDC dès le 20 mai 2010 - après moins de deux mois d'enquête - s'explique par deux facteurs : les tensions entre les deux alliances que forment la Corée du Sud et les Etats-Unis d'un côté, la Corée du Nord et la Chine de l'autre ; les élections locales du 2 juin en Corée du Sud.

 

Cette idée est notamment défendue par Jong Se-hyun, ministre sud-coréen de la Réunification de 2001 à 2004.

 

Le documentaire de Hani TV ne prétend pas dire ce qui est arrivé le 26 mars 2010 en mer de l'Ouest. Plus modestement, il pointe les failles de l'enquête officielle et la manipulation de l'opinion publique qui en a résulté.

 

Est-il possible de réouvrir l'enquête sur le Cheonan en soulignant ses insuffisances criantes? Le combat pour la vérité, ou contre le mensonge et la manipulation, vaut-il la peine d'être mené? Oui, répondent les auteurs du documentaire,  en rappelant le précédent d'un autre drame naval, celui de l'USS Iowa.

 

USS_Iowa_BB61_Iowa_Explosion_1989.jpgLe 19 avril 1989, au large de Porto Rico, l'explosion d'une tourelle de tir sur le cuirassé américain USS Iowa fit 47 victimes parmi les membres d'équipage. La première enquête de la Marine américaine concluait que l'explosion avait été délibérément provoquée, à l'aide d'un détonateur, par un marin affecté au canon de la tourelle. Les familles des victimes, les médias et le Congrès des Etats-Unis critiquant les conclusions de la Marine, le comité des forces armées du Sénat et le comité des forces armées de la Chambre des représentants se penchèrent sur cette enquête avant d'en contester les résultats. Le Government Accountability Office (GAO), organisme d'audit, d'évaluation et d'investigation du Congrès américain, réexamina donc l'enquête de la Marine, aidé par des scientifiques qui démontrèrent qu'une surcharge des sacs de poudre dans la culasse du canon aurait pu provoquer l'explosion sur l'USS Iowa. La Marine mena alors de nouveaux tests confirmant la probabilité de ce scénario et dut réouvrir l'enquête. Finalement, en 1991, la Marine américaine conclut que la cause de l'explosion du 19 avril 1989 ne pouvait être déterminée et exprima ses regrets à la famille du marin qui avait été accusé...

 

Le documentaire produit par Hani TV sera utilement complété du site Internet   www.truthcheonan.info.

 

Ce site en anglais et en coréen a été créé par quatre universitaires d'origine coréenne travaillant dans des disciplines différentes : Jaejung Suh de l'Ecole des études internationales avancées de l'Université Johns Hopkins (sciences politiques), Seunghun Lee de l'Université de Virginie (physique), Sunwon Park de la Brookings Institution (sciences politiques) et Panseok Yang de l'Université du Manitoba (géologie). Dès le mois de juillet, Suh et Lee avaient souligné les insuffisances et incohérences graves de l'enquête offficielle sur le naufrage du Cheonan

 

Grâce à ce site Internet, véritable base documentaire, les universitaires veulent « contribuer à découvrir pourquoi et comment la corvette Cheonan de la Marine de la République de Corée a coulé le 26 mars 2010 en mer de l'Ouest, rassembler les rapports du gouvernement, les analyses indépendantes et les articles de presse relatifs à l'incident du Cheonan, et partager ces éléments avec tous ceux qui recherchent la vérité. »

 

La pression de scientifiques indépendants poussera-t-elle à réouvrir l'enquête sur le Cheonan? Déjà, à l'issue du G20 des 11 et 12 novembre 2010, le gouvernement sud-coréen a fait savoir que des « excuses » de la part de la RPDC pour le naufrage du Cheonan ne constituent plus une condition pour une reprise des pourparlers à six pays sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. En annonçant, le 24 mai 2010, des mesures de rétorsion à l'encontre de la Corée du Nord, le président sud-coréen Lee Myung-bak avait pourtant fait de telles excuses un préalable. En y renonçant, Lee Myung-bak satisfait les exigences de la République populaire de Chine et de la Fédération de Russie, parties aux pourparlers à six et soucieuses de la stabilité de la péninsule coréenne. Implicitement, il reconnait aussi les failles de l'enquête officielle et sa propre responsabilité dans l'aggravation des tensions en Corée depuis plusieurs mois.

 

 

 

Sous la surface : l'enquête sur le naufrage du Cheonan

Corée du Sud - novembre 2010 - 26 mn

(en anglais)

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 13:10

Après le naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan qui a causé 46 morts, le 26 mars dernier, une enquête internationale composée notamment d'experts américains et sud-coréens a imputé ce drame à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), qui a vigoureusement démenti et aussitôt proposé d'envoyer sur place sa propre équipe d'experts - ce qu'a refusé la Corée du Sud. Alors que l'enquête officielle a suscité de nombreuses interrogations, notamment d'un ancien membre de l'équipe d'enquête choisi par l'opposition sud-coréenne et de membres de la Marine russe pourtant invités par la Corée du Sud à examiner les "preuves" prétendument recueillies, le Conseil de sécurité des Nations Unies a pris une position équilibrée évitant toute sanction. Mais les Etats-Unis, la Corée du Sud ou d'autres Etats occidentaux, comme le Canada, ont choisi d'adopter unilatéralement de nouvelles sanctions qui touchent les populations nord-coréennes, en tirant argument de la responsabilité nullement démontrée de Pyongyang pour refuser, jusqu'à ce jour, une reprise des discussions bilatérales et multilatérales, malgré les gestes de dialogue et d'apaisement répétés de la RPD de Corée. Dans ce contexte de blocage, Pyongyang a apporté ses propres éléments de réfutation, point par point, aux résultats de l'enquête officielle américano - sud-coréenne.

 

Cheonan questionDans le bras-de-fer qui se joue entre Washington et Séoul, d'une part, et Pyongyang, d'autre part, les premiers exigeant de la seconde des "excuses" pour le naufrage du Cheonan dans lequel la RPD de Corée nie toute implication, des éléments nouveaux ont été apportés par la partie nord-coréenne.

 

Dans un communiqué publié le 2 novembre 2010, la Commission de la défense nationale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) dénonce une "pure fabrication" et une "farce", en soulignant quelques-unes des failles de l'enquête officielle conduite par une équipe civilo-miltaire, formée notamment d'experts américains et sud-coréens :

 

- alors que la pièce à conviction des enquêteurs sud-coréens et américains est un fragment de torpille en aluminium, la Corée du Nord a indiqué que ses torpilles, dont elle fournirait des échantillons, étaient composées d'acier, et non d'aluminium ;

 

- l'inscription "n° 1" en coréen, sur ce même fragment, n'utilise pas la graphie utilisée au Nord de la péninsule, et la chaleur de l'explosition aurait dû l'effacer ;

 

- selon Pyongyang, aucun sous-marin ne serait basé dans le port de la côte occidentale, d'où serait parti selon Washington et Séoul - deux ou trois jours avant le naufrage - le sous-marin lanceur de torpilles incriminé.

 

Les Américains et leurs alliés sud-coréens ont déclaré qu'il n'y avait "rien de nouveau" dans ces déclarations, faites quelques jours après l'échec de nouvelles négociations entre la Corée du Nord et le commandement des Nations Unies, à direction américaine, stationné en Corée du Sud. Mais les réponses formulées, laconiques, sont loin d'apporter les preuves irréfutables exigées par Pyongyang :

 

 - des photos satellites montrant des sous-marins nord-coréens à proximité du port d'attache supposé par les Etats-Unis et la Corée du Sud (alors même que le principe d'un sous-marin est d'être mobile...),

 

- des témoignages de Nord-Coréens ayant fait défection - et dont l'objectivité peut être mise en doute - tendant à attester que la graphie coréenne de l'inscription sur la torpille serait aussi utilisée au Nord, alors que des linguistes ont observé qu'une telle graphie est peu utilisée au Nord, et non qu'elle ne l'est jamais.

 

Enfin, les scientifiques sud-coréens et américains observent un silence gêné sur des éléments encore plus confondants, comme le fait que l'inscription n'ait pas été effacée par la chaleur de l'explosion - alors même que ces interrogations ont été soulevées non seulement par les Nord-Coréens, mais aussi par les experts indépendants sud-coréens et russes. Ces derniers, qui ont avancé la thèse d'un échouement accidentel du Cheonan, ont d'ailleurs observé que le fragment de torpille, retrouvé après de longues semaines de recherche par l'équipe américano - sud-coréenne, avait été immergé pendant au mois six mois, et ne pouvait donc pas être à l'origine d'un naufrage survenu deux mois plus tôt...

 

Sources : AAFC, Associated Press

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