Dans un article publié le 8 décembre 2023, le magazine nord-coréen de langue anglaise Pyongyang Times a souligné la priorité que les autorités nord-coréennes entendent donner aux politiques en faveur de l'enfance. De fait, alors que les médias ont récemment rendu compte de la construction de nouvelles fermes d'élevage, l'accent a été mis sur le fait que ces mesures s'inscrivent non seulement dans la politique de développement rural, mais aussi la politique de l'enfance.
Vue d'une ferme d'élevage récemment inaugurée à Pyongyang (source : KCNA)
Alors que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) lutte toujours pour atteindre l'autosuffisance alimentaire, de longue date l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a fait du soutien aux populations nord-coréennes les plus vulnérables l'un des axes prioritaires de sa politique de solidarité - les carences alimentaires étant plus particulièrement préjudiciables aux enfants.
Le Pyongyang Times observe que l'approvisionnement en besoins alimentaires quotidiens constitue l'un des axes prioritaires de la politique nord-coréenne de l'enfance : "pour la construction du socialisme et du communisme", il convient de "bien nourrir" les enfants, et "le travail en faveur des générations montantes ne doit en aucun cas être retardé ou interrompu". La tonalité de l'article - mettant plus l'accent sur les besoins que les réalisations - peut s'interpréter comme un indice des difficultés rencontrées pour atteindre pleinement cet objectif.
Alors que la fermeture du pays dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de Covid-19 a entraîné le départ des travailleurs humanitaires étrangers, la réouverture des frontières permet d'envisager leur retour et la reprise des programmes de coopération. Aujourd'hui comme hier, l'AAFC entend pleinement y contribuer.
Alors que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) est toujours exposée à une insuffisance de sa production alimentaire par rapport aux besoins de la population - ce qui a justifié que l'AAFC fasse de l'aide alimentaire et agricole aux populations nord-coréennes une des priorités de son action - la situation alimentaire apparaît s'être améliorée, mais requiert toujours une grande vigilance pour éviter que ne se reproduise la situation de sévère pénurie subie dans les années 1990.
Le Premier ministre Kim Tok-hun, en visite dans les provinces du Hwanghae du nord et du Pyongan du sud (source : KCNA, juin 2023)
Lors de sa session des 26 et 27 septembre 2023, l'Assemblée populaire suprême de la RPD de Corée a adopté un projet de loi sur l'irrigation afin d'augmenter la production céréalière.
Alors que la situation alimentaire semblait particulièrement critique au premier semestre 2023, le ministère de la réunification de la République de Corée (Corée du Sud), par la voix d'un responsable s'étant exprimé aux médias sous couvert d'anonymat, a déclaré que des progrès avaient été enregistrés, grâce, selon lui, à de bonnes récoltes de blé et d'orge et aux importations.
L'ambassadeur russe en RPDC, Alexander Matsegora, a également affirmé, dans l'entretien à l'agence TASS, que les récoltes avaient été bonnes - ce qui, selon lui, permet à la RPDC de ne pas avoir besoin de recourir à des importations, démentant l'hypothèse d'importations en provenance de Russie.
Si la période de la mousson cause régulièrement des inondations meurtrières dans l'ensemble de la péninsule coréenne, le bilan de ces derniers jours est particulièrement élevé pour ce mois de juillet 2023 : la République de Corée (Corée du Sud) déplore 50 morts selon un premier bilan, provisoire, alors que de très fortes précipitations étaient encore attendues jusqu'au 20 juillet. Si la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) n'avait pas encore communiqué de bilan chiffré, les médias officiels ont souligné la nécessité de prévenir des catastrophes naturelles auxquelles la moitié nord de la péninsule est encore plus exposée que le sud.
Maisons effondrées à Yecheon, dans la province sud-coréenne du Gyeongsang du Nord
Le bilan est dramatique, les pluies de mousson ayant été aggravées par le phénomène climatique El Nino consistant en un réchauffement de la partie est de l'océan Pacifique sud : la Corée du Sud compte d'ores et déjà 50 morts - dont 19 personnes seulement à Yecheon, dans un glissement de terrain - et plus de 30 000 hectares de terres ont été détruits. Après s'être rendu à Yecheon, le président Yoon Seok-yeol a appelé à une mobilisation accrue pour faire face aux effets du changement climatique, en renforçant la prévention. Adoptant un discours anticapitaliste, il a appelé, le 18 juillet 2023, à une contribution des "cartels" et fustigé la corruption de grands groupes, afin de pouvoir faire face aux effets des inondations :
Il faut supprimer toutes les subventions accordées aux cartels corrompus et cartels d'intérêt et l'argent économisé doit être utilisé pour se rétablir des dégâts causés par les pluies torrentielles puis pour les dédommagements.
Au Nord, l'agence officielle KCNA a mis en exergue les déplacements du Premier ministre Kim Tok-hun dans les zones plus exposées, en soulignant la responsabilité qui incombe aux cadres et travailleurs du secteur agricole qui
doivent être responsables de la gestion et du fonctionnement des installations de drainage et du renforcement des mesures de prévention contre les catastrophes côtières en prévision et en réponse aux phénomènes météorologiques désastreux, tels que les fortes pluies, les typhons et les raz de marée
Au bilan humain inconnu au Nord s'ajoutent les effets sur les terres agricoles, alors que la RPDC reste lourdement exposée à l'insécurité alimentaire, faute notamment de disposer de suffisamment de terres arables.
L'ensemble de la péninsule coréenne est l'une des zones au monde où le réchauffement climatique a l'un des plus forts impacts en termes d'inondations et de sécheresses. La prise de conscience - partagée par les deux gouvernements coréens - témoigne que la défense de l'environnement constitue un enjeu planétaire, impliquant un devoir de solidarité puisque les comportements dans les autres régions du monde causent indirectement des morts en Corée.
Avec des dizaines de morts recensés, le bilan humain est lourd après des semaines de très fortes moussons. Le président sud-coréen a appelé à un changement d'approche et de prévention face ...
La collision ferroviaire entre trois trains survenue le 2 juin 2023 près de Balasore, dans l'Etat indien d'Odisha, a causé au moins 275 morts et 1 175 blessés - ce qui en fait l'une des pires catastrophes ferroviaires de l'histoire. Alors qu'un problème de signalisation électrique serait à l'origine de l'accident selon le ministère indien des chemins de fer, dans l'attente des conclusions d'une enquête plus approfondie, des messages de condoléances sont parvenus du monde entier, et notamment de la République de Corée (Corée du Sud) et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).
Le président sud-coréen Yoon Seok-yeol a réagi sur son compte Twitter le samedi 3 juin, en soirée : se déclarant profondément attristé, il a souhaité exprimé, au nom de la République de Corée, ses sincères condoléances aux victimes et à leurs familles et ses voeux de rétablissement rapide.
Pour sa part, le Premier ministre nord-coréen Kim Tok-jun a envoyé un message le 6 juin à son homologue indien Narendra Modi. Il a exprimé ses sympathies et ses profondes condoléances aux victimes et à leurs familles, en ajoutant que le peuple coréen partageait ce moment difficile avec le peuple indien. Il a aussi fait part de sa certitude que le gouvernement indien saura guérir les séquelles de cette catastrophe et permettre aux victimes et à leurs familles de reprendre une vie normale dès que possible.
President Yoon Suk Yeol has offered his condolences to the victims of the passenger train accident in eastern India, which has claimed the lives of over 280 people and left hundreds injured. On his
Le ministre indien des Chemins de fer a annoncé dimanche que la cause et les responsables de l'accident, qui a fait 275 morts, avaient été identifiés, désignant un problème de signalisation. ...
Fin février 2023, le 8e comité central du Parti du travail de Corée a tenu sa 7e réunion plénière, consacrée à l'augmentation de la production agricole et à l'amélioration de la gestion de l'agriculture. Nous faisons le point sur les données disponibles et les tâches qui incombent à l'Association d'amitié franco-coréenne en tant qu'organisation de solidarité avec le peuple coréen.
Selon l'agence nord-coréenne KCNA, lors de sa réunion plus spécifiquement consacrée à l'agriculture le Comité central du Parti du travail de Corée (PTC) a discuté "de la mise en oeuvre du programme pour la révolution rurale et le développement économique national". Kim Jong-un, secrétaire général du PTC, a "clarifié la stratégie de développement et les politiques pour mettre en oeuvre le développement soutenable de la production agricole".
La situation alimentaire apparaît aujourd'hui particulièrement critique : en l'absence de statistiques exhaustives nord-coréennes, la Corée du Sud estime que la production céréalière en 2022 à 4,51 millions de tonnes, soit l'une des plus faibles depuis les disettes des années 1990, en recul de 3,8 % par rapport à 2021 (4,69 millions de tonnes), et très en-deçà des besoins estimés pour l'ensemble de la population (5,5 millions de tonnes).
Ayant discuté de ce sujet avec nos interlocuteurs nord-coréens, l'AAFC a décidé de lancer un appel à projets auprès de ses interlocuteur habituels, tout en étant évidemment ouverte aux propositions de toutes celles et tous ceux qui ne veulent pas que des millions de femmes, d'hommes et d'enfants souffrent à nouveau de la pénurie alimentaire. Ainsi, il ne s'agirait pas tant d'apporter une aide d'urgence, par nature limitée, que de :
- recueillir des semences, en particulier de blé, dans la perspective notamment d'étendre la production dans les parties les plus septentrionales du pays, les moins fertiles ;
- améliorer les techniques de mécanisation et d'irrigation, dans une logique de développement durable qui évite l'épuisement des sols ;
- renforcer la connaissance statistique de la production.
Régulièrement à la limite de la pénurie, la Corée du Nord vivrait une situation alimentaire dégradée par des aléas climatiques et trois années d'isolement quasi total décidé après l'app...
Le 12 mai 2022, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a officiellement déclaré son premier cas de Covid-19. Si le manque de tests ne permet pas de connaître avec précision l'ampleur de la pandémie, la situation épidémiologioque n'en apparaît pas moins préoccupante et justifie la mobilisation de moyens exceptionnels.
Selon les statistiques officielles, 4,4 millions de personnes (sur une population de plus de 25 millions d'habitants) avaient souffert de "fièvre" - ce qui est l'un des symptômes du Covid-19 - à la date du 19 juin 2022. Le nombre de décès était alors estimé à 73 - mais selon le Professeur Shin Young-jeon, du Collège universitaire de médecine de Hanyang, en Corée du Sud, il s'agirait des seuls cas identifiés par des tests PCR. Comme dans d'autres pays en développement qui n'ont pas la possibilité de pratiquer systématiquement des tests, le nombre officiel de décès pourrait donc être beaucoup plus élevé. Des cas de fièvre apparaissent ainsi comme des indices de contamination - nonobstant les cas asymptomatiques.
Toujours selon les données officielles, un pic épidémique a été atteint le 19 mai 2022 avec 754 800 cas de fièvre. Ces derniers jours, malgré une décrue, le nombre de cas quotidiens restait supérieur à 25 000.
Ayant peu d'interactions avec le reste du monde (pour citer des exemples historiques, la rencontre des populations autochtones avec les colons européens a entraîné la propagation de maladies parmi les peuples premiers), la population nord-coréenne est particulièrement vulnérable à des situations pandémiques. Dès le déclenchement de la pandémie mondiale de Covid-19 au début de l'année 2020, les autorités nord-coréennes ont réagi par des mesures de fermeture des frontières - comme, par le passé, face à d'autres situations d'urgence sanitaire, telles que l'épidémie de SRAS. Bien que les frontières ne soient toujours pas réouvertes, la nouvelle vague récente de Covid-19 ayant atteint l'Asie de l'Est a également touché la Corée du Nord, et tout particulièrement la capitale, Pyongyang.
Dans ce contexte, les autorités ont décidé un confinement strict et préconisé encore plus fortement le port du masque et les mesures de distanciation sociale. Des équipes médicales ont également été déployées dans l'ensemble du pays selon une démarche à la fois préventive et curative.
La fragilité du système sanitaire est éprouvée par une pénurie structurelle de médicaments que ne pallient que partiellement un important dispositif de médecine traditionnelle et un taux d'encadrement médical comparable à celui des pays occidentaux - alors qu'une part importante de la population est d'autant plus exposée qu'elle souffre de malnutrition. D'autres comorbidités sont particulièrement susceptibles de toucher les 25 millions de Nord-Coréens.
Depuis les situations de pénurie alimentaire des années 1990, l'Association d'amitié franco-coréenne a toujours répondu présente face aux besoins d'aide humanitaire d'urgence des femmes, des hommes et des enfants de Corée du Nord. Aujourd'hui comme hier, nous suivons avec vigilance la situation, en liaison avec nos interlocuteurs nord-coréens, pour agir au profit des populations les plus vulnérables.
Bernard Hugo, vice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), est décédé le 19 mars 2021 à l'âge de 90 ans. Maire de Trappes pendant 30 ans, conseiller général et sénateur des Yvelines, Bernard Hugo était aussi un militant actif en faveur de la paix. L’Association d’amitié franco-coréenne salue la mémoire d'un homme de cœur engagé dans de beaux combats.
Né le 4 octobre 1930 à Crosnes (Essonne), Bernard Hugo fut d’abord instituteur puis professeur. De sa carrière d’enseignant, il garda toute sa vie un grand sens de la pédagogie pour expliquer les grands problèmes de notre temps.
Militant communiste, il adhéra en 1947 à l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF) puis, en 1948, au Parti communiste français (PCF).
Dans le secteur associatif, il travailla, entre autres, dans les années 1950, avec l’association Vacances populaires éducatives, soutenue par le Secours populaire français (SPF). Bernard Hugo tissa alors de puissants liens avec le SPF et fut un des animateurs de lasoirée de débats et d'échanges sur les actions de solidarité avec la population coréenne, co-organisée le 9 décembre 2013 par le SPF et l’AAFC.
Bernard Hugo était un élu local très apprécié : adjoint au maire de Trappes (Yvelines) en 1959, premier adjoint en 1965, puis maire de 1966 à 1996. Il fut également conseiller général de 1973 à 1979 et sénateur des Yvelines de 1977 à 1986.
Après son mandat municipal, Bernard Hugo se consacra à la lutte pour la paix et la solidarité internationale : vice-président chargé du secrétariat du Cercle français pour la Paix et la sécurité européennes de 1996 à 2004, président de l’Institut de documentation et de recherches sur la paix en 1996, membre du Conseil national du Mouvement de la paix. Il était donc naturel que Bernard Hugo s’engage aussi aux côtés de l’Association d’amitié franco-coréenne, où il était vice-président chargé des relations avec les organisations pacifistes, tant la paix dans la péninsule coréenne représente un enjeu vital pour la paix mondiale et ne peut être dissociée de la question du développement.
L'Association d'amitié franco-coréenne adresse ses plus sincères condoléances et l'expression de sa sympathie la plus profonde à la famille et aux amis de Bernard Hugo.
En ce mois de février 2021, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a appris avec tristesse le décès, des suites d'une longue maladie, à l'âge de 70 ans, d'Alain Serres, adhérent ancien et fidèle de l'AAFC. L'Association d'amitié franco-coréenne lui rend hommage et adresse ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Pour tous ceux qui connaissaient Alain Serres, la nouvelle de sa disparition a été douloureuse. Cadre de la fonction publique établi en Dordogne, Alain était un homme dévoué et généreux. Il exprimait son soutien au peuple coréen en lutte pour la réunification de son pays, la paix et des conditions de vie dignes d'une manière qui lui ressemblait : sincère, désintéressée et sans ostentation.
Ayant fait sien l'adage coréen « Mieux vaut voir une fois qu'entendre cent fois », Alain Serres s'était rendu à deux reprises en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), dans le cadre de délégations de l'AAFC, la dernière fois en septembre 2018.
Maurice Cukierman, membre du bureau de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), nous a quittés le 22 juillet 2020 à l'âge de 71 ans. Il a lutté avec autant de force pour la solidarité internationale, en particulier avec le peuple coréen, que contre la longue maladie qui l'a finalement emporté. L'AAFC tient à saluer la mémoire d'un militant inlassable et d'un grand ami.
Maurice Cukierman naît en 1949 dans une famille de communistes et résistants, ce qui contribue à forger un fort caractère doublé d'une ardeur militante . Son père Georges (décédé en avril 2020) rejoint la Jeunesse communiste clandestine en 1942, à l'âge de 16 ans, et devient une grande figure du Parti communiste français (PCF). Maurice adhère, lui, à la Jeunesse communiste en 1963 et au PCF en 1968.
De plus en plus critique à l'égard du PCF après 1976, Maurice Cukierman participe, en 2002, à la création de l’Union des révolutionnaires communistes de France (URCF), dont il devient responsable international. En 2016, l'URCF devient le Parti communiste révolutionnaire de France (PCRF) et Maurice Cukierman en est le secrétaire général. C'est d'ailleurs en tant que responsable international de l'URCF puis secrétaire secrétaire général du PRCF qu'il effectue ses dernières visites en Corée : en Corée du Nord en 2012 et en Corée du Sud en 2018 et en 2019, malgré la maladie qui l'affaiblit.
Au niveau international, Maurice Cukierman participe au début des années 1970 aux mouvements de solidarité avec le peuple vietnamien et avec les peuples subissant la colonisation portugaise. Jusqu’en 1991 il anime la lutte contre l’apartheid en France et publie, en 1987, l'ouvrage Afrique du Sud : cap sur la liberté (Messidor/Editions sociales), préfacé par Francis Meli, membre du Comité exécutif national de l'African National Congress. Il s'engage naturellement aux côtés du peuple coréen en lutte pour la réunification de son pays, alors qu'une répression féroce s'abat sur les militants pro-réunification en Corée du Sud. Maurice Cukierman rejoint l'Association d'amitié franco-coréenne où il œuvre aux côtés de Jean Suret-Canale, géographe, historien, homme de lettres, militant communiste, résistant et figure de l'anticolonialisme, qui a succédé en 1982 au gaulliste Louis Terrenoire, autre grand résistant, à la tête de l'AAFC.
Maurice Cukierman occupe différentes fonctions au sein de l'AAFC : directeur de publication du bulletin trimestriel, secrétaire... En 1989 et 1990, il anime, avec d'autres, la campagne pour la libération de l'étudiante Rim Su-kyong, du prêtre catholique Moon Kyu-hyun et du pasteur protestant Moon Ik-hwan, emprisonnés en Corée du Sud pour avoir bravé la loi sud-coréenne dite de sécurité nationale et voyagé en Corée du Nord sans autorisation.
Maurice Cukierman n'a de cesse de souligner le « deux poids deux mesures » de la diplomatie française à l'égard des deux Etats coréens, comme dans un article d'une mordante ironie qu'il signe suite à la visite officielle qu'effectue en France, du 30 novembre au 2 décembre 1989, le président sud-coréen Roh Tae-woo1 :
« […]Décidément, les souffrances ô combien dramatiques du peuple de Corée au Sud du 38e parallèle n'émeuvent guère ceux qui nous gouvernent.
Nous devions en avoir confirmation lors de l'entrevue au Quai d'Orsay à laquelle participèrent nos amis André Aubry, Yves Grenet et Guy Dupré. La délégation fut reçue par M. Claude Martin, directeur du département Asie et M. P. Boissy, chargé de la Corée dans ce département.
Nos amis ont rappelé les motivations de la délégation, le traitement pour le moins inégal par la France des deux Etats coréens, notre volonté que la France prenne des initiatives pour créer un climat propice à la réunification de la Corée, notre indignation devant les crimes contre les Droits de l'Homme qui se commettent en Corée du Sud dans l'indifférence officielle, ce que souligne la visite de Ro Tai Ou.
Les représentants du Quai d'Orsay ont expliqué que les rapports avec la Corée du Sud s'expliquent par des arguments qui "pèsent lourd" comme l'achat du TGV, de l'Airbus, des contrats. Mais que par contre la dette nord-coréenne posait problème ! Mais celle de la Corée du Sud, sans commune mesure par son importance, n'inquiète pas. Par contre, il se dégage des exposés du représentant du Ministre que la diplomatie française a une fâcheuse tendance à vouloir imposer aux relations économiques les fourches caudines de la politique dès qu'il s'agit de la RPDC : en clair, on sous-entend que la France ne ferait un geste que si elle estimait que cela puisse avoir un impact politique dans les affaires intérieures de la RPDC.
Pour ce qui est des promesses du candidat Mitterrand aux élections présidentielles, elles ne concernent pas le Président Mitterrand élu au suffrage universel (élu en général sur ses promesses, pourtant !).
Enfin, à propos des prisonniers politiques, de la répression, les représentants du gouvernement, après avoir voulu minimiser la situation et trouver des circonstances atténuantes (décidément, ces questions ont deux poids deux mesures !), M. Martin a expliqué que la jugement contre Rim serait sûrement "sévère pour l'exemple" mais que son cas et celui des autres seraient évoqués, dans le genre "vous avez fait de grands progrès (sic) et vous risquez de les gâcher" (!). Il s'est d'ailleurs fait l'écho d'une réponse faite par Séoul à une intervention précédente. "Melle Rim ne fait pas preuve de remords, sinon nous aurions envisagé des circonstances atténuantes."
La délégation a pris congé en remettant les pétitions recueillies.
Le 1er décembre, à l'Elysée, Madame la Présidente recevait le dictateur Ro, le champagne et les petits fours étaient parfaits.
Comme quoi, que vous soyez rouge ou blanc, les jugements occidentaux seront sévères ou bienveillants (d'après La Fontaine). »
Maurice Cukierman, « Les amis de la Corée et du peuple coréen manifestent à Paris à la veille de la réception du dictateur sud-coréen à l'Elysée ! », Bulletin trimestriel de l'Association d'amitié franco-coréenne, n°28, pp. 7-9, 4e trimestre 1989
Parmi les autres combats menés par Maurice Cukierman à l'AAFC aux côtés du peuple coréen, il y a celui en faveur des « femmes de réconfort », victimes de l'esclavage sexuel pratiqué par l'armée impériale du Japon avant 1945. En septembre 2013, lors d'une rencontre organisée par l'AAFC avec Mme Kim Bok-dong, ancienne « femme de réconfort », Maurice Cukierman profite d'une courte interview accordée à la chaîne de télévision sud-coréenne KBS pour dénoncer l'occultation systématique des crimes de guerre japonais de la Seconde Guerre mondiale. Maurice Cukierman sait se saisir de chaque occasion pour faire passer des messages forts.
Maurice Cukierman est aussi un professeur de lycée qui marque des générations d'élèves par la passion qu'il communique dans l'enseignement des disciplines dont il a la charge, notamment l'Histoire. Il communique cette même passion au sein de l'AAFC où, pluralisme oblige, il ne dédaigne pas débattre avec des adhérents d'une autre sensibilité politique que la sienne. Même son interlocuteur le plus déterminé a alors l'impression d'apprendre quelque chose. Homme d'une grande érudition, il captive son auditoire en expliquant un tableau ou en mettant en évidence les références politiques et historiques d'un blockbuster sud-coréen...
Maurice Cukierman nous manquera beaucoup. L'Association d'amitié franco-coréenne adresse ses plus sincères condoléances et l'expression de sa sympathie la plus profonde à sa famille et à ses amis.
1 Président de la Corée du Sud de 1988 à 1993, Roh Tae-woo (Ro Tai Ou, selon la graphie utilisée en 1989) sera condamné par la suite à vingt-deux ans et demi de prison pour corruption et participation à la répression du soulèvement de Kwangju en 1980
Julien Lauprêtre, Président du Secours populaire français, est décédé le 26 avril 2019 à l'âge de 93 ans. Partenaire de longue date du Secours populaire français qui intervient aussi en Corée, l'Association d'amitié franco-coréenne tient à saluer la mémoire de ce combattant inlassable et exigeant contre la pauvreté et l'injustice, en France et dans le monde.
Comme le rappelle le Secours populaire français (SPF) sur son site Internet, Julien Lauprêtre est entré en 1954 au SPF comme secrétaire administratif. Très vite, il a compris que l’association avait tout à gagner à se recentrer sur son rôle d’association de solidarité plutôt que d’intervenir sur le champ politique. Julien Lauprêtre a donc fait du Secours populaire français une association rassemblant « des personnes de bonne volonté, enfants, jeunes et adultes, de toutes conditions, quelles que soient leurs opinions politiques, philosophiques ou religieuses, en veillant à développer avec elles la solidarité et toutes les qualités humaines qui y sont liées » (premier article des statuts du SPF).
Ainsi, le SPF est devenu une des plus importantes associations de solidarité de France.
Faisant sienne la formule « Tout ce qui est humain est nôtre », le Secours populaire français intervient en France pour lutter contre la pauvreté et venir en aide à celles et ceux qui ont du mal à se nourrir ou à se soigner, mais aussi dans d'autres pays du monde où des enfants, femmes et hommes luttent pour survivre.
Julien Lauprêtre a donc parcouru la France et le monde, mobilisant les bénévoles et sensibilisant les dirigeants, face à une précarité et à une pauvreté qui s'aggravent. Sous son impulsion, est né aussi en 1992 « Copains du monde », le mouvement d’enfants bénévoles du Secours populaire français, .
Julien Lauprêtre aimait à répéter que « la solidarité ne règle pas tout, mais pour celles et ceux qui la reçoivent, elle est irremplaçable », ajoutant ces mots d’Henri Barbusse : « La solidarité, ce ne sont pas des mots, mais des actes. »
Déterminée à poursuivre, par des actes, l'œuvre de solidarité à laquelle appelait Julien Lauprêtre, l'Association d'amitié franco-coréenne adresse ses plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches et aux 80 000 benévoles du Secours populaire français.
Repères biographiques
26 janvier 1926 :
naissance à Paris
De 1940 à 1943 :
apprenti miroitier
De novembre 1943 à mars 1944 :
arrestation pour propagande antinazie par les policiers des Brigades spéciales. A la Préfecture de police, il est emprisonné avec les membres de l’Affiche rouge - dont Missak Manouchian - qui seront fusillés au Mont Valérien le 21 février 1944
De 1944 à 1951 :
tailleur de glace aux Miroiteries de la rue de la Forge royale, de la Cité industrielle puis de la rue du Rhin à Paris
1947 :
mariage avec Jeannette Antoine
1949-1950 :
responsable national des Jeunesses communistes
De 1951 à 1953 :
secrétaire du député de la Seine, Raymond Guyot
1951 :
secrétaire administratif au Secours populaire français
De 1955 à 1958 :
secrétaire général du Secours populaire français
De 1958 à 1983 :
secrétaire général faisant fonction de président du Secours populaire français
Depuis 1983 :
président du Secours populaire français
De 1970 à 2000 :
membre du Comité central du Parti communiste français
Sous la présidence de Julien Lauprêtre, le Secours populaire français est intervenu en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) à partir de 1999. En RPDC, le SPF mène des actions de solidarité, venant en aides aux population souffrant de pénuries alimentaires et régulièrement victimes de catastrophes naturelles, telles que des inondations. Le Secours populaire français apporte une aide pour la distribution de produits alimentaires et de première nécessité. L’association travaille aussi sur la mise en place de projets de santé (soutien à des hôpitaux) et d’éducation, en lien avec des partenaires locaux (Croix-Rouge coréenne, représentation de la RPDC à l’UNESCO...) et avec l'Assocation d'amitié franco-coréennne. Le SPF accueille régulièrement des médecins nord-coréens pour des formations dans les hôpitaux français. Le SPF s’est engagé sur un programme de sécurité alimentaire. Il a mis en place une unité de production de lait de soja dans la banlieue de Pyongyang afin de pallier les difficultés d’approvisionnement en lait. Un local a été équipé d’appareils destinés à la transformation du soja. L’association a également fourni 20 tonnes de soja, soit l’équivalent de 3 000 litres de lait. Ce lait est destiné aux enfants et aux femmes du secteur. Le SPF apporte une aide régulière pour l’achat de soja. En partenariat avec le Korea Education Fund (KEF), le SPF a participé à la construction d’une école à Yangsi (au sud de Pyongyang), en apportant un financement à hauteur de 150 000 euros. Il s’agit d’un établissement secondaire pouvant accueillir 1 500 élèves.L’école a ouvert ses portes en septembre 2012. En 2013, le SPF a inauguré une école pour 2 400 élèves à Pyongsong.
Le Secours populaire français encourage aussi les échanges interculturels : régulièrement, des enfants nord-coréens passent des vacances et font connaissance avec des enfants de tous les continents lors du village « Copains du monde » organisé par le SPF à Gravelines (Nord). Au cours du séjour, ils ont l'occasion de mener des actions solidaires auprès des personnes âgées dans les maisons de retraite et des enfants malades dans les hôpitaux.
Avec l'Association d'amitié franco-coréenne, les liens se sont encore renforcés en 2007 suite aux graves inondations survenues en août et septembre de cette année. Grâce aux dons recueillis par l'AAFC, le SPF a fait partir un container chargé de produits alimentaires et de matériel médical vers la Corée du Nord en juin 2008.
Le 9 décembre 2013, une soirée de débats et d'échanges sur les actions de solidarité avec les populations nord-coréennes, co-organisée par le Secours populaire français et l'Association d'amitié franco-coréenne, a eu lieu au siège du SPF. Lors de cette soirée, Julien Lauprêtre souIigna une nouvelle fois l'importance de permettre des échanges entre enfants de pays et de culture différentes, mettant aussi en avant la nécessité de nouer des partenariats avec des entreprises présentes, ou souhaitant s'implanter, en RPDC. Il émit l'idée que la venue en France de délégations coréennes de RPDC, sportives ou culturelles, puisse être davantage valorisée pour sensibiliser aux actions de solidarité.
Le 9 décembre 2013, Julien Lauprêtre entouré de Guy Dupré et Bernard Hugo, vice-présidents de l'AAFC, et André Aubry, président de l'AAFC (photo : Alain Noguès)
Le 23 février 2015, à l'initiative de l'AAFC et de l'ONG britannique DULA, les artistes d'une délégation la Fédération des personnes handicapées de la République populaire démocratique ont donné un spectacle au siège du SPF, dans le cadre d'une visite de cette délégation au Royaume-Uni et en France.
Le partenariat entre le Secours populaire français et l'Association d'amitié franco-corénne a une nouvelle fois porté ses fruits en décembre 2016, lorsque, répondant à l'appel du SPF suite aux inondations catastrophiques avant frappé la Corée pendant l'été, l'AAFC recueillit des fonds destinés à l'achat de ciment pour poursuivre la reconstruction de l'école secondaire de la commune de Sinwon, dans la province du Hwanghae, et à l'envoi d'un container contenant kits d’hygiène, couvertures, vêtements chauds, lait en poudre…