Chers amis, adhérents de l’Association d’amitié franco-coréenne,
Cette assemblée générale intervient une nouvelle fois dans un contexte marqué par des crises multiples : regain de tension en Corée, bien sûr, conflit en Ukraine… pour ne parler que de celles-là. Ces crises dessinent un monde nouveau où les analyses pondérées de la situation n’ont pas leur place, coincées entre deux narratifs incompatibles. La zone démilitarisée séparant les deux États coréen pouvait apparaître comme un vestige de la guerre froide. Elle préfigurait en fait ce monde nouveau où chacun est sommé de choisir son camp, où la nuance est interdite et même considérée comme un signe de trahison !
En Corée, la reprise des exercices militaires de grande ampleur par les armées américaine et sud-coréenne a poussé la RPD de Corée à renforcer ses propres moyens de dissuasion et à multiplier les essais balistiques, même si, pour le moment, il n’est pas question de procéder un nouvel essai nucléaire.
Le grand historien américain Bruce Cumings décrivait dès 2004 le narratif concernant la Corée pour le dénoncer : « La Corée du Nord tenterait, sans raison, de s’équiper en armes de destruction massive, tandis que l’opposition de Washington à cette stratégie relèverait de l’innocence originelle. Pourtant, depuis les années 1940, les États-Unis ont eux-mêmes utilisé ou menacé d’utiliser ces armes en Asie du Nord-Est. Ils sont la seule puissance à avoir eu recours à la bombe atomique, et leur dissuasion repose sur la menace de les employer de nouveau en Corée. »
En effet, dans la partie du monde où nous vivons, il est de bon ton – voire obligatoire – d’imputer la responsabilité de la crise sécuritaire en Corée à la seule RPDC. Pourtant une approche plus nuancée, en Corée comme ailleurs, est nécessaire, notamment au 70e anniversaire de la fin des combats de la guerre de Corée, qui ont fait des millions de morts et se sont terminés par un simple cessez-le-feu sur la ligne de front.
L’AAFC s’efforce d’apporter une vision équilibrée de la situation en Corée. C’est ce qui lui est reproché. L’AAFC ne condamne pas de manière univoque la politique menée par la RPDC, elle ne peut donc être qu’une « officine nord-coréenne » (cette expression se retrouve sous la plume de certains « experts » autorisés pour désigner notre association).
Alors rappelons d’emblée ce qu’est l’Association d’amitié franco-coréenne et ce qui guide son action :
- L’AAFC est une association française indépendante qui ne reçoit de subsides d’aucun gouvernement et ne vit que grâce à la générosité et à l’engagement bénévole de ses adhérents, lesquels sont de toutes les opinions politiques et se retrouvent sur le terrain de la solidarité internationale et de la défense de la paix ;
- Consciente que la Corée est un foyer de tensions pouvant déboucher sur un conflit destructeur d’ampleur mondiale, l’AAFC souhaite que la France, forte de ses traditions diplomatiques, joue son rôle de puissance d’équilibre dans cette partie du monde pour trouver une issue pacifique. L’AAFC milite donc, entre autres, pour que la France renoue avec ses meilleures traditions diplomatiques – une de ces traditions étant de reconnaître des États et non des régimes politiques – et établisse des relations diplomatiques équilibrées entre la France et les deux États coréens, à l’instar de ce que font ses principaux partenaires européens ;
- L’AAFC encourage le dialogue entre les Coréens, du Nord, du Sud et de la diaspora, une solution durable à la crise coréenne ne pouvant être trouvée que par les Coréens eux-mêmes, sans ingérence extérieure. C’est pourquoi l’AAFC soutient l’application des déclarations signées lors des sommets inter-coréens de 2000, 2007 et 2018 ;
- Logiquement, l’AAFC s’oppose aux fausses solutions telles que les « conférences de paix » et autres forums organisés par des pays tiers, lorsque ces derniers oublient délibérément d’inviter une des parties au conflit. De telles initiatives sont bien sûr vouées à l’échec, ne se soucient pas d’efficacité et ne servent qu’à donner bonne conscience à ceux qui en sont à l’origine.
Ce seraient donc ces orientations de simple bon sens qui, selon certains « experts », feraient de l’AAFC une « officine nord-coréenne ». Nuance, toujours…
En 2022, comme les années précédentes, l’AAFC a suivi sa ligne dans un contexte contraint, non exempt de tentatives d’intimidation.
1) L'Association d'amitié franco-coréenne a interrogé les candidats à l’élection présidentielle française
L’AAFC a posé quatre questions aux candidats à l’élection présidentielle de 2022 :
- Le candidat estime-t-il nécessaire que la situation dans la péninsule coréenne soit traitée dans sa globalité et que les comportements sensibles ou intimidants d’autres acteurs – à commencer par les États-Unis d’Amérique - soient soulignés ?
- Quelle est la position du candidat sur les sanctions dont la RPDC fait l’objet ?
- Après l'ouverture, en 2011, d’un premier bureau français de coopération à Pyongyang, le candidat compte-t-il faire évoluer cette situation pour normaliser les relations entre la République française et la RPDC, dans l'intérêt de la France et conformément à la pratique de ses principaux partenaires européens ?
- Comment la France peut-elle appuyer le dialogue entre les deux Corée, seul moyen de trouver une solution pérenne à la crise coréenne ?
Il y a encore du chemin à faire, car seule Nathalie Arthaud, candidate de Lutte ouvrière, a répondu, sa réponse ayant été publiée sur le site de l’AAFC.
2) L’AAFC a mené des actions en faveur de la paix
Comme déjà rappelé en 2022, le conflit en Ukraine qui s’ajoute au conflit en Corée rend nécessaire la coopération des forces attachées à la paix dans le monde entier.
L’AAFC a participé à plusieurs rassemblements pour la paix Paris, notamment le 19 août 2022, place du Trocadéro à Paris, à la veille de nouveaux exercices militaires américano-sud-coréens.
En septembre 2022, l’AAFC a rejoint le Collectif national des marches pour la paix, coordonné par le Mouvement de la paix.
En novembre 2022, l’Association d’amitié franco-coréenne, a rejoint, sur proposition de l’association Belgique-Corée qui en est déjà membre, l’ILPS (International League of Peoples’ Struggle/Ligue internationale de lutte des peuples). L’ILPS rassemble diverses organisations du monde pour qu’elles travaillent ensemble sur une ou plusieurs thématiques parmi vingt (développement socio-économique, droits de l’homme dans les domaines civil, politique, économique, social et culturel, promotion des droits syndicaux, etc). Il est à noter que seules des associations peuvent rejoindre l’ILPS, à l’exclusion donc des partis politiques.
L’AAFC est appelé à travailler sur la thématique « la cause d’une paix juste et de luttes contre les guerres de contre-révolution et d’agression et contre les armes nucléaires, biologiques, chimiques, de missiles et autres armes de destruction massive ».
3) L'AAFC a organisé des réunions culturelles
Le 18 mars 2022, a eu lieu à Paris la projection du film nord-coréen de 1987 Le Calice (aussi connu sous le titre La Campanule), suivi d’un débat et d’un buffet coréen. Le succès de cette soirée a montré l’intérêt du public pour la culture nord-coréenne.
Une autre soirée de ce type a été organisée le 27 janvier 2023, avec le même succès.
4) L'AAFC a utilisé ses moyens de communication traditionnels
L’AAFC dispose d’un site Internet de l'AAFC (www.amitiefrancecoree.org, ouvert en février 2008), d’un groupe Facebook de l’AAFC (plus de 1 400 abonnés) qui se veut un lieu d’échange ouvert à tous, adhérents ou non, pour tout ce qui touche à la Corée, et désormais d’un compte Instagram. Il existe aussi un canal de discussion réservé aux membres de l’AAFC sur l’application Telegram, auquel chacun peut se joindre en écrivant à l’AAFC.
Après quatre ans d’interruption, le bulletin « papier » de l’AAFC a été relancé, dans une nouvelle maquette, avec deux numéros parus au quatrième trimestre 2022 et au premier trimestre 2023.
La permanence hebdomadaire est toujours été assurée le jeudi de 18h à 19h dans les locaux de la Maison de la vie associative et citoyenne du 16e arrondissement de Paris.
Concernant le fonctionnement de ses instances en 2022, il y a eu cinq réunions du bureau de l’AAFC en visio-conférence et une réunion de bureau en présentiel.
Nous pouvons donc identifier trois axes pour développer l’activité de l’AAFC au cours de la période 2023-2024.
1) Multiplier les manifestations culturelles
Il y a un réel intérêt pour la culture coréenne et notamment nord-coréenne. L’AAFC a de la matière pour nourrir cette curiosité mais doit avoir une liste de lieux pour organiser de tels événement, en plus de la Maison de la vie associative et citoyenne du 16e arrondissement de Paris (indisponible en soirée). La première tâche de cette équipe serait d’établir une liste des lieux de réunions possibles, à Paris et en province, avec des informations telles que les conditions d’accès, les tarifs, etc.
Chacun est donc invité à communiquer ce type d’information à l’AAFC quand il en a connaissance.
2) Renforcer les moyens de communication
Toutes les propositions d’articles et d’analyse sont les bienvenues pour être publiées sur les différents supports de l’AAFC (site Internet, bulletin « papier »...). L’équipe de rédaction du site Internet se tient à la disposition des auteurs pour corriger et mettre en forme leur texte (ajout de liens, d’images, etc).
A cet égard, le site Internet, vieux de 15 ans dans sa forme actuelle, a besoin d’être revu. Son renouvellement doit donc être mis en chantier en s’appuyant sur les compétences internes à l’AAFC, sans surcoût.
3) Relancer l’activité des comités régionaux et thématiques
Il existe actuellement huit comités régionaux (Bourgogne-France-Comté, Bretagne, Grand Est, Haut-de-France, Ile-de-France, Normandie, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie) et trois comité thématiques (esperanto, jeunes, sciences sociales et politiques). Ces comités ont souvent été formés pour porter des initiatives et organiser des manifestations, culturelles notamment, mais en dehors de tels événements, ils ont du mal à exister.
Il convient donc de rappeler que les comités régionaux et thématiques peuvent s’appuyer sur l’AAFC « nationale », y compris pour le financement de leurs activités, et d’en créer de nouveau dès que c’est possible.
L’Association d’amitié franco-coréenne et ses adhérents ne doivent pas se laisser impressionner par les critiques et les attaques. Nous savons d’où nous venons, qui nous sommes et où nous allons. Nous sommes peut-être une association pauvre financièrement, mais nous sommes une association riche de la force de l’engagement de ses membres en faveur de l’amitié entre les peuples et de la paix. C’est sans doute cela qui nous est reproché. Mais osons le dire : le monde serait sans doute un peu plus dangereux sans des associations telles que la nôtre.