Assemblée générale de l'AAFC du samedi 22 octobre 2022

Rapport d'activité et d'orientation

présenté par Patrick Kuentzmann

secrétaire général de l'Association d'amitié franco-coréenne

Chers amis, adhérents de l’Association d’amitié franco-coréenne,

Je tiens à commencer ce rapport d’activité en exprimant toute notre joie de retrouver notre président à l’occasion d’une assemblée générale de l’Association d’amitié franco-coréenne. Comme l’a rappelé le bureau dans une déclaration diffusée en juin dernier, après les accusations délirantes portées contre lui et l’ordonnance de non-lieu rendue par les juges d’instruction, il peut reprendre toutes ses activités au sein de l’Association d’amitié franco-coréenne, dont il n’a jamais cessé d’être le président bien qu’empêché, et tous les membres de l’AAFC s’en réjouissent.

Notre dernière assemblée générale, tenue en octobre 2021, la première en deux ans, était placée sous le signe de la pandémie de Covid et des restrictions sanitaires. L’assemblée générale de 2022 doit malheureusement être placée sous le signe de la guerre et des pénuries.

La Corée, foyer de tensions pouvant déboucher sur un conflit d’ampleur mondiale, semblait une question lointaine pour beaucoup jusqu’au début de cette année. La crise ukrainienne, qui couvait depuis plusieurs année avant de se transformer en conflit ouvert le 24 février 2022, a mis la guerre à nos portes et rappelé que la paix est un bien précieux pour lequel il convient de se battre, combat que mène l’AAFC depuis 1969 en privilégiant toujours les solutions pacifiques en Corée.

Hélas, concernant la Corée, le même constat que celui fait l’an dernier s’impose : après les spectaculaires avancées sur les fronts diplomatique et des relations inter-coréennes de 2018 et du premier semestre 2019, lesquelles ont fait alors la une de l’actualité, nous sommes revenus à une période de stagnation sur ces deux fronts, situation encore aggravée à partir du printemps 2022 par l’arrivée au pouvoir en Corée du Sud d’un président conservateur, partisan d’une ligne dure envers la Corée du Nord. 

Très logiquement, la reprise des exercices militaires par les armées américaine et sud-coréenne à partir d’août 2022, impliquant cette année un porte-avions nucléaire américain et ouvertement dirigés contre la Corée du Nord, ont provoqué une réaction de la part de cette dernière, laquelle a procédé à de multiples essais balistiques s’inscrivant dans la doctrine de dissuasion nord-coréenne « du faible au fort », soit l’affirmation d’une politique militaire indépendante tournant le dos à la logique des blocs et à l’idée d’un quelconque « parapluie nucléaire » offert par une puissance étrangère. Il est à noter que la doctrine de la dissuasion nord-coréenne est proche de la doctrine française voulue en son temps par le général de Gaulle. Pour s’en convaincre, on peut rappeler ce que disait de Gaulle dans une conférence de presse donnée le 14 janvier 1963 : « Nous sommes à l'ère atomique et nous sommes un pays qui peut être détruit à tout instant, à moins que l'agresseur ne soit détourné de l'entreprise par la certitude qu'il subira, lui aussi, des destructions épouvantables. » 

Il convient de relever que les essais de missiles nord-coréens n’ont pas été suivis de nouvelles sanctions prises par le Conseil de sécurité des Nations unies contre la Corée du Nord en raison de l’opposition de la Chine et de la Russie, ces pays n’hésitant désormais plus à blâmer ouvertement les Etats-Unis pour les tensions en Corée. 

Toujours aux Nations unies, concernant le conflit en Ukraine, la Corée du Nord a refusé de condamner la Russie pour son intervention et a même reconnu les républiques séparatistes de Donetsk et Lougansk avant leur rattachement à la Russie. La Corée du Nord a toutefois refusé de s’impliquer davantage dans ce conflit et a déclaré ne pas souhaiter livrer d’armes à la Russie.

Dans un contexte aussi dangereux, l’AAFC s’est efforcée de respecter les huit engagements figurant dans la déclaration signée en juin 2017 à Paris par les représentants de douze associations d’amitié avec la Corée :

    • travailler au retrait inconditionnel des troupes étrangères de Corée,

    • travailler à la levée des sanctions et embargos qui frappent la RPDC,

    • intervenir auprès des autorités françaises pour qu'elle soutiennent sans réserve l'application complète des déclarations inter-coréennes et le dialogue entre les deux parties de la Corée,

    • œuvrer à l'établissement de relations équilibrées entre la France et les deux Etats coréens,

    • alerter l'opinion publique sur la situation injuste et dangereuse qui prévaut en Corée,

    • lutter contre la présentation erronée de la situation de la péninsule coréenne et les fausses nouvelles véhiculées par les grands médias,

    • renforcer la coopération avec les autres associations d'amitié avec la Corée,

    • mutualiser les bonnes pratiques.

Pour mettre en application ce programme, l’AAFC a mené trois types d’activités en 2021 et au premier semestre 2022.

1) L'AAFC a utilisé ses moyens de communication traditionnels.

L’AAFC  dispose d’un site Internet de l'AAFC (ouvert en février 2008), d’un groupe Facebook de l’AAFC (plus de 1 300 abonnés) qui se veut un lieu d’échange sur tout ce qui touche à la Corée, et d’un compte Instagram qu’il convient désormais d’alimenter. 

La permanence hebdomadaire a, elle, toujours été assurée le jeudi de 18h à 19h (hors périodes de confinement) dans les locaux de la Maison de la vie associative et citoyenne du 16e arrondissement de Paris.

Les réunions de bureau ont désormais lieu à distance grâce à l’outil Zoom à un rythme quasi-mensuel.

2) L'Association d'amitié franco-coréenne a interrogé les candidats à l’élection présidentielle française

L’AAFC a posé quatre questions aux candidats :

- Le candidat estime-t-il nécessaire que la situation dans la péninsule coréenne soit traitée dans sa globalité et que les comportements sensibles ou intimidants d’autres acteurs – à commencer par les États-Unis d’Amérique - soient soulignés ?

- Quelle est la position du candidat sur les sanctions dont la RPDC fait l’objet ?

- Après l'ouverture, en 2011, d’un premier bureau français de coopération à Pyongyang, le candidat compte-t-il faire évoluer cette situation pour normaliser les relations entre la République française et la RPDC, dans l'intérêt de la France et conformément à la pratique de ses principaux partenaires européens ?

- Comment la France peut-elle appuyer le dialogue entre les deux Corée, seul moyen de trouver une solution pérenne à la crise coréenne ?
Il y a encore du chemin à faire pour que la question coréenne, car seule Nathalie Arthaud, candidate de Lutte ouvrière, a répondu, sa réponse ayant été publiée sur le site de l’AAFC.

3) L'AAFC a organisé des réunions culturelles 

Le 18 mars 2022, a eu lieu à Paris la projection du film nord-coréen de 1987 Le Calice (aussi connu sous le titre La Campanule), suivi d’un débat et d’un buffet coréen. Le succès de cette soirée a montré l’intérêt du public pour la culture nord-coréenne.

Nous pouvons donc identifier quatre axes pour l’activité de l’AAFC au cours de la période 2022-2023.

1) Mettre sur pied une équipe dédiée à l’organisation de manifestations culturelles

Il y a un réel intérêt pour la culture coréenne et notamment nord-coréenne. L’AAFC a de la matière pour nourrir cette curiosité mais doit disposer d’une liste de lieux pour organiser de tels événement, en plus de la Maison de la vie associative et citoyenne du 16e arrondissement de Paris (peu disponible en soirée). La première tâche de cette équipe serait d’établir une liste des lieux de réunions possibles, à Paris et en province, avec des informations telles que les conditions d’accès, les tarifs, etc.

Chacun est donc invité à communiquer ce type d’information à l’AAFC quand il en a connaissance.

2) Informer en rédigeant des articles et analyses originaux 

Toutes les propositions d’articles et d’analyse, notamment au sujet de la situation en Corée et des relations franco-coréennes, sont les bienvenues pour être publiées sur le site Internet de l’AAFC. L’équipe de rédaction du site Internet se tient à la disposition des auteurs pour corriger et mettre en forme leur texte (ajout de liens, d’images, etc).

3) Relancer l’activité des comités régionaux et thématiques et en créer de nouveaux

Il existe actuellement huit comités régionaux (Bourgogne-France-Comté, Bretagne, Grand Est, Haut-de-France, Ile-de-France, Normandie, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie) et trois comité thématiques (esperanto, jeunes, sciences sociales et politiques). Ces comités ont souvent été formés pour porter des initiatives et organiser des manifestations, culturelles notamment. En dehors de tels événements, les comités ont du mal à exister. 

Il convient donc de rappeler que les comités régionaux et thématiques peuvent s’appuyer sur l’AAFC « nationale », y compris pour le financement de leurs activités, et d’en créer de nouveau dès que c’est possible.

4) Participer aux initiatives en faveur de la défense de la paix

Le conflit en Ukraine qui s’ajoute au conflit – aujourd’hui larvé – en Corée rend nécessaire la coopération des forces attachées à la paix dans le monde entier. L’Association d’amitié franco-coréenne, bien identifiée comme faisant partie de ces forces, étudiera avec attention toutes les sollicitations destinées à faire avancer la cause de la paix, aux niveaux national et international.

Des similitudes existent entre les conflits qui éclatent, ou pourraient éclater, en Asie et en Europe. Ces similitudes ne concernent pas seulement la responsabilité des grandes puissances ou le déroulement des opérations militaires.

Si on considère la question des sanctions, cet autre moyen de faire la guerre, l’AAFC s’est toujours opposée aux sanctions prises l’encontre de la RPD de Corée, celles-ci ayant surtout brillé par leur inefficacité. A l’heure où, sur d’autres champs de batailles, les sanctions se retournent contre leurs instigateurs, l’AAFC se trouve confortée dans ses analyses et entend faire entendre sa voix pour que les leçons tirées de la crise coréenne aident à résoudre d’autres crises et pour que les leçons tirées des autres crises aident à résoudre la crise coréenne. 

Parmi les caricatures souvent véhiculées, censées illustrer la faillite de la Corée du Nord face à une Corée du Sud triomphante, on trouve la fameuse image de la péninsule coréenne prise d’un satellite et montrant un Nord plongé dans le noir à côté d’un Sud illuminé. En 2006, le sous-secrétaire d’État américain pour le contrôle des armements, déclarait même souhaiter que les sanctions « éteignent toutes les lumières de Pyongyang ». Compte tenu de ce qui risque d’arriver ici, en Europe, c’est surtout la courte vue, pour ne pas dire la bêtise, de certains responsables et analystes qui est ainsi illustrée. L’Association d’amitié franco-coréenne n’a jamais été de ceux-là. Qu’il lui soit au moins rendu cet hommage.