La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé avoir réussi le lancement d'un satellite de reconnaissance militaire : selon KCNA, le 21 novembre 2023 le lanceur Cheollima-1 a décollé de la base de Sohae à 22h42 et le satellite Malligyeong-1 a été mis en orbite avec succès à 22h54, sous la supervision du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Les Etats-Unis et leurs alliés ont dénoncé un lancement effectué en violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.
Le lancement opéré dans la soirée du 21 novembre 2023
Présenté par Pyongyang comme relevant de son droit à l'auto-défense face aux manoeuvres militaires hostiles de ses ennemis, la mise en orbite du satellite militaire a été vivement dénoncée par les Etats-Unis, la République de Corée (Corée du Sud) et le Japon, car utilisant une technologie de missiles balistiques à laquelle les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies interdisent la RPDC de recourir. Le Japon avait été prévenu en amont par la RPDC du prochain lancement d'un satellite, ce qui avait entraîné un bref ordre de mise à l'abri des habitants de la région d'Okinawa lors de l'annonce du lancement. Séoul a annoncé la suspension partielle de l'accord intercoréen de septembre 2018, visant à réduire les tensions le long de la DMZ. L'arrivée au pouvoir à Séoul du conservateur Yoon Seok-yeol, en 2022, avait toutefois déjà entraîné, un rapprochement avec les Etats-Unis (conduisant à l'adoption de la déclaration de Washington) et le Japon, une profonde détérioration des relations Nord-Sud et l'interruption des lignes de communication entre les deux Etats coréens.
Deux précédentes tentatives de mise sur orbite d'un satellite militaire, en mai et en août 2023, avaient échoué, les fusées ayant explosé en vol. Si d'aucuns estiment que l'aide de la Russie aurait été décisive pour le récent lancement, une éventuelle coopération mise en place après la rencontre entre Vladimir Poutine et Kim Jong-un serait trop récente, comme l'a observé le professeur Jeffrey Lewis du Middlebury Institute, pour expliquer le succès (qui reste d'ailleurs à confirmer par Washington, Séoul et Tokyo) de la mise en orbite, pour la première fois, d'un satellite militaire.
En effet par le passé la RPDC avait déjà mis en orbite des satellites d'observation de la Terre, mais à des fins civiles, en 2012 et 2016, qui auraient ensuite cessé d'émettre. Les éléments alors recueillis par d'autres pays que la RPDC avaient conduit les experts à estimer le matériel basique, compte tenu de la faible résolution des images. Par ailleurs, une surveillance militaire efficace, comparable à celle de ses adversaires, suppose que la RPDC mette en orbite des dizaines de satellites. D'autres lancements sont ainsi attendus.
Dans le contexte de nouvelle guerre froide, il est improbable qu'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations unies renforce les sanctions contre la RPDC, compte tenu des vetos attendus de la Russie et de la Chine. Pyongyang a pris position pour la Russie dans la guerre en Ukraine, étant l'un des rares Etats à reconnaître les républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk, ensuite intégrées à la Russie à la suite de référendums non reconnus par la communauté internationale. De même, Pyongyang a accentué ses critiques contre Taïwan en soutenant la position de Pékin, tandis que le président sud-coréen a également établi un parallèle entre les situations à Taïwan et dans la péninsule coréenne. La Russie et la Chine ont ainsi dénoncé la responsabilité, selon elles, des Etats-Unis dans la montée des tensions autour de la péninsule coréenne pour s'opposer à de nouvelles mesures de sanctions contre la RPDC.
Alors que malheureusement la perspective d'un dialogue vers la paix s'éloigne en Asie du Nord-Est, la nouvelle donne diplomatique a conduit, depuis 2022, à rendre caduque la perspective d'une normalisation des relations entre Washington et Pyongyang dans le cadre d'une dénucléarisation - qui constituaient l'objet des discussions depuis les années 1990, comme l'a observé l'officier et chercheur Rémy Hémez. Ce dernier formule également la proposition de discuter, à court terme, d'une réduction des risques, ce qui permettrait de réamorcer un dialogue et de prévenir la poursuite, de part et d'autre, d'une escalade lourde de risques :
A court terme, une voie de négociation possible pourrait être de mettre en place des mesures de réduction des risques, qui contribuerait à l'avancée progressive vers une dénucléarisation de plus long terme. Dans le cas contraire, sans une approche repensée pour faire face à une Corée du Nord enhardie; la tendance à l'escalade risque de devenir la nouvelle normalité.
Sources :
- Rémy Hémez, "Péninsule coréenne : tensions nucléaires", in Thierry de Montbrial et Dominique David (sous la direction de), Ramsès 2024, Dunod, 2023, pp. 264-267 (dont citation).
Le Japon et les Etats-Unis ont condamné " fermement " ce lancement, affirmant que le tir constitue une " violation " de multiples résolutions des Nations unies. Le gouvernement sud-coréen a ...
Les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon dénoncent les nouveaux progrès technologiques de l'armée de Pyongyang. Le module lancé ce mercredi n'aura toutefois que peu d'intérêt stratégique.
Le 23 octobre 2023, à l'occasion de la 141e assemblée générale du Comité international olympique (CIO) qui s'est tenue à Bombay en Inde, le Nord-Coréen Jang Ung a reçu l'Ordre olympique au titre de sa contribution à avoir renforcé les liens d'amitié et de compréhension par le sport et pour avoir développé le mouvement olympique. De fait, Jang Ung, qui a été membre du CIO de 1996 à 2018, a également présidé la Fédération internationale de Taekwon-Do de 2002 à 2015 et a joué un rôle déterminant pour le rapprochement intercoréen via le sport. Il a été récompensé à une période où les relations entre les deux Etats coréens sont particulièrement dégradées, ce qui doit s'interpréter comme un signal donné par le CIO pour promouvoir la paix dans le monde.
Jang Ung
L'histoire du Taekwon-Do, le principal sport martial coréen, rejoint celle de la péninsule : divisée, à l'image également de celle du général Choi Chong-hi, Sud-Coréen considéré comme le fondateur de la discipline et ayant rejoint le Nord. Lors de sa disparition en 2002, c'est Jang Ung qui lui succède à la tête de la Fédération internationale de Taekwon-Do (acronyme anglais : ITF) à l'issue - comme un témoin l'avait alors déclaré à l'auteur de cet article - d'une élection respectant pour une fois "à peu près" les standards démocratiques (ce qui n'empêchera d'ailleurs pas l'éclatement de l'ITF en plusieurs chapelles rivales).
Jang Ung est né le 5 juillet 1938 à Pyongyang. En 2002, il avait déjà été l'un des artisans du défilé en commun des athlètes nord et sud-coréens lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Sydney en 2000. Lors des Jeux olympiques de Pyeongchang, il plaidera - en vain - pour une organisation conjointe par le Nord et le Sud de la Corée. La présence à cette occasion au Sud, au début de l'année 2018, d'une délégation officielle nord-coréenne constituait toutefois un événement sans précédent dans l'histoire des relations intercoréennes, alors que la République de Corée était dirigée par le président démocrate Moon Jae-in. Jang Ung étant l'un des membres de la délégation nord-coréenne.
Jang Ung a enfin plaidé inlassablement pour un rapprochement avec la Fédération mondiale de taekwondo(*) (acronyme anglais : WTF), proche des autorités sud-coréennes. Là encore, ses efforts ont payé : en 2015 un accord historique entre l'ITF et la WTF a permis désormais aux athlètes affiliés à l'ITF de participer aux compétitions de la WTF, et vice versa. Si l'unification des règles entre les deux branches du Taekwon-Do est encore loin, c'est un premier pas dans cette direction.
Jang Ung fait partie des hommes qui construisent la paix, en semant les graines du rapprochement entre les peuples. C'est tout cela qu'honore la distinction que lui a remise le CIO : puisse son exemple inspirer toutes celles et tous ceux sincèrement épris de paix, pour mener l'indispensable combat afin de construire la fraternité humaine.
(*) Selon la graphie du nom du sport utilisée au Sud et par la WTF.
Chang Ung ( Korean: , born 5 July 1938) is a North Korean sports administrator and former athlete. He is currently the honorary life president of the International Taekwon-Do Federation, having ...
Si la Corée constituait une seule nation sportive, elle aurait terminé deuxième au tableau des médailles à l'issue des Jeux asiatiques organisés à Hangzhou du 23 septembre au 8 octobre 2023, avec 53 médailles d'or (contre 52 pour le Japon). La seule République de Corée (RdC, Corée du Sud) a terminé troisième au classement officiel des médailles (42 médailles d'or, 59 médailles d'argent et 89 médailles de bronze, soit un total de 190 médailles). Pour sa part, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a fini dixième (11 médailles d'or, 18 médailles d'argent et 10 médailles de bronze, soit un total de 39 médailles) - alors que la RPDC a été absente des compétitions internationales depuis le déclenchement de la pandémie de Covid-19 en 2020, en n'ayant réouvert ses frontières que récemment.
Une image touchante des Jeux asiatiques : à l'invitation des Sud-Coréennes Jeon Ji-hee et Shin Yu-bin ayant remporté l'or en tennis de table (doubles féminins), les Nord-Coréennes Cha Su-yong et Pak Su-gyong (deuxièmes) sont montées sur la plus haute marche du podium
La médaille d'or la plus commentée à Séoul a certainement été celle obtenue en football masculin par les Sud-Coréens, confirmant que les guerriers Taeguk figurent aux tout premiers rangs des nations asiatiques en football. C'est la sixième fois qu'ils remportent l'or dans la discipline aux Jeux asiatiques. Le 7 octobre, ils ont vaincu le Japon en finale à l'issue d'un match disputé : alors que les Japonais ont ouvert le score sur un but d'Uchino à la deuxième minute, les Coréens sont revenus à égalité grâce à Jeong Woo-yeong (27') puis ont pris la tête du match à la suite d'un but de Cho Young-wook (56'). Cette victoire a été célébrée par les supporters du PSG, l'équipe parisienne comptant dans ses rangs le médaillé d'or Lee Kang-in. Comme tous les Sud-Coréens médaillés d'or aux Jeux asiatiques, il sera également exempté d'un service militaire d'une durée de 18 mois - alors que les obligations militaires ont lourdement pesé sur la carrière sportive de plus d'un joueur en Corée du Sud.
Image du compte X (ex-Twitter) de Ligue 1 English, avec la légende ASIAN GAMES GOLD MEDAL FOR KANG-IN LEE
La République de Corée a obtenu six médailles d'or en escrime, six médailles d'or en natation, cinq médailles d'or en Taekwondo, quatre médailles d'or en tir à l'arc. Elle a aussi remporté la compétition masculine de baseball masculin. Elle a également décroché deux médailles d'or en Esport : outre la victoire dans la compétition par équipes pour League of legends, Kim Gwan-woo a fini premier pour Street Fighter V : Champion Edition.
La République populaire démocratique de Corée a décroché six médailles d'or en haltérophilie, la discipline suscitant un réel engouement depuis la première place des Nord-Coréens aux championnats du monde d'Almaty en 2014. La jeune An Chang-ok (20 ans) a réussi un doublé en or en gymnastique artistique, en saut de cheval et aux barres asymétriques. Enfin, l'équipe nord-coréenne a obtenu l'argent en football féminin.
Team Democratic People's Republic of Korea - Official medal count by sport for the The 19th Asian Games. Follow the best athletes in the world and find out who won the most medals.
A la veille des exercices de guerre Ulchi Freedom Shield, qui se dérouleront du 21 au 30 août 2023 en associant principalement des militaires américains et sud-coréens, des hackeurs qui seraient liés à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) sont accusés d'avoir lancé des attaques contre le personnel du centre de simulation de guerre de Séoul et Washington. Alors que Pyongyang dénonce les manoeuvres militaires américano-sud-coréennes comme des préparatifs d'invasion de son territoire, les accusations réciproques des différentes parties témoignent d'un climat de tensions toujours croissant dans la péninsule coréenne. Pour l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), plus que jamais il est urgent d'oeuvrer pour la paix, le dialogue et la suspension des manoeuvres militaires afin de restaurer un climat de confiance propice à une nécessaire désescalade.
Les exercices militaires prennent part dans un contexte de renforcement des alliances autour des Etats-Unis en Asie du nord-est. Sur cette image, manifestation de militants sud-coréens de Solidarity for Peace and Reunification of Korea, le 17 août 2023, contre le rapprochement militaire de Séoul et de Tokyo
L'édition été 2023 des manoeuvres Ulchi Freedom Guardian comporte un exercice de commandement basé sur des simulations informatiques ainsi que des exercices militaires et civils sur le terrain - au nombre d'une trentaine cette année (contre 13 en août 2022 et 25 pour l'exercice Freedom Shield du printemps 2023) - impliquant les différentes forces (air, terre, mer). Elles sont présentées par Washington et Séoul comme défensives, face à la Corée du Nord. Comme en début d'année, la RPD de Corée pourrait réagir à ces manoeuvres en lançant un missile balistique intercontinental (ICBM).
Outre la République de Corée (Corée du Sud) et les Etats-Unis, neuf autres pays doivent participer à Ulchi Freedom Guardian : l'Australie, le Canada, la France, la Grande-Bretagne, la Grèce, l'Italie, la Nouvelle-Zélande, les Philippines et la Thaïlande - tous membres du commandement des Nations unies en Corée, ce qui nourrit les accusations de la RPD de Corée contre le rôle selon elle non neutre des Nations unies (parallèlement aux critiques de personnalités sur l'utilisation du drapeau des Nations unies) - alors que la Commission de supervision des nations neutres est aussi associée aux exercices militaires. La participation française s'inscrit pour sa part dans un renforcement de l'alliance militaire entre Paris et Séoul, fortement critiqué par Pyongyang le 2 août 2023.
Même si ces manoeuvres militaires gagnent à nouveau en intensité, ce qui a retenu l'attention des médias internationaux cette année est surtout les accusations de piratage par la RPD de Corée d'adresses email de personnels sud-coréens du centre de simulation de guerre de Séoul et Washington. Les attaques, consistant en l'envoi de emails malveillants, ont été attribuées par la police sud-coréenne au groupe Kimsuky supposément lié à Pyongyang. Le choix des cibles et la date des attaques conduisent à incriminer la Corée du Nord, qui disposent de capacités offensives dans le domaine cybernétique.
En matière de cyberattaques, qui ne sont par ailleurs pas l'apanage des adversaires des Occidentaux, il est toujours difficile d'identifier de manière certaine les commanditaires, qui s'avèrent être des Etats dans la moitié des cas - lesquels ne revendiquent qu'exceptionnellement les actions menées : nous nous trouvons ici dans le domaine de la zone grise des conflits. Les pays des cibles visées ne réagissent généralement pas par des moyens conventionnels, en l'absence par ailleurs de régulation du cyberespace par le droit international public. Le déplacement des conflits traditionnels sur le terrain cyber traduit la diversification des modes d'affrontement - certes sur un mode non létal s'agissant des cyberattaques - mais s'inscrivant dans une logique de confrontation asymétrique aux effets d'entraînement tout aussi délétères quant aux risques d'escalade.
Les hackeurs ont mené "des attaques aux e-mails malveillants" contre du personnel sud-coréen travaillant au centre de simulation de guerre de Séoul et Washington.
Le 17 avril 2023, la Cinémathèque diffusait en avant-première le premier long métrage de Lee Jung-jae, Hunt, diffusé à la 75e édition du festival de Cannes. Si l'acteur a une longue carrière - il a notamment tenu le rôle principal dans la série Squid Game, multi-primée - c'est en effet la première fois qu'il dirige un film - tout en jouant également l'un des principaux rôles. Un film d'espionnage et un thriller haletant - que la Cinémathèque a présenté sur plein écran, alors qu'en France le choix a été fait d'une diffusion seulement en DVD.
L'intrigue peut sembler simple : une rivalité entre deux hommes de deux agences de renseignement (Park Pyong-ho, joué par Lee Jung-jae, et Kim Jung-do, joué par Jung Woo-sung), dans la Corée du Sud autoritaire des années 1980, et qui s'accusent mutuellement de servir les intérêts du Nord ennemi. Sauf qu'au final le manichéisme cède le pas à des positionnements infiniment plus complexes, qui font toute la beauté des portraits psychologiques brossés par Lee Jung-jae, sur fond de références implicites à des événements réels (notamment, l'assassinat du Président Park Chung-hee et l'attentat de Rangoun en 1983). Selon la formule de Nietzsche, les Etats sont les plus froids des monstres froids - et ajoutons que les services de renseignement sont au coeur du fonctionnement des Etats.
Les amateurs de Squid Game retrouveront dans une certaine mesure l'ambiance de la série - une violence portée à son paroxysme prenant ici sa forme la plus éclatante dans l'usage ignominieux de la torture comme moyen d'extorquer des aveux. Mais comme dans le roman noir, il n'y a ni bons, ni méchants. La puissance des scènes d'action, dans un film au rythme effréné, font quitter Hunt des rivages du film d'espionnage pour en faire un thriller magnifique, où les fantômes des massacres de Gwangju hantent les étudiants animant les luttes démocratiques.
Les scènes surplombantes de paysages tant urbains que ruraux nous invitent à prendre de la hauteur, traduisant le calme avant la tempête, alors que les destins des individus sont broyés par une raison d'Etat implacable.
Deux films coréens vont sortir en Europe ! Le film " Hunt ", dévoilé à la 75ème édition du Festival de Cannes, a été exporté dans plus de 144 pays, a déclaré le distributeur de films Meg...
Avant-premières, colloques, séances présentées à l'occasion de la sortie d'un livre... Tous les mois, la Cinémathèque propose des séances sans autre lien avec son actualité que le simple p...
1980, Corée du Sud. Après l'assassinat du président Park par la CIA coréenne, l'armée prend à nouveau le pouvoir. La Corée du Nord y voit l'opportunité d'une future invasion, et y envoie un...
Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue le 6 mars 2023, Park Jin, ministre des Affaires étrangères de la République de Corée (Corée du Sud), a annoncé la création prochaine d'une fondation pour indemniser des Coréens victimes de travail forcé pendant l'occupation japonaise de la péninsule (1910-1945). Même si des discussions avaient éte engagées sur le sujet entre les deux parties, cette décision manifestement unilatérale, prise sans contrepartie immédiate du Japon, a été vivement saluée à Tokyo - mais a déjà engendré des critiques parmi des victimes, alors que les stigmates de la colonisation japonaise restent un sujet très sensible dans l'opinion publique coréenne.
Le ministre des Affaires étrangères Park Jin peut avoir le sourire : partisan résolu d'un front renforcé Washington-Tokyo-Séoul contre la Corée du Nord, il a satisfait les deux alliés de la République de Corée au-delà de leurs espérances en annonçant la création d'un fonds d'indemnisation des Coréens victimes du travail forcé pendant la colonisation japonaise
Alors que des décisions de justice de tribunaux sud-coréens, en 2018, avaient prévu l'indemnisation de victimes coréennes de travail forcé pendant la colonisation japonaise, la question du versement des compensations était devenue un point de désaccord majeur entre Tokyo et Séoul. En effet, pour le Japon, l'accord de 1965 établissant les relations diplomatiques avec la République de Corée a réglé les contentieux historiques - dont l'indemnisation des travailleurs forcés - et ce n'est pas aux entreprises japonaises ni au gouvernement japonais de procéder à des versements décidés par la justice sud-coréenne. Finalement, selon l'annonce faite par le ministre Park Jin ce lundi 6 mars 2023, c'est une tierce partie - aux acteurs japonais et au gouvernement sud-coréen - qui procèdera à l'indemnisation : une fondation spécifiquement mise en place, dont les modalités de mise en place restent à établir.
Plus que les montants en jeu (si 780 000 Coréens ont été victimes de travail forcé, les décisions de justice ne concernent que quelques dizaines de personnes), la symbolique est forte, au moment où les tensions dans la péninsule coréenne imposent, selon Tokyo et Washington, de régler les différends entre alliés pour opposer un front commun face à Pyongyang.
Park Jin a d'ailleurs reconnu que tel était le sens de son annonce :
La coopération entre la Corée et le Japon est très importante dans tous les domaines de la diplomatie, de l’économie et de la sécurité, dans le contexte actuel de grave situation internationale et de difficile crise mondiale (...) Je crois que le cercle vicieux doit être brisé pour le bien [des] peuples au niveau de l’intérêt national, plutôt que de laisser [nos] relations [ainsi] distendues pendant longtemps.
Séoul espère des excuses du Japon, ainsi qu'une contribution des entreprises nippones. Mais le gouvernement nationaliste japonais estime s'être déjà suffisamment excusé. La Corée du Sud a manifestement cédé sans contrepartie à une demande pressante du Japon - et des milieux d'affaires des deux pays - ainsi que des Etats-Unis, soucieux que les contentieux nippo-sud-coréens soient réglés face à la Corée du Nord et à la Chine.
La décision prise risque d'être d'autant plus mal acceptée dans l'opinion publique sud-coréenne que le Japon accélère sa remilitarisation, en ayant décidé de porter de 1 % à 2 % la part de son PIB consacrée aux dépenses militaires. Si la création d'une fondation permet à quelques-unes des victimes, toutes très âgées, d'espérer une indemnisation, était-il pertinent de céder aussi facilement à un gouvernement japonais animé de sentiments fortement nationalistes et tenté par le révisionnisme historique ? L'escalade des tensions, qui accroît les risques de guerre, est aussi encouragée par des décisions telles que celle du gouvernement du Président Yoon Seok-yeol, défenseur du resserrement des liens avec le Japon - quoi qu'il en coûte.
SEOUL, 06 mars (Yonhap) -- Le ministre des Affaires étrangères, Park Jin, a déclaré ce lundi matin concernant les victimes du travail forcé de l'époque coloniale japonaise que les dédommagem...
Selon Séoul, environ 780 000 Coréens ont été enrôlés dans le travail forcé sous le régime colonial japonais subi entre 1910 et 1945. La mesure promet d'être controversée en raison de l'ab...
Alors que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) célèbre ce 16 février 2023 la naissance de Kim Jong-il, président du Comité de la défense nationale de la RPD de Corée, nous publions ci-après des extraits d'un discours qu'il avait adressé le 5 septembre 2008 au Rodong Sinmun, organe du Comité central du Parti du travail de Corée, et au Minju Choson, organe du gouvernement de la RPDC. Les extraits choisis insistent sur l'importance des déclarations conjointes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007 pour une réunification pacifique et indépendante de la Corée, alors que l'accession au pouvoir en République de Corée (Corée du Sud) du conservateur Lee Myung-bak, élu en décembre 2007, avait assombri les perspectives de dialogue inter-coréen. Malgré ce nouveau contexte, le président Kim Jong-il, à l'origine des premières rencontres au plus haut niveau Nord-Sud en 2000 et 2007, continuait de plaider pour surmonter la division de la Corée, imposée par les puissances extérieures dans le contexte de la guerre froide. La question de la réconciliation et du dialogue, sur la base des deux textes fondamentaux du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, reste plus que jamais d'actualité, alors que la montée des tensions, en Corée et dans le monde, exige de s'engager dans un autre chemin pour la paix et la réunification.
Signature de la déclaration conjointe Nord-Sud à Pyongyang, le 4 octobre 2007, par les présidents Roh Moo-hyun (à gauche) et Kim Jong-il (à droite)
La réunification du pays est une tâche nationale suprême pressante. La nation coréenne qui a pourtant une longue tradition d'homogénéité reste divisée en deux, par les forces étrangères, depuis plus de soixante ans. Il nous incombe de réunifier au plus tôt le Nord et le Sud et de mettre fin à cette tragédie et d'ouvrir la voie au développement unifié et à la prospérité de la patrie et de la nation. Pour parvenir à la réunification du pays dans l'indépendance, notre nation doit porter bien haut comme bannière la Déclaration commune Nord-Sud du 15 Juin et la Déclaration du 4 Octobre, lesquelles sont des déclarations d'indépendance nationale, d'union nationale, et constituent un grand programme de réunification.
L'attitude à l'égard de ces deux déclarations est la pierre de touche permettant de distinguer les partisans de la réconciliation et ceux de la confrontation, les partisans de la réunification et ceux de la division entre le Nord et le Sud. Quiconque aspire sincèrement à la réunification du pays doit soutenir et appliquer loyalement la Déclaration commune Nord-Sud et la Déclaration du 4 Octobre. Ces deux déclarations communes définissent le principe "entre nous, Coréens" qui est l'idée fondamentale devant régir la réunification du pays et qui incarne parfaitement les idées d'indépendance et d'union nationale.
Il revient à tous les Coréens au Nord, au Sud et dans la diaspora de réaliser l'union nationale selon le principe d'indépendance nationale et, en conjuguant leurs forces, de parvenir à la réunification du pays et en dépit de toutes les manoeuvres des ennemis de la réunification.
Du 26 au 31 décembre 2022, le huitième Comité central du Parti du travail de Corée (PTC) a tenu sa sixième réunion plénière élargie. Dans une dépêche du 1er janvier 2023, l'agence officielle nord-coréenne KCNA a rendu compte en détail des travaux ainsi menés qui soulignent les priorités données au développement de l'économie et à l'autodéfense pour, selon une formule de l'agence KCNA, "conduire le socialisme à la coréenne vers de nouveaux changements et développements", dans un contexte de montée des tensions dans la péninsule coréenne faisant courir le risque d'un nouveau conflit dévastateur.
A l'instar d'autres dirigeants dans le monde, Kim Jong-un, président de la Commission des affaires d'Etat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et secrétaire général du Parti du travail de Corée (PTC), avait choisi par le passé de s'adresser à la nation dans un discours de Nouvel An pour faire le bilan de l'année passée et tracer les priorités de l'année à venir. Mais la RPDC a choisi, fin 2022, de réunir la plus haute instance plénière du PTC (après le Congrès) pour débattre et adopter des orientations pour 2023 - traduisant ainsi une volonté, constante depuis l'accession au pouvoir du Président Kim Jong-un en 2011, de mettre en avant le rôle moteur du Parti.
Sur le premier point à l'ordre du jour de la réunion (les politiques menées en 2022 et le plan de travail pour 2023), le rapport présenté par le secrétaire général Kim Jong-un a tout d'abord mis l'accent sur le "développement des capacités de défense", face aux forces ennemies identifiées comme l'impérialisme américain. Avant de revenir plus en détail sur la situation internationale et la politique nationale de défense, le rapport a toutefois développé le bilan économique et social de l'année 2022 - témoignant de la priorité toujours accordée au développement du pays. Ont ainsi été cités, dans le domaine de la construction, l'achèvement de l'aménagement des zones de Hwasong et Ryonpho, projets majeurs pour "l'amélioration du niveau de vie de la population", et la construction de logements modèles dans les zones rurales. Pour l'avenir, dans la poursuite de la réalisation des objectifs du plan quinquennal, le développement de la production en 2023 doit viser à atteindre l'autosuffisance, tout en appelant à combattre une approche étroitement techniciste et scientiste ("la croyance mystique dans la technologie") qui consiste notamment à dépendre des technologies d'autres puissances. Plus précisément, ont été affirmés les objectifs de construire 10 000 logements dans la deuxième phase d'aménagement à Hwasong et 50 000 logements à Pyongyang. L'agriculture a été présentée comme un secteur économique prioritaire.
En politique étrangère, le renforcement des capacités de dissuasion nucléaire a été justifié par la pression militaire exercée par les Etats-Unis et leurs alliés :
En 2022, les États-Unis ont fréquemment déployé divers moyens de frappe nucléaire en Corée du Sud dans un déploiement constant, augmentant au maximum le niveau de pression militaire sur la RPDC. Et, en même temps, ils ont fait avancer la réalisation d'une coopération triangulaire avec le Japon et la Corée du Sud à grande échelle tout en travaillant dur pour établir un nouveau bloc militaire comme la version asiatique de l'OTAN sous le signe d'une "alliance renforcée".
Dans ce contexte, la Corée du Sud n'est pas menacée elle-même (le discours évoque le "prétexte de faire face à toute "menace" ", les guillemets étant employés dans la dépêche de KCNA) et ce sont bien les Etats-Unis qui sont présentés comme l'ennemi de la RPDC - et pas la Corée du Sud. Mais il est reproché aux autorités sud-coréennes de s'inscrire dans une logique d'escalade militaire et de confrontation.
Toujours selon le rapport, le développement de la puissance militaire de la RPDC a comme objectif de "prévenir la paix et de sauvegarder la paix et la stabilité" - tout en précisant que, en cas d'échec, "la force nucléaire permettra de réaliser sa seconde mission, qui ne sera pas pour la défense". Implicitement, c'est l'idée de contre-attaque préventive qui est suggérée - mais sans être formulée ouvertement, contrairement à certaines doctrines militaires avancées par d'autres puissances, au premier rang desquelles les Etats-Unis, en particulier lors de la "guerre préventive" contre l'Irak en 2003.
Dans une logique restant toutefois fondamentalement celle de la dissuasion nucléaire, le système de défense antimissile nord-coréens doit disposer de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) permettant une "contre-attaque nucléaire rapide". Mi-décembre, KCNA avait rendu compte d'un essai souterrain pour que la RPDC dispose d'un moteur de missile balistique à combustible solide. On retrouve ici l'idée, développée notamment dans la doctrine française de la dissuasion nucléaire, qu'une frappe en second doit prévenir une attaque en premier, dans la logique de dissuasion du faible au fort. En outre, le rapport adopté lors de la réunion du PTC préconise d'augmenter la production de forces nucléaires tactiques et le lancement, dès que possible en 2023, du premier satellite militaire de reconnaissance.
Sans faire explicitement allusion à la guerre en Ukraine ou d'autres conflits dans le monde, le PTC observe que la structure des relations internationales a évolué vers un système de "nouvelle Guerre froide", impliquant de placer au premier rang la défense de la souveraineté nationale dans la "consolidation" du socialisme à la coréenne.
Les objectifs ainsi définis devront être mis en oeuvre dans les sections du PTC, en particulier lors de réunions de travail de deux jours et de réunions consultatives.
Ces derniers jours ont montré une nouvelle montée des tensions entre les deux Corée : après que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a révélé des images satellitaires de son voisin du Sud, la République de Corée (Corée du Sud) a rendu publiques des images satellitaires du Nord en arguant que les siennes étaient de bien meilleure qualité... Un vent de panique a ensuite soufflé au Sud quand des drones nord-coréens ont quitté l'espace aérien de la RPDC, Séoul appelant à un important renforcement de ses capacités de défense anti-aériennes. Mais ces événements s'inscrivent essentiellement dans une guerre des nerfs : que les deux Etats coréens se surveillent mutuellement n'est pas un fait nouveau, même si l'imagerie satellitaire et l'usage des drones ont évidemment fait des progrès très significatifs depuis la fin de la guerre froide - sauf peut-être que sur ce terrain la Corée du Sud est réputée disposer de moyens plus modernes et donc d'une certaine avance technologique qui pourrait être en partie remise en cause. Ce qui en revanche détonne est le discours particulièrement vif du président conservateur sud-coréen Yoon Seok-yeol, en fonctions depuis mai 2022 et élu sur une ligne de fermeté avec la Corée du Nord qui tranche avec les discours de son prédécesseur démocrate Moon Jae-in. Ce dernier, tout en défendant aussi vigoureusement que le président Yoon les intérêts stratégiques de son pays, maintenait également des appels au dialogue avec le Nord, tout en évitant de jeter de l'huile sur le feu d'une situation incandescente.
Les dirigeants nord et sud-coréens : Kim Jong-un et Yoon Seok-yeol
Le bon usage de la communication nécessite, pour un même acteur, de savoir faire s'exprimer des figures tenant des discours différents mais dont les expressions sont complémentaires : par exemple, dans la guerre en Ukraine, l'ancien président Dmitri Medvedev tient des propos plus haut en couleur que le président russe Vladimir Poutine.
S'agissant de la Corée du Nord, Kim Yo-jong a habitué l'opinion publique à des mises en garde sévères contre les Etats-Unis et la Corée du Sud - et à ce titre elle s'exprime ès qualité de directrice adjointe du département propagande et agitation du Pari du travail de Corée. Ainsi, le 20 décembre 2022, après le tir d'un missile balistique intercontinental (ICBM) nord-coréen dont la Corée du Sud mettait en doute les performances, elle annonçait le tir prochain d'un nouvel ICBM avec un angle normal qui montrerait pleinement les capacités de Pyongyang à atteindre des cibles éloignées. Ce faisant, elle s'exprimait ainsi, dans des propos retranscrits par l'agence officielle nord-coréenne KCNA (NdA : la traduction est celle de l'agence officielle sud-coréenne Yonhap) :
Les voyous des forces marionnettes et les experts marionnettes se sont acharnés à mordre la performance de notre missile balistique intercontinental (ICBM) en disant qu'il n'a pas été certifié et reconnu pour sa technique de rentrée atmosphérique. Mais je vois aujourd'hui que de sales mines se font des soucis qui ne méritent pas.
Mais si l'on veut apprécier en pleine connaissance de cause les risques d'escalade à l'initiative de l'une ou l'autre des deux parties coréennes il convient aussi et d'abord de s'attacher aux propos que tiennent les chefs d'Etat qui exercent les fonctions de commandant en chef.
Dans des propos retranscrits le 28 décembre 2022 par l'agence KCNA, le Président Kim Jong-un a annoncé - en termes laconiques - l'essor en cours et à venir des capacités militaires du pays, tout en soulignant que ce renforcement s'inscrivait dans une logique de "défense autonome" (sous-entendant que le Nord, contrairement au Sud, ne peut pas compter sur de puissants alliés) au regard de "la nouvelle situation difficile survenue dans la péninsule coréenne" :
Kim Jong-un a "défini de nouveaux objectifs-clés pour le renforcement de la capacité de défense autonome, qui sera mis en œuvre en 2023", a indiqué mercredi 28 décembre l'agence officielle nord-coréenne KCNA, sans donner de détails. Face aux responsables du Parti des travailleurs au pouvoir, le dirigeant nord-coréen a annoncé de nouveaux objectifs militaires pour l'an prochain, et a laissé entendre que des tests d'armes continueraient à être réalisés.
Dans ce même discours, toujours selon KCNA il a mis l'accent sur "l'orientation de la lutte contre l'ennemi à laquelle doit adhérer notre parti". Le dirigeant nord-coréen ne tend certes pas un rameau d'olivier, mais dans la rhétorique nord-coréenne le propos apparaît mesuré - tout en évitant de cibler la Corée du Sud comme l'ennemi, celle-ci ayant été dénoncée par Kim Yo-jong comme suiviste des Etats-Unis ( dont les dirigeants sud-coréens seraient des "marionnettes") pour jeter l'opprobre sur ces derniers. Le Sud n'a pas de telles préventions, la stratégie de défense de la présidence Yoon définissant explicitement le Nord comme l'ennemi de la République de Corée.
Lors d'une visite à l'Agence pour le développement de la défense (ADD), instaurée en 1970 par le Président Park Chung-hee, le Président Yoon Seok-yeol a tenu des propos enflammés après l'incursion au Sud de drones nord-coréens.
Il a mis l'accent sur une riposte qui doit, selon lui, être "écrasante" - ce qui définit très exactement une posture d'escalade des tensions :
C'est intolérable et il faut faire connaitre le prix sévère pour une provocation.
Yoon a noté que «la dissuasion contre les actes qui détruisent notre liberté sera possible par des répliques fermes et par la vengeance» en ajoutant que «si elle dispose du nucléaire ou d'armes de destruction massive, il faut donner un message clair à ceux qui font la provocation.»
Fermement attachée à la paix dans la péninsule coréenne, l'Association d'amitié franco-coréenne continuera pour sa part à promouvoir toute action de nature à engager une désescalade des tensions pour parvenir, à terme, à un monde sans armes nucléaires.
Une fois n'est pas coutume, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) propose un divertissement familial pour les fêtes de fin d'année : Les aventuriers du système solaire est un film sud-coréen (dont la plus grande partie relève du film d'animation) écrit et réalisé par Park Seung-cheol, sorti en 1985. Il divertira grands et petits - mais sans doute pas pour les mêmes raisons. Attention : ce film s'adresse à un public averti.
"Chef d'oeuvre incompris", "du génie à l'état pur"... le sarcasme le dispute à la jubilation parmi les commentateurs de Youtube. Il est vrai que Les aventuriers du système solaire relève d'un genre daté dont les effets ont mal vieilli - ce film de propagande anticommuniste avait eu les honneurs de la quatrième édition de La Nuit Nanarland au Grand Rex, en 2019, faisant beaucoup rire les 2000 spectateurs. Ce n'est certes pas la seule production de ce type alors produite par le régime militaire sud-coréen des années 1980, mais toutefois l'une des rares à avoir été (mal) doublée en français - ce qui n'est pas l'un des moindres ressorts comiques (involontaires) de ce long métrage, qui brille aussi par ses fines réparties comme cet axiome selon lequel on ne peut pas avoir confiance dans les communistes car "ils mentent tout le temps et sont tous cruels" (c'est la maîtresse d'école du petit garçon qui le lui a dit). Le film a été distribué à l'international par le Hong-Kongais Joseph Lai.
Le synopsis est simple, évoquant en ces temps éprouvés de peur extraterrestre une improbable alliance entre les Nord-Coréens et des envahisseurs hostiles (quoiqu'un peu bêtes) venus d'une autre planète, qui apportent aux méchants communistes des armes surpuissantes devant leur procurer la victoire. Mais de gentils extraterrestres préviennent les Sud-Coréens du danger qui les menace. Les vilains extraterrestres apprendront aussi, à leurs dépens, qu'il ne fallait pas avoir confiance dans les fourbes communistes. Le film s'achève par la victoire finale du camp du Bien qui bénéficie de sa supériorité morale et technologique.
Les films d'animation japonais des années 1970 et 1980 ne brillaient pas forcément plus par la subtilité du scénario, basé sur une dichotomie simpliste entre les bons et les méchants, avec force robots et monstres venus de l'espace intersidéral - et d'ailleurs les spectateurs amateurs du genre trouveront des réminiscences des film d'animation de l'époque dans Les aventuriers du système solaire (à 10'10'', la même musique est utilisée dans Les Chevaliers du Zodiaque !) - mais le dessin animé pour enfants n'avait pas de visée politique, ou du moins pas explicitement de visée politique (car d'aucuns nous rétorqueront, non sans de bonnes raisons, que tout est politique). Sans doute Les aventuriers du système solaire avait-il alors un public d'amateurs (enfants, et peut-être adultes ?), en Corée du Sud et à l'international. Aujourd'hui, l'écart culturel est tel que film prête facilement à l'hilarité du public. Mais, au-delà du rire, c'est aussi tout le reflet d'une époque que donne à voir ce film d'animation sud-coréen. La propagande n'a certes aujourd'hui pas disparu, mais ses voies sont moins pénétrables.
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Soutenir une réunification indépendante et pacifique de la Corée, conformément à l'aspiration légitime du peuple coréen et dans l’intérêt de la sécurité et de la paix dans le monde