Le 28 novembre 2023, les pays membres du Bureau international des expositions (BIE), organisation intergouvernementale chargée de superviser les expositions internationales, ont choisi Riyad pour l'édition 2030 : la ville saoudienne l'a emporté très largement dès le premier tour de scrutin, en obtenant 119 voix, contre 29 voix pour la ville sud-coréenne de Busan et 17 voix pour Rome. Fidèle à sa mission statutaire de faire connaître la culture coréenne et de favoriser les échanges franco-coréens, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) partage la déception de tous les Coréens : un tel événement aurait été un catalyseur exceptionnel pour faire connaître la prodigieuse ascension de la République de Corée, passée en une génération du statut de pays pauvre, ruiné au sortir de la guerre de Corée, à celui de nation parmi les plus dynamiques d'Asie et les plus innovantes, où l'engagement de millions d'hommes et de femmes a également su abattre un régime militaire pour fonder l'un des Etats les plus démocratiques du continent.
Le siège du Bureau international des expositions, avenue d'Iéna, à Paris
La ville de Rome a dénoncé une débauche de moyens pour l'organisation d'un événement aux retombées économiques considérables, qui se tient tous les cinq ans depuis 1851, et dont l'édition de 1889 à Paris avait vu la construction de la Tour Eiffel. De fait, sur le terrain financier la Corée du Sud pouvait difficilement rivaliser avec l'Arabie Saoudite, malgré les efforts considérables déployés ces derniers mois, y compris sur la scène diplomatique. Le président sud-coréen Yoon Seok-yeol a présenté ses excuses pour cet échec - mais il serait réducteur et injuste de lui faire porter l'entière responsabilité d'un vote qui montre que, quel que soit le formidable vecteur d'influence que constitue la K-Pop dans l'opinion publique mondiale, les solidarités internationales ont aussi joué en faveur de Riyad. La ville saoudienne a manifestement emporté la plus grande partie des votes du Tiers Monde, alors que sa candidature était très controversée sur le plan des droits de l'homme et de l'environnement (pourtant censé être l'une des thématiques majeures dans le soutien à l'innovation que constituent les expositions universelles), ainsi que l'a rappelé le quotidien Le Monde :
La candidature saoudienne, la plus controversée, vantait « la première exposition carbonégative », dans un pays pourtant aride, parmi les premiers producteurs de pétrole au monde et l’un des premiers émetteurs de gaz à effet de serre par habitant. Une semaine avant l’issue du scrutin, quinze ONG de défense des droits humains avaient appelé le BIE à « ne pas voter » pour Riyad du fait de son « épouvantable » bilan sur le plan des droits humains.
L'AAFC comprend et partage la déception des Coréens. Le choix des pays hôtes pour les organisations d'événements internationaux obéit à des règles trop souvent opaques et critiquables. Nous avons la conviction que la ville de Busan, d'ores et déjà mondialement connue pour son festival de cinéma parmi les plus renommés d'Asie, saura rebondir pour d'autres candidatures à d'autres manifestations.
Le bilan humain ne cesse de s'alourdir dans le conflit qui oppose le Hamas et le Jihad islamique palestinien à Israël, depuis l'attaque lancée par les factions paramilitaires palestiniennes depuis Gaza le 7 octobre 2023. Dans ce contexte, les deux gouvernements coréens ont réagi très différemment : alors que la République de Corée (Corée du Sud) condamne le terrorisme du Hamas, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) est traditionnellement solidaire de la lutte de libération nationale des Palestiniens.
Recevant une délégation bipartisane du Sénat américain le 11 octobre 2023, le président sud-coréen Yoon Seok-yeol a pour la première fois condamné publiquement le Hamas, tout en appelant à l'apaisement des tensions. Selon un communiqué de presse du bureau présidentiel :
Le président et la délégation du Sénat ont condamné l'attaque aveugle du Hamas contre Israël et sont convenus que la Corée du Sud et les Etats-Unis joueront un rôle constructif pour faire en sorte que les tensions régionales s'apaisent et que la stabilité soit atteinte en mettant rapidement fin à la situation actuelle.
Les autorités sud-coréennes avaient jusqu'à présent mis principalement l'accent sur la sécurité des Coréens en Israël. Selon les premiers bilans, aucun Sud-Coréen ne figure parmi les victimes.
Alors qu'une réaction officielle des autorités nord-coréennes restait attendue, dans un court article de compte rendu citant des médias étrangers le Rodong Sinmun, quotidien du Parti du travail de Corée, a blâmé Israël comme responsable, selon lui, de la dégradation de la situation, et réitéré le soutien de la RPD de Corée à la création d'un Etat palestinien indépendant :
La communauté internationale affirme que cet affrontement est le résultat des actes criminels constants d'Israël à l'encontre du peuple palestinien et que la solution fondamentale consiste à construire un État palestinien indépendant.
Les médias d'État nord-coréens ont accusé mardi Israël d'être à l'origine de l'effusion de sang à Gaza, s'intéressant pour la première fois aux affrontements militaires entre Israël et l...
Le 24 juillet 2023, l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé qu'une délégation du parti et du gouvernement chinois se rendrait en RPD de Corée à l'occasion de la commémoration du 70e anniversaire de l'armistice de la guerre de Corée. Cette annonce a surtout retenu l'attention dans la mesure où il s'agit de la première visite d'une délégation étrangère dans le pays depuis que la RPD de Corée a fermé ses frontières, en janvier 2020, pour endiguer la propagation de l'épidémie de Covid-19.
Li Hongzhong, qui conduira la délégation du PCC et du gouvernement chinois
Si la Corée du Nord n'a officiellement enregistré son premier cas de Covid-19 qu'en mai 2022, la vulnérabilité de la population face aux épidémies avait justifié une fermeture des frontières dès le déclenchement de la pandémie, en janvier 2020. Les restrictions aux échanges - humains et de marchandises - auraient, selon la Banque de Corée (du Sud), entraîné une contraction du PIB nord-coréen de 4,5 % à 4,6 % pendant l'année 2020-2021. La victoire revendiquée dès 2022 par les autorités nord-coréennes dans la lutte contre l'épidémie, ainsi que la nécessité de restaurer les échanges, avaient conduit nombre d'observateurs - y compris les agences de voyage avec laquelle l'AAFC est en contact - à envisager une réouverture des frontières dès la fin de l'année 2022. Si celle-ci n'est toujours pas fixée avec précision, la visite prochaine d'une délégation officielle chinoise semble indiquer une annonce prochaine en ce sens.
Alors que les volontaires chinois ont joué un rôle décisif, aux côtés des Nord-Coréens, dans les combats de la guerre de Corée, le fait que la première délégation officielle étrangère à revenir en RPD de Corée soit chinoise constitue un symbole de l'étroitesse des liens tissés entre les deux pays dans tous les domaines. Selon KCNA, la délégation serait menée par Li Hongzhong, membre du Bureau politique du Parti communiste chinois (PCC), qui représentera tant son parti que le gouvernement chinois - les fonctions étatiques et partisanes étant étroitement imbriquées, aussi bien en Chine qu'en Corée du Nord.
Ancienne présidente de la République d'Indonésie de 2001 à 2004, Megawati Soekarnoputri, qui est aussi la fille de l'ancien président Soekarno, est toujours l'une des figures les plus écoutées de la scène politique indonésienne. En déclarant le 13 juin 2023 que la Corée du Nord pouvait constituer un exemple pour son pays afin de développer un programme nucléaire, elle a ouvert un débat dans un pays qui a choisi, à ce jour, de ne pas développer de programme nucléaire civil ni a fortiori militaire.
Megawati Soekarnoputri à la cérémonie d'investiture du président sud-coréen Yoon Seok-yeol, en 2022
Selon les propos de l'ancienne présidente indonésienne rapportés par The Djakarta Post, l'Agence nationale pour la recherche et l'innovation devrait commencer à construire un réacteur nucléaire - mais sans préciser s'il s'agit de nucléaire civil ou militaire. En 2014, le gouvernement indonésien a considéré que disposer de centrales nucléaires constituait "la dernière option" en matière d'énergie, l'accent étant mis sur le charbon, le gaz naturel et les énergies renouvelables.
Citant toujours la Corée du Nord, Megawati Soekarnoputri a relevé que les contraintes financières ne devaient pas constituer un obstacle à un programme nucléaire, et qu'il s'agissait - estimait-elle - d'une question de ressources humaines. Ce faisant, elle rejoint implicitement les analyses quant au manque d'efficacité des sanctions internationales pour dissuader Pyongyang de poursuivre son programme militaire nucléaire. L'ancienne chef de l'Etat considère que l'Indonésie devrait ainsi être en mesure de rattraper d'autres pays plus avancés en matière de technologie nucléaire.
En levant ainsi un tabou sur la question nucléaire, tout en restant évasive sur les finalités, civiles ou militaires, Megawati Soekarnoputri s'inscrit dans un débat qui dépasse l'Indonésie. Pour sa part, la Corée du Sud - qui manque d'énergies fossiles - a largement fait le choix du nucléaire civil en matière d'énergie - et une majorité de Sud-Coréens sont par ailleurs désormais favorables à ce que leur pays se dote de l'arme nucléaire, pour ne plus dépendre du parapluie américain. En ce qui la concerne, la Corée du Nord considère également le nucléaire civil comme une option pour faire face aux pénuries d'énergie.
Megawati touts North Korea as model for nuclear program Asia News Network (ANN) is the leading regional alliance of news titles striving to bring the region closer, through an active sharing of ...
La collision ferroviaire entre trois trains survenue le 2 juin 2023 près de Balasore, dans l'Etat indien d'Odisha, a causé au moins 275 morts et 1 175 blessés - ce qui en fait l'une des pires catastrophes ferroviaires de l'histoire. Alors qu'un problème de signalisation électrique serait à l'origine de l'accident selon le ministère indien des chemins de fer, dans l'attente des conclusions d'une enquête plus approfondie, des messages de condoléances sont parvenus du monde entier, et notamment de la République de Corée (Corée du Sud) et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).
Le président sud-coréen Yoon Seok-yeol a réagi sur son compte Twitter le samedi 3 juin, en soirée : se déclarant profondément attristé, il a souhaité exprimé, au nom de la République de Corée, ses sincères condoléances aux victimes et à leurs familles et ses voeux de rétablissement rapide.
Pour sa part, le Premier ministre nord-coréen Kim Tok-jun a envoyé un message le 6 juin à son homologue indien Narendra Modi. Il a exprimé ses sympathies et ses profondes condoléances aux victimes et à leurs familles, en ajoutant que le peuple coréen partageait ce moment difficile avec le peuple indien. Il a aussi fait part de sa certitude que le gouvernement indien saura guérir les séquelles de cette catastrophe et permettre aux victimes et à leurs familles de reprendre une vie normale dès que possible.
President Yoon Suk Yeol has offered his condolences to the victims of the passenger train accident in eastern India, which has claimed the lives of over 280 people and left hundreds injured. On his
Le ministre indien des Chemins de fer a annoncé dimanche que la cause et les responsables de l'accident, qui a fait 275 morts, avaient été identifiés, désignant un problème de signalisation. ...
Du 8 au 11 juin 2023, le Congrès mondial des Verts se réunit à Séoul, en République de Corée (Corée du Sud), avec comme mot d'ordre : "unir et responsabiliser le mouvement vert mondial". Réseau international des mouvements et partis politiques adhérents de la Charte des Verts mondiaux (soit 87 partis politiques et 9 organisations), le Congrès mondial des Verts (en anglais, Global Greens) organise sa cinquième réunion mondiale - et la première en Asie - après celles de Canberra en 2001, Sao Paulo en 2008, Dakar en 2012 et Liverpool en 2017. Le choix de la République de Corée rend compte du dynamisme du parti écologiste au pays du Matin calme, alors que l'implantation politique des Verts reste plus lente en Asie que sur les continents européen et américain.
Le Parti Vert de Corée souhaite la bienvenue au Congrès mondial
Les six principes de la Charte des Verts mondiaux, dont la signature en 2001 à Canberra a conduit à la création du Congrès mondial des Verts, sont la sagesse écologique, la justice sociale, la démocratie participative, la non-violence, le développement durable et le respect de la diversité. Il s'agit d'une structure internationale flexible, visant à fédérer les actions menées par les signataires de la Charte. Le réchauffement climatique et le nucléaire se sont affirmés comme deux des thèmes majeurs des rencontres internationales.
Hôte du Congrès, le Parti Vert de Corée, fort de plus de 10 000 membres (soit un nombre d'adhérents comparable à celui d'Europe Ecologie les Verts), a été constitué, sous sa forme actuelle, en mars 2012 - peu après la catastrophe de Fukushima, qui avait déclenché une vague de solidarité dans toute la Corée.
Le mode de scrutin propre à la Corée, presque exclusivement majoritaire (une partie des sièges à l'Assemblée nationale sont toutefois attribués au scrutin proportionnel de liste, avec un seuil à 3 %), a entravé le développement du Parti Vert de Corée, qui jusqu'à présent n'a pas obtenu d'élus aux scrutins nationaux ni locaux. Le meilleur résultat aux élections législatives a été enregistré en 2016, avec 182 000 voix (0,77 %) pour la liste nationale qui était conduite par la réalisatrice Hwang Yoon, plaçant le parti au huitième rang national. En 2020, 59 000 voix ont été recueillies (0,21 %). Ces résultats sont toutefois loin de refléter le degré d'adhésion à l'écologie dans l'opinion publique sud-coréenne.
Outre les questions environnementales et le pacifisme, conduisant à une critique du colonialisme et de l'impérialisme occidentaux, le Parti Vert de Corée met aussi l'accent sur les droits des femmes et des minorités LGBTQIA+, ainsi que l'instauration du revenu universel de base, traduisant l'inscription des écologistes sud-coréens dans les débats qui animent la société.
Global Greens Congress Korea 2023 - Toutes les informations dont vous avez besoin sur notre prochain congrès, qui se tiendra à Incheon, en Corée du Sud.
Les 29 et 30 mai 2023, la République de Corée (Corée du Sud) organise pour la première fois un sommet avec les pays membres du Forum des îles du Pacifique, organisation internationale de coopération régionale créée en 1971 (jusqu'en 2000, sous le nom de Forum du Pacifique Sud) et constituant la principale instance politique d'échanges internationaux dans le Pacifique Sud. Cette initiative conforte les ambitions internationales de Séoul et permet de renforcer les coopérations avec les membres du Forum des îles du Pacifique - dont l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et de nombreux Etats insulaires, parmi lesquels Fidji (qui abrite le siège de l'organisation à Suva) et deux territoires français ayant un statut particulier, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, Wallis et Futuna étant pour sa part observateur du Forum des îles du Pacifique.
L'entrée du sommet Corée - îles du Pacifique, sous haute protection
Organisé sur le thème "Vers une prospérité commune : renforcer la coopération avec la région du Pacifique", le sommet vise à développer les échanges, notamment avec la République de Corée, en dépassant l'antagonisme sino-américain qui donne lieu à une forte concurrence entre les deux puissances dans une région d'intérêt stratégique majeur : alors qu'en avril 2022 un accord de sécurité a été conclu entre la Chine et les îles Salomon, un pacte de sécurité a été signé en mai 2023 entre les Etats-Unis et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. En octobre 2022, les îles Salomon s'étaient aussi opposées à une première version de la déclaration de partenariat entre les Etats-Unis et le Forum des îles du Pacifique en raison de plusieurs références indirectes à la Chine.
Comme l'a précisé Moetai Brotherson, président (indépendantiste)de la Polynésie française, le sommet permet d'envisager des échanges avec la Corée du Sud dans de nombreux domaines : les énergies renouvelables, l'aquaculture ou encore la construction automobile - alors que les sujets d'environnement, au premier rang desquels le réchauffement climatique, constituent une priorité des pays membres du Forum. Moetai Brotherson, dont c'est le premier rendez-vous international depuis son élection, a manifesté un intérêt plus particulier pour le secteur du numérique.
Séoul compte aussi gagner des soutiens pour sa candidature à l'exposition universelle de 2030. Le président Yoon Seok-yeol a multiplié les sommets bilatéraux en marge de la rencontre (avec 10 chefs d'Etat et de gouvernement : îles Cook, Kiribati, Marshall, Niue, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Salomon, Tonga, Tuvalu et Vanuatu), la République de Corée a également établi des relations diplomatiques avec Niue, île néo-zélandaise disposant d'un statut d'autonomie qui lui permet de mener sa propre politique étrangère.
Lundi 29 mai, s'ouvre à Séoul, en Corée du Sud, le premier sommet des nations insulaires du Pacifique. 20 pays de la région seront réunis sous haute sécurité, dont la Nouvelle-Calédonie et ...
Moetai Brotherson est parti ce vendredi matin à Séoul pour son premier déplacement international en tant que président du Pays. Lundi et mardi s'y tiendra un sommet entre la Corée du Sud et le...
SEOUL, 29 mai (Yonhap) -- La Corée du Sud a établi ce lundi des relations diplomatiques avec l'île de Niué dans le Pacifique, en marge du sommet inaugural de Séoul avec 18 pays de la région. ...
SEOUL, 29 mai (Yonhap) -- Le président Yoon Seok-yul a tenu ce lundi une série de sommets avec les dirigeants des îles Cook, des îles Marshall, des îles Salomon, de Niué et des Palaos, qui so...
Fondé en 1957, le mouvement Pugwash rassemble des personnalités universitaires et politiques pour réduire les dangers de conflits armés - notamment de conflits nucléaires, ce qui a valu à l'organisation internationale d'obtenir le Prix Nobel de la Paix en 1995 pour son action en faveur du désarmement nucléaire. En étant animé par des personnalités venant à la fois de l'Ouest de de l'Est, Pugwash a acquis une réputation d'impartialité qui lui a permis d'intervenir efficacement lors de plusieurs épisodes de tension liés aux armes nucléaires. En particulier, Pugwash a joué un rôle de médiation dans la péninsule coréenne, ainsi que l'a souligné Venance Journé dans un article intitulé "Pugwash ou la diplomatie scientifique contre les armes nucléaires", publié dans le numéro 225 (avril 2023, p. 69-79) de la revue Raison présente de l'Union rationaliste, et que nous avons analysé ci-après.
Le physicien polonais Józef Rotblat, spécialiste de physique nucléaire, qui a cofondé Pugwash
Lors de la première crise nucléaire nord-coréenne, lors de laquelle les Etats-Unis envisagèrent une option militaire contre les installations nucléaires nord-coréennes, Józef Rotblat joua un rôle pour l'engagement des discussions : en effet, il écrivit personnellement à Kim Il-sung pour exhorter le président nord-coréen à ce que son pays ne quitte pas le Traité de non-prolifération (TNP). Les échanges entre Washington et Pyongyang aboutirent à l'accord-cadre de Genève en 1994 : en contrepartie de la fourniture par les Etats-Unis de deux réacteurs à eau légère et d'une normalisation des relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée, cette dernière resta membre du TNP.
L'annulation de l'accord par les Etats-Unis en 2002 - après que le Président George W. Bush eut classé la Corée du Nord parmi les pays de "l'Axe du mal" - conduisit toutefois la RPD de Corée à quitter le TNP en janvier 2003 et à mener six essais nucléaires (de bombes A et H) entre 2006 et 2017. Dans ce contexte, plusieurs délégations de Pugwash furent invitées en Corée du Nord et l'organisation internationale s'est affirmée comme un canal de dialogue, notamment entre les deux Etats coréens, ainsi que l'a souligné Venance Journé dans l'article de Raison présente précité :
Depuis 2001, de nombreuses délégations Pugwash se sont rendues en Corée du Nord et ont maintenu des contacts à haut niveau. Les Nord-Coréens participent aux conférences annuelles depuis les années 1990 et ont établi un groupe national. Le Conseil organise régulièrement des conférences sur le développement énergétique et économique, la coopération en matière de sécurité en Asie du Nord-Est et du Sud-Est, la sécurité alimentaire ou la médecine, qui se tiennent en Chine, au Vietnam ou en Mongolie, leur objectif principal étant de réunir des experts des deux pays de la péninsule pour résoudre des problèmes communs et établir la confiance entre les deux Corées. Pugwash a aussi favorisé la création du Centre international de Pyongyang sur la nouvelle économie et la technologie en 2003.
Lors de la crise internationale de 2017 autour de la Corée, Pugwash fut sollicité par la Corée du Sud et la Corée du Nord pour jouer un rôle de médiateur. En particulier, le président sud-coréen Moon Jae-in demanda à Pugwash, en décembre 2017, de convaincre les Nord-Coréens de participer aux Jeux olympiques de Pyeongchang - et, de fait, la Corée est apparue former une seule nation lors de cette trêve olympique. S'était ainsi enclenché un mouvement de rapprochement et de rencontres diplomatique entre la Corée du Nord, la Corée du Sud et les Etats-Unis.
Venance Journé conclut que Pugwash n'a certes pas empêché le développement d'armes nucléaires en Corée du Nord, mais qu'elle a permis d'abaisser les tensions et a su s'affirmer à Pyongyang comme un interlocuteur respecté car neutre :
Bien que Pugwash n'ait pu empêcher le programme nucléaire militaire nord-coréen, son action a été décisive en 1994 puis a contribuer à retarder de dix années la mise au point des armes. Pugwash est considéré en Corée du Nord avec respect et comme une organisation neutre. Ses possibilités sont bien entendu contraintes par les changements politiques dans les pays concernés, quand les nouveaux dirigeants sont moins enclins à la négociation. Cependant, dans une situation aussi tendue, délicate, changeante et où l'incompréhension prévaut, le maintien de contacts confidentiels réguliers a sans doute permis d'éviter des développements militaires beaucoup plus dangereux de part et d'autre.
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Le poète, novelliste et essayiste salvadorien Roque Dalton (1935-1975) est l'une des grandes figures de la gauche salvadorienne. Militant communiste engagé dans l'émancipation des peuples du Tiers Monde, il a été un grand voyageur. Parmi ses visites figure le séjour qu'il a effectué en République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord), à l'occasion de l'anniversaire de la fondation de la RPD de Corée en septembre 1971.
Roque Dalton en Corée du Nord
Dans son ouvrage La Tricontinentale, publié aux éditions La Découverte en 2013, Roger Faligot mentionne à deux reprises (p. 228 et 491) que Roque Dalton étudiait les oeuvres du Président Kim Il-sung. Cet intérêt a été nourri par un déplacement en RPD de Corée effectué en septembre 1971 (et qui l'avait également mené en Chine) - car si les photos reproduites dans cet article datent, selon la page Facebook dont elles sont extraites, des années 1960, elles correspondent plus vraisemblablement au voyage effectué à Pyongyang par le poète salvadorien en 1971, comme permet de le dater un témoignage publié par son fils Jorge Dalton, qu'on retrouve dans les archives du militant et écrivain.
Ce document d'archive constitue un curieux témoignage a posteriori, qui par son ton humoristique, sinon sarcastique, tranche avec la "frénésie" de Roque Dalton à étudier les écrits du fondateur de la RPD de Corée selon Roger Faligot. L'idée qu'il s'agisse d'une réinterprétation ultérieure par Jorge Dalton est corroborée par la biographie qu'a consacrée Roque Dalton à Kim Il-sung, intitulée Kim Il Sung, Una Vida por la Revolucion, publiée par le bimensuel de gauche chilien Punto Final en supplément au numéro 154 (28 mars 1972), six mois après le déplacement de septembre 1971.
Couverture du supplément de Punto Final, sur la biographie de Kim Il-sung par Roque Dalton
L'admiration de Roque Dalton pour la RPD de Corée n'était alors pas isolée. Alors que Pyongyang se démarquait avec succès tant de l'URSS que de la Chine, la Corée du Nord apparaissait dans les années 1960 et 1970, à l'instar de Cuba, comme un modèle révolutionnaire original, également loué par le Che ou les Black Panthers.
Anécdota del hijo menor de Roque Dalton, Jorge Dalton, sobre uno de los viajes de su padre Por Jorge Dalton En 1971 mi padre hizo un viaje espectacular a China y Corea del Norte. Kim Il Sung, el ...
Ensayo histórico biográfico del líder-pueblo norcoreano en su lucha antiimperialista, escrito por el intelectual y poeta salvadoreño Roque Dalton. Originalmente publicado en el suplemento de la...
Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue le 6 mars 2023, Park Jin, ministre des Affaires étrangères de la République de Corée (Corée du Sud), a annoncé la création prochaine d'une fondation pour indemniser des Coréens victimes de travail forcé pendant l'occupation japonaise de la péninsule (1910-1945). Même si des discussions avaient éte engagées sur le sujet entre les deux parties, cette décision manifestement unilatérale, prise sans contrepartie immédiate du Japon, a été vivement saluée à Tokyo - mais a déjà engendré des critiques parmi des victimes, alors que les stigmates de la colonisation japonaise restent un sujet très sensible dans l'opinion publique coréenne.
Le ministre des Affaires étrangères Park Jin peut avoir le sourire : partisan résolu d'un front renforcé Washington-Tokyo-Séoul contre la Corée du Nord, il a satisfait les deux alliés de la République de Corée au-delà de leurs espérances en annonçant la création d'un fonds d'indemnisation des Coréens victimes du travail forcé pendant la colonisation japonaise
Alors que des décisions de justice de tribunaux sud-coréens, en 2018, avaient prévu l'indemnisation de victimes coréennes de travail forcé pendant la colonisation japonaise, la question du versement des compensations était devenue un point de désaccord majeur entre Tokyo et Séoul. En effet, pour le Japon, l'accord de 1965 établissant les relations diplomatiques avec la République de Corée a réglé les contentieux historiques - dont l'indemnisation des travailleurs forcés - et ce n'est pas aux entreprises japonaises ni au gouvernement japonais de procéder à des versements décidés par la justice sud-coréenne. Finalement, selon l'annonce faite par le ministre Park Jin ce lundi 6 mars 2023, c'est une tierce partie - aux acteurs japonais et au gouvernement sud-coréen - qui procèdera à l'indemnisation : une fondation spécifiquement mise en place, dont les modalités de mise en place restent à établir.
Plus que les montants en jeu (si 780 000 Coréens ont été victimes de travail forcé, les décisions de justice ne concernent que quelques dizaines de personnes), la symbolique est forte, au moment où les tensions dans la péninsule coréenne imposent, selon Tokyo et Washington, de régler les différends entre alliés pour opposer un front commun face à Pyongyang.
Park Jin a d'ailleurs reconnu que tel était le sens de son annonce :
La coopération entre la Corée et le Japon est très importante dans tous les domaines de la diplomatie, de l’économie et de la sécurité, dans le contexte actuel de grave situation internationale et de difficile crise mondiale (...) Je crois que le cercle vicieux doit être brisé pour le bien [des] peuples au niveau de l’intérêt national, plutôt que de laisser [nos] relations [ainsi] distendues pendant longtemps.
Séoul espère des excuses du Japon, ainsi qu'une contribution des entreprises nippones. Mais le gouvernement nationaliste japonais estime s'être déjà suffisamment excusé. La Corée du Sud a manifestement cédé sans contrepartie à une demande pressante du Japon - et des milieux d'affaires des deux pays - ainsi que des Etats-Unis, soucieux que les contentieux nippo-sud-coréens soient réglés face à la Corée du Nord et à la Chine.
La décision prise risque d'être d'autant plus mal acceptée dans l'opinion publique sud-coréenne que le Japon accélère sa remilitarisation, en ayant décidé de porter de 1 % à 2 % la part de son PIB consacrée aux dépenses militaires. Si la création d'une fondation permet à quelques-unes des victimes, toutes très âgées, d'espérer une indemnisation, était-il pertinent de céder aussi facilement à un gouvernement japonais animé de sentiments fortement nationalistes et tenté par le révisionnisme historique ? L'escalade des tensions, qui accroît les risques de guerre, est aussi encouragée par des décisions telles que celle du gouvernement du Président Yoon Seok-yeol, défenseur du resserrement des liens avec le Japon - quoi qu'il en coûte.
SEOUL, 06 mars (Yonhap) -- Le ministre des Affaires étrangères, Park Jin, a déclaré ce lundi matin concernant les victimes du travail forcé de l'époque coloniale japonaise que les dédommagem...
Selon Séoul, environ 780 000 Coréens ont été enrôlés dans le travail forcé sous le régime colonial japonais subi entre 1910 et 1945. La mesure promet d'être controversée en raison de l'ab...
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Soutenir une réunification indépendante et pacifique de la Corée, conformément à l'aspiration légitime du peuple coréen et dans l’intérêt de la sécurité et de la paix dans le monde