Selon l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), l'ambassade du Nicaragua en RPDC a célébré, le 19 juillet 2024, le 45e anniversaire de la révolution sandiniste au club diplomatique Taedonggang, à Pyongyang. Cet événement, auquel a participé Ra Yun-bak, vice-ministre des Affaires étrangères de la RPDC, s'inscrit dans la continuité de la réouverture d'une représentation diplomatique du Nicaragua à Pyongyang en 2024 (la première d'un pays d'Amérique centrale en RPDC), alors que la RPDC a apporté un soutien constant à la révolution sandiniste.
Célébration de l'anniversaire de la révolution sandiniste, le 19 juillet 2024, à Pyongyang
Le 19 juillet 1979, les soldats du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) investissaient la capitale du Nicaragua, Managua, signant la victoire de la révolution sandiniste. Deux jours plus tôt, le président Anastasio Somoza avait démissionné et fui à Miami.
Fidèle à son soutien aux luttes de libération, la Corée du Nord avait apporté un appui politique et militaire aux sandinistes au moins depuis 1971, date à laquelle le commandant Plutarco Hernandez avait suivi un entraînement militaire à Pyongyang et rencontré le président Kim Il-sung. La RPDC s'était ensuite tenue aux côtés de ses frères d'armes nicaraguayens dans la lutte contre les Contras. En 1988, par solidarité avec Pyongyang, La Havane et Managua avaient boycotté les Jeux olympiques de Séoul - alors que la RPDC avait souhaité co-organiser cet événement. Des délégations des deux nations soeurs d'Amérique latine s'étaient ensuite rendues à Pyongyang, dans le cadre du Festival mondial de la jeunesse, en 1989.
Le président Daniel Ortega (au pouvoir de 1979 à 1990, date de sa défaite électorale, et depuis 2007 après sa victoire aux élections générales du 5 novembre 2006) a visité la RPDC en 1983 et 1986.
Les projets d'usines, d'hôpitaux et d'établissements d'enseignement que la RPDC devait construire gratuitement au Nicaragua dans les années 1980 ne semblent pas s'être concrétisés, alors que l'économie nord-coréenne commençait déjà à ralentir fortement - avant d'entrer en récession en 1990.
L'amitié entre les deux pays, symbolisée par le peu ordinaire don d'une statuette kitsch de crocodile portant un plateau avec des verres, se fonde sur une solidarité anti-impérialiste qui, selon KCNA, a été rappelée en ces termes par Ra Yun-bak, vice-ministre des Affaires étrangères de la RPDC, lors de la cérémonie du 19 juillet 2024 :
La victoire de la révolution a été un événement important dans l’histoire du Nicaragua car elle a rejeté la domination et l’ingérence étrangères et a fortement encouragé le développement indépendant [du Nicaragua].
Kim Il-sung et Daniel Ortega, en visite en RPDC, en 1986
En face du G7 qui apparaît comme un club regroupant exclusivement des puissances occidentales et libérales après la suspension de la Russie du G8 en 2014, quatre puissances émergentes (Brésil, Russie, Inde et Chine, d'où l'acronyme BRIC) se réunissent chaque année depuis 2009 lors de sommets internationaux qu'elles accueillent à tour de rôle. Elles ont été rejointes par l'Afrique du Sud en 2011 (d'où le nouveau nom de BRICS) puis par l'Egypte, les Emirats Arabes Unis, l'Ethiopie et l'Iran en 2024 (formant ainsi le groupe BRICS+). Plusieurs dizaines d'autres pays du Sud (mais aussi européens, comme la Serbie) ont exprimé leur souhait de rejoindre les BRICS+ qui tend à devenir l'expression du Sud global élargi à la Russie, alors que le prochain sommet est prévu dans ce pays, à Kazan, en octobre 2024. Récemment, c'est la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) qui a aussi manifesté son intérêt pour devenir membre des BRICS+.
Carte des Etats membres des BRICS+ en 2024
C'est un média spécialisé dans les cryptomonnaies, Cointribune, qui a évoqué ce souhait de la RPDC de rejoindre les BRICS+. Cet intérêt a été rapproché de la proposition russe de développer une nouvelle unité monétaire basée sur un panier des devises des Etats membres du groupe, ce qui remettrait en cause la domination du dollar américain.
Toujours selon Cointribune, la Corée du Nord, exclue du réseau SWIFT et plus largement des circuits financiers internationaux, aurait ainsi accès à des systèmes de paiement alternatifs. Engagé dans un bras-de-fer avec Washington, Pyongyang participerait aussi à la dédollarisation de l'économie.
Si les membres des BRICS+ se sont exprimés à plusieurs reprises pour une réforme des organisations financières internationales (FMI, Banque mondiale) et plus largement pour une nouvelle gouvernance mondiale - impliquant selon eux une réforme du Conseil de sécurité des Nations unies -, ils ont aussi mis en place la Nouvelle banque de développement, basée à Shanghaï, dont l'objet est de financer des projets d'infrastructures dans les pays en développement, ainsi que de pouvoir mobiliser une réserve de devises pour faire face aux chocs financiers dans les pays émergents. L'absence de conditionnalité des aides tranche avec les règles qu'impose le FMI.
Alors que la fermeture de ses frontières par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pendant plus de trois ans, entre janvier 2020 et juillet 2023, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, avait mis un coup d'arrêt aux échanges de délégations, les autorités nord-coréennes multiplient à présent les accueils de personnalités étrangères et reprennent les visites en dehors de la péninsule coréenne. Dans ce contexte, une délégation du Parti du travail de Corée (PTC) conduite par Kim Song-nam, directeur du département international du PTC, a visité la Chine, le Vietnam et le Laos entre le 21 mars et le 2 avril 2024. Il s'agissait principalement de développer non seulement les échanges bilatéraux, mais aussi les relations avec les partis frères des trois autres démocraties populaires d'Asie : la solidarité mutuelle, tant au plan international que dans la construction du socialisme, a été évoquée à chacune des étapes de la tournée est-asiatique de la délégation nord-coréenne.
La délégation du PTC saluée au retour de son déplacement en Chine, au Vietnam et au Laos
En Chine, la délégation du PTC a rencontré notamment Wang Yi, directeur du bureau central des Affaires étrangères du Parti communiste chinois (PCC) et qui exerce parallèlement les fonctions de ministre des Affaires étrangères, Wang Huning, président de la Conférence consultative politique du peuple chinois, membre du comité permanent du bureau politique (BP) du PCC, secrétaire du secrétaire général du PCC, et Liu Jianchao, directeur du département international du PCC.
Malgré le renforcement récent des liens russo-nord-coréens, la Chine reste le principal partenaire de la RPDC, la plus grande partie des exportations nord-coréennes vers la Chine étant d'ailleurs désormais formées, selon les statistiques douanières, par les perruques et les faux cils. L'année 2024 marque le 75e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine, fondée en 1949, et la RPD de Corée. Elle est célébrée comme l'année de l'amitié sino-(nord)-coréenne, dont le lancement a été officialisé à l'occasion de la visite en RPDC de Zhao Leji, président du comité permanent de l'Assemblée nationale populaire chinoise, reçu par le secrétaire général du PTC Kim Jong-un. Zhao Leji est considéré comme le numéro 3 du PCC et est la plus haute personnalité chinoise à visiter la RPDC depuis le déplacement de Xi Jinping en 2019.
Dans ce contexte, lors de la visite en Chine de la délégation du PTC le ministre des Affaires étrangères chinois a mis l'accent sur l'amitié sino-coréenne et une solidarité y compris sur la scène internationale alors que, dans le contexte de la guerre en Ukraine, la Chine désigne les Etats-Unis comme les principaux responsables de la montée des tensions en Asie du Nord-Est. Wang Yi a ainsi mentionné le renforcement de la "communication stratégique" et de la "coopération tactique" entre les deux pays. Selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA :
Wang Yi a déclaré que la position et la volonté constantes du parti, du gouvernement et du peuple chinois étaient de défendre de manière honorable, de consolider de manière excellente et de développer avec succès l'amitié sino-RPDC fondée sur le sang et la richesse commune précieuse, et a exprimé sa conviction que les relations amicales entre les deux pays progresseraient de manière inébranlable sous la direction stratégique du secrétaire général Xi Jinping et du secrétaire général Kim Jong Un, malgré tous les défis et toutes les difficultés.
Il a affirmé que la Chine renforcerait, comme toujours, la communication stratégique et la coopération tactique avec la RPDC sur la scène internationale afin de défendre fermement les intérêts communs des deux partis et des peuples des deux pays et de promouvoir l'amitié entre la Chine et la RPDC.
Wang Yi recevant Kim Song-nam à la résidence Diaoyutai, à Pékin le 23 mars 2024
Au Vietnam, la délégation conduite par Kim Song-nam a eu des échanges avec, entre autres, Truong Thi Mai, cheffe de la commission centrale d'organisation du Parti communiste vietnamien (PCV), et Le Hoai Trung, secrétaire du comité central du PCV et qui dirige également le comité central des affaires étrangères du PCV.
Ayant mentionné le cinquième anniversaire du déplacement du dirigeant nord-coréen au Vietnam (mais pas le sommet lui-même, dont les résultats ont été in fine assez maigres), Truong Thi Mai a rappelé le soutien de la RPDC à la lutte de libération nationale du peuple vietnamien, tout en mettant également l'accent sur le développement futur des relations bilatérales. Dans son intervention, Kim Song-nam a davantage mis l'accent sur la lutte anti-impérialiste.
Kim Song-nam et Truong Thi Mai, à Hanoï le 26 mars 2024
Lors de son déplacement au Laos, la délégation du PTC a rencontré notamment Thongloun Sisoulith, secrétaire général du Parti révolutionnaire populaire lao (PRPL), et qui exerce parallèlement les fonctions de Président de la République, et Thongsavanh Phomvihane, qui dirige le comité des relations extérieures du PRPL.
Selon KCNA, Thongsavanh Phomvihane a déclaré que le PRPL et le gouvernement laotien soutenaient pleinement la politique du PTC et la RPDC pour défendre la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne. Toujours d'après KCNA, Thongloun Sisoulith a salué "le développement rapide" de la RPDC "sous la direction énergique et chevronnée" du secrétaire général Kim Jong-un.
Reçu par le secrétaire du PRPL, le directeur du département international du PTC a mentionné le combat conjoint mené avec le Laos sur la voie pour réaliser une véritable justice internationale.
Alors qu'il est d'usage protocolaire que les échanges se situent à un niveau identique à celui de la délégation reçue, le directeur Kim Song-nam, par ailleurs porteur d'un message verbal de Kim Jong-un, secrétaire général du PTC, président de la commission des affaires de l'Etat, a été reçu au Laos à un niveau supérieur à celui de son rang politique. Cette rencontre - qualifiée de courtoisie - traduit un intérêt plus particulier du Laos pour renforcer ses liens avec la RPDC. Elle s'inscrit également dans le contexte de la présidence laotienne de l'ASEAN en 2024, alors que le forum régional de l'ASEAN, dont la RPDC est membre, est consacré aux questions multilatérales de sécurité. Certains observateurs évoquent la possibilité que la ministre des Affaires étrangères nord-coréenne Choe Son-hui y participe cette année. - sans que le compte rendu des échanges avec la délégation du PTC ne comporte d'indication sur ce sujet.
Le Président Thongloun Sisoulith (à droite) recevant Kim Song-nam le 29 mars 2024
A North Korean delegation led by a senior official visited Laos and stressed the North's policy of bolstering defence capabilities, Yonhap News Agency reported citing the North's state media, Korean
Les régimes de sanctions mis en place par le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) font chacun l'objet d'un suivi par un comités d'experts. Depuis son premier essai nucléaire en 2006, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) était soumise à des sanctions internationales qui ont été renforcées à plusieurs reprises, notamment en 2016 et en 2017. A l'occasion du renouvellement du mandat des experts chargés de la surveillance des sanctions internationales contre la RPDC, la Russie, membre permanent du CSNU, a imposé son veto, entraînant ainsi la fin des travaux du comité d'experts. La Russie a critiqué l'inefficacité selon elle du recours aux sanctions pour créer un dialogue qui permettrait d'améliorer la situation sécuritaire dans la péninsule coréenne.
Vassili Nebenzia, représentant permanent de la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU
L'époque où un consensus international permettait d'imposer puis de renforcer les sanctions internationales contre la RPDC semble bel et bien révolue. Dans le nouveau contexte géopolitique né de l'offensive russe en Ukraine en février 2022, Pékin et plus encore Moscou tiennent Washington et leurs alliés comme les principaux responsables de la montée des tensions dans la péninsule coréenne, refusant à plusieurs reprises d'accroître un régime de sanctions - déjà sévère - pour sanctionner la poursuite par Pyongyang de son programme balistique. La Chine et plus encore la Russie étant mises en cause pour ne plus appliquer pleinement les sanctions internationales à l'encontre de la Corée du Nord, les puissances occidentales - à l'instar de la République de Corée (Corée du Sud) et de l'Ukraine - ont accusé Moscou, en imposant son veto, de chercher à dissimuler une coopération militaire majeure depuis une rencontre au sommet entre Vladimir Poutine et Kim Jong-un en septembre 2023, la livraison d'armes conventionnelles et de munitions à la Russie contrevenant au régime de sanctions mis en place par le CSNU. Les deux pays prennent toutefois soin de ne pas afficher publiquement des échanges dans le domaine militaire.
Washington, Londres ou encore Paris relèvent que des obligations juridiques dont la connaissance n'est pas sanctionnée n'ont pas d'effectivité. Les Occidentaux n'ont pas indiqué s'ils souhaitaient mettre en place un dispositif de surveillance en dehors du cadre des Nations unies.
Moscou a bien évidemment une interprétation différente de l'usage de son droit de veto - alors que la Chine s'est pour sa part abstenue, n'allant pas jusqu'à émettre un vote contre. Le représentant russe auprès du CSNU, Vassili Nebenzia, a mis en avant les conséquences humanitaires des sanctions ainsi que la nécessité de réouvrir la voie d'un dialogue avec Pyongyang, en appelant ouvertement à une révision du régime des sanctions. Le veto russe est ainsi présenté comme la conséquence d'une absence sur ce point non seulement d'accord, mais même de dialogue, des Etats-Unis et de leurs alliés. Le ministère russe des affaires étrangères a observé, dans un communiqué, que les sanctions internationales n'avaient pas non plus permis de créer les conditions d'une diminution des tensions internationales autour de la Corée, en estimant qu'il fallait désormais recréer les conditions de la confiance entre les différentes parties impliquées. Selon le communiqué du ministère russe :
Pendant de longues années, les mesures de restrictions internationales n'ont pas aidé à améliorer la situation sécuritaire dans la région. Au contraire, en l'absence de mécanismes permettant de réviser et alléger ces sanctions, cet instrument est un obstacle majeur au renforcement de la confiance et au maintien d'un dialogue politique.
Ce n'est pas la première fois que la Russie fait usage de son droit de veto pour mettre fin à la surveillance d'un régime de sanctions en bloquant le renouvellement du mandat des experts en charge de son suivi : elle avait procédé de même en août 2023 pour le Mali, où elle était déjà accusée de ne pas appliquer les sanctions internationales.
Que ce soit la Russie plutôt que la Chine qui oppose son veto est conforme à un recours traditionnellement beaucoup plus important de Moscou que de Pékin au droit de veto - la Chine n'en faisant le plus souvent usage que lorsque ses intérêts directs sont en jeu. Par ailleurs, la Russie est davantage ciblée par les sanctions internationales que la Chine depuis le début de la guerre russo-ukrainienne. Comme la RPDC, elle se considère ainsi visée par les puissances occidentales : Sergueï Narychkine, qui dirige l'agence russe de renseignement extérieur SVR, a récemment rencontré à Pyongyang Ri Chang-dae, ministre de la sécurité d'Etat. Selon l'agence de presse nord-coréenne KCNA, les deux hommes ont discuté de l'espionnage et des "complots de plus en plus nombreux" des forces qui leur sont hostiles.
Si les sanctions internationales se sont fortement développées après la fin de la guerre froide comme outil à la disposition des Nations unies pour garantir la paix et la sécurité internationales sans recours à la force armée, le contexte d'une nouvelle guerre froide en montre les limites. Faute pour les régimes internationaux d'être limités dans le temps, et en l'absence désormais de consensus pour les modifier, il n'y a d'autre choix pour un pays comme la Russie que de recourir au veto pour exprimer qu'elle ne partage plus les positions qui l'avaient amenée, par le passé, à imposer puis à renforcer les sanctions internationales contre Pyongyang. Plus largement, la coopération au sein des organisations internationales, au premier rang desquelles les Nations unies, restera durablement bloquée tant que se manifestera pas une volonté de dialogue de toutes les parties impliquées. A défaut, le droit ne sera plus qu'une arme dans les relations internationales.
Un système de surveillance des sanctions de l'ONU visant la Corée du Nord vient d'être dissous via le veto de Moscou. Une action dénoncée sur la scène internationale, de nombreux pays accusan...
Le 19 décembre 2023, le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) s'est réuni, après le lancement d'un missile balistique intercontinental (ICBM) la veille par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Si comme attendu la Chine et la Russie ont blâmé les Etats-Unis, ce qui a empêché le CSNU de prendre une décision à l'issue de discussions ayant duré une heure et demie, les pays non alignés n'apparaissent pas dans la liste des signataires d'un communiqué conjoint publié en amont de la réunion.
Le Conseil de sécurité des Nations unies
Le communiqué conjoint a condamné fermement le tir d'ICBM nord-coréen, en estimant que la RPDC avait violé les résolutions du CSNU à plus de trente reprises depuis le début de l'année 2023 en procédant à des tirs de missiles. Selon le communiqué :
Nous ne pouvons pas devenir insensibles à ce comportement. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur la poursuite continue d'armes nucléaires par la RPDC, ses cyberactivités malicieuses et ses violations flagrantes et abus des droits de l'Homme, y compris celles impliquant des enlèvements
Le communiqué conjoint a été signé par dix pays : trois membres permanents du CSNU (les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni), cinq membres actuels du CSNU (l'Albanie, l'Equateur, le Japon, Malte et la Suisse) et deux pays qui siégeront au CSNU pour la période 2024-2025 (la République de Corée - Corée du Sud - et la Slovénie). En revanche, près de la moitié des membres actuels du CSNU (soit sept sur quinze) n'ont pas signé ce communiqué : il s'agit, outre les deux membres permanents que sont la Chine et la Russie, du Brésil, des Emirats arabes unis, du Gabon, du Ghana et du Mozambique. Par ailleurs, trois des cinq futurs membres du CSNU en 2024-2025 ne sont pas non plus signataires : l'Algérie, le Guyana et le Sierra Leone.
Même si ne pas être signataire du communiqué conjoint ne peut pas s'interpréter comme une opposition, les pays occidentaux n'ont en tout cas pas rallié à leur cause - peut-être faute de temps - les pays en développement à l'exception notable de l'Equateur, siégeant ou appelé à siéger au CSNU. Le fait que le communiqué ait été diffusé en amont de la réunion du CSNU, et surtout que sa tonalité mette exclusivement en cause la RPDC en incluant des sujets non stratégiques, relevant des droits de l'homme, n'a certainement pas favorisé l'obtention d'un consensus. De fait, les Etats-Unis et leurs alliés ont surtout semblé soucieux d'afficher une prise de position, ce qui ne va pas dans le sens d'un retour à la table des négociations sur les sujets sécuritaires, les seuls pour lesquels il est raisonnable d'espérer renouer un dialogue avec Pyongyang dans un cadre multilatéral.
La césure entre l'Occident et les pays non alignés ne se limite donc pas aux conflits en Ukraine et en Palestine. Elle porte aussi désormais sur la question coréenne, qui faisait pourtant l'objet d'un consensus au sein du CSNU jusqu'en 2017, favorisant ainsi la poursuite d'une escalade dangereuse pour la paix et la stabilité mondiales.
Le 11 décembre 2023, une messe a été célébrée dans la cathédrale de Myeongdong, à Séoul, à l'occasion du 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la République de Corée (Corée du Sud) et le Saint-Siège. Après la Libération de la Corée, la situation des chrétiens (qu'ils soient catholiques ou protestants) dans la Corée divisée avait conduit le nonce apostolique à Paris, Angelo Roncalli (le futur Jean XXIII), à plaider la cause des autorités de Séoul pour être alors reconnues par les pays de culture catholique comme le seul gouvernement légitime pour l'ensemble de la péninsule coréenne. Mais, pour sa part, le Saint-Siège mettra quinze ans, après la fondation de la République de Corée, pour franchir le cap de l'établissement de relations diplomatiques.
Le pape François en Corée du Sud, en 2014
Les catholiques coréens représentent aujourd'hui 11 % de la population, constituant l'une des plus importantes communautés catholiques d'Asie de l'Est - après les Philippines. Mais l'engagement de nombre d'entre eux dans le mouvement pro-démocratie, à l'époque où les militaires étaient au pouvoir à Séoul, a créé des frictions avec les conservateurs sud-coréens. Dans les années 1970 et 1980, la cathédrale de Myeongdong a accueilli des opposants pourchassés par la junte. Après le soulèvement de Kwangju en 1980, le pape Jean-Paul II est intervenu - avec succès - pour que l'opposant Kim Dae-jung, lui-même de confession catholique, échappe à la peine de mort. Lors de sa première visite en Corée du Sud en 1984 - qui coïncidait avec le 200e anniversaire des débuts du catholicisme en Corée - Jean-Paul II s'est d'ailleurs rendu à Kwangju. Il allait retourner une nouvelle fois en Corée du Sud en 1989. En 2014, le pape François a visité à son tour la République de Corée. Ces différentes visites ont été l'occasion de béatifier de nombreux martyrs coréens. Il a été envisagé que Jean-Paul II (il en avait exprimé le souhait) puis le pape François visitent le Nord de la péninsule - mais ce projet ne s'est pas concrétisé.
En effet, l'engagement de principe du Saint-Siège en faveur de la paix a conduit à encourager le dialogue intercoréen - cette position pouvant apparaître en décalage avec la diplomatie sud-coréenne quand les conservateurs, beaucoup plus critiques à l'égard de Pyongyang, sont au pouvoir à Séoul.
A l'occasion du 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques, Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les Etats et les organisations internationales, a visité la République de Corée du 20 au 23 novembre 2023. Il a célébré une messe au sanctuaire Seosomun à Séoul, où les premiers chrétiens coréens ont été martyrisés et canonisés par Jean-Paul II le 6 mai 1984. Le pape François a adressé un message en faveur de la paix et de la réconciliation dans la péninsule coréenne. Il a également fait référence aux Journées mondiales de la jeunesse prévues à Séoul en 2027.
Le 28 novembre 2023, les pays membres du Bureau international des expositions (BIE), organisation intergouvernementale chargée de superviser les expositions internationales, ont choisi Riyad pour l'édition 2030 : la ville saoudienne l'a emporté très largement dès le premier tour de scrutin, en obtenant 119 voix, contre 29 voix pour la ville sud-coréenne de Busan et 17 voix pour Rome. Fidèle à sa mission statutaire de faire connaître la culture coréenne et de favoriser les échanges franco-coréens, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) partage la déception de tous les Coréens : un tel événement aurait été un catalyseur exceptionnel pour faire connaître la prodigieuse ascension de la République de Corée, passée en une génération du statut de pays pauvre, ruiné au sortir de la guerre de Corée, à celui de nation parmi les plus dynamiques d'Asie et les plus innovantes, où l'engagement de millions d'hommes et de femmes a également su abattre un régime militaire pour fonder l'un des Etats les plus démocratiques du continent.
Le siège du Bureau international des expositions, avenue d'Iéna, à Paris
La ville de Rome a dénoncé une débauche de moyens pour l'organisation d'un événement aux retombées économiques considérables, qui se tient tous les cinq ans depuis 1851, et dont l'édition de 1889 à Paris avait vu la construction de la Tour Eiffel. De fait, sur le terrain financier la Corée du Sud pouvait difficilement rivaliser avec l'Arabie Saoudite, malgré les efforts considérables déployés ces derniers mois, y compris sur la scène diplomatique. Le président sud-coréen Yoon Seok-yeol a présenté ses excuses pour cet échec - mais il serait réducteur et injuste de lui faire porter l'entière responsabilité d'un vote qui montre que, quel que soit le formidable vecteur d'influence que constitue la K-Pop dans l'opinion publique mondiale, les solidarités internationales ont aussi joué en faveur de Riyad. La ville saoudienne a manifestement emporté la plus grande partie des votes du Tiers Monde, alors que sa candidature était très controversée sur le plan des droits de l'homme et de l'environnement (pourtant censé être l'une des thématiques majeures dans le soutien à l'innovation que constituent les expositions universelles), ainsi que l'a rappelé le quotidien Le Monde :
La candidature saoudienne, la plus controversée, vantait « la première exposition carbonégative », dans un pays pourtant aride, parmi les premiers producteurs de pétrole au monde et l’un des premiers émetteurs de gaz à effet de serre par habitant. Une semaine avant l’issue du scrutin, quinze ONG de défense des droits humains avaient appelé le BIE à « ne pas voter » pour Riyad du fait de son « épouvantable » bilan sur le plan des droits humains.
L'AAFC comprend et partage la déception des Coréens. Le choix des pays hôtes pour les organisations d'événements internationaux obéit à des règles trop souvent opaques et critiquables. Nous avons la conviction que la ville de Busan, d'ores et déjà mondialement connue pour son festival de cinéma parmi les plus renommés d'Asie, saura rebondir pour d'autres candidatures à d'autres manifestations.
Le bilan humain ne cesse de s'alourdir dans le conflit qui oppose le Hamas et le Jihad islamique palestinien à Israël, depuis l'attaque lancée par les factions paramilitaires palestiniennes depuis Gaza le 7 octobre 2023. Dans ce contexte, les deux gouvernements coréens ont réagi très différemment : alors que la République de Corée (Corée du Sud) condamne le terrorisme du Hamas, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) est traditionnellement solidaire de la lutte de libération nationale des Palestiniens.
Recevant une délégation bipartisane du Sénat américain le 11 octobre 2023, le président sud-coréen Yoon Seok-yeol a pour la première fois condamné publiquement le Hamas, tout en appelant à l'apaisement des tensions. Selon un communiqué de presse du bureau présidentiel :
Le président et la délégation du Sénat ont condamné l'attaque aveugle du Hamas contre Israël et sont convenus que la Corée du Sud et les Etats-Unis joueront un rôle constructif pour faire en sorte que les tensions régionales s'apaisent et que la stabilité soit atteinte en mettant rapidement fin à la situation actuelle.
Les autorités sud-coréennes avaient jusqu'à présent mis principalement l'accent sur la sécurité des Coréens en Israël. Selon les premiers bilans, aucun Sud-Coréen ne figure parmi les victimes.
Alors qu'une réaction officielle des autorités nord-coréennes restait attendue, dans un court article de compte rendu citant des médias étrangers le Rodong Sinmun, quotidien du Parti du travail de Corée, a blâmé Israël comme responsable, selon lui, de la dégradation de la situation, et réitéré le soutien de la RPD de Corée à la création d'un Etat palestinien indépendant :
La communauté internationale affirme que cet affrontement est le résultat des actes criminels constants d'Israël à l'encontre du peuple palestinien et que la solution fondamentale consiste à construire un État palestinien indépendant.
Les médias d'État nord-coréens ont accusé mardi Israël d'être à l'origine de l'effusion de sang à Gaza, s'intéressant pour la première fois aux affrontements militaires entre Israël et l...
Le 24 juillet 2023, l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé qu'une délégation du parti et du gouvernement chinois se rendrait en RPD de Corée à l'occasion de la commémoration du 70e anniversaire de l'armistice de la guerre de Corée. Cette annonce a surtout retenu l'attention dans la mesure où il s'agit de la première visite d'une délégation étrangère dans le pays depuis que la RPD de Corée a fermé ses frontières, en janvier 2020, pour endiguer la propagation de l'épidémie de Covid-19.
Li Hongzhong, qui conduira la délégation du PCC et du gouvernement chinois
Si la Corée du Nord n'a officiellement enregistré son premier cas de Covid-19 qu'en mai 2022, la vulnérabilité de la population face aux épidémies avait justifié une fermeture des frontières dès le déclenchement de la pandémie, en janvier 2020. Les restrictions aux échanges - humains et de marchandises - auraient, selon la Banque de Corée (du Sud), entraîné une contraction du PIB nord-coréen de 4,5 % à 4,6 % pendant l'année 2020-2021. La victoire revendiquée dès 2022 par les autorités nord-coréennes dans la lutte contre l'épidémie, ainsi que la nécessité de restaurer les échanges, avaient conduit nombre d'observateurs - y compris les agences de voyage avec laquelle l'AAFC est en contact - à envisager une réouverture des frontières dès la fin de l'année 2022. Si celle-ci n'est toujours pas fixée avec précision, la visite prochaine d'une délégation officielle chinoise semble indiquer une annonce prochaine en ce sens.
Alors que les volontaires chinois ont joué un rôle décisif, aux côtés des Nord-Coréens, dans les combats de la guerre de Corée, le fait que la première délégation officielle étrangère à revenir en RPD de Corée soit chinoise constitue un symbole de l'étroitesse des liens tissés entre les deux pays dans tous les domaines. Selon KCNA, la délégation serait menée par Li Hongzhong, membre du Bureau politique du Parti communiste chinois (PCC), qui représentera tant son parti que le gouvernement chinois - les fonctions étatiques et partisanes étant étroitement imbriquées, aussi bien en Chine qu'en Corée du Nord.
Ancienne présidente de la République d'Indonésie de 2001 à 2004, Megawati Soekarnoputri, qui est aussi la fille de l'ancien président Soekarno, est toujours l'une des figures les plus écoutées de la scène politique indonésienne. En déclarant le 13 juin 2023 que la Corée du Nord pouvait constituer un exemple pour son pays afin de développer un programme nucléaire, elle a ouvert un débat dans un pays qui a choisi, à ce jour, de ne pas développer de programme nucléaire civil ni a fortiori militaire.
Megawati Soekarnoputri à la cérémonie d'investiture du président sud-coréen Yoon Seok-yeol, en 2022
Selon les propos de l'ancienne présidente indonésienne rapportés par The Djakarta Post, l'Agence nationale pour la recherche et l'innovation devrait commencer à construire un réacteur nucléaire - mais sans préciser s'il s'agit de nucléaire civil ou militaire. En 2014, le gouvernement indonésien a considéré que disposer de centrales nucléaires constituait "la dernière option" en matière d'énergie, l'accent étant mis sur le charbon, le gaz naturel et les énergies renouvelables.
Citant toujours la Corée du Nord, Megawati Soekarnoputri a relevé que les contraintes financières ne devaient pas constituer un obstacle à un programme nucléaire, et qu'il s'agissait - estimait-elle - d'une question de ressources humaines. Ce faisant, elle rejoint implicitement les analyses quant au manque d'efficacité des sanctions internationales pour dissuader Pyongyang de poursuivre son programme militaire nucléaire. L'ancienne chef de l'Etat considère que l'Indonésie devrait ainsi être en mesure de rattraper d'autres pays plus avancés en matière de technologie nucléaire.
En levant ainsi un tabou sur la question nucléaire, tout en restant évasive sur les finalités, civiles ou militaires, Megawati Soekarnoputri s'inscrit dans un débat qui dépasse l'Indonésie. Pour sa part, la Corée du Sud - qui manque d'énergies fossiles - a largement fait le choix du nucléaire civil en matière d'énergie - et une majorité de Sud-Coréens sont par ailleurs désormais favorables à ce que leur pays se dote de l'arme nucléaire, pour ne plus dépendre du parapluie américain. En ce qui la concerne, la Corée du Nord considère également le nucléaire civil comme une option pour faire face aux pénuries d'énergie.
Megawati touts North Korea as model for nuclear program Asia News Network (ANN) is the leading regional alliance of news titles striving to bring the region closer, through an active sharing of ...