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8 novembre 2023 3 08 /11 /novembre /2023 15:35

Originaire de Dangjin, la Sud-Coréenne Naraé Kim a été distinguée comme pâtissière de l'année 2024 par le guide Gault & Millau. La prestigieuse récompense, remise au pavillon d'Armenonville à Paris le 6 novembre 2023, est une consécration pour la cheffe pâtissière du Park-Hyatt Paris Vendôme. 

Naraé Kim

Naraé Kim

Amoureuse de la France, c'est toutefois en Corée que Naraé Kim a fait ses classes, en pâtisserie et en nutrition, avant de travailler pour le groupe Hyatt à Guam, à Séoul et au Vietnam. Après avoir exercé au Cheval Blanc à Courchevel au sein du groupe Yannick Alléno, elle rejoint à nouveau Hyatt et l'établissement Paris-Vendôme, en officiant aux côtés du chef Jean-François Rouquette qu'elle a remercié lors de la remise de sa récompense. 

Avant d'être distinguée par le célèbre guide jaune, Naraé Kim avait multiplié les réussites aux concours, étant deux fois médaillée d'or (2015 et 2016) au World Global Pastry Chef Challenge WACS.  

Dans le portrait dressé d'elle pour le Salon du Chocolat, il était souligné sa recherche d'une subtilité dans les goûts, les arômes et les sensations : 

Inspirée par la nature et les saisons, dans la recherche de l’essence, de l’histoire et d’un certain réalisme, la pâtisserie de Narae Kim promeut une mise en lumière technique et gourmande des produits bruts et sains. Avec originalité, une véritable subtilité dans les goûts, et beaucoup de rondeur, la pâtissière s’attache à sublimer les sensations du nez et du palais car les arômes sont fondamentaux dans la construction de ses desserts.

Soignant toujours le visuel avec douceur, pour un style aussi féminin que délicat, celle qui admire les arts et les artisans d’art articule son travail autour de la minéralité et du respect des corps, faisant ainsi briller haut l’étendard de la pâtisserie moderne.

Sources : 

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4 août 2023 5 04 /08 /août /2023 19:07

Dans une dépêche en date du 2 août 2023, l'agence nord-coréenne KCNA cite le chercheur Ryu Kyong-chol pour dénoncer un exercice militaire aérien conjoint mené de manière inédite entre la France et la République de Corée (RdC, Corée du Sud), du 24 au 26 juillet 2023, depuis la base de Gimhae à Busan, à des dates qui coïncidaient avec le 70e anniversaire de l'armistice de la guerre de Corée. Il est rare que les autorités nord-coréennes critiquent Paris, alors que la France et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) n'ont toujours pas établi de relations diplomatiques complètes - malgré l'ouverture, en 2011, d'un bureau français de coopération à Pyongyang. 

Avions Rafale français en Corée du Sud (source : ministère des Armées)

Avions Rafale français en Corée du Sud (source : ministère des Armées)

Les manoeuvres aériennes conjointes - impliquant, côté français, des appareils Rafale, A330 et A400M - se sont inscrites dans le cadre de la mission militaire française Pégase 2023. Outre des exercices de ravitaillement en vol, elles ont comporté un défilé aérien. Le choix de dates commémorant l'accord d'armistice a ainsi rappelé la participation du bataillon Monclar aux combats de la guerre de Corée, sous le drapeau de l'ONU. Quelque 300 Français sont morts au combat ou portés disparus. Le rôle joué par la France est souligné par les autorités sud-coréennes dans le cadre des échanges bilatéraux pour saluer l'engagement militaire et stratégique de longue date de la France aux côtés de la RdC. Dans les tensions autour de la péninsule coréenne, la France soutient la position américaine.

Ces exercices - inédits - s'inscrivent dans le cadre d'une coopération militaire bilatérale comportant un accord signé en 1990, un dialogue stratégique depuis 1996 et des réunions d'état-major annuelles depuis 2001. Par ailleurs, des navires militaires français font régulièrement escale dans les ports sud-coréens - à l'instar de la frégate de surveillance Prairial, à Busan, en avril 2023. 

Dans ce contexte, l'agence KCNA a dénoncé les manoeuvres militaires comme un "acte irresponsable", et "une provocation militaire ouverte qui menace la sécurité et les intérêts de la RPDC, en soutien à la politique hostile des Etats-Unis". Toujours selon le chercheur Ryu Kyong-chol cité par KCNA : 

La France ferait mieux de cesser de gaspiller son énergie dans la région Asie-Pacifique avec une puissance insuffisante et de redresser sa situation intérieure marquée par des troubles graves alimentés aux tensions sociales.

La coopération militaire franco-sud-coréenne s'inscrit également dans un rapprochement militaire entre la République de Corée et l'OTAN.

Pour l'Association d'amitié franco-coréenne la priorité doit être à la désescalade, à la paix et au désarmement. Les manoeuvres militaires aériennes conjointes entre la France et la RdC envoient à cet égard un mauvais signal.

Sources : 

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6 juillet 2023 4 06 /07 /juillet /2023 20:43

La Chine et la Corée ont pratiqué la xylographie dès le VIIIe siècle. Le plus ancien ouvrage imprimé avec des caractères mobiles métalliques conservé à ce jour est coréen : le Jikji (abréviation de Baegun hwasang chorok bulgo jikji simchi yojeol, en français : Traits édifiants des patriarches rassemblés par le bonze Baegun), imprimé en 1377 à Cheongju, est conservé dans le département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France (BnF). Avec d'autres pièces majeures de l'histoire de l'imprimerie, il est présenté dans le cadre de l'exposition de la BnF "Imprimer ! L'Europe de Gutenberg" (du 12 avril au 16 juillet 2023) - alors que la BnF et l'Administration pour le patrimoine culturel de la République de Corée (Corée du Sud) ont signé, le 11 avril 2023, une convention triennale pour renforcer la coopération scientifique autour des fonds coréens de la BnF.  

Le Jikji, le plus ancien livre imprimé au monde, présenté lors de l'exposition de la BnF "Imprimer ! L'Europe de Gutenberg"

Rédigé par le moine Pak Un et ses disciples, le Jikji se compose de deux rouleaux et correspond à une collection d'enseignements de Bouddha et de patriarches, relevant de l'école coréenne bouddhiste seon. Le premier ordre bouddhiste de Corée, l'ordre Jogye, le considère comme un texte majeur, permettant d'accéder aux enseignements fondamentaux du zen. Seul nous est parvenu le second volume de l'édition de 1377 (78 ans avant la Bible de Gutenberg).  Le colophon nous renseigne sur le contexte de sa publication à l'aide de caractères mobiles fondus, en juillet, par le monastère de Hungdok, avec le soutien de la religieuse Myodok. 

Acquis par le consul de France à Séoul (et à ce titre premier représentant diplomatique de la France en Corée) Victor Collin de Plancy, le Jikji a été vendu en 1911 au joaillier, écrivain et collectionneur d'art Henri Vever, qui l'a ensuite légué à la Bibliothèque nationale de France en 1950., permettant l'entrée de l'ouvrage dans les collections de la BnF en 1952 (cote Coréen 109, Grande Réserve). 

Avant l'exposition de 2023, il n'a été montré au public qu'en de rares occasions - notamment lors de l'Exposition universelle de 1900 à Paris, dans le pavillon coréen, avec d'autres pièces de la collection Victor Collin de Plancy, puis en 1972 lors de la première édition de l'Année internationale du livre, sa valeur historique ayant alors été mise en valeur par le Docteur Mme Park Byeong-seon. 

Autour de l'exposition, la BnF a organisé le 18 avril 2023 une projection du film Jikji, un voyage dans le temps de l'écrit, de Jérôme Cecil-Auffret, suivie d'une discussion avec le réalisateur, des spécialistes des manuscrits orientaux et un moine bouddhiste.

Sources : 

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29 avril 2023 6 29 /04 /avril /2023 20:39

Le 29 avril 2023, pour son défilé Femme Pre-Fall 2023 Louis Vuitton a choisi Séoul, sur le prestigieux pont à double étage Jamsu qui enjambe le fleuve Han. La mise en scène a été confiée à Hwang Dong-hyeok, créateur de la série Squid Game. La participation par ailleurs de vedettes de la K-Pop s'inscrit dans une démarche de renforcement de la présence de la marque au Pays du matin calme. La pop culture y est volontiers liée aux secteurs de la mode et du luxe, auxquels est fortement associée l'image de la France. 

Défilé de Louis Vuitton à Séoul, avec le réalisateur de Squid Game

Le pont Jamsu - qui présente la particularité d'être submersible - est l'un des lieux favoris de la vie nocturne séoulite, quand les jets d'eau y dessinent une voûte formant un arc-en-ciel. C'est ce cadre grandiose qu'a choisi Louis Vuitton pour présenter sa collection femme mi-saison, sur le pont inférieur, où 46 mannequins dans le vent - à tous les sens du terme - ont défilé sur un podium de plus de 700 mètres. L'initiative en revient à Hwang Dong-hyeok, qui a aussi choisi les éclairages et un habillage sonore éclatant, combinant pop, rock, musique coréenne traditionnelle, poèmes de Léo Ferré et Guillaume Apollinaire, l'auteur des Alcools célébrant les amours parisiennes sous le pont Mirabeau. Un des thèmes dominant de l'événement a été tant le mariage des cultures que de la tradition et de la modernité.

Nicolas Ghesquière, directeur artistique des collections femme de Louis Vuitton, explique les choix esthétiques et techniques opérés, reprenant par ailleurs des thèmes classiques (damier noir et blanc, silhouette en trapèze...) devenus autant de marqueurs de l'identité de la maison de luxe française :

On challenge des techniques, on transforme les matières, c’est l’un de mes exercices préférés. Il y a beaucoup de mailles transmutées, des vinyles craquelés, des laines crêpées, des effets tweed, des twill stretch, des fausses fourrures ou des broderies qui deviennent des imprimés de fleurs.

Hommage à Squid Game oblige, Hoyeon Jung a ouvert le défilé - avant les apparitions à la fois des stars de la K-Pop (Taeyeon, Hyein, Felix, Mingyu...) et de Jaden Smith, Alicia Vikander, Chloë Grace Moretz ou encore Lous and The Yakuza. 

Louis Vuitton, ayant ouvert une importante unité au coeur de Séoul en 2019, et dont un restaurant pop up dans la métropole coréenne a vu officier Pierre Sang Boyer et Alain Passard, entend encore renforcer sa présence dans une République de Corée devenue l'une des places les plus dynamiques au monde du secteur de la mode - les ventes de Louis Vuitton en Corée du Sud ayant augmenté de 15,2 % en 2022. Pour inscrire cette réussite dans la durée, la marque française a décidé de multiplier les partenariats, tant avec la municipalité de Séoul que l'office du tourisme sud-coréen, tout en s'engageant à protéger la biodiversité. 

Sources : 

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25 mars 2023 6 25 /03 /mars /2023 22:56

Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1961, dirigeant incontesté de la République de Corée jusqu'à son assassinat en 1979, le Président Park Chung-hee a mis en place un régime très autoritaire où les droits sociaux étaient largement méconnus, tout en ayant engagé la Corée du Sud sur la voie d'un développement économique et d'une modernisation conduits sous la houlette de l'Etat. Ces options peuvent avoir en partie pour origine l'admiration de Park Chung-hee pour la France et plus particulièrement pour Napoléon - même s'il n'aura finalement jamais visité la patrie de Robespierre et du général de Gaulle, qu'il tenait également en haute estime. 

Le rêve français et napoléonien de Park Chung-heeLe rêve français et napoléonien de Park Chung-hee

Dans ses mémoires, le général Park Chung-hee souligne que l'empereur Napoléon est devenu son modèle quand, encore enfant, il a lu sa biographie : 

En sixième, j'ai lu une biographie de Napoléon, il est devenu mon idole.

Après s'être passionné pour l'histoire de France contre l'avis de ses professeurs, le jeune Park Chung-hee poursuivit son désir de suivre l'exemple du général Napoléon Bonaparte en embrassant la carrière des armes. Il aurait aussi voulu rencontrer le général de Gaulle - mais en réalité le Président Park Chung-hee ne devait jamais visiter la France. Son déplacement en Europe, en décembre 1964, aurait dû le conduire en France et en Allemagne - mais le programme de visite fut finalement limité à l'Allemagne, pour des raisons essentiellement financières. Un second projet de déplacement en France, en 1971, ne se concrétisa pas davantage - les autorités françaises ne souhaitant pas qu'il interfère avec l'élection présidentielle sud-coréenne prévue un mois plus tard, alors que son principal adversaire, le démocrate Kim Dae-jung, devait aussi visiter la France. Le tropisme français de Park Chung-hee contribua par ailleurs à ce que sa fille étudie en France la langue de Molière, en 1974 - ce séjour étant toutefois écourté par l'assassinat de sa mère, conduisant Park Geun-hye à revenir en Corée pour exercer les fonctions de première dame. Ce sera finalement Park Geen-hye, devenue à son tour présidente (2013-2017), qu'il appartiendra de réaliser le voyage en France dont avait rêvé son père en tant que chef d'Etat.

Si l'intérêt pour Napoléon et la France du général Park Chung-hee apparaît bel et bien sincère, il semble surtout trouver son expression dans le rôle dévolu à l'Etat en Corée du Sud sous la présidence Park pour la construction d'une société nouvelle, y compris par l'interventionnisme économique - ainsi que par le rôle majeur dévolu au dirigeant, dont le pouvoir a été, en France après 1799 comme en République de Corée après 1961, issu d'un coup d'Etat militaire, puis légitimé par des processus qui, à défaut d'être démocratiques, étaient basés sur un processus électoral. 

Sources : 

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5 février 2023 7 05 /02 /février /2023 15:24

Le 28 janvier 2023, Jacques Bloch nous a quittés à l'âge de 98 ans. Un vibrant hommage national à été rendu à l'ancien résistant et déporté, qui était un patriote ardent et un défenseur inlassable des valeurs républicaines et démocratiques. L'Association d'amitié franco-coréenne salue aussi la mémoire d'un artisan des relations entre la France et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Nous présentons nos plus sincères condoléances à sa famille et ses proches. 

Jacques Bloch, sur le site des Résistances

Jacques Bloch, sur le site des Résistances

Né le 7 juillet 1924 à Paris, Jacques Bloch avait découvert très jeune la violence des discriminations et des atteintes aux droits élémentaires de la personne humaine peu après le déclenchement de la Seconde guerre mondiale en Europe - son père, enseignant, étant révoqué de la fonction publique dès juillet 1941 car juif. La famille Bloch s'était ensuite réfugiée en Touraine puis dans la Creuse pour échapper aux arrestations. En Limousin, c'est un cousin de Jacques qui les accueille : l'historien Marc Bloch. Jacques Bloch rejoint le maquis - sous le pseudonyme de Jacques Binet - et prend part aux combats de la libération de Guéret en juin 1944. Grièvement blessé, il est amputé d'un bras à l'hôpital où, dénoncé par un milicien, il est livré à la Gestapo, torturé puis déporté à Buchenwald où il portait le matricule 85235 - et était classé parmi les prisonniers politiques. Il dira que ceux qui perdaient espoir mouraient les premiers, en quelques jours. Exemple de courage et d'intégrité, il écrit de la poésie et se lie d'amitié avec l'écrivain Jacques Lusseyran. Il s'évade avec un camarade en avril 1945, lors de l'évacuation du camp par les nazis à l'approche des troupes alliées.

Après la guerre, il doit renoncer à des études de médecine pour privilégier le droit et devenir administrateur des services du Sénat. Il terminera sa carrière comme directeur du service des commissions. Il a aussi été l'un des grands témoins de la torture et de la déportation, expressions de la barbarie nazie.

C'est en qualité de fonctionnaire parlementaire qu'il jouera un rôle discret mais efficace dans les premières relations diplomatiques qui se mettent en place entre la France et la RPD de Corée. Après l'ouverture du bureau commercial de la RPD de Corée en France en 1972, ces initiatives font suite à la création à la Chambre haute du groupe interparlementaire d'études et de contact France - RPDC, à l'initiative du sénateur André Aubry (plus tard président de l'AAFC, et toujours président d'honneur de l'AAFC) qui a écrit à Alain Poher, alors Président du Sénat, pour solliciter la création d'un tel groupe. Le groupe du Sénat joue un rôle d'incubateur de futures relations diplomatiques qui seraient plus complètes, des délégations des sénateurs (formées notamment de Philippe Machefer et Bernard Hugo, plus tard vice-président de l'AAFC) se rendant à de nombreuses reprises en Corée du Nord dans les années 1970 et 1980, et vice versa des délégations nord-coréennes visitant alors la France à l'invitation du Sénat. Ces échanges étaient effectués en étroite coordination avec le gouvernement français qui, pour sa part, limitait les contacts directs avec les autorités nord-coréennes. Jacques Bloch était la cheville ouvrière des échanges menés sous l'égide du Sénat en sa qualité de secrétaire exécutif du groupe interparlementaire France-Corée du Nord de la Haute Assemblée. Ancien résistant et déporté, il était d'autant mieux placé pour comprendre un régime dont la légitimité se fonde sur la résistance antijaponaise.

Les membres les plus anciens de l'AAFC ont gardé un souvenir ému de Jacques Bloch, modèle de modestie et d'attachement aux valeurs républicaines, qui ne mettait pas en avant ses faits de résistance. Plus que d'autres, Jacques Bloch savait que le vrai humanisme consiste à tendre la main à l'autre, et que du dialogue fécond entre hommes et femmes de bonne volonté, par delà les différences culturelles, pourra advenir un monde de paix, de liberté et de fraternité. Puisse son exemple vivant continuer à nous inspirer.

Sources : 

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3 février 2023 5 03 /02 /février /2023 18:50

Elle avait été l'une des actrices vedettes du cinéma sud-coréen des années 1960 et 1970, et sa carrière s'était poursuivie sans interruption jusqu'en 1982. Elle avait ensuite tourné dans cinq long métrages, et pour la dernière fois dans Poetry de Lee Chang-dong en 2010.  Née le 30 juillet 1944 à Pusan, puis ayant grandi à Gwangju, Son Mi-ja avait accédé à la célébrité sous son nom de scène, Yun Jung-hee. Elle s'est éteinte le 19 janvier 2023 à Paris, alors qu'elle s'était établie en France avec son mari, le pianiste Paik Kun-woo, depuis le milieu des années 1990. Elle laisse derrière elle deux filles, dont la violoniste Paik Jin-hee. L'Association d'amitié franco-coréenne présente ses condoléances et à la famille et aux proches de cette artiste exceptionnelle. 

Un dernier hommage à Yun Jung-hee

Elles étaient trois - trois actrices concurrentes qui avaient crevé l'écran de l'encore jeune cinéma sud-coréen, qui à cette date n'avait pas conquis la planète : la "troïka" de stars était formée de Yun Jung-hee, Moon Hee (née en 1947, en activité depuis 1965) et Nam Jeong-im (1945-1992, en activité de 1966 à 1978). 

Ayant tourné dans quelque 300 films, notamment comme partenaire de Shin Seong-il, Yun Jung-hee avait débuté sa carrière en 1967 dans Un épéiste au crépuscule, et la même année elle avait été récompensée comme nouvelle actrice aux Grand Bell Awards et comme meilleure actrice aux Blue Dragon Film Awards. Elle conservera ces titres de longues années durant. L'Association coréenne des artistes de cinéma lui avait remis en 1992 le prix de meilleure actrice en activité, et en 2018 un prix pour l'ensemble son oeuvre. Pour son rôle de Yang Mi-ja dans Poetry, elle avait reçu pas moins de six prix nationaux et internationaux, dont le prix de l'Association des critiques de cinéma de Los Angeles et celui de la meilleure performance pour une actrice de l'Asia Pacific Screen Awards

Elle souffrait depuis dix ans de la maladie d'Alzheimer, à l'instar de l'héroïne qu'elle incarnait dans Poetry.

Lee Chang-dong, réalisateur de Poetry et ancien ministre de la Culture de la République de Corée, était présent à la cérémonie catholique qui lui a rendu hommage. Ses cendres reposent désormais dans le columbarium du cimetière de Vincennes.

Un dernier hommage à Yun Jung-hee
Yun Jung-hee en 2010, dans Poetry

Yun Jung-hee en 2010, dans Poetry

Principales sources : 

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20 décembre 2022 2 20 /12 /décembre /2022 19:54

« Attention, des pickpockets sévissent actuellement dans notre station. Pour votre sécurité, surveillez bien vos effets personnels » : ce message familier aux usagers du métro parisien peut désormais être entendu sur la ligne 1... en coréen. Le fruit d'une initiative entre la Régie autonome des transports parisiens (RATP) et l'ambassade de la République de Corée (Corée du Sud) en France, alors qu'augmente le nombre de touristes coréens en France.

Rame à la station Nation, sur la ligne 1

Rame à la station Nation, sur la ligne 1

Loi Toubon de 1994 oblige, les annonces officielles dans le métro parisien doivent être faites en français. Mais d'autres langues sont également utilisées - dans la limite de quatre langues et à condition que les contenus soient suffisamment courts : si initialement l'anglais et l'espagnol étaient le plus souvent entendus, des messages ont également été entendus en italien et en allemand. Tous prononcés par des confrères des agents de la RATP natifs des langues ainsi représentées.

Puis les langues se sont diversifiées : le chinois et le japonais ont aussi été employés, notamment sur les lignes les plus utilisées par les touristes - comme la ligne 1, qui dessert le Louvre et les Champs-Elysées, et passe à proximité de la Tour Eiffel. 


C'est dans ce contexte qu'il a été décidé de diffuser également des messages en coréen, enregistrés grâce à la participation de Coréens vivant en France - un homme et une femme, et qu'on peut entendre pendant la saison touristique - en hiver et en été.

Sources : 

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4 décembre 2022 7 04 /12 /décembre /2022 17:22

Dans son ouvrage La France rouge (1871-1989) ; un siècle d'histoire dans les archives du PCF, l'historien Bruno Fuligni reproduit l'entretien qu'a eu à Pyongyang, le 19 mars 1975, Jean Kanapa, responsable de la section de politique extérieure du Parti communiste français (PCF), avec Kim Il-sung. Par ailleurs un des membres fondateurs de l'Association d'amitié franco-coréenne en 1969, Jean Kanapa visitait la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en tant que représentant de Georges Marchais qui, malade, n'avait pas pu honorer personnellement l'invitation des autorités nord-coréennes. Alors que Kim Il-sung a défendu l'indépendance d'action de chaque parti communiste ou ouvrier au sein du mouvement communiste international - ce qui pouvait faire écho à l'eurocommunisme, dont Jean Kanapa était l'un des artisans - la fin de l'entretien comporte, de manière intéressante, une référence à une possible visite en France et en Europe du président nord-coréen. S'il devait être présent aux funérailles de Tito en 1980 à Belgrade, il ne devait finalement jamais voyager en Europe occidentale.

Jean Kanapa

Jean Kanapa

En fin d'entretien, le fondateur de la RPD de Corée évoque que, s'il se rendait en France, il pourrait y rencontrer Georges Marchais, en l'absence notamment de relations diplomatiques officielles avec la France : 

Comme nous n'avons pas de relations diplomatiques avec la France, peut-être, si je vais en Europe, je pourrai rencontrer Georges Marchais là-bas.

Si ces propos peuvent laisser sous-entendre une rencontre une Europe avec Georges Marchais ailleurs qu'en France, la suite de l'entretien est toutefois assez claire quant à l'hypothèse d'une visite qui aurait bien lieu en France - en précisant que ce n'était pas alors qu'une hypothèse, qui nécessiterait les moyens de rechercher comment une telle visite serait possible. Kim Il-sung déclare en effet :

Notre comité politique n'en a pas encore décidé. Nous chercherons les moyens d'une telle possibilité.

Le choix de la France n'est alors pas anodin. Après l'ouverture effective d'un bureau commercial nord-coréen en France en 1972, un canal d'échanges officiel existait. Les années 1972-1973 avaient été marquées par une certaine intensification des échanges économiques, et la France pouvait apparaître comme un partenaire privilégié de Pyongyang en Europe occidentale. Faute que les archives du ministère des Affaires étrangères soient ouvertes sur le sujet, il est cependant difficile d'apprécier si les Nord-Coréens avaient effectivement entrepris des démarches auprès de la diplomatie française et comment elles ont pu être accueillies. L'ancien ambassadeur français en Chine Etienne Manac'h n'y fait pas non plus référence dans ses Mémoires d'extrême Asie, qui constituent une source de première main sur les relations franco - nord-coréennes au début des années 1970 - mais Etienne Manac'h a quitté son poste à Pékin en 1975, l'année de la visite à Pyongyang à Jean Kanapa.

Source :  Bruno Fuligni, La France rouge (1871-1989) ; un siècle d'histoire dans les archives du PCF, Les Arènes, 2011, citations p. 314 (l'entretien de Jean Kanapa et Kim Il-sung est reproduit pp. 280-385). Référence : AD 93, cote 264 J 20. 

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1 juillet 2022 5 01 /07 /juillet /2022 22:37
"Faire du terrain en Corée du Nord" ? La réponse d'universitaires et de chercheurs

En 2021, l' "Atelier des Cahiers" a édité un essai intitulé "Faire du terrain en Corée du Nord", publié sous la direction de Valérie Gelézeau et Benjamin Joineau. Cet ouvrage relate et analyse le déplacement en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), en octobre 2013, de sept chercheurs : outre les deux auteurs précités, Yannick Bruneton, Evelyne Chérel-Riquier, Koen De Ceuster, Alain Delissen et Françoise Ged. A la suite de ce déplacement, la géographe et urbaniste Valérie Gelézeau, spécialiste de la Corée, et l'architecte Françoise Ged ont pu initier une coopération franco-(nord-)coréenne dans leurs domaines de spécialité, accueillant ensuite à plusieurs reprises des confrères nord-coréens en France. L'Association d'amitié franco-coréenne revient sur la manière dont les auteurs ont rendu compte de leur échange, à la lumière de cette question : comment faire un travail de recherche de terrain, réputé impossible, en Corée du Nord ?

Lorsqu'en avril 2012 une délégation de l'AAFC en visite en Corée du Nord rencontrait des architectes nord-coréens formés en France qui lui avaient fait part de leur intérêt d'engager des coopérations avec des universitaires français, elle ne se doutait pas que plusieurs de ses interlocuteurs de l'EHESS, spécialistes de la Corée, souhaitaient alors eux aussi mettre en place un programme d'échanges avec la RPDC. Cette question d'un échange universitaire devait à nouveau être abordée lors d'un nouveau voyage de l'AAFC au nord de la péninsule, en juillet-août 2013, au cours duquel nous avons à nouveau remis de la documentation dans le domaine de l'architecture. Dans ce contexte, nous nous sommes félicités de la concrétisation du programme universitaire et pluridisciplinaire, engagé en octobre 2013 sous l'impulsion notamment de Valérie Gelézeau, et à la préparation duquel nous avions modestement contribué. L'ouvrage paru aux éditions de l'Atelier des Cahiers rend compte de ces échanges, huit ans après leur mise en place, et auxquels un coup d'arrêt (espérons-le temporaire) a été donné par la fermeture des frontières nord-coréennes depuis le début de l'année 2020, dans le contexte de lutte contre la pandémie liée au Covid-19.

Il y a plusieurs niveaux de lecture de ce qui constitue fondamentalement un essai sur la notion de travail de terrain dans le domaine de la recherche universitaire. Tout d'abord, nous pouvons lire les résultats concrets de ces échanges à partir d'une lecture de l'urbanisme de Pyongyang, en particulier dans le compte rendu de mission qu'a effectué Françoise Ged. Nous pouvons aussi découvrir une expérience de ce qu'on peut qualifier de choc interculturel, même pour des universitaires spécialistes de la Corée (mais plutôt du Sud). Enfin - et c'est sans doute le plus intéressant - les auteurs (et plus particulièrement Valérie Gelézeau, dans le chapitre consacré au "making off" du terrain) posent des questions essentielles sur la difficulté de mener des travaux de recherche au regard des contraintes imposées à tout voyageur en Corée du Nord : en particulier, c'est l'organisme d'accueil qui détermine, certes en lien avec les visiteurs, le programme de visite, dans une volonté de contrôle totale et constante - laquelle s'inscrit en filiation avec les modalités des déplacements qui pouvaient naguère être effectués en Union soviétique et dans la Chine avant 1979. De ce point de vue, la Corée du Nord ne constitue pas une exception de lieu et de temps, mais ces spécificités posent d'évidentes questions éthiques pour le visiteur que les auteurs traitent tant avec la distance scientifique qui s'impose qu'en maniant un humour qui rend leur ouvrage attrayant pour le néophyte soucieux de découvrir la Corée du Nord (et procède à une utile démystification). Et au final, nous faisons nôtres leurs conclusions selon lesquelles c'est en favorisant les interactions que l'on contribue le plus utilement à la compréhension de l'autre, en évitant les jugements de valeur et les a priori : "cela fait plus de quarante ans que les sciences humaines et sociales ont abandonné l'illusion de cette entreprise totalitaire qu'est le terrain ; il est temps de lâcher prise et d'abandonner aussi pour la Corée du Nord cette illusion. C'est la première condition qui permettra de tirer les études nord-coréennes d'une préhistoire méthodologique prisonnière non seulement des limites d'un "contexte fermé", mais d'une conception orientalisante et moralisante de tout ce qui touche à la Corée du Nord." (p. 139)

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