Dans le cadre de la visite du président de la République de Corée (Corée du Sud) Yoon Seok-yeol aux Etats-Unis, le président sud-coréen et son homologue américain Joe Biden ont signé le 26 avril 2023 une déclaration, la déclaration de Washington, qui renforce l'alliance entre les deux pays - notamment dans le domaine nucléaire. Si les deux chefs d'Etat entendent ainsi répondre aux menaces nord-coréennes, c'est de fait à une escalade des tensions que tend la déclaration de Washington, sans d'ailleurs satisfaire les préoccupations sécuritaires d'une majorité de Sud-Coréens favorables à ce que leur pays se dote de l'arme nucléaire.
Le point le plus saillant de la déclaration bilatérale américano-sud-coréenne est que "des sous-marins américains à armement nucléaire accosteront pour la première fois en Corée du Sud depuis plus de quarante ans", comme l'a indiqué CNBC. Ainsi placée sous le "parapluie nucléaire" américain, la République de Corée doit continuer à s'abstenir de développer un programme nucléaire militaire autonome, en réaffirmant son engagement en ce sens au sein du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) - alors que le refus de voir d'autres Etats que ceux possessionnés se doter de l'arme nucléaire constitue l'une des constantes de la diplomatie américaine, d'autant plus qu'une telle évolution justifierait a contrario le programme nucléaire militaire nord-coréen.
Un sondage indique pourtant que 64 % des Sud-Coréens sont favorables à ce que la République de Corée se dote de l'arme nucléaire, ce qui témoigne d'une volonté de disposer de moyens de dissuasion nucléaire autonomes de ceux des Etats-Unis.
La déclaration de Washington envisage également de renforcer l'entraînement commun des troupes sud-coréennes et américaines - mais c'est déjà à ce quoi tendent des exercices militaires conjoints de plus en plus fréquents et de plus en plus longs. Enfin, un groupe de consultation nucléaire doit être constitué entre Washington et Séoul pour élaborer une planification stratégique nucléaire dans l'hypothèse d'une attaque nord-coréenne.
La Chine a vivement réagi à ces annonces, en exhortant à ne pas "provoquer une confrontation" avec la République populaire démocratique de Corée. Selon la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères,
Toutes les parties doivent faire face au nœud du problème de la péninsule [coréenne] et jouer un rôle constructif dans la promotion d'un règlement pacifique de la question. [Il ne faut pas] attiser délibérément les tensions, provoquer la confrontation et brandir des menaces.
Ces déclarations resituent, une nouvelle fois, la montée des tensions en Asie du Nord-Est dans le cadre d'une confrontation plus globale entre les Etats-Unis et leurs alliés, d'une part, la Chine et ses alliés, d'autre part.
Sources :
U.S. to send nuclear submarines to dock in South Korea for first time since 1980s
Presidents Joe Biden and Yoon Suk Yeol on Wednesday are signing an agreement that includes plans to have U.S. nuclear-armed submarines dock in South Korea for the first time in more than 40 years, a
Dissuasion. Entre les États-Unis et la Corée du Sud, un accord de défense nucléaire
Au moment de commenter l'accord conclu avec les États-Unis, le président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, s'est fendu de cette déclaration, rapportée par la CNBC : "Une paix durable dans la péninsu...
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