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Assemblée générale de l'AAFC du samedi 31 mars 2018

Rapport d'activité

présenté par Patrick Kuentzmann

secrétaire général de l'Association d'amitié franco-coréenne

 

L'année 2017 a vu des bouleversements politiques et stratégiques majeurs, en Corée et en dehors de la Corée, impactant directement la situation de la péninsule coréenne.

Dans un contexte de montée des tensions, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a entendu renforcer sa force de dissuasion en procédant à des tests ballisitiques (12 février, 4 juillet, 28 juillet et 29 novembre) et à l'essai d'une bombe thermonucléaire (3 septembre). Ces efforts de la RPDC pour sa défense ont suscité l'adoption de nouvelles sanctions contre elle par le Conseil de sécurité des Nations unies : résolutions 2356 (2 juin), 2371 (5 août), 2375 (11 septembre), 2397 (22 décembre), lesquelles visent à un étranglement économique de la RPD de Corée. A ces sanctions multilatérales, il faut ajouter les sanctions unilatérales décidées par d'autres pays, à commencer par les Etats-Unis.

Le 20 janvier, Donald Trump est devenu président des Etats-Unis, faisant immédiatement de la Corée du Nord une de ses priorités de politique étrangère, et annonçant vouloir exercer sur elle une pression maximale. Outre les sanctions multilatérales et unilatérales, et les exercices de guerre récurrents des armées américaine et sud-coréenne dirigés contre la RPDC, le Président américain est allé jusqu'à menacer cette dernière de « destruction totale » devant l'Assemblée générale des Nations unies le 19 septembre 2017.

En Corée du Sud, Moon Jae-in, un des artisans de la politique de rapprochement intercoréen de la période 1998-2008, a été élu président le 9 mai, après la destitution et l'emprisonnement de la Présidente Park Geun-hye éclaboussée par l'affaire Choi Soon-sil, cette « gourou » qui exerçait sur la Présidente sud-coréenne – en l’absence de toute fonction officielle - une influence néfaste.

Ces événements ont provoqué une escalade des tensions en Corée tout au long de l'année 2017, avant qu'une atmosphère de dialogue s'installe à nouveau en ce début d'année 2018, à la faveur de la main tendue par le dirigeant de la RPDC dans son traditionnel message de Nouvel An, et attrapée par le Président sud-coréen. Des sommets devraient donc avoir lieu au second trimestre 2018, entre les dirigeants de la Corée du Nord et de la Corée du Sud, puis entre les dirigeants de la Corée du Nord et des Etats-Unis, après celui du 27 mars entre les dirigeants nord-coréen et chinois.

L'Association d'amitié franco-coréenne restera bien sûr attentive aux évolutions de la situation en Corée, comme elle l'a été tout au long de l'année 2017.

L'Association d'amitié franco-coréenne a organisé une conférence internationale à Paris

Les 23 et 24 juin, à l'université de la Sorbonne et à la Maison des Mines, l'AAFC a organisé une conférence internationale pour la paix et la réunification en Corée. Y ont participé une délégation du Comité des relations culturelles avec les pays étrangers, dont dépend l'association homologue de l'AAFC en Corée, menée par Ryu Kyong-il, directeur du département Europe, et, outre la France, les représentants d'associations d'amitié avec la Corée venus de onze pays : Belgique, Bulgarie, Danemark, Finlande, Haïti, Irlande, Luxembourg, Pologne, Royaume-Uni, Suisse et Tchad. Cette conférence marquait notamment le 40e anniversaire de la fondation du Comité international de liaison pour la paix et la réunification en Corée (CILRECO). Le 23 juin, la conférence a été ouverte à la Sorbonne par le regretté Professeur Jean Salem, dont ce fut une des dernières apparitions publiques.

Dans un contexte de tensions accrues en Corée, la déclaration finale de la conférence internationale de Paris a voulu fixer un programme d'action en huit points :

- travailler au retrait inconditionnel des troupes étrangères de Corée,

- travailler à la levée des sanctions et embargos qui frappent la RPDC,

- intervenir auprès des autorités pour qu'elle soutiennent sans réserve l'application complète des déclarations intercoréennes de 2000 et 2007 et le dialogue entre les deux parties de la Corée,

- œuvrer à l'établissement de relations équilibrées entre tous les pays du monde et les deux parties de la Corée,

- alerter les opinions publiques sur la situation injuste et dangereuse qui prévaut en Corée,

- lutter contre la présentation erronée de la situation de la péninsule coréenne et les fausses nouvelles véhiculées par les grands médias,

- renforcer la coopération entre les associations d'amitié avec la Corée,

- mutualiser les bonnes pratiques.

Le 24 juin, veille du 67e anniversaire du déclenchement de la Guerre de Corée, les participants à la conférence de Paris ont manifesté place de la Sorbonne pour dénoncer l'escalade militaire en cours dans la péninsule coréenne, exiger le retrait des troupes américaines du sud de la péninsule et rappeler l'urgence de la signature d'un véritable traité de paix en Corée.

L'Association d'amitié franco-coréenne a organisé des déplacements en Corée

Du 4 au 12 avril, une délégation du comité Espéranto de l'AAFC (créé le 27 août 2016), menée par sa présidente Marianne Dunlop, a visité la RPD de Corée, sur les traces de la langue internationale Espéranto et pour évoquer l'avenir de cette langue dans ce pays. De fait, l'Espéranto peut favoriser les échanges entre la RPDC et le reste du monde d'une part, les échanges intercoréens d'autre part. Ce voyage a donné lieu à plusieurs réunions de compte rendu, le 16 avril à la Maison culturelle de l'Espéranto à Grésillon (Maine-et-Loire), et les 28 et 29 juin à Paris. En outre, du 22 au 29 juillet, à Séoul, les membres du comité Espéranto ayant visité la RPDC sont intervenus pendant le 102e congrès mondial d'Espéranto dont une partie était consacrée à la réunification de la Corée.

Du 12 au 19 août, une délégation de l'AAFC, menée par son président Benoît Quennedey, a visité la RPD de Corée à l'occasion des célébrations de la Libération de la Corée (15 août 1945). Ce fut l'occasion de rencontrer de nombreuses autres associations d'amitié et de constater toute la reconnaissance des Coréens envers l'association française et son action. En Corée, la délégation de l'AAFC a eu un entretien avec le département des relations internationales du Parti du travail de Corée et a rencontré le président du Praesidium de l'Assemblée populaire suprême. Elle a aussi profité de ce séjour pour faire progresser des coopérations concrètes entre la France et la RPD de Corée, notamment en remettant de la documentation à l'Université d'architecture de Pyongyang.

L'Association d'amitié franco-coréenne a eu une action culturelle

L'AAFC a été partenaire de la diffusion du film documentaire franco-sud-coréen Madame B. Histoire d'une Nord-Coréenne, de Jero Yun, sorti le 22 février, qui porte un regard nouveau sur les migrants nord-coréens en Chine, loin du sensationnalisme et des clichés habituels des médias - en particulier français - sur ce sujet. Le 18 février, deux avant-premières, en présence de responsables de l'AAFC, ont eu lieu au Foyer rural de Tousson (Seine-et-Marne) - partenaire maintenant régulier de l'AAFC depuis 2011 - et au cinéma Le Mail de Pithiviers (Loiret). Le 27 février, une séance spéciale a eu lieu au cinéma Les Trois Luxembourg, à Paris, à l'issue de laquelle Benoît Quennedey, alors vice-président de l'AAFC, a répondu aux questions du public. D'autres avant-premières ont eu lieu en province, notamment à Nancy.

Le 12 septembre, à la librairie parisienne Tropiques, Benoît Quennedey a animé un débat autour de l'ouvrage de Robert Charvin, ancien doyen des facultés de droit de Nice et vice-président de l'AAFC, Comment peut-on être Coréen (du Nord)?, réédité chez Delga (avec une nouvelle préface de Jean Salem).

Le 5 décembre, toujours à la librairie Tropiques, à l'occasion de la publication de son ouvrage La Corée du Nord, cette inconnue (Delga), Benoît Quennedey a fait une présentation sur le thème « L'économie de la Corée du Nord est-elle socialiste? ».

L'Association d'amitié franco-coréenne a mené des actions en direction des autorités et des formations politiques

Le 6 janvier, Manuel Valls, candidat à l'élection primaire de la « Belle Alliance populaire » (gauche) a répondu à la lettre sur les relations entre la France et les deux Etats coréens qui avait été adressée par l'AAFC à tous les candidats le 20 décembre 2016.

Le 5 mars, le Bureau national de l'AAFC a adressé une lettre à S.E. M. Zeid Ra'ad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, pour l'interpeller sur le cas d'un groupe d'employés nord-coréens d'un même restaurant situé en Chine qui auraient fait défection en Corée du Sud en avril 2016, et depuis maintenus au secret, sans pouvoir entrer en contact avec leurs familles. A ce jour, cette lettre est restée sans réponse.

Le 18 mars, dans la continuité de ce qui a été fait pour les primaires de la droite et du centre et de la gauche, l'AAFC a adressé une lettre aux onze candidats à l'élection présidentielle française. Du 22 mars au 10 avril, l'AAFC a recueilli les réponses de Philippe Poutou, Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lassalle et Nathalie Arthaud.

L'Association d'amitié franco-coréenne a mené des actions en commun avec d'autres organisations françaises et étangères

Le 30 janvier, l'AAFC a co-organisé avec le Pôle de renaissance communiste de France (PRCF) une conférence à Grenoble (Isère) sur le thème « Mouvement social en Corée du Sud, agressions impérialistes contre la Corée du Nord ». Benoît Quennedey y est intervenu.

Le 28 juin, à Paris, l'AAFC a participé à une manifestation en soutien aux anciennes « femmes de réconfort », victimes de l'esclavage sexuel pratiqué par l'armée impériale japonaise avant 1945, avec des étudiants sud-coréens participant au septième voyage pour la paix de l’association Papillons de l’espoir.

En juillet, l'AAFC a signé l'appel « Non à THAAD en Corée, oui à la paix » lancé par la coalition internationale Task Force to Stop THAAD in Korea and Militarism in Asia and the Pacific (Force d’intervention pour stopper THAAD en Corée et le militarisme en Asie et dans le Pacifique), dont l'AAFC est membre depuis octobre 2016. Aux côtés de plus de 80 organisations du monde entier, l'AAFC continue ainsi d'apporter son soutien aux nombreux citoyens de Corée du Sud mobilisés contre le système antibalistique américain THAAD et la menace pour la paix qu'il constitue.

Le 25 octobre, suite à l'interdiction d'entrée aux Etats-Unis de jeunes pacifistes sud-coréens, l'AAFC, avec 60 organisations du monde entier, a signé une déclaration de solidarité ensuite transmise, au nom de l'association de Coréens-Américains Nodutdol au secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson.

Le 23 décembre, dans le cadre d'une journée internationale de mobilisation pour la paix, l'AAFC a participé à une manifestation à Paris, aux côtés du Mouvement de la paix et d'une organisation bouddhiste sud-coréenne

L'Association d'amitié franco-coréenne est intervenue dans les médias

Les 21 février et 7 mars, Benoît Quennedey a été invité sur le canal anglophone de la chaîne France 24 pour des débats d'une durée de 40 minutes. Le débat du 21 février, avec Dorian Malovic, chef du service Asie du quotidien La Croix, et Harry Kazianis, éditorialiste conservateur américain, portait sur l'assassinat, une semaine plus tôt à Kuala Lumpur (Malaisie), d'un citoyen nord-coréen présenté comme le demi-frère du Dirigeant Kim Jong-un, un assassinat attribué - hâtivement - à la Corée du Nord. Le débat du 7 mars portait sur le risque d'escalade en Corée. Benoît Quennedey débattait avec Christopher Hill, ancien ambassadeur américain en Corée du Sud et assistant de la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, Adam Cathcart, enseignant d'histoire de la Chine à l'Université de Leeds, et Jihyun Park, « militante pour les droits de l'homme en Corée du Nord ».

Le 20 mars, alors qu'une intervention militaire était clairement envisagée par les Etats-Unis en Corée, le Bureau national de l'AAFC a publié un communiqué de presse dénonçant la propagande guerrière diffusée par les médias occidentaux à l'encontre de la RPDC, propagande reprenant les éléments de langage de l'administration américaine dans une véritable tentative de conditionnement des opinions publiques.

Les responsables de l'AAFC ont aussi accordé des entretiens écrits à des médias aussi divers que le site Internet de Russia Today, le mensuel du PRCF Initiative communiste, Nice Matin, le bimensuel catholique Monde&Vie et le mensuel du Mouvement de la paix Planète Paix.

Dans l'esprit de la déclaration de Paris du 24 juin, l'AAFC a aussi eu l'occasion de protester contre la présentation erronée de la situation de la péninsule coréenne et les fausses nouvelles véhiculées par les médias : le 11 décembre, le professeur Robert Charvin, vice-président de l'AAFC, a publié une déclaration pour dénoncer un reportage - y compris les conditions douteuses de sa réalisation - diffusé sur TF1 dans l'émission « Sept à huit » ; le 26 décembre, l'AAFC a aussi adressé une lettre de protestation au président du directoire du groupe de presse Bayard, suite à un article paru dans le magazine Youpi! (destiné aux 5-8 ans) expliquant que la Corée du Nord - à l'instar d'Israël - n'est pas un véritable pays.

L'Association d'amitié franco-coréenne s'est appuyée sur ses comités régionaux et thématiques

Rappelons que, d'après les statuts de l'AAFC révisés lors de l'assemblée générale du 15 avril 2017, les adhérents des comités locaux, départementaux, régionaux et interrégionaux sont tous les adhérents de l'association résidant dans le ressort géographique desdits comités ; et les adhérents de l'association peuvent, s'ils en expriment le souhait, appartenir à un ou plusieurs comités thématiques de leur choix.

Du 4 u 12 avril, des membres du comité thématique Espéranto de l'AAFC ont visité la RPD de Corée.

Le 6 mai, le comité régional Bourgogne-Franche-Comté de l'AAFC a réuni son assemblée générale. Une des décisions prises lors de cette assemblée générale a été la création d'une page Facebook.

Le 25 novembre, a été créé le comité régional Grand Est de l'AAFC.

Le 15 décembre, a été créé un comité thématique d'étude des sciences sociales de la Corée. Il s'agit du troisième comité thématique de l'AAFC, après le comité Espéranto et le comité Jeunes et Etudiants.

L'Association d'amitié franco-coréenne a continué d'utiliser ses moyens de communication traditionnels

En 2017, le site Internet de l'AAFC (ouvert en février 2008) a été consulté, en moyenne, par 8 000 personnes différentes chaque mois, un chiffre en hausse de près de 30 % par rapport à 2016 (après des progressions de 13 % en 2016 et de 7 % en 2015), à partir de 84 pays et territoires d'outre-mer : 68 % des visiteurs viennent de France, 81 % d'Europe, 12 % du continent américain (statistiques de décembre).

Le bulletin trimestriel a continué sa parution en 2017, avec une diffusion malheureusement toujours tardive en raison des faibles moyens de l'équipe rédactionnelle qu'il convient donc de renforcer.

Une permanence hebdomadaire est assurée le jeudi soir de 18 h à 19 h à la Maison des associations du 16e arrondissement de Paris.

L'Association d'amitié franco-coréenne a réuni régulièrement ses instances

Le 15 avril 2017, l’AAFC a tenu son assemblée générale annuelle qui a renouvelé ses instances nationales avec l'élection de Benoît Quennedey au poste de président.

En 2017, outre pendant l'assemblée générale, l'AAFC a réuni trois fois son Comité national, le 9 février, le 2 octobre et le 15 décembre. Lors de sa réunion du 2 octobre, tenue quelques jours après les menaces de destruction totale proférées à l'encontre de la RPDC par le Président des Etats-Unis à la tribune de l'ONU, le comité national a adopté une déclaration appelant au respect de la Charte des Nations unies et au dialogue intercoréen.

En 2017, le Bureau national de l'AAFC s'est réuni six fois : 31 janvier, 1er mars, 5 mai, 2 octobre, 10 novembre, 7 décembre.

 

L'Association d'amitié franco-coréenne a eu à déplorer le décès de plusieurs de ses membres, dont Daniel-Charles Badache, avocat et professeur de droit international à l'Université de Caen, Maurive Nivat, un des « pères » de l'informatique en France, et, au début de l'année 2018, Jean Salem, professeur de philosophie à la Sorbonne.

L'évocation de ces grandes figures montre, une fois de plus, tout l'intérêt que suscite l'action de l'AAFC et sa capacité à rassembler des gens venus de tous les horizons, depuis sa fondation en 1969.

Comme ce fut déjà dit au cours de la dernière assemblée générale, alors que la paix du monde dépend en grande partie de l'évolution de la situation dans la péninsule coréenne et ses environs immédiats, l'Association d'amitié franco-coréenne joue un rôle inestimable, inversement proportionnel aux moyens dont elle dispose, et son expertise est reconnue et de plus en plus recherchée.

S'il serait présomptueux d'affirmer que les évolutions positives récentes en Corée sont, en partie, le fruit des efforts de l'Association d'amitié franco-coréenne, qu'il soit permis de constater que ces évolutions correspondent aux analyses que l'AAFC développe depuis des décennies : le dialogue entre les parties concernées est la seule voie possible vers un régime de paix permanent en Corée, et le rapprochement intercoréen doit être encouragé car c'est une question de justice pour un peuple divisé contre son gré depuis plus de 70 ans, mais aussi un gage de paix dans la péninsule coréenne et donc dans le monde entier. Malheureusement, nul n'est prophète en son pays.


 

Assemblée générale de l'AAFC du samedi 31 mars 2018

Rapport d'orientation

présenté par Benoît Quennedey

président de l'Association d'amitié franco-coréenne

 

Depuis notre précédente assemblée générale du 15 avril 2017, le contexte international dans la péninsule coréenne a radicalement changé : alors que l'année 2017 a été marquée par une montée continue des tensions et des risques de guerre sans précédent depuis l'armistice de 1953, les autorités américaines évoquant ouvertement une intervention militaire y compris à la tribune des Nations unies, la séquence diplomatique depuis les Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang a vu une série d'initiatives spectaculaires en faveur du dialogue, de la paix et de la réunification dans la péninsule coréenne. Si notre Association peut se féliciter d'avoir toujours parié sur les échanges et les coopérations entre les peuples, il convient plus que jamais de rester vigilant : aucune date ni aucun lieu n'ont encore été fixés pour la rencontre au sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un, et surtout le contenu même des négociations à engager reste incertain - la dénucléarisation de l'ensemble de la péninsule coréenne, pour laquelle nous avons toujours plaidé, n'a de sens que si elle s'inscrit dans le cadre de l'établissement d'un régime de sécurité collective multilatéral, seul à même de garantir une paix durable dans cette partie du monde, encore marquée par les stigmates de la guerre froide. Le nombre de scénarios n'est pas illimité : soit un accord global, conclu en un temps record, qui permettra au peuple coréen de goûter les fruits de la paix et de la prospérité, par la disparition nécessaire des sanctions qui étouffent le développement de la RPD de Corée ; soit des négociations qui n'aboutiront que sur le long terme, et qui seront certainement émaillées de situations de blocage et de menaces militaires américaines ; soit un statu quo, porteur in fine de risques de guerre que ne manqueront pas d'attiser les faucons de l'administration américaine, éperonnés par les néoconservateurs de tous les pays qui rêvent de faire de la Corée un nouveau bourbier irakien, dont ils n'ont souvent pas mesuré combien il avait mené dans l'impasse la superpuissance américaine. Mais l'aveuglement est le corollaire qui n'accompagne que trop souvent les postures et partis pris idéologiques.

Dans ce contexte, notre Association doit être prête à tous les scénarios : nous mobiliser puissamment et rapidement en cas de détérioration diplomatique et militaire, afin d'alerter et sensibiliser non seulement l'opinion publique française et internationale (y compris par une présence dans les médias qui s'est intensifiée depuis six mois), mais aussi nos propres dirigeants dont les grilles d'analyse restent encore trop souvent marquées par des réflexes hérités de la guerre froide. Nous avons commencé à y travailler depuis notre précédente assemblée générale, aux côtés des Coréens de toutes sensibilités politiques et religieuses, mais aussi des organisations pacifistes, des juristes sincèrement attachés au droit international public et qui rappellent que les opérations de police et les sanctions internationales sont des détournements des instruments créés par la charte des Nations unies et une trahisons de ses principes.

Nous devons aussi nous tenir prêts à une accélération de l'histoire, qui verrait la RPD de Corée être de plus en plus regardée comme un pays qui sortirait du régime de l'exceptionnalité et de l'hostilité a priori : dans ce contexte, les coopérations économiques, culturelles, sportives ou de protection de l'environnement que nous avons engagées depuis de nombreuses années non seulement trouveraient un terrain favorable pour se concrétiser à brève échéance, mais nous serions encore davantage sollicités. Pour y répondre, notre association, riche de l'implication de ses membres, tous bénévoles, devra s'organiser, tant sur le plan des comités thématiques et régionaux qu'il convient de toujours davantage étoffer, qu'en ce qui concerne les opérations de médiatisation et de communication pouvant être menées à l'occasion de l'actualité internationale ou de présentations des ouvrages sur la Corée que plusieurs d'entre nous ont publiés l'an passé. Aller à la rencontre de citoyens et d'organisations qui ne nous sont pas forcément familiers de par leurs propres engagements, tel est bien l'enjeu majeur qui doit nous guider dans les prochaines semaines et les prochains mois, pour faire de notre Association une organisation représentative de toutes les diversités de la société française. De même, nous favoriserons encore et toujours le déplacement de délégations spécialisées en Corée, ainsi que de journalistes et de reporters qui permettront de faire connaître des aspects encore trop ignorés de la société coréenne.

À cet égard, nous bénéficions d'un atout majeur : nous sommes l'organisation la mieux structurée et identifiée en France pour promouvoir les relations franco-coréennes de manière générale et sans exclusive, tant avec le Nord et le Sud de la Corée, qu'avec la province coréenne chinoise autonome de Yanbian et les Coréens de la diaspora, alors que les changements politiques opérés en Corée du Sud au printemps 2017 instaurent un climat nettement plus favorable à l'expression démocratique mais sans effacer des décennies de répression, encore marquées par la présence de prisonniers politiques sous les verrous, l'emprisonnement de centaines d'objecteurs de conscience et insoumis, l'impossibilité pour des Nord-Coréens vivant au Sud de retourner s’ils le souhaitent en RPDC, et bien sûr le maintien de la scélérate loi de sécurité nationale.

Dans ce contexte, la mise en place d'un enseignement régulier de langue et de civilisation coréennes, depuis janvier 2018, et ouvert d'ailleurs à des participations occasionnelles pour ceux qui le souhaitent, prend appui sur la place incomparable que nous occupons pour faire connaître la culture de la Corée – de toute la Corée – produit d'une histoire plurimillénaire. Dans ce contexte, nous nous sommes positionnés comme un acteur de premier plan dans les échanges universitaires – avec les spécialistes de la Corée, mais pas seulement, dès lors qu'il s'agit de coopérations avec les Coréens dans une autre discipline que la langue coréenne. Sachons faire fructifier cet héritage : peu d'associations françaises spécialisées dans les échanges avec un pays étranger peuvent s'en enorgueillir.

Au-delà des échéances que nous imposera l'actualité, l'année 2018 sera marquée par plusieurs événements majeurs : le 1100e anniversaire de la fondation du royaume de Goryo, le 65e anniversaire d'armistice ayant mis fin aux combats de la guerre de Corée, le 70e anniversaire du soulèvement de l'île de Jeju et de la fondation de la République populaire démocratique de Corée le 9 septembre 1948. Pour cette dernière date, une délégation de l'AAFC visitera la Corée du Nord et a d'ores et déjà participé à plusieurs manifestations organisées à l'échelle internationale, ce qui témoigne de notre volonté toujours plus forte d'organiser la solidarité au-delà des seules limites hexagonales, la question coréenne se posant dans des termes identiques à l'échelle de notre planète. C'est dans le même esprit que nous devons établir des comparaisons entre les situations de la Corée et d'autres nations, victimes de la division nationale, de guerres ou de politiques de sanctions qui frappent d'abord sinon exclusivement les populations, en nous rapprochant d'associations ayant des objectifs identiques aux nôtres, en France et dans le monde.

 

La tâche qui nous attend est immense, mais portée par la volonté et l'espérance partagés de contribuer à l'édification d'un monde paix, de justice et de solidarité. Nous saurons être à la hauteur des défis !


 

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Publié par Association d'amitié franco-coréenne

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