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9 octobre 2024 3 09 /10 /octobre /2024 16:40

Guy Dupré, secrétaire général du Comité international de liaison pour la paix et la réunification de la Corée (CILRECO) depuis 1977, ancien président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) et président d'honneur de l'AAFC, nous a quittés à l'âge de 94 ans. Il avait été au premier plan des relations franco-coréennes, s'étant affirmé comme l'un des meilleurs connaisseurs de la péninsule coréenne en France, et tout particulièrement de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Son engagement s'inscrivait dans la pleine continuité des valeurs qu'il avait exprimées dans chacun de ses engagements, au Parti communiste et à la Confédération générale du travail : paix, humanisme, internationalisme. Consciente de tout ce qu'elle lui doit, l'AAFC lui rend hommage, en présentant ses condoléances à son épouse Evelyne, ses enfants et petits-enfants, ainsi qu'à ses camarades et à ses proches.

Né à Paris, dans une famille ouvrière, le 1er avril 1930, Guy Dupré a commencé à travailler dès l'âge de 14 ans. C'est en suivant des cours du soir qu'il gravira tous les échelons d'une carrière complète au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), après avoir été engagé en 1948 comme collaborateur technique au laboratoire de physique et chimie nucléaire du professeur Frédéric Joliot-Curie (prix Nobel de chimie en 1935) au Collège de France. Ayant travaillé pendant dix ans aux côtés de Frédéric Joliot-Curie, il côtoiera d'autres figures, parmi lesquelles le photographe Robert Doisneau, dont il avait gardé des clichés du professeur Joliot-Curie qu'il avait légués à des fonds d'archives. Guy Dupré participera à la création du premier accélérateur français de particules et sera promu technicien puis ingénieur au CNRS.

Marqué par l'occupation nazie, il rejoint très jeune le combat social et politique, en devenant membre du PCF dès 1946 et en adhérant à la CGT, apportant sa contribution à la reconstruction de la France puis à l'édification d'une société nouvelle. Au CNRS, il a été élu membre du directoire scientifique puis du conseil d'administration de 1968 à 1979. Ses responsabilités syndicales l'ont conduit à devenir secrétaire général du syndicat CGT des travailleurs de la recherche et secrétaire général de la Fédération CGT de l'Education, de la Recherche et de la Culture, Il a ensuite participé à l'élaboration du nouveau statut des personnels du CNRS en 1995.

Membre de la section de politique extérieure du PCF, il sera également maire-adjoint de Bagneux de 1971 à 1983 avant d'être élu à Longjumeau.

Son intérêt pour la Corée venait de loin : alors que la guerre faisait rage en Corée, il avait été blessé à la tête d'un coup de matraque lors d'une manifestation contre le général Ridgway, à une époque où les seules manifestations autorisées étaient celles du 1er mai. Mais comme il le dira à sa mère, inquiète de le voir ensanglanté, "la blessure n'était que superficielle"... 

André Aubry, sénateur et maire de la ville d'Antony, le sollicitera pour animer la solidarité internationale avec la Corée, au sein du Comité international de liaison pour la paix et la réunification de la Corée et de l'Association d'amitié franco-coréenne : cet engagement continu pendant plus de quarante ans lui vaudra quelques histoires avec les services de renseignement français et étrangers, lorsque les Japonais tentèrent de l'acheter à l'occasion d'une conférence du CILRECO ou lorsque son nom sera systématiquement retiré par les services des récipiendaires de l'Ordre national du mérite, que sa contribution à la recherche française justifiait pourtant pleinement. Il est vrai toutefois que le contre-espionnage, sur ce dossier comme sur d'autres en lien avec la Corée, ne fera pas preuve d'une grande clairvoyance, le confondant avec un écrivain homonyme, mais à droite, lui, et disparu en janvier 2018, le croyant ainsi décédé lorsqu'éclate l'affaire Quennedey en novembre 2018, affaire qui se soldera par un fiasco retentissant pour la DGSI...

Tous ceux qui ont côtoyé Guy Dupré, au CILRECO ou à l'AAFC, ont apprécié un homme de coeur, généreux, toujours prêt à aider, fidèle à ses convictions : pacifiste, partisan résolu de la disparition des armes nucléaires, conscient que la solidarité internationale exigeait de comprendre l'autre, fût-il (Nord-)Coréen. Pour lui, la Corée - toute la Corée - n'était pas un sujet géopolitique désincarné. Peu de Français ont connu - et aimé - les Coréens comme l'a fait Guy Dupré, profondément modeste alors qu'il avait rencontré à de nombreuses reprises les dirigeants de la RPDC, à commencer par le président Kim Il-sung.

Dépourvu du moindre sectarisme, il avait fait rejoindre la présidence du CILRECO à des personnalités aussi diverses que le maréchal Francisco da Costa Gomes, Léopold Sedar Senghor ou Dom Mintoff. 

Il concevait l'amitié avec les Coréens en toute indépendance, n'hésitant ainsi pas à faire part de ses désaccords.  Profondément humaniste, il avait aussi oeuvré, avec André Aubry, pour que le Secours populaire français vienne en aide aux Nord-Coréens touchés par les catastrophes naturelles et les dramatiques pénuries alimentaires des années 1990.

Guy Dupré n'était pas seulement un militant dévoué, mais un homme entier, généreux, sincère. Son exemple a inspiré et continuera d'inspirer les membres de l'AAFC et, au-delà, celles et ceux qui l'ont connu dans ses engagements politiques et syndicaux.

Au revoir, cher Guy.

Hommage à Guy Dupré : la solidarité internationale chevillée au corps

Photo en début d'article : Alain Noguès (2014)

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16 septembre 2024 1 16 /09 /septembre /2024 17:06

Le 14 septembre 2024, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a tenu son assemblée générale annuelle à Paris, en présence de Jef Bossuyt, membre de l'Association d'amitié Belgique-Corée. Le rapport d'activité et d'orientation et le rapport financier ont été adoptés à l'unanimité, et les instances nationales (comité national, bureau national) ont été renouvelées également à l'unanimité. Par ailleurs, des amendements ont été apportés aux statuts, ainsi modifiés pour la sixième fois depuis 2010.

L'AAFC a tenu son assemblée générale annuelle

Les travaux de l'assemblée générale ont été ouverts par Jeong-hee Lavorel-Kim, vice-présidente déléguée de l'AAFC.

Le rapport d'activité et d'orientation a souligné que les activités de l'AAFC ont mis l'accent en 2023 sur les activités culturelles (en particulier, à l'occasion du Nouvel an lunaire, puis en septembre 2023 alors que la RPDC fêtait le 75e anniversaire de sa fondation) et une meilleure connaissance de la Corée, notamment par les publications régulières de son site Internet et l'animation d'un groupe Facebook de plus de 1800 membres. Un des événements marquants de l'année 2023 a ainsi été le soutien apporté à l'organisation exceptionnelle à Paris d'une exposition de peintures et d'affiches de la République populaire démocratique de Corée, ayant également donné lieu à la tenue de plusieurs conférences

Ces actions se sont inscrites dans un contexte malheureusement marqué par une dégradation des relations internationales, en Corée et dans le monde, tendant a recréer une confrontation entre blocs. Ayant ainsi poursuivi son engagement constant en faveur de la paix, en particulier par la participation à plusieurs manifestations sur la voie publique, l'AAFC a réaffirmé son indépendance  - qui implique d'abord une indépendance financière stricte, ses seules ressources provenant des cotisations et dons de ses adhérents, et dans une moindre mesure de la vente d'objets à ses membres. Alors que les comités locaux et thématiques poursuivent leurs activités, leur renforcement est un gage pour que l'AAFC continue ses actions en faveur de la paix et de la solidarité, telles qu'elles les mènent depuis sa fondation en 1969

Les activités nombreuses de l'année 2023 se traduisent par une augmentation continue des adhésions, qui ont atteint un niveau inégalé depuis 2018. L'année 2023 s'est terminée par un léger excédent des recettes sur les dépenses (149,62 euros), alors que toutes les actions sont menées par les adhérents de l'AAFC dans un cadre bénévole. Le montant des cotisations a été reconduit à l'identique.

Enfin, un toilettage des statuts a été adopté pour tenir compte du nouveau contexte des relations intercoréennes. Il a été convenu de mandater le bureau pour compléter les statuts, lors d'une nouvelle assemblée générale, sur deux points : conformément aux principes de la charte des Nations unies et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, le droit des Coréens à décider souverainement de leur avenir ; la participation de l'AAFC au mouvement de solidarité internationale avec la Corée.

Les travaux se sont conclus sur une note conviviale autour d'un buffet coréen. 

Photo : AAFC

 

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30 août 2024 5 30 /08 /août /2024 15:00

Alban Liechti nous a quittés. Militant communiste, Alban Liechti a été emprisonné pendant la guerre d'Algérie pour refus d'obéissance. Ce choix n'était alors pas conforme à la ligne du Parti communiste français (PCF) qui recommandait à ses militants d'acquérir de l'autorité auprès des autres soldats pour les amener à s'opposer à la guerre. Il répondait en revanche aux principes anticolonialistes et anti-impérialistes du jeune Alban Liechti, qui s'était engagé contre la guerre de Corée et contre la guerre d'Indochine et devait ainsi devenir adhérent de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) - y compris après que le PCF fut devenu hostile à l'AAFC, bien qu'ayant encouragé la création de l'association en 1969. L'AAFC souligne la mémoire d'Alban Liechti, homme de combats et de convictions, et présente ses condoléances à sa famille, ses amis et ses camarades - en saluant également la mémoire de son épouse Yolande, disparue en novembre 2022, à ses côtés dès son engagement décisif contre la guerre en Algérie.

Disparition d'Alban Liechti, soldat du refus et militant anticolonialiste

Né le 24 avril 1935 dans le XVe arrondissement de Paris, Alban Liechti avait vu son père, militant communiste, être fait prisonnier par les Allemands avant de rejoindre la Résistance. Devenu ouvrier jardinier au bois de Boulogne, secrétaire du cercle de Sèvres de l'UJRF, Alban Liechti s'est engagé résolument dans les luttes contre les guerres de Corée et d'Indochine. Il a été blessé et hospitalisé lors d'une manifestation à Paris en mai 1952 contre le général Ridgway, ancien commandant en chef des troupes américaines en Corée. 

Alban Liechti admirait Henri Martin qui avait refusé de se battre contre les résistants vietnamiens et engagé une lutte clandestine contre la guerre en Indochine. Appelé sous les drapeaux en mars 1956, Alban Liechti manifesta activement contre la guerre en Algérie, initiant une pétition, signée par 30 de ses 35 camarades de régiment, appelant à un cessez-le-feu. Puis il a écrit au Président de la République René Coty, quelques jours avant son départ pour l'Algérie, pour signifier son refus de porter les armes contre le peuple algérien en lutte pour son indépendance : 

Dans cette guerre, ce sont les Algériens qui défendent leurs femmes, leurs enfants, leur patrie, ce sont les Algériens qui combattent pour la paix et la justice (...) Je ne peux prendre les armes contre le peuple algérien en lutte pour son indépendance.

Néanmoins envoyé en Algérie où il réitéra son refus de combattre, il devait y être emprisonné et jugé par un tribunal militaire. Soutenu par le Secours populaire français, qui lui trouva comme avocat maître Gaston Amblard, il fut condamné à une peine de deux ans de prison pour refus d'obéissance. D'autres "soldats du refus" suivirent son exemple. Ils devaient plus tard être à l'origine de la fondation, en 1986, de l'Association des combattants de la cause anticoloniale, devenue l'association Agir contre le colonialisme aujourd'hui (ACCA).  

Sorti de prison tardivement, en mars 1961, puis libéré de ses obligations militaires en mars 1962 avant d'être amnistié en 1966, à son retour en métropole Alban Liechti reprit son emploi de jardinier à la ville de Trappes, dont il devint responsable des espaces verts de 1975 jusqu'à sa retraite en 1995. Il devait y côtoyer l'ancien maire de Trappes et sénateur des Yvelines Bernard Hugo, militant pacifiste et vice-président de l'AAFC, disparu en mars 2021. Alban Liechti a aussi été proche d'Henri Alleg, auteur de La Question et qui a également été membre de l'AAFC. La lutte pour l'indépendance de  l'Algérie n'est pas éloignée du soutien à la réunification de la Corée, la République populaire démocratique de Corée ayant été très fortement engagée, politiquement et militairement, dans le soutien au FLN algérien ainsi qu'à d'autres mouvements de libération nationale. Plus récemment, au sein de l'ACCA, Alban Liechti avait rencontré Lee Yeda, objecteur de conscience sud-coréen

Profondément modeste, Alban Liechti avait fait en conscience des choix qui l'honorent, recherchant toujours la voie de l'unité dans ses combats politiques. Il n'a pas cherché à avoir la carrière politique ni la renommée d'un militant comme Henri Martin - mais le PCF, qui l'aura soutenu tardivement mais activement après son emprisonnement, l'aurait-il favorisé, Alban Liechti étant un militant fidèle à son parti mais résolument indépendant d'esprit ? Alban Liechti était un homme de principes. L'exemple qu'il nous laisse est le plus précieux des héritages. 

Sources : 

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29 août 2024 4 29 /08 /août /2024 17:12

Si la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) suscite une attention régulière pour des raisons qui n’échappent à personne, les analyses restent limitées sur la doctrine qui guide une grande partie de ses actions, le Juche. Beaucoup de commentateurs se contentent de décrire une démocratie populaire dont l’idéologie serait, sans grande originalité, communiste et marxiste. Cette perception participe ainsi de l’entretien du mythe des dernières démocraties populaires, dont Pyongyang ferait figure de « village gaulois ». Cette vue est superficielle : elle tient peu compte de la complexité de la situation nord-coréenne. Se retrouver dans le camp soviétique en raison de la Guerre froide ne suffit pas à faire de la RPDC un pays animé par un parti communiste dont la doctrine serait stéréotypée. L’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC) tente, à son modeste niveau, de remédier à ces lacunes qui créent des biais chez les observateurs. Ainsi, le Juche tient une place importante, même s’il n’est plus la seule doctrine. Mais sa référence dans la constitution de la RPDC et l’existence d’un nombre important d’écrits nord-coréens à son sujet mérite qu’on s’y attarde, comme l’a fait l’AAFC à l’occasion d’une présentation faite à Paris en mars 2024 dont voici un bref compte-rendu.

La tour du Juche (170 mètres), érigée en 1982 à Pyongyang, capitale de la RPD de Corée

La tour du Juche (170 mètres), érigée en 1982 à Pyongyang, capitale de la RPD de Corée

L’homme, maître de son destin...

Au commencement, pourrait-on dire, il y a ce postulat selon lequel l’homme est maître de son destin. En ce sens, ce postulat est original, car il ne part pas d’un constat relatif à un groupe ou à une collectivité humaine, mais bien d’un « principe philosophique selon lequel l’homme est maître de tout et décide de tout », si on se réfère à ce qu’écrivait Kim Jong-il en 1982 dans sa thèse Des idées du Juche. Cette affirmation est originale car elle contraste avec une certaine perspective marxiste qui tend à analyser l’homme comme une résultante de rapports sociaux. On notera que le Juche ne s’est pas enfermé dans un postulat matériel ou social relatif à l’homme. L’homme, en effet, « n’est pas un être matériel simple ». Non seulement il ne se limite pas à cela, mais le Juche affirme le pouvoir créateur de l’homme. Ce postulat est singulier, pour ne pas dire inédit dans le panorama des doctrines des démocraties populaires. Certes, ce caractère créateur est lié à la nature sociale de l’homme, mais cette concomitance entre l’individuel et le social peut tout de même rejoindre une certaine anthropologie contemporaine : l’individualisation est aussi un processus social, et l’individu est autant en crise que le groupe. On notera donc cette idée d’« être social créateur ».

 

… et les masses, maîtresses de leur destin

Mais après ce postulat selon lequel l’homme est maître de son destin, et donc un « être social créateur », un deuxième aspect doit être souligné, même s’il est une extension à la collectivité : la perspective selon laquelle les masses sont maîtresses de leur destin. Ce principe reste lié au premier, car « les mouvements sociaux apparaissent et se développent grâce à l’action et au rôle actif d’un sujet humain », comme l’affirmait aussi Kim Jong-il dans le même texte. Ces masses sont les forces motrices de l’histoire, de la société, notamment les masses populaires. Mais encore, cette appropriation par les masses rejoint celle de l’homme. Notons que ces masses populaires ne sont pas complètement définies et ne sont pas vraiment la classe ouvrière. Cet antagonisme des classes passe par ailleurs assez mal dans un pays où l’on perçoit les difficultés pratiques des doctrines fondées sur la lutte des classes. Le peuple est donc premier, mais une autre originalité caractérise les doctrines professées en RPDC : le rôle du dirigeant.

 

Le rôle des dirigeants dans la maîtrise du destin

En Europe, la question du politique est toujours rapportée à la question des dirigeants, même si elle se pose de manière désabusée à la lumière d’expériences infructueuses. Il est en tout cas significatif de constater que les écrits doctrinaux qui traitent du Juche admettent explicitement une « philosophie du dirigeant ». En soi, les masses ne peuvent agir par elles-mêmes : elles doivent aussi être mues par la médiation du dirigeant. Bref, le Juche renvoie à la fois aux analyses sur le politique, dont l’un des traits est cette relation de commandement soulignée par le philosophe Julien Freund, et aux postulats posés par la démocratie représentative qui admettent que le corps des citoyens doit être représenté s’il veut agir. Autrement dit, les doctrines de la RPDC ne font pas l’impasse sur le phénomène politique. C’est une caractéristique à noter dans un univers où les démocraties populaires se sont accommodées de fiction qui ont débouché sur des impasses en raison de contradictions pratiques…

 

Une piste de rapprochement avec les doctrines occidentales ?

Ces aspects de la RPDC sont méconnus. Mais ils pourraient être rapprochés de tous les concepts et philosophies occidentaux qui font de l’homme un être qui domine le monde et le transforme, même s’il ne faut pas nier les contraintes écologiques propres à la RPDC... Bref, à travers le Juche, on peut envisager un certain nombre de « ponts » et de convergences entre des affirmations politiques et philosophiques qui ont cours en RPDC et des concepts et analyses émis dans le « monde occidental », du christianisme aux Lumières.

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9 février 2024 5 09 /02 /février /2024 15:05

Le docteur Maurice Samsoen nous a quittés le 31 janvier 2024. Agé de 95 ans, il était le doyen de l'Association d'amitié franco-coréenne - dont il s'était éloigné ces dernières années pour des raisons de santé. L'Association d'amitié franco-coréenne rend hommage à un homme de coeur et de culture, au savoir proprement encyclopédique, en présentant ses condoléances à son épouse, Françoise, à sa famille et à ses proches. 

 

Originaire du département du Nord, Maurice Samsoen y était resté très attaché, ayant notamment été président de l'association des amis du LaM, à Villeneuve d'Acsq.

Ayant embrassé la carrière de chirurgien, en marchant dans les pas de son père et de son grand-père, il était aussi - et surtout - curieux de tout, soucieux de connaître et de comprendre d'autres sociétés et d'autres cultures, ce qui l'avait amené à voyager dans plus de la moitié des pays du monde - du pôle Nord au Bhoutan, en passant par le désert du Kalahari. Cette soif d'apprendre dans de multiples domaines, de la théologie aux relations internationales, l'avait conduit, après son départ en retraite, à s'investir dans l'Association Réalités et Relations Internationales (ARRI). Un premier voyage en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), en 2010, l'avait alors amené à rencontrer l'AAFC pour préparer un second déplacement dans le pays. Nous nous souvenons avoir rencontré ensemble les soigneurs du zoo de Vincennes et du Museum national d'histoire naturelle pour comprendre la surmortalité des bébés lions et des bébés tigres au zoo de Pyongyang. Mais la bureaucratie du Quai d'Orsay avait opposé son veto à tout échange en la matière... La politique a ses raisons que la protection des espèces ignore.

Maurice Samsoen laissera aussi l'image d'un homme enjoué, bon vivant, amateur de bonne chère et de bons vins, qui incarnait ce qu'est un honnête homme, au sens où l'entendent les humanistes. Il aura, par ses implications professionnelles et associatives, contribué au progrès du genre humain. 

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5 février 2024 1 05 /02 /février /2024 11:13

Le 15 janvier 2024, le dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a déclaré que la Corée du Nord et la Corée du Sud étaient désormais deux États hostiles en situation de belligérance, et non les deux parties d'un pays divisé mais dont les habitants appartiennent à une même nation et à un même peuple, tout en imputant cette situation à une Corée du Sud décrite comme inféodée à une puissance étrangère, en l’occurrence les États-Unis d’Amérique.

De fait, les Corée du Nord et du Sud sont « techniquement » en guerre depuis l’armistice du 27 juillet 1953, lequel n’est qu’un cessez-le-feu le long de la ligne de front. En revanche, les annonces de la dissolution des organisations de RPDC traitant des relations inter-coréennes et de la révision de la constitution de la RPDC pour remettre en cause les références à une seule nation, ainsi que l’affirmation que la République de Corée (du Sud) est « l'ennemi principal » de la RPDC, peuvent inquiéter ceux qui à travers le monde, à l’instar de l’Association d’amitié franco-coréenne, soutiennent le dialogue inter-coréen qui a abouti aux historiques déclarations Nord-Sud des 15 juin 20004 octobre 200727 avril 2018 et 19 septembre 2018.

Sur un plan plus symbolique, la destruction du Monument aux Trois Chartes pour la réunification de la Corée, édifié en 2001 à Pyongyang à l’entrée de la route menant en Corée du Sud, touche particulièrement l’Association d’amitié franco-coréenne qui a choisi de faire figurer sur son logo ce monument représentant deux femmes, une du Nord et une du Sud, se tendant les bras.

Les « Trois Chartes » qui guidaient jusqu’à une période récente la politique inter-coréenne de la RPDC sont les trois principes de la réunification  de la Coréele projet de fondation de la République fédérale démocratique du Koryo et le programme en dix points pour une grande union de la nation coréenneS’agissant des trois principes de la réunification de la Corée, ils ont été définis dès 1972 lors de rencontres entre officiels du Nord et du Sud : une réunification de la Corée en toute indépendance sans recours aux forces extérieures, ni ingérence étrangère ; une grande union nationale transcendant les différences d’idéologie, d’idéal et de régime ; une réunification pacifique, excluant tout recours à la force des armes. Ainsi, au plus fort de la guerre froide, alors que les tensions entre les deux parties de la Corée divisée étaient déjà très élevées, des perspectives d’avenir ont quand même pu être tracéedans l’intérêt de tous les Coréens, du Nord, du Sud et d’outre-mer.

Après 2022, les exercices militaires conjoints de la Corée du Sud et des États-Unis ont atteint une ampleur sans précédent et ont mobilisé, entre autres, porte-avions, sous-marins et bombardiers embarquant des bombes nucléaires. Ces exercices visent ouvertement la RPDC, et les préoccupations sécuritaires de cette dernière peuvent se comprendre, comme est compréhensible son refus de traiter avec un partenaire, fût-il du même peuple, prônant sa destruction et une réunification « par absorption ». Mais tout aussi compréhensible est l’engagement de femmes et d’hommes pour que prenne fin, dans l’indépendance et dans la paix, une division injuste imposée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à un pays héritier d’une civilisation pluri-millénaire. Les gouvernements passent, le peuple coréen reste.

Cette réunification de la Corée, indépendante, pacifique et transcendant les différences, apparaît aujourd’hui comme une perspective plus lointaine que jamais, mais elle reste un objectif souhaitable vers lequel doivent converger les efforts de toutes les personnes de bonne volonté. Il est aussi souhaitable que le dialogue inter-coréen se poursuive pour atténuer les tensions dans un des principaux « points chauds » du monde où se font face des armées équipées des moyens les plus destructeurs, car une nouvelle guerre en Corée affecterait le monde entier.

L’Association d’amitié franco-coréenne prendra toute sa part pour que vivent le dialogue inter-coréen et la possibilité d’une réunification en Corée. Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.

 

Paris, le 3 février 2024

Déclaration du comité national de l'AAFC du 3 février 2024

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5 novembre 2023 7 05 /11 /novembre /2023 14:10

Le 21 octobre 2023, le comité Bretagne de l'AAFC s'est réuni à Rennes. La manifestation a été l'occasion de faire le point sur l'actualité nationale de l'AAFC et les projets du comité, créé il y a déjà plus de douze ans.

Projection-débat organisée à Rennes en février 2012

Projection-débat organisée à Rennes en février 2012

Le comité Bretagne de l'AAFC a, dès son origine, mis l'accent sur les échanges culturels, la compréhension entre les peuples et la promotion de la paix - organisant notamment des événements conjoints avec le Mouvement de la paix, dont le représentant régional, Roland Nivet, est depuis devenu le porte-parole national de l'organisation pacifiste. 

Le 21 octobre 2023, le président du comité ne pouvait pas être présent car retenu par ses fonctions à l'étranger, mais il demeure par ailleurs impliqué dans la direction nationale de l'AAFC. Le point a été fait sur les membres du comité : des contacts seront notamment repris avec une adhérente de l'AAFC habitant désormais en Bretagne, mais éloignée géographiquement.

Un compte-rendu a été fait de la dernière Assemblée Générale nationale fin juin 2023, à laquelle ont participé des membres du comité, en particulier après le non-lieu judiciaire et la persécution par l’administration contre l'ancien président de l’AAFC, en abordant les progrès de l’association et le renouvellement de ses instances dirigeantes.

Les membres du comité félicitent les organisateurs de l’exposition de peintures et d'affiches et des activités associées autour de cet événement.

Un  point a été fait sur la recherche, difficile, de salles pour pouvoir diffuser des films coréens.

 

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20 octobre 2023 5 20 /10 /octobre /2023 14:09

À l’occasion de l’exposition « Unité et paix pour la Corée », qui se tient du 14 au 22 octobre 2023 au 44 rue Volta à Paris 3e, l’artiste-collectionneur sud-coréen Choi Sang Kyun a tenu une conférence de présentation de sa collection intitulée « Chosonhua » (art pictural nord-coréen).

Conférence sur l’art nord-coréen : un autre regard sur la Corée

La soirée a débuté à 19h au 44 rue Volta (Paris 3e). Une quinzaine d’auditeurs ont pris part à l’événement. Paul-Amour Jouanaud a présenté l’exposition, grâce à l’association organisatrice Arirang Europe avec le soutien de l’organisation partenaire AAFC. Afin d’introduire le sujet, deux films ont été montrés : l’interview de M. Choi par la BBC et la présentation de la collection dans un film réalisé par François Bibonne. M. Choi a ensuite présenté son parcours professionnel de chanteur lyrique. C’est grâce à sa pratique artistique qu’il a pu, en tant que Sud-Coréen, se rendre au Nord dès 1990. Là, il eut la chance de rencontrer de nombreux artistes, notamment les meilleurs peintres contemporains.

M. Choi a ensuite présenté une partie conséquente de sa collection. Son talent d’orateur a tenu le public captivé. Chaque peinture était présentée, ainsi que son auteur, avec une brève biographie, notamment les honneurs reçus. C’était une introduction au rôle social des artistes en République populaire et démocratique de Corée. Mais c’était aussi une démonstration du contenu révolutionnaire des œuvres présentées. L’art nord-coréen appartient en majorité au courant du réalisme socialiste. L’intérêt de la collection de M. Choi est aussi de montrer que les artistes ne font pas que de la peinture politique sur commande de l’Etat. Ils sont en réalité libres de choisir leurs sujets et leurs techniques. Cependant, la vente privée demeure interdite : les peintures réalisées sont données par les artistes à l’Etat qui se charge de les vendre. Les bénéfices reviennent intégralement à l’Etat, étant donné que les artistes sont rémunérés tout au long de leur carrière dès la fin de leurs études supérieures d’art.

Enfin, M. Choi a présenté Constructing the Ski Resort (마식령 스키장 & 문수 물놀이장 건설) de Ri Chol Wu et Song Chol Hyok. C’est une très grande toile (200×520 cm). Elle a été réalisée en 2013. La toile s’inscrit dans la tradition des grandes peintures de bataille. Cependant, le sujet ici n’est pas à proprement parler militaire. Deux scènes se juxtaposent : à gauche la construction du parc aquatique de Munsu (à Pyongyang) et à droite la construction de la station de ski de Masikryong (à Wonsan). L’objet de loisirs de ces deux réalisations architecturales tranche avec leur mise en scène. Les acteurs de ces travaux sont les « travailleurs-soldats », ce qui explique la référence à la peinture de guerre. Ces deux centres de loisirs ont un double objectif : développer le tourisme et donner de nouvelles sources de divertissement au peuple.
 

La soirée s’est achevée par quelques questions. Les auditeurs étaient ravis. Ils demandaient à ce que d’autres événements de ce type aient lieu. N’hésitez pas à passer voir l’exposition avant qu’elle ferme ses portes ce dimanche soir.

Conférence sur l’art nord-coréen : un autre regard sur la Corée
Conférence sur l’art nord-coréen : un autre regard sur la Corée
Conférence sur l’art nord-coréen : un autre regard sur la Corée
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17 octobre 2023 2 17 /10 /octobre /2023 22:26

Le 14 octobre 2023 a eu lieu le vernissage de l'exposition d'art coréen "Paix et unité. Pour la Corée" au 44 rue Volta (Paris 3e). Un ensemble exceptionnel de peintures et d'affiches nord-coréennes issues de la collection de Choi Sang Kyun, chanteur d'opéra sud-coréen établi aux Etats-Unis, ont été montrées à proximité des galeries d'art contemporain parisiennes, dans un moment riche en émotions. Une occasion unique de découvrir des oeuvres exposées pour la première fois en France et qui ouvrent une fenêtre sur une société largement méconnue en Occident.

Exposition d'art coréen à Paris : un vernissage empli d'émotion

L'exposition, organisée par l'association Arirang avec le soutien de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), a été présentée par Paul-Amour Jouanaud, cheville ouvrière de sa mise en place, le collecteur Choi Sang Kyun étant commissaire d'exposition. L'inauguration a eu lieu en présence d'artistes et d'un public nombreux. Dominique de Miscault, présidente de la commission culture de l'AAFC, représentait l'Association. Elle a également joué un rôle majeur dans la préparation de l'exposition et son vernissage, y compris pour la sélection des musiciens.

Ayant partagé plusieurs pièces de son registre de chanteur d'opéra, accompagné par Mark Drobinsky, violoncelliste, Miho Nitta, pianiste compositeur, et Jérôme Simon, violoniste, le baryton Choi Sang-kyun était à proprement parler l'homme-orchestre de cette soirée d'inauguration. Il a retracé avec émotion comment il avait réuni des pièces rares, qui sont le témoin d'un savoir-faire ancré dans le réalisme socialiste et qui témoignent avant tout de son souhait de voir la Corée réunifiée de manière pacifique, sans considération des régimes politiques qui se partagent le sol de la péninsule coréenne divisée depuis près de trois générations. 

Exposition d'art coréen à Paris : un vernissage empli d'émotion
Exposition d'art coréen à Paris : un vernissage empli d'émotion
Exposition d'art coréen à Paris : un vernissage empli d'émotion
Exposition d'art coréen à Paris : un vernissage empli d'émotion
Exposition d'art coréen à Paris : un vernissage empli d'émotion

Présentant en anglais les différentes oeuvres de sa collection, Choi Sang Kyun a montré la richesse et la diversité de pièces qui, outre les huiles sur toile plus familières à un public occidental, s'ancrent également dans la tradition coréenne du chosonhwa, peinture au lavis à l'encre. Paysages, scènes de genre... la hiérarchie des styles rappelle les canons de l'Académie de peinture en France. En République populaire démocratique de Corée (RPDC) l'artiste est non seulement un créateur mais aussi un éducateur, bénéficiant d'un statut protecteur garanti par l'Etat. 

Les discussions se sont poursuivies autour d'un buffet, l'exposition se poursuivant jusqu'au 22 octobre 2023 (ouverture tous les jours de 10h à 20h, renseignements au 06 74 83 07 24). Le jeudi 19 octobre à 19h un débat sera organisé autour de l'oeuvre magistrale,, exposée en février 2018 à Séoul. 

Exposition d'art coréen à Paris : un vernissage empli d'émotion
Exposition d'art coréen à Paris : un vernissage empli d'émotion
Exposition d'art coréen à Paris : un vernissage empli d'émotion
Exposition d'art coréen à Paris : un vernissage empli d'émotion

Photos : Dominique de Miscault

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6 octobre 2023 5 06 /10 /octobre /2023 20:17

Du 14 au 22 octobre 2023, tous les jours de 10h à 20h, l'association Arirang Europe organise une exposition d'art coréen "Paix et unité. Pour la Corée" au 44 rue Volta (Paris 3e). Il s'agira de la plus grande exposition de peintures et d'affiches de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) organisée à ce jour en France, avec le soutien de l'Association d'amitié franco-coréenne. L'AAFC vous invite à découvrir un ensemble exceptionnel d'oeuvres issues de la collection de Choi Sang Kyun.

"Paix et unité. Pour la Corée" : exposition d'art coréen à Paris 3e du 14 au 22 octobre 2023

Les pièces présentées de la collection de Choi Sang Kyun sont rares, patiemment réunies grâce aux contacts que le chanteur d'opéra sud-coréen, établi aux Etats-Unis, a établis depuis plus de 30 ans avec les artistes de la RPD de Corée

En marge des courants dominants de l'art contemporain, la peinture nord-coréenne n'en révèle pas moins une grande maîtrise technique, choisissant des thèmes traités dans la double filiation de la tradition coréenne et du réalisme socialiste. Les peintures et affiches sélectionnées dans l'exposition "Paix et unité. pour la Corée" constituent aussi, à l'instar de la littérature et du cinéma, une fenêtre ouverte sur une autre société, souvent traitée de manière réductrice en Occident.

Fidèle à sa mission statutaire, l'AAFC considère la culture comme un vecteur privilégié pour le dialogue interculturel, la paix et les échanges entre les peuples. Elle avait déjà fait une première présentation des oeuvres de M. Choi en juillet 2023 à Paris. Par ailleurs, Pangée ONG - Ingénierie de Paix prolonge l'exposition d'art coréen qu'elle organise depuis septembre 2023 au 56 rue Mademoiselle Paris 15e

Le vernissage de l'exposition rue Volta, le 14 octobre à 18h, comportera un concert auquel participera Choi Sang Kyun, qui présentera ses oeuvres et expliquera la genèse de la formation d'une collection à nulle autre pareille. Celle-ci constitue le symbole puissant de l'espoir de tout un peuple de voir sa patrie un jour réunifiée, sur la base d'un patrimoine culturel commun, partagé, malgré les vicissitudes de l'histoire. 


Renseignements pratiques

"Paix et Unité. Pour la Corée". Exposition d'art coréen, 44 rue Volta (Paris 3e).
Entrée libre, tous les jours du 14 au 22 octobre 2023, de 10h à 20h.
Contact : Arirang Europe (06 74 83 07 24).

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