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1 juillet 2019 1 01 /07 /juillet /2019 22:51

Pour la Corée et pour le monde, le 30 juin 2019 restera une journée historique : à Panmunjom, dans la zone démilitarisée (DMZ) séparant les deux Corée, un Président des Etats-Unis en exercice a foulé pour la première fois le sol de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). C'était aussi la première rencontre entre dirigeants suprêmes des Etats-Unis et de RPDC dans la DMZ, et l'occasion d'une première réunion des dirigeants américain, nord-coréen et sud-coréen. Si la rencontre de Panmunjom était surtout riche en symboles, elle constitue un nouveau pas important vers l'établissement d'une paix permanente en Corée.

Tout a commencé le 28 juin 2019 par une proposition originale du président américain Donald Trump, alors à la réunion du G20 à Osaka, formulée sur son compte Twitter quelques heures avant sa visite à Séoul :

Après des réunions très importantes, dont ma réunion avec le Président Xi de Chine, je quitterai le Japon pour la Corée du Sud (avec le Président Moon). Pendant que je serai là-bas, si le Président Kim de Corée du Nord voit cela, j'aimerais le rencontrer à la frontière/DMZ juste pour lui serrer la main et dire bonjour(?)!

Le Président de la Commission des affaires d'Etat de la RPDC, Kim Jong-un, a vite accepté l'invitation du Président des Etats-Unis, et ce qui aurait pu rester une simple plaisanterie de Donald Trump a donné lieu le 30 juin après-midi à une rencontre des dirigeants des deux pays à Panmunjom, au cœur de la zone démilitarisée (DMZ) séparant les deux Corée, et symbole, s'il en est, de la tragique division de la nation coréenne.

Kim Jong-un et Donald Trump, qui ne s'étaient pas vus depuis le sommet de Hanoï des 27 et 28 février 2019, se sont serré la main, juste sur la ligne de démarcation entre les deux Corée. Une telle rencontre, à cet endroit précis, entre un dirigeant suprême de la RPD de Corée et un président des Etats-Unis constituait une première depuis l'armistice de 1953 ayant mis fin aux combats de la guerre de Corée et était déjà historique.

Puis, à l'invitation de Kim Jong-un, Donald Trump a franchi la ligne et fait quelques pas du côté nord de la DMZ, devenant ainsi le premier Président des Etats-Unis en exercice à fouler le sol nord-coréen.

Repassant du côté sud, les dirigeants américain et nord-coréen ont répondu aux nombreux journalistes présents.

Donald Trump a dit « être fier d'avoir franchi la ligne ». « C'est un grand honneur. C'est un grand jour pour le monde. »

Soulignant que Donald Trump était le premier Président des Etats-Unis en exercice à avoir foulé le sol de la RPDC, Kim Jong-un a déclaré qu'un tel geste indique une « décision courageuse de mettre fin au passé antagoniste et d'ouvrir un beau futur ».

Revenant sur le caractère original de l'invitation lancée par le Président des Etats-Unis, Kim Jong-un a dit : « J'étais très surpris en voyant le président américain Donald Trump afficher cette volonté [de me rencontrer]. Le fait que nos deux pays qui avaient une relation hostile pendant longtemps échangent une poignée de main de la paix sur un tel lieu, symbole de la division entre les deux Corée, qui rappelle le mauvais passé, montre qu'aujourd'hui est différent d'hier. J'ai accueilli positivement la rencontre comme celle-ci peut montrer à un grand nombre de personnes que nous pouvons changer d'une meilleure façon. Je pense qu'une telle rencontre ne pourrait avoir lieu de manière inattendue en une seule journée si nos relations n'étaient pas bonnes. J'espère que ces bonnes relations continueront à produire de bonnes choses de manière inattendue et fourniront une force mystérieuse permettant de surmonter les difficultés et obstacles à l'avenir. »

Donald Trump et Kim Jong-un ont alors été rejoints par le président sud-coréen Moon Jae-in qui a échangé des salulations chaleureuses avec le dirigeant nord-coréen qu'il rencontrait pour la quatrième fois, après les sommets inter-coréens d'avril, mai et septembre 2018. C'était la première fois que des dirigeants américain, nord-coréen et sud-coréen étaient ainsi réunis.

Donald Trump et Kim Jong-un ont ensuite eu un entretien de 53 minutes, en présence du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo et du ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong-ho. Ce qui ne devait être qu'une simple poignée de main sur la ligne de démarcation pour « dire bonjour » s'est donc transformé en un mini-sommet entre les Etats-Unis et la RPDC.

Selon l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA, les deux dirigeants « ont expliqué les enjeux de la réduction des tensions sur la péninsule coréenne pour mettre un terme aux relations déshonorantes entre les deux pays et réaliser un tournant spectaculaire, ainsi que les enjeux de préoccupations et d'intérêts mutuels qui constituent un frein pour résoudre ces questions, et ils ont exprimé une compréhension et une sympathie entières. Les dirigeants suprêmes sont convenus de rester en contact étroit dans l'avenir et de reprendre et faire avancer des dialogues productifs afin de réaliser une nouvelle percée dans la dénucléarisation de la péninsule coréenne et dans les relations bilatérales».

Après l'entretien, Donald Trump et Moon Jae-in ont raccompagné Kim Jong-un jusqu'à la ligne de démarcation.

A propos de la rencontre du 30 juin, le président sud-coréen a expliqué que « le processus de paix destiné à réaliser la dénucléarisation complète et instaurer une paix permanente sur la péninsule coréenne a franchi un grand col ».

En effet, une nouvelle étape semble avoir été franchie.

Après la rencontre, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a déclaré que les négociations avec la Corée du Nord sur son programme d'armes nucléaires devraient être reprises à la mi-juillet.

« Nous pensons avoir un point de départ pour ces discussions qui nous mettent là où nous pouvons évaluer réellement s'il y a une voie claire vers l'avant », a dit le secrétaire d'Etat américain. « J'ai écouté le dirigeant Kim Jong-un aujourd'hui. Je pense qu'il y en a une. »

Il a ajouté que l'équipe de négociation américaine serait dirigé par Stephen Biegun, le représentant spécial pour la Corée du Nord, alors que la partie nord-coréenne serait menée par des officiels du ministère des Affaires étrangères.

En février, le sommet de Hanoï n'avait pu aboutir à un accord en raison de divergences trop profondes sur l'étendue de la dénucléarisation à opérer par la RPDC et de la levée des sanctions par les Etats-Unis. De manière significative, le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, le « super-faucon » John Bolton dont les positions maximalistes sont largement considérées comme à l'origine de l'échec de Hanoï, était absent ce 30 juin 2019 à Panmunjom...

Pompeo a aussi déclaré que les sanctions contre la Corée du Nord resteraient en vigueur mais, dans son discours du 12 avril 2019 lors de la première session de la 14ème législature de l'Assemblée populaire suprême de RPDC, le dirigeant Kim Jong-un avait dit qu'il était prêt à attendre « jusqu’à la fin de cette année la décision des Etats-Unis [quant à la levée des sanctions frappant la RPDC] ».

« Nous sentons leurs attentes et, de différentes manières, cela devrait aller de l'avant. C'est ce dont nous discuterons dans les conversations et le dialogue », a dit Pompeo. « Nous ne savons pas quelle voie sera devant nous. Cependant, nous ne sommes pas dans le cas où nous sommes là où nous étions... il y a un an. Nous ne sommes pas là où nous étions il y a 12 mois. Nous sommes à un niveau plus avancé. »

Une semaine après la visite d'Etat effectuée en RPDC les 20 et 21 juin 2019 par le président chinois Xi Jinping, le sommet « improvisé » le 30 juin à Panmunjom n'a pas débouché sur un quelconque accord - ce n'était pas le but - mais il a permis de prendre date et de confirmer que le processus en vue de l'établissement d'une paix permanente en Corée a été remis sur de bons rails.

Photos : KCNA

 

Sources :

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