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10 janvier 2024 3 10 /01 /janvier /2024 17:13

L'agence officielle nord-coréenne KCNA a rapporté que Kim Jong-un avait visité des usines d'armement les 8 et 9 janvier 2024. Alors que l'escalade des tensions se poursuit dangereusement dans la péninsule coréenne, l'appréciation portée lors de ces visites par KCNA sur les autorités de la République de Corée (Corée du Sud) montre que les relations intercoréennes ont atteint l'un de leurs plus bas niveaux depuis des décennies - au point que certains analystes considèrent désormais que les deux Etats coréens seraient désormais ennemis. Qu'en est-il exactement ? 

Kim Jong-un visitant des usines d'armement

Kim Jong-un visitant des usines d'armement

A l'occasion d'une réunion du comité central du Parti du travail de Corée (PTC) qui s'est tenue en fin d'année 2023, Kim Jong-un a considéré que la rhétorique hostile de la Corée du Sud rendait à présent inapproprié - et relevant même d'une appréciation erronée - tout dialogue tendant à la réconciliation et à la réunification avec les actuelles autorités sud-coréennes : 

Je pense que c'est une erreur que nous ne devrions plus commettre que de considérer les personnes qui nous qualifient de 'pire ennemi' (...) comme quelqu'un avec qui chercher la réconciliation et l'unification.

Lors de la visite des usines d'armement des 8 et 9 janvier 2024, selon l'agence KCNA ce n'est pas tant la Corée du Sud qui est mise en cause comme "principal ennemi" que le "clan" qui la dirige, cette situation justifiant, toujours d'après KCNA, la priorité donnée aux efforts militaires pour faire face à "une posture de confrontation" : 

Prédisant que le clan de la République de Corée est notre principal ennemi, il a déclaré que la priorité de la RPDC dans ses relations avec l'État hostile qui connaît une forte fièvre d'accumulation d'armes tout en incitant à une posture de confrontation avec le premier est de renforcer les capacités militaires d'autodéfense et la dissuasion nucléaire en premier lieu.

Il est habituel que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) prétende être dans une posture d'autodéfense pour se tenir prête si les forces qu'elle qualifie d'hostiles déclenchaient une guerre, en excluant d'attaquer la première. A cet égard, la Corée du Nord à d'ailleurs récemment procédé à des tirs d'artillerie à munitions réelles près de la frontière maritime contestée, objet par le passé d'affrontements qui ont été meurtriers, en réaction aux manoeuvres conjointes des Etats-Unis et de leurs alliés.

En revanche, il est nouveau de déclarer que l'ennemi principal puisse se trouver à Séoul et pas à Washington. Si la Corée du Sud peut considérer le Nord comme son ennemi lorsque les conservateurs sont au pouvoir à la Maison bleue, le discours nord-coréen est traditionnellement de voir les Etats-Unis comme la principale menace pour Pyongyang - et la Corée du Sud comme un allié des Américains. Par des déclarations ciblées sur les autorités sud-coréennes, la sémantique a son importance : elle exclut toute perspective de dialogue ou d'échanges intercoréens sans modification de l'équipe dirigeante à Séoul - même si, par le passé, un changement de politique intercoréenne au Sud a pu s'opérer sous une même présidence. Sans surprise, les relations intercoréennes font malheureusement les frais de l'escalade des tensions qui dure depuis désormais près de deux ans. 

 

Sources : 

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