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26 février 2008 2 26 /02 /février /2008 23:09
Le 26 février 2008, au Grand théâtre de Pyongyang-Est, l'Orchestre philharmonique de New York a donné un concert historique dans les relations entre la Corée du Nord et les États-Unis et diffusé dans le monde entier.

undefinedDirigé par Lorin Maazel, l'orchestre a d'abord joué l'hymne national de la République populaire démocratique de Corée puis celui des États-Unis d'Amérique. Au programme du concert figuraient ensuite, entre autres, le Prélude à l'Acte III de l'opéra Lohengrin de Richard Wagner, la Neuvième Symphonie, dite "Du Nouveau Monde", d'Antonin Dvorak et Un Américain à Paris de George Gershwin.

Cette représentation unique du plus vieil orchestre symphonique américain constitue une première, alors que les États-Unis et Corée du Nord sont toujours virtuellement en guerre, faute de traité de paix après la guerre de Corée (1950-1953), et que les deux pays sont engagés dans une délicate négociation sur le programme nucléaire nord-coréen.

Même si aucun haut responsable américain n'assistait à la représentation, la dimension politique du concert était évidente.


L'annonce du concert, en décembre 2007, avait été faite à New York en présence du négociateur américain chargé du nucléaire nord-coréen, Christopher Hill, ainsi que du chef de la mission de la République populaire démocratique de Corée aux Nations Unies, Pak Gil Yon. (source : AFP)


 L'hymne coréen, Le Chant patriotique, et l'hymne américain, The Star-Spangled Banner,
interprétés par l'Orchestre philharmonique de New York le 26 février 2008 à Pyongyang.


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19 février 2008 2 19 /02 /février /2008 21:25

Une dépêche de l'agence officielle nord-coréenne KCNA, citant l'édition du 9 février 2008 du quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, rapporte que les accusations lancées depuis 2004 par les Etats-Unis à l'encontre de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), et concernant une prétendue fabrication de faux dollars par la RPDC, reposent sur des éléments de moins en moins fiables.

Selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung citée par KCNA, un "transfuge nord-coréen" témoin clef de l'accusation dans l'affaire de la fabrication de fausse monnaie imputée par les Etats-Unis à la Corée du Nord, s'est avéré être un escroc avant de disparaître. De leur côté, les milieux économiques et judiciaires européens croient de plus en plus à une responsabilité américaine dans la fabrication de ces faux dollars. Ces derniers développements sont pour l'AAFC l'occasion de revenir sur ce que révélait dès janvier 2007 la FAZ au sujet de ces accusations américaines, et de rappeler les implications de l'affaire des "superbillets" pour les négociations en cours sur le nucléaire nord-coréen.

Les bases bancales des accusations américaines

Dans l'édition dominicale du 7 janvier 2007 du grand quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, le journaliste financier Klaus Bender révélait la fragilité des bases sur lesquelles reposent les accusations américaines de contrefaçon monétaire lancées contre la Corée du Nord. [1]

Rappelons que, selon les Etats-Unis, la RPDC est coupable, au moins depuis la fin des années 1980, de la fabrication de faux billets de 100 dollars. Ces faux billets sont si bien faits que même les experts sont incapables de les différencier des billets authentiques, ce qui a valu à ces contrefaçons le nom de "superbillets". Or, écrivait Klaus Bender dès 2007, "le bruit court depuis des années parmi les représentants du secteur de l’impression sécurisée et chez ceux qui enquêtent sur la contrefaçon, que c’est la CIA américaine qui fabrique les superbillets".

Pour soutenir une telle affirmation, Bender commençait par rappeler dans son article la complexité technique extrême de l'impression de billets de banque, une complexité qui n'a pourtant pas arrêté les faussaires. Un autre élément étrange est que chaque changement introduit par la Réserve fédérale américaine dans l’impression du dollar depuis 1996 a été immédiatement reproduit par les faussaires. Ainsi, le papier utilisé pour les faux billets de 100 dollars est fabriqué sur une machine de type "Fourdrinier" avec 75% de coton et 25% de lin. Seuls les Américains sont censés fabriquer leur monnaie de cette façon. En outre, une analyse du papier révèle que le coton utilisé provient du sud des Etats-Unis.

Bender signalait aussi que tous les dispositifs de sécurité (micro-impressions, filigrane, etc...) présents sur les vrais billets de 100 dollars figurent également sur les superbillets attribués à la Corée du Nord. Les analyses pratiquées en laboratoire avaient montré que les encres de sécurité utilisées pour les superbillets sont identiques à celles utilisées pour les billets authentiques, jusqu'à la fameuse encre OVI (Optical Variable Ink), dont l’apparence change en fonction de l’angle d’inclinaison par rapport à la lumière. Le journaliste rappelait que l'encre OVI est fabriquée par une seule entreprise, en Suisse, et exclusivement utilisée par la Réserve fédérale américaine, un système de traçage secret permettant de retrouver la date exacte de fabrication de l’encre. Pour conclure sur ce point, Klaus Bender écrivait que "l'entreprise n'a pas voulu faire de commentaire, les Etats-Unis étant son plus gros client".

Bender révélait ensuite que les superbillets sont les premiers faux à être imprimés selon la méthode dite Intaglio. Comme pour l'encre, la machine à imprimer requise est fabriquée par une seule entreprise, en Allemagne, et c'est la même machine qui est utilisée depuis plusieurs années aux Etats-Unis par la Réserve fédérale et le Bureau des gravures et impressions. La vente ou la revente d'une telle machine d'imprimerie n'est pas libre et doit être signalée à l'organisation de police internationale Interpol.

Les presses standard que possède la Corée du Nord depuis les années 1970 ne peuvent pas imprimer un superbillet sans équipement supplémentaire. Or, d'après Klaus Bender, les machines nord-coréennes sont probablement hors service en raison d'un manque de pièces de rechange, le pays faisant imprimer sa monnaie en Chine.

Le dernier argument avancé par Bender était d'ordre économique : si les Nord-Coréens recherchaient un avantage économique dans la fabrication de ces faux billets, ce serait un mauvais investissement. En effet, d’après les données du Secret Service américain, en charge de la lutte contre la fausse monnaie, seulement 50 millions de dollars en superbillets ont été saisis depuis 1989, date de leur apparition, une somme bien inférieure au coût d'une seule machine.

Ainsi, beaucoup ne croient pas aux thèses de Washington sur une "Pyongyang Connection" ou une "guerre économique contre l’Amérique". Bizarrement, bien que les faussaires maîtrisent la technologie des encres de sécurité sensibles aux infrarouges, les superbillets sont fabriqués de telle façon que les systèmes de vérification automatisés les détectent immédiatement.

Tous ces éléments alimentent aujourd'hui une rumeur qui circule parmi les experts en contrefaçon, et dont a fait état Klaus Bender, selon laquelle c’est la CIA américaine qui fabrique les superbillets dans une imprimerie secrète où les machines nécessaires à leur fabrication sont censées être installées. Grâce à ces faux billets, l'agence de renseignement américaine pourrait financer des opérations secrètes en échappant au contrôle du Congrès et en faisant "porter le chapeau" à la Corée du Nord alors que les  négociations en cours sur son programme nucléaire ne font pas l'unanimité au sein de l'administration américaine.

Les sanctions américaines, alternative à une solution militaire

Pendant les quinze ans qui ont suivi leur première apparition en 1989 aux Philippines, les superbillets de 100 dollars n’ont intéressé que les spécialistes. En accusant officiellement la RPDC pour la première fois, George W. Bush a fait du sujet une des clefs de sa politique à l’égard de la Corée. L'administration américaine prétend avoir des "preuves indiscutables" quant à l'origine des superbillets, mais ne les divulgue pas, prétendument pour des raisons de sécurité.

C'est sur la base de ces accusations que des sanctions financières ont été adoptées par les Etats-Unis contre la RPDC en septembre 2005, au lendemain d'une déclaration conjointe sur le nucléaire nord-coréen, signée le 19 septembre 2005, qui soulevait de grands espoirs. Mais les sanctions américaines, comme le blocage de fonds nord-coréens dans une banque de Macao, ont entraîné un regain de tensions. [2] La RPDC, qui a toujours nié les accusations américaines, a vu les sanctions américaines comme une agression et a exigé leur levée comme préalable à un retour à la table des négociations.

De leur côté, les néo-conservateurs de l'administration américaine avouent eux-mêmes  que les sanctions prises à l'égard de la Corée du Nord constituent une alternative à la solution militaire visant à entraîner la chute du "régime de Pyongyang". Ainsi John Bolton, ambassadeur américain aux Nations Unies d’août 2005 à décembre 2006 et membre éminent du centre de réflexion néo-conservateur American Enterprise Institute, reconnaissait en mars 2007 que l'objectif était bien "de faire pression [...] et d’isoler davantage la Corée du Nord pour, à la fin, résoudre vraiment la question des armes nucléaires nord-coréennes, éliminer le régime nord-coréen et réunifier la péninsule coréenne". [3]

L'administration américaine revenant à davantage de pragmatisme, une nouvelle session des pourparlers à six réunissant, outre la Corée du Nord et les Etats-Unis, la Corée du Sud, la Chine, le Japon et la Russie, s'est tenue à Pékin du 8 au 13 février 2007 et a abouti à un accord américano-nord-coréen aux termes duquel "La RPDC et les États-Unis commenceront des négociations bilatérales visant à résoudre les problèmes en cours et à progresser vers des relations diplomatiques complètes."  Dans l'accord du 13 février 2007, les États-Unis envisagaient la levée des sanctions financières prises à l'encontre de la RPDC en contrepartie de la fermeture des installations nucléaires nord-coréennes de Yongbyon.

L'accord du 13 février a ouvert la voie à des discussions bilatérales entre les Etats-Unis et la RPDC qui se sont entendus le 19 mars 2007 pour que les fonds nord-coréens bloqués sur les comptes de la Banco Delta Asia (BDA) de Macao soient restitués à Pyongyang. Cette restitution a finalement eu lieu en juin 2007, même si l'interdiction faite aux institutions financières américaines de traiter avec la BDA a été maintenue. Cette opération permettait néanmoins de mettre en œuvre l'accord du 13 février 2007 et d'envisager la désactivation du réacteur de Yongbyon. Mais une probable manipulation servant les intérêts des néo-conservateurs américains aura fait perdre deux ans à la paix. 

 

[2] Ignacio Ramonet, "Tensions en Corée", Le Monde Diplomatique, octobre 2006
[3] Extrait d'un discours prononcé par John Bolton devant la Conservative Political Action Conference, le 1er mars 2007 à Washington.
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16 février 2008 6 16 /02 /février /2008 10:55

La course à l'investiture pour l'élection présidentielle américaine fait ressortir les profondes divergences entre les principaux candidats républicains et démocrates en politique étrangère : si le bilan de la guerre d'Irak domine les débats en ce domaine, les relations avec les Etats-Unis et la Corée constituent un autre point d'achoppement.

Au cours du mandat de George W. Bush, les relations entre les Etats-Unis et les deux Corée ont spectaculairement évolué : si la Corée du Sud reste un allié majeur de Washington en Extrême-Orient, la Corée du Nord a initialement été classée parmi les pays de "l'axe du mal", avant que l'accord signé à Pékin, le 13 février 2007, ne signifie un engagement des différentes parties en vue d'une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne. 

La Corée du Nord a suspendu les activités de son principal réacteur nucléaire, à Yongbyon, en contrepartie de la fourniture d'énergie par les Etats-Unis. Un an après l'accord de Pékin, la non-livraison par les Etats-Unis du pétrole promis en février 2007 et la demande, par Washington, que Pyongyang lui fournisse une liste plus complète de ses installations nucléaires que celle qui lui a déjà été communiquée, constituent les principales questions en suspens pour la poursuite de la mise en oeuvre de l'accord du 13 février 2007.
  

Dans ce contexte, les divergences entre les principaux candidats à l'élection présidentielle américaine de cette année reproduisent la ligne de clivage entre démocrates et républicains.

Le principal candidat républicain, John Mc Cain apparaît comme le continuateur de la politique suivie par George W. Bush. Les experts s'attendent à ce qu'il envisage de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord en cas de divergences persistantes sur la liste des installations nucléaires fournie par Pyongyang.

Pour les démocrates, l'essai nucléaire auquel a procédé la Corée du Nord, le 9 octobre 2006, témoigne selon eux de l'échec de la politique de confrontation suivie par l'administration de George W. Bush. Ils considèrent que l'objectif de la dénucléarisation de la péninsule coréenne ne pourra être atteint que par le dialogue.

Dans une contribution au numéro de juillet-août 2007 de la revue Foreign Affairs, Barack Obama a déclaré qu'il serait prêt à rencontrer le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il pour résoudre la question nucléaire. Pour sa part, Hillary Clinton envisage notamment un dialogue conjoint avec la Russie sur ce sujet.

L'accord de libre-échange entre les Etats-Unis et la Corée du Sud constitue un autre point d'achoppement entre démocrates et républicains. Alors que Hillary Clinton et Barrack Obama soulignent les risques de cet accord sur l'emploi aux Etats-Unis, John Mc Cain s'est déclaré partisan d'une pleine application de l'accord de libre-échange.

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