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1 mai 2017 1 01 /05 /mai /2017 14:12

La société coréenne traditionnelle, empreinte de confucianisme, est conservatrice sur les questions de société, tendant ainsi souvent à considérer que l'homosexualité n'existerait pas en Corée du Sud. Dans les faits, des mentions de l'homosexualité figurent bien dans le droit sud-coréen pour établir des règles répressives, ainsi dans le code pénal militaire, une chasse à l'homme étant en cours sur cette base dans l'armée, au mépris des engagements internationaux de la République de Corée en matière de droits de l'homme. Dans la période récente, l'émergence de mouvements religieux homophobes militants a favorisé un climat d'intolérance, y compris dans les rangs des progressistes qui militaient naguère pour la démocratie et les libertés publiques au Sud de la péninsule coréenne. Alors que le scrutin du 9 mai 2017 désignera un nouveau chef de l’État en Corée du Sud, les militants LGBT ont décidé de renforcer leurs actions en interpellant les candidats – comme en rend compte un article du quotidien progressiste Hankyoreh, publié le 24 avril 2017, intitulé « Les candidats à la présidentielle évasifs sur la question des droits LGBT », et dont nous publions ci-après une traduction de l'anglais.

Des membres de « Solidarité universitaire pour les minorités sexuelles », qui fédère 108 groupes d'étudiants, a tenu une conférence de presse le 20 avril place Gwanghwamun au centre de Séoul, avec comme mot d'ordre « Notre génération est différente », en appelant à l'adoption d'une législation anti-discriminations (photographie : Kim Kyung-ho)

Des membres de « Solidarité universitaire pour les minorités sexuelles », qui fédère 108 groupes d'étudiants, a tenu une conférence de presse le 20 avril place Gwanghwamun au centre de Séoul, avec comme mot d'ordre « Notre génération est différente », en appelant à l'adoption d'une législation anti-discriminations (photographie : Kim Kyung-ho)

Apparemment désireux de ne pas s'aliéner les chrétiens conservateurs, les candidats ne s'engagent pas sur une législation anti-discriminations.

« Je rêve d'un jour où nous pourrons nous aimer et qu'on ne nous crée pas d'histoires. Mais la réalité aujourd'hui est que nous sommes arrêtés parce que nous nous aimons. »

Ces vers du poème de Hwang In-chan Une forêt de figuiers ont été cités sur une affiche diffusée le 20 avril sur le campus de l'Université Sogang. « Arrêtez-moi aussi », a écrit un étudiant qui s'est défini comme un homme gay n'ayant pas effectué son service militaire obligatoire. D'autres affiches ont été diffusées dans l'école par des étudiants se revendiquant de « Gay KATUSA » et des « Réservistes gay. Cette campagne est menée pour protester contre l'arrestation d'un capitaine gay pour avoir violé l'article 92-6 du Code pénal militaire en ayant commis des actes homosexuels.

Parmi les voix qui regrettent la « criminalisation de l'amour », d'aucuns accusent également certains des principaux candidats à l'élection présidentielle de se taire sur les droits des personnes LGBT tout en se définissant eux-mêmes comme défendant les « droits de l'homme » ou comme « féministes ». Les observateurs relèvent que même si les démonstrations aux bougies ont fait des droits des personnes LGBT un sujet plus important que lors des précédentes élections présidentielles, les favoris sont trop préoccupés d'apaiser les conservateurs chrétiens homophobes pour se prononcer.

Les groupes LGBT sont beaucoup plus impliqués dans cette élection qu'ils ne l'ont jamais été auparavant. Le 15 avril, le groupe pour les droits des gays Chingu Sai a organisé le premier « sommet gay » de l'histoire de la Corée, en ayant réuni environ 100 dirigeants de la communauté gay qui ont publié une liste des « demandes de la communauté gay pour l'élection présidentielle de 2017 ». Les dirigeants ont fixé au 1er mai la réponse des candidats à leurs demandes, lesquelles comprennent l'adoption d'une législation anti-discriminations, la légalisation du mariage pour les personnes de même sexe, des garanties quant à l'établissement des différents types de famille et l'abolition de l'article 92-6 du Code pénal militaire. Une liste de 10 tâches politiques pour l'égalité des droits des personnes LGBT avait été annoncée en mars par Rainbow Action, un groupe qui s'oppose aux discriminations contre les personnes LGBT. Des demandes spécifiques portent sur l'adoption d'une législation spécifique facilitant la chirurgie pour un changement de sexe et une interdiction de louer les bâtiments publics à des personnes affirmant que les personnes LGBT doivent être « soignées ».

Les positions de candidats sur les droits LGBT peuvent se ramener à la question de savoir s'ils envisagent d'adopter une législation anti-discriminations, qui comprendrait des mesures interdisant les discriminations contre une personne sur la base de son identité ou de son orientation sexuelle. Le 20 avril, la section sud-coréenne d'Amnesty International a publié des réponses à huit questions relatives aux droits de l'homme que lui ont faites Moon Jae-in, Ahn Cheol-soo, Hong Joon-pyo, Sim Sang-jung et Yoo Seong-min. Parmi les cinq candidates, seule Sim Sang-jung du Parti de la justice, marqué à gauche, a fait part de son intention de « mettre en œuvre » une législation anti-discriminations. Le candidat du Parti de la liberté de la Corée (conservateur) Hong a dit qu'il ne « pourrait pas » la mettre en œuvre, tandis que les autres trois candidats ont évité de donné une réponse claire.

Moon, candidat du Parti Minjoo de la Corée (libéral), et Ahn, candidat modéré du Parti du peuple (modéré), qui se classent respectivement premier et deuxième dans les intentions de vote, ont fait part de leur opposition aux discriminations mais ont souligné la nécessité d'un consensus au sein de la société. Yoo, candidat du Parti Bareun (conservateur), n'a pas répondu.

Une affiche à l'Université Sogang de Séoul, où l'on peut lire « Arrêtez-moi aussi » (source : Twitter)

Une affiche à l'Université Sogang de Séoul, où l'on peut lire « Arrêtez-moi aussi » (source : Twitter)

Le 20 mars, des représentants des candidats Moon, Hong, Ahn et Yoo ont tous affirmé leur opposition à l'établissement d'une législation anti-discriminations alors qu'ils assistaient à la Présentation de la politique du public chrétien pour la 19e élection présidentielle, organisée par la Sainte Conférence pour l’Évangélisation des 80 millions de Coréens et la Conférence politique du public chrétien. Dans un entretien récent sur YTN, Hong a fait des déclarations homophobes sur les droits LGBT, en disant qu'il « détestait ces trucs ». Parmi les candidats en lice pour le scrutin, seulement deux – Sin et Kim Seon-dong, candidat du parti de l'Unité populaire – ont fait figurer les droits des personnes LGBT dans leurs engagements, y compris l'adoption d'une législation anti-discriminations et l'abolition de l'article 92-6.

Les observateurs disent que les réticences et les évitements des candidats sur les droits des personnes LGBT montrent leur incapacité à prendre en compte les évolutions de la situation en Corée du Sud. Dans les universités, les positions anti-LGBT ont suffisamment reflué pour que plusieurs étudiants ayant fait leur coming out deviennent présidents des conseils étudiants, depuis que la lesbienne Kim Bo-mi a été élue à ce poste à l'Université de Séoul en 2015 – et pourtant, les critiques pointent l'incapacité des candidats à avoir activement pris en compte cette évolution. Les mêmes voix critiques ont aussi incité les candidats à ne pas se dérober à leur devoir de protéger les droits des personnes LGBT au profit d'efforts à courte vue pour gagner des voix, mais à s'affirmer comme des hommes et des femmes politiques qui n'ont pas être gênés devant l'histoire.

« Les partis établis parlent tous de 'réforme' et de 'mettre fin aux crimes du passé', mais ils ne disent jamais un mot sur une législation anti-discriminations ou sur les questions LGBT », a déclaré Na Ra, secrétaire général de Solidarité pour les droits de l'homme des personnes LGBT en Corée.

« Cela montre avec évidence leur approche des droits de l'homme. »

Par Park Su-ji, journaliste.

Merci d'envoyer directement vos questions ou vos commentaires à [english@hani.co.kr] (NdT : écrire en anglais)

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29 avril 2017 6 29 /04 /avril /2017 18:00

Quinze candidats s'affrontent à l'élection présidentielle du 9 mai 2017 en République de Corée (Corée du Sud). L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a commencé leur présentation par celle des cinq candidats enregistrés sous les numéros 1 à 5 - l'ordre d'enregistrement dépendant du nombre de parlementaires membres du parti dont le candidat est le représentant, puis suivant un tirage au sort pour les candidats indépendants ou appartenant à un parti non représenté au Parlement. Nous poursuivons la présentation avec celle des candidats enregistrés sous les numéros 6 à 10, dans un article signé de Benoît Aries que nous remercions pour ces travaux inédits dans une langue européenne.

Candidat numéro 6 : Cho Won-jin – Parti Saenuri (source)

Cho Won-jin est le candidat à l’élection présidentielle du parti Saenuri, né le 7 janvier 1959 à Daegu.


Il est considéré et se définit lui-même comme conservateur.

Fidèle parmi les fidèles de l’ancienne présidente destituée Park Geun-hye, il a choisi le 8 avril 2017 de quitter le parti conservateur « Parti de la Liberté de Corée », nouveau nom du parti Saenuri pour créer un nouveau parti appelé de façon éponyme Saenuri.

Ce natif de Daegu a étudié les sciences politiques à l’Université Hangook des Etudes Etrangères avant d’être diplômé en administration en second cycle.

Devenu assistant parlementaire en 1996, il a poursuivi sa carrière politique jusqu’à aujourd’hui au service des conservateurs.

Il a été élu vice-président du district de Balseo à Daegu et a fait partie du bureau national de l’ancien parti Saenuri, maintenant Parti de la Liberté de Corée.

Cho Won-jin s’est retrouvé sur le devant de la scène après que le scandale de corruption dont fut l’objet la présidente Park Geun-hye a éclaté, les plus proches collaborateurs de cette dernière s’étant parfois retirés de leur plein gré, ayant parfois été écartés suite à une mise en examen.

Pendant la tempête qui a fait rage suite aux révélations des malversations de l’ancienne présidente, il apparut comme l’un des derniers fidèles. Il participait aux réunions quotidiennes tenues au palais présidentiel en vue d’assurer la défense de Park Geun-hye face aux accusations, cette dernière n’étant cependant jamais présente, leur utilité s’en trouvait évidemment limitée.

Le 26 janvier 2017, il fut l’un des rares hommes politiques présent à la manifestation organisée en soutien à la présidente, alors sous la menace d’une procédure de destitution.

Considérant comme des traîtres les membres de sa famille politique se désolidarisant de Mme Park, il annonça le 8 avril 2017 lors d’une manifestation dans sa ville natale de Daegu son intention de créer un nouveau parti reprenant l’appellation Saenuri et de se présenter à l’élection présidentielle.

Cette annonce fut accueillie avec un certain scepticisme par l’électorat. Connu pour ses tendances très à droite, le journal News Town a également dénigré sa candidature, l’accusant de fractionner le vote conservateur, déjà au plus bas dans les sondages.

Son positionnement est selon les analystes coréens encore plus à droite que celui du parti de la Liberté de Corée.

Il a ainsi déclaré lors d’une conférence de presse : « Je réformerai le pays en me basant sur les vraies valeurs conservatrices, je punirai ceux qui sont à l’origine de la destitution [de Park] et ferai tout pour obtenir sa libération ».

En parlant de ses rivaux conservateurs : « Les candidatures de Hong Joon-pyo et de Yoo Seong-min n’ont aucune chance contre moi. Moon Jae-in, celui qui a mené la campagne pour la destitution est mon seul et unique rival ».

Son programme qu’il a intitulé « Projet pour la Rénovation Nationale » se résume officiellement en six points :

  • Une nation éthique et juste
  • Un pays pacifique mais fortement armé
  • Favoriser l’économie de marché
  • Décentraliser le pouvoir
  • Une éducation moins soumise au secteur privé
  • Un pays industrialisé et heureux

Parmi les mesures concernant ce qu’il appelle l’éthique du pays, il propose de pénaliser l’homosexualité et de renforcer « l’éducation morale ».

Il demande la tenue d’un référendum dans le cas d’une procédure de destitution et que celui-ci ait lieu pour l’ancienne présidente Park Geun-hye. Il désire également que son honneur soit lavé et qu’elle soit immédiatement libérée.

Concernant la défense du pays, il propose d’augmenter le budget qui y est consacré à hauteur de 50.000 milliards de wons soit plus de 40 milliards d’euros au taux de change actuel. Il souhaite maintenir les liens militaires actuels entre la République de Corée et les Etats-Unis.

A propos de la dissuasion nucléaire, il dit vouloir continuer à s’abriter sous le parapluie atomique américain mais assure qu’il dotera le pays de son propre arsenal si le besoin s’en fait sentir.

Conformément à la doctrine des conservateurs, il demande une stricte réciprocité dans les échanges que le pays tient avec le Nord.

Il propose enfin de développer les rapports stratégiques que la République de Corée entretient avec la Chine et la Russie.

Candidat numéro 7 : Oh Young-guk – Parti de l’Economie Patriote (source)

Oh Young-guk est le candidat à l’élection présidentielle du Parti de l’Economie Patriote, il est né le 21 août 1957 sur l’île de Jeju.

Candidat inclassable aux déclarations parfois farfelues, il n’est pas sans rappeler un certain Huh Kyung-young qui s’était présenté à l’élection présidentielle de 2007, lui aussi célèbre pour certaines de ses phrases.

Il est le président-fondateur de Haha Group, une société fabricant des équipements médicaux. Il serait également vice-président d’une « Fondation MacArthur pour la Paix ».

Il est à l’origine en 1998 du Projet pour l’Allongement de la Vie qui souhaite, comme son nom l’indique, augmenter l’espérance de vie de l’être humain.

Son entreprise a dans ce but breveté un appareil de nettoyage intestinal utilisable à domicile qui serait selon lui bénéfique pour vivre plus longuement en bonne santé ; sa société a gagné différents prix en Corée pour le caractère prometteur et innovateur de son activité.

Oh Young-guk a été le dernier à déclarer sa candidature, et celle-ci a été considéré comme une surprise par les observateurs de la vie politique coréenne.

Il aurait vu un signe du ciel dans le fait qu’elle soit marquée par le chiffre 7, il est né en 1957, l’élection a lieu en 2017 et son numéro de candidat est le 7.

Son programme se résume officiellement en cinq points :

  • Donner la priorité à l’économie nationale
  • Ne faire que ce qui est dans l’intérêt de la Nation
  • Ne plus avoir de politiciens au pouvoir mais des managers
  • Faire de la Corée le plus grand pays au monde
  • Déplacer le palais présidentiel

Il a déclaré concernant son projet : « Je souhaite faire de la Corée une grande puissance économique, un pays heureux, un village global où chacun puisse vivre en harmonie ».

Oh Young-guk possède une vision particulière de l’économie, il souhaite ainsi que le président de la Banque mondiale devienne le ministre de l’Economie mondiale et augmente de ce fait ses prérogatives. Ambitieux, son programme économique comporte également la création d’une Banque en ligne universelle.

Au niveau national, il souhaite redonner l’accès au crédit aux quelques 700.000 personnes qui en sont actuellement privées et limiter les taux d’intérêt des emprunts à un maximum de 3%. Cette proposition irait de pair avec la fermeture des établissements d’usure qui semblent prospérer en Corée du Sud.

Il désire rendre gratuit les frais d’inscription à l’université et réduire la part du privé dans l’enseignement.

L’île de Jeju d’où il est originaire occupe une place importante dans sa plateforme. Il souhaite en effet y développer davantage le tourisme en construisant un pont qui la relierait au continent, jusqu’à la ville de Mokpo dans la province du Jeolla du Sud plus précisément. Il déclare également vouloir attirer les voyageurs grâce à la création de casinos et établir des complexes hôteliers de luxe pour que l’île devienne « La Mecque du tourisme mondial ».

Dans le domaine de la justice, Oh Young-guk désire réexaminer la peine de la totalité des détenus. Il se dit favorable à une amnistie générale à l’exception des peines concernant les crimes les plus graves. Cette procédure serait alors entre les mains d’un comité opérant sous le contrôle de la présidence de la République.

Il propose la tenue d’une conférence internationale pour la paix qui se tiendrait à la frontière entre les deux Corée, que l’on appelle couramment DMZ.

Il dit avoir pour objectif la paix pour la péninsule coréenne ainsi que pour l’ensemble de l’humanité et désire la réunification de son pays « par la voie pacifique, pour des raisons pacifiques ». Il donne les arguments suivants pour cette solution : baisse des tensions dans la région, suppression des armes nucléaires, revitalisation économique et crédibilité sur la scène internationale.

Candidat numéro 8 : Chang Sung-min – Grand Parti National pour l’Unité (source)

Chang Sung-min est le candidat à l’élection présidentielle du Grand Parti National pour l’Unité, il est né le 5 septembre 1963 dans le district de Goheung, dans la province du Jeolla du Sud.


Il est considéré comme étant progressiste, son programme de politique intérieure proposant une façon novatrice de faire de la politique dans un pays encore souvent conservateur.

Diplômé de l’université Sogang à Séoul en sciences politiques en 1992, il a véritablement commencé sa carrière politique avec Kim Dae-jung, soutenant celui qui deviendra président de la République en 1997.

Aujourd’hui, il se présente comme son héritier, reprenant un bon nombre d’éléments de langage et de mesures jadis employées par celui qui fut le premier chef d’état Sud-Coréen à aller à Pyongyang.

Il a acquis une certaine notoriété en participant à une émission de télévision consacrée à la politique sur TV Joseon.

Le slogan de sa campagne est « La politique uniquement au service du peuple ».

Selon lui, « les fondements de la crise que le pays vient de connaître [la destitution de Park] et qui provoquent chaos et divisions sont nos politiques vieilles et gangrénées de l’intérieur ». Il propose de combattre d’une façon bien plus active la corruption.

Il souhaite ainsi augmenter le contrôle que les citoyens peuvent avoir sur les parlementaires au travers de 7 mesures qu’il décrit ainsi :

  • Introduction d’un système permettant de révoquer le mandat des parlementaires
  • Mise en place une période d’essai pour les évaluer
  • Réduction de leur nombre
  • Abolir les privilèges dont ils disposent et réduire le budget de l’assemblée
  • Renforcer leur morale et leur transparence
  • Se débarrasser de la corruption et des vices de la politique du passé
  • Réformer les partis et affermir la démocratie

Il est partisan d’une politique économique volontariste pour achever ce qu’il appelle la « 4ème Révolution Industrielle » qui sera le moteur de la croissance économique à venir. Ce concept désigne la mise en place d’une nouvelle philosophie industrielle s’appuyant sur les technologies numériques pour changer en profondeur la façon dont les objets sont produits.

Le processus de fabrication devra être propre et économe en énergie.

Il souhaite pour mettre cela en place restructurer l’économie du pays au travers d’une « dérégulation innovante » touchant également le secteur tertiaire.

Il appelle à la mise en place de trois grandes révolutions pour la « reconstruction nationale » :

  • Promouvoir une révolution des mentalités, particulièrement pour ceux ayant vécu durant la Guerre froide
  • Changer les lois anachroniques et le cadre institutionnel désuet
  • Développer une nouvelle politique géostratégique permettant de profiter de la Chine, plus grand marché au monde

Concernant la Corée du Nord, Chang Sung-min désire que Pyongyang démantèle son arsenal nucléaire, il préconise la négociation et non la menace pour y arriver, proposant une coopération économique étroite en échange de la dénucléarisation du Nord.

En attendant, il demande aux Etats-Unis de mettre de nouveau en place des armes atomiques au sud de la péninsule pour équilibrer le rapport de forces, et il est partisan du recours au système antibalistique américain THAAD.

Si cela n’était pas suffisant pour assurer la sécurité du pays, il souhaite que la Corée du Sud devienne à son tour une puissance nucléaire.

Candidat numéro 9 : Lee Jae-oh – Nouveau Parti 2018 (source)

Lee Jae-oh est le candidat à l’élection présidentielle du Nouveau Parti 2018, il est né le 11 janvier 1945 dans la ville de Donghae, de la province de Gangwon.

Ancien cadre du parti conservateur au pouvoir, son programme apparaît cependant comme un mélange entre progressisme social et libéralisme économique proposant certaines mesures apparaissant comme inhabituelles dans un pays tel que la Corée du Sud.

Il fut professeur dans le secondaire de 1971 à 1996 et a été impliqué en parallèle dans des organisations qui se sont opposées aux régimes autoritaires sud-coréens et ont œuvré pour la démocratie.

En 1979, Lee est devenu directeur d'Amnesty International pour la Corée du Sud.

La carrière politique de Lee a véritablement commencé en 1996, lorsqu'il a été élu à l’Assemblée nationale. En 1998, il est devenu vice-président du Grand parti national (GPN), parti conservateur, qui a changé plusieurs fois de nom, devenant le parti Saenuri pour finalement s’appeler le Parti de la Liberté de Corée, principale force de droite à cette élection.

Il a été réélu député en 2000.

En 2002, il a dirigé avec succès la campagne de réélection de Lee Myung-bak à la mairie de Séoul (ce dernier deviendra par la suite président de la République en 2007) et a siégé au conseil municipal.

Il a également été membre d’un groupe de travail du GPN pour les élections présidentielles de 2002. En 2004, il a été réélu à la chambre des députés.

De 2006 à 2007, Lee a été membre du Conseil suprême du GPN.

Lee Jae-oh désire réduire la durée du mandat présidentiel de 5 à 4 ans et diminuer ses prérogatives par la même occasion. Ce dernier gardera son autorité dans trois grands domaines : la diplomatie, la défense et les relations intercoréennes.

Selon cette nouvelle constitution, le Premier ministre, qui sera désormais investi par le Parlement, bénéficiera d’un transfert de compétences qui appartenaient précédemment au président. Cette dispersion du pouvoir permettra selon lui de décentraliser la nation et de faire diminuer la corruption.

Dans cette optique, Il accorde également une grande importance au découpage administratif du territoire, souhaitant réorganiser le pays en une cinquantaine de villes métropolitaines dotées d’une grande autonomie, chacune d’entre elles rassemblant une population d’un million d’habitants (la Corée du Sud comptant environ 50 millions d’habitants).

Cela irait de pair avec la réduction du nombre de parlementaire qu’il voudrait ramener à 200.

Ces économies sur les frais de fonctionnement de l’Etat permettraient selon lui de financer la gratuité des frais de santé et d’éducation pour les ménages dans un pays où la part du privé est prédominante dans ces secteurs clés, étant alors un grand facteur d’inégalités au sein de la population.

Ces mesures traditionnellement associées à une politique de gauche vont néanmoins dans le programme de Lee Jae-oh de pair avec un grand libéralisme économique.

Il déclare ainsi : « Le gouvernement central se doit d’intervenir le moins possible et de transférer dès que possible aux entités locales ou privées tout ce qu’elles sont capables de prendre en charge. La gestion des secteurs de la finance, législatifs, éducatifs et sécuritaires devront être pris en charge par les provinces nouvellement créées. »

A propos de la Corée du Nord, il souhaite l’établissement d’un traité de paix entre les deux pays et la prise en compte du caractère particulier de la politique au-delà du 38e parallèle.

Partisan des pourparlers à six, il souhaite cependant que la question nucléaire soit séparée du reste des discussions concernant la paix dans la péninsule.


Il est favorable à la présence militaire américaine au Sud, nécessaire selon lui à la stabilité en Asie du Nord-Est.

Il propose la construction d’une ligne de train à grande vitesse passant par les deux pays qui permettrait ainsi de relier la Corée du Sud à l’Europe par voie ferroviaire.

Candidat numéro 10 : Kim Sun-dong (également orthographié Kim Seon-dong) – Parti du Peuple Uni, également appelé parti de l'Union populaire (source)

Kim Sun-dong est le candidat à l’élection présidentielle du Parti du Peuple Uni, il est né le 9 septembre 1967 dans le district de Goheung, province du Jeolla du Sud.

Cet homme politique se situe résolument à gauche de l’échiquier politique sud-coréen, il a par ailleurs acquis une relative notoriété grâce à certains coups d’éclat durant sa carrière de parlementaire.

Il a été élu en 2011 à l’assemblée nationale pour le Parti démocratique du travail de Corée qui deviendra peu après après le Parti progressiste unifié suite à une fusion avec d’autres forces de gauche.

Ce dernier sera finalement dissous fin 2014 suite à la demande de la présidente Park Geun-hye (ce que de nombreuses organisations comme Amnesty International ont considéré comme « un signe inquiétant pour la démocratie»).


Lors du vote concernant le traité de libre-échange avec les Etats-Unis fin 2011, il lança une bombe lacrymogène au sein de l’assemblée pour retarder son adoption.

Cet acte eut pour conséquence de le priver de son mandat, il travailla par la suite dans une usine pour gagner sa vie.

Kim Sun-dong est le candidat ayant déclaré le moins de patrimoine personnel (environ 15.000 €).

Son programme politique semble être l’un des plus progressistes parmi ceux des différents candidats à la présidence de la République.

En ce qui concerne l’économie, il propose une série de mesures afin de combattre les inégalités, mieux protéger les salariés et réduire la pauvreté.

Nous pouvons citer par exemple la hausse du salaire minimum, dans un pays où ce dernier est faible, qui atteindrait ainsi les 10.000 won sud-coréens (environ 8 euros) par heure, le démantèlement des monopoles que les conglomérats détiennent, la hausse des impôts pour les très hauts revenus, l’élimination de la spéculation immobilière et financière, etc.

La situation économique du monde rural semble le préoccuper tout particulièrement. Conformément aux combats qu’il a mené contre les traités de libre-échange, il met en avant le concept de « souveraineté agricole ». Il propose entre autres d’interdire l’importation du riz et plus globalement d’assurer un revenu décent aux personnes vivant de la terre.

Le combat pour les libertés individuelles est un autre aspect majeur de sa campagne, il désire ainsi « une société sans discriminations, l’égalité entre les hommes et les femmes et l’accès à une citoyenneté à part entière pour les minorités ».

Il souhaite des négociations pour que la Corée et le Japon règlent enfin le problème des femmes de réconfort.

Concernant l’environnement, il désire augmenter la part des énergies renouvelables et supprimer les particules fines qui sont responsables d’une grande partie de la pollution dans le pays.

Enfin, il se pose en défenseur de la vie animale et veut travailler pour créer un environnement où les cours d’eau et les rivières ne seront plus un danger pour la santé.

La réunification du pays et la remise en cause des rapports actuels avec les Etats-Unis et le Japon constituent le troisième axe de sa candidature.

Il demande l’abandon immédiat du système antibalistique américain THAAD et le retour de cet équipement aux Etats-Unis dans les plus brefs délais.

A plus long terme, il demande la dissolution de l’alliance militaire entre les deux pays et le départ des troupes américaines de Corée du Sud après que le pays aura retrouvé sa souveraineté en matière de défense.

L’accord de partage de renseignements militaires entre la Corée du Sud et le Japon actuellement en vigueur devra prendre fin dans un délai de 90 jours suivant son élection à la présidence de la République.

Il demande la diminution des dépenses militaires qui permettra selon lui de financer une meilleure protection sociale, la baisse de la durée du service obligatoire à 12 mois (elle est comprise entre 21 et 24 mois à l’heure actuelle) ainsi que l’abaissement de la période de disponibilité pour les réservistes.

Concernant la Corée du Nord à proprement parler, il propose un certain nombre de mesures hautement symboliques :

  • La remise en service du complexe industriel de Kaesong
  • La réouverture des monts Kumgang aux touristes sud-coréens
  • La tenue d’un sommet intercoréen immédiatement après l’élection présidentielle
  • La fin de la loi de sécurité nationale en Corée du Sud
  • La construction d’une « ville de l’unification » à Kaesong
  • La prospection commune du pétrole en mer Jaune.
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24 avril 2017 1 24 /04 /avril /2017 13:57

Quinze candidats s'affrontent à l'élection présidentielle du 9 mai 2017 en République de Corée (Corée du Sud). L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) commence leur présentation par celle des cinq candidats enregistrés sous les numéros 1 à 5 - l'ordre d'enregistrement dépendant du nombre de parlementaires membres du parti dont le candidat est le représentant, puis suivant un tirage au sort pour les candidats indépendants ou appartenant à un parti non représenté au Parlement. 

Moon Jae-in, candidat du Parti démocratique de Corée (également appelé Parti Minjoo, 119 sièges sur 300 à l'Assemblée nationale)

Moon Jae-in est né le 24 janvier 1953 à Geoje (près de Busan). Son père, Moon Yong-hyung, était un paysan originaire de la ville de Hamhung, au nord de la Corée - qu'il a quittée pendant la guerre de Corée. Moon Yon-hyung travaillait pour le camp de prisonniers de guerre de Geoje. Etudiant en droit à l'Université Kyung Hee de Séoul, il a organisé un mouvement de protestation des étudiants contre la Constitution Yusin - promulguée en 1972 à l'initiative du général Park Chung-hee, et ayant établi le régime le plus autoritaire qu'ait connu la Corée du Sud. Conscrit de force au sein des forces spéciales, il a ensuite réussi le concours d'avocat. En raison de son passé d'activiste étudiant, il n'a pas été autorisé à exercer les fonctions de juge. Devenu juriste, il a travaillé avec le futur président sud-coréen Roh Moo-hyun, son aîné de près de sept ans, en se spécialisant notamment dans les questions relatives aux droits de l'homme. En 1988, il a également été un fondateur du quotidien progressiste Hankyoreh. Directeur de campagne du candidat démocrate Roh Moo-hyun lors de l'élection présidentielle de 2003, il est ensuite devenu l'un des piliers du cabinet de ce dernier après son élection, et ce pendant toute la durée de son mandat (2003-2008).

Candidat des démocrates à l'élection présidentielle de 2012, il s'incline (sur le score de 48,02 %) face à la candidate conservatrice Mme Park Geun-hye (élue avec 51,55 %). Mme Park est la fille du général Park Chung-hee, dont Moon Jae-in avait subi la répression après avoir combattu le régime autoritaire.

Une des principales figures de l'opposition à Mme Park Geun-hye, dirigeant des démocrates entre 2015 et 2016, Moon Jae-in a rallié le mouvement populaire pour la destitution de Mme Park, votée le 9 décembre 2016 et validée par la Cour constitutionnelle le 10 mars 2017.

Opposé à la loi de sécurité nationale, Moon Jae-in est favorable au dialogue avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), sans toutefois remettre en cause l'alliance avec les Etats-Unis. Il estime que le déploiement du système américain de missiles antimissiles THAAD ne doit pas précéder l'élection présidentielle du 9 mai 2017. Au plan économique, Moon Jae-in propose un effort budgétaire de 10.000 milliards de won (soit 8,1 milliards d'euros) pour favoriser la création d'emplois.

Hong Joon-pyo, candidat du Parti de la liberté de Corée (également traduit Parti Liberté Corée, 94 sièges sur 300 à l'Assemblée nationale)

Hong Joon-pyo est issu d'une famille pauvre. Né le 5 décembre 1954 à Changnyeong, dans la province du Gyeongsang du Sud, il a effectué des études d'administration publique à l'Université de Corée avant de devenir procureur. Ses activités spécialisées dans la lutte contre le jeu et le crime organisé ont inspiré une série télévisée.

Dans ses mémoires, il raconte qu'à l'âge de 18 ans il a, avec d'autres, fourni à l'un de ses amis un stimulant sexuel (habituellement utilisé pour les cochons et d'autres animaux d'élevage) pour droguer et violer une jeune fille, tout en observant que le stimulant n'avait pas eu l'effet escompté sur la jeune fille. Il en a résulté un scandale lors de la présente campagne présidentielle, qui l'a amené à présenter des excuses.

Elu député à Séoul de 1996 à 1999, puis de 2001 à 2012, ancien président du parti conservateur, grand pourfendeur du communisme, Hong Joon-pyo a été très en pointe contre le maire démocrate de Séoul Park Won-soon, qu'il a accusé de subventionner des organisations de gauche. Se posant en défenseur des gens pauvres et ordinaires, il utilise un langage direct qui l'a fait comparer à Donald Trump. Gouverneur de la province du Gyeongsang du Sud à partir de novembre 2012 (à la suite d'une élection partielle, avant d'être réélu en 2014), il a quitté ce poste le 9 avril 2017 après avoir été désigné comme candidat du Parti de la liberté de Corée sur un programme résolument conservateur. En particulier, il plaide le retour d'armes nucléaires tactiques américaines sur le territoire sud-coréen.

 

Ahn Cheol-soo, candidat du Parti du peuple (39 sièges sur 300 à l'Assemblée nationale)

Ahn Cheol-soo est né le 26 février 1962 à Miryang (dans le Gyeongsang du Sud), où son père effectuait alors son service militaire. Sa famille s'est ensuite établie à Busan. Diplômé de médecine de l'Université de Séoul, il a commencé à travailler comme docteur tout en développant (la nuit) des logiciels antivirus. En 1995, il a fondé l'entreprise AhnLab, qui est devenu le leader de la sécurité informatique en République de Corée. Il dit avoir refusé, pour des raisons patriotiques, une offre de rachat de son entreprise par John McAfee. Ahn Cheol-soo a également fait partie des dirigeants de la multinationale sud-coréenne POSCO, quatrième producteur mondial d'acier, dont il a été le président en 2010-2011. Ses succès comme homme d'affaires en font le plus riche des quinze candidats à l'élection présidentielle du 9 mai.

Ahn Cheol-soo est entré tardivement en politique, en tant qu'indépendant, à l'élection partielle pour la mairie de Séoul en septembre 2011 (il se retirera finalement avant le scrutin). Un court moment favori de l'élection présidentielle de 2012 sur un programme centriste de rénovation de la vie politique, il se désiste in fine en faveur du candidat démocrate Moon Jae-in, mieux placé dans les sondages, pour barrer la route à la conservatrice Mme Park Geun-hye, élue. Après son élection comme député indépendant lors d'une législative partielle en avril 2013, il se rapproche des démocrates, puis quitte la formation d'opposition (étant en opposition avec Moon Jae-in et les partisans de l'ancien président Roh Moo-hyun) pour fonder son propre parti, le Parti du Peuple, qui bouscule le bipartisme sud-coréen traditionnel lors des élections législatives d'avril 2016.

Un des premiers adversaires du déploiement du bouclier antimissiles THAAD en Corée du Sud, il s'y rallie finalement. Partisan d'un partage du pouvoir avec les conservateurs après les législatives d'avril 2016, il rejoint ensuite les manifestants favorables à la destitution de Mme Park Geun-hye.

Yoo Seung-min (parfois orthographié Yoo Seong-min), candidat du Parti de la vertu (plus généralement sous son nom coréen, Parti Bareun ; 33 sièges sur 300 à l'Assemblée nationale)

Né le 7 janvier 1958, Yoo Seung-min est l'héritier d'une famille politique conservatrice à l'époque du régime militaire : son père Yoo Soo-ho a été avocat en chef à Daegu et député. Diplômé en économie de l'Université de Séoul et de l'Université du Wisconsin à Madison, Yoo Seung-min s'est spécialisé dans la théorie des organisations et est devenu économiste à l'Institut coréen du développement (acronyme anglais : KDI, pour Korea Development Institute).

Elu député sur la liste nationale du parti conservateur (dont les sièges sont répartis à la proportionnelle) en 2004, il devient chef de cabinet de la députée et future présidente Mme Park Geun-hye, dont il s'affirme comme l'un des plus proches soutiens, notamment lors de sa campagne comme candidate à l'élection primaire de 2007 pour le parti conservateur (Mme Park sera alors battue d'une courte tête par Lee Myung-bak, qui deviendra ensuite président).

Il s'éloigne ensuite de plus en plus de Mme Park Geun-hye (élue en 2012), qui après son échec à l'élection primaire de 2007 défend alors un programme de protection sociale et de non-augmentation des impôts. En 2015, il doit démissionner de la présidence du groupe des députés conservateurs, étant accusé par la faction "pro-Park" du parti de manque de soutien à la chef de l'Etat.

Après le vote par le Parlement, le 9 décembre 2016, de la motion de destitution de Mme Park Geun-hye, acquise notamment grâce au soutien de la moitié des députés conservateurs, Yoo Seung-min devient l'une des principales figures d'une nouvelle formation, le Parti Bareun, conservateur anti-Park Geun-hye, qui réunit le quart des députés du Parti Saenuri (soit 33 députés).

Candidat à l'élection présidentielle, Yoo Seung-min défend un programme de libéralisation de l'économie, conservateur et pro-américain en politique étrangère.

Sim Sang-jung (nom également orthographié Sim Sang-jeong ou Sim Sang-jong), candidate du Parti de la Justice (6 sièges à l'Assemblée nationale)

 

Née le 20 février 1959 en tant que cadette d'une famille de quatre enfants, dans une petite ville située à proximité de la Corée du Nord, Sim Sang-jung est titulaire d"un baccalauréat universitaire de l'Université de Séoul.

A l'âge de 21 ans, elle est renvoyée de l'usine de vidéocassettes où elle travaillait pour avoir organisé un mouvement des travailleurs demandant une augmentation des salaires et une amélioration des repas. Elle devient une militante professionnelle à l'origine de plusieurs grèves, activement recherché par la junte militaire alors au pouvoir à Séoul.

Elle a été l'un des fondateurs, en 2000, du Parti démocratique du travail (PDT), première organisation de gauche sud-coréenne depuis 1961 à pouvoir s'organiser librement et obtenir une représentation parlementaire, en s'appuyant notamment sur le syndicat KCTU. Mme Sim Sang-jung fait partie, en 2004, des premiers députés du PDT, étant élue sur la liste nationale (dont les sièges sont pourvus à la proportionnelle).
Après l'échec du PDT à l'élection présidentielle de 2007, elle rejoint en 2008 le Nouveau parti progressiste (NPP), puis en 2011 le Parti progressiste unifié (PPU). Redevenue députée en 2012, réélue en 2016, elle fait partie des parlementaires qui quittent la même année le PPU (suite à un scandale sur la désignation interne de ses candidats aux législatives) et constituent le Parti de la justice, dont elle est actuellement présidente.

Lors de l'élection présidentielle de 2012, elle s'était retirée de la compétition, ralliant le candidat démocrate Moon Jae-in, pour empêcher l'élection de Mme Park Geun-hye.

Mme Sin Sang-jung entend porter la voix des travailleurs dans la campagne présidentielle de 2017, après que le Parti de la Justice eut défendu la révolution des bougies ayant conduit à la destitution de Mme Park Geun-hye. Au plan international, elle plaide pour une péninsule coréenne dénucléarisée et s'oppose au déploiement du dispositif THAAD en Corée du Sud. Sur les questions de société, elle défend les droits des minorités sexuelles, y compris des personnes LGBT.

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22 avril 2017 6 22 /04 /avril /2017 16:42

Alors que les 15 candidats à l'élection présidentielle sud-coréenne du 9 mai (sur lesquels nous reviendrons dans une prochaine édition) sont désormais connus, les deux premiers (le 14 avril sur SBS et le 19 avril sur KBS) des six débat télévisés prévus entre les 5 principaux candidats ont permis de préciser leurs programmes. Apparaissant plus que jamais comme un candidat conservateur de substitution face au favori, le démocrate Moon Jae-in, le centriste Ahn Cheol-soo a pâti des débats en peinant à convaincre son électorat hétéroclite après avoir donné, en vain, un coup de barre à droite : il est désormais devancé de 6 à 12 points par Moon Jae-in, tandis que le conservateur Hong Joon-pyo obtient jusqu'à 13 % des intentions de vote.

L'affiche du débat télévisé du 19 avril 2017 : de gauche à droite, Sim Sang-jung, Parti de la justice (social-démocrate), Hong Joon-pyo (Parti Liberté Corée, conservateur, majorité présidentielle sortante), Yoo Seung-min (Parti Bareun, conservateur), Moon Jae-in (Parti démocrate, libéral) et Ahn Cheol-soo (Parti du peuple, libéral).

L'affiche du débat télévisé du 19 avril 2017 : de gauche à droite, Sim Sang-jung, Parti de la justice (social-démocrate), Hong Joon-pyo (Parti Liberté Corée, conservateur, majorité présidentielle sortante), Yoo Seung-min (Parti Bareun, conservateur), Moon Jae-in (Parti démocrate, libéral) et Ahn Cheol-soo (Parti du peuple, libéral).

Traditionnellement, la question des relations intercoréennes et des rapports avec les Etats-Unis sont un marqueur important de la politique sud-coréenne, les progressistes (libéraux et sociaux-démocrates) étant favorables au dialogue au Nord et à une plus grande indépendance vis-à-vis des Etats-Unis, tandis que les conservateurs prônent la fermeté vis-à-vis de la Corée du Nord et une alliance plus étroite avec Washington. Ces questions ont pris une place importante dans les premiers débats télévisés, dans un contexte de montée des tensions autour de la péninsule coréenne.

Mis en cause par les conservateurs pour avoir prétendument consulté la RPDC (ce qu'il nie énergiquement) avant un vote d'abstention de Séoul en 2007 aux Nations unies sur la question des droits de l'homme au Nord, alors qu'il servait dans le cabinet du président démocrate Roh Moo-hyun, Moon Jae-in a avancé avec prudence sur les questions liées à la sécurité nationale. Partisan du dialogue tant avec les Etats-Unis (dont il a rappelé qu'ils étaient l' "allié" de Séoul) qu'avec la Chine sur le nucléaire nord-coréen, Moon Jae-in ne veut toujours pas d'un déploiement du bouclier américain de missiles antimissile THAAD avant l'entrée en fonctions du prochain gouvernement, tout en déclarant qu'un nouvel essai nucléaire nord-coréen pourrait forcer la décision pour mettre en oeuvre THAAD et que Pyongyang s'exposerait alors à de nouvelles sanctions. Pour Moon Jae-in, il s'agit de faire pression sur la Chine vis-à-vis de la RPDC en déclarant que, si Pyongyang conduisait un sixième essai nucléaire, le déploiement de THAAD en Corée du Sud deviendrait "inévitable". Cette forme de chantage à l'égard de la Chine, dont la marge de manoeuvre vis-à-vis de la RPDC ne doit pas être surestimée, sera appréciée à sa juste mesure par Pékin, alors que des sanctions chinoises ont d'ores et déjà été prises à l'encontre de la Corée du Sud à la suite du début du déploiement de THAAD au Sud.


Tout en se déclarant partisan de la paix, Ahn Cheol-soo a été interpelé par Moon Jae-in pour son revirement de position concernant THAAD : désormais partisan de THAAD, Ahn Cheol-soo a justifié son évolution par la situation internationale. Alors que la candidate de gauche Sim Sang-jung reste ferme sur son opposition à THAAD, les candidats conservateurs Hong Joon-pyo et Yoo Seung-min y sont toujours favorables, Hong Joon-pyo s'étant distingué en évoquant la possibilité qu'une attaque américaine contre la Corée du Nord permette de "récupérer le territoire" nord-coréen, ravivant ainsi un vieux fantasme des conservateurs sud-coréens d'une réunification de la péninsule par la voie militaire. Hong Joon-pyo s'est également prononcé pour le retour d'armes nucléaires tactiques en Corée du Sud, une "re-nucléarisation" à rebours de toutes les politiques conduites par les administrations présidentielles américaines depuis la fin de la guerre froide, mais que n'exclut pas la nouvelle administration Trump. Cependant, tant Hong Joon-pyo que Yoo Seung-min se sont déclarés favorables à un dialogue avec Washington et Pékin pour empêcher que la situation ne dégénère en conflit armé, c'est-à-dire en une "attaque préemptive" de Washington.

Evolution des intentions de vote entre les principaux candidats (le total des intentions de vote n'est pas égal à 100, compte tenu des non-réponses qui ne sont pas ventilées entre les différents candidats).

Evolution des intentions de vote entre les principaux candidats (le total des intentions de vote n'est pas égal à 100, compte tenu des non-réponses qui ne sont pas ventilées entre les différents candidats).

Les questions économiques et sociales, ainsi que les atteintes aux droits de l'homme en Corée du Sud (de plus en plus flagrantes sous les présidences conservatrices de Lee Myung-bak et Park Geun-hye), ont, en comparaison, nettement moins retenu l'attention des médias sud-coréens, malgré des divergences notables entre les candidats. Moon Jae-in critique ainsi la loi de sécurité nationale, instrument majeur de répression de l'opposition en Corée du Sud, mais que les administrations démocrates sud-coréennes, au pouvoir à Séoul entre 1998 et 2008, n'ont pas abrogée. En outre, Moon Jae-in s'est déclaré favorable à la dissolution de la branche des services de renseignement (National Intelligence Service, NIS) intervenant sur le territoire national, leurs activités étant alors transférées aux forces de police. L'ingérence au plus haut niveau des services de renseignement dans la politique intérieure sud-coréenne (ayant entraîné la condamnation de Won Sei-hoon, directeur du NIS) a fait d'eux le bras armé des conservateurs, à la manoeuvre pour fomenter des arrestations d'opposants et créer les pièces du procès truqué ayant permis la dissolution du Parti progressiste unifié (dont un ancien député, Kim Sun-dong, concourt par ailleurs à l'élection du 9 mai 2017, au nom de la nouvelle formation Unité populaire).

Dans la lignée de la répression antisyndicale menée par l'administration Park Geun-hye (ayant conduit à l'incarcération du dirigeant de la Confédération coréenne des syndicats, KCTU, Han Sang-gyun), Hong Joon-pyo s'est engagé à "lutter contre les syndicats les plus durs" (dixit KBS) et, selon lui, leurs "privilèges".

Alors que l'emploi est une préoccupation majeure de l'opinion publique sud-coréenne, Moon Jae-in est favorable au lancement d'un programme de 9 milliards de dollars pour favoriser la création d'emplois et d'entreprises, en mettant l'accent sur les PME. L'entrepreneur Ahn Cheol-soo veut aussi donner la priorité aux PME. Il s'est prononcé pour une taxe sur les profits, et se réfère au New Deal de Franklin D. Roosevelt.

Seule candidate de gauche invitée aux débats télévisés, Mme Sim Sang-jung propose de porter le salaire minimum horaire à 10 000 won (environ 8 euros) et d'offrir l'équivalent d'un peu plus de 8 000 euros à tout jeune âgé de 20 ans. Favorable à une réforme des conglomérats (les chaebols) pour y empêcher la succession héréditaire du pouvoir, elle est aussi la seule des principaux candidats à défendre ouvertement les droits des personnes LGBT.

Sources :

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7 avril 2017 5 07 /04 /avril /2017 18:22

En vue de l'élection présidentielle anticipée qui se tiendra le 9 mai 2017 après la destitution de Mme Park Geun-hye, les principaux partis sud-coréens ont achevé la désignation de leur candidat à l'issue d'élections primaires. Si le candidat démocrate Moon Jae-in reste le favori du scrutin, le centriste Ahn Cheol-soo le talonnerait désormais dans les intentions de vote, à la faveur du ralliement à sa candidature de nombreux électeurs conservateurs.

Les principaux candidats sur ce photomontage de Yonhap News TV : de gauche à droite, Hong Joon-pyo (Parti Liberté Corée), Yoo Seung-min (Parti Bareun), Ahn Cheol-soo (Parti du peuple), Moon Jae-in (Parti démocrate de Corée) et Sim Sang-jung (Parti de la justice).

Les principaux candidats sur ce photomontage de Yonhap News TV : de gauche à droite, Hong Joon-pyo (Parti Liberté Corée), Yoo Seung-min (Parti Bareun), Ahn Cheol-soo (Parti du peuple), Moon Jae-in (Parti démocrate de Corée) et Sim Sang-jung (Parti de la justice).

Et si Moon Jae-in, grand favori jusqu'à présent de l'élection présidentielle sud-coréenne anticipée le 9 mai 2017, pouvait perdre ce scrutin ? Alors que l'adversaire malheureux de Mme Park Geun-hye au précédent scrutin de 2012 a largement remporté la primaire interne au Parti démocrate de Corée (principal parti d'opposition) - avec 57 % des voix contre 21,5 % à Ahn Hee-jung (aile droite du parti), 21,2 % à Lee Jae-myung (aile gauche) et 0,3 % à Choi Sung - un sondage de l'institut Gallup Korea ne le crédite plus que trois points d'avance (38 % contre 35 %) sur son principal concurrent dans ce scrutin à tour unique. Toutefois, contrairement à la pratique observée à l'issue des dernières élections primaires en France, les candidats battus dans ce type de scrutin en Corée du Sud et leurs soutiens (comme du reste aux Etats-Unis) acceptent de soutenir le vainqueur du scrutin, ce qui lui assure une dynamique qu'a pu sous-évaluer Gallup Korea - dont les enquêtes souffrent par ailleurs d'une moins grande fiabilité que celles de l'institut RealMeter - qui n'a pas encore mesuré l'impact des récentes élections primaires.

Le plus sérieux adversaire de Moon Jae-in est Ahn Cheol-soo (Parti du peuple, centriste, 35 % des intentions de vote), riche homme d'affaires ayant rejoint (puis quitté) le Parti démocrate, mis en cause dans un scandale de corruption, partisan de la main tendue aux conservateurs après le scrutin législatif de 2016 perdu par ces derniers qui avaient refusé, auparavant, de prendre en compte le verdict des urnes - avant que Mme Park Geun-hye ne soit chassée par la rue et que le Parti du Peuple ne retourne donc sa veste une nouvelle fois. Désigné comme candidat de son parti avec 72,7 % des votes à l'issue d'une élection primaire qui a réuni près de dix fois moins de votants que le Parti démocrate, face à un autre opportuniste de la politique (Sohn Hak-kyu, ancien transfuge du parti conservateur, 19,4 %), M. Ahn peut être assuré du soutien des Américains et des grands monopoles. Sous des dehors de (faux) nouveau,, il est aujourd'hui le principal espoir de tous ceux qui veulent enterrer la révolution des bougies, laquelle a conduit à la destitution de la très autoritaire Mme Park Geun-hye. S'il était élu, Ahn Cheol-soo, minoritaire au Parlement, gouvernerait-il avec les députés conservateurs ? Au moins peut-on espérer que, en cas d'élection, il ne poursuive pas la dérive autoritaire à l'oeuvre en Corée du Sud depuis le retour au pouvoir des conservateurs en 2008.

Divisés, les conservateurs risquent d'être réduits à jouer les utilités. A l'extrême-droite, les conservateurs fidèles à la ligne Park Geun-hye d'atteinte aux libertés démocratiques ont fondé le Parti Liberté Corée et choisi comme héraut (7 % des intentions de vote dans le sondage Gallup Korea), à l'issue également d'une élection primaire, le gouverneur de la province du Gyeongsang du Sud Hong Joon-pyo.  Avec 54,15 % des voix, Hong Joon-pyo a battu notamment dans ce scrutin interne une vieille connaissance de l'AAFC, le sulfureux Kim Jin-tae (19,3 %) qui accusait contre l'évidence notre association, à l'automne 2013, de manipuler les manifestations en France contre Mme Park Geun-hye, et la girouette Lee In-je, candidat malheureux aux élections présidentielles de 1997 (19,2 %) et 2007 (0,7 %) - qui a été de toutes les factions en plus de vingt ans de vie politique.

Les conservateurs opposés à Mme Park Geun-hye ont fondé le Parti Bareun, qui a choisi comme candidat le député de Daegu Yoo Seung-min (4 % des intentions de vote).


La gauche, jusqu'à présent toujours laminée aux élections présidentielles en Corée du Sud, aura notamment comme candidate sa présidente Mme Sim Sang-jung, députée et présidente du Parti de la justice, de sensibilité social-démocrate (3 % des intentions de vote); Elle sera une fois encore l'une des rares femmes parmi les prétendants à la candidature suprême..

D'autres candidats devraient compléter cette liste : pour se présenter
il est requis notamment le soutien de 3 500 à 6 000 électeurs résidant dans au moins cinq villes et provinces, dont au moins 700 électeurs dans chacune de ces villes ou provinces, le principal obstacle étant d'ordre financier : chaque candidat doit déposer une caution de 300 millions de wons (soit 213 000 euros) qui est remboursée en totalité en cas d'obtention de 15 % des suffrages exprimés (ou de décès), et à hauteur de 50 % pour les candidats recueillant entre 10 % et 15 % des suffrages exprimés.

En 2012, face aux menaces sur la démocratie (qui se sont hélas confirmées) en cas d'élection de Mme Park Geun-hye, la plupart des candidats démocrates ou de gauche (dont Ahn Cheol-soo, victime alors d'une campagne de dénigrement orchestrée par les services secrets sud-coréens) s'étaient ralliés à Moon Jae-in. Dans ce contexte, les candidats opposés à la candidate élue Mme Park Geun-hye et à Moon Jae-in, n'avaient obtenu, à eux quatre, que moins de 0,5 %.

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 18:38

A l'issue d'une audience à la Cour centrale du district de Séoul qui aura duré huit heures et quarante minutes, l'ancienne présidente Park Geun-hye a été placée en détention dans la nuit du 30 au 31 mars 2017. Cruel retournement du destin pour une chef de l'Etat extrêmement autoritaire, qui a jeté en prison des dizaines d'opposants politiques et syndicaux, déporté des opposants étrangers qui usaient pourtant de moyens pacifiques et légaux, interdit de même un parti politique réunissant 10 % des suffrages et malmené à de multiples reprises la liberté d'expression en utilisant des services secrets de sinistre réputation.

Première nuit en prison pour Park Geun-hye

Destituée pour avoir gravement entravé le fonctionnement normal des institutions sud-coréennes, Mme Park Geun-hye était ainsi redevenue une justiciable de droit commun il y a trois semaines. Au regard des très lourdes accusations qui pesaient sur elle (dès cet automne, elle avait été accusée de complicité d'activités criminelles avec sa gourou Mme Choi Soon-sil, qui avait mis en place un vaste système de corruption avec son soutien), sa mise en détention provisoire immédiate, dans la nuit du 30 au 31 mars 2017, n'était pas une surprise.

La durée maximale de placement en détention provisoire étant de six mois, un jugement en première instance pourrait être rendu en octobre 2017 - Mme Park Geun-hye niant en bloc les accusations portées contre elle. Elle serait alors la troisième ancienne présidente condamnée, après les anciens généraux Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo qui avaient dirigé d'une main de fer la junte militaire au pouvoir à Séoul pendant trois décennies. Mis en place par le père de Mme Park, le général Park Chung-hee, qui avait renversé les institutions démocratiques après un coup d'Etat réussi en 1961, le régime militaire sud-coréen a tué et torturé des dizaines de milliers d'opposants sud-coréens.

Sources :

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26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 19:12

Ancien adversaire de Mme Park Geun-hye à l'élection présidentielle de 2012 (il avait alors remporté 48 % des voix), le démocrate Moon Jae-in a officialisé sa candidature dans une vidéo diffusée le 24 mars 2017, où il a promis un "changement de gouvernement". Les sondages en font plus que jamais le grand favori de l'élection présidentielle anticipée, dont la date a été fixée au 9 mai 2017, suite à la destitution de Mme Park Geun-hye.

Moon Jae-in, lors sa déclaration de candidature le 24 mars 2017.

Moon Jae-in, lors sa déclaration de candidature le 24 mars 2017.

Prônant la rupture avec les administrations conservatrices, au pouvoir à Séoul depuis 2008, et davantage de justice sociale ainsi qu'un retour au dialogue intercoréen, Moon Jae-in entend promouvoir une diplomatie plus indépendante des Etats-Unis - ce qui ne peut qu'inquiéter Washington.

Mais le candidat à la candidature démocrate devra déjà emporter l'élection primaire interne au Parti démocrate, principale formation d'opposition (centre-gauche) : si un sondage de Realmeter (principal institut de sondages indépendant en Corée du Sud) lui donnait plus de 50 % des voix dès le premier tour dans une enquête conduite à la mi-mars, il devrait retrouver face à lui, sur sa droite, Ahn Hee-jung gouverneur depuis 2010 de la province du Chungcheong du Sud, et sur sa gauche, le maire de Seongnam Lee Jae-myung, qui a la faveur d'une part non négligeable des millions de manifestants ayant mené, depuis l'automne 2016, la révolution pacifique des bougies qui a conduit à la destitution de la Présidente Park Geun-hye après l'éclatement du scandale Choi Soon-sil.

Dans l'élection présidentielle à un seul tour, propre au système électoral sud-coréen, l'institut Realmeter continue de tester les différents candidats, tant que ceux-ci ne se sont pas désistés à l'issue, ou non, d'une élection primaire. Dans cette configuration, Moon Jae-in est crédité de quelque 35 % des voix, Ahn Hee-jung de 15 à 17 % et Lee Jae-myung d'environ 10 %. Si Moon Jae-in remporte la primaire et que ses adversaires respectent le résultat du scrutin, il disposera donc d'une avance importante sur ses rivaux - sauf si ceux-ci arrivaient à s'unir, ce qui reste une hypothèse improbable à l'heure actuelle.

Son adversaire le plus dangereux pourrait être l'entrepreneur Ahn Cheol-soo, candidat indépendant qui s'était retiré en 2012 pour empêcher (en vain) l'élection de Mme Park Geun-hye. Ahn Cheol-soo avait ensuite rejoint le Parti démocrate, avant de le quitter et de former, quelques mois avant les législatives du printemps 2016 (perdues par les conservateurs), le Parti du peuple, arrivé troisième en nombre de sièges à ce scrutin. Plus conservateur que Moon Jae-in sur la question des relations avec le Nord, plus favorable à une ouverture à droite, Ahn Cheol-soo plafonne toutefois à 12% - 13% dans les sondages depuis plusieurs mois.

Les conservateurs, qui représentent un tiers de l'électorat et pourraient donc l'emporter en cas de divisions profondes des progressistes, sont affaiblis par la décision du Premier ministre Hwang Kyo-ahn, chef de l'Etat par intérim, de ne pas se présenter, et surtout par leurs propres dissensions suite à l'éclatement du scandale Choi Soon-sil : le parti Saenuri au pouvoir, rebaptisé Parti Liberté Corée, a vu partir la fraction anti-Park Geun-hye qui a fondé une nouvelle formation, le Bareun. Gouverneur de la province du Gyeongsang du Sud depuis 2012, Hong Jung-pyo est le candidat du Parti Liberté Corée le mieux placé dans les sondages (avec près de 10%), devant Kim Jin-tae (5%). Les candidats du Bareun sont crédités de moins de 7%, répartis entre Yoo Seung-min et Nam Kyung-pil.

A gauche de l'échiquier politique, seule la candidate du Parti de la Justice - Sim Sang-Jung - obtient un score significatif dans les sondages (autour de 4%).

Sources :

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16 mars 2017 4 16 /03 /mars /2017 13:48

Favori de la prochaine élection présidentielle sud-coréenne (dont la date a été fixée au 9 mai 2017, après la destitution de Mme Park Geun-hye), le démocrate (opposition) Moon Jae-in a déclaré, le 12 mars 2017, que la République de Corée (Corée du Sud) devait apprendre à dire "non" aux Etats-Unis. Bien qu'opposé au déploiement du systèmes de missiles THAAD, Moon Jae-in a par ailleurs critiqué les sanctions prises par la Chine suite à la mise en oeuvre de THAAD en Corée du Sud, en disant que le dispositif THAAD constituait une question de "souveraineté nationale". Indépendance par rapport aux Etats-Unis (notamment sur la question nord-coréenne), refus de l'unilatéralisme chinois, Moon Jae-in s'inscrit dans la tradition progressiste coréenne, pour laquelle la défense de la souveraineté nationale est un marqueur fondamental des différences politiques avec les conservateurs, pro-américains.

Moon Jae-in, le 12 mars 2017.

Moon Jae-in, le 12 mars 2017.

En France, défendre la souveraineté nationale est souvent considérée comme une position de droite - alors même que les Montagnards autour de Robespierre et les Communards défendaient la souveraineté nationale.

Tel n'est pas le cas en Corée, pays divisé après 1945 sous le jeu des grandes puissances. La Corée du Nord, dont le régime est issu de la résistance nationale antijaponaise et qui s'estime menacée par l'impérialisme américain, fait de la défense de la souveraineté nationale un principe fondamental de sa politique extérieure, voire de sa politique tout court. Au Sud, les régimes autoritaires qui se sont succédé pendant plus de 40 ans (et dont les conservateurs au pouvoir sont les héritiers), ont limité autant que faire se peut l'épuration des éléments projaponais à la libération, puis ont considéré l'alliance avec les Etats-Unis comme un principe de base de tout le système politique et social. En retour, les Etats-Unis ont soutenu les régimes très autoritaires qui se sont mis en place à Séoul, afin de disposer, au Sud de la Corée, d'un poste avancé - ayant créé une de leurs plus grandes bases militaires à l'étranger dans le centre même de la capitale sud-coréenne. Pour cimenter cette alliance, les nouvelles élites sud-coréennes se sont converties à un christianisme inspiré des églises américaines, ont fait de l'apprentissage de l'anglais une priorité nationale et envoient leurs enfants étudier chez le "grand frère" américain, pour s'imprégner de la langue, de la culture et des idées américaines. 

Dans ce contexte, les conservateurs sud-coréens voient avec hostilité tout dialogue préludant à une réunification avec la Corée du Nord qui refuse encore et toujours l'hégémonie culturelle américaine, quand les progressistes campent sur des positions inverses.

Tel sera l'un des enjeux, sinon l'enjeu majeur, de l'élection présidentielle sud-coréenne du 9 mai 2017 : savoir si se maintiendront au pouvoir à Séoul des conservateurs favorables à subordonner les intérêts sud-coréens à ceux de la puissance américaine.

Source :

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14 mars 2017 2 14 /03 /mars /2017 13:32

Après la confirmation par la Cour constitutionnelle sud-coréenne du vote de destitution de la Présidente Park Geun-hye, l'ancienne chef de l'Etat a quitté le palais présidentiel ce dimanche 12 mars 2017, pour emménager dans sa résidence privée - une grande maison individuelle entourée d'immeubles, dans un quartier d'habitations collectives de la capitale. Avec la perte de son mandat Mme Park Geun-hye ne dispose plus non plus de son immunité juridictionnelle : les manifestations de ses adversaires se sont ainsi poursuivies, en appelant à son emprisonnement, quand ses partisans crient au "complot"  et se radicalisent - trois d'entre eux étant morts dans les manifestations pro-Park Geun-hye après avoir semble-t-il mis d'eux-mêmes leur vie en danger.

La résidence privée de Mme Park Geun-hye est la maison individuelle entourée d'un parc, au milieu des immeubles.

La résidence privée de Mme Park Geun-hye est la maison individuelle entourée d'un parc, au milieu des immeubles.

Retour à la maison : Mme Park Geun-hye est retournée vivre dans sa vaste résidence privée, une maison individuelle construite en 1983 dans le quartier d'affaires de Gangnam, rendu célèbre par la chanson de Psy Gangnam style. Plus précisément, cette demeure, où elle a vécu pendant 23 ans jusqu'à son investiture comme Présidente de la République en février 2013, se trouve dans le dong de Samseong, où se trouvent également des hôtels de standing (appartenant aux chaînes Hyatt et Ramada) ainsi que le COEX, réputé constituer le plus grand centre commercial souterrain.

Il a fallu deux jours à Mme Park Geun-hye pour déménager après la décision de la Cour constitutionnelle, car des travaux étaient alors en cours dans sa maison. Manifestement, elle n'avait pas anticipé devoir quitter le palais présidentiel, son manque de coopération avec les autorités constitutionnelles étant de nature à expliquer le vote à l'unanimité, en faveur de la destitution, de juges constitutionnels pourtant proches des conservateurs au pouvoir à Séoul.

Alors que les juges constitutionnels l'ont démise de son mandat en estimant qu'elle avait enfreint à la loi fondamentale, Mme Park Geun-hye devra à présent répondre devant les juges de 13 chefs d'accusation, dont ceux corruption et d'abus de pouvoir, ayant été considérée comme "complice" des activités qualifiées de criminelles pour lesquelles est poursuivie sa gourou, Mme Choi Soon-sil, qui exerçait par ailleurs une influence occulte sur les affaires présidentielles.

Selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, Mme Park Geun-hye est notamment soupçonnée d'enrichissement personnel :




 

Le procureur indépendant Park Young-soo a conclu à la fin de son investigation que l'héritier de facto de Samsung Lee Jae-yong a versé ou promis environ 43 milliards de wons (37,4 millions de dollars) à Park et Choi en contrepartie d’un soutien du gouvernement pour la fusion entre deux filiales du groupe Samsung en 2015.

Héritier de Samsung, plus grand conglomérat de Corée du Sud notoirement proche des conservateurs et par ailleurs réputé pour ses pratiques antisyndicales et mettant en danger la santé et la vie de ses employeurs, Lee Jae-yong a été placé en détention le 17 février dernier dans le cadre d'une des affaires pour lesquelles Mme Park Geun-hye sera prochainement entendue : une fusion a été opérée entre deux branches de Samsung pour un montant de 7,6 milliards d'euros, grâce aux actions détenues par le fonds de pension National Pension Service (NPS), troisième plus important fonds de pension au monde, dont le président Moon Hyung-pyo a été arrêté fin décembre. Ministre de la Santé au moment de la fusion, Moon Hyung-pyo est mis en cause pour abus de pouvoir, après avoir reconnu avoir effectué des pressions sur le fonds de pension pour qu'il approuve la fusion.

Mme Park Geun-hye nie toutes les accusations portées à son encontre, tout en prétendant qu'elle coopèrerait avec les enquêteurs (elle avait déjà fait les mêmes promesses, non tenues, lorsqu'elle était présidente de la République après l'éclatement du scandale Choi Soon-sil).

En attendant, elle peut compter sur le soutien de ses partisans qui continuent de manifester sans relâche, certains de voir dans la situation politique ayant conduit à la destitution de leur idole l'effet d'un complot ourdi par des éléments subversifs aux mains de la Corée du Nord. Le 13 mars 2017, le député Kim Jin-tae, membre du Parti Liberté Corée (conservateur, au pouvoir), a pour sa part estimé que l'enquête devrait être repoussée jusqu'à l'élection du nouveau président, début mai 2017 : encore et toujours, la droite sud-coréenne entend gagner du temps, même si elle semble en bien mauvaise posture pour remporter l'élection présidentielle, de nombreux députés de la majorité, favorables à la destitution, ayant quitté leur parti et fondé leur propre formation politique, le parti Bareun.

 

Manifestations de partisans de l'ex-présidente, devant le mur d'enceinte de sa demeure.

Manifestations de partisans de l'ex-présidente, devant le mur d'enceinte de sa demeure.

Sources :

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10 mars 2017 5 10 /03 /mars /2017 09:38

Le 10 mars 2017, les huit juges en fonctions de la Cour constitutionnelle ont confirmé à l'unanimité la destitution de la Présidente Park Geun-hye de la République de Corée (Corée du Sud), confortant ainsi le vote en ce sens de près des quatre cinquièmes des députés le 9 décembre 2016. C'est la première fois qu'un chef de l'Etat est destitué en Corée du Sud (un précédent vote de destitution par le Parlement, à l'encontre du Président Roh Moon-hyun en 2004, avait ensuite été invalidé par la Cour constitutionnelle faute d'éléments juridiques). Une élection présidentielle anticipée doit se tenir dans les 60 jours suivant cette décision, probablement début mai.

Scènes de joie en Corée du Sud.

Scènes de joie en Corée du Sud.

Immédiatement, la nouvelle a été accompagnée par des cris de joie à Séoul et dans toute la Corée – car le mandat de Park Geun-hye n'avait pas seulement été marqué par un retentissant scandale de corruption, mais aussi par des atteintes de plus en plus graves aux libertés démocratiques : interdiction d'un parti politique sur la base d'un procès truqué intenté au parlementaire Lee Seok-hee, emprisonnements d'opposants politiques et syndicaux, interdiction d'entrée sur le territoire sud-coréen d'étrangers exprimant pacifiquement et démocratiquement leurs opinions, mise à l'index de milliers de personnalités (notamment culturelles) interdites de subventions publiques, pouvoirs exorbitants de l'appareil sécuritaire, en premier lieu de services de renseignement hypertrophiés, bras armé des conservateurs au pouvoir pour harceler, traquer, emprisonner tout opposant réel ou imaginaire... Le mélange des genres entre administration et politique s'était exercé à tous les niveaux. L'ambassadeur de la République de Corée en France, M. Mo Chul-min, un ancien conseiller de Mme Park, avait notamment été entendu par la justice de son pays dans le cadre de l'affaire de la liste noire, avant de revenir récemment en France, manifestement conforté dans ses fonctions. Par ailleurs, le pouvoir conservateur sud-coréen avait failli dans sa mission d'assurer la sécurité de ses propres concitoyens, comme l'avait illustré le dramatique naufrage du Sewol ayant coûté la vie à plus de 300 personnes, majoritairement des lycéens en voyage scolaire. Au plan extérieur, la diplomatie de Mme Park avait été marquée par l'adoption d'une ligne intransigeante vis-à-vis du Nord, la volonté de mettre fin à tous les échanges intercoréens, le renforcement de l'alliance américaine avec l'intensification des manœuvres militaires et le déploiement en Corée du Sud à marche forcée, contre la volonté d'une majorité de Sud-Coréens et sans attendre le verdict de la Cour constitutionnelle, du système américain THAAD de missiles antibalistiques : Park Geun-hye ne symbolisait pas seulement une dérive autoritaire mais aussi une escalade des tensions diplomatiques aggravant les dangers de guerre. Suivant des semaines de crise politique après l'éclatement du scandale de corruption Choi Soon-sil (du nom de la gourou de Mme Park ayant usé de son influence pour mettre en place un système de corruption d'entreprises, jusqu'à l'arrestation récente du dirigeant de fait du plus grand conglomérat coréen, le groupe Samsung), le vote de destitution du 9 décembre avait ainsi été le fruit de mouvements de masse rassemblant, de manière spectaculaire, des millions de manifestants, en Corée et dans le monde – y compris en France avec le soutien du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud (CILD).

Fille d'un ancien président, le général Park Chung-hee, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1960 et ayant mis en place le régime le plus répressif qu'ait jamais connu la République de Corée jusqu'à son assassinat par son propre chef des services de renseignement en 1979, Mme Park Geun-hye avait manifesté son mépris de la démocratie en refusant de reconnaître le verdict des urnes après les législatives d'avril 2016, en dépit de la manipulation de l'opinion publique en tentant, comme toujours à la veille d'élections en Corée du Sud, de faire souffler le « vent du Nord ». Le Premier ministre Hwang Kyo-ahn, lui-même impliqué dans les atteintes à la démocratie sous la présidence de Mme Park Geun-hye, avait ainsi été maintenu en place au lendemain des élections législatives d'avril 2016, avant d'exercer les fonctions de président par intérim à la suite du vote de destitution du Parlement le 9 décembre 2016. Il est aujourd'hui le candidat conservateur le mieux placé pour l'élection présidentielle anticipée prévue début mai, pour laquelle le démocrate (opposition) Moon Jae-in surclasse aujourd'hui ses concurrents, dans un scrutin où les conservateurs, qui ont connu une scission avec le départ des opposants à Mme Park Geun-hye, sont nettement minoritaires.

La décision de la Cour constitutionnelle a été motivée par les violations de la Constitution commises par Mme Park Geun-hye, comme l'a souligné l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, citant la Cour constitutionnelle :

Lors de l’annonce du verdict ce matin, la chef par intérim de la Cour constitutionnelle, Lee Jung-mi, a indiqué que «le président doit exercer son pouvoir selon la Constitution et la loi et la mise en œuvre de la fonction doit être rendue au public pour sa transparence», «mais la présidente a caché complètement l’ingérence dans les affaires de l’Etat par Choi Soon-sil et à chaque allégation, elle a démenti et fustigé les mises en cause de ces problématiques».

La Cour constitutionnelle a évalué que les dispositifs de surveillance des institutions constitutionnelles et des médias n’ont pas pu être en marche en raison de cet acte de Park. Par ailleurs, «la présidente a soutenu les intérêts personnels de Choi Soon-sil pour l’établissement des fondations Mir et K-Sports et des sociétés Playground et KD Corporation, et les actes de violation de la Constitution et de la loi se sont poursuivis tout au long de son mandat», a noté la Cour.

«En conséquence, An Chong-bum (ex-conseiller présidentiel), Jeong Ho-seong (ex-assistant du cabinet présidentiel) et Kim Chong (ex-vice-ministre de la Culture), qui ont suivi les ordres de la présidente, ont été mis en détention provisoire. Les actes qui heurtent la Constitution et la loi vont à l’encontre de l’esprit du constitutionnalisme et du principe de la démocratie représentative», a fait remarquer la Cour constitutionnelle.

http://french.yonhapnews.co.kr/national/2017/03/10/0300000000AFR20170310003100884.HTML

Ayant désormais perdu l'immunité liée à son statut, après avoir refusé de coopérer avec la justice en dénonçant un « complot », la chef de l'Etat déchue devra à présent répondre de ses actes devant la justice de son pays.

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