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3 avril 2016 7 03 /04 /avril /2016 20:20

C'est un rassemblement exceptionnel qui a eu lieu à Paris, le 2 avril 2016 place du Châtelet, à l'appel du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud (CILD), à la hauteur des atteintes gravissimes aux libertés publiques que comporte la nouvelle loi antiterroriste en Corée du Sud : pour le retrait de cette loi et pour la libération de tous les prisonniers politiques en Corée du Sud, la manifestation du 2 avril a réuni des Français et des Coréens unis dans une même volonté de ne pas laisser la répression politique et antisyndicale s'exercer en toute impunité dans la Corée du Sud de Mme Park Geun-hye.

Rassemblement exceptionnel à Paris pour les droits de l'homme en Corée du Sud

Confier aux services de renseignement sud-coréens, fer de lance de la répression au Sud de la péninsule coréenne, la responsabilité de la lutte antiterroriste contre un ennemi terroriste créé de toutes pièces ce serait comme confier à un pyromane la responsabilité des services d'incendie : c'est pourtant ce que fait la loi antiterroriste, adoptée dans la nuit du 2 au 3 mars 2016 en Corée du Sud, sans consensus partisan - les députés d'opposition ayant boycotté la séance publique après s'être engagés dans une obstruction parlementaire sans précédent dans l'histoire du pays.

Fidèle à son combat historique en faveur des droits de l'homme et des libertés publiques en Corée du Sud, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a soutenu la manifestation du CILD place du Châtelet à Paris le 2 avril 2016, pour le retrait de la loi antiterroriste et la libération de tous les prisonniers politiques en Corée du Sud - dont des portraits géants étaient affichés par les membres de l'Alliance coréenne présents.

Patrick Kuentmann, secrétaire général de l'AAFC, refoulé de Corée du Sud, a rappelé la façon dont l'Agence nationale de renseignement sud-coréennes (NIS), non contente de s'immiscer dans la vie politique intérieure de la Corée du Sud (ce qui a entraîné la condamnation d'un ancien dirigeant des services du NIS), cherche également à empêcher la libre expression des étrangers qui, comme les militants de l'AAFC, ont le mauvais goût de pointer du doigt la dérive autoritaire et sécuritaire des autorités conservatrices au pouvoir à Séoul.

Rassemblement exceptionnel à Paris pour les droits de l'homme en Corée du Sud

Alors que l'année croisée France-Corée semble avoir anesthésié toute velléité des autorités françaises de porter la moindre critique à l'encontre des atteintes grandissantes aux droits de l'homme en Corée du Sud, pratiquant un mensonge dans lequel même le Département d'Etat américain n'ose pas se fourvoyer, les élections législatives du 13 avril 2016 en Corée du Sud offrent une chance historique de stopper la descente aux enfers de la démocratie sud-coréenne, en soutenant les démocrates et l'opposition victimes des atteintes aux droits de l'homme : il appartient à toutes celles et tous ceux qui, en France et dans le monde, ne veulent pas voir resurgir les années de plomb de la junte militaire, naguère dirigée par le général Park Chung-hee, père de l'actuelle présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye, de tout faire pour empêcher que l'irréparable ne survienne à Séoul.

Rassemblement exceptionnel à Paris pour les droits de l'homme en Corée du Sud

Lire le compte rendu détaillé de la manifestation sur le site du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud :

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2 avril 2016 6 02 /04 /avril /2016 11:31

Le 16 avril 2014, le naufrage du ferry Sewol a causé la mort de 304 passagers, pour la plupart des lycéens en voyage scolaire. La gestion calamiteuse de la catastrophe et les manoeuvres des conservateurs pour empêcher toute enquête indépendante ont soulevé la colère des familles des victimes et de l’opinion publique. Le film The Truth Shall Not Sink with Sewol (« La vérité ne doit pas couler avec le Sewol »), co-réalisé par le journaliste Lee Sang-ho et le documentariste Ahn Hae-ryong, a révélé ces démarches des autorités sud-coréennes qui ont réagi par la pratique de la censure : elles ont d'abord tout fait pour déprogrammer la projection du film lors du prestigieux Festival international du film de Pusan, et comme les organisateurs du festival refusaient de céder, elles ont pratiqué l'intimidation et les rétorsions financières, ainsi que l'a détaillé un article du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud. A l'occasion du deuxième anniversaire de la tragédie, deux projections exceptionnelles du film ont cependant lieu à Paris, les 15 et 16 avril 2016 : des projections-débats exceptionnelles en France, auxquelles il faut assister pour comprendre et montrer que la liberté doit l'emporter sur les manoeuvres et les intimidations d'un pouvoir autoritaire.

"La vérité ne doit pas couler avec le Sewol" : projections exceptionnelles à Paris du film que les autorités sud-coréennes veulent censurer

Première projection-débat : vendredi 15 avril 2016 (18h-21h), EHESS (105 boulevard Raspail, 75006 Paris), amphithéâtre François Furet

Entrée libre dans la limite des 300 places disponibles.

17.00 : accueil des intervenants par le collectif organisateur.
18.00 : projection documentaire en VOST français (accueil du public, présentation & projection).
19.30 : débat à l'issue de la projection (fin à 21.00).

 

Deuxième projection-débat : samedi 16 avril 2016 (19h-22h), Inalco - Langues' O (65 rue des Grands Moulins, 75013 Paris), grand amphithéâtre

Entrée libre dans la limite des 400 places disponibles.

18.00 : accueil des intervenants par le collectif organisateur.
19.00 : projection documentaire en VOST français (accueil du public, présentation & projection).
20.30 : débat à l'issue de la projection (fin à 22.00)

Plus d'informations sur les deux événements sur Facebook :

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29 février 2016 1 29 /02 /février /2016 20:43

Le projet de loi contre le terrorisme a soulevé une opposition parlementaire sans précédent en République de Corée (Corée du Sud). En effet, il confèrerait de nouveaux pouvoirs exorbitants du droit commun à l'Agence nationale de renseignement (NIS), bras armé de la répression des autorités sud-coréennes. Alors que l'opposition démocrate a engagé une bataille d'obstruction parlementaire marquée par des interventions des députés d'une durée sans précédent dans l'histoire de la démocratie parlementaire sud-coréenne, le bras-de-fer avec les conservateurs au pouvoir à Séoul suscite un intérêt nouveau de l'opinion publique, ce qui pourrait réouvrir le jeu en vue des élections législatives du 13 avril 2016 - pour lesquelles le parti Saenuri est actuellement favori grâce aux manoeuvres de division de l'opposition engagées par Ahn Cheol-su et d'autres anciens responsables du parti démocrate, ainsi devenus les alliés objectifs des forces conservatrices autoritaires.

Tribunes du Parlement sud-coréen (le Gukhoe), le 28 février 2016

Tribunes du Parlement sud-coréen (le Gukhoe), le 28 février 2016

Dans son éditorial du 24 février 2016, le quotidien sud-coréen d'opposition Kyunghyang Shinmun a souligné que le projet de loi antiterroriste, initié par le Président de l'Assemblée nationale Chung Ui-hwa, s'il ne produira que des effets douteux en matière de lutte contre le terrorisme, aura au moins une conséquence certaine : renforcer encore davantage les pouvoirs de l'agence nationale de renseignement (NIS), un organe situé en dehors de tout contrôle parlementaire comme l'exigerait une démocratie normale, et dont le quotidien rappelle le rôle partisan et l'implication majeure dans les atteintes aux libertés publiques en Corée du Sud :

Pour prévenir les actes terroristes, il est difficile de faire confiance à une agence de renseignement accusée d'avoir piraté le téléphone portable des citoyens, fomenté une affaire d'espionnage et intervenue dans l'élection présidentielle en publiant des commentaires en ligne. Il est extrêmement dangereux de dire à l'agence de renseignement qu'elle doit mettre en oeuvre la loi de prévention du terrorisme. En plus, les services de renseignement ne sont pas soumis à un contrôle démocratique s'agissant de leur budget et de leurs activités.

La manipulation de l'élection présidentielle de 2012 par le NIS a en effet soulevé la colère de l'opinion publique sud-coréenne, les forces de renseignement ayant constitué de tout temps l'appui le plus solide des partisans des régimes autoritaires en Corée du Sud. Ce sont elles qui ont orchestré un procès truqué ayant permis l'interdiction du principal parti de gauche, le Parti progressiste unifié, avec la complicité des organes judiciaires, et qui fabriquent des espions pour maintenir un état de terreur en Corée du Sud. Dès lors, on ne sera pas surpris d'apprendre qu'ils forment un organe qui s'est autonomisé, ne rendant plus compte à personne, dans ses manoeuvres pour imposer un nouvel ordre autoritaire. Et c'est bien à ce NIS, fossoyeur de la démocratie sud-coréenne, que le pouvoir autoritaire aux manettes à Séoul entend confier la protection des citoyens contre une prétendue menace terroriste. 

Car ce que vise le projet de loi, ce n'est pas seulement le terrorisme, mais bien toute "activité qui met en danger la vie d'une personne ou son intégrité physique dans le but d'interférer avec l'exercice par l'Etat de son autorité". Un manifestant s'oppose aux forces de l'ordre qui - elles - n'hésitent pas à faire preuve d'une violence inouïe en toute impunité, comme pour l'infortuné Baek Nam-gi, toujours entre la vie et la mort après la répression sauvage des forces de l'ordre lors de la manifestation du 13 novembre 2015 ? Il tombera, demain, sous le coup de la loi antiterroriste.

Les autorités étatiques pourraient, demain, obtenir la suppression d'un message sur Internet ou d'une image qu'ils jugent de nature à inciter au terrorisme. Les caricaturistes poursuivis pour avoir osé critiquer la très autoritaire présidente de la République, Mme Park Geun-hye, n'ont désormais qu'à bien se tenir.

Le projet de loi vise à instituer un pouvoir de contrôle intégral de l'ensemble des activités d'une personne seulement suspecte de terrorisme ou plutôt - devrait-on dire - d'activités anti-étatiques. Il comprend un panel de mesures (mise sous surveillance des communications électroniques, perquisitions à domicile, interdictions de voyager à l'étranger...) avec comme simple - et mince - filet de contrôle la seule mise en place d'un comité antiterroriste placé sous l'autorité du Premier ministre. Mais de quel pouvoir effectif disposera ce comité, face à une agence toute-puissante qui agit déjà en dehors de tout contrôle démocratique et parlementaire ?

Dans ce climat où une chape de plomb s'abat sur une démocratie sud-coréenne déjà bien mal en point, des signes d'espoir sont venus de la vigoureuse opposition manifestée par les démocrates au Parlement, des manifestations de rue et d'un intérêt inédit pour les travaux parlementaires - suite aux débats sur les forums de discussion, qui constituent un outil privilégié pour la liberté d'expression en Corée du Sud. Ceux qui osent s'opposer à la dérive autoritaire de la Corée du Sud, dont le projet de loi antiterroriste est l'expression la plus aboutie, méritent tout notre respect : nous leur devons un entier soutien, afin de ne pas permettre le retour aux milliers d'assassinats de l'ère de la junte militaire sud-coréenne.

Principales sources :

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25 février 2016 4 25 /02 /février /2016 20:50

Depuis la répression qui s'est abattue sur le syndicat KCTU, au lendemain de la manifestation du 14 novembre 2015, les autorités sud-coréennes veulent limiter la liberté de manifestation. C'est dans ce contexte que l'ONG Amnesty International, afin de protester contre les atteintes aux libertés fondamentales en République de Corée (Corée du Sud), a décidé d'organiser, le 24 février 2016, une manifestation d'un style nouveau à Séoul dans laquelle les manifestants étaient... des hologrammes.

Des manifestants hologrammes à Séoul

Des images ressortent des rassemblements de masse à Séoul : celles de manifestants aux prises avec les policiers qui les repoussent loin, très loin, de la Maison bleue, siège de la présidence de la République, mais aussi du centre-ville. C'est donc symboliquement devant le palais illuminé de Gyeongbokgung, au coeur de la capitale sud-coréenne, où les manifestations sont interdites, qu'Amnesty International a organisé une manifestation d'hologrammes, afin de protester contre la remise en cause de la liberté de réunion, ainsi que l'a expliqué Tom Rainey Smith, coordinateur de l'ONG : 

Ces hologrammes symbolisent la disparition du droit de réunion, ce qui est une tendance récente et très inquiétante. En particulier dans l'endroit où nous nous trouvons, entre le siège de la présidence et la place de Gwanghwamun, les manifestations sont systématiquement interdites. Nous sommes donc ici pour souligner que ce droit de réunion est un droit fondamental, auquel [le gouvernement] oppose des forces policière démesurées. Manifester à travers des fantômes est vraiment une mesure de dernier recours.

Lors de la dernière grande manifestation à Séoul, le 14 novembre 2015, un militant paysan, Baek Nam-gi, a été grièvement blessé par les forces de l'ordre suite à un usage disproportionné des canons à eau. Il est toujours dans le coma, entre la vie et la mort.

La manifestation d'une vingtaine d'hologrammes a été organisée en liaison avec la population coréenne, invitée à envoyer par Internet des messages audiodiffusés lors de la manifestation. Au moment où nous écrivions ces lignes, le pouvoir sud-coréen s'interrogeait toujours pour savoir si cette manifestation virtuelle était bien conforme à la loi...

Cette initiative intervient au moment où les autorités sud-coréennes tentent de faire passer en force au Parlement un projet de loi "antiterroriste", qui donnera des moyens accrus aux services de renseignement - réputés pour leur brutalité, à l'origine de milliers de morts (au bas mot) pendant la période du régime militaire - pour réprimer toute opposition au nom d'une lutte contre le terrorisme abusivement assimilé à la critique des institutions étatiques.

Source principale :

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23 février 2016 2 23 /02 /février /2016 21:05

Les citoyens de la République de Corée (Corée du Sud) renouvelleront leur Parlement le 13 avril prochain, pour une durée de quatre ans. Un an et demi avant l'élection présidentielle de décembre 2017, pour laquelle la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye ne pourra pas briguer un nouveau mandat, les conservateurs apparaissent en position de force - en grande partie grâce aux divisions de l'opposition.

Ce graphique montre la répartition des intentions de vote - selon l'institut de sondages Real Meter - entre les conservateurs (en rouge), les démocrates du Parti Minjoo (en bleu), les centristes du Parti du peuple (en vert) et les sociaux-démocrates du Parti de la justice (en jaune).

Ce graphique montre la répartition des intentions de vote - selon l'institut de sondages Real Meter - entre les conservateurs (en rouge), les démocrates du Parti Minjoo (en bleu), les centristes du Parti du peuple (en vert) et les sociaux-démocrates du Parti de la justice (en jaune).

Le 23 février 2016 les principaux partis sud-coréens ont annoncé être parvenu à un accord sur le redécoupage électoral des circonscriptions en vue des législatives du 13 avril prochain. Selon cet accord, qui devrait être entériné lors de la séance du 26 février, 253 sièges seront attribués au scrutin uninominal majoritaire à un tour, et 47 sièges à la proportionnelle, suivant des listes nationales, entre les formations ayant recueilli plus de 3 % des voix. Le nombre de sièges répartis à la proportionnelle est en baisse (de 54 à 47). 

Alors que les conservateurs du Parti Saenuri au pouvoir (157 sièges dans le Parlement sortant) recueillent des intentions de vote comparables à l'opposition, la division de cette dernière et le mode de scrutin la pénalisent une nouvelle fois. Le Parti Minjoo de Corée dispose actuellement de 108 sièges, le Parti du peuple de 17 sièges et le Parti de la justice de 5 sièges. Créé officiellement le 10 février 2016, le Parti du peuple est né d'une scission du Parti démocrate (devenu le Parti Minjoo de Corée) sur une ligne plus centriste, autour d'Ahn Cheol-soo - richissime homme d'affaires et ancien candidat à l'élection présidentielle de 2012, ayant dû se retirer après avoir été l'objet d'une campagne de dénigrement orchestrée par le services de renseignement sud-coréens - et de Kim Han-gil.

Selon l'institut de sondages sud-coréen Real Meter, le parti Saenuri bénéficie de 41,7 % des intentions de vote, le Parti Minjoo de Corée de 26,7 %, le Parti du peuple de 11,7 % et le Parti de la justice - seule formation de gauche au Parlement depuis l'interdiction du Parti progressiste unifié, dans des conditions non conformes aux règles démocratiques internationales - de 3,5 %.

Si les démocrates du Parti Minjoo du Parti du peuple ne parviennent pas à s'entendre dans les circonscriptions, leur défaite apparaît quasi-certaine. Alors que Ahn Cheol-soo avait initialement séduit une frange de l'électorat conservateur, il apparaît aujourd'hui essentiellement soutenu par des démocrates. Dans un contexte de recul continu des intentions de vote pour le Parti du Peuple, ses dirigeants endosseront une responsabilité certaine en cas de victoire des conservateurs, alors que ces derniers ont engagé la Corée du Sud sur la voie de la plus grave régression des libertés politiques depuis trente ans.
 

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 22:58

Lors d'une conférence de presse qu'il a tenue le 13 décembre 2015, Ahn Cheol-soo a annoncé son départ de l'Alliance de la nouvelle politique pour la démocratie (ANPD, opposition démocrate) en vue de créer sa propre formation politique (et un groupe autonome au sein de l'Assemblée nationale). Un temps favori de l'élection présidentielle de décembre 2012, avant de se retirer au profit de Moon Jae-in, aujourd'hui président de l'ANPD qui avait finalement été battu par Mme Park Geun-hye, Ahn Cheol-soo avait ensuite rejoint l'ANPD, dont il était devenu le co-président. Les échecs répétés de l'opposition démocrate lors des élections partielles ont toutefois conduit Ahn Cheol-soo à prendre ses distances avec l'ANPD, et à réitérer ses appels en faveur d'une nouvelle façon de faire de la politique. A moins de quatre mois des élections législatives prévues le 13 avril 2016, si le départ d'Ahn Cheol-soo fragilise apparemment l'ANPD, son profil centriste et attrape-tout lui permet aussi de rallier des électeurs conservateurs jusqu'à présent acquis au Parti Saenuri (droite, au pouvoir), rendant in fine plus incertaine l'issue du dernier scrutin maljeur avant l'élection présidentielle de décembre 2017 - pour laquelle la présidente sortante ne peut pas être candidate à sa succession. 

Ahn Cheol-soo, à l'issue de sa conférence de presse du 13 décembre 2015

Ahn Cheol-soo, à l'issue de sa conférence de presse du 13 décembre 2015

Les divergences avaient été mises en scène pour préparer la rupture : le 6 décembre 2015, Ahn Cheol-soo avait d'abord exigé - sans succès - du Président de l'ANPD Moon Jae-in une convention pour changer les pratiques du parti, avant d'annoncer son propre départ de l'ANPD une semaine plus tard, le 13 décembre. Bien que membre de l'opposition, Ahn Cheol-soo a décoché ses principales flèches contre son ancienne formation politique :

Le parti d'opposition ne peut pas aujourd'hui offrir d'alternative au peuple. Il ne peut pas changer le monde ni offrir au peuple l'espoir d'un nouveau gouvernement. Le parti a refusé jusqu'à présent de plus grands changements, soucieux de défendre ses propres intérêts.

Ainsi placée sous les feux de l'actualité, la formation politique d'Ahn Cheol-soo est créditée de plus de 16 % des intentions de vote aux législatives du 13 avril 2016 dans deux sondages récents : 16,4 % selon une enquête publiée par le quotidien d'opposition Hankyoreh, 16,5 % selon l'institut de sondages sud-coréen Real Meter.

Mais alors que ce départ devrait d'abord pénaliser l'ANPD, Ahn Cheol-soo parvient également à rallier des électeurs conservateurs du Parti Saenuri, crédité de 26,6 % (selon le Hankyoreh) à 35,2 % (selon Real Meter) des intentions de vote, l'écart avec l'ANPD (26,5 % pour le Hankyoreh à 28 % pour Real Meter) s'étant réduit.

Mais Ahn Cheol-soo parviendra-t-il, davantage que d'autres hommes politiques sud-coréens avant lui, à ancrer dans la durée une troisième force (ni démocrate, ni conservatrice), dans un paysage électoral où le mode de scrutin - essentiellement uninominal majoritaire à un tour (malgré une dose de proportionnelle aux législatives) favorise le bipartisme ?

A cet égard, il aura impérativement besoin d'alliés, qui soient notamment implantés régionalement, dans un pays où les bases électorales restent d'abord régionales. Il faudra observer s'il parviendra à rallier les députés démocrates du Honam, notoirement opposés à Moon Jae-in (l'un d'entre eux, Moon Byeong-ho, a annoncé son départ de l'ANPD dès le lendemain de la conférence de presse d'Ahn Cheol-soo), ou encore le député indépendant (ex-démocrate) Chun Jung-bae, qui l'avait emporté le 29 avril 2015 contre le candidat soutenu officiellement par l'ANPD lors d'une élection partielle à Gwangju, dans le district de Seogu, dans la province du Jeolla qui est un bastion traditionnel de l'opposition. Chun Jung-bae avait ensuite annoncé, en septembre, son intention de créer son propre parti.

Sources :

Chun Jung-bae, en septembre 2015

Chun Jung-bae, en septembre 2015

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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 22:46

Le 19 décembre 2015, une nouvelle manifestation à Séoul a rassemblé des milliers de participants - à l'appel notamment du syndicat KCTU, dont l'arrestation du président Han Sang-gyun, à la veille de cette nouvelle journée d'action, pour le grief de "sédition" (inusité depuis  1986, à l'époque du régime militaire à Séoul) témoigne d'un nouveau tour de vis dans la répression antisyndicale en cours à Séoul. Plus que jamais, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) est solidaire des militants qui luttent pour la démocratie politique et syndicale en Corée du Sud.

Nouveau rassemblement pro-démocratie à Séoul, pour faire entendre la voix de la liberté et de la justice

Si les motifs des précédentes manifestations n'avaient pas suffi - refus de l'imprimatur gouvernemental sur les futurs livres scolaires d'histoire, condamnation de la répression antisyndicale - l'arrestation pour "sédition" du président de la Confédération coréenne des syndicats (acronyme anglais, KCTU) Han Sang-gyun aurait suffi à galvaniser les participants pour la troisième journée d'action depuis celle du 14 novembre 2015, qui avait réuni un nombre record de manifestants - ce qui avait entraîné un raid policier sans précédent dans les locaux de la KCTU. Visiblement, après le Parti progressiste unifié banni il y a un an, la très autoritaire Park Geun-hye semble décidée à interdire à présent la KCTU.

A l'annonce de l'arrestation de son principal dirigeant, la KCTU a d'ailleurs publié, le 18 décembre 2015, un communiqué où elle a dénoncé les manoeuvres en cours visant in fine à l'interdire :

 

La police essaie de présenter toute la KCTU comme une organisation violente et illégale, afin retirer comme des voleurs les fondements de notre existence légale.

Par dérision, les organisateurs ont appelé la manifestation du 19 décembre "fête de la sédition" - un délit passible de dix ans de prison. Ils ont également déclarer espérer le prompt rétablissement de Baek Nam-gi, leader paysan toujours entre la vie et la mort après les affrontements lors de la manifestation du 14 novembre : si des échauffourées ont bien eu lieu, le sort de Baek nam-gi suffit à rappeler qui disposait de la capacité de tuer, entre les forces de l'ordre et les manifestants.

Plus sensibles que leurs confrères européens à l'évolution de la situation politique en Corée du Sud, les journalistes américains s'alarment de la dérive autoritaire en cours au Sud de la Corée, en rappelant que Park Geun-hye est la fille du général Park Chung-hee dont le régime avait assassiné des milliers d'opposants.

Soulignant que les conservateurs au pouvoir à Séoul n'aiment pas les divergences d'opinion ("distate for dissent"), l'agence Associated Press souligne que la répression antisyndicale s'inscrit dans le cadre plus général d'un recul de la liberté d'opinion :

Des poursuites ont été engagées ces derniers mois, pour crime de diffamation, à l'encontre de journalistes et de militants qui ont publiquement critiqué Park [Geun-hye].

De fait, au milieu des tambours et des cornes de brume, les participants ont appelé une nouvelle fois, le 19 décembre, à la démission de la chef de l'Etat.

Alors que les élections législatives se tiendront en Corée du Sud au printemps prochain, la volonté de faire taire l'opposition la plus déterminée témoigne de la volonté des autorités sud-coréennes de tout faire pour conserver un pouvoir gagné, en 2012, sur fond de manipulation de l'opinion, sinon des votes.

Sources :

Lire également, sur le blog de l'AAFC :

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 00:15

Si la visite en France de la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye à l'occasion de la conférence de Paris sur le climat (COP21) ne peut soulever cette année aucune protestation dans la rue - toutes les manifestations étant interdites depuis les attentats terroristes du 13 novembre 2015 - sa répression féroce des opposants soulève des protestations de plus en plus visibles en Amérique du Nord - davantage en tout cas qu'en France, malgré l'influence croissante du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud, qui s'est constitué cette année à Paris. Cette vigilance outre-Atlantique sur les atteintes aux droits de l'homme dans le Sud de la Corée n'est pas nouvelle : si, à la fin des années 1970, le Président Jimmy Carter avait tenté - en vain - d'infléchir le soutien inconditionnel US à la junte militaire alors dirigée par le père de l'actuelle présidente, en déplorant son bilan déplorable dans le domaine des libertés publiques et de la démocratie, une réelle prise de conscience avait alors commencé à émerger dans la société américaine, où vit une communauté coréenne de 2 millions de membres. Aujourd'hui, alors que chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles quant au cours autoritaire qu'imprime Mme Park à la politique sud-coréenne, c'est à nouveau un des principaux quotidiens américains, le New York Times, qui s'est illustré en consacrant un éditorial, le 19 novembre dernier, à la dérive anti-démocratique de la Corée du Sud contemporaine, intitulé "La Corée du Sud prend pour cibles les opposants". Nous publions ci-après, traduits de l'anglais, de larges extraits de cet éditorial.

Les manifestations à Séoul du 14 novembre 2015, contre le révisionnisme historique des livres scolaires (visant à présenter sous un jour favorable le régime ultra-autoritaire du général Park Chung-hee, père de l'actuelle présidente), et les réformes visant à la déréglementation accrue du marché du travail, ont servi de prétexte au déclenchement d'une nouvelle vague de répression, à présent dirigée d'abord contre l'unique syndicat qui s'était opposé au corporatisme de feu le régime militaire, après l'interdiction du principal parti de gauche en décembre 2014.

Les manifestations à Séoul du 14 novembre 2015, contre le révisionnisme historique des livres scolaires (visant à présenter sous un jour favorable le régime ultra-autoritaire du général Park Chung-hee, père de l'actuelle présidente), et les réformes visant à la déréglementation accrue du marché du travail, ont servi de prétexte au déclenchement d'une nouvelle vague de répression, à présent dirigée d'abord contre l'unique syndicat qui s'était opposé au corporatisme de feu le régime militaire, après l'interdiction du principal parti de gauche en décembre 2014.

Les Sud-Coréens peuvent être fiers d'avoir transformé une dictature en une démocratie vivante (...) C'est pourquoi il faut s'alarmer des intentions manifestes de la Présidente Park Geun-hye de revenir en arrière s'agissant des libertés démocratiques (...).

Le week-end dernier, des dizaines de milliers de Sud-Coréens ont battu le pavé pour refuser deux initiatives répressives du Gouvernement. La première vise à remplacer les manuels scolaires d'histoire des écoles sud-coréennes, aujourd'hui choisis de manière indépendante, par des manuels diffusés par le Gouvernement. La seconde consiste à modifier la législation sur le travail pour faciliter les licenciements par les conglomérats financiers dont le capital est familial.

Mme Park tente également de contrôler les critiques et les oppositions sur les médias sociaux et Internet. Samedi, Lee Sir-goo, co-dirigeant de l'application de messagerie en ligne la plus populaire en Corée du Sud, a dû démissionner. Il est menacé de poursuites pénales pour n'avoir pas empêché des adolescents de publier des photos obscènes, mais des voix critiques affirment que le véritable objectif est de le punir pour avoir résisté aux efforts de surveillance [d'Internet] du Gouvernement et refusé de limiter l'expression des opinions critiques vis-à-vis du Gouvernement.

Mme Park est la fille du Général Park Chung-hee, un ancien officier de l'armée impériale japonaise pendant l'époque coloniale et le dictateur militaire de la Corée du Sud de 1961 à 1979. Réhabiliter son père apparaît comme son unique objectif pour que les élèves sud-coréens apprennent une version de leur histoire nationale étouffant la vérité - tout particulièrement pendant l'époque où les libertés démocratiques étaient vues comme un obstacle à l'industrialisation.

(...) Le plus grand risque pour la réputation internationale de la Corée du Sud n'est pas économique mais politique, à savoir la main lourde de Mme Park dans ses tentatives pour réécrire l'histoire et écraser les oppositions.

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25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 23:04

Lee Yeda est le premier objecteur de conscience sud-coréen à avoir obtenu l'asile politique - en l'occurrence en France. Le 24 novembre 2015, il a animé une conférence, organisée par le collectif SOLIDA (Solidarité, Liberté, Démocratie en Asie) - Paris, sur l'objection de conscience en République de Corée (Corée du Sud) à Paris. Constitué notamment de Japonais et de Coréens, SOLIDA était invitée par l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), qui a participé aux rassemblements organisés par le collectif depuis août contre la révision de l'article 9 de la Constitution japonaise, qui autorisera pour la première fois depuis 1945 l'envoi de troupes japonaises à l'étranger pour intervenir sur des terrains de bataille, contre la volonté d'une majorité de Japonais pacifistes. L'AAFC soutient le combat pour l'introduction d'un service alternatif au service militaire.

Conférence de Lee Yeda sur l'objection de conscience en Corée du Sud

En ouverture de la conférence, Olivier Bouchard a rappelé que les événements tragiques survenus le 13 novembre 2015 à Paris avaient conduit à reporter la manifestation prévue le lendemain par le collectif SOLIDA contre la construction des bases navales militaires de Henoko, à Okinawa, et de Jeju, en Corée du Sud, et pour le maintien de l'article 9 de la Constitution japonaise. Il a réaffirmé l'engagement de SOLIDA pour la paix et la liberté en Asie de l'Est, dans un contexte où la lutte antiterroriste sert à justifier des restrictions des libertés fondamentales. Les participants ont observé une minute de silence en mémoire des victimes des attentats de Paris.

Conférence de Lee Yeda sur l'objection de conscience en Corée du Sud

Puis Lee Yeda a présenté la question de l'objection de conscience en Corée du Sud, en utilisant un Powerpoint en grande partie préparé par Yang Yeo-ok militante du collectif "World without war" ("Un monde sans guerre") qui lutte en Corée du Sud pour obtenir, notamment, la création d'un service civil alternatif au service militaire.

Lee Yeda a tout d'abord rappelé le contexte politique et historique de la Corée du Sud, pays de conscription où le service militaire s'inscrit dans une logique de militarisation de la société, dès l'école. Avec un montant de 34 milliards de dollars, le budget militaire national est le dixième plus élevé au monde. Les effectifs militaires sont de 640 000 soldats, soit le triple de la France, pourtant plus peuplée que la Corée du Sud.

Depuis 1945, 20 000 Sud-Coréens ont été emprisonnés comme objecteurs de conscience. Chaque année, 600 jeunes hommes purgent une peine moyenne de prison d'une durée moyenne de dix-huit mois parce qu'ils refusent d'effectuer leur service militaire, qui dure de 21 à 24 mois et est suivi de 8 années dans la réserve. 90 % d'entre eux sont des témoins de Jéhovah ; à côté d'eux, une proportion croissance de Sud-Coréens refusent également d'être incorporés comme pacifistes ou font ce choix pour des motifs politiques.

Conférence de Lee Yeda sur l'objection de conscience en Corée du Sud

Les objecteurs de conscience ont non seulement un casier criminel qui les prive de certains droits fondamentaux, mais ils sont également stigmatisés socialement et professionnellement : il est en effet d'usage que les employeurs demandent une attestation concernant le service militaire.

L'absence d'alternative au service militaire en Corée du Sud est contraire aux engagements internationaux du pays, et cette situation a été sanctionnée par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies. Le ministère de la Défense a cependant renoncé au projet, lancé par l'ancienne majorité démocrate en septembre 2007, d'introduire un système alternatif au service militaire, en pointant le "manque de consensus national". Les conservateurs au pouvoir à Séoul tirent également prétexte de la situation de confrontation avec la Corée du Nord.

Revenant sur son histoire personnelle, Lee Yeda a pris conscience de son refus d'effectuer le service militaire et de porter les armes pour tuer d'autres êtres vivants dès l'âge de 14 ans, à la lecture du manga Buddha d'Osamu Tezuka. Il reproche également l'engagement de l'armée sud-coréenne sur des théâtres d'opérations militaires extérieures, au Vietnam et en Afghanistan, bien loin du discours officiel selon lequel l'armée protège les populations. Ayant obtenu l'asile politique en France à l'été 2013 comme objecteur de conscience, il s'exprime dans les médias pour défendre l'objection de conscience et refuser la militarisation de la Corée du Sud. Avant lui, un objecteur de conscience, bouddhiste, Oh Tae-yang, avait tenu pour la première fois une conférence de presse en Corée du Sud, le 4 février 2002, pour défendre des objectifs similaires.

A l'issue de l'exposé de Lee Yeda, les questions ont porté notamment sur les sursis accordés aux étudiants, les interventions militaires sud-coréennes à l'étranger et les conséquences qu'encourent les familles des objecteurs de conscience.

Une déclaration des étudiants japonais de SEALDs a été lue, pour dénoncer l'implantation d'une base militaire à Henoko (à Okinawa), de même que le témoignage d'un soldat américain, en janvier 2015, recueilli par des Okinawaïens exprimant sa compréhension et sa solidarité avec les habitants de l'île refusant la destruction d'un environnement naturel exceptionnel pour construire une nouvelle base militaire. Ces prises de position ont déterminé la position du collectif SOLIDA, sollicité par le Mouvement de la Paix en France, dans son combat pour la paix.

Conférence de Lee Yeda sur l'objection de conscience en Corée du Sud
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24 novembre 2015 2 24 /11 /novembre /2015 13:20

Né le 20 décembre 1927 à Geoje dans le Gyeongsang du Sud, l'ancien Président de la République de Corée (Corée du Sud) Kim Young-sam (1993-1998) est décédé quelques jours avant son quatre-vingt-huitième anniversaire, le 22 novembre 2015 à l'hôpital de l'Université nationale de Séoul. L'Association d'amitié franco-coréenne salue la mémoire d'un homme d'Etat qui a marqué l'histoire de la Corée au vingtième siècle en conduisant à engager la Corée du Sud sur la voie de la démocratie, et dont les obsèques donneront lieu à des funérailles nationales.

Kim Young-sam (1927-2015), ancien Président de la République de Corée

Kim Young-sam (1927-2015), ancien Président de la République de Corée

Il y a plusieurs phases dans la vie politique de Kim Young-sam. Né dans une famille aisée de pêcheurs en 1927, diplômé de l'Université de Séoul en 1952, il devient en 1954 le plus jeune député de l'Assemblée nationale, élu sous les couleurs du parti majoritaire du très autoritaire Syngman Rhee. Puis il rejoint les rangs de l'opposition par refus des manoeuvres des autorités sud-coréennes pour réviser la Constitution.
 

Pendant le régime militaire du général Park Chung-hee, il devient, avec Kim Dae-jung, l'un des chefs de file de l'opposition libérale et se distingue par sa critique acerbe du pouvoir le plus autoritaire qu'ait jamais connu la Corée du Sud, et son refus de toute compromission avec la junte militaire. Cette dernière utilise le pouvoir judiciaire pour l'écarter politiquement : en septembre 1979, une décision de justice lui retire la présidence du Nouveau parti démocratique ; en octobre 1979, il est déchu de son mandat de député, ce qui conduit 66 députés d'opposition à remettre leur démission et les Etats-Unis à rappeler leur ambassadeur en République de Corée. Interdit de toute activité politique entre 1980 et 1985, placé en résidence surveillée, il conduit une grève de la faim pendant vingt-et-jours, en 1983, devant le siège de la présidence.

Après le rétablissement de l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel direct grâce au combat des militants pour la démocratie, il est candidat au scrutin présidentiel de 1987, remporté par le général Roh Tae-woo. La division de l'opposition entre ses deux figures de proue (Kim Dae-jung et Kim Young-sam, qui obtiennent respectivement 27 % et 28 % des voix), et le mode de scrutin uninominal à un seul tour assurent l'élection d'un répresentant de la junte militaire (36,6 % pour Roh Tae-woo).

Alors que le régime militaire est de plus en plus affaibli, ses partisans décident de s'allier avec Kim Young-sam contre Kim Dae-jung, le premier étant considéré comme un opposant moins dangereux pour leurs intérêts : en 1990, le Parti libéral-démocrate (PLD) naît de la fusion du Parti pour une réunification démocratique de Kim Young-sam et du Parti démocratique pour la justice (au pouvoir). Kim Young-sam prend la présidence du PLD. Avec 42 % des voix (contre 33,8 % pour Kim Dae-jung), Kim Young-sam remporte l'élection présidentielle de 1992. En fonctions de février 1993 à février 1998, il devient le premier président civil de la Corée du Sud depuis 1962.

Son mandat est marqué par une volonté de réforme politique et économique : dans le contexte d'une campagne anti-corruption, ses deux prédécesseurs (les généraux Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo) sont arrêtés. Des milliers de prisonniers politiques sont libérés, et la faction militaire Hanahoe, dont les hommes avaient animé la junte militaire au pouvoir, est dissoute. Kim Young-sam entend en outre adapter la Corée du Sud à l'ère de la mondialisation.

Il échoue cependant à réduire le pouvoir des conglomérats, les chaebols, alors que le pays reste marqué par des catastrophes témoignant de l'ampleur de la corruption : en 1995, l'effondrement du grand magasin Sampoong cause cinq cents morts. La crise financière asiatique de 1997-1998, qui conduit la République de Corée à bénéficier de la plus importante opération de soutien financier alors jamais conduite par le FMI (à hauteur de 58 milliards de dollars), ternit considérablement son image, de même que l'implication de son second fils dans un scandale de corruption et d'évasion fiscale, conduisant à la faillite du conglomérat Hanbo Steel. Il finit aussi par amnistier ses deux prédécesseurs à la tête de l'Etat, qui avaient été accusés de mutinerie et de trahison.

La démocratisation n'a pas été conduite à son terme, la loi de sécurité nationale restant en vigueur et les opposants étant sévèrement réprimés - notamment le mouvement étudiant, fer de lance de la démocratisation, à l'Université Yonsei en 1996, et le mouvement syndical, suite à l'adoption de la loi du 26 décembre 1996 restreignant les libertés syndicales. Néanmoins, les syndicats non liés aux intérêts patronaux peuvent pour la première fois s'organiser librement : la Confédération coréenne des syndicats (acronyme anglais, KCTU) est créée en 1995.

S'agissant des relations intercoréennes, le Président Kim Young-sam a joué un rôle utile de retenue pour empêcher les Etats-Unis de bombarder les installations nucléaires nord-coréennes lors de la crise de 1994, ce qui aurait pu entraîner une escalade des tensions menant jusqu'à la guerre. En juillet 1994, l'absence de condoléances de la République de Corée après la disparition du Président Kim Il-sung de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ajournera les projets de sommet intercoréen jusqu'à la fin du mandat de Kim Young-sam, grippant durablement les relations Nord-Sud.

Alors que les chefs de l'Etat sud-coréens n'ont plus le droit de se représenter immédiatement à l'issue de leur mandat, Kim Young-sam favorise implicitement l'élection de Kim Dae-jung en 1997, en se distanciant de son ancien Premier ministre (1993-1994), Lee Hoi-chang, candidat sur une ligne ultra-conservatrice.

Après son départ de la présidence de la République, Kim Young-sam a évité une trop grande implication dans la vie politique. Récemment, il avait critiqué l'actuelle chef de l'Etat Mme Park Geun-hye, fille du général Park Chung-hee qui avait réprimé sévèrement les activités de l'opposition alors conduite par Kim Young-sam.

Sources :

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