Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 juin 2025 2 03 /06 /juin /2025 15:45

Une élection présidentielle anticipée s'est tenue en République de Corée (Corée du Sud) le 3 juin 2025. Le scrutin s'est polarisé autour de la destitution du président Yoon Seok-yeol (Parti du pouvoir au peuple, PPP, conservateur), qui avait tenté un coup d'Etat militaire en décembre 2024, et dont le PPP ne s'est pas réellement désolidarisé. La victoire du chef de la principale formation d'opposition, le démocrate Lee Jae-myung, adversaire malheureux de Yoon Seok-yeol en 2022, clôt une page difficile de l'histoire de la République de Corée - alors que le nouveau chef de l'Etat a eu une attitude courageuse lors de la tentative de coup d'Etat - où il était menacé d'arrestation.

Lee Jae-myung

Lee Jae-myung

Selon les résultats définitifs, Lee Jae-myung a obtenu 49,42 % des suffrages exprimés, devant Kim Moon-soo (PPP), qui a recueilli 41,15 % des voix, et l'ancien dirigeant du parti conservateur, ayant créé sa propre formation (le Nouveau parti de la réforme), de sensibilité plus centriste, Lee Jun-seok (8,34 %). Lee Jae-myung et Kim Moon-soo partagent la particularité d'avoir tous les deux été gouverneurs de la province de Gyeonggi. Kwon Yeong-guk, candidat du Parti démocratique du travail (issu notamment du Parti de la justice, gauche), n'a obtenu que 0,98 % des voix, et un indépendant, l'homme d'affaires Song Jin-ho, 0,1 %. Le scrutin a été marqué par une forte participation (79,38 %).

Né en 1964 à Andong, Lee Jae-myung est issu d'une famille défavorisé, ce qui l'a conduit à devoir travailler comme ouvrier (un accident du travail lui a laissé un bras handicapé). Lee Jae-myung est devenu avocat en prenant des cours du soir. Il a participé au soulèvement démocratique de juin 1987 ayant conduit au rétablissement de l'élection du président de la République au suffrage universel direct en 1988, avant l'élection d'un candidat civil au scrutin de 1992. Alors maire de Seongnam, il échoue à l'investiture à la candidature démocrate à la présidentielle de 2017 (remportée par Moon Jae-in), avant d'emporter ce scrutin interne en 2022 mais d'échoue de peu face au conservateur Yoon Seok-yeol (47,83 % contre 48,56 %). 

Victime d'une campagne de harcèlement judiciaire, l'ayant conduit à engager une grève de la faim, Lee Jae-myung a également fait l'objet d'une tentative d'assassinat en janvier 2024, témoignant d'une dégradation du climat politique devenu de plus en plus violent en Corée du Sud sous la présidence de Yoon Seok-yeol.

Plusieurs défis structurels attendent également le nouveau chef de l'Etat : le ralentissement économique, alors que la République de Corée est ciblée par la guerre commerciale lancée par l'administration Trump (qui exige par ailleurs que Séoul augmente sa contribution au stationnement de troupes américaines), un taux de natalité devenu le plus faible au monde, ou encore une situation internationale incertaine. Si les démocrates sont traditionnellement favorables au dialogue intercoréen, la décision de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), en janvier 2024, de voir désormais la Corée du Sud comme un Etat étranger a certes été motivée par les choix de l'administration Yoon - mais le changement de président ne garantit pas le retour à une reprise du dialogue entre les deux Corée.


Sources : 

Partager cet article
Repost0
21 avril 2025 1 21 /04 /avril /2025 18:07

Après la destitution du président Yoon Seok-yeol (Parti du pouvoir au peuple, PPP, conservateur) le 4 avril 2025, à la suite de sa tentative de coup d'Etat le 3 décembre 2024, la date de l'élection présidentielle anticipée en République de Corée (Corée du Sud) a été fixée au 3 juin 2025. Le nouveau chef de l'Etat sera désigné au suffrage universel direct par un scrutin uninominal majoritaire à un tour qui devrait une nouvelle fois favoriser les deux principales formations politiques, le Parti démocrate (centre-gauche) et le PPP. Les processus de désignation des candidats ont débuté : le premier tour de l'élection primaire du PPP a ainsi commencé ce lundi 21 avril 2025.

Le palais présidentiel, appelé la Maison bleue, a été inauguré à Séoul en 1991

Le palais présidentiel, appelé la Maison bleue, a été inauguré à Séoul en 1991

Le PPP du président sortant aborde ce scrutin en d'autant plus mauvaise posture qu'il ne s'est pas vraiment désolidarisé de l'ancien chef d'Etat Yoon Seok-yeol, alors que se tient son procès pénal pour insurrection. Les électeurs démocrates et indépendants étaient massivement favorables à la destitution du Président Yoon, et les intentions de vote cumulées des candidats potentiels du PPP (testés séparément) atteignent, au mieux, 32 %, en-deçà des intentions de vote pour le PPP en cas d'élections générales.

Comme pour le Parti démocrate, la primaire pour désigner le candidat combine le vote des membres du parti et des sondages auprès de l'ensemble de l'opinion publique. Il doit se dérouler en plusieurs étapes parmi les huit candidats déclarés, pour n'en retenir plus que quatre, avant de départager les deux finalistes le 29 avril. Les favoris sont l'ancien ministre de l'emploi et du travail Kim Moon-soo, l"ancien maire de Daegu Hong Joon-pyo et l'ancien président du PPP Han Dong-hoon, Kim Moon-soo tend à se détacher de ses rivaux dans les sondages.

De l'autre côté de l'échiquier politique, l'ancien challenger du précédent scrutin présidentiel en 2022, Lee Jae-myung, qui avait été battu sur le fil par Yoon Seok-yeol (48,56 % contre 47,83 %), fait figure de grand favori : les sondages le créditent de 37 % à 50 % des voix. Avocat de formation, ancien gouverneur de la province de Gyeonggi entre 2018 et 2021, Lee Jae-myung a été victime d'une tentative d'assassinat en janvier 2024. Il a été au premier plan pour s'opposer à la tentative de coup d'Etat de Yoon Seok-yeol et dénoncer la dérive autoritaire des conservateurs au pouvoir, déjà lourdement défaits lors des législatives du 10 avril 2024. Au sein du Parti démocrate, Lee Jae-myung est concurrencé par Kim Dong-yeon, actuel gouverneur de la province de Gyeonggi, et Kim Kyoung-soo, ancien gouverneur de la province du Gyeongsang du Sud.

Parmi les autres candidats attendus sur la ligne de départ, l'ancien Premier ministre de 2017 à 2020 (démocrate) Lee Nak-yon devrait représenter le Parti démocratique du nouveau futur, et l'ancien dirigeant du PPP Lee Jun-seok, le Parti de la réforme (conservateur). L'un et l'autre sont crédités d'environ 3 % dans les sondages, avec un avantage pour Lee Jun-seok, chassé de la direction du PPP à la suite d'un scandale sexuel pour lequel il a été innocenté, et qui peut espérer émerger comme le "troisième homme" de cette élection.

Les partis de gauche devraient aussi avoir leurs propres candidats : le Parti progressiste doit organiser une primaire pour départager les anciens députés Kim Jae-yeon et Kang Seong-hee, tandis que plusieurs formations non représentées au Parlement (Parti de la justice, Parti vert, Parti du travail) et des syndicats ont engagé une procédure pour désigner un ou une candidat(e) commun(e) sous la bannière de Transformation sociale. La candidate du Parti de la justice, Sim Sang-jung (2,38 % en 2022), avait été accusée d'avoir divisé le vote progressiste et permis l'élection de Yoon Seok-yeol ; depuis, le Parti de la justice a perdu sa représentation parlementaire lors des élections générales d'avril 2024, après une alliance inédite avec le Parti vert qui s'est révélée infructueuse.

L'ancien Premier ministre conservateur Hwang Kyo-ahn, qui avait été président par intérim après la destitution de Park Geun-hye, entend aussi concourir comme indépendant. Il avait auparavant rejoint le Parti de la liberté de la Corée (PLC), qui se situe à la droite du PPP, en s'appuyant notamment sur certains milieux évangéliques et anticommunistes qui ont été très en pointe dans le soutien au président Yoon Seok-yeol. L'élection anticipée du 3 juin 2025 permettra d'observer si ce courant se réorganise en dehors du PPP, alors que le pasteur ultra-conservateur Jeon Kwang-hoon, ancien président du Conseil chrétien de Corée, a aussi fait part de son intention d'être candidat.

Le mode de scrutin, majoritaire à un tour, devrait toutefois entraîner le retrait de candidats au profit notamment de ceux qui seront désignés par le PPP et le Parti démocrate.

Les enjeux de politique intérieure portent notamment sur la réforme des retraites et une révision de la Constitution qui pourrait, entre autres, limiter le pouvoir de veto du Président de la République, dont Yoon Seok-yeol avait fait un large usage face à une Assemblée qui, dès le premier jour de son élection, avait été dominée par l'opposition démocrate. En politique étrangère, la République de Corée est confrontée à l'augmentation des droits de douane décidée par l'administration Trump, ainsi qu'à la demande répétée du président américain que Séoul finance davantage la présence de soldats et d'équipements américains sur le sol coréen - le locataire de la Maison Blanche ayant sinon menacé d'un retrait américain. Par ailleurs, les démocrates sont favorables à la reprise du dialogue avec Pyongyang, dans la continuité de la politique du rayon de soleil des précédentes administrations démocrates, alors que la détérioration des relations intercoréennes sous le mandat de Yoon a conduit les Nord-Coréens à abandonner, en janvier 2024, l'objectif de réunification du pays. A cet égard, Lee Jae-myung a accueilli favorablement une possible réouverture du dialogue entre Donald Trump et Kim Jong-un, comme le premier en a évoqué la possibilité.

Principales sources : 

Partager cet article
Repost0
4 avril 2025 5 04 /04 /avril /2025 10:17

C'est la fin d'un long feuilleton politico-judiciaire : à l'unanimité, le 4 avril 2025, les huit juges en fonctions de la Cour constitutionnelle de Corée ont voté pour la destitution du président de la République de Corée Yoon Seok-yeol (conservateur), qui avait tenté un coup d'Etat par l'imposition de la loi martiale le 4 décembre 2024, alors qu'une majorité qualifiée de six juges était requise. Une élection présidentielle anticipée sera organisée dans un délai de 60 jours, pour laquelle le président du Parti démocrate, Lee Jae-myung, rival malheureux de Yoon lors du scrutin de 2022, fait figure de favori. 

Emblème de la Cour constitutionnelle de Corée

Emblème de la Cour constitutionnelle de Corée

Des explosions de joie ont accueilli l'annonce de la destitution, souhaitée par une nette majorité de Sud-Coréens qui manifestaient en nombre depuis des mois, alors que la consternation et l'accablement ont éclaté parmi les partisans de Yoon Seok-yeol. Si une partie des conservateurs avait voté la motion de destitution (qui requérait un vote conforme de deux tiers des députés, au sein de l'Assemblée nationale à majorité démocrate), le camp conservateur avait finalement largement fait bloc derrière le président Yoon, apparaissant déterminé à conserver à tout prix le pouvoir exécutif, tandis que l'ancien procureur Yoon s'est enfermé dans une attitude de déni.

De fait, le verdict est un désaveu cinglant pour Yoon Seok-yeol et ses partisans, les cinq chefs d'accusation ayant tous été retenus. Selon l'agence sud-coréenne Yonhap : 

L'enjeu du procès était de déterminer s'il a enfreint la loi en s'engageant dans cinq actions clés, à savoir la proclamation de la loi martiale, la rédaction d'un décret de la loi martiale, le déploiement de troupes à l'Assemblée nationale, la perquisition à la Commission nationale des élections (NEC) et la prétendue tentative d'arrestation de politiciens. La cour a donc clairement reconnu que Yoon a violé gravement la loi et la Constitution incluant l'instauration de la loi martiale, la tentative de bloquer les activités du Parlement en déployant des troupes militaires, la perquisition de la NEC et le projet d'arrestation de politiciens.

La Cour constitutionnelle a reconnu la totalité des cinq chefs d'accusation en concluant qu'il y a eu une violation critique de la loi et de la Constitution. Aucun juge n'a affiché d'opposition à cette décision malgré quelques avis supplémentaires dans les détails. La cour a aussi rejeté les prétentions des avocats de Yoon sur l'illégalité de la procédure de la motion de destitution et le retrait d'un chef d'accusation en particulier, l'insurrection de Yoon, dans le procès en destitution. La Cour les a jugés légaux.

De plus, la cour a indiqué que l'instauration de la loi martiale n'entrait pas dans le respect des conditions requises et la situation au moment des faits n'était pas dans un état d'urgence. Quant à la répétition des motions de destitution et à la réduction du budget de l'Etat par le Parti démocrate, la Cour constitutionnelle a jugé que ces points pourraient être traités avec l'exécution normale du pouvoir, notamment le procès en destitution et l'exercice du droit de veto par le président.

La Cour constitutionnelle étant une juridiction suprême, il n'existe pas de voie de recours pour le président Yoon, qui devra par ailleurs encore répondre de ses actions devant la justice pénale, pour incitation à l'insurrection. 

Le soulèvement des Coréens après la tentative d'imposer la loi martiale avait montré, une fois de plus, l'attachement profond aux valeurs démocratiques en République de Corée, tandis que la mobilisation d'éléments divers d'extrême-droite en faveur de Yoon a témoigné de la persistance d'un courant réactionnaire, voyant une forme de modèle dans le régime militaire qu'a connu la République de Corée entre 1961 et 1993. 

Principale source : 

Partager cet article
Repost0
19 janvier 2025 7 19 /01 /janvier /2025 22:25

Après une première tentative ayant échoué le 3 janvier 2025, le président Yoon Seok-yeol a finalement été arrêté le 15 janvier 2025 puis placé en détention provisoire le 19 janvier 2025. Ces mesures exceptionnelles interviennent alors que le chef de l'Etat, ayant fait l'objet d'une motion de destitution après sa tentative d'imposer la loi martiale le 4 décembre 2024, refusait de répondre aux convocations des enquêteurs après avoir été entendu une première fois, tout en multipliant les communiqués contre ce qu'il qualifie de violations de l'Etat de droit.

Les policiers devant la résidence de Yoon Seok-yeol, où il s'était retranché, lors de la tentative d'arrestation du 3 janvier 2025

Les policiers devant la résidence de Yoon Seok-yeol, où il s'était retranché, lors de la tentative d'arrestation du 3 janvier 2025

Si Yoon Seok-yeol a appelé ses partisans à s'exprimer pacifiquement (le 15 janvier, il avait accepté son arrestation afin, selon ses termes, d'éviter "un bain de sang"), la décision de le placer en détention provisoire n'en a pas moins entraîné un assaut du tribunal - la Cour du district ouest de Séoul. 45 personnes ont été arrêtées pour les dégâts ainsi causés. Les cinq blessés graves à l'issue de ces affrontements sont exclusivement des policiers.  

La détention provisoire, d'une durée maximale de 20 jours, vise à éviter la destruction de preuves. Lors de l'audition du 19 janvier 2025 à laquelle Yoon s'est cette fois présenté, le Bureau d'enquête sur la corruption des hauts fonctionnaires (CIO) l'a accusé d'avoir ordonné l'encerclement de l'Assemblée nationale pour l'empêcher de se prononcer sur la loi martiale, d'avoir voulu arrêter des personnalités politiques de premier plan et tenté d'occuper les locaux de la Commission nationale des élections (CNE). Yoon Seok-yeol et ses avocats ont réfuté toutes ces accusations, en soulignant que la proclamation de la loi martiale faisait partie des pouvoirs propres du chef de l'Etat et en la justifiant par la mise en cause de plusieurs ministres, contraints à la démission, par une majorité de députés. Ils ont aussi prétendu que les forces militaires n'étaient pas assez nombreuses pour paralyser l'Assemblée nationale - niant l'évidence d'une volonté d'empêcher les députés de se réunir. 

Jouant au maximum la carte de la victimisation, Yoon Seok-yeol est ainsi parvenu à redonner des couleurs dans les sondages au Parti du pouvoir au peuple (PPP), alors que la radicalisation de certains partisans de Yoon est de nature à instaurer un climat de guerre civile.

Principales sources : 

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2025 5 03 /01 /janvier /2025 14:34

Si la résistance héroïque des Sud-Coréens contre l'assaut du Parlement lors de la tentative d'imposer la loi martiale, les 3 et 4 décembre 2024, avait montré la vitalité de la démocratie en République de Corée, l'admiration le cède à la stupeur face à l'acharnement du président Yoon Seok-yeol, contre qui a été votée une motion de destitution, à se maintenir au pouvoir à tout prix, enfermé dans une attitude de déni, alors que ses partisans manifestent en permanence devant son domicile, où son arrestation a échoué le 3 janvier 2024. 

Des assistants parlementaires et des fonctionnaires barricadent l'accès à l'Assemblée nationale, avant l'arrivée des troupes de la loi martiale, lors de la tentative de coup d'Etat des 3 et 4 décembre 2024

Des assistants parlementaires et des fonctionnaires barricadent l'accès à l'Assemblée nationale, avant l'arrivée des troupes de la loi martiale, lors de la tentative de coup d'Etat des 3 et 4 décembre 2024

Yoon Seok-yeol refuse de répondre aux convocations du Bureau d'enquête sur la corruption des hauts fonctionnaires (CIO) et s'est retranché dans sa résidence de Séoul, protégé par des soldats du Commandement de défense de la capitale, d'une part, et les gardes du service de sécurité présidentielle (PSS), d'autre part - car, même s'il a fait l'objet d'une motion de destitution, il reste protégé. A proximité, des manifestants appellent les uns à son départ, les autres à ce qu'il résiste face à ce qu'ils considèrent comme un complot communiste, dans un amalgame entre l'opposition démocrate et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Des évangélistes conservateurs font aussi partie des ultras à la pointe du mouvement pro-Yoon : on peut estimer le courant de soutien au président Yoon à quelque 10 % de l'opinion publique sud-coréenne, une fraction de même importance ayant choisi de soutenir l'ancienne présidente Park Geun-hye après sa destitution en 2016. 

Et Yoon Seok-yeol n'entend pas décevoir ses partisans : il a promis de "lutter jusqu'au bout", cherchant à endosser le costume du résistant. 

Face à une attitude aussi peu coopérative, le CIO a décidé de lancer un mandat d'arrêt - une première contre un chef de l'Etat en exercice, même sous le coup d'une procédure de destitution. Les forces protégeant Yoon, et notamment de la PSS, ont empêché son arrestation le 3 janvier 2025 : les affrontements pendant plus de 5 heures et demie ont conduit le CIO à suspendre le mandat d'arrêt contre Yoon, afin notamment de protéger les enquêteurs. 

Concernant la procédure de destitution, sur les trois juges constitutionnels devant être nommés, le président par intérim Choi Sang-mok n'a accepté de nommer que deux des trois candidats proposés par les parlementaires - un candidat des démocrates et un autre du parti présidentiel, exigeant que l'opposition démocrate, majoritaire, trouve un compromis avec les conservateurs sur le troisième candidat. Une attitude qui montre que les conservateurs, malgré leur forte impopularité que ne fait que renforcer l'attitude du président Yoon, n'entendent rien lâcher de l'exercice du pouvoir, contribuant à encore approfondir la crise politique.

Principale source : 

Partager cet article
Repost0
27 décembre 2024 5 27 /12 /décembre /2024 14:10

Depuis la tentative de coup d'Etat perpétrée par le président Yoon Seok-yeol (Parti du pouvoir au peuple, PPP, conservateur), la République de Corée (Corée du Sud) est en crise politique. Après qu'une motion de destitution a été adoptée par les députés à l'encontre du président Yoon, ce dernier a été suspendu de ses fonctions dans l'attente d'une décision de la Cour constitutionnelle qui statuera définitivement. Dans cette attente, l'intérim des fonctions de chef de l'Etat a été exercé par le Premier ministre Han Duck-soo, mais seulement pendant 13 jours, du 14 au 27 décembre 2024 : en effet, une motion de destitution à l'encontre de Han Duck-soo a été adoptée par le Parlement sud-coréen, le Gukhoe, le 27 décembre. 

Choi Sang-mok est le nouveau président par intérim

Choi Sang-mok est le nouveau président par intérim

Un chef d'Etat peut-il impunément renverser un régime démocratique et rester en fonctions ? Oui, si la justice tranche en ce sens... Or, en République de Corée, ce sont les neuf membres de la Cour constitutionnelle qui devront se prononcer à la majorité qualifié d'au moins six juges. Dans une tentative désespérée pour s'accrocher au pouvoir, les conservateurs avaient trouvé la parade : le président par intérim refusait de procéder à la nomination de trois membres de la Cour constitutionnelle, suivant les propositions d'un Parlement dominé par l'opposition - si bien qu'il aurait suffi que, parmi les six juges en fonctions, un seul se prononce contre la constitutionnalité de la motion de destitution adoptée par le Parlement pour que Yoon Seok-yeol revienne en poste, comme si de rien n'était.

Dans ce contexte, les députés ont annoncé qu'ils adopteraient une motion de destitution à l'encontre du président par intérim, le Premier ministre Han Duck-soo. Mais si une majorité qualifiée des deux tiers des députés est clairement requise pour l'adoption d'une motion de destitution à l'encontre d'un président de la République élu, ce seuil de majorité s'applique-t-il en cas d'intérim des fonctions présidentielles ? Oui, selon le PPP, non, selon le président de l'Assemblée nationale Woo Won-shik, pour qui une majorité simple (151 députés sur 300) suffit... La motion de destitution a été adoptée par les 192 députés de l'opposition, pour une série de motifs dépassant la seule question de la nomination de nouveaux juges constitutionnels, et faisant plus largement référence aux manoeuvres d'obstruction des conservateurs - selon les démocrates - dans les suites à apporter à la tentative de coup d'Etat. Selon Yonhap :

Dans le texte de la motion de destitution contre le président par intérim, le Parti démocrate a critiqué Han pour son refus des motions pour des enquêtes spéciales sur les affaires impliquant Kim Keon Hee, l'épouse du président Yoon, et sur la mort d'un caporal des Marines, ainsi que pour complot, approbation tacite et délaissement volontaire des actes d'insurrection, tentative de gouvernance conjointe du pays avec Han Dong-hoon (l'ancien chef du parti au pouvoir), refus de la nomination d'un procureur indépendant permanent pour l'enquête sur l'insurrection et refus de nommer des juges constitutionnels.

Si le chef du PPP a annoncé qu'il saisirait la Cour constitutionnelle d'un vote selon lui illégal, le Premier ministre a pris acte que ses fonctions de président par intérim étaient suspendues dans l'attente d'une décision de la Cour constitutionnelle, qui devra donc se prononcer également sur cette seconde motion de destitution. Choi Sang-mok, vice Premier ministre et ministre de l'économie et des finances, a immédiatement commencé à exercer l'intérim des fonctions présidentielles. 

Le paradoxe du système politique sud-coréen est que le Gouvernement ne reflète pas la majorité politique de l'Assemblée nationale. Après avoir échoué aux élections législatives du 10 avril 2024, le président Yoon Seok-yeol avait refusé le verdict des urnes en continuant de choisir des ministres conservateurs et en opposant son veto aux textes adoptés par les démocrates majoritaires au Parlement - y compris sur le budget pour l'année 2025, ce qui l'avait amené à décréter la loi martiale en prenant prétexte d'une prétendue instabilité intérieure et extérieure. Il avait notamment tenté - en vain - de provoquer une escalade avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), en multipliant les survols de drones au dessus de Pyongyang. Le ministre de la Défense, le général Kim Yong-hyun, aurait planifié ces opérations. Kim Yong-hyun a ensuite été placé en détention, suspect d'avoir proposé au président Yoon de décréter la loi martiale puis d'avoir ordonné l'assaut contre le Parlement. Risquant la peine de mort, Kim Yong-hyun a tenté de se suicider immédiatement après son arrestation, le 10 décembre 2024.

Si l'équilibre des pouvoirs en République de Corée est inspiré de celui américain, l'impossibilité de parvenir à des compromis transpartisans en montre clairement les limites. Le très conservateur, très autoritaire et très impopulaire président Yoon est l'un des responsables majeurs de cette impasse politique. Dans un régime démocratique, seules trois issues sont envisageables : soit un changement des pratiques politiques, en imposant au chef de l'Etat une cohabitation avec un Premier ministre ayant le soutien d'une majorité de députés ; soit une élection présidentielle anticipée, en faisant trancher les électeurs (mais les conservateurs du PPP, en très mauvaise posture dans les sondages, retardent au maximum une telle échéance) ; soit une révision constitutionnelle (qui suppose toutefois l'approbation de 200 députés sur 300), qui donnerait au président de la République des fonctions comparables à celles, par exemple, de son homologue allemand, ou du roi d'Espagne.

Principale source : 

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2024 6 14 /12 /décembre /2024 14:10

Onze jours après la tentative de coup d'Etat par la proclamation de la loi martiale, qui avait finalement été levée après un délai de six heures, le 14 décembre 2024 le Gukhoe a adopté une motion de destitution à l'encontre du président de la République de Corée (Corée du Sud) Yoon Seok-yeol (Parti du pouvoir au peuple, PPP, conservateur). Le Premier ministre Han Duck-soo (PPP) exerce l'intérim des fonctions de chef de l'Etat, en attendant la décision de la Cour constitutionnelle qui doit se prononcer dans un délai maximum de 180 jours. En cas d'approbation de la Cour constitutionnelle, une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans un nouveau délai de 60 jours. 

Des manifestants bloquent l'entrée du Parlement aux troupes de la loi martiale

Des manifestants bloquent l'entrée du Parlement aux troupes de la loi martiale

Près de huit ans après la destitution de Park Geun-hye, l'histoire bégaie. Déjà, une présidente de la République conservatrice avait été destituée à la suite du vote d'une motion de destitution par une partie des députés du parti présidentiel, ayant renforcé les voix de l'opposition. A l'époque, son adversaire démocrate malheureux à la précédente élection présidentielle, Moon Jae-in, avait remporté l'élection présidentielle anticipée. A nouveau aujourd'hui, Lee Jae-myung, battu de peu à l'élection présidentielle de 2022 par Yoon Seok-yeol, fait figure de favori pour lui succéder - à condition que la Cour constitutionnelle valide la motion de destitution. Dans l'histoire de la République de Corée depuis le rétablissement de la démocratie en 1987, une troisième motion de destitution contre un chef de l'Etat sud-coréen, le démocrate Roh Moo-hyun, n'avait pas franchi le seuil du contrôle de constitutionnalité en 2004 - et le président Roh avait alors repris ses fonctions.

Mais les comparaisons avec le précédent de la présidente Park Geun-hye s'arrêtent là : les chefs d'accusation contre Yoon Seok-yeol - à savoir une tentative d'insurrection - sont autrement plus graves. Quant au parti présidentiel, il a tout fait pour sauver son leader, tout d'abord en ne votant pas une première motion de destitution, puis en laissant à Yoon Seok-yeol un délai pour démissionner. Cette ultime tentative s'était heurtée à une attitude de refus de Yoon Seok-yeol, déterminé à rester en place et à exercer le pouvoir tant qu'il ne serait pas condamné. Croit-il sérieusement prouver que sa tentative de coup d'Etat était justifiée ?

Dans ce contexte, le dirigeant du PPP Han Dong-hoon a cette fois laissé les députés du parti majoritaire voter en leur âme et conscience une seconde motion de destitution : aux 192 députés de l'opposition se sont joints 12 des 108 députés du PPP, permettant, avec 204 votes pour la motion, de franchir - de justesse - le seuil constitutionnel des deux tiers des parlementaires (200). 85 députés du PPP ont voté contre la motion, 8 se sont abstenus et 3 ont voté blanc ou nul. La motion de destitution de Park Geun-gye avait été adoptée par une fraction plus importante de députés de son parti, dont plusieurs avaient ensuite formé de nouveaux partis, classés au centre-droit de l'échiquier politique, qui n'avaient ensuite pas réussi à briser le bipartisme traditionnel en Corée du Sud entre les démocrates et les conservateurs.

Une explosion de joie a accueilli, partout en Corée, le vote de la motion de destitution du plus autoritaire président qu'ait connu la République de Corée depuis 1987. Comme en 2017, il est probable que les conservateurs vont essayer de faire bloc autour de Han Duck-soo pour sauver ce qu'ils peuvent de leur pouvoir, quitte à agiter la menace de la subversion des ennemis de l'intérieur et de l'extérieur, avant une élection présidentielle anticipée qui semble désormais inéluctable.

Principale source : 

Partager cet article
Repost0
8 décembre 2024 7 08 /12 /décembre /2024 12:49

Le 7 décembre 2024, la motion de destitution contre le Président Yoon Seok-yeol, qui avait tenté quelques jours plus tôt d'abolir la démocratie en décrétant la loi martiale, n'a pas été adoptée par l'Assemblée nationale de la République de Corée (Rdc, Corée du Sud). En effet, en raison du refus de siéger de la quasi-totalité des députés du parti présidentiel (Parti du pouvoir au peuple, PPP, conservateur), le quorum des deux tiers des sièges (soit 200 sur 300) n'a pas été atteint : aux 192 députés de l'opposition, signataires de la motion de destitution, ne s'étaient joints que 3 députés du PPP.

Manifestations à Séoul après la proclamation de la loi martiale

Manifestations à Séoul après la proclamation de la loi martiale

En présentant publiquement ses excuses quelques heures avant le vote crucial de l'Assemblée nationale sur la motion de destitution, le Président Yoon Seok-yeol a alors remis son destin entre les mains du PPP, dirigé par l'un de ses adversaires, Han Dong-hoon. Le lendemain du rejet de la motion de destitution, Han Dong-hoon et le Premier ministre Han Duck-soo (qui exercerait les fonctions de chef de l'Etat par intérim en cas de départ de Yoon Seok-yeol) se sont prononcés pour "un départ anticipé et de manière ordonnée" du Président Yoon Seok-yeol, selon eux pour prévenir le "chaos". En d'autres termes, le chef de l'Etat démissionnerait - sans qu'aucune date ne soit fixée. La priorité pour le PPP semble manifestement l'adoption d'un budget 2025 conforme à leurs attentes, alors que la majorité démocrate au Parlement - confirmée par les élections législatives d'avril dernier - ne permettait déjà plus au Président Yoon de réellement gouverner, ce qui l'avait conduit à décréter la loi martiale pour reprendre la main - par l'abolition de la vie politique et de la liberté des médias. 

L'opposition a vivement dénoncé des manoeuvres du camp présidentiel pour tenter de conserver le pouvoir. Dirigeant le Parti démocrate, principale force d'opposition, Lee Jae-myung a ainsi réagi aux déclarations de Han Dong-hoon et Han Duck-soo :

Le chef du parti au pouvoir et le Premier ministre sont en train de détruire de nouveau l'ordre constitutionnel (...) [Le plan de Han Dong-hoon et Han Duck-soo consiste à] maintenir une situation d'insurrection en plaçant sur les devants de la scène une force complice dans cette insurrection, et avec Yoon continuant secrètement de tirer les ficelles.

Lee Jae-myung est le favori des sondages en cas d'élection présidentielle, après avoir été l'adversaire malheureux de Yoon Seok-yeol au scrutin de 2022. Fin 2023, il avait engagé une grève de la faim après des poursuites judiciaires qu'il avait dénoncées comme téléguidées par l'exécutif, après la levée surprise de son immunité à la suite du vote de députés de son propre parti (appartenant à une faction concurrente de la sienne) : la proximité partisane des juges sud-coréens avec les conservateurs - selon l'opposition démocrate - est l'un des défis majeurs de la démocratie sud-coréenne, ce qui interroge sur l'issue de poursuites judiciaires auxquelles reste exposé Yoon Seok-yeol après l'échec de la motion de destitution, et que réclament l'opposition et les manifestants. Son immunité comme chef d'Etat ne couvre pas les chefs d'accusation de rébellion et de trahison : dans le cas présent, la rébellion apparaît de nature à être retenue.

Il est patent que la majorité présidentielle ne veut pas d'élection présidentielle dans un délai trop rapproché car le scrutin signerait probablement la perte par les conservateurs de tous les leviers du pouvoir, comme après la destitution de la présidente Park Geun-hye fin 2016.

Les dirigeants occidentaux, alliés de la République de Corée, se sont divisés. Les Etats-Unis, l'Allemagne, le Japon et le Royaume-Uni ont déploré la tentative de coup d'Etat. D'autres (France, Italie, Israël) ont adopté une posture plus attentiste, ce qui traduit une politique du deux poids deux mesures sur les atteintes aux droits de l'homme selon qu'elle sont commises par un allié ou un adversaire - comme le disait Franklin D. Roosevelt en 1939 à propos du président du Nicaragua Anastasio Somoza Garcia :

C'est peut-être un salaud, mais c'est notre salaud.

C'est probablement également ce que pensent les pontes du PPP. Une telle situation ne peut qu'attiser la colère des Coréens, que le Président Yoon - dont la popularité était déjà en berne à la veille de sa tentative de coup de force - voulait interdire de manifester en proclamant la loi martiale, car ils auraient été soi-disant manipulés par la Corée du Nord... Les immenses manifestations des Coréens - y compris à Paris, ce samedi 7 décembre - exigent le départ du pouvoir d'un homme qui en a déshonoré la pratique.

La crise actuelle en République de Corée montre combien les pouvoirs d'exception, loin d'être une garantie en démocratie en cas de circonstances exceptionnelles, peuvent au contraire servir de prétexte à confisquer le pouvoir par des chefs d'Etat peu soucieux de démocratie. Le choix par le Président Yoon de la loi martiale atteste aussi qu'il considérait un coup d'Etat militaire comme une option acceptable, alors que la République de Corée était encore dirigée par une junte en 1987. Faudra-t-il atteindre la disparition de la génération ayant grandi sous le régime militaire (Yoon est né en 1960) pour qu'une fraction de l'opinion sud-coréenne, obsédée par le péril communiste à laquelle elle assimile l'exercice des libertés politiques et syndicales, arrête de faire arbitrer par un putsch les conflits politiques avec une opposition dirigée par des démocrates - dont les options politiques sont proches de celles de leurs homologues américains, et éloignées même de la social-démocratie européenne ? 

Relativement comparable à celui américain (avec cette différence notamment qu'un Premier ministre dirige le gouvernement à Séoul), le système politique sud-coréen est issu d'un compromis après le rétablissement de l'élection du Président de la République au suffrage universel direct en 1987. En cas de discordance entre la majorité présidentielle et la majorité parlementaire, rien n'oblige le chef de l'Etat à une cohabitation. Yoon Seok-yeol n'a jamais eu de majorité parlementaire depuis son accession au pouvoir en 2022, et il a échoué à en obtenir une lors des législatives du printemps dernier. Il n'existe pas aujourd'hui, en République de Corée, de modalités satisfaisantes pour résoudre les conflits de pouvoir entre le législatif et l'exécutif : il est temps d'envisager des procédures de droit ou de fait, comme le principe d'une cohabitation ou la démission du Président de la République en cas d'échec aux élections législatives, la possibilité de mettre fin à l'élection du Président de la République au suffrage universel direct couplée ou non à celle de le cantonner à un rôle d'arbitre (comme en Autriche et en Allemagne), en confiant la direction du pouvoir exécutif à un Premier ministre investi par une majorité de députés. Les Sud-Coréens ont montré leur attachement courageux et déterminé à la démocratie en défendant le Parlement que l'armée tentait d'investir après la proclamation de la loi martiale : nul doute qu'ils sauront instaurer des mécanismes institutionnels et politiques afin d'empêcher que la tentative de coup d'Etat du 4 décembre 2024 ne se reproduise. 

Sources :

Partager cet article
Repost0
4 décembre 2024 3 04 /12 /décembre /2024 12:07

Après l'échec du président conservateur Yoon Seok-yeol à imposer la loi martiale (il y a lui-même renoncé après le vote contre de 190 députés sur 300), les partis d'opposition ont déposé ce 4 décembre 2024 une motion de destitution du chef de l'Etat. Elle n'a cependant été signée par aucun député de la majorité présidentielle du Parti au pouvoir au peuple, dont le dirigeant Han Dong-hoon a proposé le départ du ministre de la défense qui avait proposé l'instauration de la loi martiale.

Portrait officiel du Président Yoon Seok-yeol

Portrait officiel du Président Yoon Seok-yeol

La démocratie est un processus fragile : les événements des dernières heures en République de Corée l'ont rappelé. Sans le courage des députés et des citoyens, le président Yoon aurait imposé une loi martiale qui aurait mis fin à toute activité politique et instauré le contrôle des médias. Si l'ancien procureur de la République, déjà connu pour son autoritarisme, a échoué, il a essayé d'opérer un amalgame entre les oppositions politiques et syndicales et bien sûr la Corée du Nord, épouvantail habituel des aventures autoritaires au Sud de la péninsule comme justificatif de l'acte de décès de la démocratie sud-coréenne.

Reste désormais à savoir s'il subira le même sort que sa prédécesseur Park Geun-hye, destituée en 2016, qui en comparaison apparaissait comme un parangon de démocratie, et sur laquelle - comble de l'ironie - il s'était acharné comme juge. 

Si désormais une fraction de son propre parti vote la destitution, le seuil de deux tiers des députés sera atteint, permettant à celle-ci d'être adoptée. Mais même le quotidien Chosun Ilbo (extrême-droite) dénonce le président Yoon. 

Sources : 

Partager cet article
Repost0
3 décembre 2024 2 03 /12 /décembre /2024 20:07

Le 3 décembre 2024, le président sud-coréen Yoon Seok-yeol (Pouvoir au peuple, conservateur) a décrété la loi martiale en accusant l'opposition (à majorité démocrate) de "tentative de renversement du régime". Alors que le président du Parti démocrate Lee Jae-myung a dénoncé la proclamation de la loi martiale comme "illégale et anticonstitutionnelle", l'Assemblée nationale a réagi en demandant la levée de la loi martiale par une majorité de 190 sièges (sur 300), l'opposition - qui détient une majorité de sièges au Gukhoe - étant rejointe par 18 députés (sur 108) du parti Pouvoir au peuple, tandis que les autres députés de la majorité présidentielle étaient absents de l'hémicycle au moment du vote. Si l'incertitude règne sur les suites de cette crise politique, il est patent que le Président Yoon Seok-yeol a cherché à surmonter un conflit politique avec la majorité du Parlement par le recours à des procédures d'exception de manière anticonstitutionnelle : une telle façon de faire s'apparente à une tentative de coup d'Etat militaire, car ayant utilisé l'armée qui avait été lancée à l'assaut du Parlement. Des appels à la destitution du chef de l'Etat ont été lancés. 

Le Parlement sud-coréen issu des législatives du 10 avril 2024 : Parti progressiste: 3 sièges   Reconstruire la Corée: 12 sièges   Nouvelle alliance progressiste: 2 sièges   Parti démocrate: 169 sièges  Indépendants: 2 sièges  Nouveau parti du futur: 1 siège   Nouveau parti de la réforme: 3 sièges  Pouvoir au peuple: 90 sièges   Parti du futur du peuple: 18 sièges

Le Parlement sud-coréen issu des législatives du 10 avril 2024 : Parti progressiste: 3 sièges Reconstruire la Corée: 12 sièges Nouvelle alliance progressiste: 2 sièges Parti démocrate: 169 sièges Indépendants: 2 sièges Nouveau parti du futur: 1 siège Nouveau parti de la réforme: 3 sièges Pouvoir au peuple: 90 sièges Parti du futur du peuple: 18 sièges

Depuis son élection en 2022, le président Yoon Seok-yeol n'a jamais disposé d'une majorité au Parlement, étant à nouveau désavoué lors des élections législatives du 10 avril 2024. Dans ce contexte, les tensions avec les démocrates (opposition, centre à centre-gauche) sont allées croissantes : en particulier, un projet de budget réduit pour 2025 a été adopté par la commission du budget, tandis qu'ont été déposées des motions de destitution contre le chef de la Commission de contrôle et d'inspection, d'une part, le plus haut procureur du Parquet central du district de Séoul, d'autre part. 

Durant une conférence de presse réunie d'urgence au bureau présidentiel, le président Yoon Seok-yeol, dont le taux de popularité est très faible, a justifié en ces termes la première proclamation de la loi martiale depuis le rétablissement de la démocratie en République de Corée (la précédente loi martiale, en 1981, avait justifié un bain de sang par la junte militaire alors au pouvoir à Séoul) : 

Je protégerai et rétablirai une république de Corée libre qui est tombé dans un abîme à travers cette loi martiale et j'éradiquerai les forces anti-étatiques qui ruinent la nation et le noyau qui a fait le mal (...) C'est une mesure inévitable pour protéger la liberté, la sécurité et la durabilité de la nation contre les forces anti-étatiques qui visent le renversement du régime.

Les forces militaires de la loi d'urgence ont tenté d'investir le Parlement mais en ont été empêchées par la majorité démocrate, soutenue par des citoyens, qui s'est barricadée.

Une mesure aussi lourde de conséquences pour la démocratie que la proclamation de la loi martiale aurait évidemment nécessité un respect des procédures. Selon l'article 77 de la Constitution, le chef de l'Etat doit immédiatement informer l'Assemblée nationale de la déclaration de la loi martiale et celle-ci doit être levée si une majorité de députés s'y oppose. Le choix du président Yoon de s'adresser directement au peuple en court-circuitant le Parlement relève d'un détournement de pouvoir. Le vote de refus de la loi martiale par les parlementaires est intervenu avec un soutien transpartisan, incluant les quelques députés centristes et la faction du parti Pouvoir au peuple hostile au président de la République, animée par le chef du parti, Han Dong-hoon. 

Cho Kuk, qui préside le Parti de la reconstruction de la Corée (opposition, démocrate), a appelé à la destitution du Président Yoon Seok-yeol, coupable selon lui de "rébellion militaire" : 

Nous ne sommes pas en état d'alerte (à l'heure actuelle) et (la déclaration de la loi martiale) n'est pas passée par une réunion du cabinet (...) Le président ne fait pas l'objet d'enquêtes pour des crimes sauf la rébellion, mais la déclaration de la loi martiale de Yoon équivaut à une rébellion militaire et doit faire l'objet d'une enquête immédiate (...) La loi martiale a été levée, mais nous devrons procéder à la destitution (de Yoon) dès que la situation se sera stabilisée.

Sources : 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Association d'amitié franco-coréenne
  • : Soutenir la paix en Corée, conformément à l'aspiration légitime du peuple coréen et dans l’intérêt de la paix dans le monde
  • Contact

"Les leçons sympathiques et utiles"

Recherche

D'où venez-vous?