Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 décembre 2023 5 29 /12 /décembre /2023 23:24

Né le 2 mars 1975, Lee Sun-kyun s'est suicidé le 27 décembre 2023. Agé de seulement 48 ans, il était l'un des acteurs les plus talentueux et les plus prolifiques de sa génération, remarqué notamment pour son interprétation de Park Dong-ik dans le film Parasite de Bong Joon-ho, qui avait remporté la Palme d'or au Festival de Cannes en 2019. L'AAFC salue la mémoire d'une figure éminente du cinéma sud-coréen, en présentant ses condoléances à sa famille et ses proches. 

Lee Sun-kyun, en 2018

Lee Sun-kyun, en 2018

Diplômé d'art dramatique de l'Université nationale des arts de Corée, Lee Sun-kyun avait commencé à jouer en 2001, dans la comédie musicale The Rocky Horror Show et à la télévision dans la série Lovers. Poursuivant parallèlement une carrière d'acteur au cinéma, au théâtre et à la télévision, il a joué le rôle de Choi Han-sung dans la série télévisée sortie en 2007 The 1st Shop of Coffee Prince et a été un des acteurs réguliers de Hong San-soo, à l'affiche dans Night and day,  Les Amours d'Oki et Haewon et les hommes. Plusieurs fois primé comme meilleur acteur, notamment aux Baeksang Arts Awards en 2015 dans A Hard Day de Kim Seong-hun, son rôle dans Parasite en 2019 a marqué l'apogée de sa carrière.

Il s'était marié en 2009 avec l'actrice Jeon Hye-jin, et deux fils étaient nés de leur union, en 2009 et 2011. 

Rendant compte de sa carrière, Philippe Mesmer, dans la quotidien Le Monde, a souligné son attention pour promouvoir les jeunes acteurs, y compris dans le format - tendant à être délaissé - des feuilletons en un seul épisode, plus adaptés à la découverte de nouveaux talents. 

Les conditions de sa disparition, après qu'il venait d'être entendu dans une affaire de consommation de drogue (qui restait à établir), et que lui-même avait porté plainte pour chantage et extorsion de fonds, mettent en lumière l'un des aspects les plus sombres de la société du spectacle sud-coréenne, où la pression médiatique a poussé à la dernière extrémité d'autres vedettes, telles Kim Hong-hyun. Pour Lee Sun-kyun, nous déplorons aussi vivement la méconnaissance de la présomption d'innocence et un certain acharnement policier et judiciaire contre la consommation de drogue : un homme de coeur et de talent nous a quittés beaucoup trop tôt. 

Sources principales :

Partager cet article
Repost0
5 décembre 2023 2 05 /12 /décembre /2023 18:21

Les Français qui s'intéressent un peu à la généalogie savent que, en l'absence d'obligations de tenir des registres d'état civil dans notre pays jusqu'au XVIe siècle, disposer de données pour les périodes antérieures implique généralement de compter un ancêtre appartenant à la noblesse. L'ancienne Corée royale ne fait pas exception : ce sont les nobles (yangban) qui étaient les plus attachés à tenir des documents prouvant leur ascendance. Cette fonction était assurée par les registres généalogiques, appelés en coréen jokbo.  

Diagramme montrant les principaux patronymes en Corée

Diagramme montrant les principaux patronymes en Corée

Chaque famille se devait de tenir un jokbo, qui était transmis de génération en génération en étant reçu et conservé par le fils aîné. Dans la société coréenne traditionnelle, il servait notamment de preuve à une ascendance yangban - ce qui explique qu'il pouvait être falsifié et amène à recourir à toutes les précautions d'usage quand le jokbo est utilisé comme source historique. Idéalement, il doit en effet pouvoir être recoupé avec d'autres sources.

Dans la société de classes qu'était la Corée du Choseon, les clans familiaux jouaient par ailleurs un rôle primordial. Manifestement inspiré des registres établis par la Chine impériale (le premier jokbo coréen serait celui du philosophe et poète Choe Chiwon, mort au Xe siècle, à la fin de la dynastie Silla), le jokbo attestait ainsi de l'appartenance à un même clan tout en permettant d'identifier les différentes générations. Il servait aussi - et sert toujours - de base pour pratiquer le culte des ancêtres, sa tenue étant associée à l'entretien des tombes et plus largement des lieux liés à l'histoire de la famille, notamment les demeures familiales.

Le film éponyme Jokbo (en français : Généalogie), réalisé par Im Kwon-taek et sorti en 1979, combine le thème de la résistance antijaponaise (impliquant l'obligation pour les Coréens d'adopter un patronyme japonais) et le récit d'une famille qui s'organise autour de la figure de son patriarche. 

Alors que beaucoup de Coréens portent un même patronyme, le jokbo permet d'identifier ceux qui appartiennent à une même famille. Kim Il-sung, fondateur de la République populaire démocratique de Corée, appartient pour sa part à une lignée de gardiens de tombes de yangban. En 1992, Kim Il-sung a indiqué que sa famille appartenait aux Kim de Jeonju (aujourd'hui la capitale de la province du Jeolla du Nord, en République de Corée), où le tombeau du fondateur est conservé dans les monts Moak, situés dans la zone de montagne entre Jeonju et Wanju. Les ancêtres de Kim Il-sung auraient déménagé à Mangyongdae, près de Pyongyang, entre 1810 et 1820, en restant des gardiens de tombes. 

Sources : 

- Kim Hakjoon, Dynasty, université Stanford, 2015, p. 25 sq.

Partager cet article
Repost0
13 septembre 2023 3 13 /09 /septembre /2023 20:42

Devant sortir en salles le 27 septembre 2023, à l'occasion de la fête coréenne de Chuseok, le nouveau long métrage du réalisateur sud-coréen Kang Je-gyu (auteur, entre autres, de Frères de sangRoad to Boston revient sur l'exploit réalisé par Suh Yun-bok, vainqueur du marathon international de Boston en 1947, qui était le premier marathon international organisé depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. L'athlète coréen signait également un nouveau record du monde en réalisant un temps de 2h25'39". 

Affiche du film

Affiche du film

Si la victoire coréenne - alors que le pays venait tout juste de retrouver son indépendance après la libération de l'occupation japonaise - a une telle importance symbolique dans l'histoire sportive de la péninsule, c'est aussi parce que Suh Yun-bok battait le record du monde précédemment détenu par un de ses compatriotes, Son Ki-jeong, médaillé d'or aux Jeux olympiques de Berlin, qui avait caché le drapeau japonais figurant sur son maillot lors de la remise des médailles et refusé ensuite de concourir sous les couleurs du Japon. Qui plus est, Son Ki-jeong était l'entraîneur de Suh Yun-bok. Le film rend d'ailleurs hommage au champion coréen, joué par Ha Jeong-woo. 

Alors que la Corée était encore sous occupation étrangère (en l'occurrence, américaine au sud de la péninsule), Suh Yun-bok avait dû verser une caution et trouvé un garant pour participer au marathon de Boston, à l'instar des autres membres de la délégation coréenne qui allaient ensuite découvrir que leur dossard comportait un drapeau américain. 

Le chanteur et acteur Im Si-wan, dans le rôle de Suh Yun-bok, a suivi un entraînement pour ressembler au champion coréen. Son jeu réaliste est salué par la critique comme l'un des ingrédients de la qualité de Road to Boston, à l'instar du rôle campé par le talentueux Ha Jeong-woo. 

Im Si-wan en 2013

Im Si-wan en 2013

Principale source : 

Partager cet article
Repost0
10 septembre 2023 7 10 /09 /septembre /2023 15:21

Il y a soixante-quinze ans, le 9 septembre 1948, était fondée la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). A cette occasion, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) s'est réunie à Paris le 9 septembre 2023, lors d'une cérémonie qui a mis la culture à l'honneur. Les adhérents et sympathisants de l'AAFC ont été rejoints par Son Excellence Pak Yong-su, délégué général de la RPD de Corée en France, ambassadeur auprès de l'UNESCO, et ses collaborateurs. 

S. E. Pak Yong-su, en discussion avec quelques-uns des participants

S. E. Pak Yong-su, en discussion avec quelques-uns des participants

Alors qu'était proposée à la vente une sélection d'ouvrages, de timbres et de cartes postales sur la Corée, la manifestation a été placée sous le signe de la culture, en commençant par la projection d'un classique du cinéma nord-coréen, distribué en 1972 : La Fille aux fleurs, de Choe Ik-kyu et Pak Hak. L'intrigue nous replonge dans les années 1930, alors que la Corée est occupée par les Japonais. la jeune Koppun vend des fleurs afin de gagner de quoi acheter des médicaments pour sa mère malade, alors que son frère est engagé dans la résistance.  

Affiche du film "La fille aux fleurs"

Affiche du film "La fille aux fleurs"

Des discussions se sont ensuite engagées sur une exposition d'art coréen de la RPDC, prévue à Paris du 14 au 22 octobre 2023.

Projet d'affiche pour l'exposition du 14 au 22 octobre 2023

Projet d'affiche pour l'exposition du 14 au 22 octobre 2023

Dans l'échange de discours à l'occasion de la fondation de la RPD de Corée, les organisateurs ont rappelé le contexte de la division de la Corée après la libération de l'occupation japonaise en 1945, soulignant le besoin impérieux de réunification de la péninsule coréenne. En réponse, S. E. Pak Yong-su a mis en exergue le contexte actuel de tensions qui justifie les efforts menés par la RPD de Corée pour garantir sa souveraineté militaire et son indépendance. Il a remercié l'AAFC pour son soutien au peuple coréen.

Les discussions et les échanges ont continué autour d'un buffet coréen - la culture, y compris la cuisine, étant un ferment d'unité du peuple coréen au-delà des divisions héritées de la guerre froide.

Partager cet article
Repost0
11 mai 2023 4 11 /05 /mai /2023 11:14

Bénéficiant de la venue au nord de la péninsule, après la Libération, de nombreux réalisateurs et acteurs qui s'étaient engagés dans la résistance antijaponaise, le cinéma nord-coréen définit de nouveaux canons esthétiques, fondés sur le réalisme socialiste, et s'emploie à magnifier la lutte victorieuse menée contre le colonisateur. C'est dans cette veine que s'inscrit le film My Home Village (connu sous ce titre anglais, même si une traduction plus fidèle serait Mon village natal), de Kang Hong-sik, sorti en 1949, devenu un classique du film de guerre - et plus largement du cinéma de la République populaire démocratique de Corée. 

En s'ouvrant sur une vue du Mont Paektu, point culminant de la Corée d'où Kim Il-sung et ses partisans ont mené la guérilla selon l'historiographie nord-coréenne, My Home Village est le premier des longs métrages à mettre en scène le combat des partisans antijaponais - incarnés par Gwan Pil (joué par Yoo Won-jun), paysan sans terre en butte à l'oppression du colonisateur nippon (Choi Jusa, dont le rôle est porté par Tae Ul-min), et un résistant que Gwan Pil rencontre en prison et qui le conduit à rejoindre la guérilla. L'un des faits d'armes, spectaculaire, est l'explosion d'un train japonais alors qu'il franchissait un pont. Gwan Pil épousera finalement sa fiancée, Ok Dan (Moon Ye-bong), et le film s'achève par les perspectives de la construction du socialisme. 

Dans ce long métrage fondateur du cinéma nord-coréen, on retrouve plusieurs de ses caractéristiques : l'importance des scènes chantées (dans la tradition coréenne du pansori), des rebondissements rapides et une intensité dramatique poussée à son paroxysme - ainsi que le choix que la résistance s'incarne dans des héros du quotidien auxquels le spectateur s'identifie pour poursuivre, à son tour, l'édification d'un nouveau pays. On retrouve aussi l'idée d'un message que doit porter l'artiste, qu'il soit écrivain ou réalisateur, conformément au rôle social qui lui incombe dans la culture coréenne - que celle-ci soit désormais identifiée au nord ou au sud de la péninsule. 

La réalisation de My Home Village a été soutenue par Kim Il-sung, accompagné par Kim Jong-il, alors âgé de 7 ans, lors d'une projection en avant-première. Le choix non seulement de jeunes acteurs, mais aussi de jeunes réalisateur et scénariste, s'inscrit par ailleurs dans une volonté d'édifier une société nouvelle, à contre-courant des traditions confucéennes accordant la primauté aux plus anciens.

Sources : 

Partager cet article
Repost0
19 avril 2023 3 19 /04 /avril /2023 17:55

Le 17 avril 2023, la Cinémathèque diffusait en avant-première le premier long métrage de Lee Jung-jae, Hunt, diffusé à la 75e édition du festival de Cannes. Si l'acteur a une longue carrière - il a notamment tenu le rôle principal dans la série Squid Game, multi-primée - c'est en effet la première fois qu'il dirige un film - tout en jouant également l'un des principaux rôles. Un film d'espionnage et un thriller haletant - que la Cinémathèque a présenté sur plein écran, alors qu'en France le choix a été fait d'une diffusion seulement en DVD.

"Hunt" de Lee Jung-jae en avant-première à la Cinémathèque

L'intrigue peut sembler simple : une rivalité entre deux hommes de deux agences de renseignement (Park Pyong-ho, joué par Lee Jung-jae, et Kim Jung-do, joué par Jung Woo-sung), dans la Corée du Sud autoritaire des années 1980, et qui s'accusent mutuellement de servir les intérêts du Nord ennemi. Sauf qu'au final le manichéisme cède le pas à des positionnements infiniment plus complexes, qui font toute la beauté des portraits psychologiques brossés par Lee Jung-jae, sur fond de références implicites à des événements réels (notamment, l'assassinat du Président Park Chung-hee et l'attentat de Rangoun en 1983). Selon la formule de Nietzsche, les Etats sont les plus froids des monstres froids - et ajoutons que les services de renseignement sont au coeur du fonctionnement des Etats. 

Les amateurs de Squid Game retrouveront dans une certaine mesure l'ambiance de la série - une violence portée à son paroxysme prenant ici sa forme la plus éclatante dans l'usage ignominieux de la torture comme moyen d'extorquer des aveux. Mais comme dans le roman noir, il n'y a ni bons, ni méchants. La puissance des scènes d'action, dans un film au rythme effréné, font quitter Hunt des rivages du film d'espionnage pour en faire un thriller magnifique, où les fantômes des massacres de Gwangju hantent les étudiants animant les luttes démocratiques.  

Les scènes surplombantes de paysages tant urbains que ruraux nous invitent à prendre de la hauteur, traduisant le calme avant la tempête, alors que les destins des individus sont broyés par une raison d'Etat implacable. 

Sources : 

Partager cet article
Repost0
13 février 2023 1 13 /02 /février /2023 23:09

Le pansori (littéralement, chant du lieu public), est l'art coréen du récit chanté, accompagné d'un tambour (le janggu), inscrit au patrimoine immatériel de l'Unesco. Il trouve son expression la plus aboutie dans Le chant de Chunhyang (appelé aussi Chunhyangga). Cette œuvre, dont les origines sont difficiles à établir - remontant au moins au XVIIe siècle, sous la dynastie Choseon (1392-1910), conjugue les arts de la littérature, du chant et de la scène. Les artistes itinérants du pansori accompagnaient à l'origine les chamans, ce qui a marqué leur style, imprégné de mystère. Le chant de Chunhyang a inspiré nombre de créations postérieures dans l'ensemble de la péninsule coréenne, jusqu'à l'époque contemporaine. 

Peinture de la période Choseon, illustrant l'histoire de Chunhyang

Peinture de la période Choseon, illustrant l'histoire de Chunhyang

Par son intrigue, l'histoire de Chunhyang a une portée universelle - mais elle trouve une résonance toute particulière dans une culture coréenne ancrée dans le néo-confucianisme, en illustrant les valeurs traditionnelles de loyauté, de fidélité et de justice. 

A Namwon (dans le Jeolla) vit Chunhyang, qui est la fille d'une kisaeng - du nom des courtisanes de l'ancienne société coréenne apparues sous la dynastie Koryo (918-1392). Chunhyang et Yi Mongryong, fils d'un magistrat, tombent amoureux. C'est, hélas, un amour impossible à cause des barrières sociales. Après le départ de Yi Mongryong parti étudier à Séoul, Byeon, un magistrat tyrannique de Namwon, décide de faire de la belle Chunhyang sa concubine. Mais fidèle à Mongryong, la jeune fille refuse ses avances et Byeon l'emprisonne et la fait condamner à mort. Ayant remporté la première place à l'examen d'Etat, Mongryong revient comme inspecteur royal secret. Il punit Byeon, et libère et épouse Chunhyang. 

Si la légende de Chunhyang est attestée dans plusieurs ouvrages de la dynastie Choseon, Le chant de Chunhyang est composé, dans sa forme actuelle, par Shin Jae-yo dans les années 1870 - en France, il a été traduit par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet et publié aux éditions Zulma en 2008. Dès le XIXe siècle, le pansori constituait un genre qui avait gagné ses lettres de noblesse parmi les lettrés, avant de décliner pendant la colonisation japonaise. Nombre de ses artistes gagnent le nord de la péninsule après 1945, notamment Pak Tong-sil (1897-1968) qui l'adapte à des thèmes patriotiques et révolutionnaires. Un des classiques du cinéma nord-coréen, La légende de Chunhyang, de Yun Ryong-gu et Yu Won-jun (1980), s'inscrit dans la tradition du pansori en alternant les scènes jouées et chantées. 

Au sud, si Pak Tong-jin (1916-2003) réalise dès 1969 une interprétation de l'histoire de Chunhyang pendant huit heures (enrichissant ainsi le scénario de base), le récit connaît un important renouveau avec Le chant de la fidèle Chunhyang d'Im Kwon-taek en 2000, où le rôle de Chunhyang est interprété par Yi Hyo-jeong et celui de Yi Mongryong par Cho Seung-woo, alors révélé. Comme Yun Ryong-gu et Yu Won-jun, il situe également l'histoire au XVIIIe siècle. Son film a valu à Im Kwon-taek la palme d'or au festival de Cannes en 2000. Les dramas coréens ont ensuite repris et adapté Le chant de Chunhyang.

La popularité du récit a même gagné le Japon, où un manga de CLAMP, Shin Sunkaden,  publié en 1992, reprend la légende de Chunhyang. 

Namwon, où les faits sont censés s'être déroulés, organise chaque printemps un festival consacré à Chunhyang. 

Sources : 

Partager cet article
Repost0
3 février 2023 5 03 /02 /février /2023 18:50

Elle avait été l'une des actrices vedettes du cinéma sud-coréen des années 1960 et 1970, et sa carrière s'était poursuivie sans interruption jusqu'en 1982. Elle avait ensuite tourné dans cinq long métrages, et pour la dernière fois dans Poetry de Lee Chang-dong en 2010.  Née le 30 juillet 1944 à Pusan, puis ayant grandi à Gwangju, Son Mi-ja avait accédé à la célébrité sous son nom de scène, Yun Jung-hee. Elle s'est éteinte le 19 janvier 2023 à Paris, alors qu'elle s'était établie en France avec son mari, le pianiste Paik Kun-woo, depuis le milieu des années 1990. Elle laisse derrière elle deux filles, dont la violoniste Paik Jin-hee. L'Association d'amitié franco-coréenne présente ses condoléances et à la famille et aux proches de cette artiste exceptionnelle. 

Un dernier hommage à Yun Jung-hee

Elles étaient trois - trois actrices concurrentes qui avaient crevé l'écran de l'encore jeune cinéma sud-coréen, qui à cette date n'avait pas conquis la planète : la "troïka" de stars était formée de Yun Jung-hee, Moon Hee (née en 1947, en activité depuis 1965) et Nam Jeong-im (1945-1992, en activité de 1966 à 1978). 

Ayant tourné dans quelque 300 films, notamment comme partenaire de Shin Seong-il, Yun Jung-hee avait débuté sa carrière en 1967 dans Un épéiste au crépuscule, et la même année elle avait été récompensée comme nouvelle actrice aux Grand Bell Awards et comme meilleure actrice aux Blue Dragon Film Awards. Elle conservera ces titres de longues années durant. L'Association coréenne des artistes de cinéma lui avait remis en 1992 le prix de meilleure actrice en activité, et en 2018 un prix pour l'ensemble son oeuvre. Pour son rôle de Yang Mi-ja dans Poetry, elle avait reçu pas moins de six prix nationaux et internationaux, dont le prix de l'Association des critiques de cinéma de Los Angeles et celui de la meilleure performance pour une actrice de l'Asia Pacific Screen Awards

Elle souffrait depuis dix ans de la maladie d'Alzheimer, à l'instar de l'héroïne qu'elle incarnait dans Poetry.

Lee Chang-dong, réalisateur de Poetry et ancien ministre de la Culture de la République de Corée, était présent à la cérémonie catholique qui lui a rendu hommage. Ses cendres reposent désormais dans le columbarium du cimetière de Vincennes.

Un dernier hommage à Yun Jung-hee
Yun Jung-hee en 2010, dans Poetry

Yun Jung-hee en 2010, dans Poetry

Principales sources : 

Partager cet article
Repost0
28 janvier 2023 6 28 /01 /janvier /2023 17:05

Le 28 janvier 2023, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a célébré à Paris le nouvel an lunaire (que les Coréens appellent Seollal) - correspondant au premier jour de l'année selon le calendrier lunaire, et qui tombait cette année le 22 janvier. Après des manifestations culturelles, la cérémonie s'est poursuivie autour d'un buffet coréen. 

L'AAFC a célébré le nouvel an lunaire

La culture était à l'honneur lors de ce moment de convivialité. Après qu'un des convives, chanteur d'opéra, a ravi les participants en entonnant plusieurs airs a cappella, la projection du film Le journal d'une jeune Nord-Coréenne a offert une plongée dans la société nord-coréenne des années 2000. Les discussions autour du long métrage de Jang In-hak, produit en 2006 et sorti en France en 2007, avec Pak Mi-hyang dans le rôle principal, se sont poursuivies autour d'autres projets culturels que mènera ou soutiendra l'AAFC - notamment une exposition de peintures et d'affiches nord-coréennes, ce qui serait une première en France, et pour laquelle plusieurs lieux (musées, galeries) sont à l'étude.

Les échanges ont continué autour d'un buffet coréen - alors que l'inscription récente des nouilles froides au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO rappelle que la cuisine du Pays du matin calme est réputée bien au-delà des frontières de la péninsule.

L'AAFC souhaite à toutes et à tous une très bonne année du lapin. 

L'AAFC a célébré le nouvel an lunaire
L'AAFC a célébré le nouvel an lunaire
Partager cet article
Repost0
24 décembre 2022 6 24 /12 /décembre /2022 14:39

Une fois n'est pas coutume, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) propose un divertissement familial pour les fêtes de fin d'année : Les aventuriers du système solaire est un film sud-coréen (dont la plus grande partie relève du film d'animation) écrit et réalisé par Park Seung-cheol, sorti en 1985. Il divertira grands et petits - mais sans doute pas pour les mêmes raisons. Attention : ce film s'adresse à un public averti.

"Chef d'oeuvre incompris", "du génie à l'état pur"... le sarcasme le dispute à la jubilation parmi les commentateurs de Youtube. Il est vrai que Les aventuriers du système solaire relève d'un genre daté dont les effets ont mal vieilli - ce film de propagande anticommuniste avait eu les honneurs de la quatrième édition de La Nuit Nanarland au Grand Rex, en 2019, faisant beaucoup rire les 2000 spectateurs. Ce n'est certes pas la seule production de ce type alors produite par le régime militaire sud-coréen des années 1980, mais toutefois l'une des rares à avoir été (mal) doublée en français - ce qui n'est pas l'un des moindres ressorts comiques (involontaires) de ce long métrage, qui brille aussi par ses fines réparties comme cet axiome selon lequel on ne peut pas avoir confiance dans les communistes car "ils mentent tout le temps et sont tous cruels" (c'est la maîtresse d'école du petit garçon qui le lui a dit). Le film a été distribué à l'international par le Hong-Kongais Joseph Lai.

Le synopsis est simple, évoquant en ces temps éprouvés de peur extraterrestre une improbable alliance entre les Nord-Coréens et des envahisseurs hostiles (quoiqu'un peu bêtes) venus d'une autre planète, qui apportent aux méchants communistes des armes surpuissantes devant leur procurer la victoire. Mais de gentils extraterrestres préviennent les Sud-Coréens du danger qui les menace. Les vilains extraterrestres apprendront aussi, à leurs dépens, qu'il ne fallait pas avoir confiance dans les fourbes communistes. Le film s'achève par la victoire finale du camp du Bien qui bénéficie de sa supériorité morale et technologique.

Les films d'animation japonais des années 1970 et 1980 ne brillaient pas forcément plus par la subtilité du scénario, basé sur une dichotomie simpliste entre les bons et les méchants, avec force robots et monstres venus de l'espace intersidéral - et d'ailleurs les spectateurs amateurs du genre trouveront des réminiscences des film d'animation de l'époque dans Les aventuriers du système solaire (à 10'10'', la même musique est utilisée dans Les Chevaliers du Zodiaque !) - mais le dessin animé pour enfants n'avait pas de visée politique, ou du moins pas explicitement de visée politique (car d'aucuns nous rétorqueront, non sans de bonnes raisons, que tout est politique). Sans doute Les aventuriers du système solaire avait-il alors un public d'amateurs (enfants, et peut-être adultes ?), en Corée du Sud et à l'international. Aujourd'hui, l'écart culturel est tel que film prête facilement à l'hilarité du public. Mais, au-delà du rire, c'est aussi tout le reflet d'une époque que donne à voir ce film d'animation sud-coréen. La propagande n'a certes aujourd'hui pas disparu, mais ses voies sont moins pénétrables.

Partager cet article
Repost0

Recherche

D'où venez-vous?