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11 novembre 2018 7 11 /11 /novembre /2018 13:37

Le 9 novembre 2018, le Président Moon Jae-in a remplacé les deux principaux acteurs de la politique économique du gouvernement : le ministre de l'Economie Kim Dong-yeon et le conseiller présidentiel en charge de l'économie Jang Ha-sung étaient ouvertement en désaccord, le second voulant poursuivre une politique de croissance basée sur l'augmentation des revenus (dont il est l'inspirateur, et qui figurait dans le programme du Président Moon Jae-in), quand le premier entendait mettre l'accent sur la déréglementation de l'économie. Kim Dong-yeon et Jang Ha-sung ont été remplacés respectivement par Hong Nam-ki et Kim Su-hyun. Alors que la politique économique est un sujet majeur de divergences entre le gouvernement et l'opposition conservatrice (avec la politique d'ouverture au Nord du Président Moon), les médias français ont très largement répété les éléments de langage figurant dans une dépêche de l'AFP, laquelle apporte une image complètement biaisée des termes du débat en reprenant les arguments douteux des opposants de droite au Président Moon. 

De gauche à droite : Hong Nam-ki et Kim Su-hyun, respectivement nouveau ministre de l'Economie et nouveau conseiller présidentiel chargé des politiques économiques

De gauche à droite : Hong Nam-ki et Kim Su-hyun, respectivement nouveau ministre de l'Economie et nouveau conseiller présidentiel chargé des politiques économiques

En apparence, la dépêche de l'AFP peut sembler factuelle : elle précise les changements d'acteurs, met en exergue le conflit qui opposait Kim Dong-yeon et Jang Ha-sung et rappelle les données macro-économiques de la Corée du Sud. En réalité, elle biaise - délibérément ? - les données politiques et économiques en soulignant implicitement que la politique du Président Moon Jae-in serait à l'origine d'un ralentissement de l'économie présenté comme inquiétant. Cette lecture partisane s'inspire directement de l'argumentaire de la droite conservatrice qui avait engagé la République de Corée sur une pente autoritaire avant d'être chassée par le peuple lors de la révolution des bougies. Cette présentation et cette analyse biaisées ne résistent pourtant pas à l'examen des faits. 

Le remaniement ministériel est d'abord décrit comme un "limogeage". Nous avons de la chance, le journaliste de l'AFP aurait pu parler de "purge" - mais l'accusation de "dictature"  (à laquelle les "purges" sont nécessairement liées) ne fait pas (pas encore ?) partie des faux procès lancés contre les démocrates coréens, qui sont au contraire - faut-il le préciser ? - les héritiers de ceux qui ont abattu le régime de la junte militaire. Le journaliste de l'AFP aurait été bien inspiré de rappeler que dans le système sud-coréen c'est le Président de la République qui forme le gouvernement sans le paratonnerre du Premier ministre, mais donner au lecteur des clés pour se forger sa propre opinion ne fait pas partie de la culture de l'AFP. 

Ensuite, la politique de relance économique du Président Moon Jae-in - d'inspiration keynésienne - est réduite à quelques appréciations sommaires et, bien entendu, décrite comme "sujette à controverse". Relisons les éléments de langage de l'AFP : 

À l'international, Moon s'est fait connaître pour son rôle dans la spectaculaire détente en cours avec le voisin du Nord armé de la bombe nucléaire. Mais à domicile, sa politique économique est de plus en plus sujette à controverse et sa cote de popularité descend dans les sondages. Son gouvernement a nettement augmenté le salaire minimum, réduit la durée du travail et transformé des contrats de travail temporaires en contrats à durée indéterminée dans le cadre d'une politique de redistribution destinée à stimuler une "croissance portée par les revenus".

AFP (via "La Tribune")

La désinformation commence dès la première phrase : Moon Jae-in a le mauvais goût de vouloir dialoguer avec le régime honni - forcément honni - du Nord car "armé de la bombe nucléaire" (le mot "armé" est employé de préférence à celui de "doté", car il occulte délibérément la stratégie de dissuasion nucléaire de la Corée du Nord qui a développé l'arme atomique pour ne pas connaître le sort de l'Irak ou de la Libye, et parce qu'il a le mérite d'introduire dans l'esprit du lecteur l'idée d'un risque de guerre fondé, forcément, sur la dangerosité d'un Etat puissance nucléaire).

Le processus de réécriture des faits continue en utilisant le procédé de l'omission : la cote de popularité du Président Moon Jae-in diminue. C'est un fait, indéniable, sauf qu'elle n'est jamais tombée en dessous de 50 %. Une précision que le journaliste de l'AFP juge sans doute contre-productive, car elle irait à l'encontre de sa démonstration. Et corréler cette cote de popularité sur la politique économique relève de la pure désinformation : la cote de popularité du président sud-coréen suit au contraire les développements internationaux autour de la péninsule coréenne, rebondissant lors des sommets inter-coréens. Et si elle baisse aujourd'hui, c'est d'abord parce qu'elle part de très haut (jusqu'à 75 % de satisfaits !). 

Vient enfin l'essentiel : la politique menée, basée sur une hausse du salaire minimum, une résorption de l'emploi précaire (par la transformation de contrats de travail en contrats à durée indéterminée) et la réduction du temps de travail. Tout cela est balayé en une demi-phrase, sans recontextualiser ni juger utile d'apporter des détails : rappeler que la durée maximum hebdomadaire de travail a été réduite de... 68 à 52 heures ou que la République de Corée est le champion de l'OCDE pour la durée du travail, ou encore que le travail précaire place la Corée du Sud très en-dessous des standards de l'OCDE, serait allé à l'encontre de la démonstration forcée imposée par l'AFP, et reprise par l'immense majorité des médias français. 

Après cette mise en bouche - ou ce conditionnement - est asséné l'argument d'autorité : la politique économique du gouvernement sud-coréen rompt avec le passé et aujourd'hui la croissance diminue. La boucle est bouclée : il faut accréditer l'idée que la Corée du Sud suivrait un mauvais chemin économique et devrait impérativement changer de cap. Citons là encore ce que dit l'AFP, qui fait pleinement coprs avec les conservateurs sud-coréens (qui, faut-il le préciser, recueillent 20 % des intentions de vote, soit moitié moins que les démocrates au pouvoir) : 

Il s'agit d'un revirement complet par rapport au modèle de croissance passé, porté par les exportations et les investissements des énormes conglomérats sud-coréens, et qui a vu l'économie sud-coréenne se hisser au quatrième rang asiatique.
Les critiques du gouvernement affirment que cette politique a eu l'effet inverse de celui escompté, en aggravant la situation des gens aux revenus les plus faibles et en forçant les petites entreprises à licencier, tandis que les mastodontes hésitent à investir au vu du renforcement des régulations. Le mois dernier, la banque centrale avait ramené sa prévision de croissance annuelle à 2,7%, contre un taux effectif de 3,1% en 2017. Au troisième trimestre, le taux de chômage a avancé de 0,4%, à 3,8%, le taux de chômage des jeunes s'établissant à 9,4%, soit son plus haut niveau depuis 1999.

AFP (via "La Tribune")

Relisons bien ce qu'écrit l'AFP : auparavant la Corée du Sud suivait un "modèle de croissance", un modèle qui lui a permis de devenir la quatrième économie d'Asie. L'auteur de la dépêche n'ose pas parler de miracle, mais seul le mot manque, et l'idée implicite est limpide : la rupture avec le modèle produit des effets négatifs. 

La déformation des faits attend ici des sommets : non seulement ce n'est pas parce qu'un modèle a fonctionné qu'il sera toujours performant, mais plus fondamentalement le miracle du fleuve Han (qui traverse Séoul) est en partie la création d'économistes néolibéraux qui omettent quelques points pourtant fondamentaux : que la croissance sud-coréenne a été basée sur un dirigisme étatique accordant des avantages à une poignée de conglomérats liés au pouvoir militaire (les chaebols) ainsi que sur l'injection massive de capitaux étrangers, et pas sur l'application de la doxa libérale ; que les contreparties (très longues journées de travail, faible protection sociale, dualisme entre les grandes entreprises et le reste de l'économie, milices privées brisant les grèves et tuant au besoin les syndicalistes) sont la face cachée de ce qui n'est pas précisément un paradis des travailleurs. Enfin, les conglomérats ont dû être réformés de force, l'accumulation de dettes pourries au sein de ces entreprises étant une des causes directes de la crise asiatique de 1998, qui a conduit au plongeon de l'économie sud-coréenne et à l'injection la plus massive de l'histoire de capitaux des institutions financières internationales dans l'économie d'un pays. A l'époque le chômage (et singulièrement le chômage des jeunes) a atteint un pic en 1999, point certes mentionné par l'AFP mais en oubliant curieusement de faire la moindre référence à la crise asiatique de 1998.

Rapprocher la politique actuelle du ralentissement économique en cours relève non seulement de la mauvaise foi, mais de mensonges sur les mécanismes économiques : la politique de relance actuelle par les revenus produit nécessairement de la croissance à court terme (c'est sur le plus long terme que les économistes divergent, suivant leurs références), si bien que la croissance économique de l'année 2018 serait au contraire encore plus faible sans le soutien aux revenus et à la consommation des ménages. Si l'économie sud-coréenne s'est autant ralentie ces dernières années, c'est bien davantage du fait des effets à moyen et long termes des politiques de dérégulation des prédécesseurs libéraux-autoritaires du Président Moon, qui eux n'ont pas été avares en "réformes". Qu'il est loin le temps où le président Lee Myung-bak (au pouvoir entre 2007 et 2012, et aujourd'hui en prison pour corruption) promettait 7 % de croissance économique par an !

Ce qui est reproché au Président Moon Jae-in est bien son refus de s'inscrire dans la politique de déréglementation néolibérale : ne pas se soumettre aux injonctions des détenteurs de capitaux lui vaut une volée de bois vert, et suffit manifestement à justifier les arrangements de l'AFP avec la vérité. 

PS : la dépêche de l'AFP a été reprise pratiquement mot à mot par les médias suivants, entre autres : 

- Ouest France

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4 novembre 2018 7 04 /11 /novembre /2018 18:39

De longue date l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) s'est engagée pour la démocratisation de l'armée sud-coréenne et le recul du militarisme en Corée du Sud, y compris pour les droits des objecteurs de conscience - alors qu'au moins 20 000 jeunes hommes sud-coréens ont été emprisonnés depuis sept décennies parce qu'ils refusaient d'accomplir le service militaire, en l'absence de toute forme alternative de service civil. Coup sur coup, dans un contexte de réchauffement des relations inter-coréennes, deux décisions importantes ont été prises : le 28 juin 2018, la Cour constitutionnelle a enjoint les autorités sud-coréennes d'introduire un service civil alternatif d'ici le 31 décembre 2019 ; le 1er novembre 2018, la Cour suprême a reconnu l'objection de conscience en se prononçant contre la peine d'emprisonnement d'un objecteur qui est Témoin de Jéhovah. L'AAFC salue ces progrès majeurs, qui sont aussi le fruit de la mobilisation internationale - et notamment de la médiatisation de cas célèbres, comme celui de Lee Yeda, premier objecteur de conscience sud-coréen à avoir obtenu l'asile politique à ce titre dans le monde - en l'occurrence en France. Mais le combat ne s'arrête pas aujourd'hui, compte tenu des lourdes interrogations sur les formes alternatives de service civil, des limites posées par la Cour suprême dans sa décision du 1er novembre 2018, ainsi que des discriminations persistantes à l'égard des objecteurs de conscience. Nous reproduisons ci-après un article publié sur le site du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud (CILD) le 3 novembre 2018, faisant le point sur la portée et les limites des récentes décisions prises par la Cour constitutionnelle et la Cour suprême de la République de Corée. 

La Cour suprême de la République de Corée

La Cour suprême de la République de Corée

Dans une décision rendue le 1er novembre 2018, une majorité des juges de la Cour suprême (huit sur treize) de la République de Corée a reconnu non coupable un objecteur de conscience, témoin de Jéhovah, au titre de son refus d'effectuer le service militaire. Le Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud (CILD) salue une décision majeure, tout en appelant à la vigilance sur sa portée, puisque la Cour suprême a limité sa jurisprudence aux cas où l'objection de conscience est "ferme, solide et réelle".

Avec près de 20 000 objecteurs de conscience emprisonnés depuis 1950, et 930 cas pendants devant les tribunaux, s'agissant des seuls témoins de Jéhovah pour lesquels des statistiques consolidées sont disponibles, la République de Corée enregistre le triste record d'être le pays au monde emprisonnant le plus grand nombre d'objecteurs de conscience. Le refus de reconnaître l'objection de conscience était régulièrement dénoncé par les organisations de défense des droits de l'homme comme contraire aux libertés fondamentales et aux engagements internationaux de la République de Corée, dont les autorités donnaient une interprétation infondée juridiquement de sa situation d'Etat techniquement en état de guerre (faute d'accord d'armistice signé entre les deux Corée, depuis la fin des combats de la guerre de Corée le 27 juillet 1953). Des objecteurs de conscience avaient ainsi obtenu le statut de réfugié politique dans le monde - et pour la première fois en France avec Lee Yeda.

Le 28 juin 2018, la Cour constitutionnelle - qui avait longtemps, contre toute évidence juridique, cherché à justifier sur la base de la Constitution le refus de toute forme d'objection de conscience - avait déjà opéré un revirement de jurisprudence, en déclarant anticonstitutionnelle l'absence de formes alternatives de service civil au service militaire, et en enjoignant au gouvernement de changer la loi d'ici le 31 décembre 2019. Le CILD avait salué cette décision, tout en en soulignant les limites - concernant les incertitudes sur la durée et la forme que revêtirait le nouveau service civil alternatif, l'absence de décriminalisation de l'insoumission (mais aussi, avaient relevé de nombreux juristes, de l'objection de conscience en soi), le maintien des formes de répression contre les objecteurs de conscience avant le changement de la législation et l'absence de politique de lutte contre les discriminations, très fortement ancrées socialement, à l'encontre des hommes n'accomplissant pas leur service militaire, et qui pourraient continuer à être traités comme des criminels par leurs potentiels employeurs. Un témoignage des discriminations est apporté par l'acharnement du système judiciaire sud-coréen à l'encontre du chanteur et acteur Yoo Seung-jun, interdit d'entrée en République de Corée car accusé d'avoir pris la nationalité américaine pour ne pas effectuer son service militaire. Si la décision rendue par  la Cour suprême décriminalise clairement l'objection de conscience (contrairement à la Cour constitutionnelle le 28 juin 2018), elle ne lève aucune des incertitudes et des inquiétudes mises en exergue par le CILD.

Sous ces réserves, la Cour suprême va changer la vie du requérant, Oh Seung-heon, 34 ans, marié et père de famille de deux enfants, qui avait été condamné à 18 mois de prison en juillet 2013 pour la Cour du district de Changwon pour son refus de porter les armes, et donc d'accomplir le service militaire, pour des raisons religieuses, comme d'ailleurs son père et son frère cadet, également témoins de Jéhovah. Une brochure d'Amnesty International Corée sur l'objection de conscience soulignait que les témoins de Jéhovah considèrent qu'ils naissent criminels au regard de la loi sud-coréenne.

La Cour suprême a formulé les observations suivantes à l'appui de sa décision, en mentionnant la liberté de conscience au titre des droits fondamentaux, ainsi que les valeurs démocratiques :

Obliger les objecteurs de conscience à accomplir leur service militaire en imposant des sanctions telles que des poursuites criminelles constituent une atteinte à leurs droits fondamentaux, notamment la liberté de conscience. Obliger uniformément à l'accomplissement de leurs obligations militaires et recourir à des poursuites pénales criminelles pour les sanctionner ceux qui ne satisfont pas à leur devoir [militaire] est également contraire à l'esprit de la démocratie libérale, à l'esprit de tolérance et de magnanimité. L'opinion de la majorité [des juges] est que le refus de servir militairement suivant de vrais motifs de conscience constitue l'une des raisons légitimes que la loi sur le service militaire énonce comme exception à l'application de poursuites.

Si la décision rendue est exceptionnelle, elle est toutefois limitée par des considérants selon laquelle l'objection de conscience doit être "ferme, solide et réelle", et les juges ayant émis une opinion dissidente se sont engouffrés dans la brèche en parlant de l'impossibilité selon eux d'apprécier la sincérité de l'objection de conscience. En d'autres termes, même pour le cas pourtant patent des témoins de Jéhovah, rien ne garantit que le droit à l'objection de conscience sera à nouveau reconnu, et qu'en sera-t-il des autres motifs d'objection de conscience, notamment pacifistes et anti-militaristes ? des personnes ayant changé de religion plus ou moins récemment ? du cas des conscrits (notamment issus de minorités sexuelles) victimes d'abus encore très rarement reconnus et punis ? des militants politiques refusant de porter les armes contre le Nord, dans un pays où le service militaire sert la propagande et le bourrage de crâne anti-Corée du Nord - ceux-ci étant des insoumis au sens juridique, mais pas des objecteurs de conscience ? Si la Cour suprême a assurément pris une décision qui va dans le bon sens, il serait naïf de croire que le combat juridique et politique est gagné d'avance, dans une société sud-coréenne où le militarisme reste omniprésent.

Le jour même où la Cour suprême rendait sa décision tombait le cas du footballeur Jang Hyun-soo, banni à vie de l'équipe nationale pour s'être soustrait à ses obligations militaires - car avoir été exempté du service militaire en raison de ses performances sportives ne vous exonère pas d'accomplir des périodes militaires. Et le plus triste dans l'affaire Jang Hyun-soo est sans doute le plaider coupable et les excuses présentées par l'intéressé, confirmant - si besoin était - qu'être soldat et/ou accomplir ses obligations militaires constitue toujours un devoir sacré pour la majorité de l'opinion publique sud-coréenne.

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22 octobre 2018 1 22 /10 /octobre /2018 20:09

Si l'anarchisme ne joue plus aujourd'hui qu'un rôle extrêmement mineur dans la politique sud-coréenne, il a été une importante force politique jusqu'à la guerre de Corée (1950-1953). Nous présentons brièvement ses origines (liées plus globalement à la découverte des idées socialistes par les Coréens en Chine et en Japon, ainsi qu'à la volonté de lutter contre la colonisation japonaise renforcée par le Mouvement du 1er mars 1919, même si les anarchistes coréens font généralement remonter leur inspiration au mouvement Tonghak et à la guerre paysanne de 1894) et son développement, entravé par la répression politique au Sud de la péninsule, où il représentait pourtant, à l'origine, une alternative de gauche au communisme de type soviétique. 

Shin Chae-ho

Shin Chae-ho

Deux événements ont marqué en 1923 l'irruption de l'anarchisme sur la scène politique coréenne, contre la colonisation japonaise de la Corée, la même année où des milliers de Coréens furent massacrés après le tremblement de terre de Tokyo. Ayant souligné l'importance de la notion de minjok (le peuple coréen) et d'autonomie (juche), l'écrivain et journaliste Shin Chae-ho publie ainsi en 1923 le Manifeste de la révolution coréenne, où il appelle à lutter - de manière violente et non violente - non seulement contre l'oppression japonaise et son système de pillage des ressources de la Corée, mais aussi contre toute forme d'exploitation par les classes possédantes, en appelant à une révolution directe, du "peuple" lui-même, qui devient la force agissante révolutionnaire - s'inscrivant ainsi dans la filiation du communisme libertaire. Toujours en 1923, Pak Yol (qui avait participé au Mouvement du 1er Mars) et d'autres patriotes coréens furent mis en cause dans le tremblement de terre de Tokyo et accusés de complot contre l'empereur ; Pak Yol passa ainsi 22 ans de prison (où sa compagne japonaise, Kaneko Fumiko, mourut en 1926), jusqu'à sa libération en 1945.

Tandis que Shin Chae-ho a été l'un des fondateurs de la Fédération anarchiste coréenne en Chine en avril 1924, qui publiera notamment le Bulletin de la justice (renommé ensuite la Conquête), au Japon un groupe d'anarchistes coréens et japonais avait déjà fondé, en 1922, un groupe appelé la Révolte, dont faisait partie Pak Yol, et lié au mouvement ouvrier - les anarchistes coréens étant souvent des étudiants qui travaillaient parallèlement pour financer leurs études. Les anarchistes japonais avaient déjà été victimes de la répression - comme Kotoku Shusui, exécuté en 1910, après s'être opposé à la guerre russo-japonaise de 1904-1905 et avoir dénoncé l'invasion de la Corée par le Japon.

Ayant une forte coloration nationaliste, l'anarchisme coréen n'en insiste pas moins sur la solidarité internationale : en 1928, à l'initiative de la Fédération anarchiste coréenne basée en Chine se constitue la Fédération anarchiste orientale, formée notamment de camarades coréens, chinois, japonais, taïwanais et vietnamiens, dont le programme est le Manifeste de Shin Chae-ho. La contrefaçon de monnaies étrangères constituant un moyen de se procurer des ressources pour le mouvement, c'est ce motif qui justifiera son arrestation par la police japonaise en mai 1928 et sa condamnation à dix ans de prison. Il est mort d'une hémorragie cérébrale en prison le 21 février 1936.

En Corée même, des groupes anarchistes se constituèrent, notamment à Séoul, Taegu, Pyongyang, Wonsan et dans l'île de Jeju, à l'initiative notamment d'anciens camarades de Pak Yol (dont Hong Jin-yu et Seo Sang-kyeong, à l'origine de la Ligue du drapeau noir, poursuivie dès sa création en décembre 1924), et se confédérèrent en novembre 1929 dans la Fédération anarcho-communiste coréenne (dotée également de branches au Japon et en Mandchourie). Le journal Dong-a Ilbo, alors de sensibilité indépendantiste et progressiste, a rendu compte des actions menées par des groupes anarchistes dans la péninsule coréenne elle-même - comme la diffusion en janvier 1936 d'un Manifeste du parti nihiliste - et de la répression policière systématique dont ils ont été l'objet, y compris lorsque les anarchistes faisaient partie de sociétés artistiques, comme la Société du mouvement des artistes de Chungju (dont les membres ont été condamnés à des peines de prison en mars 1930).

A la même période (1928-1931), au Japon, une douzaine de groupes anarchistes étaient actifs seulement à Tokyo, regroupant plus de 600 membres, le plus important étant - de loin (avec 250 à 300 membres) - l'Union syndicale Dong Heong, fondée le 10 septembre 1926.

Organisée par Kim Jong-jin et Kim Jwa-jin, la Fédération coréenne anarchiste en Mandchourie, fondée en juillet 1929, projeta de mettre en place une société de type anarchiste, dans une région où vivaient alors 2 millions de Coréens, fondée notamment sur des coopératives agricoles, un cursus complet d'éducation, la libre administration des villages et l'auto-organisation militaire. Toutefois, la mort de plusieurs dirigeants du mouvement de janvier 1930 à l'été 1931, dans les combats tant avec les communistes que les Japonais, mit un terme à cette expérience politique.

 

Pak Yol

Pak Yol

Le cas de la Fédération coréenne anarchiste de Mandchourie illustre la transition de la lutte politique sur le terrain de la guérilla, alors qu'en septembre 1931 la Mandchourie est envahie par le Japon, et que la répression s'intensifie contre les différents mouvements indépendantistes coréens (y compris les anarchistes), avant de franchir un nouveau cap en 1937 avec le déclenchement de la guerre sino-japonaise qui contraignit les militants anarchistes à entrer dans la clandestinité. Mais dès 1929, un soulèvement étudiant à Kwangju (auquel participait notamment Ha Ki-rak) avait entraîné de nombreuses arrestations, pour activités anti-japonaises et pacifistes, tandis que les anarchistes inspiraient dès 1931-1932 différents mouvements ouvriers (comme à Pyongyang, dans l'usine de caoutchouc Pyeongwon) pour saboter la production des industries de guerre. 

C'est toutefois en Chine que la lutte armée anti-japonaise fut la plus active. En octobre 1931, à l'initiative de membres de la Fédération de la jeunesse coréenne du Sud de la Chine, 7 anarchistes coréens et 7 anarchistes chinois formèrent, dans la concession française de Shanghaï, la Fédération anti-japonaise et pour le salut national qui s'engagea sur le terrain de la lutte armée (au nom du Groupe de la Terreur Noire), sous forme d'actions menées par petits groupes (pose de bombes ou assassinats, contre des Japonais et des collaborateurs pro-japonais). Des unités de guérilla, sino-coréennes, se mirent en place après le début de la Seconde guerre mondiale en 1939, à l'initiative de la Fédération de la jeunesse coréenne du Sud de la Chine et de la Fédération anti-japonaise et pour le salut national, au sein de l'Unité opérationnelle coréenne en temps de guerre, alors dirigée par Na Wol-hwan, qui devint en 1941 le cinquième détachement de l'Armée de libération de la Corée (plus tard requalifié en second détachement de l'Armée de libération de la Corée, avec à sa tête Lee Beom-seok). En conséquence, les anarchistes devinrent, avec les nationalistes et des communistes, l'une des composantes du gouvernement provisoire coréen : 2 des 57 sièges du Parlement provisoire étaient occupés par des anarchistes, à savoir Yu Ja-myeong (de la Fédération révolutionnaire coréenne) et Yu Rim (de la Fédération anarchiste coréenne), qui devait ensuite devenir un membre du gouvernement provisoire. 

Après la libération de la Corée en août 1945, les groupes anarchistes coréens fondèrent la Fédération des bâtisseurs d'une société libre (FBSL), lors d'une réunion à Séoul le 29 septembre 1945. Le message introductif fut lu par Lee Eul-kyu, co-fondateur de la Fédération des anarchistes en Chine, et Ha Ki-rak prononça un discours introductif où il dénonça les risques de division du pays en une zone pro-américaine et une zone pro-soviétique. Le programme suivant en quatre points fut adopté : 

1. Nous voulons construire une nouvelle société dans laquelle tous les hommes sont égaux.
2. Nous voulons construire une nouvelle société dans laquelle les paysans possèdent eux-mêmes la terre et les ouvriers leurs industries.
3. Nous rejetons toute forme de gouvernement oppressif, dans lequel un peuple gouverne un autre peuple.
4. Nous rejetons toute guerre d'agression. Toute guerre autre que d'auto-défense doit disparaître.

La FBSL organisa également une Fédération autonome des paysans et une Fédération autonome des travailleurs. Libéré de prison le 27 octobre 1945, le vétéran de la lutte anarchiste Pak Yol appela à la constitution d'une société indépendante membre de la société internationale et contribuant à la paix internationale, rejetant "le nationalisme exclusif". Yu Rim, ancien membre du gouvernement provisoire, devint pour sa part secrétaire de la Fédération générale anarchiste coréenne (FGAC). Les deux organisations (FBSL et FGAC) organisèrent conjointement une Convention nationale anarchiste, réunie à Anui du 20 au 23 avril 1946. Enfin, le 7 juillet 1946 un nouveau rassemblement conduisit à la fondation du Parti indépendant des paysans et des travailleurs (PIPT), dont Yu Rim fut élu président, et qui réunit 300 délégués lors de sa première convention nationale, du 5 au 7 mai 1947. La nouvelle organisation refusa tant les élections séparées dans la seule partie sud de la péninsule (5 membres du PIPT, élus  députés après avoir concouru comme indépendants ou membres d'une autre organisation sociale, furent exclus), que de participer à la rencontre au nord avec le dirigeant Kim Il-sung (critiquant même vivement la tenue de la conférence de Pyongyang avec Kim Ku et Kim Kyu-sik). Yu Rim participa en octobre 1949 à la Conférence mondiale anarchiste s'étant tenue à Paris. Très affaibli par la guerre de Corée, le PIPT se maintint en tant qu'organisation jusqu'à la révolution d'avril 1960, durant laquelle Ha Ki-rak, un des dirigeants du parti, fut l'un des professeurs qui soutint le mouvement étudiant. La parenthèse démocratique qui s'ouvrit fut de courte durée : un mois après la disparition de Yu Rim le 1er avril 1961, le coup d'Etat militaire de Park Chung-hee jeta en prison les dirigeants du PIPT et entraîna sa dissolution en mai 1962.

Constatant le déclin continu du PIDT, des anarchistes coréens - conduits par Yi Jeong-gyu et Jeong Hwa-am - avaient fondé une nouvelle organisation, le Parti socialiste démocratique (PSD), dont l'inscription dans le cadre du mouvement anarchiste coréen est cependant discutable (membre du PIDT rival, Ha Ki-rak ne cite pas le PSD dans son histoire de l'anarchisme en Corée). Recherchant une affiliation à l'Internationale socialiste, critiquant le Parti progressiste de Cho Bong-am (alors principal opposant de gauche au régime autoritaire de Syngman Rhee) comme préparant l'avènement du communisme, le PSD apparaît en effet plutôt comme une organisation social-démocrate modérée, n'ayant pas d'ailleurs eu de réelle activité, et les anarchistes ne se distinguent pas dans la dénonciation des procès truqués contre Cho Bong-am et les membres du Parti progressiste.

La modération de Yi Jeong-gyu dans son opposition au régime autoritaire est considérée comme emblématique de la dé-radicalisation de l'anarchisme coréen, comme la qualifie l'auteur Dongyoun Hwang, et qui sera un des facteurs à l'origine de son déclin (un autre étant l'hostilité construite en Corée du Sud par les régimes autoritaires à l'égard de toute forme de socialisme, même social-démocrate). De fait, Yi Jeong-gyu s'est engagé dans un mouvement davantage culturel et économique de défense de l'autonomie des communautés rurales, en partant du principe de transformation individuelle, au succès très relatif, mais ayant eu le mérite de s'opposer à la modernisation forcée des villages, pilotée d'en haut par l'Etat, sous le régime de Park Chung-hee. Les activités pro-communautés rurales de Yi Jeong-gyu ont été menées dans le cadre de l'Institut pour l'étude de la culture nationale, dont il a été l'un des fondateurs, mais regroupant aussi des non-anarchistes (y compris des nationalistes de droite).

Une autre organisation (le Parti démocratique de la réunification) fut créée en avril 1972, à l'initiative de Yang Il-dong, Jeong Hwa-am et Ha Ki-rak, suivant les principes d'autonomie et de réunification, et militant notamment pour une réduction des forces armées à 100 000 hommes au Nord, d'une part, et au Sud, d'autre part. Le parti a été dissous en 1982, selon Ha Ki-rak.

Se revendiquant ouvertement des principes anarchistes, la Fédération anarchiste coréenne (FAC) a été créée dans un temple bouddhiste, à Séoul, le 22 juin 1972 - son nom exact en coréen étant alors "Fédération coréenne des personnes autonomes", sans doute pour ne pas subir les foudres de la répression. Regroupant des vétérans du mouvement anarchiste (Yi Jeong-gyu, Yi Eul-gyu, Jeong Hwa-am et Choe Gap-ryong), la FAC se veut l'héritière du PIPT mais est très vite entrée en hibernation, alors que la proclamation de la constitution Yusin marquait un nouveau tournant toujours plus autoritaire quelques mois plus tard. Le 21 août 1987, après le soulèvement démocratique de juin 1987, 50 anarchistes réunis à Daegu tiennent toutefois une nouvelle convention de la FAC, qui existe toujours mais n'a plus d'activités visibles en 2016 selon Dongyoun Hwang - qui cite toutefois les activités de la Société pour commémorer Yu Rim, animée par un anarchiste de troisième génération (Kim Young-chun) après avoir été créée par d'anciens membres du PIPT, pour maintenir la flamme des idéaux anarchistes.

Sources :
- Ha Ki-rak, A History of Korean Anarchist Movement, Anarchist Publishing Committee, Anarchist Publishers, Taegu, 1986 ;
- Dongyoun Hwang, Anarchism in Korea. Independence, transnationalism and the Question of National Development 1919-1984, Suny Press, New York, 2016. 

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15 août 2018 3 15 /08 /août /2018 11:47

Le 15 août, jour de la libération de la Corée de la colonisation japonaise (1910-1945), est célébré dans les deux parties de la péninsule divisée. Au Sud, il s'agit également de la fête nationale : le 15 août 2018, à l'occasion du 70e anniversaire de la fondation de la République de Corée proclamée le 15 août 1948, le Président Moon Jae-in a prononcé un discours au Musée national de Corée à Yongsan, à Séoul, où il a souligné la nécessité de surmonter la division nationale, en observant que  "même si l'unification politique est encore bien loin de nous, établir la paix entre le Sud et le Nord, visiter librement les deux [parties divisées de la Corée] et former une communauté économique conjointe seraient une véritable libération pour nous [Coréens]". Cette thématique de la libération totale de la Corée en mettant fin à la séparation et à la division est partagée avec la République populaire démocratique de Corée, alors que la tenue du troisième sommet inter-coréen à Pyongyang vient d'être annoncée d'ici fin septembre 2018. 

Le Président Moon Jae-in, le 15 août 2018

Le Président Moon Jae-in, le 15 août 2018

Pour fonder le sentiment de communauté nationale, certaines références sont incontournables. Pour les Coréens, le combat pour l'indépendance est rappelé lors de la célébration de la libération, le 15 août. Dans son discours du 15 août 2018, prononcé symboliquement à Yongsan qui a été pendant 114 ans une base militaire japonaise puis américaine en plein coeur de Séoul (cet emplacement doit désormais devenir un parc à vocation écologique), le Président Moon Jae-in a mis l'accent sur la lutte des femmes dans le combat pour la restauration de la souveraineté nationale : 

Même si les femmes subissaient de fortes discriminations tant en raison du système patriarcal que des inégalités économiques et sociales, elles se sont engagées dans le mouvement pour l'indépendance avec une indomptable volonté.

La travailleuse Kang Ju-ryong de l'Usine de caoutchouc Pyeongwon à Pyongyang a lancé un mouvement de protestation sur le toit du Pavillon Eulmildae, haut de 12 mètres, pour dénoncer les réductions unilatérales de salaires par le Japon impérialiste en 1931. Elle a crié pour la libération des femmes et la libération du travail.

A cette époque, les salaires des travailleurs coréens représentaient moins de la moitié de ceux des travailleurs japonais, et les travailleuses coréennes gagnaient elles-mêmes moins de la moitié de ce que percevaient leurs collègues masculins. Sa résistance acharnée a conduit à sa mort deux mois après sa libération de prison. Elle a été décorée à titre posthume, en 2007, de la médaille patriotique, dans le cadre de l'Ordre du Mérite pour la Fondation nationale.

En 1932, Gujwa-eup sur l'île de Jeju a été l'épicentre d'un combat par les plongeuses anti-japonaises lancé par cinq femmes : Ko Cha-dong, Kim Gye-seok, Kim Ok-nyeon, Bu Deok-nayng et Bu Chun-hwa. Le mouvement de lutte anti-japonais s'est étendu à près de 800 plongeuses, et quelque 17 000 femmes ont participé à 238 rassemblements pendant trois mois. Aujourd'hui, un monument au mouvement anti-japonais des plongeuses de l'île de Jeju a été dressé à Gujwa-eup.

Depuis le Jour de la Libération l'an dernier, le gouvernement a identifié 202 combattantes indépendantistes et leurs noms figurent fièrement dans l'histoire de la Libération. Parmi elles, 26 patriotes ont été distinguées en recevant aujourd'hui des honneurs et des décorations. Les autres continueront d'être honorées.

Tous les efforts pour la Libération recevront le crédit et l'estime qu'ils méritent. Le gouvernement continuera d'identifier davantage de combattants du mouvement pour l'indépendance sans discrimination fondée sur le genre ou le rôle qu'ils ont joué. Je suis convaincu que la complète mise à jour de l'histoire inconnue du mouvement d'indépendance et des militants pour l'indépendance marquera l'accomplissement d'une nouvelle libération.

Revenant par ailleurs sur les progrès accomplis depuis sept mois dans le dialogue entre les différentes parties impliquées dans la péninsule coréenne, le Président Moon Jae-in a rappelé l'alliance américano-sud-coréenne et fait une mention particulière des efforts accomplis par la Chine de Xi Jinping et l'Allemagne d'Angela Merkel. Il a aussi souligné que la paix, allant de pair avec la dénucléarisation de la péninsule, figurerait à l'ordre du jour du sommet de Pyongyang, en septembre 2018, ainsi que le développement des échanges Nord-Sud, sur la base de la déclaration de Panmunjom du 27 avril 2018 : 

Je visiterai Pyongyang le mois prochain en portant les voeux du peuple (coréen]. Nous, les deux dirigeants, confirmerons la mise en oeuvre de la Déclaration de Panmunjom et ferons un pas décisif vers la déclaration de la fin de la guerre de Corée et la signature d'un traité de paix, ainsi que la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne.

A cet égard, pour lever notamment les réticences d'une partie de l'opinion publique, en Corée du Sud et à l'étranger, quant au coût supposé de la réunification, le président sud-coréen a mis en avant les bénéfices économiques à attendre de la formation d'une communauté économique inter-coréenne, en citant explicitement l'exemple de la construction européenne : 

Selon une étude effectuée par un think tank public, l'impact économique de la coopération économique entre le Sud et le Nord devrait atteindre 170.000 milliards de wons (150 milliards de dollars) sur les 30 prochaines années.

Selon le Président Moon Jae-in, les bénéfices proviendront notamment du rétablissement des liaisons ferroviaires inter-coréennes, de l'exploitation de certaines ressources naturelles et de la reprise des activités des zones économiques de Kaesong et des Monts Kumgang.

Il s'agit d'une feuille de route ambitieuse, dont la mise en oeuvre dépend de la volonté des différentes parties et, s'agissant du projet économique, de la levée de sanctions économiques qui tuent les populations. 

Sources : 

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8 août 2018 3 08 /08 /août /2018 17:47

Les élections locales du 13 juin 2018 en République de Corée se sont soldées par une victoire sans précédent des démocrates au pouvoir(parti Minjoo) et un effondrement historique du Parti de la Liberté de la Corée (PLC, conservateur). Si les démocrates ont indéniablement profité d'un contexte international favorable marqué par la détente sur la péninsule coréenne, au lendemain du sommet historique à Singapour entre les Présidents Donald Trump et Kim Jong-un, le verdict des urnes a aussi sanctionné la ligne ultra-conservatrice du dirigeant du PLC, Hong Joon-pyo, adversaire résolu du dialogue inter-coréen, qui a quitté la direction de son parti. Toutefois, cette évolution de la scène politique n'apparaît pas relever de l'accident de parcours : deux mois après les scrutins locaux le vent politique continue de souffler à gauche en Corée du Sud. En effet, non seulement les progressistes n'ont jamais obtenu autant d'intentions de vote dans les enquêtes d'opinion, avec une percée au sein du bloc progressiste du Parti de la Justice (social-démocrate, opposition) dans un pays où les idées de gauche ont toujours été ultra-minoritaires, mais les conservateurs ont choisi comme président de leur comité d'urgence un transfuge démocrate, Kim Byong-joon, qui fait ouvertement l'apologie de l'ancien président démocrate Roh Moo-hyun.

Politique sud-coréenne : le vent souffle à gauche

Dans la dernière enquête d'opinion de l'institut de sondages Realmeter, rendue publique le 6 août 2018 (graphique ci-dessus), les progressistes obtiennent un nombre record d'intentions de vote :

- toujours largement en tête, les démocrates du parti Minjoo (progressiste, au pouvoir), devancent de plus de 25 % leurs principaux concurrents (42,8 %) ; la grande majorité des sièges du Parlement sud-coréen étant pourvus au scrutin majoritaire uninominal à un tour, si les élections législatives se tenaient aujourd'hui, le parti du Président Moon Jae-in bénéficierait donc d'un raz-de-marée ;

- les conservateurs du Parti de la Liberté de la Corée ne sont plus crédités que de 17,6 % des intentions de vote, talonnés par les sociaux-démocrates du Parti de la Justice (14,3 %) ; si ces derniers bénéficient d'un regain de sympathie après le suicide dramatique de Roh Hoe-chan, une inversion des courbes n'est plus à prévoir, surtout si l'on considère qu'aux dernières élections locales les conservateurs obtenaient encore trois fois plus de voix que le Parti de la Justice ; si le Parti de la Justice devenait la principale force d'opposition en Corée du Sud à l'issue des élections législatives prévues en 2020, il en résulterait une forte pression sur les démocrates pour infléchir leur politique dans un sens plus social et plus favorable aux libertés démocratiques ;

- le transfuge démocrate Ahn Cheol-soo, qui a fait une alliance de circonstances avec des dissidents conservateurs au sein du Parti Bareunmirae, n'apparaît pas aujourd'hui comme une alternative crédible (5,8 % des intentions de vote) : le tournant à droite de la girouette politique qu'est Ahn Cheol-soo lui a aliéné le soutien des progressistes (dont une fraction a fondé le Parti pour la paix et la démocratie, crédité de 2,8 % des intentions de vote), sans élargir sa base électorale en direction des conservateurs ;

Si le Parti de la Justice représente en Corée du Sud la gauche la plus modérée au sein du paysage politique (plus proche en France du Parti socialiste ou d'EELV que de la France insoumise), c'est la première fois qu'une formation mettant au premier plan la justice sociale recueille autant d'intentions de vote depuis le début des années 2000 (le Parti démocratique du travail avait alors été crédité au maximum de 18 % des intentions de vote, avant de recueillir 13 % des voix lors des élections législatives de 2004). Une alternative de gauche aux démocrates au pouvoir devient donc une option politique crédible en Corée du Sud. 

Signe de la prise de conscience des conservateurs qu'ils doivent changer de logiciel politique, ces derniers ont choisi comme président de leur comité d'urgence le modéré Kim Byong-joon, qui a été un collaborateur du Président (démocrate) Roh Moo-hyun, dont il considère qu'il doit être un modèle pour les conservateurs.

Kim Byung-joon fleurissant la tombe de l'ancien président démocrate Roh Moo-hyun, le 30 juillet 2018

Kim Byung-joon fleurissant la tombe de l'ancien président démocrate Roh Moo-hyun, le 30 juillet 2018

Kim Byung-joon a été encore plus loin en critiquant ouvertement le général président Park Chung-hee, qui avait mis en place le régime plus autoritaire qu'ait jamais connu la Corée du Sud... et père de l'ancienne présidente Park Geun-hye, destituée sur fond de corruption et de dérive autoritaire, qui purge aujourd'hui une peine de 32 ans de prison - mais dont la faction conserve des partisans au sein du Parti Saenuri (conservateur).

Si la ligne politique qu'entend incarner Kim Byung-joon ne signifie nullement un ralliement à la majorité démocrate (le nouveau leader des conservateurs met sur le même plan Park Chung-hee et le président en fonctions Moon Jae-in, en les taxant tous deux de "nationalisme"), elle représente une inflexion autour d'une défense du libéralisme économique, marqueur traditionnel d'une partie (au moins) de la droite modérée dans les démocraties occidentales. Les conservateurs vont-ils abandonner leur tendance à se positionner comme les défenseurs de l'ordre prétendument anticommuniste (en réalité, anti-Corée du Nord), pro-militaires et pro-valeurs puritaines incarnées par certaines églises évangélistes, incluant l'héritage de la junte militaire qui a dirigé pendant des décennies la Corée du Sud et des lois liberticides, dont certaines toujours en vigueur en Corée du Sud (comme la loi de sécurité nationale) ? Les débats internes au parti conservateur promettent d'être âpres, et rien ne permet de prédire que Kim Byung-joon ne sera pas mis en minorité, ou a minima devoir composer avec des opposants internes et mettre de l'eau dans son vin. Mais la promesse existe, pour la première fois, que l'exercice du pouvoir par les conservateurs en Corée du Sud ne soit plus synonyme, sinon de régime autoritaire, du moins d'une dérive autoritaire du régime politique - comme cela a été le cas sous les présidences Lee Myung-bak (2008-2013) et Park Geun-hye (2013-2017). 

Source : 

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30 juillet 2018 1 30 /07 /juillet /2018 21:46

Le 23 juillet 2018, le député Roh Hoe-chan (Parti de la justice, social-démocrate) s'est suicidé en se défenestrant depuis l'étage de l'immeuble où vivait sa mère, à Séoul, alors qu'il allait être entendu dans une affaire de financement politique. L'Association d'amitié franco-coréenne présente ses condoléances à sa famille - notamment son épouse Kim Ji-sun, militante pour les droits des travailleurs -, à ses amis et à ses proches. Elle rend hommage à un homme intègre et sincère, qui a été une figure majeure du combat courageux pour la démocratie, la justice sociale et les droits de l'homme en République de Corée. Une grande voix s'est tue, mais sachons nous montrer fidèles aux combats qu'elle a menés et aux valeurs qu'elle a défendues inlassablement, au prix de la liberté.

Des dizaines de milliers de personnes, hommes et femmes politiques de tout bord politique comme simples citoyens, ont rendu un dernier hommage à Roh Hoe-chan dans la chapelle ardente qui a été dressée à sa mémoire à l’hôpital Severance de l’Université Yonsei.

Des dizaines de milliers de personnes, hommes et femmes politiques de tout bord politique comme simples citoyens, ont rendu un dernier hommage à Roh Hoe-chan dans la chapelle ardente qui a été dressée à sa mémoire à l’hôpital Severance de l’Université Yonsei.

Né le 31 août 1956 à Pusan dans une famille de la classe moyenne, Roh Hoe-chan était un homme qui ne renonçait jamais. Allant au contact de la classe ouvrière, il s'était fait embaucher comme soudeur en 1982 pour organiser les salariés, devenant l'artisan de la création de la Fédération d'Incheon des travailleurs démocratiques. Comme beaucoup d'autres militants pour les droits humains en Corée du Sud, Roh Hoe-chan a alors payé un lourd tribut au titre de son engagement pour les libertés démocratiques : en 1989 il a été arrêté et condamné à 30 mois de prison pour violation de la "loi de sécurité nationale", instrument privilégié de répression des gouvernements autoritaires, toujours en vigueur en Séoul.

Avocat spécialisé dans la défense des droits de l'homme, il était de ceux qui avaient appelé inlassablement la gauche (longtemps persécutée en Corée du Sud, encore récemment en décembre 2014 avec la dissolution arbitraire du Parti progressiste unifié) à s'organiser malgré les échecs électoraux, après le départ du pouvoir des militaires en 1993. Dès lors, il a fait partie de différents regroupements de la gauche sud-coréenne, notamment le Parti démocratique du travail (PDT) entre 2000 et 2008, sous les couleurs duquel il est élu une première fois député à l'Assemblée nationale (2004-2008), avant d'être l'un des fondateurs du Nouveau parti progressiste (NPP) en 2008. En 2011, il rejoint le Parti progressiste unifié (PPU), et redevient peu après député à l'issue des élections législatives de 2012. Après le scandale qui secoue le PPU sur le mode de désignation de ses candidats aux élections, il a été l'un des fondateurs du Parti de la justice, sous la bannière duquel il avait été réélu à l'Assemblée nationale en 2016. 

Roh Hoe-chan avait eu le courage de s'attaquer à la toute-puissante firme Samsung, en publiant en 2005 sur Internet les noms de procureurs impliqués dans un scandale de corruption autour du conglomérat. Cela lui avait valu, après une longue procédure, une condamnation à une peine de prison pour violation du secret des communications : il ne fait pas bon s'opposer aux puissances de l'argent en Corée du Sud.

La disparition tragique de Roh Hoe-chan est liée au scandale d'influence de l'opinion (en générant artificiellement des réponses positives aux commentaires politiques sur le principal moteur de recherche sud-coréen, Naver) par un blogueur connu sous le nom de Druking, à propos duquel le militant et avocat des droits de l'homme a laissé un message avant de mettre fin à ses jours : 

J'ai reçu deux paiements représentant au total 40 millions de won [30 000 euros] du Groupe de Co-évolution économique en mars 2016. Ils ne m'on rien demandé et je ne leur ai rien promis en retour (...).
Ce que j'ai ensuite découvert est que dans la mesure où c'était une donation volontaire faite par de multiples personnes, j'étais supposé suivre les procédures pour les donations. Mais je ne l'ai pas fait. C'était un choix stupide et une décision honteuse (...)

Au vu des faits, il est ignominieux de parler de corruption - il s'agit de non-respect des règles de financement des partis politiques. Mais pour l'intègre avocat Roh, c'était une faute inacceptable : dans un dévouement extraordinaire qui rappelle le combat d'autres militants pour la démocratie et la justice sociale en Corée du Sud qui ont eux aussi mis fin à leur jour, ainsi que le suicide de l'ancien président Roh Moo-hyun, il s'est excusé auprès des membres de son parti avant de faire le choix de se sacrifier. 

Egalement ancien avocat pour les droits de l'homme et militant pour la démocratie en Corée du Sud à l'époque de la junte militaire, le Président Moon Jae-in a salué les combats de Roh Hoe-chan : 

Je n’étais pas dans le même parti que Roh mais nous avons œuvré ensemble pour rendre la société coréenne plus progressiste alors que nous faisions de la politique à la même époque (...) Je pense que (Roh) a contribué grandement à élargir le champ de notre politique en menant le mouvement progressiste coréen.

Plus encore que les hommages des anciens concurrents ou adversaires de Roh, ce sont toutefois les multiples cris de douleur de ceux qui ont été défendus par l'avocat et militant qui retentissent avec le plus de force, comme les personnes handicapées qui rappellent son engagement dans l'adoption de la loi de 2005 contre les discriminations des personnes handicapées.

Un humaniste, un homme de combats et de principes nous a quittés trop tôt, révélant par contraste le caractère insoutenable de la politique sud-coréenne, quand tant de vrais corrompus continuent, eux, de crier au complot et aux machinations. La vertu reste décidément une idée neuve en Corée. 

Sources :

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29 juillet 2018 7 29 /07 /juillet /2018 14:17

L'affaire Alexandre Benalla a pris des proportions inédites dans la France de la Cinquième République - le comportement d'un proche du chef de l'Etat tendant à dominer la vie politique et à occulter d'autres débats pourtant essentiels, de la révision constitutionnelle à la politique économique et sociale du gouvernement. A l'Association d'amitié franco-coréenne, cette focalisation sur l'entourage d'un chef d'Etat évoque pour nous une autre affaire - l'affaire Choi Soon-sil, du nom de la confidente de l'ombre de la Présidente Park Geun-hye, dont les révélations ont entraîné la destitution de la présidente sud-coréenne, par ailleurs aujourd'hui en prison. Toutes proportions gardées (il n'y a pas de comportement fautif d'Emmanuel Macron au regard de la loi française, contrairement à Mme Park Geun-hye, et pas davantage aujourd'hui de mouvement de masse en France tendant au départ du Président de la République française), nous avons souhaité établir une comparaison quant aux ressorts et aux déroulés politiques des deux affaires, qui illustrent le poids pris par les médias et le rôle des oppositions politiques et de citoyens non membres d'un mouvement politique dans les régimes parlementaires, à tendance présidentialiste, que sont la République française et la République de Corée.

A gauche, manifestation "pour aller chercher Macron" à Paris, le 28 juillet 2018 ; à droite, manifestation contre la Présidente Park Geun-hye, à Séoul, le 10 décembre 2016.A gauche, manifestation "pour aller chercher Macron" à Paris, le 28 juillet 2018 ; à droite, manifestation contre la Présidente Park Geun-hye, à Séoul, le 10 décembre 2016.

A gauche, manifestation "pour aller chercher Macron" à Paris, le 28 juillet 2018 ; à droite, manifestation contre la Présidente Park Geun-hye, à Séoul, le 10 décembre 2016.

La question du rôle et de la place des confidents de l'ombre et de la réaction du chef d'Etat à la tempête médiatique

Le pouvoir moderne, dans les régimes dits de démocratie parlementaire, prône la transparence de la vie politique. Mais les conseillers de l'ombre et confidents ont toujours existé, et ne sont pas prêts de disparaître, car ils remplissent des fonctions essentielles pour les chefs d'Etat qui, ne serait-ce que parce que ce sont des êtres humains avec leurs forces et leurs faiblesses, ont besoin de s'appuyer sur des personnes de confiance, situées en dehors de tout organigramme officiel. Sur ce point, un bémol est cependant à souligner entre Choi Soon-sil et Alexandre Benalla : la première n'avait aucune fonction dans l'appareil d'Etat, quand le second était un chargé de mission (certes dont les fonctions n'apparaissent pas, comme d'autres, dans les publications de la composition des cabinets ministériels au Journal officiel de la République française), parfaitement identifié et identifiable dans l'entourage d'Emmanuel Macron - même si le grand public ne l'a découvert que tardivement.

Cependant, les opinions publiques ont des réactions de rejet comparables : à la dénonciation de la "gourou" Mme Choi fait écho celle du "barbouze" M. Benalla, l'un et l'autre réduits au statut d'affreux.

Dans ce contexte, la volonté de Mme Park Geun-hye - comme celle d'Emmanuel Macron - d'attendre pour réagir publiquement, de minimiser la portée des révélations des médias et (surtout) de ne pas se désolidariser de leurs (anciens) conseillers, sans présenter d'excuses, autorise toutes les interprétations, réelles ou fantasmées, quant au fait qu'on cacherait quelque chose de bien plus grave à l'opinion publique. Cette défiance à l'encontre du détenteur de l'autorité politique permet dès lors qu'il y ait place pour le déroulement d'un feuilleton médiatique, chaque jour apportant de nouvelles révélations.

Si la nature des relations entre Emmanuel Macron et Alexandre Benalla dépassait la seule sphère publique (comme dans le cas de Park Geun-hye et de Choi Soon-sil), puisqu'on vient d'apprendre qu'Alexandre Benalla possédait les clés de la résidence de Brigitte Macron au Touquet, mais reste encore peu connue, une différence de taille est qu'Emmanuel Macron existe politiquement indépendamment d'Alexandre Benalla, apparu tardivement dans l'entourage du chef de l'Etat (en 2016) - contrairement à Choi Soon-sil, qui dominait totalement l'ancienne présidente Park depuis les années 1970.

Pouvoir et contre-pouvoirs

La République de Corée, comme la République française, ayant mis des places des systèmes d'équilibre des pouvoirs, le rôle des médias et des oppositions est crucial et sujet à débats dans le développement des deux affaires.

Emmanuel Macron, comme avant lui Park Geun-hye, dénonce une tempête dans un verre d'eau, surmédiatisée et instrumentalisée selon lui par l'opposition. L'un et l'autre ont également choisi de ne pas affronter directement sur ce point les journalistes réputés proches de l'opposition, nourrissant ainsi des critiques sur leur prétendu autoritarisme (avéré dans le cas de la Présidente Park, objet pour le moins de débats dans le cas d'Emmanuel Macron si l'on considère les discussions que suscite le projet de révision constitutionnelle, mais entaché par l'attitude violente d'Alexandre Benalla). Cependant, quelque autoritaire qu'ait été Mme Park Geun-hye, et bien qu'ayant envisagé le recours à la loi martiale, elle n'a pas fait tirer sur les manifestants et n'a pas engagé l'appareil d'Etat dans une répression systématique. Dans un régime de démocratie parlementaire où s'exerce l'alternance politique, des freins puissants existent à l'usage immodéré de la force par la puissance publique.

S'agissant des oppositions politiques, celles-ci ont eu une attitude d'abord prudente en Corée du Sud (avant de se mettre au diapason des manifestants et de l'opinion publique), quand en France les parlementaires d'opposition sont au contraire aux avant-postes dans la dénonciation du pouvoir. Cette différence montre d'ailleurs que la tradition parlementaire est plus ancrée dans la vie politique française - en Corée du Sud, le Parlement a finalement eu le dernier mot, en votant la destitution de la Présidente Park, mais seulement après des mois de controverses politiques.

Si des manifestations - liées seulement marginalement aux mouvements politiques traditionnels - sont à relever dans les deux affaires, celles-ci ont pour l'heure une ampleur limitée dans le cas de l'affaire Benalla. En Corée du Sud, au contraire, elles ont été un facteur déterminant dans la chute de la Présidente Park Geun-hye. 

Les dénouements politiques et juridiques

Dans le cas de l'affaire Choi Soon-sil, la destitution de la Présidente Park Geun-hye n'était pas écrite d'avance, mais a été rendue possible par une conjonction de facteurs qui n'existent pas en France :

- la majorité parlementaire de la Présidente Park Geun-hye était étroite depuis les élections législatives d'avril 2016, ce qui n'est pas le cas pour Emmanuel Macron, qui dispose d'une large majorité à l'Assemblée nationale ;
- les luttes de factions sont intenses en Corée du Sud, si bien qu'une partie des députés conservateurs n'était pas favorable à la Présidente Park et a joint ses voix à celles de l'opposition pour la destituer ; en France, la République en Marche a été créée par et pour Emmanuel Macron et son groupe parlementaire à l'Assemblée nationale fait bloc autour du chef de l'Etat ; l'incertitude pourrait venir de députés issus d'autres partis politiques (notamment, PS, LR, UDI, PRG...), dont le destin politique est moins lié à celui du Président de la République française, mais jusqu'à présent et dans la tradition parlementaire française, la pratique des transfuges est exceptionnelle (et plutôt dans le sens de rejoindre les rangs de la majorité, comme en 1988) ; bref, si le droit constitutionnel français autorise théoriquement la destitution du chef de l'Etat, tous les constitutionnalistes s'accordent pour dire qu'une telle hypothèse n'a aucune chance de se produire aujourd'hui en France ; 
- non rééligible, la Présidente Park Geun-hye avait été affaiblie par une série de scandales et de mauvaises gestions de crise, notamment le naufrage du ferry Sewol, alors que dans le cas de l'affaire Benalla, il s'agit plutôt d'une première crise politique pour le Président Emmanuel Macron.

Enfin, le volet judiciaire de l'affaire Benalla est aujourd'hui très limité, et circonscrit au seul cas de l'ancien conseiller présidentiel : s'il y a bien eu usurpation d'attributs de la fonction publique, l'affaire n'a pas de volet financier, contrairement à l'affaire Park Geun-hye où les détournements de fonds publics ont conduit à des condamnations à des peines de plusieurs dizaines d'années de prison pour Choi Soon-sil et Park Geun-hye.

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13 juin 2018 3 13 /06 /juin /2018 19:35

Les élections locales qui se sont tenues en République de Corée (Corée du Sud) le 13 juin 2018 ont consacré la suprématie des démocrates au pouvoir, qui selon les premiers résultats ont remporté 14 des 17 postes de gouverneurs de province ou maires de grande ville (ainsi que 10 des 12 sièges de député remis en jeu lors des législatives partielles qui se sont tenues le même jour), à l'issue d'un scrutin marqué par un taux de participation relativement élevé (60,2 %). Les conservateurs du Parti de la Liberté de la Corée n'ont conservé que 2 de leurs bastions : la ville de Daegu et la province du Gyeongsang du Nord, en enregistrant des défaites sans précédent - notamment dans le Gyeongsang du Sud. Le dernier des 17 postes de gouverneurs ou maires de grande ville, dans l'île de Jeju, est revenu à un candidat indépendant. Le Président Moon Jae-in apparaît conforté dans sa politique de réformes et d'ouverture au Nord, au lendemain du sommet historique à Singapour entre les présidents américain Donald Trump et nord-coréen Kim Jong-un.

Carte montrant les résultats aux postes de gouverneurs et maires de grandes villes après dépouillement d'un peu plus de 53 % des bulletins : les démocrates sont en bleu, les conservateurs en rouge, les sociaux-démocrates du Parti de la Justice en jaune, les progressistes du Parti pour la paix et la démocratie en vert et un candidat indépendant en gris.

Carte montrant les résultats aux postes de gouverneurs et maires de grandes villes après dépouillement d'un peu plus de 53 % des bulletins : les démocrates sont en bleu, les conservateurs en rouge, les sociaux-démocrates du Parti de la Justice en jaune, les progressistes du Parti pour la paix et la démocratie en vert et un candidat indépendant en gris.

Le raz-de-marée démocrate annoncé a bien eu lieu, une des victoires les plus importantes étant la réélection à la mairie de Séoul (qui concentre 20 % de la population du pays), pour un troisième mandat, de Park Won-soon, avec plus du double des voix (56 % contre 22 %) de son plus proche adversaire, conservateur.

Si les conservateurs du Parti de la Liberté de la Corée (PLC) sont en déroute par rapport au précédent scrutin de 2014  (ils avaient fait presque jeu égal avec les démocrates), ils peuvent se consoler en restant la première force d'opposition : l'alliance de droite plus modérée, au sein du Parti Bareun du futur, entre l'ancien candidat à l'élection présidentielle (jusqu'alors considéré comme un progressiste) Ahn Cheol-soo, arrivé troisième à Séoul, et des dissidents du PLC, n'est arrivé en première ou en deuxième positions dans aucune des 17 élections majeures au poste de gouverneur de province ou maire de grande ville. Le virage conservateur du Parti Bareun du futur lui a aliéné ses anciens soutiens dans les bastions démocrates du sud-ouest de la Corée, où la deuxième place est revenue aux progressistes du Parti pour la paix et la démocratie, ou encore aux sociaux-démocrates du Parti de la Justice (6 % à Gwangju, mais très loin des 84 % du candidat démocrate), dont les résultats ne sont toutefois pas à la hauteur des attentes. De même, la gauche radicale ou écologiste n'a enregistré que de très faibles scores (avec un peu plus de 2 % pour le Parti vert dans l'île de Jeju).

La vague démocrate n'a donc pas seulement emporté les conservateurs (dont le dirigeant, l'ultra-conservateur et farouche opposant au dialogue intercoréen Hong Joon-pyo, ancien adversaire malheureux du Président Moon Jae-in lors de l'élection présidentielle de mai 2017, a laissé sous-entendre qu'il quitterait la direction du PLC), mais aussi les progressistes non affiliés au Parti démocrate de Corée (PDC) au pouvoir, les sociaux-démocrates et les autres formations de gauche.

Résultats détaillés

- Parlements de province (824 sièges)
Parti démocrate de Corée (PDC) : 647 sièges (+ 298 sièges par rapport à 2014)
Parti de la Liberté de la Corée (PLC) : 116 sièges (- 300)
Parti de la Justice (PJ) : 11 sièges (+ 11)
Parti Bareun du Futur (PBF) : 5 sièges (ne concourait pas en 2014)
Parti pour la Paix et la Démocratie (PPD) : 3 sièges (ne concourait pas en 2014)
Parti populaire (PP, Minjung), Parti travailliste (PT), Parti des Patriotes Coréens (PPC), Parti Vert (PV) : 0 siège

- Maires de municipalités (226 mairies)
PDC : 149 mairies (+ 71)
PLC : 53 mairies (- 64)
PPC : 5 mairies (ne concourait pas en 2014)
Autres partis (PJ, PBF, PP, PT, PPC, PV) : 0 mairie

- Conseils municipaux ( 2 927 sièges)
PDC : 1 625 sièges (+ 468)
PLC : 995 sièges (- 418)
PPD : 48 sièges (ne concourait pas en 2014)
PJ : 26 sièges (+ 15)
PBF : 19 sièges (ne concourait pas en 2014)
PP : 11 sièges (ne concourait pas en 2014)
PT : 0 siège (- 6)
PPC : 0 sièges (0)
PV : 0 siège (0)

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23 mai 2018 3 23 /05 /mai /2018 21:01

Largement médiatisée à la veille des élections législatives sud-coréennes du 13 avril 2016, la défection en République de Corée (Corée du Sud) d'un responsable et de douze serveuses d'un restaurant nord-coréen en Chine (dont on a appris depuis qu'il était situé à Ningbo) avait été présentée par les conservateurs au pouvoir à Séoul comme une défection "de masse" exceptionnelle, censée prouvée la justesse de la politique de confrontation avec le Nord des autorités sud-coréennes de l'époque - car c'était prétendument une preuve manifeste de l'effondrement imminent de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), rendant inutile - voire contre-productive - une approche intercoréenne fondée sur le dialogue . Mais aussitôt la Corée du Nord avait dénoncé un "enlèvement" orchestré par les services de renseignement sud-coréens du National Intelligence Service (NIS) et exigé le rapatriement des jeunes femmes : une demande réitérée après des révélations récentes du responsable nord-coréen du restaurant ayant fait défection, selon lesquelles il était un agent du NIS depuis 2014 et que ses employeurs lui auraient demandé de rejoindre la Corée du Sud avec les douze serveuses, à l'insu de ces dernières.

Défection des serveuses nord-coréennes : nouvelles déclarations embarrassantes pour les services de renseignement sud-coréens (NIS)

A l'instar de l'opposition démocrate, l'Association d'amitié franco-coréenne s'était interrogée au printemps 2016 sur ce qui avait l'apparence d'une possible manoeuvre préélectorale, dont le modus operandi avait outrepassé les règles solidement établies quant à l'accueil des défecteurs nord-coréens en Corée du Sud. En particulier, la nouvelle avait été annoncée sans respecter les étapes ordinaires en cas d'arrivée d'un transfuge nord-coréen en Corée du Sud, comme s'il fallait médiatiser l'affaire à quelques jours des élections législatives ; puis les services de renseignement sud-coréen avaient totalement pris en charge les jeunes femmes, leur interdisant tout contact extérieur, et se substituant à elles lors de leur audience ; enfin, ces dernières avaient reçu de manière accélérée la nationalité sud-coréenne, et quand le NIS était interrogé sur la rapidité de ces procédures d'exception, il avait rétorqué que "peu importent les circonstances" de leur départ... La question est pourtant cruciale : les jeunes femmes étaient-elles consentantes de rejoindre en Corée du Sud (le libre choix du responsable du restaurant nord-coréen - Heo Gang-il - ne semblant, quant à lui, guère fait l'objet de doutes) ?

Depuis, Heo Gang-il s'est exprimé dans la très populaire émission "Spotlight" de la chaîne sud-coréenne JTBC, en accusant ouvertement le NIS d'avoir tendu un piège, lui-même ayant été un agent du NIS. Selon l'Agence France Presse, 

[M. Heo] a expliqué avoir été recruté par le Service national du renseignement sud-coréen (NIS) en 2014 en Chine.

Deux ans après, craignant d’être démasqué, il a demandé à son agent traitant d’organiser sa défection. A la dernière minute, dit-il, l’agent lui a demandé de venir avec ses employées.

«Les 12 serveuses ne savaient pas où elles allaient», a-t-il déclaré. «Je leur ai dit qu’on changeait d’endroit».

L'émission de Spotlight a également donné la parole à l'une des serveuses ayant fait défection qui n'aurait compris où elle se rendait qu'une fois arrivée devant l'ambassade de Corée du Sud en Malaisie, mettant en cause les menaces de M. Heo et déclarant qu'elle souhaitait à présent retourner en Corée du Nord : 

Le gérant Heo nous a menacées, a dit qu’il raconterait aux autorités qu’on regardait des séries télévisées sud-coréennes et que nous serions exécutées, ou exilées en province, et que nos familles seraient également touchées.

Avec le recul, c’était n’importe quoi mais sur le moment, je n’avais pas d’autre choix. Si c’était possible, même maintenant, j’aimerais retourner auprès de ma mère.

M. Heo explique avoir choisi de s'exprimer car le NIS lui aurait fait des promesses qu'il n'a pas tenues. Selon l'AFP, 

M. Heo a, dit-il, décidé de parler car il n’a pas vu venir ce qu’on lui avait promis -- un emploi au NIS et une médaille.

Face à l'ampleur du scandale, l'actuel gouvernement sud-coréen a choisi de faire bloc autour du NIS en rejetant les accusations à l'encontre des services de renseignement. Auditionné par la commission des Affaires étrangères du Parlement quelques jours plus tard le 17 mai 2018, le ministre de la Réunification Cho Myoung-gyon a évoqué une défection volontaire selon KBS, qui a également rejeté la thèse d'une manoeuvre préélectorale : 

Le ministre sud-coréen de la Réunification a affirmé hier que les 12 employées du restaurant nord-coréen en Chine qui ont fait défection au Sud début avril 2016 l’ont fait selon leur libre arbitre (...).

Il a ainsi coupé court à la rumeur selon laquelle cette défection en masse avait été orchestrée par le Service national du renseignement (NIS) sud-coréen pour servir de faire-valoir au gouvernement conservateur de l’époque en amont des élections législatives qui se sont tenues le 16 avril de la même année.

Venant du ministre chargé de la Réunification, ces déclarations ont évidemment eu un impact négatif sur les relations Nord-Sud et elles mettent en péril les réunions de familles séparées prévues le 15 août 2018. Alors que le Président Moon Jae-in s'appuie, comme ses prédécesseurs, sur les services de renseignement pour sa politique à l'égard de la RPD de Corée, il manifeste une nouvelle fois sa volonté de gouverner en s'appuyant sur les ministères en charge de la défense et du maintien de l'ordre et - conformément à ce choix - il défend le NIS, y compris au titre des actions menées par ce dernier pendant la dérive autoritaire de sa prédécesseur Mme Park Geun-hye. Ce faisant, il coupe court aux intentions que lui prête (contre toute évidence) une partie des conservateurs : le Président Moon Jae-in serait celui qui abrogerait la loi de sécurité nationale (LSN) ou encore établirait un service militaire alternatif. Dénoncés comme de graves atteintes aux droits de l'homme par les ONG et les Nations unies, l'application de la LSN et l'emprisonnement des objecteurs de conscience ne sont pas prêts de prendre fin. 

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29 avril 2018 7 29 /04 /avril /2018 09:01

Si l'annonce du sommet intercoréen avait encore fait grimper la côte de popularité du Président Moon Jae-in (avec des opinions favorables de l'ordre de 70 %), les conservateurs du Parti de la Liberté de la Corée (PLC), menés par l'ancien candidat à l'élection présidentielle Hong Joon-pyo, dont la formation est toujours le principal parti d'opposition, restent arc-boutés sur des positions pour le moins réticentes vis-à-vis de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), tout en ayant empêché la tenue d'un référendum constitutionnel qui aurait eu lieu en même temps que les élections locales du 13 juin 2018. Ces positions, certes minoritaires dans l'opinion publique, rappellent toutefois qu'il existe, en République de Corée (Corée du Sud), une sensibilité hostile par principe au dialogue avec la Corée du Nord, dont les représentants à la présidence sud-coréenne pendant 9 ans (2008-2017) ont d'ailleurs une lourde responsabilité dans la dégradation des relations intercoréennes pendant cette décennie perdue pour la réunification. Affaiblis mais déterminés, les conservateurs anti-Corée du Nord peuvent encore mobiliser des relais puissants pour faire échouer les promesses de paix, de dialogue et de réconciliation - notamment dans certains médias néoconservateurs et dans des officines anticommunistes créées et alimentées par les crédits américains pendant la guerre froide, certains ayant un intérêt objectif à ce que la guerre froide ne prenne jamais fin en Asie.  

Le Président Moon Jae-in, le 24 avril 2018

Le Président Moon Jae-in, le 24 avril 2018

Le 24 avril 2018, à quelques jours du sommet intercoréen, le Président Moon Jae-in faisait part de son regret de ne pas pouvoir soumettre son projet de révision constitutionnelle (qui avait été déposé sur le bureau de l'assemblée le 26 mars 2018) à l'approbation des citoyens le même jour que les élections locales, le 13 juin 2018. En effet, faute de majorité suffisante à l'Assemblée nationale, les démocrates au pouvoir n'ont pas réussi à faire adopter une nouvelle loi sur les référendums nationaux - l'ancien texte ayant été déclaré anticonstitutionnel en 2014, car ne permettant pas la participation des citoyens sud-coréens qui résident à l'étranger.

Si les oppositions parlementaires étaient en désaccord sur le contenu du projet de révision constitutionnelle, ce débat n'a même pas pu être mené, compte tenu de l'obstruction parlementaire pour faire adopter la loi sur les référendums nationaux. Selon le Président Moon Jae-in, 

L'Assemblée nationale a empêché un vote sans même délibérer sur le projet de révision constitutionnelle proposé par le président sur la base du souhait du peuple.

Cette attitude relève d'une stratégie plus large de rejet systématique de la politique gouvernementale par la principale formation d'opposition, le Parti de la Liberté de la Corée (qui a obtenu 24 % des voix à l'élection présidentielle de mai 2017), concurrencé par un rassemblement de centre-droit, le Parti Bareun du futur, constitué de démocrates et de conservateurs en rupture de ban. Selon l'institut de sondages Realmeter, dans une enquête dont les résultats ont été rendus publics le 26 avril 2018, le taux de soutien du parti Minjoo (au pouvoir) s'élevait alors à 52,7 %, devant le Parti de la Liberté de la Corée (20,9 %), le Parti de la Justice (social-démocrate, 5,7 %), le Parti Bareun du futur (5,7 %) et le Parti pour la Paix et la Démocratie (démocrate, 2,9 %). 

Alors que le Président Moon Jae-in a appelé à une union nationale autour du sommet intercoréen, cette proposition a été sèchement rejetée par le leader conservateur Hong Joon-pyo, qui a dénoncé un "show politique" et une politique de capitulation comparée à l'attitude des démocraties face à Adolf Hitler en 1938 : 

Si la Corée du Nord n’abandonne pas ses armes nucléaires, tout accord entre les deux Corées ne fera que bénéficier à l’ennemi (...) La comédie de la paix intercoréenne de l’administration Moon affaiblit l’alliance avec les Etats-Unis (...) Cela me rappelle l’accord de Munich de Chamberlain en 1938.

La loi de Godwin se vérifie (à savoir que plus une discussion dure longtemps, plus la probabilité d'une comparaison avec les nazis ou Adolf Hitler approche de 1) ; elle signifie surtout que la prophétie des conservateurs sud-coréens doit se réaliser, au risque sinon pour eux d'être marginalisés définitivement - alors que les élections locales du 13 juin pourraient leur faire perdre d'importantes positions. 

Dans ce contexte, les conservateurs - qui dominent la presse sud-coréenne, sont majoritaires dans la haute hiérarchie militaire et ont des relais parmi les églises protestantes, au sein de l'administration des Etats-Unis et d'autres pays occidentaux (la prudence des communiqués de certains gouvernements occidentaux, après le sommet du 27 avril 2018, témoigne de cette influence) - doivent faire échouer le dialogue intercoréen, par tous les moyens. Il y a là un risque majeur, à ne pas négliger, pour la poursuite de l'actuelle séquence diplomatique. Face aux menaces qui pèsent sur un processus encore fragile, l'AAFC espère que l'électorat rejettera, le 13 juin, les partisans des tensions et de la marché à la guerre, dont le jusqu'au-boutisme avait conduit le monde au bord du gouffre d'une guerre nucléaire en 2017. 

Sources : 

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