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23 mai 2009 6 23 /05 /mai /2009 11:23

Visé par une enquête pour corruption impliquant plusieurs de ses proches, l'ancien président sud-coréen (2003-2008) Roh Moo-hyun s'est donné la mort ce samedi 23 mai 2009. L'AAFC rend hommage à l'avocat des victimes du régime militaire et au patriote qui avait fait progresser la cause de la réunification de la Corée.

Les Coréens étaient sous le choc en apprenant, le samedi 23 mai 2009, le suicide dans la matinée de l'ancien président Roh Moo-hyun
(photo : Reuters). Plusieurs proches  du président Roh - son épouse et le mari d'une de ses nièces - étaient visés par une enquête pour corruption, affaire qui avait donné lieu à une très forte couverture médiatique par la presse conservatrice acquise au président Lee Myung-bak.  

Au cours d'une randonnée, il s'est jeté du haut d'une falaise, pendant un moment d'inattention du garde du corps qui l'accompagnait. Il est mort pendant son transfert à l'hôpital de Pusan.

L'ancien avocat des victimes du régime militaire, devenu député en 1988, s'était illustré en dénonçant la corruption, avant que le Grand parti national (GPN, conservateur) ne mène, durant le mandat présidentiel de Roh Moo-hyun (2003-2008), une campagne acharnée sur la corruption de la nouvelle majorité - ayant permis le vote sans précédent d'une procédure de destitution en 2004, avant que des élections législatives anticipées ne conduisent au Parlement une nouvelle majorité favorable au président démocrate. Dans un contexte de très forte impopularité de son successeur, le conservateur Lee Myung-bak, élu en décembre 2007 et entré en fonctions en février 2008, le GPN avait relancé sa campagne anti-Roh Moo-hyun, qui avait été un des facteurs de sa victoire politique, en faisant l'impasse sur ses propres affaires de corruption, alors que nombre de dirigeants du GPN ont commencé de bâtir leurs fortunes pendant la colonisation japonaise (1910-1945).

Tout en précisant n'avoir pas été impliqué personnellement dans les scandales de corruption visant ses proches, l'ancien chef de l'Etat s'était excusé auprès des Sud-Coréens le mois dernier, lors d'une conférence de presse, après s'être exprimé sur son blog : "Je ne symbolise plus les valeurs que vous poursuivez (...) Vous devriez vous débarraser de moi." Il avait laissé un message d'adieu : "Le reste de ma vie pourrait être un fardeau pour d'autres. Comme je ne suis pas en bonne santé, je ne peux rien faire. Je ne peux pas lire de livres, je ne peux pas écrire. Ne soyez pas tristes. La vie et la mort ne sont-elles pas une seule et même chose ?"

Déplorant un "incident triste et tragique", le président Lee Myung-bak a demandé de préparer les funérailles "avec le respect et conformément au protocole prévu pour un ancien président."

Roh Moo-hyun était né le 6 août 1946, dans une famille de paysans pauvres du village de Gimhae, près de Pusan. Il avait suivi des cours de soir pour étudier et devenir magistrat en 1977, s'impliquant dans la défense des victimes du régime militaire, notamment après le soulèvement de Gwangju en 1980, puis dans le mouvement démocratique de 1987 ayant conduit au rétablissement de l'élection du président de la République au suffrage universel direct.

Elu député en 1988, il devient célèbre en révélant la corruption du pouvoir conservateur. Farouche opposant au régionalisme, source de clientélisme dans la société coréenne, il choisit de se présenter dans un bastion conservateur, Pusan, avant de remporter l'élection présidentielle de décembre 2002, grâce à une campagne menée notamment sur Internet, alors que les médias traditionnels restent acquis aux forces conservatrices.

Son mandat est marqué, en politique intérieure, par la poursuite des réformes libérales, en particulier la négociation d'un accord de libre-échange avec
les Etats-Unis, auxquels il n'hésite toutefois pas à s'opposer, notamment sur la question de la Corée du Nord. Il a également encouragé les travaux d'enquête sur les massacres de civils par les militaires sud-coréens et les Américains au début de la guerre de Corée. Ayant poursuivi et approfondi la politique d'ouverture au Nord dite du "rayon de soleil" de son prédécesseur Kim Dae-jung, il a rencontré le dirigeant Kim Jong-il, lors du deuxième sommet intercoréen au plus haut niveau, en octobre 2007.

Si les mises en cause personnelles semblent avoir joué un rôle majeur dans le suicide de Roh Moo-hyun, cet épisode tragique est à l'image d'une situation délètère en Corée du Sud. La
répression politique et la dégradation des relations intercoréennes, alors que Lee Myung-bak traite comme des chiffons de papier les accords interétatiques du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, font planer le spectre d'un retour aux années de plomb du régime militaire.

L'AAFC présente ses condoléances à la famille et aux partisans de Roh Moo-hyun, en saluant la mémoire de l'artisan du dialogue intercoréen et le combattant pour la démocratie.

Sources : AFP, OhmyNews, wikipedia

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30 avril 2009 4 30 /04 /avril /2009 22:49
Rien ne va plus pour les libertés en Corée du Sud. Après les accusations de diffusion de fausses informations ayant entraîné l'arrestation, début janvier, de l'internaute Minerve (libéré le 20 avril, faute de preuves) et, plus récemment, du producteur de télévision Lee Chun-geun, ce sont maintenant les accusations de collusion avec la Corée du Nord qui servent à faire taire toute contestation de la politique du président conservateur Lee Myung-bak.  En effet, les poursuites se multiplient à l'encontre des organisations ou individus soupçonnés de violer la Loi dite de sécurité nationale. Cette loi instaurée en 1948 vise, entre autres, à empêcher tout contact des Coréens du Sud avec leurs compatriotes du Nord sans autorisation du gouvernement de Séoul.

Le 21 avril 2009, accusés d'avoir enfreint la Loi de sécurité nationale, Choi Han-wuk et Kang Jin-gu, principaux dirigeants du mouvement pro-réunification Solidarité pour la mise en pratique de la Déclaration conjointe Nord-Sud (Solidarité), ont été condamnés par la cour du district central de Séoul à deux ans et demi de prison chacun. La cour a considéré que Solidarité constitue un "groupe anti-Etat" dont les efforts sont tournés vers la "glorification du Nord" et l'"opposition au gouvernement sud-coréen".

La cour a aussi condamné à 18 mois de prison avec sursis Mun Gyeong-hwan et Gwak Dong-gi, deux autres dirigeants du mouvement national pro-réunification. Le juge Hong Seung-myeon dit avoir été plus sévère avec Choi et Kang car ils ont en charge la direction politique de Solidarité et sont entrés en contact avec des responsables nord-coréens sans autorisation.

Dans l'énoncé de son verdict, la cour déclare que les activités de Solidarité obéissent largement à la stratégie de la Corée du Nord, qui est de promouvoir l'anti-américanisme et de prôner un retrait des troupes américaines de la péninsule coréenne. "Solidarité est engagé dans des activités anti-américaines et anti-gouvernementales [...] en faisant la promotion de la possession d'armes nucléaires par le Nord et des réalisations de Kim Jong-il", affirme la cour. Selon la justice sud-coréenne, Solidarité pourrait ainsi perturber la perception qu'a le public de la situation dans la péninsule...

"Violation de la Loi de sécurité nationale." C'est aussi ce qui vaut des ennuis au célèbre chanteur sud-coréen, Shin Hae-chul.

A 41 ans, Shin est connu pour ses positions critiques vis-à-vis du gouvernement sud-coréen. Le 8 avril, il a posté un message sur son site Internet (www.shinhaechul.com) pour féliciter la RPDC de la réussite du lancement de la fusée Unha-2. "En tant que membre du même groupe ethnique, je félicite la République populaire démocratique de Corée pour la réussite du lancement d'une fusée, conforme à l'exercice de sa souveraineté et aux lois internationales", a écrit Shin. "Maintenir des capacités nucléaires est le seul moyen efficace qu'ont les pays faibles de résister aux plus puissants", a-t-il poursuivi. "Je suis heureux que nos frères possèdent une telle capacité de défense indépendante."

Ce message de félicitation a provoqué la colère d'organisations conservatrices sud-coréennes, lesquelles veulent poursuivre Shin Hae-chul. Bong Tae-hong, président d'une organisation qui se fait appeler "La vraie Corée", a qualifié le commentaire de Shin de "menace substantielle pour la sécurité et l'existence de la Corée du Sud." On parle bien d'un message laissé par un chanteur de rock sur un site Internet...

Instaurée en décembre 1948, la Loi de sécurité nationale a pour objectif, selon son premier article, de "supprimer les activités anti-Etat qui mettent en danger la sécurité nationale et d'assurer la sécurité de la nation, la liberté du peuple et la liberté."

L'article 2 définit comme groupes anti-Etat "les organisations nationales ou internationales ou les groupes dont l'intention est de mener ou de faciliter des actions d'infiltration du gouvernement ou d'entraîner des désordres pour la nation."

Les sanctions définies aux articles 3 et 4 incluent la peine de mort et des peines de prison d'une durée minimale de deux ans.

L'article 7 prévoit des peines jusqu'à sept ans de prison pour ceux qui encouragent la coopération avec des groupes anti-Etat mettant en danger la sécurité nationale. Il a été souvent utilisé pour détenir des personnes ayant des idées de gauche, particulièrement celles dont les idées et les opinions politiques à propos de la réunification de la Corée sont considérées comme identiques ou similaires à celles de la RPDC.

L'Association d'amitié franco-coréenne appelle à l'abolition de cette loi anachronique. (sources : JoongAng Ilbo, The Korea Times, Wikipedia)  



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30 avril 2009 4 30 /04 /avril /2009 17:20

Lors des cinq élections législatives partielles qui se sont tenues le mercredi 29 avril 2009, le Grand parti national (GPN) du président Lee Myung-bak a subi un revers cinglant, en ne remportant aucun des sièges en lice. Ces scrutins ont donné un net avantage aux partis d'opposition, ainsi qu'à des candidats indépendants.

0/5 : le Grand parti national (GPN) ne pouvait envisager pire scénario en ne remportant aucun siège, à l'issue des cinq élections législatives partielles organisées le mercredi 29 avril 2009 (photo ci-contre : la direction du GPN suit les résultats à la télévision, le président du parti Park Hee-tae étant le deuxième en partant de la droite) Le taux de participation (40,8 %) a été le plus élevé à un scrutin partiel en Corée du Sud depuis 2001 (par comparaison, le taux de participation à l'élection présidentielle de décembre 2007 a à peine dépassé la barre des 60 %). Les élections sud-coréennes ont lieu au scrutin majoritaire uninominal à un tour, comme aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

A Incheon, dans le district de Bupyeong, le siège a basculé du GPN au Parti démocrate (PD, opposition centriste), avec la victoire de Hong Yeong-pyo. Par ailleurs, Kim Yun-sik (PD) a remporté la mairie de Siheung, à Gyeonggi.

A Ulsan, le candidat du Nouveau parti progressiste (Jinbo), Cho Seung-soo, permet à cette formation politique de faire son entrée au Parlement, après avoir échoué de peu, aux élections générales du 9 avril 2008, à franchir la barre des 3 % pour disposer de plusieurs des sièges attribués au scrutin proportionnel. Classé à gauche, le Nouveau parti progressiste a fait scission du Parti démocratique du travail (PDT). Pour ce scrutin, le Nouveau parti progressiste et le PDT avaient fait alliance, ce qui pourrait marquer une étape sur le chemin de la réconciliation de la gauche coréenne.

Des candidats indépendants ont remporté les trois derniers sièges :
- dans le Jeonju, à Deokji, Chung Dong-young, l'ancien candidat démocrate à l'élection présidentielle de 2007, fait son retour en politique après un séjour de quelques mois aux Etats-Unis ; avec un score de 72,3 %, il a remporté une victore sans appel sur le candidat officiel du PD et se positionne contre la direction actuelle du PD ; un autre dissident du PD, qui avait fait alliance pour ce scrutin avec Chung Dong-young, Shin Kuhn, ancien chef des services de renseignement, l'a également emporté à Wansan, toujours dans la province de Jeonju, favorable à l'opposition, dans un pays où les clivages régionaux sont très marqués ;
- dans le Gyeongju, la victoire de Jeong Soo-seong est celle d'un proche de Mme Park Geun-hye, qui dirige l'opposition interne à Lee Myung-bak au sein du GPN, après avoir été battue de peu dans la primaire interne au GPN pour désigner le candidat à l'élection présidentielle de 2007 ; Jeong Soo-seong a défait le candidat officiel du GPN.

Si le porte-parole de la présidence de la République a refusé de commenter ces résultats, qui ne remettent pas en cause la majorité parlementaire du GPN (y compris de députés favorables à Mme Park Geun-hye, qui ont rejoint leur parti), il ne s'agit pas moins d'un revers cinglant pour Lee Myung-bak, mis en cause notamment sur les questions de respect des libertés publiques, et pour son attitude intransigeante vis-à-vis de la Corée du Nord. 

Sources : Ser Myo-ja, JoongAng Daily (y compris photo), et AAFC

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28 mars 2009 6 28 /03 /mars /2009 11:43

Les autorités sud-coréennes viennent d'arrêter Lee Chun-geun, célèbre producteur de télévision accusé d'avoir diffusé des fausses informations qui auraient encouragé les manifestations du printemps et de l'été 2008 contre le président Lee Myung-bak (Grand parti national, conservateur). Une nouvelle atteinte à la liberté d'expression qui fait peser des craintes sur les libertés publiques en Corée du Sud, avec un retour du contrôle de l'Etat sur les médias.

Le carnet du producteur, réalisé par Lee Chun-geun, a été une des émissions phares de la télévision sud-coréenne. Les téléspectateurs devront désormais d'habituer à une autre information, après l'arrestation de Lee Chun-geun arrêté dans la nuit du mercredi 25 mars 2009, pour diffamation contre le gouvernement [ici Choi Young-ki, président de l'Association des producteurs indépendants, demande à rencontrer le procureur de la République à Séoul, photo : Hankyoreh]. Lee Chun-geun est accusé d'avoir diffusé délibérément de fausses nouvelles qui auraient encouragé les immenses manifestations du printemps et de l'été 2008 contre la décision du président Lee Myung-bak (conservateur) de réouvrir le marché sud-coréen aux importations de boeuf américain, en l'absence de réévaluation des risques pour la santé humaine de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB, dite maladie de la "vache folle"). Le gouvernement sud-coréen avait finalement mis fin aux protestations pacifiques du printemps dernier, les plus importantes depuis la chute du régime militaire en 1987, par la répression, en arrêtant les leaders du mouvement. Devenu très impopulaire, Lee Myung-bak avait été contraint de négocier des garanties sanitaires et de présenter publiquement des excuses pour sa mauvaise gestion de la situation.

Les émissions de Lee Chun-geun ont été passées au peigne fin par la justice, afin de multiplier la découverte d'indices qui tendraient à prouver une intention délibérée de diffamer les autorités sud-coréennes : une image de vache ne pouvant pas marcher mais n'étant en réalité pas atteinte par l'ESB, la traduction inexacte en coréen du nom de la maladie (maladie de la "vache folle" et non de Creutzfeldt-Jakob) par la mère d'une victime, ce qui aurait imposé comme une évidence la transmission à l'homme... 

Les émission de Lee Chun-geun avait d'autres torts, notamment le fait d'avoir mis en cause le maintien de la
loi de sécurité nationale, promulguée en décembre 1948, instrument de répression des mouvements d'opposition sous couvert de lutte contre le communisme.

L'affaire Lee Chun-geun n'est que la dernière en ce qui concerne la liberté de la presse :

- la veille, dans la nuit du mardi 24 mars, Noh Jong-myeon [ici au centre, photo : The Korea Times], dirigeant du syndicat de Yonhap Television News (YTN), a été arrêté pour avoir critiqué la nomination de Ku Bon-hong, ancien conseiller à la presse de Lee Myung-bak, à la direction de YTN ; Amnesty International a alors dénoncé "le développement inquiétant de ce qui apparaît comme un effort concerté grandissant du gouvernement de contrôler les médias sud-coréens" ;

- un blogueur,
Minerve, a également été arrêté, pour avoir diffusé de fausses informations qui auraient déstabilisé les marchés financiers... et dont le blog avait surtout le grand tort d'être devenu l'un des médias les plus populaires en Corée du Sud.

Faut-il interpréter ces évolutions dans le sens d'une dérive autoritaire ? De fait, les indices préoccupants se multiplient d'une volonté délibérée de contrôle de l'information et d'inclination au pouvoir personnel :

- créée en 2001 pour défendre les droits des citoyens, la
commission nationale des droits de l'homme a annoncé qu'elle entendait saisir la justice si le gouvernement confirmait son intention d'en réduire les effectifs (de 208 à 164 emplois) : le gouvernement Lee Myung-bak entend limiter les moyens d'une structure dont le rôle se rapproche, en France, de celui du Médiateur de la République, puisqu'elle formule des recommandations non contraignantes pour l'administration, mais de nature à améliorer les pratiques administratives ; une telle stuation créerait un imbroglio juridique, nécessitant de définir préalablement l'indépendance de la commission par rapport au ministère de l'administration publique et de la sécurité ;

- le 20 février 2009,
l'assaut de la police contre les occupants d'un immeuble à Séoul a entraîné six morts : le gouvernement n'a pas donné suite à la demande de l'opposition de constituer une commission d'enquête sur les circonstances exactes du drame ;

- en décembre 2008 et janvier 2009,
l'opposition a dû bloquer l'accès au Parlement pour permettre l'examen dans des conditions normales de 85 projets de loi, que Lee Myung-bak entendait voir adopter lors d'une session extraordinaire convoquée pendant les vacances de Noël : parmi les textes controversés figure la possibilité que les  groupes de presse ou les conglomérats, acquis aux conservateurs au pouvoir, puissent contrôler les diffuseurs audiovisuels ;

- le 15 août 2008, l'opposition a boycotté les cérémonies de la Libération de la Corée, en protestant contre la
volonté du gouvernement de réécrire l'histoire ;

- à l'automne 2008, 676 historiens spécialistes de la Corée, dont 114 étrangers, ont signé un
communiqué de l'Organisation des historiens coréens contre la volonté du gouvernement Lee Myung-bak de contrôler le contenu des manuels d'histoire ; comme l'a souligné l'historien américain Bruce Cumings, "l'administration Lee vit dans le passé, se souvenant toujours de la manière d'agir de Park Chung-hee et Chun Doo-hwan. Il est très anachronique pour les politiciens de penser pouvoir contrôler l'histoire, ou les manuels d'histoire (...) Après dix années vraiment nouvelles et différentes dans l'histoire de la Corée d'après-guerre, l'administration Lee essaie de revenir en arrière, et de s'opposer aux progrès énormes accomplis depuis 1997 sous Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun, une meilleure compréhension de l'histoire d'après-guerre, la promotion de la réconciliation au sein du peuple du Sud et avec le Nord, et un changement spectaculaire d'attitude de toute la population de République de Corée [RdC, Corée du Sud] vis-à-vis du Nord." 

Quand les militaires dirigeaient la Corée du Sud, l'arrestation des dirigeants de mouvements d'opposition et le contrôle des médias constituaient les moyens privilégiés pour mettre fin à la contestation sociale et politique. A cet égard, il convient de rappeler que Grand parti national de Lee Myung-bak intègre les anciens partisans du régime militaire. Ces pratiques avaient nettement reculé pendant les deux mandats (1998-2008)  des deux présidents démocrates, Roh Moo-hyun et Kim Dae-jung, lui-même ancien opposant enlevé à l'étranger par les services secrets sud-coréens et qui n'avait dû d'avoir la vie sauve que grâce à une campagne de mobilisation internationale pour sa libération. Cette campagne avait été relayée aux Etats-Unis et en France par diverses organisations politiques, dont le Parti socialiste.

L'AAFC estime qu'il est aujourd'hui temps que les alliés de Séoul, au premier rang desquels les Etats-Unis et les Etats membres de l'Union européenne, ainsi que les organisations politiques et sociales de ces pays, prennent la mesure des événements en cours à Séoul, en faisant pression sur les autorités sud-coréennes. Lesquelles s'érigent, par ailleurs, en donneurs de leçons sur les droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée. (principale source : Financial Times).

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18 mars 2009 3 18 /03 /mars /2009 22:48

Le 14 mars 2009, Naver, le principal moteur de recherche sud-coréen, a mis à sa une, en tant que livre du jour, Les idées révolutionnaires de Karl Marx du professeur anglais Alex Callinicos. Une audace dans un pays où lire un ouvrage communiste reste un délit.

Il y a dix ans, la publication en Corée du Sud des Idées révolutionnaires de Karl Marx avait conduit en prison le président de la société Chaekalpi, qui avait traduit cet ouvrage du professeur du collège royal de Londres Alex Callinicos. Comme l'a rappelé le directeur de Chaekalpi, Kim Tae-hun : "Notre ancien président était allé en prison il y a dix ans à cause de ce livre, qui violait les lois anticommunistes du pays selon les agences chargées de l'application de la loi".

Le 14 mars 2009, Naver - le premier moteur de recherche coréen (17 millions de visiteurs quotidiens) - a présenté le même ouvrage Les idées révolutionnaires de Karl Marx comme le livre du jour, conduisant quelque 150 personnes à se précipiter sur cet ouvrage durant le week-end, selon l'éditeur. Il s'agit manifestement d'un choix éditorial de Naver, puisqu'un ouvrage de Rosa Luxemburg avait déjà été mis en avant sur le portail de Naver en janvier de cette année.

Mais si la loi de sécurité nationale, promulguée en décembre 1948 et jamais abrogée en Corée du Sud, est appliquée aujourd'hui avec moins de sévérité, elle continue de faire peser une menace permanente sur tous ceux accusés de propager des idées jugées subversives à Séoul : les éditeurs de livres jugés marxistes peuvent être condamnés à des peines de prison, et la seule lecture de ces livres expose à de possibles poursuites judiciaires. De fait, les ouvrages dits marxistes - à commencer par les écrits sur les idées du Juche - sont censurés en Corée du Sud, tandis qu'est bloqué l'accès aux sites Internet jugés favorables à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). La loi de sécurité nationale continue par ailleurs à être invoquée pour réprimer les manifestations pacifiques antigouvernementales, en inculpant les dirigeants des mouvements sociaux de subversion communiste.

Plus fondamentalement, la crise économique en Corée du Sud conduit un nombre croissant de citoyens à chercher des clés d'explication dans les analyses de Marx et des auteurs marxistes : à titre d'exemple, Le Capital que même un singe pourrait lire, de Lim Seung-soo, s'est vendu à 7.000 exemplaires depuis sa sortie en librairie en décembre 2008, devenant ainsi l'un des best-sellers des librairies de Séoul. (Source : Korea Times)

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21 janvier 2009 3 21 /01 /janvier /2009 22:36

Le 20 janvier 2009, un incident tragique a eu lieu dans le quartier de Yongsan, à Séoul, lorsque la police a voulu évacuer les occupants d'un immeuble qui protestaient contre le montant de la compensation pour la démolition de leurs résidences. Six personnes sont mortes, dont cinq manifestants et un policier. Selon les forces de police, les manifestants auraient mis le feu au toit de l'immeuble lors de l'assaut du commando pour les déloger. Pour le Parti démocratique (opposition) et les familles des victimes, l'usage excessif de la force est une des causes du drame.

Connaîtra-t-on jamais la vérité sur le tragique affrontement entre policiers et forces de l'ordre qui a fait six morts (dont un policier) le 20 février 2009 ? Tout en déclarant "navrant" un "incident aussi tragique" qui "ne doit jamais se répéter", le président Lee Myung-bak apparaît vouloir temporiser, en refusant d'établir les responsabilités avant tout établissement précis des faits. Au moment où nous écrivions des lignes, il n'avait ainsi toujours pas donné suite à la demande du Parti démocrate (opposition) d'ouvrir une commission d'enquête parlementaire, alors que le Parquet a décidé d'ouvrir une enquête.

Ils étaient entre trente et quarante personnes. Ils avaient décidé d'occuper un immeuble, afin de protester contre l'indemnisation qui leur était promise suite à la démolition programmée de leurs appartements au titre d'une opération de rénovation urbaine. Ils disposaient d'explosifs, notamment de cocktails Molotov qui auraient été lancés au moment de l'assaut des policiers pour les évacuer. L'enquête devra déterminer dans quelles conditions le feu s'est déclenché, et à partir de quel endroit, alors que le premier bilan s'établit à six morts (dont un policier) et  à 23 blessés (dont six policiers), dont plusieurs grièvement.

Le Parti démocrate, les familles des victimes et l'association à laquelle appartenaient les manifestants ont dénoncé un usage excessif de la force.

La réaction du président Lee Myung-bak amène, une fois encore, à s'interroger sur les risques d'atteintes aux libertés publiques en Corée du Sud, théâtre de protestations permanentes face au mode de gouvernement du président Lee. Après le choix de la répression pour casser les manifestations gigantesques du printemps 2008, le président sud-coréen, bien que dirigeant l'exécutif, refuse de s'interroger sur l'attitude des forces de l'ordre, lesquelles ont fait un décompte minutieux des explosifs trouvés sur place et procédé à 25 arrestations. Par ailleurs, en soulignant que seulement 7 personnes étaient des occupants de l'immeuble, elles semblent chercher à justifier l'intervention policière.  

En fin d'année dernière, l'administration Lee Myung-bak avait tenté de faire passer en force l'adoption par le Parlement de plusieurs dizaines de projet de loi pendant les congés de Noël, avant de reculer face à la détermination de l'opposition. Enfin, alors que Internet est l'un des vecteurs les plus puissants de mobilisation de l'opinion dans un pays où dominent sans exclusive les médias conservateurs, acquis au Grand Parti national du président Lee, le gouvernement sud-coréen a procédé à l'arrestation d'un blogueur anonyme, Minerva, pour diffusion de "fausses informations". Pendant plusieurs mois, Minerva avait acquis une très grande célébrité, ses articles étant lus chaque jour par des centaines de milliers de visiteurs, après plusieurs prédictions exactes sur la crise financière. Accusé de déstabiliser les marchés, Minerva avait été réduit au silence en novembre 2008, vient d'être arrêté en janvier et son identité révélée, en application de la loi coréenne sur les communications électroniques.

Sources : Yahoo! News, AFP (photo AFP : équipe de police scientifique sur les lieux de l'incendie) et KBS World Radio.

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6 janvier 2009 2 06 /01 /janvier /2009 12:00

Surnommé « le bulldozer », le président sud-coréen Lee Myung-bak était déterminé à faire adopter 85 textes de loi d'ici la fin de l'année 2008, pour libéraliser l'économie et limiter les libertés de manifestation et d'expression. C'était compter sans la résistance déterminée du Parti démocratique (opposition) qui a choisi d'occuper les locaux du Parlement.


Elu en décembre 2007 sur un programme de rupture avec ses prédécesseurs démocrates, le président sud-coréen Lee Myung-bak entend libéraliser une des économies comptant parmi déjà les moins socialisées des pays industrialisés de l'OCDE. La crise financière l'a incité à accélérer le calendrier des réformes, après avoir ignoré – puis réprimé – les centaines de milliers de manifestants qui ont protesté pacifique, au printemps 2008, contre sa décision unilatérale de rouvrir le marché sud-coréen aux importations de boeuf américain. Ces manifestations, les plus importantes depuis celles qui avaient conduit à la chute du régime militaire en 1987, avaient entraîné un effondrement de la cote de popularité de Lee Myung-bak, tombée à 20 %.


Disposant d'une nette majorité parlementaire après le ralliement d'élus "indépendants" au lendemain du scrutin (le Grand parti national compte 172 députés sur 299, contre 82 sièges pour le Parti démocratique, principale formation d'opposition), Lee Myung-bak entendait faire adopter 85 textes de loi d'ici le 31 décembre 2008. A cette fin, une session extraordinaire du Parlement a été ouverte pendant les congés de Noël.


Parmi les mesures les plus impopulaires de ce « paquet législatif » figure la ratification de l'accord de libre échange (Free Trade Agreement, FTA) avec les Etats-Unis. Il s'agissait d'un engagement pris par Lee Myung-bak, au printemps 2008, lorsqu'il avait été reçu comme l'hôte personnel du président George W. Bush.


Par ailleurs, Lee Myung-bak entend limiter la liberté de manifestation et la liberté d'expression : sont ainsi prévues l'interdiction pour les manifestants de porter des masques au cours des rassemblements, l'interdiction des plaintes collectives et, enfin, des peines de prison pour les internautes qui auraient été reconnus coupables de diffamation. En matière de liberté d'expression, la Corée du Sud possède pourtant un des arsenaux répressifs les plus complets parmi les régimes dits de démocratie parlementaire : la loi de sécurité nationale, instituée par le président Syngmann Rhee en décembre 1948, officiellement pour prévenir la subversion anticommuniste, a été utilisée pendant longtemps pour bâillonner l'opposition. Après la chute du régime militaire en 1987, le Grand parti national de l'actuel président Lee Myung-bak s'était battu avec succès contre l'abrogation de la loi de sécurité nationale, qui a ainsi pu être invoquée pour réprimer les manifestations du printemps 2008. Face toutefois à la montée en puissance médiatique d'Internet, qui a servi de relais aux manifestants du printemps 2008, l'administration Lee Myung-bak a imaginé le nouveau délit de diffamation sur la Toile.


Enfin, le « paquet législatif » envisage que les groupes de presse ou les conglomérats puissent contrôler les diffuseurs audiovisuels. Tous les principaux titres de la presse quotidienne nationale sud-coréenne, de sensibilité conservatrice, sont traditionnellement favorables au Grand parti national du Président Lee Myung-bak.


S'appuyant sur l'impopularité de l'exécutif, le Parti démocratique (opposition, centriste) veut empêcher coûte que coûte l'adoption de ces réformes législatives. Selon le président du Parti démocratique, Chung Sye-kyung, la résistance au Parlement doit s'opérer « par tous les moyens et à n'importe quel prix » : après un blocage pendant quinze jours du bureau du Président du Gukhoe (l'Assemblée nationale sud-coréenne), le 3 janvier dernier, 200 agents de sécurité ont essayé de déloger plusieurs dizaines de députés du Parti démocratique, qui bloquaient l'accès au Parlement. Plusieurs personnes ont été blessées.


Après un blocage pendant douze jours de l'accès au Parlement, le 5 janvier 2009, l'engagement du Président du Gukhoe, Kim Hyong-o, de rechercher un accord trans-partisan sur les projets de loi les plus controversés a ouvert la voie à une reprise de l'examen parlementaire. Les textes de caractère économique, y compris la ratification de l'accord de libre-échange avec les Etats-Unis (pour lequel l'accord des parlementaires américains n'est pas acquis), ne devraient pas être adoptés avant février. (Sources : AAFC ; Philippe Mesmer, « Le Parlement sud-coréen en état de siège », in Le Monde, 3 janvier 2009, p. 6 ; Le Journal du Dimanche, édition du 4 janvier 2009, d'après l'AFP)

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15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 23:31

Longtemps divisée entre de multiples organisations contraintes à la clandestinité, la gauche légale sud-coréenne s'est regroupée en 2000 dans le Parti démocratique du travail, avant la scission du Nouveau parti progressiste en début d'année 2008. L'AAFC a souhaité revenir sur l'histoire et les perspectives de la gauche politique en Corée du Sud.

Si la droite et le centre ont dominé presque exclusivement la vie politique en Corée du Sud depuis la fondation de la République de Corée en 1948, la démocratisation progressive du pays après 1987 a permis l'expression légale de partis de gauche, même si les organisations ouvertement favorables aux idées du juche restent toujours interdites à Séoul, en application de la loi de sécurité nationale qui réprime les contacts avec le Nord. Parmi celles-ci, le Front démocratique national anti-impérialiste, issu de la fusion en 1985 du Parti révolutionnaire pour la réunification et du Parti de libération stratégique, a des représentations au Nord de la péninsule et au Japon.

Après la répression du
soulèvement de Kwangju en 1980, les mouvements universitaires, étudiants et syndicaux de gauche se développent dans l'opposition au régime militaire. Leurs dirigeants, souvent inspirés par le marxisme, sont identifiés par leur appartenance à deux courants : Libération nationale (ou NL, National Liberation), qui étudie clandestinement les idées socialistes du juche élaborées par le président Kim Il-sung de la République populaire démocratique de Corée, met l'accent sur la réunification de la patrie et le départ des troupes américaines du sud de la péninsule, tandis que Démocratie populaire (acronyme anglais : PD) insiste principalement sur les antagonismes de classe, ses dirigeants étant particulièrement actifs dans les syndicats ouvriers.

Dès ses origines, la gauche sud-coréenne a ainsi été fortement soumise à des influences que les politologues occidentaux qualifieraient de nationales ou nationalistes, et qui avaient déjà marqué d'autres courants historiques du mouvement ouvrier coréen, notamment
l'anarchisme. Par ailleurs, si la distinction NL/PD aide à comprendre les conflits de tendances au sein de la gauche coréenne, il n'existe alors pas de courant structuré et les préoccupations sociales et nationales se retrouvent chez les différentes tendances. En particulier, le courant NL s'implique plus fortement en direction des syndicats à partir des années 1990.

La création du Parti démocratique du travail (PDT), en 2000, à partir d'un premier regroupement politique opéré dès 1997, réunit les différentes tendances de la gauche coréenne : au sein du PDT, le courant "Indépendance", héritier de NL, se distingue du courant "Egalité", qui succède à PD. La Confédération coréenne des syndicats (KCTU, pour Korean Confederation of Trade Unions), née de l'opposition au syndicalisme d'accompagnement de l'ancien régime militaire, a des liens étroits avec la nouvelle formation politique. Un certain nombre de membres de la fraction NL ayant initialement choisi de rester en dehors du PDT, le courant "Indépendance" ne devient majoritaire dans le nouveau parti politique qu'à partir de 2004, au fur et à mesure que le PDT regroupe le plus grand nombre des militants de la gauche légale coréenne.

D'autres héritiers de PD ont refusé l'intégration dans le PDT, jugé trop nationaliste : ils sont à l'origine du Parti socialiste coréen, à la fois anticapitaliste et très critique vis-à-vis du Nord, dont le candidat Geum Min n'a réuni que 18.000 voix à l'élection présidentielle de décembre 2007.

Les déceptions nées de la politique économique libérale du président Roh Moo-hyun, au pouvoir entre 2002 et 2007, encouragent l'essor du PDT. Malgré un mode de scrutin à très forte dominante majoritaire, le PDT décroche 10 sièges de députés (sur un total de 299) aux élections législatives de 2004, après avoir recueilli plus de 13 % des voix. Affaibli par des scissions au sein de sa propre formation politique, Roh Moo-hyun a besoin de l'appui du PDT, qui parvient ainsi à peser sur les orientations politiques nationales, en refusant notamment l'ouverture à la concurrence du marché agricole.

Toutefois, la question nationale ravive les tensions internes, sur trois sujets :

- la
souveraineté coréenne sur les îles Dokdo : alors le courant "Indépendance" insiste sur cette question, le courant "Egalité" souhaite éviter tout risque de confrontation armée ;

- l'essai nucléaire nord-coréen d'octobre 2006 : si nombre de membres du courant "Indépendance" tendent à estimer qu'il s'agit d'une garantie pour la sûreté de l'ensemble de la péninsule, en tant qu'outil de dissuasion face à l'intransigeance américaine vis-à-vis de la RPD de Corée, "Egalité" reste sur une position de principe hostile à l'arme nucléaire ;

- l'arrestation, en 2007, du secrétaire général adjoint du PDT, accusé par le gouvernement d'espionnage au profit du Nord : tout en étant hostile à une criminalisation des opinions favorables aux idées du juche comme une atteinte à la liberté d'expression, le courant "Egalité" estime nécessaire l'indépendance vis-à-vis de la RPD de Corée.

Dans ce contexte, le score décevant  (3 %) du député et ex-syndicaliste Kwon Young-ghil à l'élection présidentielle de décembre 2007, qui avait été plusieurs fois candidat au poste de chef de l'Etat, accélère les tendances centrifuges. Début 2008, le Nouveau parti progressiste (NPP), formé de membres du courant "Egalité", naît d'une scission du PDT. Il regroupe 15.000 membres, contre 70.000 pour le PDT. Par ailleurs, Corea21, qui publie une revue éponyme, est devenue l'une des premières fractions organisée en tant que telle au sein du PDT.

Aux
élections législatives, malgré la division et un contexte électoral favorable aux conservateurs, la gauche parlementaire coréenne réunit 9 % des voix, marquant ainsi son ancrage durable sur la scène politique. Avec près de 6 % des suffrages exprimés, le PDT conserve une représentation parlementaires (5 députés, dont 2 élus au scrutin majoritaire et 3 à la proportionnelle). En revanche, le NPP échoue de peu sous la barre des 3 %, requise pour obtenir des sièges au scrutin proportionnel.

Si le poids de la KCTU témoigne de la prégnance de la gauche syndicale, longtemps interdite, la gauche politique sud-coréenne doit encore capitaliser en voix le mécontentement social contre la politique du président conservateur Lee Myung-bak. En butte à la
répression, elle est l'un des fers de lance de l'opposition à la reprise des importations de boeuf américain, à l'origine des plus importantes manifestations en Corée depuis 1987.  

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17 août 2008 7 17 /08 /août /2008 19:02

En voulant changer le thème des célébrations du 15 août, le gouvernement de Corée du Sud a provoqué la colère de l'opposition. Traditionnellement, les manifestations du 15 août commémoraient la libération de la Corée, le 15 août 1945. Cette année, c'est le soixantième anniversaire de la fondation de la République de Corée (Corée du Sud) qui est mis en avant, un changement reproché au gouvernement sud-coréen accusé de vouloir "déformer l'histoire".


Le 15 août 2008, trois partis sud-coréens d'opposition, le Parti démocratique, le Parti démocratique du travail et le Parti du renouveau de la Corée, ont décidé de boycotter les manifestations organisées par le gouvernement pour le 60eme anniversaire de la fondation de la République de Corée (du Sud). Ces trois partis on préféré célébrer le Jour de la Libération par un pélerinage sur la tombe de Kim Ku, un des dirigeants du mouvement pour l'indépendance de la Corée pendant la colonisation japonaise et partisan de la réunification de la péninsule coréenne.


Aucune des manifestations organisées par le gouvernement n'a pour thème la réunification ou la réconciliation avec la Corée du Nord. En 2005, sous l'administration de l'ancien président Roh Moo-hyun, la Corée du Sud et la Corée du Nord avaient organisé des célébrations à grande échelle pour le 60eme anniversaire de la Libération de la Corée. De nombreux événements sportifs et artistiques avaient marqué cet anniversaire dans les deux pays qui montraient ainsi leur espoir d'une réunification. Rien de tel cette année.


En désignant le 15 août comme le jour du 60eme anniversaire de la Fondation de la République de Corée, le gouvernement de Séoul a chosi de célébrer un événement uniquement sud-coréen, ne laissant aucune place à des discussions sur la réunification ou la réconciliation avec le Nord, ce qui a provoqué de vives réactions de l'opposition.


Le président du Parti démocratique, Chung Sye-kyun, a ainsi affirmé que "l'histoire ne peut être modifiée par quelques personnes." Il a dit vouloir "faire obstacle aux projets du gouvernement visant à déformer l'histoire en changeant le Jour de la Libération en Jour de la Fondation."


Le président du Parti démocratique du travail, Kang Ki-sap a relevé que "l'administration du président Lee Myung-bak a nié unilatéralement l'histoire de la lutte du pays pour l'indépendance nationale et la réunification sans consulter le public."


Enfin, le président du Parti du renouveau de la Corée, Moon Kook-hyun, a appelé le gouvernement à présenter ses excuses. "Les dirigeants impliqués dans cette affaire devraient s'excuser auprès du peuple et y remédier", a-t-il dit.


Le 13 août 2008, à Séoul, réunion de la Conférence nationale pour la démocratie et la réunification pour dénoncer

l'organisation par le gouvernement de cérémonies pour le 60eme anniversaire de la fondation de la République de Corée

le 15 août, une date où est traditionnellement célébrée la libération de la Corée du pouvoir colonial japonais.

(photo : Hankyoreh)


Les partis de l'opposition ont également minimisé la portée du discours prononcé par le président Lee à l'occasion du 15 août. Une "belle promesse électorale tout droit sortie des années 60", selon eux.


Pour Choi Jae-sung, porte-parole du Parti démocratique, "les promesses de réunification resteront vides tant que le gouvernement ne changera pas sa politique vis-à-vis de la Corée du Nord. Quant à ses propos insistant sur la sécurité alimentaire, ils n'étaient pas convaincants car aucun effort n'a été fait pour lever les inquiétudes sur la maladie de la vache folle et le boeuf américain."


Park Seug-heup, porte-parole du Parti démocratique a, lui, décrit le discours du président Lee comme de la "rhétorique criarde manquant de contenu."


Environ 500 personnes membres d'organisations civiles et religieuses se sont réunies près du mémorial dédié à Kim Ku pour marquer le 63eme anniversaire de la Libération. Elles appartenaient notamment au Conseil coréen pour la réconciliation et la coopération, à Juristes pour une société démocratique, à Solidarité populaire pour une démocratie participative et à l'Alliance coréenne des mouvements progressistes. Toutes ces organisations ont publié une déclaration pour dénoncer la tentative du gouvernement sud-coréen de remplacer la commémoration de la Libération de la Corée par une célébration de la fondation de la République de Corée :


"La première loi constitutionnelle ainsi que la loi constitutionnelle actuelle exposent clairement que la République de Corée succède au Gouvernement provisoire de la République de Corée formé après le Mouvement pour l'indépendance du 1er mars 1919. L'organisation d'un 'Jour de la Fondation' est une négation de l'histoire du mouvement pour l'indépendance et de la mission que représente la réunification pacifique. Ainsi, le gouvernement perpétue la division de la péninsule coréenne.


Le gouvernement devrait prendre des mesures plus spécifiques et concrètes pour la normalisation des relations inter-coréennes en rétablissant les visites dans les monts Kumgang et en s'engageant à mettre en oeuvre les déclarations des sommets du 15 juin [2000] et du 4 octobre [2007]."


Dans un communiqué distinct, ces mêmes organisations ont également lancé un appel au gouvernement japonais :


"Le Japon devrait présenter des excuses à notre peuple pour les pertes humaines et matérielles occasionnées et apporter réparation. Le Japon ne doit plus chercher à déformer l'histoire, à s'emparer des îles Dokdo, et à réprimer les Coréens du Japon."


Mais, cette année, ce ne sont pas seulement la pertinence et la légalité des manifestations du 15 août qui sont mises en cause.


Parmi les manifestations organisées par le gouvernement sud-coréen, figure une exposition inaugurée le 5 août sous le parrainage des Archives nationales de Corée, qui dépendent du ministère de l'Administration publique et de la Sécurité. Cette exposition entend décrire l'histoire de la Corée du Sud depuis soixante ans, mais n'évoque pas le soulèvement de juin 1987, un événement majeur de l'histoire sud-coréenne qui a restauré la démocratie.


En outre, l'exposition n'offre que de maigres informations sur les deux soulèvements pro-démocratiques de 1960 et 1980, tout en couvrant largement la formation du gouvernement du premier président sud-coréen, Syngman Rhee, ainsi que l'action de l'ancien président Park Chung-hee pour le développement de l'économie. "Cette exposition veut fournir des informations factuelles sans parti pris politique", affirme le ministère de l'Administration publique et de la Sécurité, ajoutant que "les Archives nationales de Corée ne disposent d'aucune information sur le soulèvement de juin..." (source : Hankyoreh)


Syngman Rhee, premier président sud-coréen (1948-1960), s'adresse à l'actuel président Lee Myung-bak :
"Le 'Jour de la Fondation' ! Est-ce que vous ignorez la Constitution?"

Derrière eux, les collaborateurs du pouvoir colonial japonais et les anciens dictateurs se réjouissent.

(dessin paru le 15 août 2008 dans le quotidien Hankyoreh)

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11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 14:51

Les manifestations contre la décision de l'administration Lee Myung-bak de réouvrir le marché sud-coréen aux importations de boeuf américain et, plus largement, contre la politique du président conservateur sud-coréen, ont atteint un nouveau cap dans la soirée du mardi 10 juin 2008 : des centaines de milliers de Coréens ont défilé aux chandelles à Séoul et dans soixante-dix autres villes. Elu il y a moins de six mois, Lee Myung-bak cherche un échappatoire dans la formation d'un nouveau gouvernement, sans envisager de changement de cap politique.

Une vague géante, sans précédent depuis les manifestations pour la démocratie en juin 1987 : la presse a multiplié les superlatifs pour décrire l'ampleur de la mobilisation contre la décision du président sud-coréen Lee Myung-bak de réouvrir le marché sud-coréen aux importations de boeuf américain. Le défilé aux chandelles a réuni des centaines de milliers de manifestants dans les rues de Séoul (700.000 selon les organisateurs, 70.000 selon la police, 400.000 à 600.000 selon les médias), dans la soirée du mardi 10 juin 2008, alors que le matin même le gouvernement avait présenté sa démission au président Lee Myung-bak. Ce dernier est confronté à une impopularité record (20% de bonnes opinions) pour un chef d'Etat sud-coréen moins de six mois après son élection.

Employés, étudiants, mères de familles, syndicalistes ont également défilé dans 70 villes coréennes, en scandant "Lee Myung-bak dehors !", et en portant des badges caricaturant Lee Myung-bak sous les traits d'un rat. D'autres manifestations ont rassemblé les Coréens vivant en Europe.

Si les revendications se concentrent sur l'absence de révision du risque sanitaire lié à l'encéphalopathie spongiforme bovine, dans la décision de réouverture du marché sud-coréen, elles témoignent en effet d'un rejet plus global de la politique de l'administration Lee Myung-bak. Le mode de gouvernement autoritaire du président Lee, son incapacité à lutter contre la hausse des prix de l'énergie ou à relancer la croissance économique, sont dénoncés non seulement comme des marques d'incapacité, mais aussi comme une remise en cause des acquis démocratiques en Corée du Sud. Selon le Nouveau parti démocratique unifié, principale formation d'opposition, "l'arrogance et l'autosatisfaction de Lee Myung-bak correspondent à un retour en arrière dans le développement de la démocratie en Corée."

Lee Myung-bak envisagerait de nommer à la tête du gouvernement sa principale adversaire au sein de la droite conservatrice, qu'il avait battue lors des primaires pour désigner le candidat à l'élection présidentielle, avant qu'elle ne conduise une liste dissidente (largement devancée) aux élections législatives d'avril 2008 : Mme Park Geun-hye est la fille du général Park Chung-hee, dont le coup d'Etat en 1961 avait mis fin à la démocratie en Corée du Sud, avant que lui-même ne soit assassiné en 1979. (sources : Washington Post, Reuters, AFP, AAFC)

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