Si l'assassinat du général Park Chung-hee, le 26 octobre 1979, avait été perçu par les Sud-Coréens comme la promesse de réformes, la répression du mouvement démocratique par le nouveau régime militaire ouvrit la voie à des protestations de masse. La Commune de Kwangju a été l'expression de ce moment historique où le peuple a recouvré sa souveraineté face à l'oppression. Malgré son écrasement brutal, la Commune de Kwangju n'en a pas moins constitué une étape décisive dans l'histoire du mouvement démocratique en Corée du Sud, sa commémoration devenant le point de ralliement des combattants pour la liberté, dont l'AAFC salue la mémoire trente ans plus tard.
26 octobre 1979. Le général Park Chung-hee, qui a gouverné en autocrate la Corée du Sud depuis 1961, est assassiné par Kim Jae-gyu, directeur de la Korean Central Intelligence Agency, l'agence de renseignements sud-coréenne. La loi martiale est décrétée, tandis que Kim Jae-gyu devait être condamné et mort et pendu le 24 mai 1980. Moins de deux mois plus tard, le coup d'Etat du 12 décembre 1979 faisait du général Chun Doo-hwan le nouvel homme fort de la Corée du Sud.
Les mouvements démocratiques, qui avaient été sévèrement réprimés par Park Chung-hee, reprenaient cependant de la force. Le 15 mai 1980, une manifestation contre la loi martiale à Séoul réunissait 100.000 participants. La pouvoir militaire réagit en étendant la loi martiale à tout le territoire national, en fermant les universités et en interdisant les activités politiques.
C'est dans ce contexte que la contestation gagne Kwangju, capitale de la province du Cheolla, bastion de l'opposition. Le 18 mai, des étudiants se rassemblent à l'Université nationale de Chonnam, pour protester contre sa fermeture. La répression s'abat sur les manifestants comme sur les simples passants, dont l'un, Kim Gyeong-chol, est frappé à mort.
Le 20 mai, les manifestants atteignent le nombre de 100.000 : l'armée ouvre le feu et tue des civils à la gare. Les habitants de la ville réagissent en commençant à s'armer, tandis que les troupes se retirent aux alentours de Kwangju, en en bloquant les voies d'accès (photo ci-dessus, source Tim Shorrock). Des mouvements de solidarité naissent dans d'autres villes proches, la résistance se poursuivant à Mokpo jusqu'au 28 mai.
La Commune de Kwangju décide alors de se doter de ses propres institutions, mettant en place un comité civique et un comité étudiant. Le comité civique assure la gestion administrative, comme celle la circulation routière et l'aide médicale. Les nouvelles autorités engagent des négociations avec l'armée pour libérer les citoyens arrêtés, indemniser les victimes et interdire les représailles en contrepartie. En revanche, le désarmement des gardes civiques de citoyens fait débat au sein du mouvement.
L'armée réinvestit la ville les 26 et 27 mai, engageant une violente répression : le bilan officiel est de 170 morts (dont 144 civils), mais les bilans officieux sont nettement plus élevés, jusqu'à plusieurs milliers de morts. Le leader de l'opposition Kim Dae-jung, accusé d'être l'instigateur du "soulèvement", sera condamné à mort, avant que sa peine ne soit commuée en vingt années d'emprisonnement, puis à l'exil, grâce à une campagne de solidarité internationale à laquelle avait alors pris part, notamment, l'Association d'amitié franco-coréenne.
L'attitude des Etats-Unis a été sévèrement critiquée : comme l'a reconnu l'ambassadeur américain de l'époque, Gleysteen, dans une lettre au New York Times de 1982, les troupes américaines en Corée ont autorisé le transfert de renforts militaires sud-coréens de Séoul à Kwangju, au nom du rétablissement de l'ordre.
Malgré son échec immédiat, la Commune de Kwangju a été un signal déterminant du mouvement de démocratisation en Corée du Sud : la mémoire des victimes est honorée chaque 18 mai depuis 1983 et la reconnaissance de la vérité des massacres a été un mot d'ordre constant des démocrates, jusqu'aux manifestations ayant conduit au rétablissement de l'élection du Président de la République au suffrage universel direct, puis à l'élection d'un civil comme chef de l'Etat en 1992 et, enfin, à l'alternance démocratique en 1997 avec l'élection de Kim Dae-jung, naguère condamné à mort après le mouvement de démocratisation de Kwangju.
Plusieurs responsables politiques de la répression ont été condamnés en 1997, parmi lesquels l'ancien président Chun Doo-hwan, dont la peine de mort a été commuée en un emprisonnement à vie. Depuis 1997, le 18 mai est un jour de mémoire national, et une loi pour les familles des victimes est entrée en vigueur en 2002.
L'Association d'amitié franco-coréenne salue la mémoire des combattants de Kwangju morts pour la liberté. Elle honore tous ceux qui, par leur courage, ont été les initiateurs de la démocratisation en Corée du Sud.
Source principale : Wikipédia
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