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9 juillet 2012 1 09 /07 /juillet /2012 23:32

Le 24 mars 2012, Ro Su-hui, vice-président de la branche sud-coréenne de l'Alliance pancoréenne pour la réunification (Ponminryon), entrait en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), alors en deuil après la disparition du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il. Après un accueil chaleureux par ses compatriotes au Nord de la péninsule, Ro Su-hui a courageusement choisi de franchir la ligne de démarcation entre les deux Etats coréens, le long de la DMZ, pour retourner au Sud, en portant haut le drapeau de la Corée unifiée. Ro Su-hui a été accompagné notamment par Choe Jin-su, président de la branche nord-coréenne de la Ponminryon, et de représentants de l'Alliance pancoréenne de la jeunesse et des étudiants ainsi que du Comité Nord pour la mise en oeuvre de la déclaration conjointe du 15 juin. Mais dès qu'il a franchi la DMZ côté Sud, c'est un tout autre comité d'accueil qui l'attendait, comme le montrent les images ci-dessous : Ro Su-hui a été molesté et arrêté, au nom de la loi de sécurité nationale sud-coréenne, qui interdit tout contact entre le Nord et le Sud n'ayant pas fait l'objet d'une autorisation gouvernementale préalable. L'Association d'amitié franco-coréenne plaide pour que Ro Su-hui soit libéré, et que la loi de sécurité nationale soit abrogée.

 

adieux_a_ro_su_hui.jpg

 

ro_su_hui_franchissant_la_DMZ.jpg

 

ro_su_hui_arrestation.jpg

 

ro_su_hui_arrestation_3.jpgSource : Rodong Sinmun.

 

 

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 23:01

Il y a quarante ans, le communiqué conjoint Nord-Sud du 4 juillet 1972 marquait une étape fondamentale dans le long chemin vers la réunification de la péninsule coréenne. En effet, alors que les deux Etats coréens créés en 1948 - la République de Corée, au Sud, puis la République populaire démocratique de Corée (RPDC), au Nord - avaient jusqu'alors aspiré à la représentation exclusive de toute la Corée, la déclaration du 4 juillet 1972 a posé les fondements du premier dialogue intercoréen, définissant des principes qui ont guidé jusqu'à aujourd'hui le dialogue Nord-Sud. L'Association d'amitié franco-coréenne salue les valeurs fondatrices de la déclaration conjointe, expression de l'attachement de l'ensemble des Coréens à la réunification de leur patrie.

 

Préparée par des rencontres au niveau des Croix-Rouge de chacun des deux Etats coréens, la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 juillet 1972 a été rendue publique simultanément à Pyongyang et à Séoul.

 

Elle a défini les trois principes devant guider la réunification de la péninsule :

- l'indépendance, c'est-à-dire le refus de toute ingérence étrangère (y compris des organisations internationales) dans le processus de réunification, lequel doit être réalisé par les Coréens eux-mêmes ;

- la paix, en excluant tout recours à la force, moins de vingt ans après la fin des combats de la guerre de Corée ayant causé des millions de morts ;

- la grande union nationale, à savoir la volonté de dépasser les différences "d'idéologie, d'idéal et de régime" pour parvenir à la réunification.

 

Des propositions avaient été faites par la RPD de Corée pour aboutir à la déclaration conjointe du 4 juillet 1972. En avril 1971, l'Assemblée populaire suprême avait soumis en ce sens aux autorités sud-coréennes une proposition en huit points. Le 6 août 1971, lors d'un rassemblement tenu à Pyongyang, le Président Kim Il-sung avait déclaré qu'il était disposé à rencontrer à tout moment des représentants de l'ensemble des partis politiques et organisations sociales du Sud.

 

Au Sud, le général Park Chung-hee a saisi la main tendue par le Nord afin de redorer son blason politique après une difficile réélection l'année précédente, et dans un contexte international qui rendait moins automatique le soutien des Américains, engagés dans des négociations avec la Chine populaire jusqu'à la reconnaissance du régime de Pékin, et sur le point d'amorcer leur retrait du Vietnam. Signe du climat de détente, un sommet américano-soviétique s'était tenu en mai 1972.

 

lee hu rak pak sung cholPréalablement à la déclaration, Lee Hu-rak, directeur des services de renseignement sud-coréens, avait visité Pyongyang, puis Pak Sung-chol, deuxième vice-Premier ministre nord-coréen, s'était rendu à Séoul (ci-contre, Lee Hu-rak, à gauche, et Pak Sung-chol, à droite).

 

En application de l'accord du 4 juillet, le Comité de coordination Nord-Sud se réunit pour la première fois quatre mois plus tard, le 4 novembre 1972. Mais après trois rencontres du Comité, le dialogue était suspendu en août 1973.

 

Plusieurs facteurs expliquent l'échec de ce premier dialogue intercoréen. Tout d'abord, si le Sud avait accepté dans la déclaration du 4 juillet des principes défendus de longue date par le Nord, la sincérité de ses intentions pouvait être mise en doute : en octobre, Park Chung-hee avait profité de l'accueil favorable de la déclaration du 4 juillet dans l'opinion pour renforcer son pouvoir personnel en promulguant la nouvelle Constitution Yusin, la plus autoritaire de toutes celles qu'ait connues la Corée du Sud. La répression des opposants et des partisans de la réunification s'intensifiait au Sud, et l'implication du chef de la délégation sud-coréenne dans l'enlèvement, à Tokyo, de l'opposant Kim Dae-jung, motiva définitivement la RPD de Corée de suspendre un dialogue utilisé comme prétexte à la répression politique.

 

Mais les principes ainsi posés ont eu une portée qui dépassait désormais le contexte des années 1972-1973, et ils ont inspiré les étapes futures du dialogue intercoréen, notamment les déclarations Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007. Une nouvelle ère s'était ouverte sur la voie de la réunification de la Corée. 

 

Source principale : Robert Charvin et Guillaume Dujardin, La Corée vers la réunification, L'Harmattan, pp. 118-121. 

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28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 23:02

Depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, des dizaines de milliers de Coréens ont franchi le 38ème parallèle, les uns pour aller vivre en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), les autres pour s'établir en République de Corée (du Sud). Si la dégradation de la situation économique au Nord après 1992 a entraîné après cette date des mouvements de populations beaucoup plus importants du Nord vers le Sud de la péninsule, les motivations des défecteurs nord-coréens et leurs conditions de vie au Sud font souvent l'objet d'une information très partiale, les médias occidentaux accordant de préférence la parole à une petite minorité d'activistes anticommunistes, pourtant très peu représentatifs des Nord-Coréens ayant rejoint le Sud. En effet, leur discours sur les conditions de vie au Nord doit être d'autant plus considéré avec précaution qu'il est daté et surtout empreint de lourds préjugés politiques - au point que les parlementaires de la majorité de centre-gauche, au pouvoir à Séoul de 1998 à 2008, avaient demandé d'arrêter de faire témoigner des réfugiés dont les récits faisaient apparaître des contradictions qui en révélaient le caractère non fiable. Dans ce contexte, il est intéressant d'entendre aussi les témoignages de la proportion non négligeable de réfugiés nord-coréens qui, déçus de leur vie au Sud, ont choisi finalement de revenir en Corée du Nord.

 

pak_jong_suk_1.jpg

 

Elle s'appelle Pak Jong-suk. Elle a aujourd'hui 66 ans. Le 29 mars 2006, elle quitte la Corée du Nord pour la Chine. Son rêve : retrouver son père, qui l'a laissée au Nord de la péninsule pour aller vivre en Corée du Sud et échapper au danger des bombes A que le général MacArthur voulait lâcher dans le Nord de la péninsule. C'était la guerre en Corée, et elle n'était alors qu'une enfant. Quand Pak Jong-suk franchit le fleuve Tumen, à la frontière sino-coréenne, en 2006, elle a aussi un espoir : mener une vie meilleure au Sud, grâce à l'argent qu'elle espère recevoir de son père.

 

Le 29 juin 2006, ayant payé des passeurs, elle peut enfin rejoindre la Corée du Sud. Des Coréens en Chine lui ont indiqué qu'elle pourrait y retrouver son père.

 

Mais elle découvre un homme devenu inconscient suite à une intervention chirurgicale au cerveau, et qui mourra deux mois après son arrivée sans avoir pu lui parler. Elle découvre aussi la vie ordinaire des Nord-Coréens, cantonnés dans des travaux manuels ou dangereux, et dont le taux de suicide est cinq fois plus élevé que les Sud-Coréens. Elle découvre aussi que ceux qui l'ont fait venir en Corée du Sud étaient des agents des services de renseignement de Séoul, qu'elle accuse aujourd'hui de l'avoir entraînée dans un piège.

 

Alors, comme d'autres Nord-Coréens avant elle (mais dont le nombre est un secret d'Etat), elle prend un avion pour la Chine, et de là retourne en Corée du Nord le 25 mai 2012. Elle est inquiète des conséquences de son geste. Ne lui a-t-on pas dit, au Sud, qu'elle serait sévèrement punie, comme l'avait certainement été toute sa famille après sa défection ?

 

Mais elle retrouve son fils, marié et occupant un poste de professeur à l'Université Kim Won-gyun. Dans une attitude typiquement coréenne, elle est reconnaissante aux dirigeants nord-coréens et au général Kim Jong-un de l'avoir accueillie de manière chaleureuse et de lui avoir pardonné.

 

Telle est l'histoire de Pak Jong-suk, dont elle a fait part lors d'une conférence de presse qu'elle a donnée à son retour en Corée du Nord, le 28 juin 2012, au Palais des études du peuple de Pyongyang. Un témoignage bien loin des clichés habituels sur les réfugiés nord-coréens, pour reprendre la terminologie habituellement employée en Occident, et qui n'est elle-même pas neutre.

 

pak_jong_suk_2.jpg

 

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Sources : KCNA (dépêche du 28 juin 2012, dont photo) ; Shanghai Daily ; The Washington Times.

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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 23:01

affaire_espion_neo_zelandais.jpgDepuis plusieurs semaines, une affaire défraie la chronique en Corée du Sud : un Néo-Zélandais d'origine coréenne et un Sud-Coréen auraient livré des secrets militaires à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). La thèse de l' "espion néo-zélandais" a fait les titres des journaux conservateurs sud-coréens, ainsi que par des médias publics contrôlés par le gouvernement de droite de Lee Myung-bak - qui en veut une preuve manifeste de la menace que constituerait la RPD de Corée. S'il est évident que les deux Corée s'espionnent mutuellement (comment en serait-il autrement, vu la situation de la péninsule coréenne ?), le hic est que l'affaire de l' "espion néo-zélandais" est, quant à elle, tout sauf convaincante. C'est ce que révèle un des rares journaux indépendants sud-coréens, le Hankyoreh, qui a mené ses propres investigations et est considéré par l'opinion publique sud-coréenne, pour son sérieux journalistique, comme le média délivrant la meilleure information. Les conclusions sont accablantes, en révélant un cas de manipulation délibérée de l'information à laquelle se livrent, en connaissance de cause, les services secrets sud-coréens, avec leurs complicités des journaux et télévisions classés à la droite de l'échiquier politique, pour le plus grand profit des conservateurs au pouvoir à Séoul.

 

Le 30 mai 2012, le bureau des poursuites judiciaires du district de Séoul a publié un communiqué annonçant avoir arrêté deux hommes pour espionnage militaire en faveur de la Corée du Nord. L'un d'entre eux est appelé Lee : âgé de 74 ans, il est décrit comme un ancien prisonnier non converti, c'est-à-dire un prisonnier d'opinion ayant purgé de longues peines de prison dans la Corée du Sud des généraux, et ayant refusé d'abjurer ses idéaux communistes. L'autre homme, le "complice", appelé Kim, âgé de 56 ans, est un Néo-Zélandais d'origine coréenne. Présentée à la télévision, l'affaire a vite fait la une des grands titres de la presse sud-coréenne.

 

Mais un quotidien indépendant sud-coréen, le Hankyoreh, a mené sa propre enquête, et en a conclu à une mise en scène de faits pour disposer d'un cas d'espionnage nord-coréen, dans un contexte où le parti au pouvoir accuse l'opposition de complaisance envers la RPD de Corée.

 

Des documents secrets qui n'existent pas

 

La première distorsion du communiqué sud-coréen est la qualité des documents qui auraient été transmis par Kim à un agent nord-coréen : huit documents sont mentionnés, à savoir un brouilleur de GPS, un dispositif de communication expérimental par antenne satellite (le NSI 4.0), un équipement radar, de la peinture pour avion furtif, un radar d'observations aériennes, des simulateurs de vol, des scooters sous-marins et un hélicoptère SH-2G.

 

Mais un militaire de haut rang a déclaré que les documents en question ne contenaient pas de secret militaire. La police a pourtant organisé une conférence de presse, le 5 juin, où elle a déclaré avoir demandé une étude à deux experts militaires et deux experts civils, qui auraient conclu que les huit documents constituaient tous des secrets militaires.

 

Le Hankyoreh ayant interrogé les experts militaires ayant conduit l'enquête, ceux-ci ont répondu qu'il n'y avait rien que l'on puisse qualifier de documents, mais seulement quelques lignes dans un e-mail envoyé par Lee à Kim, et lui demandait de réunir des documents. C'est cet e-mail auquel les experts ont eu accès. Le courrier électronique ne contenait que les mots "radar d'observations aériennes", et il n'y avait pas de documents originaux ou de copie.

 

Un autre responsable militaire a déclaré au Hankyoreh que la police avait d'abord posé des questions sur le NSI 4.0, dont la technologie était considérée comme la plus sensible. Mais les seuls documents montrés par la police étaient un e-mail et une brochure.

 

Un récit différent a été donné par un des experts civils, Shin In-kyun, président du Réseau de défense coréen (Korea Defence Network), un ancien directeur de studio de photographie s'étant spécialisé tardivement dans les questions de défense. Ce dernier aurait déclaré à la police que les documents "seraient d'une aide considérable pour la Corée du Nord s'ils tombaient dans ces mains". Interrogé par le Hankyoreh sur la nature de ces documents, il a répondu ne pas pouvoir dire exactement de quoi il s'agissait. Le même Shin In-kyun n'avait toutefois pas hésité à déclarer très précisément à un média conservateur, le 1er juin, que la technologie relative au brouillage de GPS était liée aux attaques récentes qu'auraient conduites les Nord-Coréens en ce domaine, attaques dont la preuve reste toutefois à apporter et, si tel était le cas, qu'elle auraient un lien avec l'affaire de l'espion néo-zélandais.

 

Le "prisonnier non converti" et l'agent nord-coréen fantôme

 

Dans leurs premières déclarations, les services de police avaient décrit Lee comme un ancien prisonnier non converti. Plusieurs médias conservateurs avaient alors dénoncé les anciennes administrations démocrates sud-coréennes pour leur laxisme vis-à-vis des anciens prisonniers d'opinion - dont elles avaient fait libérer plusieurs dizaines - en ayant ainsi permis à l'un d'eux de commercer avec la Corée du Nord. Comme l'avait déclaré l'un de ces médias, les anciens prisonniers non convertis "peuvent devenir des agents nord-coréens à tout moment".

 

Pourtant, comme l'a montré l'enquête du Hankyoreh, Lee aurait signé en janvier 1988 un engagement où il renonçait à ses idées communistes (il aurait donc bien été "converti"). Interrogée sur ce point, la police de Séoul a précisé l'avoir décrit comme un "prisonnier non converti", car l'expression "ancien prisonnier converti" est peu employée par les personnes concernées...

 

Toujours selon les médias conservateurs sud-coréens, tirant leurs sources des services de renseignement, les activités d'espionnage auraient commencé à être conduites par Lee en 2005, quand l'administration démocrate de Roh Moo-hyun était au pouvoir. Mais un responsable du ministère de la Réunification sud-coréen a révélé que l'autorisation avait été donné à Lee de commercer avec la Corée du Nord en 1994... quand la droite du Président Kim Young-sam était au pouvoir. Là encore, la police a dû modifier sa version des faits, en parlant désormais d'une autorisation donnée en 2005, mais aussi d'autorisations au cas par cas pour aller et venir en Corée du Nord avant cette date...

 

Par ailleurs, toujours selon les déclarations de la police, un espion nord-coréen aurait rencontré Lee et Kim au domicile de Kim en 2011, en leur donnant l'ordre de réunir une série de documents secrets. Un policier ayant rencontré les enquêteurs du Hankyoreh n'a pu que déclarer que Lee avait travaillé dans une entreprise où se trouvait une personne suspectée d'espionnage avec le Nord. Quand les journalistes ont insisté pour savoir si cette personne suspecte figurait effectivement dans les listes des services de renseignement sud-coréens, ce même policier a affirmé que ce serait au juge de le déterminer. En d'autres termes, rien ne prouve à ce stade que la personne rencontrée en 2011 soit bien un agent nord-coréen, ni même qu'elle ait formulé la demande d'obtenir des informations secrètes.

 

Les "autres parties impliquées" 

 

Les déclarations de police parlant d'autres parties impliquées dans cette affaire, les journalistes du Hankyoreh ont rencontré d'autres anciens prisonniers d'opinion ayant purgé de longues peines de prison, ainsi que des proches de Lee et Kim.

 

Lee a été décrit comme un homme d'affaire ayant réussi dans le commerce des campanules et des fougères. Son intérêt pour les questions liées à la réunification est considéré comme nul par une des ses anciennes salariées ayant travaillé avec lui pendant 7 ans de 2000 à 2007, et il n'a plus non plus rencontré d'anciens prisonniers politiques, consacrant toute son énergie à ses affaires.

 

Les personnes interrogées se sont aussi demandées pourquoi la Corée du Nord aurait utilisé comme intermédiaire un homme de 70 ans, sans connaissance des questions militaires.

 

Quant au complice néo-zélandais, Lee, sa femme a déclaré par téléphone au Hankyoreh que Kim, qui avait rencontré Lee pour des activités de commerce avec la RPDC, avait fourni des ustensiles de cuisine à l'armée sud-coréenne, puis qu'il avait choisi d'émigrer en Nouvelle-Zélande en 2001, dans le souci d'offrir une meilleure éducation à ses enfants. La femme de Lee a nié toute transmission d'informations militaires par son mari.

 

La police dit disposer d'informations selon lesquelles Lee aurait rencontré un expert de la technologie du GPS, dénommé Jeong, qui a travaillé plus de deux décennies auparavant dans une compagnie aérienne sud-coréenne. Depuis plus de dix ans, Jeong est actif dans le domaine des équipements pour le métro. Plusieurs journaux ont affirmé que Jeong aurait travaillé pour une entreprise de défense, mais les journalistes du Hankyoreh n'ont recueilli aucune preuve en ce sens.

 

Interrogé sur les raisons pour lesquelles Jeong n'avait pas encore été mis en examen, un officier de police a expliqué qu'il fallait d'abord déterminer si Jeong avait transmis des documents à la Corée du Nord... 

 

L'affaire de l' "espion néo-zélandais", ne reposant sur aucune preuve convaincante, a comme un arrière-goût de Cheonan. Le combat pour la libération de Kim et de Lee doit être une préoccupation de tous les démocrates. Enfin, si l'on peut comprendre, tout en le déplorant, que des personnes soient prêtes à tout, en Corée comme ailleurs, pour conserver le pouvoir - en l'occurrence les conservateurs du parti Nouvelle frontière - il est navrant que l'opinion publique sud-coréenne accepte aussi facilement une telle histoire. La démocratisation des médias reste décidément un combat toujours actuel en Corée du Sud.

 

Source : Hankyoreh (dont photo).

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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 21:21

Kyong_Ho_Seong_Wu.jpgPremier ordre bouddhique de Corée qui regroupe les neuf dixièmes des bouddhistes sud-coréens, l'ordre Jogye (ci-contre, à gauche, Kyong Ho Seong-wu, 75ème patriarche) a renouvelé, le 2 mai 2012, ses appels au dialogue intercoréen, pour prévenir les risques de conflit dans la péninsule coréenne. L'engagement pour la paix des bouddhistes de l'ordre Jogye rejoint celui de l'Association d'amitié franco-coréenne.

 

 Dans une déclaration rendue publique le 2 mai 2012, l'ordre bouddhique Jogye a manifesté ses inquiétudes sur les risques d'un "conflit militaire accidentel" entre les deux Corée, alors que l'escalade des tensions accroît les menaces de guerre. L'ordre Jogye a appelé au dialogue intercoréen :" Avec calme et retenue, le Sud et le Nord doivent entamer un dialogue dès que possible pour résoudre la tension".

Les bouddhistes de l'ordre Jogye ont appelé, de manière constante, à la paix et au dialogue en Corée. Lors d'une rencontre des
principaux ordres religieux du Nord et du Sud à Pyongyang le 22 septembre 2011, auquel participait notamment le Vénérable Jaseung, président de l'Ordre bouddhiste Jogye, les participants avaient adopté une déclaration commune pour la réconciliation nationale, l'unité et la réunification pacifique, sous le mot d'ordre "Par la nation coréenne elle-même", en appelant à mettre fin aux tensions et aux confrontations, à écarter le danger de guerre et à assurer une paix durable.

En mars 2010, après avoir essuyé un refus initial du gouvernement sud-coréen, les bouddhistes de l'ordre Jogye avaient été autorisés à se rendre Nord, afin de promouvoir le dialogue religieux intercoréen.

En mars 2012, une cérémonie a consacré le Vénérable Jinje comme le nouveau président de l'ordre Jogye. Né en 1934 à Namhae, dans la province du Sud Gyeongsang, fondateur du Temple Haeunjeong en 1971, le Vénérable Jine a présenté la réunification du Nord et du Sud de la Corée comme la question majeure à l'époque actuelle, en déclarant que la non-violence permettrait de réunifier la péninsule.

 

venerable_jinje_mars_2012.jpg

 

Sources : AAFC, KBS, Yonhap.

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23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 23:05

Le 20 avril, un vaste rassemblement civil et militaire s'est tenu sur la place Kim Il-sung à Pyongyang, et d'autres manifestations ont eu lieu à travers l'ensemble du pays pour dénoncer "le groupe de Lee Myung-bak", au pouvoir à Séoul. De tels rassemblements pour dénoncer la politique intercoréenne du gouvernement sud-coréen n'avaient plus eu lieu depuis quinze ans, alors que le président sud-coréen Lee Myung-bak a vivement critiqué les manifestations organisées par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pour le centième anniversaire de la naissance du Président Kim Il-sung. La condamnation par Séoul du lancement du satellite Kwangmyongsong-3, ainsi que l'annonce de nouvelles sanctions unilatérales du gouvernement sud-coréen, ont créé un grave climat de tensions dans la péninsule coréenne.

 

Dans son premier discours prononcé en public, le 15 avril 2012, le premier secrétaire du Parti du travail de Corée (PTC) Kim Jong-un s'était adressé à ses "frères du Sud" auxquels il avait tendu la main : "le Parti du travail de Corée et le gouvernement de notre République tendront la main à tous ceux qui désirent sincèrement la réunification du pays et souhaitent la paix et la prospérité de la nation et se dépenseront de façon responsable et avec persévérance pour la cause historique de la réunification". Dans ce discours fondateur, prononcé à l'occasion du centième anniversaire de la naissance du Président Kim Il-sung, célébré en RPDC comme le jour du Soleil, aucune critique n'avait été émise à l'encontre du gouvernement conservateur sud-coréen dirigé par Lee Myung-bak.

Mais face à ces signes d'ouverture, le pouvoir sud-coréen a poursuivi sur la voie de la critique de la RPD de Corée, certainement encouragé par son succès inattendu aux élections législatives du 11 avril. En effet, le Parti Saenuri et ses alliés - les ultraconservateurs, en perte de vitesse, du Parti de l'avancement de la liberté, et le Parti de la vision coréenne - bien que légèrement devancés par l'opposition au scrutin de liste national pour l'attribution des 54 sièges pourvus à la proportionnelle (46,7 % des voix, dont 42,8 % pour le Parti Saenuri et 3,2 % pour le Parti de l'avancement de la liberté, contre 48,3 % pour l'opposition, dont 36,5 % pour le Parti démocratique et 10,3 % pour le Parti progressiste unifié), ont remporté une majorité des 246 sièges attribués au scrutin uninominal à un tour. Au total, le bloc conservateur a obtenu 157 sièges (dont 152 sièges pour le Parti Saenuri et 5 sièges pour le Parti de l'avancement de la liberté, qui en dépassant de peu le seuil de 3 % pour remporter des sièges au scrutin proportionnel a obtenu sur le fil deux sièges), conservant une courte majorité de 7 sièges. Le Parti démocratique (libéral) a remporté 127 sièges, tandis que le Parti de la Corée créative a disparu du Parlement (0,4 % des voix à la proportionnelle). A gauche, le Parti progressiste unifié a progressé avec 13 sièges, devançant très largement le Nouveau parti progressiste (1,1 %, plus aucun siège). Les 3 sièges restants ont été remportés, au scrutin majoritaire, par des candidats indépendants.

 

Dans ce contexte, les rassemblements qui se sont tenus en RPD de Corée contre les conservateurs au pouvoir à Séoul, après les manifestations du 15 avril, expriment un mécontentement contre des réactions et des commentaires qui se sont exprimés au Sud à l'occasion des commémorations d'anniversaire, ainsi que des critiques exprimées par les conservateurs lors du lancement du satellite nord-coréen Kwangmyongsong-3.


Dans un communiqué publié le 19 avril intitulé "Le gouvernement sud-coréen accusé de désacraliser les événements du Jour du Soleil", le gouvernement de la RPD de Corée, les partis politiques et les organisations sociales ont dénoncé une apparition publique du "traître Lee Myung-bak" pendant les festivités, dénonçant le coût selon lui exorbitant des cérémonies, dont les sommes n'auraient pas été consacrées à l'approvisionnement alimentaire. Selon le communiqué nord-coréen, il s'agit d'une insulte et d'une provocation visant le système social, le peuple et la direction de la RPDC.

Le 20 avril, un rassemblement s'est tenu sur la place Kim Il-sung à Pyongyang, appelant à chasser  du pouvoir le groupe Lee Myung-bak. Une déclaration du commandement suprême de l'Armée populaire de Corée, lue par Yom Myong-su, a dénoncé les conservateurs sud-coréens pour avoir "blessé la dignité de la direction suprême de la RPDC", en faisant allusion à des rassemblements où le portrait des dirigeants avait été brûlé. Dans la culture asiatique de tradition confucéenne, fortement imprégnée du respect de l'autorité, de telles actions sont effectivement considérées comme une atteinte intolérable aux symboles de la nation et de l'Etat. Les manifestations de rue dès 2008 en Corée du Sud contre le président Lee Myung-bak, en le dépeignant (déjà) sous les traits déshumanisés d'un rat, avaient largement circulé et justifié une répression de l'opposition au nom de la loi de sécurité nationale. Lors du rassemblement du 20 avril à Pyongyang, d'autres intervenants ont représenté, respectivement, les syndicats, les travailleurs agricoles et les mouvements de jeunesse.

 

manifestation_contre_lee_myung_bak_pyongyang_20_avril_2012.jpg
En réponse à des questions posées par l'agence nord-coréenne KCNA, le 21 avril, un porte-parole du Comité pour la réunification pacifique de la Corée a dénoncé "l'hystérie guerrière" du groupe Lee Myung-bak, alors que Séoul a affirmé que de nouveaux missiles pouvaient atteindre n'importe quel point du territoire nord-coréen, et qu'il a réactivé le souvenir du Cheonan - du nom d'un navire sud-coréen ayant fait naufrage il y a deux ans, sans que l'implication du Nord dans cet incident n'ait pu être démontrée, malgré les allégations du pouvoir sud-coréen. Toujours le 21 avril, l'attitude de confrontation des conservateurs sud-coréens a été vivement dénoncée par un porte-parole du Comité central du Front démocratique pour la réunification de la Corée.

 

D'autres rassemblements appelant à "balayer le groupe Lee Myung-bak" ont eu lieu en dehors de la capitale, le 22 avril, à l'appel des syndicats à Kaesong, ainsi que dans les provinces du Nord Pyongan et de Kangwon. Les observations du "traître Lee Myung-bak" ayant gravement "porté atteinte au commandement suprême de la RPD de Corée et à son système social" ont fait l'objet, le 23 avril, d'un bulletin d'information du secrétariat du Comité pour la réunification pacifique de la Corée.

 

rassemblement_anti_LMB_23_avril.jpg

Les déclarations et les manifestations qui se succèdent depuis le 19 avril en RPD de Corée sont peu banales par leur intensité et leur ampleur. Alors que les conservateurs se sont maintenus au pouvoir le 11 avril en faisant notamment souffler "le vent du Nord", après avoir déconstruit les politiques de rapprochement intercoréen patiemment élaborées sous les mandats des président démocrates Kim Dae-jung (1998-2003) et Roh Moo-hyun (2003-2008), un des enjeux du scrutin présidentiel sud-coréen du 19 décembre sera le retour, ou non, à une politique de dialogue intercoréen. Dès le 18 avril, le ministre de la Réunification Yu Woo-ik a annoncé que les échanges sportifs, artistiques et religieux entre les deux Corée seraient remis en cause par le lancement du satellite nord-coréen ayant eu lieu le 13 avril dernier. Pour l'AAFC, une telle position, consistant à subordonner les projets de la société civile sud-coréenne aux objectifs de politique intercoréenne des conservateurs au pouvoir à Séoul, tend gravement à méconnaître les principes de liberté d'association et d'opinion, fondements d'une société démocratique. 

Source principale : KCNA.

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 22:53

Le 14 mars 2012, à Paris salle Pleyel, marquera une date historique dans l'histoire culturelle des relations intercoréennes : soixante-dix musiciens (soit quatre-vingt-dix personnes avec leurs accompagnateurs) de l'Orchestre Unhasu de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) joueront sous la direction du maestro sud-coréen Chung Myung-whun, chef de l'Orchestre philharmonique de Radio France, ainsi que de l'Orchestre de Séoul. L'Association d'amitié franco-coréenne salue cette initiative sans précédent qui contribue à la paix et au rapprochement des peuples, et marque un temps fort sur le chemin de la réunification de la Corée.

 

Chung myung whun in pyongyangCe n'est pas encore un concert intercoréen tel que l'avait envisagé le chef sud-coréen, résidant en France, Chung Myung-whun, à l'issue d'une première visite à Pyongyang, en septembre 2011, où il avait dirigé l'Orchestre symphonique d'Etat de la RPD de Corée, mais c'est déjà un pas considérable sur la voie de la paix et de la réunification de la Corée.

 

Le 14 mars 2012, salle Pleyel, grâce au soutien de Radio France, quatre-vingt-dix jeunes musiciens de l'Orchestre Unhasu, âgés en moyenne d'une vingtaine d'années, joueront pendant 140 minutes sous la baguette de Chung Myung-whun, qui s'est à nouveau rendu à Pyongyang fin février pour répéter avec les joueurs.

 

La première partie comportera à la fois des morceaux coréens et des oeuvres étrangères, exclusivement interprétées par les musiciens coréens de la RPD de Corée, qui doivent séjourner dans notre pays du 11 au 16 mars prochains pour un concert unique. La deuxième partie sera un concert conjoint avec l'Orchestre philharmonique de Radio France, au cours de laquelle sera jouée la symphonie n° 1 de Brahms.

 

Dans un entretien à l'agence Reuters, Chung Myung-whun a souligné la portée politique considérable de ce concert pour le rapprochement des Coréens, qui aspirent tous à la réconciliation Nord-Sud et à la réunification de leur patrie : "Ma démarche est à la fois musicale et humaine. Je n'ai encore rencontré aucun Coréen, au Nord comme au Sud, qui n'aspire à ce que nous soyons réunifiés un jour, ou au moins à ce que nous ayons de bonnes relations. [...] La musique rassemble les gens, particulièrement la musique classique qui triomphe des frontières politiques."

 

Le 26 février 2008, le concert historique de l'Orchestre philharmonique de New York, au Grand-Théâtre de Pyongyang Est, avait représenté un moment unique dans les relations entre les Etats-Unis et la RPD de Corée. Le monde avait également découvert le très haut niveau des musiciens nord-coréens.

 

Sources principales : AAFC, 20 minutes (d'après Reuters).


 

Le concert sera diffusé en direct le 14 mars 2012 à partir de 20h30 sur France Musique et sur France Inter, et sera visible sur le site ArteLiveWeb.

Renseignements, réservation : Salle Pleyel

 

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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 00:09

DeuxCor-e.jpgLe 2 février 2012, le département politique de la Commission de la défense nationale (CDN) de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a posé des questions ouvertes aux autorités sud-coréennes sur les conditions d'une reprise du dialogue intercoréen. Alors que la préparation des prochains exercices conjoints américano - sud-coréens Key Resolve et Foal Eagle contredit les déclarations de la Corée du Sud qui se dit disposée à reprendre les échanges Nord-Sud, les questions posées par la CDN méritent d'être examinées en détail, dans la mesure où elles posent les bases pour renouer le dialogue intercoréen. Mais le pouvoir en place à Séoul acceptera-t-il de passer des paroles aux actes, et de saisir - enfin - la main tendue par Pyongyang ?

 

 La première question posée par la CDN porte sur l'attitude des autorités sud-coréennes après la mort du dirigeant Kim Jong-il, laquelle a heurté les sentiments du peuple coréen de la RPD de Corée. En particulier, les médias conservateurs et pro-gouvernementaux ont répandu des rumeurs sur de prétendues sanctions à l'encontre des Nord-Coréens qui n'auraient pas manifesté leur affliction.

 

 La propagation de rumeurs par les médias conservateurs sud-coréens n'est pas nouvelle : alors qu'elle semblait appartenir au passé politique sud-coréen, quand les militaires tenaient le haut du pavé à Séoul, elle avait toutefois déjà resurgi après la participation du Cheollima à la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, en 2010. Dans le cas cette fois du deuil ayant suivi la disparition du Président Kim Jong-il, les médias nord-coréens ont toutefois jugé nécessaire de publier un démenti.

 

 La deuxième question porte sur la volonté, ou non, des autorités sud-coréennes de manifester publiquement leur soutien aux déclarations conjointes du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, signées par les deux gouvernements coréens et qui impliquent donc chacun des gouvernements au-delà des changements de majorité politique.

 

 Cette demande a été réitérée de manière constante par la RPD de Corée depuis le retour au pouvoir des conservateurs à Séoul en 2008. Le gouvernement Lee Myung-bak, tout en se prétendant ouvert au dialogue intercoréen, a remis en cause les acquis de la politique "du rayon de soleil" de ses prédécesseurs démocrates, mais sans rejeter clairement les déclarations Nord-Sud de 2000 et du 2007 qui bénéficient toujours d'un très large soutien de l'opinion publique sud-coréenne.

 

 La troisième question porte sur l'arrêt d'une instrumentalisation par Séoul des incidents du Cheonan et de l'île Yeonpyeong. La Corée du Sud continue en effet de considérer que des excuses de Pyongyang sont le préalable à une reprise du dialogue intercoréen.

 

La RPD de Corée a toujours nié toute implication dans le dramatique naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan. Alors que l'enquête officielle a suscité de nombreuses interrogations, notamment d'un ancien membre de l'équipe d'enquête choisi par l'opposition sud-coréenne et de membres de la Marine russe pourtant invités par la Corée du Sud à examiner les "preuves" prétendument recueillies, il convient de rappeler que le Conseil de sécurité des Nations Unies a pris une position équilibrée évitant toute sanction.

 

La CDN de RPDC a rappelé, par ailleurs, que la proposition de Pyongyang de coopérer à une enquête commune pour établir la vérité avait été rejetée par Séoul.

 

S'agissant des graves incidents au large de l'île Yeonpyeong en novembre 2010, les deux gouvernements coréens se renvoient la responsabilité des affrontements.

 

La quatrième question porte sur l'arrêt des exercices militaires conjoints contre la RPD de Corée. Selon la commission de la défense nationale de la RPD de Corée, "s'asseoir en face de son ennemi avec un poignard à la ceinture tout en parlant de paix n'a pas de sens". Si le pouvoir sud-coréen "veut vraiment le dialogue et l'amélioration des relations, il doit d'abord enlever son poignard et créer une atmosphère favorable" à la discussion.

 

La cinquième question porte sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne et les conditions pratiques d'atteindre cet objectif.

 

L'arme nucléaire nord-coréenne a, selon la RPDC, un rôle de dissuasion alors que le gouvernement Lee Myung-bak a introduit le concept de "dissuasion nucléaire élargie" en plaçant la Corée du Sud sous le parapluie nucléaire américain : dans ce contexte, Pyongyang ne peut pas envisager de désarmement nucléaire unilatéral.


La sixième question porte sur l'arrêt de la guerre psychologique menée par la Corée du Sud à l'encontre de la RPD de Corée. Les thématiques d' "urgence" et de "changement de régime" au Nord sont ainsi répétées à l'envi par Séoul.

 

La septième question porte sur la volonté, ou non, de Séoul de reprendre les projets de coopération Nord-Sud, dans l'intérêt national, de la paix et de la prospérité. L'essor de la zone industrielle de Kaesong - qui vient de franchir le cap des 50 000 travailleurs nord-coréens, mais dont le développement est bien moins rapide qu'initialement prévu - et la reprise du tourisme intercoréen des monts Kumgang sont des exemples tangibles de projets bénéficiant à l'ensemble de la Corée.

 

La huitième question porte sur le remplacement de l'accord d'armistice de 1953 par un mécanisme qui garantirait la paix dans la péninsule coréenne, qui n'a été que trop endeuillée par des affrontements intercoréens. Or la consolidation de l'alliance américano - sud-coréenne par le gouvernement du Président Lee Myung-bak n'a pas oeuvré en ce sens.

 

La neuvième question porte sur l'abrogation de la loi de sécurité nationale, qui interdit tout contact entre le Nord et le Sud et a été utilisée pour réprimer les activités en faveur de la réunification de la Corée.

Tout en adoptant un ton très critique vis-à-vis du pouvoir conservateur à Séoul, le communiqué de la CDN de la RPD de Corée multiplie les thèmes sur lesquels la Corée du Sud peut apporter concrètement des garanties et relancer ainsi le dialogue Nord-Sud.


Sources principales : AAFC, KCNA (dépêche du 2 février 2012).

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 00:24

Depuis la décision du gouvernement sud-coréen de n'avoir autorisé la visite au Nord que de deux délégations pour présenter leurs condoléances au défunt Président Kim Jong-il, les relations intercoréennes se sont nettement tendues. La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) reproche sévèrement aux autorités sud-coréennes de n'avoir pas respecté les sentiments des Nord-Coréens en deuil, ainsi que de poursuivre une politique de confrontation : en effet, Washington et Séoul ont décidé de maintenir leurs exercices Key Resolve, tout en annonçant récemment un nouveau plan conjoint visant à contrer la RPD de Corée, dans une discrétion qui ne peut qu'inquiéter tous les partisans de la paix. Une telle posture guerrière est regrettable, dans la mesure où elle risque d'envenimer encore davantage les relations Nord-Sud - à un moment où le contexte dans la péninsule coréenne devrait, au contraire, appeler la plus grande retenue.

 
Depuis la disparition du Président nord-coréen Kim Jong-il, il ne se passe pas une semaine sans que les médias de la RPD de Corée ne dénoncent la "politique de confrontation" du Président sud-coréen Lee Myung-bak, ni ne réaffirment que Pyongyang ne discutera plus avec un groupe de "traîtres" à la cause de la réunification de la Corée.

 

Dans ce contexte, les choix récents du Président sud-coréen Lee Myung-bak n'ont pas contribué à l'apaisement des tensions.

 

Lors d'une visite à une unité militaire située sur la DMZ le 18 janvier dernier, le Président Lee Myung-bak a appelé à prévenir toute "provocation militaire" de la RPD de Corée. Cette initiative, qui correspondait avec l'anniversaire du premier mois de la disparition du Président Kim Jong-il, a été très vivement critiquée par Pyongyang, qui a dénoncé "une insulte impardonnable au peuple nord-coréen qui pleure encore" son dirigeant défunt, tandis que l'agence KCNA de la RPD de Corée réitérait qu'il n'y aurait plus de discussion avec l'actuelle direction sud-coréenne - dont le maintien au pouvoir est, du reste, suspendu au verdict des urnes (législatives au printemps, présidentielle en décembre).


Alors que les exercices militaires Key Resolve doivent se tenir conjointement entre les troupes américaines et sud-coréennes à partir de la fin février, Séoul a manifestement décidé d'en maintenir l'organisation suivant le calendrier initialement retenu, bien que celui-ci coïncide fâcheusement avec la traditionnelle période de deuil de cent jours suivant le décès du Président Kim Jong-il. Le seul sujet qui resterait apparemment en discussion serait l'ampleur des troupes impliquées, alors que des exercices militaires conjoints américano - sud-coréens ont été menés depuis deux ans avec une fréquence inédite et en mobilisant un nombre sans précédent de soldats et de matériels dans la péninsule coréenne depuis l'armistice de 1953.

 

Dans ce contexte, la tenue des exercices Key Resolve a été sévèrement dénoncée par l'agence KCNA qui a condamné, dans une dépêche en date du 28 janvier 2012, une "provocation militaire" "grave et impardonnable", et sapant les efforts de la communauté internationale en faveur de la paix et de la stabilité dans la péninsule coréenne. Sous couvert d'exercices réguliers prétendument défensifs, Key Resolve représente, toujours selon KCNA, un entraînement pour une guerre nucléaire d'agression dans la péninsule coréenne, visant à occuper l'ensemble de la Corée par les armes.


jung_seung_jo_washington_24_01_2011.jpg
De fait, une circonstance aggravante est que l'annonce de ces exercices annuels coïncide avec une rencontre au Pentagone entre le général Jung Seung-jo, chef d'état-major interarmées sud-coréen, et son homologue américain (photo ci-dessus). La venue du plus haut gradé sud-coréen est en elle-même un symbole de la subordination des troupes de la République de Corée du Sud aux forces américaines en cas de guerre dans la péninsule, quelle que serait par ailleurs la position du Président sud-coréen élu à Séoul. Plus significativement encore, un nouveau plan conjoint contre la RPD de Corée, appelé Strategic Planning Directive (SPD), a été signé par les deux hommes dans une discrétion souhaitée par la partie sud-coréenne, et sans que le contenu n'en soit divulgué à la presse - alors que l'histoire enseigne les dangers que font courir à la paix les accords militaires secrets.


Ayant plaidé constamment pour que se taise le fracas des armes dans la péninsule coréenne, afin que plus jamais des Coréens n'affrontent d'autres Coréens, l'Association d'amitié franco-coréenne réitère toutes et tous à signer la pétition pour la paix en Corée.

 

Sources principales : AAFC, KCNA, Yonhap (dont photo).

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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 22:27

ri_se_gyun.jpgLe 15 janvier 2012, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a fêté le 90e anniversaire de Ri Se-gyun. Ancien prisonnier d'opinion détenu pendant trente ans dans les geôles sud-coréennes, Ri Se-gyun est né le 15 janvier 1922 à Jeonju, dans la province du Cheolla du Nord. Il a rejoint la guérilla communiste pendant la guerre de Corée, avant d'être arrêté. Torturé par la police du général Park Chung-hee, il a refusé de se convertir en renonçant à ses idéaux communistes. Le 2 septembre 2000, il a été l'un des 63 anciens prisonniers non convertis rapatriés au Nord de la péninsule, dans le cadre d'un accord intercoréen adopté sur la base de la Déclaration conjointe du 15 juin 2000.

Pendant la guerre de Corée, puis pendant les années des régimes autoritaires de Syngman Rhee, Park Chung-hee et Chun Doo-hwan, de nombreux Sud-Coréens ont été emprisonnés pour délit d'opinion, en raison de leurs sympathies pour le Nord. A partir de 1973, le gouvernement militaire du régime Park Chung-hee a mis en place un programme de "conversion" de centaines de détenus politiques. Ceux qui ont refusé de renoncer à leurs opinions ont été torturés, subissant notamment le supplice de l'eau et des électrocutions. Beaucoup d'entre eux sont morts, refusant de renier leurs principes.

Le plus célèbre des anciens prisonniers non convertis, Ri In-mo, né en 1917, avait été correspondant de guerre de l'Armée populaire de Corée, avant d'être blessé, capturé et enfermé en janvier 1952. Contrairement à l'accord d'armistice signé en 1953 et aux principes de la Convention de Genève, il n'a pas été rapatrié après la fin du conflit. Emprisonné jusqu'à sa libération en 1988, avant de pouvoir gagner la RPD de Corée le 19 mars 1993 à l'issue d'une campagne internationale, il a eu les jambes cassées suite aux actes de torture qu'il a subis. Il a expliqué son refus de se convertir dans ses Mémoires : "Nous ressentions un si profond ressentiment envers ces individus bestiaux qui ne nous traitaient pas comme des humains que nous avions décidé de ne pas nous rendre à eux. Mes camarades qui résistaient jusqu’au bout ont préservé leur honneur d’être humains face aux coups si durs à supporter et à la torture avec l’eau". Très malade lors de son rapatriement, Ri In-mo a été soigné à Pyongyang, où il est décédé le 16 avril 2007.

Après la première rencontre intercoréenne au sommet, du 13 au 15 juin 2000, 63 anciens prisonniers non convertis ont pu regagner le Nord, fêtés par des centaines de milliers de Nord-Coréens tout le long de leur trajet de retour. Ils ont reçu, au Nord, le prix de la réunification de la patrie.

La plupart d'entre eux, tous âgés de plus de 60 ans, avaient été emprisonnés pendant 30 à 45 ans. Le plus vieux, Ryu Han-uk, avait 89 ans et été emprisonné durant 37 ans.

Kim Son-myong, né en 1925, avait été emprisonné pendant 45 ans, après avoir été capturé en octobre 1951 et condamné à mort. Sa peine fut commuée en détention à vie. Déclaré légalement mort en 1975, Kim Son-myong a été libéré en 1995, aveugle, en raison des actes de torture subis pendant sa détention.

Le ministère sud-coréen de la réunification a refusé que leurs familles les accompagnent.

Plusieurs récits de fiction sont basés sur le retour au Nord des 63 anciens prisonniers non convertis, en particulier le film sud-coréen Repatriation, de Kim Dong-won.

L'Association d'amitié franco-coréenne salue le courage de ces hommes de conviction, qui ont notamment été les témoins de la torture du régime militaire de Park Chung-hee.

Sources :

- KCNA, "Birthday spread to reunification champion", dépêche publiée le 15 janvier 2012 (dont photo) ;

- "Unconverted Long-Term Prisoners to Be Repatriated to N. Korea on Sep. 2", article publie dans le Choson Sinbo ;

- "Ri In-mo, un homme inflexible", article publié en juin 2007 sur le site de Korea-is-one ;
- "Unconverted long-term prisoners", article de l'encyclopédie wikipédia.

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