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25 juin 2019 2 25 /06 /juin /2019 22:17

Les 20 et 21 juin 2019, le secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois et président de la République populaire de Chine, Xi Jinping a effectué une visite d'Etat en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), la première visite d'un dirigeant suprême chinois en RPDC depuis 2005. Cette rencontre entre le Président Xi et le président du Parti du travail de Corée et président du Comité des affaires d'Etat de la RPDC, Kim Jong-un, était la cinquième en un peu plus d'un an. Cette rencontre intervenait aussi une semaine avec le sommet du G20 des 28 et 29 juin à Osaka, au Japon, au cours duquel Xi Jinping doit rencontrer, entre autres, le président des Etats-Unis Donald Trump, ce dernier devant ensuite visiter la Corée du Sud les 29 et 30 juin.

Xi Jinping et Kim Jong-un à Pyongyang le 20 juin 2016 (photo : KCNA)

 

Réaffirmation de l'amitié tradititonnelle entre la RP de Chine et la RPD de Corée et soutien de la Chine à une résolution politique de la question de la péninsule coréenne

L'agence de presse officielle chinoise, Xinhua, a ainsi rendu compte de l'entretien que les dirigeants nord-coréen et chinois ont eu à Pyongyang le 20 juin 2019 :

Les plus hauts dirigeants de Chine et de République populaire démocratique de Corée (RPDC) ont déclaré jeudi que les deux pays devaient rester fidèles à leurs aspirations originelles, et s'efforcer de créer, à un nouveau point de départ historique, un avenir prometteur pour les relations entre les deux partis et entre les deux Etats.
Ces objectifs ont été formulés au cours d'une rencontre à Pyongyang entre le secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et président chinois, Xi Jinping, et le président du Parti des travailleurs de Corée (PTC) et président de la Commission des affaires d'Etat de la RPDC, Kim Jong Un.
M. Xi a souligné que M. Kim et lui s'étaient rencontrés quatre fois au cours de l'année écoulée, ce qui leur avait permis d'ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre la Chine et la RPDC et de nouer une profonde amitié.
Le dirigeant chinois a remercié M. Kim pour la cérémonie de bienvenue grandiose et fascinante organisée en son honneur, et ajouté qu'il avait ressenti avec une intensité toute particulière une amitié quasi familiale qui unit les deux peuples, tout au long du trajet entre l'aéroport de la capitale de RPDC et la résidence des invités d'Etat.
Cette année marque le 70ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la RPDC et revêt donc une grande importance, et elle permettra notamment aux deux partis et aux deux pays de s'appuyer sur les réalisations acquises pour aller de l'avant et continuer à progresser, a déclaré M. Xi, soulignant que c'était dans une telle optique qu'il a rencontré M. Kim à Pyongyang.
M. Xi a indiqué que sa visite avait pour objectif de consolider et de perpétuer l'amitié entre la Chine et la RPDC, et de faire avancer le processus de résolution politique de la question de la péninsule coréenne.
Il s'est déclaré convaincu que Beijing et Pyongyang savaient mettre à profit cette visite afin de planifier conjointement un meilleur développement de leurs relations bilatérales, et ouvrir un nouveau chapitre dans l'histoire de l'amitié Chine-RPDC.
Si l'on examine le développement des relations entre la Chine et la RPDC, il apparaît clairement que ces relations sont avant tout caractérisées par le fait que les deux pays sont des pays socialistes placés sous la direction d'un parti communiste, a souligné M. Xi.
Les idéaux, les convictions et les objectifs partagés des deux pays constituent la force motrice de leurs relations, l'amitié qui unit leurs hauts dirigeants et la gouvernance stratégique apportée par ces dirigeants constituent leur plus grande force, tandis que leur voisinage géographique et leurs affinités culturelles renforcent encore ces relations, a-t-il ajouté.
L'amitié Chine-RPDC découle d'une décision stratégique prise par les deux parties en fonction d'une vision globale et à long terme, cette amitié ne sera jamais affaiblie par les aléas et les changements de la situation internationale, a déclaré M. Xi, ajoutant que leurs liens d'amitié étaient conformes aux aspirations des deux peuples, aux intérêts fondamentaux des deux pays et aux tendances de développement de l'époque.
Soulignant que les relations entre la Chine et la RPDC sont entrées dans une nouvelle étape de leur histoire, M. Xi a déclaré que le PCC et le gouvernement chinois attachaient une grande importance aux relations d'amitié et de coopération entre les deux pays, et qu'il s'agissait d'une politique inébranlables du PCC et du gouvernement chinois de maintenir, de consolider et de développer les relations Chine-RPDC.
Face aux changements profonds et complexes survenus dans le paysage mondial et régional, la Chine et la RPDC doivent renforcer leurs contacts à haut niveau pour mieux guider le développement des relations bilatérales, a déclaré M. Xi, ajoutant qu'il était prêt aux échanges plus étroits avec M. Kim pour consolider la confiance politique mutuelle et maintenir le cap des relations bilatérales.
Les deux parties doivent approfondir leur communication stratégique et échanger des avis plus rapidement sur les grandes questions afin de créer un environnement favorable au développement des deux pays, a indiqué M. Xi.
Il a également suggéré aux deux parties de développer leur coopération pratique pour apporter plus d'avantages concrets aux deux peuples.
La Chine est prête à travailler de concert avec la RPDC pour approfondir les échanges entre partis en matière de gouvernance, renforcer la formation des cadres, et développer les échanges de personnel dans les domaines de l'économie et du bien-être social, a affirmé M. Xi.
Le dirigeant chinois a également exhorté les deux parties à approfondir leurs échanges amicaux, dans le but de jeter des bases solides pour la consolidation et le développement de l'amitié entre la Chine et la RPDC.
La Chine est prête à travailler de concert avec la RPDC pour mettre en oeuvre le programme de commémoration du 70ème anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques, et à organiser des échanges dans divers domaines tels que l'éducation, la santé, les sports, les médias, la jeunesse et la coopération locale pour perpétuer l'amitié traditionnelle Chine-RPDC et améliorer le bien-être des deux peuples.
Pour sa part, M. Kim a chaleureusement souhaité la bienvenue à M. Xi au nom du parti, du gouvernement et du peuple de la RPDC, soulignant que plus de 250 000 personnes sont venues dans les rues de Pyongyang pour accueillir M. Xi.
Cette visite qui coïncide avec la célébration par les deux pays du 70ème anniversaire de leurs relations diplomatiques, représente à la fois un encouragement et un soutien politique considérables pour le parti, le gouvernement et le peuple de la RPDC, et revêt une grande importance dans l'histoire des relations RPDC-Chine, a-t-il ajouté.
Dans la conjoncture actuelle, la visite de M. Xi permettra de faire le point sur les relations entre la RPDC et la Chine au cours des 70 dernières années, de discuter de l'avenir des relations bilatérales, et de montrer au monde entier l'inébranlable solidité des liens d'amitié traditionnelle qui unissent les deux pays, a ajouté M. Kim.
Il a déclaré être entièrement d'accord avec M. Xi sur ses analyses et plans d'avenir en matière de relations bilatérales. M. Kim a souligné que le parti et le gouvernement de la RPDC ne cesseraient jamais de perpétuer de génération en génération l'amitié entre les deux pays.
Il a ajouté qu'il chérissait la profonde amitié qu'il avait nouée avec M. Xi, et attachait une grande importance aux importants consensus auxquels il était parvenu avec le dirigeant chinois.
M. Kim s'est déclaré prêt à tirer parti de la visite de M. Xi pour renforcer la communication stratégique entre les deux parties, approfondir leurs échanges amicaux dans divers domaines, et faire franchir une nouvelle étape aux relations entre la RPDC et la Chine.
Soulignant que cette année marquait à la fois le 70ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la RPDC et le 70ème anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, M. Kim a déclaré que la RPDC était disposée à organiser des célébrations chaleureuses et de grande envergure avec la Chine.
A l'heure actuelle, le parti et le peuple de la RPDC font tout leur possible pour appliquer la nouvelle ligne stratégique nationale, a indiqué M. Kim, ajoutant que son pays était prêt à s'inspirer davantage de l'expérience de la Chine pour développer son économie et améliorer les moyens de subsistance de sa population.
En ce qui concerne la question de la péninsule coréenne, M. Xi a réaffirmé le soutien de la Chine aux efforts visant à trouver une solution politique et à créer les conditions d'un règlement du problème.
M. Xi a également salué les efforts déployés par la RPDC pour sauvegarder la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne et promouvoir la dénucléarisation de la péninsule.
La situation dans la péninsule coréenne exerce une influence directe sur la paix et la stabilité régionales, a souligné M. Xi. Au cours de l'année écoulée, une perspective positive avait vu le jour en faveur de la résolution de cette question par le dialogue, et elle a en effet gagné en reconnaissance et suscité des attentes de la part de la communauté internationale, a-t-il ajouté.
La communauté internationale espère que les pourparlers entre la RPDC et les Etats-Unis pourront progresser et porter leurs fruits, a indiqué M. Xi.
Soulignant que la question de la péninsule coréenne était extrêmement sensible et complexe, M. Xi a déclaré qu'une vision stratégique à long terme était nécessaire pour guider avec précision l'évolution de la situation et maintenir efficacement la paix et la stabilité dans la péninsule.
La Chine est disposée à fournir son assistance à la RPDC, dans la limite de ses capacités, afin de l'aider à trouver une solution à ses préoccupations légitimes en matière de sécurité et de développement. Elle est également prête à renforcer sa coordination et sa coopération avec la RPDC et avec toutes les autres parties concernées, et à jouer un rôle positif et constructif pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne et à la stabilité à long terme de la région, a indiqué M. Xi.
M. Kim a quant à lui déclaré qu'au cours de l'année écoulée, la RPDC avait pris de nombreuses initiatives pour éviter les tensions et garder la situation sous contrôle dans la péninsule, mais qu'elle n'avait pas reçu de réponses positives de la part de la partie concernée, une situation que la RPDC ne souhaite pas rencontrer.
La RPDC est cependant prête à faire preuve de patience, et espère que la partie concernée parviendra à coopérer avec elle pour trouver des solutions aux préoccupations légitimes de chacun et obtenir de nouveaux résultats par le biais du dialogue, a ajouté M. Kim.
La RPDC apprécie grandement le rôle de premier plan joué par la Chine dans la résolution du problème de la péninsule coréenne, a-t-il déclaré, soulignant que son pays était prêt à continuer à renforcer sa communication et sa coordination avec la Chine pour faire progresser le règlement politique du problème et sauvegarder la paix et la stabilité dans la péninsule.
M. Xi est arrivé jeudi à Pyongyang pour une visite d'Etat en RPDC, alors que les deux pays célèbrent le 70ème anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques. Il s'agit de la première visite de M. Xi en RPDC en tant que secrétaire général du Comité central du PCC et chef de l'Etat chinois, et de la première visite du genre depuis 14 ans.

Xinhua, 20 juin 2019

Entretien entre Xi Jinping et Kim Jong-un le 20 juin 2019 à Pyongyang (photo : KCNA)

Un banquet a ensuite été donné en l'honneur du Président chinois, suivi d'un spectacle de gymnastique de masse au stade du Premier-Mai de Pyongyang, célébrant l'amitié sino-coréenne.

La journée du 21 juin a vu le Président Xi se recueillir à la Tour de l'amitié  érigée dans la capitale nord-coréenne en hommage aux Volontaires du peuple chinois qui ont combattu aux côtés de l'Armée populaire de Corée de 1950 à 1953.

Hommage aux Volontaires du peuple chinois le 21 juin 2019 à Pyongyang (photos : KCNA)

Quelle conséquence pour la paix en Corée?

Au-delà de l'amitié sino-coréenne qu'elles ont permis d'affirmer, les dernières rencontres entre les dirigeants chinois et nord-coréen sont intéressantes par les circonstances qui les entourent : les deuxième et troisième visites effectuée par Kim Jong-un en Chine en 2018 (à Dalian les 7 et 8 mai et à Pékin les 19 et 20 juin) ont eu lieu avant et après le premier sommet RPDC-Etats-Unis tenu à Singapour le 12 juin ; sa quatrième visite au début de 2019 (à Pékin du 7 au 10 janvier) a eu lieu avant le second sommet RPDC-Etats-Unis tenu à Hanoï à la fin du mois de février. Il est également notable que la première visite de Kim Jong-un en Chine (à Pékin du 25 au 28 mars 2018) a eu lieu avant son premier sommet avec le président sud-coréen Moon Jae-in (27 avril), et que sa deuxième visite en Chine a eu lieu quelques jours avant un deuxième sommet inter-coréen tenu à Panmunjom le 26 mai 2018.

Cette chronologie permet de penser que la visite du Président Xi Jinping en RPDC annonce un quatrième sommet inter-coréen dans un avenir proche, si ce n'est un troisième sommet entre la RPDC et les Etats-Unis. D'ailleurs, en tournée en Finlande, Norvège et Suède du 9 au 16 juin 2019, le président sud-coréen Moon Jae-in n'a pas hésité à évoquer la possibilité d'un quatrième sommet inter-coréen en déclarant que cette question « dépend de la décision du Président Kim ».

Dès le 17 juin, soit trois jours avant le sommet de Pyongyang, la porte-parole de la Maison-Bleue (le siège de la présidence de Corée du Sud), citée par le quotidien sud-coréen Hankyoreh, déclarait que le gouvernement sud-coréen « pense qu'une visite du Président Xi en Corée du Nord pourrait contribuer à une résolution pacifique des questions de la péninsule coréenne, et mène des discussions étroites avec le gouvernement chinois pour y parvenir rapidement ».

« Nous attendons avec impatience que cette visite contribue à un retour rapide aux négociations pour une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne et l'instauration d'une paix permanente dans la péninsule qui en résultera », ajoutait-elle.

Un autre haut responsable sud-coréen, toujours cité par le Hankyoreh, déclarait que « la visite du Président Xi en Corée du Nord est un facteur pour des changements positifs. [...] Nous pourrions dire que les chances d'un sommet inter-coréen sont bien plus grandes aujourd'hui. ».

Il ne fait pas de doute que le sommet du G20 à Osaka les 28 et 29 juin sera l'occasion pour le Président chinois d'évoquer avec son homologue des Etats-Unis les discussions qu'il a eues avec le dirigeant de la RPDC. Le Président chinois pourrait aussi utiliser sa visite en RPDC dans le cadre de la guerre commerciale en cours entre la Chine et les Etats-Unis, en se présentant comme un partenaire incontournable dans la résolution de la crise coréenne, qu'il convient, à ce titre, de ménager.

Cela nourrira sûrement la réflexion du Président des Etats-Unis lorsqu'il se rendra en Corée du Sud les 29 et 30 juin. Il aura aussi à l'esprit les lettres échangées pendant le mois de juin avec le dirigeant de la RPDC. Ces lettres, décrites comme « très amicale » par Donald Trump et « au contenu excellent » par Kim Jong-un, constituent en fait la première correspondance entre les deux dirigeants depuis le sommet RPDC-Etats-Unis de Hanoï de février 2019, lequel s'est terminé sans aucun accord à cause du caractère exorbitant des exigences américaines.

Kim Jong-un lit une lettre adressée par le Président Trump (photo diffusée par l'agence KCNA le 23 juin 2019)

L'ancien ministre sud-coréen de la Réunification Lim Dong-won a énoncé les « quatre piliers de la Guerre froide » dans la péninsule coréenne : l'antagonisme et la méfiance réciproque entre le Nord et le Sud, les relations hostiles entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, une course aux armements au moyen d'armes de destruction massive (y compris des armes nucléaires), et un régime d'armistice militaire. Pour éliminer ces « quatre piliers », la participation de la Chine est bien entendu nécessaire.

Une plus grande implication de la Chine sur le dossier coréen, la volonté de la Corée du Sud de maintenir le dialogue inter-coréen, et les bonnes relations personnelles affichées entre les dirigeants nord-coréen et américain constituent un « alignement des planètes » qui pourrait annoncer des progrès majeurs dans la résolution de la crise coréenne, pourquoi pas au travers de négociations à quatre pays en vue de l'instauration d'un régime de paix permanent en Corée, remplaçant l'accord d'armistice de 1953 - qui n'est qu'un cessez-le-feu le long de la ligne de front. En se focalisant sur le seul programme nucléaire nord-coréen, nombre d'experts et de médias ont trop souvent oublié - ou feint de ne pas savoir - que l'absence d'un régime de paix permanent dans la péninsule coréenne est la cause, et non la conséquence, de ce programme.


Sources :

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15 juin 2019 6 15 /06 /juin /2019 22:24
A l'occasion du 19ème anniversaire de la Déclaration commune Nord-Sud du 15-Juin

Réunie à l'occasion de son assemblée générale annuelle, l'Association d'amitié franco-coréenne tient à s'associer à la célébration du dix-neuvième anniversaire de l'historique Déclaration commune signée par la Corée du Nord et la Corée du Sud le 15 juin 2000.

La Déclaration du 15-Juin a été une contribution essentielle à la cause de la réunification indépendante et pacifique de la Corée - divisée contre son gré en 1945 -, aspiration légitime du peuple coréen et enjeu vital pour la paix du monde, car la Corée reste un foyer de tensions où peut toujours éclater un conflit d'ampleur planétaire.

La première rencontre des dirigeants suprêmes des deux États coréens en juin 2000, laquelle a abouti à la signature de la Déclaration du 15-juin, a été suivie d'autres rencontres au sommet, en 2007 et 2018, qui ont encore renforcé le dialogue inter-coréen et porté plus haut l'espoir d'une réunification de la Corée dans l'indépendance et dans la paix.

Il est du devoir de la France d'appuyer, par tous les moyens dont elle dispose, ce processus qui pose des bases solides pour établir une paix durable, promouvoir les échanges et favoriser la réunification entre les deux parties de la péninsule coréenne divisée. Tel est l'intérêt de la France, laquelle doit suivre, en Corée comme ailleurs, une politique indépendante.

La France reste le seul pays de l'Union européenne – avec l'Estonie – qui n'a pas de relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord). L’établissement de relations diplomatiques normales et équilibrées entre la France et les deux États coréens apparaît pourtant comme une mesure qui, en plus d’être conforme à la tradition diplomatique française, serait de nature à faire jouer à la France un rôle positif en Corée, dans l’intérêt des populations coréennes mais aussi de tous les peuples du monde.

L'Association d'amitié franco-coréenne n'aura de cesse de rappeler aux autorités françaises leur responsabilité en la matière. Pour cela, l'Association d'amitié franco-coréenne peut s'appuyer sur son expérience de cinquante ans au service de la paix et d'une meilleure compréhension entre les peuples, ainsi que sur le dévouement de ses adhérents et dirigeants, malgré les obstacles et difficultés.

 

Paris, le 15 juin 2019


 

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1 janvier 2019 2 01 /01 /janvier /2019 16:17

Le 1er janvier 2019, Kim Jong-un, président du Parti du travail de Corée (PTC), président de la Commission des affaires d'Etat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et commandant suprême de l'Armée populaire de Corée, a prononcé le traditionnel discours de Nouvel an, faisant le bilan de l'année écoulée et traçant les grandes lignes de l'année qui s'ouvre. Compte tenu des évolutions intervenues en 2018 dans les relations entre la RPDC et la Corée du Sud d'une part, entre la RPDC et les Etats-Unis d'autre part, cette allocution était particulièrement attendue cette année. Voici la traduction du compte rendu qu'en a fait l'agence de presse officielle KCNA.

Kim Jong-un, le 1er janvier 2019

Kim Jong-un, le 1er janvier 2019

Le dirigeant suprême Kim Jong-un a prononcé un discours à l'occasion du Nouvel an 2019.

Dans son discours de Nouvel an, il a adressé ses vœux chaleureux au peuple et à l'armée à travers le pays et aux compatriotes au Sud et à l'étranger, et exprimé son espoir que les dirigeants et amis de pays étrangers enregistrent des succès dans leur travail.

Il a déclaré que 2018 a été une année historique où, conformément à la ligne d’indépendance et à la décision stratégique du Parti du travail de Corée, de grands changements ont eu lieu dans la situation intérieure et extérieure et l’édification du socialisme a atteint un palier nouveau.

Notant qu'en cette année nouvelle nous sommes confrontés à la tâche d’ouvrir sûrement des perspectives pour le progrès de l’édification du socialisme grâce à l’élargissement et au renforcement de la capacité de développement indépendant du pays, il a dit que nous devons arborer le mot d'ordre « Ouvrons une nouvelle voie à la marche pour l’édification du socialisme en portant haut la bannière de la confiance en soi ! ».

Il a appelé à un essor révolutionnaire sur tous les fronts de l'édification du socialisme en considérant la confiance en soi comme une arme précieuse en vue de la prospérité.

Il a souligné le besoin de réussir à atteindre l’objectif stratégique du développement de l'économie nationale en comptant sur nos propres forces techniques et ressources ainsi que sur l’esprit créateur et l’enthousiasme révolutionnaire élevés du peuple entier, pour ainsi passer à une étape nouvelle de sa croissance.

Il a mis en évidence le besoin d'augmenter par tous les moyens le potentiel politique et idéologique de notre Etat.

Il a souligné le besoin d'accélérer l'édification d'une civilisation socialiste et de renforcer le potentiel de la défense national.

Il a dit que l'année dernière a été une année émouvante, marquée de changements spectaculaires jamais vus dans l’histoire de plus de 70 ans de la division.

En nous basant sur les réalisations précieuses de l’année dernière, marquée remarquablement d’événements sans précédent, nous devons faire, en 2019, de plus grands progrès dans l’effort pour le développement des rapports Nord-Sud, la paix et la prospérité ainsi que pour la réunification du pays, a-t-il souligné.

Tous les Coréens doivent arborer le mot d'ordre « Appliquons en tous points les Déclarations historiques Nord-Sud pour inaugurer une période de pleine floraison de l’effort de paix, de prospérité et de réunification de la péninsule coréenne ! », a-t-il insisté.

Notant que notre volonté immuable est de mettre fin à la source des rapports d’hostilité militaire entre le Nord et le Sud et de transformer la péninsule coréenne en une zone de paix permanente et durable, il a appelé à étendre et développer sur tous les plans la collaboration et les échanges entre le Nord et le Sud pour raffermir la réconciliation et l’union nationales et permettre à tous les Coréens de bénéficier réellement de l’amélioration des rapports Nord-Sud.

Il a déclaré que nous ne tolérons jamais l’ingérence des forces extérieures qui entendent barrer la voie de notre nation vers la réconciliation, l’union et la réunification, en cherchant à subordonner les rapports Nord-Sud à leurs goûts et intérêts.

Il a déclaré que, l'année dernière, le PTC et le gouvernement de la RPDC se sont efforcés de façon responsable de sauvegarder la paix et la sécurité mondiales, d’élargir et renforcer les relations d’amitié avec différents pays.

Notant que la rencontre et la conférence au sommet entre la RPDC et les Etats-Unis, premières dans l’histoire, ont changé de façon spectaculaire les rapports RPDC-Etats-Unis, rapports les plus hostiles sur le globe, et ont contribué grandement à la paix et à la sécurité de la péninsule coréenne et de la région, il a souligné que c’était l'attitude immuable du PTC et du gouvernement de la RPDC, ainsi que sa ferme volonté, d’établir de nouvelles relations entre les deux pays comme l’exige le nouveau siècle, d'instaurer un système de paix permanent et durable dans la péninsule coréenne et d'aller vers une dénucléarisation complète comme stipulé dans la Déclaration conjointe RPDC-Etats-Unis du 12 Juin.

Il a ajouté que la RPDC n'avait pas l'intention de rester obstinément empêtrée dans l’histoire regrettable entre les deux pays, mais la volonté de résoudre au plus tôt le passé et à aller vers l’établissement de nouveaux rapports répondant aux aspirations des peuples des deux pays et aux impératifs de l’évolution de l’époque.

Comme l’a montré le progrès rapide des rapports Nord-Sud de l’an dernier, rien n’est impossible quand on prend la décision nécessaire, et si les partenaires de négociations osent se libérer chacun de son opinion invétérée, proposent, selon le principe de se reconnaître et de se respecter l’un l’autre, des projets équitables et procèdent avec une attitude correcte et la volonté de résoudre les problèmes, ils pourront parvenir sans faute à un aboutissement favorable à l’un et à l’autre, a-t-il déclaré.

Déclarant qu'il reste prêt à s’asseoir de nouveau n’importe quand avec le Président des Etats-Unis, il a également souligné qu'il s'efforcera d’obtenir un résultat digne d’être accueilli par la communauté internationale.

Mais si les Etats-Unis, au lieu de tenir les engagements qu’ils ont pris au vu et au su du monde entier, interprètent mal la patience du peuple coréen et tentent d'imposer certaines choses à la RPDC et de poursuivre toujours leurs sanctions et pressions contre elle, force nous serait de chercher une nouvelle voie permettant de sauvegarder la souveraineté du pays et les intérêts suprêmes de l’Etat ainsi que d’obtenir la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne, a-t-il souligné.

Il a appelé les pays voisins et la communauté internationale à soutenir les positions et efforts sincères de la RPDC tendant à stimuler l’évolution positive de la situation dans la péninsule coréenne et lutter contre tous les actes et défis de nature à détruire la paix et à contrecarrer la justice.

Il a souligné que le PTC et le gouvernement de la RPDC, suivant les idées d’indépendance, de paix et d’amitié, continueront à renforcer l’union et la coopération avec les pays socialistes et développeront les relations avec tous les pays qui traitent amicalement la RPDC.

"Supreme Leader Kim Jong Un Makes New Year Address", KCNA, 1er janvier 2019

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25 décembre 2018 2 25 /12 /décembre /2018 11:25

Le 12 décembre 2018, des représentants des armées nord et sud-coréenne ont franchi la ligne de démarcation militaire (LDM) séparant la Corée du Nord et la Corée du Sud pour visiter les postes de garde situés de l'autre côté. Ces visites étaient destinées à vérifier la fermeture et la démolition de postes de garde dans la zone démilitarisée (DMZ) conformément à l'Accord militaire global conclu par les deux parties le 19 septembre. C'était la première fois depuis la signature de l'Accord d'armistice en Corée, le 27 juillet 1953, que la Corée du Nord et la Corée du Sud menaient des inspections l'une chez l'autre. Plusieurs observateurs des questions coréennes estiment que ces inspections réciproques sont le signe d'une élévation significative du niveau de confiance entre les armées des deux Corée.

Suivant les dispositions fixées dans l'annexe 1 de l'Accord du 19 septembre 2018 sur l'application de la Déclaration de Panmunjom dans le domaine militaire (dit Accord militaire global), la Corée du Nord et la Corée du Sud ont démantelé à partir de novembre 2018 vingt postes de garde (dix de chaque côté). L'inspection du 12 décembre avait pour but de vérifier que les postes de garde ont bien été détruits. Sur les onze postes de garde initialement voués à la destruction de chaque côté, les deux parties sont convenues d'en garder chacune un pour sa valeur historique, lequel sera seulement désarmé.

Au total, onze équipes de sept personnes (cinq inspecteurs et deux photographes), chargées de visiter chacune un poste de garde, ont été mobilisées de chaque côté de la ligne de démarcation militaire, soit 154 militaires en tout (77 pour le Nord et 77 pour le Sud).

Pendant les dix premiers jours de décembre, la Corée du Nord et la Corée du Sud ont déminé la DMZ pour y faire passer des chemins reliant les postes de garde nord et sud-coréens, rendant possible les inspections mutuelles. Onze chemins entre le Nord et le Sud sont donc apparus dans la DMZ, chemins qu'ont parcourus les soldats nord et sud-coréens pour inspecter les postes de garde situés de l'autre côté.

Le 12 décembre 2018 à 9h, les inspecteurs militaires sud-coréens, en uniforme, se sont donc rendus au point de rendez-vous fixé sur la LDM, équipés de caméras et de divers appareils de contrôle. Les soldats nord-coréens les y attendaient pour les guider vers les postes de garde du côté nord.

Soldats de Corée du Nord et de Corée du Sud en inspection conjointe dans la zone démilitarisée séparant les deux Corée, le 12 décembre 2018

Les inspecteurs sud-coréens ont commencé par confirmer que les armes à feu, les équipements et les soldats avaient été retirés des postes de garde nord-coréens et que toutes les installations en surface, dont les postes d'observation et de tir, avaient été démantelées. Ils ont également vérifié que les installations souterraines, y compris les passages et les entrées, avaient été condamnées et détruites. Aux postes de garde que les deux parties ont accepté de conserver, les inspecteurs ont vérifié que les soldats et les armes à feu avaient été correctement retirés et que les postes avaient été rendus inutilisables. Les inspecteurs sud-coréens ont même eu recours à des équipements tels que des radars pénétrant le sol et des caméras endoscopiques pour s'assurer que les installations souterraines des postes de garde nord-coréens avaient été correctement éliminées.

De l'aveu même des inspecteurs sud-coréens, les soldats nord-coréens ont activement coopéré, sans montrer la moindre réticence. L'atmosphère était même amicale, les soldats nord et sud-coréens s'offrant des cigarettes, une scène à peine concevable jusqu'à présent.

Dans l'après-midi du 12 décembre, c'était au tour des équipes d'inspecteurs nord-coréens de se rendre au sud de la LDM pour y effectuer les mêmes tâches. Durant sa vérification, le Nord a donné des évaluations sur place « positives ».

Au sujet de ces inspections réciproques, le ministère sud-coréen de la Défense nationale a reconnu qu'elles sont « un cas extrêmement rare dans l'histoire du contrôle international des armements ».

Assistant à une retransmission en direct de l'inspection sur le terrain au Centre de gestion des crises de la Maison-Bleue (le siège de la présidence sud-coréenne), le Président Moon Jae-in a déclaré : « La fermeture des postes de garde et les inspections mutuelles constituent en elles-mêmes un nouveau chapitre des 65 ans d'histoire de la division de la péninsule coréenne entre nord et sud. Les soldats de la Corée du Sud et de la Corée du Nord ont marché le long des sentiers qu'ils ont tracés dans la DMZ, laquelle était autrefois le lieu d'une confrontation militaire tendue, et ils ont fermé et inspecté en toute transparence les postes de garde qui étaient une part de ce conflit – deux choses qui étaient auparavant inimaginables. »

Toujours le 12 décembre, le ministère sud-coréen de la Défense nationale a annoncé que « le Sud et le Nord examinent l'idée de créer un bureau de liaison dans la DMZ, destiné à soutenir l'effort conjoint en vue de récupérer les dépouilles de soldats disparus au combat ou prisonniers de guerre qui prendra place entre avril et octobre [2019] », prévu dans l'annexe 3 de l'Accord militaire global du 19 septembre. On s'attend donc à ce que les deux parties utilisent le bureau de liaison pour mener à bien l'identification des dépouilles retrouvées.

Au terme de l'analyse des résultats des vérifications effectuées sur le terrain, Suh Wook, directeur en chef de l'opération du Comité des chefs d'état-major interarmées de Corée du Sud a déclaré le 17 décembre que, « en conclusion, les deux parties ont confirmé via la vérification sur le terrain qu'elles ont fidèlement appliqué l'accord de retrait de postes de garde à titre d'essai comme stipulé dans l'accord du 19 septembre ».

Outre le retrait des postes de garde et la récupération de dépouilles de soldats dans la zone démilitarisée, l'Accord militaire global du 19 septembre prévoit de démilitariser la Zone de sécurité commune de Panmunjom et d'établir une zone maritime de paix et une zone pilote de pêche commune en mer de l'Ouest (mer Jaune). Autant de mesures de nature à réduire la tension militaire et à édifier la confiance dans la péninsule coréenne, et figurant en bonne place dans le projet de traité de paix en Corée rédigé dès 2008 par des juristes sud-coréens, relayé par l'Association d'amitié franco-coréenne et ayant fait l'objet d'une proposition de résolution à l'Assemblée nationale française le 13 octobre 2010.

 

Sources :

 

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18 décembre 2018 2 18 /12 /décembre /2018 20:22

Le 18 décembre 2018, un train sud-coréen utilisé pour l'inspection des lignes de chemins de fer en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) est revenu au Sud au terme d'une mission de 18 jours destinée à vérifier l'état du réseau ferroviaire nord-coréen. Cette inspection s'inscrit dans le cadre des efforts visant à moderniser et à relier les chemins de fer des deux Corée, convenus lors du sommet intercoréen du 27 avril 2018, dix ans presque jour pour jour après l'accord signé entre le gouvernement nord-coréen et la Société des chemins de fer russes (RJD) pour la modernisation des voies ferrées reliant Rajin, en Corée du Nord, à Khasan, en Russie.

En décembre 2018, pour la première fois depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953), un train sud-coréen a circulé sur la partie orientale du réseau ferroviaire nord-coréen, appelée ligne Donghae ou Gyeongwon (Kyongwon), reliant le mont Kumgang et le fleuve Tumen qui, à l'extrémité nord-est de la Corée, marque la frontière de cette dernière avec la Chine et avec la Russie. Il a aussi circulé sur la partie occidentale du réseau nord-coréen, appelée ligne Gyeongui (Kyongi), reliant Kaesong à Sinuiju. Au total, ce train sud-coréen aura parcouru 2 600 kilomètres sur le réseau ferroviaire nord-coréen entre le 30 novembre et le 18 décembre 2018.

Les lignes de chemins de fer traversant la péninsule coréenne sont principalement utilisées par des trains de passagers à destination de villes chinoises dans leur partie occidentale, tandis que la ligne orientale est surtout utilisée par des trains de marchandise, à l'instar de celle passant par le port nord-coréen de Rajin et connectée depuis 2013 au réseau trans-sibérien.

Selon un responsable du ministère sud-coréen de l'Unification, des discussions entre les deux Etats coréens et des inspections additionnelles seront nécessaires pour trouver les meilleurs moyens de moderniser les chemins de fer nord-coréens. L'inspection menée du 30 novembre au 18 décembre 2018 n'en est pas moins une nouvelle étape importante dans la création d'une ligne devant, à terme, relier la péninsule coréenne à l'Europe de l'Ouest et capable de transporter des marchandises en moins de 20 jours, contre une quarantaine actuellement par la voie maritime.

L'inspection des chemins de fer nord-coréens et le début des travaux à la frontière inter-coréenne sont les résultats directs du sommet de Panmunjom du 27 avril 2018 à l'issue duquel les dirigeants des Corée du Nord et du Sud sont convenues « de prendre des mesures pratiques visant à relier les réseaux ferroviaires et routiers des côtes est et ouest, à les moderniser et à les mettre en fonctionnement » pour parvenir à « un développement équilibré de l’économie nationale » et à « une prospérité commune ».

L'inspection des chemins de fer nord-coréens a toutefois été retardée de plusieurs mois en raison des préoccupations des Etats-Unis concernant de possibles violations des sanctions imposées par les Nations unies à la RPDC. Le projet a finalement reçu le feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU.

Une cérémonie d'inauguration des travaux du projet de reconnexion ferroviaire et routière le long de la frontière inter-coréenne est prévue à la gare de Panmun le 26 décembre 2018, dix ans après le lancement de travaux similaires à la frontière russo-coréenne.

A l'époque (en 2008), ce progrès significatif dans le rapprochement « physique » de l'Europe et de l'Asie avait été souligné par l'Association d'amitié franco-coréenne, laquelle salue aujourd'hui les mesures concrètes prises pour l'application de la déclaration de Panmunjom.

 

Sources  :

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29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 23:54

Alors que la croissance économique de la République de Corée (Corée du Sud) continue de ralentir (ayant atteint 0,6 % en glissement trimestriel au troisième trimestre 2018), entraînant une révision à la baisse (de 2,9 % à 2,7 %) du taux de croissance prévu par la Banque centrale coréenne pour l'ensemble de l'année 2018, les perspectives de reprise des échanges économiques Nord-Sud sont susceptibles de dynamiser l'économie du pays. Les sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) constituent cependant un lourd facteur d'incertitudes.

Le ministre des Finances Kim Dong-yeon (à gauche) s'entretenant avec le gouverneur de la Banque centrale Lee Ju-yeol (à droite), lors d'une audition parlementaire, le 29 octobre 2018.

Le ministre des Finances Kim Dong-yeon (à gauche) s'entretenant avec le gouverneur de la Banque centrale Lee Ju-yeol (à droite), lors d'une audition parlementaire, le 29 octobre 2018.

La présence de dirigeants de 17 entreprises sud-coréennes, dont les représentants des principaux conglomérats du pays, aux côtés du Président Moon Jae-in lors de sa visite à Pyongyang (du 18 au 20 septembre 2018) n'est pas passée inaperçue : indéniablement, les grands groupes sud-coréens - qui disposent tous d'instituts en charge des relations Nord-Sud (pour appréhender le Nord tant en termes de risque politique que d'opportunité d'investissements et de projets conjoints) - voient dans le rapprochement inter-coréen en cours l'occasion d'envisager une présence dans le Nord de la péninsule, qui combinerait les moindres coûts de la main-d'oeuvre disciplinée et bien formée du Nord et les capitaux du Sud. Une telle association capital-travail est d'ailleurs celle qui a été à l'oeuvre dans la zone économique de Kaesong jusqu'à sa fermeture en 2016, avec cette différence - de taille - que ce sont des PME sud-coréennes qui investissaient à Kaesong (même si le pilotage et l'infrastructure du projet dépendaient de Hyundai Asan, filiale du conglomérat Hyundai). Désormais, outre un possible redémarrage de la zone économique de Kaesong, la question est posée du possible investissement des grands groupes sud-coréens au Nord de la péninsule, parallèlement à la conduite d'études sur des projets structurants pour l'économie de l'ensemble de la Corée (comme le raccordement des réseaux routiers et ferroviaires, qui désenclaveraient le Sud de péninsule du reste du continent eurasiatique). 

L'actuel régime drastique de sanctions internationales contre la Corée du Nord ne permet pas aujourd'hui de (nouveaux) investissements économiques sud-coréens, mais le plaidoyer de Séoul pour l'assouplissement des sanctions ne répond pas seulement à des considérations politiques (payer en retour les efforts accomplis par Pyongyang dans son processus de dénucléarisation, tout en soutenant la poursuite du dialogue Nord-Sud, ne pas laisser la Chine être - de loin - le principal partenaire économique de la RPD de Corée), mais aussi à des préoccupations visant à freiner le ralentissement économique en cours - qui ne sont toutefois pas affichées comme telles. En attendant le déblocage de la situation diplomatique qui permettrait d'envisager la levée de tout ou partie des sanctions, les grands groupes sud-coréens n'ont pas eu besoin du feu vert gouvernemental pour envisager l'installation d'unités de production dans la moitié septentrionale du pays, partageant une proximité géographique et une langue commune avec le Sud. S'ajoutent, pour certains groupes, des considérations liées au parcours personnels des membres des familles dirigeant les conglomérats - comme dans le cas de Chung Ju-yung, ancien dirigeant du groupe Hyundai, originaire du Nord.

Des investissements conjoints inter-coréens pourraient s'appuyer soit sur des exemptions explicites, dûment approuvées, au régime international de sanctions contre la Corée du Nord, soit sur une révision générale du cadre des sanctions. Au demeurant, Pyongyang a fait de la levée au moins partielle des sanctions l'une de ses priorités diplomatiques.

En attendant une éclaircie de la situation internationale, les autorités sud-coréennes ont aussi la possibilité de lever tout ou partie des mesures dites du 24 mai, prises après le dramatique naufrage de la corvette Cheonan, attribué jusqu'à présent par Séoul - malgré le caractère peu convaincant de l'enquête officielle, et les conclusions contraires de nombreux experts indépendants - aux autorités nord-coréennes. Un tel geste est à portée de main pour l'administration Moon Jae-in, malgré la levée de boucliers prévisible des conservateurs qui, alors au pouvoir, avaient mis en place les mesures du 24 mai. 

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27 octobre 2018 6 27 /10 /octobre /2018 22:21

Responsable du Département de Corée et de Mongolie à l’Institut d’Extrême-Orient de l’Académie des Sciences de la Fédération de Russie, le chercheur Alexandre Vorontsov a rendu compte des évolutions diplomatiques autour de la péninsule coréenne dans un article publié le 12 octobre 2018 sur le site du club Valdaï, intitulé « La diplomatie des sommets - le nouveau visage de la péninsule coréenne aujourd'hui ». En effet, les rencontres au plus haut niveau deviennent une caractéristique majeure du nouveau cours diplomatique autour de la Corée - ce qui, en contrepoint, peut être perçu comme une mise en cause de l'influence des administrations, de fait souvent peu enclines à adapter leurs grilles d'analyse. Nous publions ci-après une traduction en français de cet article russe, qui met en exergue le rôle d'autres acteurs (Corée du Sud, Russie et Chine) pour comprendre l'inflexion - mais aussi les contradictions - de la position américaine, entre dialogue et pression maximale sur Pyongyang, tout en soulignant la portée exceptionnelle - largement ignorée dans les médias occidentaux - de la déclaration du 19 septembre 2018.

Les leaders de la République populaire démocratique de Corée, de la République de Corée et des États-Unis se sont employés avec énergie et ardeur dans un dialogue personnel direct pour amener la péninsule coréenne du seuil de la guerre où elle est demeurée pendant plusieurs décennies, à un état de paix durable, et à sa complète dénucléarisation. En cas de réussite dans les tâches ainsi mentionnées apparaîtront les conditions et une base de départ pour la formation d’une structure radicalement nouvelle des relations internationales dans la péninsule coréenne et dans la région de l'Asie du Nord-Est.

L'assaut diplomatique

Comme on le sait, depuis le début de cette année et à la surprise de beaucoup d’hommes politiques et d’analystes, la situation militaire et politique dans la péninsule coréenne s'est retournée rapidement - d'une situation de guerre à une perspective de paix - et elle connaît une dynamique sous un format qui est déjà politico-diplomatique.

La « diplomatie des sommets » est devenue la carte de visite caractérisant l'état des affaires dans la péninsule coréenne aujourd'hui. Ont déjà eu lieu trois sommets entre les leaders des deux Corée, trois rencontres entre Kim Jong-un et Xi Jinping, et un sommet entre le président des États-Unis Donald Trump et le « chef suprême » de la RPDC Kim Jong-un le 12 juin à Singapour qui peut réellement être considéré comme historique. Il y a des raisons de s'attendre dans peu de temps à une nouvelle rencontre des chefs des États-Unis et de la RPDC. Figure à l'ordre du jour et, visiblement, déjà au niveau des services du protocole des deux pays, une organisation de la rencontre de Kim Jong-un et de Vladimir Poutine. Le tableau décrit ci-dessus représente un phénomène sans précédent. Dans la pratique mondiale on aura probablement du mal à trouver des exemples analogues à ces si puissants accélérateurs de l'activité diplomatique, opérés au niveau le plus élevé.

Cette tâche dans la recherche de la paix est réellement globale, grandiose et unique, et digne des appréciations les plus flatteuses et les plus enthousiastes.

Ce n’est pas un hasard si les journalistes ont souvent demandé à l'auteur de cet article qui pourrait être lauréat du prix Nobel de la paix, Kim Jong-un, Donald Trump ou Moon Jae-in.

La percée inter-coréenne

Au cours de la visite triomphale à Pyongyang du président de la Corée du Sud Moon Jae-in a été signée la « déclaration commune de septembre 2018 » comprenant beaucoup d'accords significatifs dans divers domaines, et même, ce qui est extrêmement important, dans le domaine militaire. Plus que tout, le fait que le thème de la solidarité inter-coréenne ait retenti beaucoup plus fortement que par le passé a sauté aux yeux des analystes spécialistes de la Corée. Séoul et Pyongyang, de façon plus décisive que jamais, ont accentué la priorité donnée à l'indépendance et à l'autodétermination de la nation coréenne, ainsi que l'aspiration et la volonté de résoudre leurs affaires et leurs problèmes nationaux par leurs propres forces.

La matérialisation d’une nouvelle disposition d'esprit et les réalités pratiques des relations entre Pyongyang et Séoul ont conduit le président sud-coréen à placer au premier plan les intérêts et les objectifs inter-coréens. Fait sans précédent, Séoul n'a pas informé à l’avance les États-Unis de l'accord militaire en préparation avec Pyongyang, à la suite de quoi le commandant en chef des forces armées américaines en Corée du Sud n'a appris qu'a posteriori ce fait très important pour la sécurité de la péninsule coréenne.

Nous avons eu l'occasion de visiter Pyongyang à la fin de septembre dernier et d’examiner avec les politologues locaux les perspectives des relations inter-coréennes à la lumière de la troisième rencontre qui venait de s’achever entre Kim Jong-un et Moon Jae-in.

Il est nécessaire de souligner que nos interlocuteurs avaient une très haute appréciation de cet événement et envisageaient l’avenir avec un optimisme évident. En commentant les accords concrets, insérés dans la Déclaration de Pyongyang sur la reprise de la coopération inter-coréenne économique, très problématique de notre point de vue, dans les conditions rigides imposées par les Américains, y compris les sanctions secondaires, ils mettaient en exergue le point suivant.

Malgré la résistance active du côté américain faisant largement appel aux sanctions, Séoul a quand même ouvert déjà sur le territoire de la zone industrielle de Kaesong, fermée par le gouvernement précédent, un bureau de liaison équipé de tout le nécessaire à un travail normal, y compris l'électricité et l'eau en provenance du territoire de la Corée du Sud. Le début du fonctionnement de cette institution est extrêmement important pour le lancement et la réalisation d’autres projets de coopération inter-coréens et de collaboration réciproque, inscrits dans le document signé à Pyongyang.

En ce qui concerne les programmes très ambitieux fixés par la Déclaration étaient affichées les affirmations suivantes.

Dans le cadre de la restauration du trafic ferroviaire entre les deux Corée prévue avant la fin de cette année sera entamé un travail sur l'itinéraire « occidental » le long de la côte de la mer Jaune comportant une liaison avec la Chine. Selon les estimations des experts nord-coréens, deux ans d’activité en commun seront nécessaires pour l'organisation d’un trafic régulier sur cet itinéraire. Puis commencera le travail sur l'« itinéraire oriental » avec liaison avec la Fédération de Russie.

En premier lieu seront entrepris des efforts pour la restauration du « tourisme dans les monts Kumgang » et les travaux dans la zone industrielle commune à Kaesong.

En ce qui concerne les plans de création d’une zone spéciale économique le long de la côte occidentale, il y accord réciproque. Ont commencé les consultations pour étudier la mise en œuvre. En ce qui concerne une zone spéciale économique touristique sur la côte orientale, il s’agit d’un accord de principe. L’assurance a été donnée que, pour la première fois, le 11e anniversaire de la déclaration du 4 octobre (le « deuxième sommet inter-coréen », suivant une idée constamment soutenue par Pyongyang, mais non par Séoul) et le 100anniversaire du mouvement du Premier mars 1919 (événement, qui traditionnellement est fêté largement au Sud, mais qui en RPDC était ignoré jusqu’ici) seront solennellement commémorés. Un espoir sérieux est né de voir que la présidence actuelle de Moon Jae-in permette de maintenir sous contrôle son opposition de droite, et de moderniser les relations américano-sud-coréennes vers la garantie d’une plus grande indépendance de la République de Corée.

Chez nous il n’y a aucun doute sur le fait que les résultats fructueux du troisième sommet inter-coréen à Pyongyang ont surpassé les attentes, probablement, de beaucoup d’hommes politiques dans le monde. De plus il s’est créé une impression d’attentes surévaluées et d’appréciations excessivement optimistes chez nos interlocuteurs.

La réaction de Donald Trump

Il est naturel que les résultats du sommet à Pyongyang aient beaucoup inquiété Washington. Les occupants de la maison Blanche ont ressenti encore plus vivement qu’ils deviennent des outsiders à la traîne dans le processus de plus en plus bouillonnant et dynamique de réconciliation inter-coréenne et de règlement du problème coréen.

Les raisons sont évidentes. Après le sommet fructueux États-Unis- RPDC à Singapour le 12 juin 2018 une dualité et une contradiction ont commencé à se manifester de plus en plus clairement dans la politique des États-Unis. D'une part, le chef de la Maison Blanche continuait à faire des révérences à l'adresse de Kim Jong-un, et d’autre part les actions des États-Unis se développaient selon le programme intransigeant des forces conservatrices de droite. Restent ainsi en vigueur la politique de maintien intégral des sanctions américaines et de la campagne de pression maximum contre la Corée du Nord jusqu'à la réalisation définitive par celle-ci de sa dénucléarisation complète irréversible et vérifiable, quelles que soient les réductions profondes et graduelles de ses armements par le Nord.

Mais Pyongyang a fait savoir nettement qu'il a l'intention de réaliser la dénucléarisation, aux dires de l'ambassadeur de la RPDC à Moscou, « seulement progressivement et en synchronisation avec les actions en retour de la part de Washington, en approfondissant la confiance mutuelle ». Et Séoul l'a pratiquement soutenu dans une telle approche. Et pas seulement Séoul. Dans les derniers mois et semaines la solitude stratégique et presque l'isolement des États-Unis quant à la poursuite de la ligne de pression maximum contre la RPDC ont commencé à se manifester toujours plus clairement. Non seulement la Russie et la Chine, et maintenant la Corée du Sud, mais aussi une série d’états d’Europe et d’ailleurs parlent de la contradiction entre des sanctions étranglant la Corée du Nord, prises suite aux provocations incessantes de sa part, et les réalités de la situation actuelle, marquée par un changement radical d'attitude de Pyongyang, et une nette amélioration de la situation militaro-politique dans la péninsule coréenne. Ceci s'est manifesté distinctement dans les interventions de plusieurs délégations au cours de la 73e session de l’Assemblée générale de l'ONU en septembre dernier. Autre exemple : la tenue à Moscou le 9 octobre des premières consultations à trois parties entre collaborateurs des ministres des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, de la République Populaire de Chine et de la République populaire démocratique de Corée. Il est ainsi souligné dans le communiqué final : « Prenant en compte les importants pas dans la direction de la dénucléarisation accomplis par la RPDC, les parties ont trouvé nécessaire et opportun de procéder à la révision par le Conseil de Sécurité de l'ONU des mesures de sanctions contre la RPDC. Une position commune contre les sanctions unilatérales est affirmée. »

Tout cela constitue assurément l'une des raisons majeures pour lesquelles Donald Trump, après avoir annulé la quatrième visite du secrétaire d'État américain Mike Pompeo à Pyongyang il y a trois semaines, l'a envoyé là-bas cette fois « dans la foulée » de la rencontre entre les chefs du Sud et du Nord. Cette fois Pompeo, arrivé à Pyongyang le 7 octobre, a mené des négociations très fructueuses et a eu une longue conversation avec Kim Jong-un (comme on le sait, pendant la visite précédente en juillet le secrétaire d'État n'avait pas été reçu par le leader de la RPDC). L'information sur le bilan de ces négociations est insuffisante. Mais on sait que les parties se sont mises d'accord pour créer des groupes de travail d’experts en vue de procéder aux actions pratiques de réalisation du processus de dénucléarisation, notamment un accord sur la liste des sites et moyens balistiques et nucléaires de la RPDC.

Il est possible que Trump ait tiré les conclusions nécessaires et ait réussi à « s'obliger » à entendre l'exigence de Pyongyang sur la nécessité de pas réciproques et à modifier précisément une ancienne position extrêmement obstinée, y compris en ce qui concerne l'atténuation graduelle des sanctions.

Si nos hypothèses se confirment, ce peut être le début de la formation d’un nouveau type de relations inter-coréennes, ainsi qu’une mise à jour significative du caractère des relations américano-nord-coréennes et américano-sud-coréennes. Et sur cette base peut apparaître une structure renouvelée des relations internationales dans et autour de la péninsule coréenne, dans laquelle le rôle indépendant du facteur intra-coréen sera beaucoup plus élevé.

 

Traduit du russe pour l’AAFC par YB.

 

Article original en russe :

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25 octobre 2018 4 25 /10 /octobre /2018 22:01

Le 25 octobre 2018, les deux gouvernements coréens ont achevé le processus de démilitarisation de la zone commune de sécurité (acronyme anglais : JSA) située de part et d'autre du 38e parallèle, dans la zone démilitarisée. L'Association d'amitié franco-coréenne salue cette mesure qui met en oeuvre l'une des dispositions des mesures adoptées conjointement lors du sommet de Pyongyang de septembre 2018, permettant de diminuer les tensions ainsi que les risques d'affrontement accidentels, et s'inscrit dans le cadre de la déclaration du 19 septembre 2018 : mettre un terme aux rapports hostiles militaires en adoptant des mesures de confiance mutuelle, dont la portée dépasse de loin la dimension symbolique. 

La zone commune de sécurité (JSA) : enfin démilitarisée !

Pendant 20 jours, à compter du 1er octobre 2018, Nord et Sud-Coréens ont procédé à un travail de déminage dans la JSA, qui a par ailleurs permis de mettre à jour les restes de soldats morts pendant la guerre de Corée. Les vérifications sont prévues les 26 et 27 octobre 2018. 

Le 25 octobre, le retrait des postes militaires, des troupes et des armes à feu est devenu effectif à 13 h (heure locale), dans ce qui est devenu désormais l'une des
toutes premières zones tampons, démilitarisée, entre les deux parties de la Corée. Chacune des deux parties (Nord et Sud) pourra stationner 35 hommes (dont 5 officiers) dans la zone, qui sera ouverte aux civils coréens et aux touristes étrangers de 9h à 17h. 

Des discussions vont désormais définir le statut de l'organisme conjoint qui sera chargé de la gestion de la JSA.

Le processus de désarmement a été mené conjointement avec le Commandement des Nations unies en Corée (acronyme anglais : UNC), traduisant ainsi l'implication des Etats-Unis au-delà des échanges Nord-Sud. Alors que les secteurs (minoritaires) de l'opinion sud-coréenne hostiles à la politique de rapprochement inter-coréen avaient dénoncé une attitude qui consistait, selon eux, à mettre les Etats-Unis devant le fait accompli (traduisant que ces néo-conservateurs se sentent plus américains que sud-coréens...), une des vertus de cette mesure est également d'engager concrètement Washington sur la voie de la paix et du désarmement dans la péninsule coréenne - alors que le dialogue entre les Etats-Unis et la République populaire démocratique de Corée en est encore à ses débuts..

Source : 

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14 octobre 2018 7 14 /10 /octobre /2018 21:53

Le 12 octobre 2018 (près du pont des Arts) et le 14 octobre 2018 (près du centre Beaubourg), quatre artistes coréens ont effectué une performance à Paris pour la paix en Corée : la peintre Bae Dallae, le mime Lee Jung-hun, la violoncelliste Moon Jiyoon et le musicien Lee Han-joo, qui se sont par ailleurs produits pour les "femmes de réconfort" les 10, 11 et 13 octobre 2018, ont exprimé leur volonté qu'advienne une ère de paix et de prospérité, ouvrant la voie vers la réunification.

Un spectacle pour la paix en Corée

Pour l'Occidental, à qui la Corée évoque au mieux un pays lointain situé quelque part très à l'Est sur le continent eurasiatique, parler de division nationale est une question abstraite - mis à part pour les Allemands, qui ont eu, eux, à souffrir de la partition de leur pays pendant plus de quatre décennies. Mais l'histoire du peuple coréen depuis 1945 est modelée par cette séparation subie, produit d'une guerre froide qui n'a jamais pris fin sur le sol de la péninsule, à laquelle le spectaculaire rapprochement inter-coréen en cours ouvre l'espoir de mettre un terme - par l'action des Coréens eux-mêmes, sans ingérence extérieure.

La troupe artistique sud-coréenne a exprimé sa volonté et son espoir d'une ère nouvelle, vers une réunification symbole d'une explosion de couleurs - et de joie, joie de retrouver ses proches et une unité nationale plus que millénaire. Il est fréquent de figurer les deux parties divisées de la Corée sous des traits masculins et féminins : ici, Bae Dallae et Lee Jung-hun ont représenté la séparation puis l'union des corps, tout au long d'une performance impliquant une participation du public qui agitait les drapeaux de la Corée unifiée (la carte en bleu de la péninsule frappée sur fond blanc) et lançait des avions en papier multicolores vers les deux danseurs. Car la réunification et le dialogue inter-coréens seront bien l'expression d'une volonté collective, mobilisant l'élan de toute une nation.

A l'issue de la spectacle donné le 14 octobre 2018, Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne, a souligné que celui-ci coïncidait avec la venue en Europe du Président Moon Jae-in, qui cherche en France - auprès du Président Emmanuel Macron, rencontré le 15 octobre - un soutien effectif à sa politique de rapprochement et de dialogue Nord-Sud, pour écarter définitivement les risques de guerre dans une péninsule dévastée par le feu des armes il y a 65 ans.

A cette fin, les organisateurs ont convié les participants à signer une pétition pour la paix en Corée et son corollaire immédiat : la levée des sanctions qui frappent les populations nord-coréennes et sont aujourd'hui en déphasage avec l'engagement de la Corée du Nord sur la voie de sa dénucléarisation.

Un spectacle pour la paix en Corée
Un spectacle pour la paix en Corée
Un spectacle pour la paix en Corée
Un spectacle pour la paix en Corée
Un spectacle pour la paix en Corée
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5 octobre 2018 5 05 /10 /octobre /2018 22:12

Pour la première fois, la déclaration Nord-Sud du 4 octobre 2007 donne lieu à des commémorations conjointes des deux gouvernements coréens - en l'occurrence à Pyongyang, capitale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).

Réunion au Palais de la culture du peuple, à Pyongyang, le 5 octobre 2018

Réunion au Palais de la culture du peuple, à Pyongyang, le 5 octobre 2018

Forte de 160 personnes, la délégation sud-coréenne présente au nord de la péninsule pour la commémoration conjointe est dirigée par Cho Myoung-gyon, ministre de la Réunification, et Lee Hae-chan, président du parti Minjoo (démocrate, au pouvoir), et par ailleurs directeur exécutif de la Fondation Roh Moo-hyun. Si la veuve de l'ancien président sud-coréen, co-signataire de la déclaration du 4 octobre 2007 avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, n'a pas pu voyager en RPD de Corée, Geon-ho, le fils de l'ancien président Roh, fait partie de la délégation sud-coréenne en visite au nord.

Lors du rassemblement qui a eu lieu au Palais des études du peuple, Kim Yong-nam, président du Praesidium de l'Assemblée populaire suprême de la RPD de Corée, a exprimé son souhait de voir se développer les relations inter-coréennes dans tous les domaines. Ri Son-gwon, président du Comité pour la réunification pacifique de la patrie, basé au nord, a formulé le vœu de la reprise du tourisme inter-coréen dans les monts Kumgang et des activités de la zone économique de Kaesong.

En marge des cérémonies, des discussions ont également eu lieu pour détailler la reprise des échanges inter-coréens, conformément aux déclarations de Panmunjom du 27 avril 2018 et de Pyongyang du 19 septembre 2018, adoptées lors des deux sommets Nord-Sud entre les présidents Kim Jong-un et Moon Jae-in.

La volonté commune est d'empêcher que les aléas politiques ne bloquent la mise en œuvre des accords Nord-Sud, comme cela avait été le cas pour les déclarations du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007 après le retour au pouvoir des conservateurs à Séoul, en 2008.

Sources :
- KCNA ;

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