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24 avril 2018 2 24 /04 /avril /2018 20:14

Le sommet entre les Présidents Moon Jae-in et Kim Jong-un, qui se tiendra à Panmunjeom le 27 avril 2018, sera historique à plus d'un titre. Pour la première fois, une rencontre intercoréenne au sommet aura lieu non pas dans la moitié nord de la Corée, mais dans la zone démilitarisée (DMZ), et du côté sud - si bien que ce devrait être le président sud-coréen, originaire du nord de la Corée, qui accueillera son homologue du nord. Par ailleurs, le choix de la DMZ est hautement symbolique, devant permettre de dépasser la séparation entre les deux Etats coréens en consacrant la DMZ comme une zone de paix dans le cadre d'un dialogue non seulement vers la réunification, mais aussi vers la dénucléarisation et la paix dans la péninsule coréenne. C'est d'ailleurs ce triptyque qui forme l'ordre du jour de la rencontre : dénucléarisation de la Corée (et pas seulement de la moitié nord) ; discussions sur l'établissement d'un régime de paix permanent, en lieu et place de l'accord d'armistice ayant mis fin aux combats de la guerre de Corée, le 27 juillet 1953 (et auquel la République de Corée n'était d'ailleurs pas partie) ; mesures concrètes pour améliorer les relations intercoréennes, laissant envisager l'adoption d'une troisième déclaration conjointe après celles du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007

J-3 : derniers préparatifs avant le sommet historique Moon Jae-in - Kim Jong-un

Les gestes de bonne volonté sont manifestes de part et d'autre : alors que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé la suspension de ses essais nucléaires et de missiles balistiques intercontinentaux, la République de Corée (Corée du Sud) a décidé de suspendre ses hauts parleurs diffusant des messages de propagande et de la pop musique à la frontière avec le Nord. Enfin, les deux parties ont mis en place, d'un commun accord, une ligne de communication directe entre leurs dirigeants.

Les préparatifs du sommet du 27 avril vont tellement bon train qu'une dernière rencontre préparatoire de haut niveau n'est pas apparue nécessaire.

Dans l'attente du menu des discussions, la presse sud-coréenne s'est intéressé au dîner des deux présidents : à l'ordre du jour figureront les nouilles froides (naengmyon au Sud ou raengmyon au Nord, la différence orthographique traduisant la différence d'accent et de prononciation), spécialité de Pyongyang, qui seront préparées par le chef de l'un des meilleurs restaurants de la capitale nord-coréenne, Okryugwan, tandis que plusieurs plats rappelleront symboliquement les anciens présidents sud-coréens Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun, qui avaient rencontrés le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il en 2000 et 2007 : 

Les «naengmyeon» seront accompagnés de «pyeonsu», raviolis froids farcis de maigre et de concombre de mer pêchés au large de l’île de Gageo, située dans le sud-ouest du pays, où est né l’ancien président Kim Dae-jung, Prix Nobel de la paix 2000. Le riz qui sera servi sera un produit bio du village de Bonghwa, dans la province du Gyeongsang du Sud, d’où est originaire l’ancien président Roh Moo-hyun.

Les deux défunts présidents ont rencontré l'ancien numéro un nord-coréen Kim Jong-il pendant les sommets intercoréens de 2000 et de 2007, respectivement.

Si la plus grande discrétion est de mise sur les résultats attendus du sommet, celui-ci abordera pour la première fois ouvertement, dans un cadre Nord-Sud, la question de la sécurité collective et de la paix dans la péninsule coréenne, avant le sommet prévu entre les présidents Kim Jong-un et Donald Trump. Indice supplémentaire que le contexte international est bien au dialogue, le Premier ministre japonais Shinzo Abe vient d'exprimer son souhait de rencontrer le Président Kim Jong-un. Après que les deux Corée ont repris en mains elles-mêmes leur destin, sans ingérence extérieure, lors des Jeux olympiques de Pyeongchang, la demande japonaise que la République de Corée appuie cette proposition de sommet Japon - RPDC est significative non seulement de l'affirmation du Président Kim Jong-un comme acteur diplomatique majeur, mais aussi du rôle incontournable que joue désormais le Président Moon Jae-in pour les questions diplomatiques et de sécurité autour de la péninsule coréenne.

Sources : 

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20 avril 2018 5 20 /04 /avril /2018 12:39

A une semaine du troisième sommet intercoréen prévu le 27 avril 2018, Moon Jae-in, Président de la République de Corée (Corée du Sud), a donné une conférence de presse au cours de laquelle il a lié ce sommet et la rencontre entre les Présidents Donald Trump et Kim Jong-un, envisagée (dans une date et en un lieu encore à confirmer) fin mai ou début juin 2018. La perspective est celle d'un accord global autour de la péninsule coréenne, qui lierait la dénucléarisation de la péninsule et la conclusion d'un traité de paix - alors que la guerre de Corée s'est terminée par un simple accord d'armistice.

Le Président Moon Jae-in, lors d'une conférence de presse à la Maison Bleue le 19 avril 2018

Le Président Moon Jae-in, lors d'une conférence de presse à la Maison Bleue le 19 avril 2018

Si les hypothèses vont bon train sur les enjeux et les conclusions à attendre des deux sommets à venir (Corée du Nord-Corée du Sud et Corée du Nord-Etats-Unis), un intense cycle de négociations diplomatiques a commencé - les délais étant rapprochés - comme en a d'ailleurs témoigné la visite à Pyongyang, du 30 mars au 1er avril, de Mike Pompeo, directeur de la CIA récemment nommé secrétaire d'Etat par le Président Donald Trump, où il a eu un échange avec le Président Kim Jong-un. Son déplacement en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a confirmé du même coup que les discussions sont menées par le canal des services de renseignement (et non par la voie diplomatique), ce qui est habituel s'agissant des relations intercoréennes, moins classique pour la diplomatie américaine, y compris en ce qui concerne la péninsule coréenne.

Lors de la conférence de presse qu'il a donnée à la Maison Bleue à une semaine du troisième sommet intercoréen, le Président Moon Jae-in a clairement observé que cette rencontre s'inscrivait dans un cycle plus global, dont les résultats devraient être appréciés à l'issue du sommet entre les présidents Kim Jong-un et Donald Trump :

Nous ne parlerons de dialogue fructueux que lorsque le tout premier sommet nord-coréano-américain aura eu lieu, et pas seulement le sommet Sud-Nord (...) Nous aurons besoin d'idées audacieuses et de solutions créatives pour réussir les deux sommets et ne pas répéter les erreurs du passé.

Quand il évoque la nécessité selon lui de "ne pas répéter les erreurs du passé", le Président Moon Jae-in parle manifestement du besoin qu'il n'y ait pas deux lignes diplomatiques parallèles, conduites par Séoul et Washington. Ainsi, les objectifs attendus des deux sommets sont imbriqués, et ils lient dénucléarisation de la péninsule, conclusion d'un accord de paix, relance des relations intercoréennes et (il est important de souligner que ces questions sont présentées comme une conséquence des trois premières) levée des sanctions contre la RPD de Corée et normalisation des relations entre Pyongyang et Washington d'une part, Pyongyang et Tokyo d'autre part , dessinant ainsi la perspective d'un accord global :

Si la dénucléarisation est conclue lors des sommets Sud-Nord et Corée du Nord-Etats-Unis, il ne sera pas très difficile de se mettre d’accord en principe sur un cadre large comme l'établissement d'un régime de paix, la normalisation des relations Corée du Nord-Etats-Unis et une aide internationale pour le développement économique du Nord (...) Les relations Sud-Nord pourront se développer lorsque la question nucléaire nord-coréenne sera résolue et que les sanctions internationales seront levées. Nous sommes dans une situation où nous ne pouvons pas améliorer les relations Séoul-Pyongyang uniquement sur la base d'un dialogue réussi entre le Sud et le Nord. Les relations entre la Corée du Nord et les Etats-Unis doivent également être améliorées et celles Pyongyang-Tokyo aussi. Les rapports Sud-Nord pourront s’améliorer quand tous ces problèmes seront réglés.

Donald Trump ne semble pas être sur une autre ligne, qui a confirmé la rencontre entre Mike Pompeo et le Président Kim Jong-un, a rappelé que cinq lieux étaient à l'étude pour le sommet avec Kim Jong-un (dont probablement Pyongyang, Washington et la zone démilitarisée) et a aussi observé l'importance, lui aussi, de conclure un traité de paix :

Mike Pompeo a rencontré Kim Jong-un en Corée du Nord la semaine dernière. La rencontre s’est bien déroulée et une bonne relation s’est établie. Les détails du sommet sont à l’étude (...) Nous envisageons cinq lieux (...) Je crois vraiment qu’il y a beaucoup de bonne volonté. Nous verrons ce qu’il advient, comme je dis toujours. Car à la fin, c’est le résultat qui compte. (...) La Corée du Sud a des projets de rencontre avec la Corée du Nord pour voir s’ils peuvent mettre fin à la guerre. Et ils ont ma bénédiction à ce sujet (...) les gens n’ont pas conscience que la guerre de Corée ne s’est pas terminée.

Toutefois, la partie américaine a été prudente quant aux modalités de concrétisation des engagements de la République populaire démocratique de Corée sur sa dénucléarisation, laissant clairement entendre que le sommet Etats-Unis - Corée du Nord devrait conduite à l'adoption d'une feuille de route en posant des principes, dont les détails (cruciaux) devraient ensuite être précisés. Dans ce contexte, il faudra donc que chacun fasse des avancées simultanément, conformément au principe "action contre action" qui a toujours prévalu dans les échanges diplomatiques sur la question coréenne, notamment lors des pourparlers à quatre (les deux Corée, les Etats-Unis et la Chine) puis à six parties (les mêmes, plus la Russie et le Japon).

Sources :

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14 avril 2018 6 14 /04 /avril /2018 20:50

Le 15 avril, les Coréens de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) célèbrent la naissance du fondateur du pays, le Président Kim Il-sung (1912-1994). En 2018, moins de deux semaines avant le troisième sommet intercoréen prévu le 27 avril, les propositions du Président Kim Il-sung pour la réunification indépendante et pacifique de la Corée méritaient d'être rappelées. Dans ce contexte, l'Association d'amitié franco-coréenne a souhaité relever l'ancienneté des propositions nord-coréennes d'une République (con)fédérale, formalisées lors du sixième congrès du Parti du travail de Corée en octobre 1980 : celles-ci ont en effet été formulées lors du discours, dont nous reproduisons des extraits ci-après, prononcé le 14 août 1960 par le Président Kim Il-sung, à l'occasion du 15e anniversaire de la libération de la Corée, et quelques mois après le soulèvement d'avril 1960 qui, en ayant permis la mise en place d'un régime parlementaire en Corée du Sud (qui ne durera cependant qu'un peu plus d'un an, jusqu'au coup d'Etat militaire du 16 mai 1961), avait alors soulevé de nouveaux espoirs, dans toute la Corée, pour une réunification du pays. 

"Nous proposons d'instituer une confédération de la Corée du Nord et de la Corée du Sud" (Kim Il Sung, 1960)

Il est très évident que les élections générales libres dans toute la Corée, du Nord et du Sud, sans aucune ingérence étrangère et sur des bases démocratiques, sont la voie la plus raisonnable et la plus pratique pour la réunification pacifique de la patrie. Nous appelons tous les partis politiques, toutes les organisations sociales, toutes les classes et couches de la population de Corée du Sud à s'engager en faveur de la tenue de telles élections.
Si malgré tout, les autorités sud-coréennes ne pouvaient pas encore accepter le principe de ces élections dans toute la Corée, du Nord et du Sud, dans la crainte que la Corée du Sud ne devienne entièrement communiste, alors il faudrait au moins prendre des mesures transitoires pour résoudre d'abord les problèmes urgents qui se posent à la nation.
Pour commencer, nous proposons d'instituer une confédération de la Corée du Nord et de la Corée du Sud. La confédération dont nous parlons ici consiste à créer un comité national suprême constitué par des représentants des deux gouvernements de la Corée, du Nord et du Sud, et grâce à celui-ci à réaliser une coordination unifiée principalement du développement économique et culturel des deux parties, tout en gardant intacts, pour quelque temps, les régimes politiques actuels de la Corée du Nord et du Sud et tout en maintenant les activités indépendantes de chacun des deux gouvernements : celui de la République Populaire Démocratique de Corée et celui de la "République de Corée". (...)
Redresser l'économie nationale de la Corée du Sud et améliorer la vie misérable de son peuple est à l'heure actuelle le plus urgent problème.
Comme nous l'avons toujours préconisé et comme la réalité le démontre, ce problème ne pourra être résolu tant que les échanges économiques entre le Nord et le Sud ne seront pas rétablis.
Dans n'importe quel pays, sans l"industrie lourde on ne peut développer ni l'industrie légère ni l'agriculture, ni améliorer la vie du peuple. C'est là une vérité élémentaire de l'économie politique.
Dans notre pays une telle industrie lourde existe dans la moitié nord. (...)
C'est seulement en s'appuyant sur les puissantes bases économiques de la moitié nord que la Corée du Sud pourra pallier la pénurie de matières premières, de matériaux de construction et de capitaux et développer l'industrie nationale (...).
Si les autorités sud-coréennes ne peuvent pas encore accepter notre projet de confédération, alors nous leur proposons une fois de plus d'organiser un comité exclusivement économique constitué par des représentants du monde des affaires de la Corée du Nord et du Sud, et d'échanger des produits, de collaborer et de nous entraider dans la construction économique. De cette façon, en laissant de côté les questions politiques, nous tirerons d'abord nos compatriotes du Sud de la famine et de la misère.
Il faut réaliser de larges échanges culturels entre le Nord et le Sud en même temps que les échanges économiques, et il faut que la population puisse circuler librement. (...)
Nous proposons une fois de plus la circulation libre de missions culturelles entre le Nord et le Sud et les échanges scientifiques, culturels, artistiques, sportifs et dans tous les autres domaines. Il faudrait, pour commencer, que la correspondance entre parents et enfants, frères et soeurs, entre proches et amis, soit rétablie et que la population puisse circuler librement.
Une des questions importantes pour améliorer les relations entre le Nord et le Sud, et en particulier pour normaliser la vie économique en Corée du Sud, est de réduire les forces armées. Aujourd'hui, le maintien d'énormes effectifs en Corée du Sud constitue la charge la plus lourde pour le peuple.
Nous insistons toujours sur la nécessité de faire évacuer les troupes US de la Corée du Sud et de réduire les forces armées du Nord et du Sud respectivement à 100 000 hommes ou moins. Ce serait une mesure importante pour relâcher la tension en Corée et accélérer sa réunification pacifique ; en particulier, cela permettrait d'alléger la trop lourde charge des dépenses militaires imposée à la population sud-coréenne. Avec une armée de 200 000 hommes on peut assurer parfaitement la défense nationale de notre pays. (...)
Nous proposons aux autorités gouvernementales, aux partis politiques, aux organisations sociales et aux personnalités de Corée du Sud de tenir au plus tôt une réunion des représentants de Corée du Nord et du Sud, soit à Pyongyang, soit à Séoul, soit à Panmoundjeum, pour discuter toutes les questions énumérées ci-dessus.

Source : Kim Il-sung, Pour la réunification indépendante et pacifique de la patrie (recueil de textes), éditions en langues étrangères, Pyongyang, RPDC, 1977. Extraits p. 68-85. 

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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 11:10

Pour la première fois le plus haut dirigeant nord-coréen a assisté à un concert de musique pop sud-coréenne à Pyongyang : le Président Kim Jong-un était présent à la représentation donnée le 1er avril 2018 devant 2 500 spectateurs au Grand théâtre de Pyongyang de l'Est - avant un second concert, prévu le même jour, au gymnase Jong Ju Yong (12 000 places). Parmi les artistes sud-coréens invités à se produire en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) figurent Lee Sun-hee, le girls band Red Velvet, Yoon Do-hyun, Baek Ji-young, Ali et Seohyun...

La diplomatie du sport et de la culture a encore de beaux jours devant elle si l'on en juge par la réaction du public nord-coréen - au premier rang duquel le Président Kim Jong-un et son épouse Ri Sol-ju - lors du premier concert de musique pop sud-coréenne donné le 1er avril 2018 : si l'on considère la difficulté dans un pays donné à réunir pour un artiste différentes classes d'âge (d'autant que la pop sud-coréenne, emblématique de la K-Pop, a un public majoritairement âgé de moins de 18 ans), le pari étant d'autant plus grand pour les artistes sud-coréens qui se produisent actuellement au Nord de la péninsule, et qui l'appréhendaient ouvertement. Mais le choix d'un panel de musiciens représentatif des différentes générations de la musique contemporaine sud-coréenne, ainsi que la qualité de l'accueil par leurs hôtes nord-coréens pour les mettre à l'aise, on fait fi de cet obstacle, tout au long d'un spectacle intitulé "La venue du printemps" et qui s'est achevé par la chanson "Notre voeu est la réunification".

Côté nord-coréen, la programmation avait été faite avec le concours de Hyon Song-wol, du groupe Samjiyeon, qui s'était produite au Sud lors des représentations données par les Nord-Coréens à l'occasion des Jeux olympiques de Pyeongchang (pour l'anecdote, on rappellera que Hyon Song-wol avait été donnée pour morte dans une campagne de désinformation menée en août 2013 par les autorités conservatrices sud-coréennes, et qui bénéficiait encore de relais des années plus tard - comme par exemple dans Marianne en 2015). 

Si la réunification de la Corée implique un rapprochement politique et économique, elle suppose également de combler l'écart culturel qui s'est instauré, en plus de 70 ans, entre les deux parties du pays, pour permettre une compréhension mutuelle. C'est sur cet aspect qu'a d'ailleurs insisté le Président Kim Jong-un. Selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA, 

Il a dit avoir été profondément ému de voir notre peuple applaudir sincèrement lors de la représentation, laquelle approfondit la compréhension de l'art populaire du côté du sud.

Manifestement féru de musique, à l'instar de son père et de son grand-père, le président trentenaire Kim Jong-un avait déjà imprimé sa marque personnelle en matière musicale en promouvant la création dès 2012, l'année suivant immédiatement son accession au pouvoir, du girls band nord-coréen Moranbong - notamment lors d'un premier spectacle, donné le 6 juillet 2012, qui avait fait l'effet d'une révolution sur la scène musicale du pays (même si la musique électronique avait marqué son apparition antérieurement, par exemple avec l'Orchestre Pochonbo, elle avait fini par accumuler un retard en RPDC par rapport aux autres pays). 

Un couac a toutefois émaillé la première représentation des musiciens sud-coréens : les journalistes sud-coréens n'ont pas pu accéder à la salle de spectacle... la tendance très coréenne (Nord comme Sud) à tout organiser en dernière minute, ajoutée à un possible dépassement des organisateurs nord-coréens et à l'hypersensibilité sur les questions intercoréennes, a hélas produit une telle erreur. Les autorités nord-coréennes ont immédiatement présenté leurs excuses, pour cet impair qui ne devrait donc pas se reproduire à l'occasion du deuxième concert. 

Enfin, alors que les échanges entre Nord et Sud-Coréens sont strictement encadrés (et même interdits en Corée du Sud sans autorisation gouvernementale, en application de la loi de sécurité nationale), ce ne sont pas seulement les Nord-Coréens qui découvrent la musique sud-coréenne, mais aussi les artistes sud-coréens présents au RPDC - dont on dirait aujourd'hui qu'ils sont des leaders d'opinion - qui pourront témoigner, à leur retour, d'une image de la Corée du Nord moins archaïque et caricaturale que celle encore trop souvent véhiculée - et qui imprime une marque particulièrement forte sur les plus jeunes générations, bombardées par la propagande anti-RPDC qui a été menée tambour battant par la droite sud-coréenne au pouvoir entre 2008 et 2017, dans un contexte d'accroissement dangereux des sanctions. Gagner les coeurs est bien la mère des batailles pour avancer vers la réunification de la Corée. 

Kim Jong-un a assisté au concert de K-Pop au Grand théâtre de Pyongyang de l'Est : la réunification musicale en marche

Principale source : KCNA

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20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 22:37

Du 31 mars au 3 avril 2018, plusieurs artistes sud-coréens vont se produire en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) - ce qui sera une première depuis 2007. Ce rapprochement culturel prend place dans un contexte de relance des relations Nord-Sud, avant le troisième sommet intercoréen qui se tiendra dans la zone démilitarisée entre les deux Corée fin avril 2018 : après la venue d'une troupe artistique nord-coréenne au Sud dans le cadre des Jeux olympiques de Pyeongchang, c'était en effet au tour des artistes sud-coréens de se produire au nord de la péninsule - conformément à un des points de l'accord trouvé lors de la réception d'une délégation sud-coréenne par le Président Kim Jong-un de la RPDC le 5 mars 2018.

Cho Yong-pil à Pyongyang, en 2005

Le chanteur Cho Yong-pil pouvait difficilement rêver d'un plus beau cadeau d'anniversaire : le très populaire chanteur sud-coréen, dont les premiers succès datent de 1968 avec le groupe Atkins et qui s'était déjà produit à Pyongyang en 2005, a appris, à la veille de son 68e anniversaire (il est né le 21 mars 1950), qu'il ferait partie de la troupe artistique sud-coréenne de 160 personnes qui se produirait en RPDC entre le 31 mars et le 3 avril prochains, dans le cadre de deux concerts exceptionnels à Pyongyang, prévus au Grand Théâtre de l'Est (1 500 places), et au gymnase Jong Ju Yong (12 000 places). La troupe sera dirigée par Yoon Sang, toujours selon les précisions apportées par le ministère de la Réunification sud-coréen.

Toutes les époques et les styles de musique contemporains sud-coréens sont annoncés, avec à l'affiche
 Lee Sun-hee, le girls band Red Velvet, Yoon Do-hyun, Baek Ji-young, Ali et Seohyun.

Les rencontres musicales constituent l'un des aspects les plus visibles des échanges Nord-Sud dans les domaines sportif et culturel : c'est en 1985 que pour la première fois des artistes sud-coréens se sont produits au Nord.

Le choix de groupes contemporains de K-pop fait écho à la mise en place, à l'initiative du Président Kim Jong-un, de groupes pop nord-coréens, dont l'un des plus célèbres est le groupe féminin Moranbong - qui a fait ses débuts publics à l'été 2012 et s'est produit au Sud dans le cadre des Jeux olympiques de Pyeongchang.

Source : 

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6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 12:31

La venue d'une délégation sud-coréenne de haut niveau en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a été historique à plus d'un titre : reçue par le Maréchal Kim Jong-un, elle a conclu un accord pour la tenue du troisième sommet intercoréen fin avril 2018 (après les sommets de juin 2000 et octobre 2007), dans la zone démilitarisée de Panmunjeom, à la frontière entre les deux Etats coréens. La proposition d'un tel sommet avait été faite par le Nord pendant les Jeux olympiques de Pyeongchang, dans un courrier du Président Kim Jong-un remis au Président Moon Jae-in par Kim Yo-jong, directeur adjoint de département du Parti du travail de Corée. La nouvelle a d'abord été annoncée dans les médias nord-coréens, qui ont fait leur une sur la rencontre, puis confirmée par le chef de la délégation, Chung Eui-yong, chef du bureau de la sécurité nationale placé auprès du Président Moon Jae-in, lors de son retour au Sud le 6 mars en début d'après-midi (heure de Séoul). 

Chung Eui-yong salue le Président Kim Jong-un

Chung Eui-yong salue le Président Kim Jong-un

Pendant les quatre heures du dîner offert par la partie nord-coréenne au siège du Parti du travail de Corée (ce qui était déjà un symbole, témoignant de la confiance accordée aux délégués sud-coréens par les autorités nord-coréennes), tous les sujets ont été mis sur la table. Les discussions ont permis une reprise spectaculaire des échanges Nord-Sud et apporté des garanties pour créer un climat de dialogue et de confiance sur les questions de sécurité :

- le troisième sommet intercoréen aura lieu en avril, et pour la première fois non pas au Nord mais dans la zone commune de sécurité à Panmunjeom ;
- les deux parties ont convenu d'établir une ligne de communication directe entre leurs dirigeants, permettant d'établir des consultations et de réduire les tensions militaires ; la première conversation téléphonique est prévue avant le sommet d'avril ; 
- une équipe de démonstration de Taekwondo et une troupe artistique sud-coréennes sont invitées à se produire au Nord de la péninsule, après que des Taekwon-doïstes et une troupe artistique du Nord ont donné des représentations au Sud pendant les Jeux olympiques de Pyeongchang ;
- la RPD de Corée a réaffirmé son engagement pour la dénucléarisation de l'ensemble de la péninsule coréenne, précisant qu'elle n'avait pas besoin de détenir des armes nucléaires dès lors qu'elle bénéficierait de garanties de sécurité et que les menaces militaires contre elle cesseraient ;
- la RPD de Corée a réaffirmé son intention de conduire des discussions sincères avec les Etats-Unis sur les moyens de réaliser la dénucléarisation de la péninsule coréenne et de normaliser les relations bilatérales entre les deux Etats ;
- la RPD de Corée est prête à engager des discussions avec les Etats-Unis sur la dénucléarisation sans conditions préalables ; pendant les discussions avec les Etats-Unis, elle ne conduira pas d'essais nucléaires ni de tirs de missile balistique ; 
- la RPD de Corée a réaffirmé que ses armes nucléaires ne seraient jamais utilisées contre la République de Corée (Corée du Sud), et qu'il s'agissait donc bien d'un sujet bilatéral avec les Etats-Unis.


Revenant sur les Jeux olympiques de Pyeongchang, le Président Kim Jong-un a souligné qu'il avait partagé la joie de ses compatriotes dans l'organisation d'un tel événement qui avait permis de créer une atmosphère d'unité, de dialogue et de réconciliation. Il a appelé à écrire une nouvelle page dans l'histoire des relations intercoréennes, par les efforts des Coréens eux-mêmes - en d'autres termes, sans ingérence extérieure - suivant un principe qui a été posé dès 1972.

Si la rapidité avec laquelle doit se tenir le prochain sommet intercoréen surprend les observateurs extérieurs, les incertitudes demeurent sur les réactions des Etats-Unis, l'administration Trump n'ayant pas manifesté jusqu'à présent ni intention de cesser les manoeuvres américano-sud-coréennes perçues comme autant de provocations par la RPDC, ni velléité de réouvrir un cycle de discussions. Elle veut au contraire renforcer les sanctions malgré le climat de détente ouvert par les Jeux olympiques, pendant lesquels le vice-président Mike Pence a ostensiblement refusé de rencontrer la délégation nord-coréenne et est resté assis pendant que Nord et Sud-Coréens saluaient la délégation coréenne unifiée pendant la cérémonie d'ouverture.

Le Président Moon Jae-in a réaffirmé, au même moment, qu'il fallait renforcer la défense nationale pour contrer toute initiative du Nord (dans un discours par ailleurs analogue à celui de la Corée du Nord, selon laquelle ses capacités de défense, y compris nucléaire, favorisent la paix dans la péninsule), indiquant bien que le rapprochement Nord-Sud n'est ni naïf ni sans principes (comme l'en accusent volontiers les néo-conservateurs sud-coréens et américains).

Les chefs de la délégation sud-coréenne, Chung Eui-yong et Suh Hoon, qui dirige l'Agence nationale de renseignement, devront à présent trouver les mots justes pour convaincre la partie américaine (dont la consultation était prévue avant leur départ) d'accepter le dialogue avec la Corée du Nord, seule sortie de crise viable, alors que toute initiative militaire déclencherait un conflit dévastateur pouvant engendrer des millions de morts.

Kim Jong-un avec les membres de la délégation sud-coréenne

Kim Jong-un avec les membres de la délégation sud-coréenne

Le dîner offert par les autorités nord-coréennes a réuni notamment, côté Nord, le Président Kim Jong-un, son épouse Ri Sol-ju, Kim Yong-chol, vice-président du Comité central du Parti du travail de Corée (qui dirigeait la délégation nord-coréenne aux cérémonies de clôture des Jeux olympiques de Pyeongchang), et Mme Kim Yo-jong, premier directeur adjoint de département du Comité central du Parti du travail de Corée ; côté Sud, Chung Eui-yong, qui dirige le Bureau de la sécurité nationale de la Présidence et (ont souligné les médias nord-coréens) envoyé spécial du Président Moon Jae-in, Suh Hoon, directeur de l'Agence nationale de renseignement (NIS), Chun Hae-sung, vice-ministre de a Réunification, Yun Kun-young, chef du bureau des affaires d'Etat à la présidence sud-coéenne, et Kim Sang-gyun, directeur adjoint du NIS.

Le dîner offert par les autorités nord-coréennes a réuni notamment, côté Nord, le Président Kim Jong-un, son épouse Ri Sol-ju, Kim Yong-chol, vice-président du Comité central du Parti du travail de Corée (qui dirigeait la délégation nord-coréenne aux cérémonies de clôture des Jeux olympiques de Pyeongchang), et Mme Kim Yo-jong, premier directeur adjoint de département du Comité central du Parti du travail de Corée ; côté Sud, Chung Eui-yong, qui dirige le Bureau de la sécurité nationale de la Présidence et (ont souligné les médias nord-coréens) envoyé spécial du Président Moon Jae-in, Suh Hoon, directeur de l'Agence nationale de renseignement (NIS), Chun Hae-sung, vice-ministre de a Réunification, Yun Kun-young, chef du bureau des affaires d'Etat à la présidence sud-coéenne, et Kim Sang-gyun, directeur adjoint du NIS.

Sources : 

- KCNA

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5 mars 2018 1 05 /03 /mars /2018 20:37

Le 5 mars 2018, une délégation de la République de Corée (Corée du Sud), conduite par  Chung Eui-yong, chef du bureau de la sécurité nationale de la présidence de la République, et Suh Hoon, qui dirige l'agence nationale de renseignement (National Intelligence Service, NIS) s'est rendue en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pour une visite d'un peu plus de 24 heures. Le soir de leur arrivée, les membres de la délégation sud-coréenne ont été invités à dîner par le Président Kim Jong-un. Comment interpréter cette première rencontre depuis 2011 entre le dirigeant nord-coréen et une délégation sud-coréenne en visite en RPDC, et que peut-on en attendre ? 

Le chef de la délégation sud-coréenne, Chung Eui-yong, lors d'une conférence de presse tenue avant son départ pour le Nord

Le chef de la délégation sud-coréenne, Chung Eui-yong, lors d'une conférence de presse tenue avant son départ pour le Nord

Cette visite, qui s'inscrit dans le cadre du réchauffement des relations intercoréennes depuis l'annonce par le Président Kim Jong-un dans son discours de Nouvel An qu'une délégation nord-coréenne participerait aux Jeux olympiques de Pyeongchang, répond d'abord à des questions protocolaires : après que le Président sud-coréen Moon Jae-in eut reçu des délégations nord-coréennes pour les cérémonies d'ouverture et de clôture des Jeux, et qu'une lettre d'invitation à visiter le Nord du Président Kim Jong-un lui a été remise par Kim Yo-jong, directeur adjoint de département du Parti du travail de Corée, lors d'un dîner, il était attendu qu'à son tour le Président Kim Jong-un reçoive une délégation de haut niveau sud-coréenne, et qu'elle lui transmette un message écrit du Président Moon Jae-in. 

Si l'agence nord-coréenne KCNA a simplement annoncé dans de très brèves dépêches la visite prochaine de la délégation spéciale du président sud-coréen (4 mars) puis son arrivée (le 5 mars), en indiquant le nom et la fonction du chef de délégation, les Sud-Coréens ont été (un peu) plus précis, en annonçant les thèmes des discussions qu'ils entendent aborder. En outre, la radio nord-coréenne a aussi précisé que la délégation avait été accueillie, lors de son arrivée à l'aéroport de Pyongyang-Sunan un peu avant 15h, par Ri Son-gwon, qui préside la Commission pour la réunification pacifique de la Corée et dirigeait la délégation nord-coréenne lors de la rencontre de haut niveau à Panmunjeom, en janvier dernier, pour la participation de la RPDC aux Jeux olympiques et paralympiques. 

Lors d'une conférence de presse juste avant son départ pour Pyongyang, le chef de la délégation sud-coréenne avait souligné les trois thèmes qu'il entendait aborder : 

Je projette d’avoir des discussions approfondies sur les divers moyens de continuer les pourparlers non seulement entre le Sud et le Nord mais aussi entre le Nord et les Etats-Unis et la communauté internationale.

La double thématique des relations Nord-Sud et des relations intercoréennes (et, singulièrement, des relations Etats-Unis-Corée du Nord), n'a rien d'exceptionnel si l'on considère l'historique des relations entre le dirigeant suprême de la RPD de Corée et des délégations sud-coréennes en visite à Pyongyang :
- le 4 mai 1972, lors d'une rencontre entre le Président Kim Il-sung et Lee Hu-rak, qui préparait le communiqué conjoint Nord-Sud du 4 juillet 1972, pierre angulaire du rapprochement intercoréen ;
- en mai 2000, entre le Dirigeant Kim Jong-il et Lim Dong-won, pour finaliser le sommet intercoréen de juin 2000 ;
- en avril 2002, à nouveau entre le Dirigeant Kim Jong-il et Lim Dong-won, pour évoquer les relations intercoréennes ainsi que la situation internationale, marquée par le durcissement de la position américaine après que George W. Bush eut inclus la RPD de Corée parmi les pays de "l'axe du mal" ; 
- en juin 2005, entre le Dirigeant Kim Jong-il et Chung Dong-young, ministre de la Réunification, dans le contexte des pourparlers à six (réunissant les deux Corée, la Chine, les Etats-Unis, la Russie et le Japon), cadre pour progresser vers la dénucléarisation de l'ensemble de la péninsule coréenne en contrepartie notamment d'engagements de sécurité pour la RPD de Corée et de garanties d'accès au nucléaire civil ; 
- en août 2007, également entre le Dirigeant Kim Jong-il et Kim Man-bok, avant le sommet intercoréen d'octobre 2007.

A l'exception de la rencontre de 2005, toutes les délégations sud-coréennes ont été conduites par le chef des services de renseignement sud-coréens. Pour la rencontre du 5 mars 2018, le chef de l'agence nationale de renseignement de la République de Corée a le titre de chef adjoint de délégation, pour des raisons protocolaires et d'ancienneté par rapport au chef de délégation, Chung Eui-yong. 

Les personnalités qui composent la délégation sud-coréenne ont la confiance du Président Moon Jae-in et une expérience des discussions intercoréennes, notamment des sommets de 2000 et 2007. Il s'agit également de personnalités ayant des relations personnelles avec les Etats-Unis : agissant de manière ouverte, les autorités sud-coréennes ont d'ailleurs fait savoir qu'elles auraient ensuite des échanges avec les autres parties intéressées aux discussions multilatérales, au premier rang desquelles les Etats-Unis (où se rendront les deux plus hauts membres de la délégation sud-coréennes) et la Chine, tout en ayant d'ores et déjà appelé les Etats-Unis à ne pas placer trop haut la barre pour engager des discussions avec la RPD de Corée. De fait, si le Président Donald Trump a, comme souvent, tenu des propos laissant libre cours à diverses interprétations, les Etats-Unis ne semblent pas exclure par principe le principe d'un dialogue avec les Nord-Coréens. En attendant, en prenant de nouvelles sanctions unilatérales dans un contexte de détente, les Etats-Unis entravent le principe de discussions. 

Après une décennie de relations Nord-Sud dégradées, il est peu probable que des annonces majeures soient formulées à l'issue de cette reprise de contact : même si Séoul devrait chercher à obtenir des engagements sur des opérations concrètes d'échanges Nord-Sud (dialogue militaire, réunions de familles séparées...), à la veille de l'ouverture le 9 mars des Jeux paralympiques de Pyeongchang, chacune des deux parties va chercher à apprécier les intentions de l'autre. Alors que la présidence sud-coréenne parvient à concrétiser la promesse du Président Moon Jae-in d'améliorer les relations Nord-Sud, plusieurs sujets font débat : la dénucléarisation de la RPDC est d'ordinaire considérée à Pyongyang comme un sujet de relations avec les Etats-Unis, et non la Corée du Sud, car touchant à sa sécurité ; les manoeuvres militaires prochaines entre Washington et Séoul pourraient amener Pyongyang à reconsidérer son moratoire de fait sur ses essais nucléaires et balistiques ; enfin, Séoul a conscience qu'un sommet intercoréen n'a de sens que dans un contexte diplomatique et militaire apaisé. 

La rencontre du 5 mars 2018 est donc riche de promesses et d'espoirs, mais sa portée réelle ne pourra être appréciée qu'à moyen terme, sans que tous les détails des échanges (et notamment les positions de discussion de chaque partie) n'aient vocation à être rendus publics.

Sources : 

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4 mars 2018 7 04 /03 /mars /2018 19:41

En janvier 2018, l'équipe de rédaction de Nord-Sud XXI - ONG de défense des droits de l'homme ayant statut consultatif auprès des Nations unies, et qui a été présidée par l'ancien président algérien Ahmed Ben Bella jusqu'à sa disparition le 11 avril 2012 - a publié un numéro de sa revue Un autre monde / Another world. Sous le nom "Réconciliation(s) ?", ce numéro a examiné notamment plusieurs situations de réconciliation nationale (Afrique du Sud, Libye, Palestine, Côte-d'Ivoire, Corée...). L'article consacré à la Corée, intitulé "Corée : la réconciliation souhaitable, la réunification nécessaire" avait été rédigé par Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) en novembre 2017, avant le rapprochement Nord-Sud à l'occasion des Jeux olympiques de Pyeongchang. Nous le reproduisons ci-après, avec l'autorisation de l'équipe de rédaction de Nord-Sud XXI. 

"Corée : la réconciliation souhaitable, la réunification nécessaire"

Corée : la réconciliation souhaitable, la réunification nécessaire

Pays de près de 80 millions d'habitants (l'équivalent de l'Allemagne), dont la superficie est inférieure de plus de moitié à celle de la France, la Corée a été un Etat unifié pendant au moins dix siècles de son histoire, avant d'être divisée au sortir de la Deuxième guerre mondiale, après 35 années d'une féroce colonisation japonaise (1910-1945). Au Sud du 38e parallèle, où se sont déployées les troupes américaines depuis septembre 1945, la République de Corée (Corée du Sud) a été fondée le 15 août 1948, à l'issue d'élections séparées, boycottées par de nombreuses forces politiques car s'étant tenues dans la seule moitié Sud du pays. En conséquence de cette initiative prise par des forces politiques au Sud ayant conduit à inscrire en droit une division alors de fait, la République populaire démocratique de Corée a été fondée le 9 septembre 1948 au Nord du 38e parallèle, où se trouvaient depuis 1945 des troupes soviétiques. La guerre de Corée, guerre civile internationalisée qui a causé près de 3 millions de morts entre juin 1950 et juillet 1953, a ensuite entériné la division du pays autour de la ligne de front, à proximité du 38e parallèle, se concluant par un simple accord d'armistice, et non un traité de paix qui devrait créer les conditions nécessaires pour empêcher les affrontements sporadiques qui ont continué d'endeuiller, de part et d'autre du 38e parallèle, la péninsule coréenne depuis plus de six décennies. Malgré la fin de la guerre froide, la réunification de la Corée semble difficilement réalisable dans un horizon proche : les 51 millions de Sud-Coréens et les 26 millions de Nord-Coréens ne peuvent toujours pas communiquer entre eux d'une manière ou d'une autre (courrier, téléphone, mél...), les échanges économiques et humains sont redevenus quasiment nuls après une courte décennie de présidences conservatrices à Séoul (2008-2017) et les tensions diplomatiques et militaires ont atteint un point paroxysmique à partir de l'été 2017. Cette escalade doit être resituée dans le contexte d'une volonté américaine de maintenir son hégémonie dans la région Asie-Pacifique, 28 500 GIs restant stationnés en permanence en Corée du Sud, théâtre, plusieurs fois par an, des plus grandes manœuvres militaires au monde en temps de paix. Pourtant, les raisons demeurent d'espérer une réconciliation et d'entrevoir, à terme, une réunification désirée ardemment par tous les Coréens, du Nord, du Sud et d'outre-mer.

 

La Corée est à la mode dans les médias, ou plus exactement la Corée du Nord, objet de tous les fantasmes et sujet privilégié de fausses nouvelles (fake news) : le pays prétendument le plus fermé au monde est nimbé d'un halo de mystère. Pour nous y être rendu à sept reprises entre août 2005 et août 2017, nous pouvons cependant témoigner que Pyongyang n'est en rien une destination inaccessible, et que celui qui veut voir la réalité nord-coréenne par lui-même en a la possibilité : des agences de voyage se sont spécialisées dans les visites du pays, qui est demandeur de coopérations dans tous les domaines (politiques, économiques, sociaux, universitaires, culturels, sportifs...). Depuis sa création en 1969, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a d'ailleurs organisé à de multiples reprises des déplacements de délégations de Français en Corée du Nord et de Nord-Coréens en France, notamment l'accueil d'une troupe de jeunes artistes handicapés en février 2015 et d'une délégation du Comité coréen des relations culturelles avec les pays étrangers à Paris, les 23 et 24 juin 2017, dans le cadre d'une conférence internationale pour la paix et la réunification en Corée.

 

Si la Corée – et singulièrement la Corée du Nord – est réputée si méconnue, c'est d'abord par paresse intellectuelle ou désintérêt volontaire, notamment de la part des médias institutionnels qui façonnent l'opinion publique : une des myopies les plus fréquentes provient ainsi du refus de voir que la Corée du Nord est d'abord et avant tout coréenne, étant dépositaire d'une culture plurimillénaire propre à toute la péninsule, renforcée par une homogénéité ethnique.

 

Les Coréens du Nord et du Sud partagent une langue commune et (je l'ai constaté personnellement) s'intercomprennent, en dépit de différentes linguistiques mineures de prononciation et de vocabulaire, qu'on peut retrouver dans d'autres contextes (par exemple, si l'on compare le français parlé en France, en Suisse et au Québec). Les Coréens partagent la même histoire et les mêmes mythes fondateurs. Leurs attitudes culturelles au quotidien restent profondément marquées par l'empreinte confucéenne, laquelle respecte notamment l'autorité et les plus anciens. La vénération des dirigeants au Nord, qui semble si exotique aux Occidentaux, fait écho au culte des fondateurs des grands groupes sud-coréens (qui se perpétue elle aussi de génération en génération) ou encore à la statue géante, érigée dans sa ville natale, du général Park Chung-hee, ayant gouverné la Corée du Sud d'une main de fer (les opposants sont morts, au bas mot, par milliers) entre 1962 et 1979.

 

En opposant à l'envi et de manière forcée les deux Etats coréens, les médias institutionnels campent l'image d'une division prétendument indépassable entre deux Etats qui seraient devenus étrangers l'un à l'autre. Ils évacuent ainsi de facto la possibilité même d'une réconciliation ouvrant la voie, à terme, à une réunification, qui est pourtant l'une des dominantes du discours politique, tant à Séoul qu'à Pyongyang – même si les modalités d'un tel processus ne sont évidemment pas identiques (y compris entre les différentes forces politiques au Sud) et qu'il s'agit de « deux rêves dans un même lit », pour reprendre une expression coréenne.

 

Déplorant les uns et les autres une division nationale qui leur a été imposée par les grandes puissances en 1945, les Coréens se considèrent pleinement comme partie prenante du monde non occidental. Soutien actif des mouvements de décolonisation (hier en Algérie ou au Zimbabwe, aujourd'hui encore en Palestine) et de résistance à l'impérialisme américain (comme en Syrie et au Vénézuela), le Nord a été un modèle de développement économique socialiste après 1953, affichant alors les taux de croissance économique les plus élevés au monde, et l'un des moteurs du mouvement des non-alignés. Pour sa part, tout en cherchant une reconnaissance internationale (marquée entre autres par l'organisation des Jeux olympiques de Séoul en 1988), le Sud a aussi augmenté de manière visible son aide publique au développement, conjuguée à la volonté de faire connaître aux pays récipiendaires d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine le « miracle économique du fleuve Han » (du nom du fleuve qui traverse Séoul), ayant fait de l'un des pays les plus pauvres au monde en 1960, dépourvu de ressources minières, un des quatre « dragons asiatiques » puis une économie nationale d'une taille aujourd'hui comparable à celles de la France et de l'Italie. Ces deux images méritent certes des nuances et peuvent donner lieu à des objections : ainsi, l'économie nord-coréenne s'est effondrée entre 1990 et 1999, sous l'effet conjugué de la disparition de l'URSS et des démocraties populaires, d'erreurs de gestion, de catastrophes naturelles et d'un embargo aujourd'hui sans équivalent au monde ; l'économie sud-coréenne a connu un développement spectaculaire grâce à des injections massives de capitaux américains et japonais, et l'exploitation (ainsi que l'oppression) des travailleurs y ont été les plus fortes du monde industrialisé. Il n'en demeure pas moins que les Coréens, au Nord comme au Sud, partagent une même éthique (pour reprendre une analyse et des termes propres à Max Weber), ancrée dans des valeurs culturelles antérieures à la division, où l'importance cardinale de l'éducation et l'accent mis sur l'innovation sont quelques-uns des moteurs du développement économique et industriel. Les vicissitudes de l'histoire nationale ont aussi engendré un puissant sentiment patriotique dans un pays victime de la colonisation, la réunification étant largement considérée comme le point d'achèvement nécessaire d'un processus, sinon de libération, du moins de construction nationale.

 

Après une phase d'opposition radicale (chacun des deux Etats prétendant alors représenter toute la péninsule coréenne), Nord et Sud-Coréens ont ensuite adopté des déclarations communes et mis en place, progressivement et suivant un processus non uniforme où des reculs ont succédé à des avancées, des instruments d'échanges intercoréens dans les différentes domaines. Après le communiqué conjoint Nord-Sud du 4 juillet 1972, définissant les principes d'une coexistence pacifique et de coopérations en vue de parvenir à une réunification graduelle du pays par les Coréens eux-mêmes, sans ingérence extérieure, les deux Etats sont entrés simultanément aux Nations unies en septembre 1991 et deux rencontres au sommet ont eu lieu à Pyongyang, donnant lieu à des déclarations conjointes.

 

En juin 2000, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Il a accueilli au Nord le président sud-coréen Kim Dae-jung, ancien opposant politique qui avait été condamné à mort par la junte militaire, et dont l'élection, en 1997, avait marqué la première alternance politique démocratique en Corée du Sud. En octobre 2007, c'est à nouveau le dirigeant nord-coréen Kim Jong Il qui a reçu à Pyongyang le président sud-coréen Roh Moo-hyun. La mise en cause des conditions du dialogue intercoréen par les présidents conservateurs sud-coréens, et la dégradation des relations internationales avec la poursuite de la constitution d'une capacité de dissuasion nucléaire autonome par Pyongyang, ont ensuite ruiné un à un les acquis du dialogue intercoréen. Outre la fin des réunions de familles séparées par la division, la mesure la plus spectaculaire a été la fermeture en février 2016 du parc industriel de Kaesong, au Nord de la péninsule, où quelque 60 000 ouvriers nord-coréens travaillaient dans plus de 120 PME sud-coréennes. De nouvelles perspectives de reprise des échanges sont ouvertes par l'élection à Séoul en mai 2017 d'un nouveau président démocrate, Moon Jae-in. Son arrivée au pouvoir a fait suite à la destitution, puis à l'emprisonnement, de sa prédécesseur, la conservatrice Mme Park Geun-hye, sur fond de scandale de corruption et de dérive autoritaire des institutions sud-coréennes ayant entraîné des manifestations ininterrompues de millions de Coréens pour exiger – et obtenir – le départ du pouvoir de la fille de l'ancien général Park Chung-hee.

 

Si le contexte actuel d'escalade entre les Présidents Kim Jong Un et Donald Trump n'avait, en novembre 2017, jusqu'alors laissé aucun espace à une reprise des échanges intercoréens qui devrait résulter d'une diminution des tensions diplomatiques et militaires, plusieurs obstacles s'opposent à une reprise du dialogue Nord-Sud, tel qu'il a existé jusqu'en 2008 :

- la subordination diplomatique et militaire de la Corée du Sud aux intérêts stratégiques américains, alors même que sur les sujets de contentieux nippo-sud-coréens, les Etats-Unis ont toujours privilégié les Japonais ;

- l'existence d'un puissant lobby (politique, militaire, religieux) néoconservateur anti-Corée du Nord en Corée du Sud, appuyé par des services de renseignement tentaculaires et jamais réellement démocratisés, qui veut accélérer un hypothétique effondrement de la Corée du Nord prédit, vainement, depuis un quart de siècle ;

- une difficulté des progressistes sud-coréens à envisager les rapports avec le Nord en dehors des schémas binaires du soutien ou de l'opposition au système politique et social nord-coréen, dans une société travaillée par un puissant anticommunisme où la loi de sécurité nationale punit toujours tout contact entre Nord et Sud-Coréens non autorisé préalablement par le gouvernement.

 

Notre conviction est que la réunification de la Corée, en tant qu'horizon indépassable, traduit un sentiment politique profondément ancré dans la culture nationale, et a ainsi vocation à donner lieu, tôt ou tard, à de nouvelles politiques d'échanges économiques, humains, sociaux et culturels entre le Nord et le Sud. Une plus grande incertitude porte sur le processus de réunification lui-même, alors que les exemples historiques sont rares et ne peuvent en aucun cas être calqués tels quels sur le contexte coréen :

 

- à l'issue d'une guerre civile internationalisée (dans le cas du Vietnam),
- dans le cadre d'une absorption d'un Etat (la RDA) par un autre (la RFA),
à la suite d'une concertation ayant finalement échoué (le Yémen, les anciens dirigeants sud-yéménites ayant finalement dénoncé les conditions de la réunification),
​​​​​​​- après des discussions impliquant une puissance tierce (le Royaume-Uni) dans une organisation politique se rapprochant d'un système fédéral (la Chine et Hong Kong, étant entendu cependant que Hong Kong était plus de 200 fois moins peuplé que la Chine et qu'il s'agissait plutôt de solder un héritage de la colonisation que de mener un processus de réunification).

 

En définitive, ce sera bien aux Coréens eux-mêmes de définir les modalité de leur coopération pour progresser vers la réunification, comme le principe en avait été posé dès 1972.

 

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20 février 2018 2 20 /02 /février /2018 22:23

Le 20 février 2018, le ministre de la Défense de la République de Corée (Corée du Sud) Song Young-moo a annoncé qu'une annonce serait faite sur la reprise des manoeuvres militaires conjointes avec les Etats-Unis entre la clôture des Jeux paralympiques (le 18 mars 2018) et la fin du mois de mars, tant en ce qui concerne leur calendrier que leur ampleur. Ces exercices de guerre Key Resolve / Foal Eagle, qui se tiennent régulièrement mais augmentent en intensité et tendent à se tenir chaque année de plus en plus tôt, sont dénoncés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) comme la préparation de plans d'invasion de son territoire - et, de fait, comportent des simulations de mise en oeuvre de tels plans. Cette année, à la demande des autorités sud-coréennes, ils avaient été repoussés pendant toute la durée de la trêve olympique. 

Exercice militaire conjoint américano-sud-coréen impliquant des unités de chars à Pocheon

Exercice militaire conjoint américano-sud-coréen impliquant des unités de chars à Pocheon

La trêve olympique aura donc une fin. Mais en annonçant suffisamment en amont la reprise de leurs exercices militaires conjoints avec les Etats-Unis (les plus importants au monde hors zones de guerre), les Sud-Coréens font preuve de prudence - tant vis-à-vis des Nord-Coréens (qu'ils évitent de prendre de court) que des Américains (au fond inquiets du rapprochement intercoréen à Pyeongchang, comme l'a fait apparaître l'attitude hostile du vice-président Mike Pence). 

Le Président Moon Jae-in, dont le pays avait été marginalisé pendant la crise de l'été dernier, a en tout cas réussi un spectaculaire rétablissement diplomatique en reprenant la main sur la question coréenne, en étant pleinement acteur du rapprochement Nord-Sud - lequel pourrait d'ailleurs avoir des conséquences inédites avec la possibilité évoquée par le gouverneur de la province sud-coréenne de Gangwon (qui accueille les Jeux olympiques d'hiver) le 18 février 2018 - que le Nord et le Sud co-organisent les Jeux asiatiques d'hiver 2021. Le Nord a réagi favorablement à cette proposition, qui serait une première dans les relations intercoréennes pour un événement sportif si elle se concrétisait. 

Si les observateurs s'inquiètent des réactions nord-coréennes après la reprise des exercices militaires Key Resolve et Foal Eagle, qui pourraient justifier que la RPDC reprenne ses programmes balistiques et nucléaires pour répondre à cette menace, l'attitude sud-coréenne sera examinée dans une perspective plus globale : la reprise (ou non), qui a été annoncée, des échanges d'informations dans le domaine militaire pour éviter une escalade non souhaitée et incontrôlée ; la réponse du Président Moon Jae-in à la proposition du Président Kim Jong-un de venir à Pyongyang ; enfin, l'attitude des Sud-Coréens par rapport aux sanctions internationales - et aux sanctions additionnelles mises en place unilatéralement par Séoul. 

Sources : 

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15 février 2018 4 15 /02 /février /2018 13:22

Du 9 au 18 mars 2018, la ville sud-coréenne de Pyeongchang accueillera les Jeux paralympiques. Au total, plus de 550 athlètes de plus de 40 pays participeront aux XIIes Jeux paralympiques d'hiver - qui donneront lieu à l'attribution de 80 médailles d'or dans six disciplines (biathlon, curling en fauteuil roulant, hockey sur luge, ski alpin, ski de fond, snowboard) - contre 72 médailles d'or aux précédents Jeux paralympiques, à Sotchi, en 2014. L'Association d'amitié franco-coréenne offre un aperçu des futurs Jeux. 

En attendant les Jeux paralympiques de Pyeongchang... une participation coréenne sans précédent

Si l'acteur et modèle sud-coréen Lee Dong-wook a été nommé le 12 janvier 2018 ambassadeur honoraire à la fois des Jeux olympiques et des Jeux paralympiques de Pyeongchang, c'est vers les Jeux paralympiques qu'il a porté une attention toute particulière - en ayant annoncé son attention d'être présent sur le site de Pyeongchang en mars, lors des Jeux paralympiques, pour lesquels il a acheté 1 000 billets.

Lee Dong-wook tient les mascottes des Jeux olympiques et paralympiques, à savoir respectivement le tigre blanc Soohorang et l'ours noir d'Asie Bandabi

Lee Dong-wook tient les mascottes des Jeux olympiques et paralympiques, à savoir respectivement le tigre blanc Soohorang et l'ours noir d'Asie Bandabi

Les cérémonies d’ouverture et de clôture, de même que la plupart des épreuves des sports de neige, auront lieu à Pyeongchang - les épreuves des sports de glace et celles de descente du ski alpin étant pour leur part prévues respectivement sur les sites de Gangneung et de Jeongseon.

Comme pour les Jeux olympiques, Nord et Sud-Coréens défileront ensemble, sous la bannière de la Corée unifiée : ce sera une première dans le cadre des Jeux paralympiques, d'hiver comme d'été.

Si la République de Corée (Corée du Sud) n'est pas une nation paralympique majeure (elle n'avait pas obtenu de médaille aux Jeux de Sotchi en 2014, après avoir décroché en revanche une médaille d'argent aux Jeux de Vancouver en 2010), elle a participé à toutes les compétitions depuis 1992, en obtenant au total deux médailles d'argent. Mais cette fois les Coréens visent une place dans les premiers rangs mondiaux, comme l'avait souligné Bae Dong-hyun, président de la Fédération coréenne de ski nordique pour personnes handicapées, à l'agence Yonhap en octobre dernier : 

Nous avons pour but de réaliser notre meilleure performance aux Jeux paralympiques afin de remplir les attentes du public (...) Nous visons une médaille d'or, une d'argent et deux de bronze à PyeongChang, et à nous classer dans le top 10.

Présentation des athlètes sud-coréens à Icheon en octobre 2017

Présentation des athlètes sud-coréens à Icheon en octobre 2017

Pour sa part, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) participera pour la première fois aux Jeux paralympiques d'hiver, après avoir été présente aux Jeux paralympiques d'été en 2012  à Londres (avec le nageur Rim Ju-song) et en 2016 à Rio de Janeiro. 

Les deux athlètes nord-coréens qui participeront aux Jeux paralympiques de Pyeongchang sont les skieurs (skis nordiques) Kim Jong-hyon et Ma Yu-chol, qui ont fait leurs débuts internationaux lors d'une manche de la coupe du monde à Oberried, en Allemagne, en janvier 2018. Ils ont reçu des invitations du comité international paralympique le 2 février 2018.

De gauche à droite, Ma Yu-chul et Kim Jong-hyon, à Oberried (Allemagne) en janvier 2018.

De gauche à droite, Ma Yu-chul et Kim Jong-hyon, à Oberried (Allemagne) en janvier 2018.

L'AAFC souhaite plein succès aux athlètes paralympiques coréens, pour ces Jeux paralympiques qui seront à plus d'un titre exceptionnel pour la Corée - par le nombre de participants, les espoirs de médailles et le rapprochement intercoréen auquel ils donnent lieu - les manoeuvres militaires américano-sud-coréennes ayant par ailleurs d'ores et déjà été reportées jusqu'à la fin des jeux paralympiques, Séoul souhaitant par ailleurs prolonger encore davantage ce report afin que les Jeux olympiques et paralympiques marquent un tournant durable dans l'amélioration des relations intercoréennes et la promotion de la paix, en Asie du Nord-Est et dans le monde. 

Sources : 

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