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22 mai 2010 6 22 /05 /mai /2010 10:22

Le 20 mai 2010, une commission d'enquête internationale, composée d'experts sud-coréens, américains, britanniques, australiens et suédois, a conclu que la seule explication "plausible" au naufrage d'une corvette sud-coréenne, le Cheonan, le 26 mars dernier, était le lancement d'une torpille par un sous-marin nord-coréen. La Commission de la défense nationale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a dénoncé un résultat d'enquête "falsifié", en proposant - fait sans précédent - l'envoi de sa propre équipe d'enquête sur place, en précisant qu' "il faut qu’on nous donne les preuves matérielles". Les preuves matérielles soulèvent effectivement de nombreuses interrogations : nous reproduisons ci-après la traduction d'un article du quotidien sud-coréen Hankyoreh, proche de l'opposition, sur les questions soulevées après l'annonce des résultats de l'enquête sur le Cheonan.  

 

L'équipe d'enquête conjointe militaire et civile a présenté jeudi des fragments d'hélice d'une torpille nord-coréenne comme une preuve concluante de la cause du naufrage du Cheonan. Des questions demeurent cependant, comme la raison pour laquelle aucun sous-marin nord-coréen n'a été découvert après l'attaque du Cheonan.

 

Un sous-marin furtif ?

 

L'équipe d'enquête a déclaré qu'un sous-marin nord-coréen de type Sango et un sous-marin de type Yono avaient quitté leur base navale sur la Mer de l'Ouest quelque deux ou trois jours avant l'attaque et étaient retournés à leur base deux à trois jours après l'attaque. Elle a établi que le sous-marin Yono avait conduit l'attaque.

 

Un Sango, littéralement un requin, pèse 300 tonnes, tandis qu'un Yono, un saumon, pèse 130 tonnes.

 

Jusqu'à présent, les officiels militaires déclaraient n'avoir détecté aucun mouvement militaire inhabituel de la Corée du Nord.

 

"Du 24 au 27 mars, les militaires ont détecté deux sous-marins nord-coréens de type Sango, mais la probabilité de leur lien avec le naufrage a été jugée faible", a déclaré le ministre de la Défense Kim Tae-young devant l'Assemblée nationale le 2 avril.

 

"Nous n'avons détecté aucun mouvement inhabituel des militaires nord-coréens", a déclaré le commandant en chef américain des forces conjointes, Walter Sharp, lors d'une conférence de presse le 28 mars, deux jours après le naufrage.

 

En d'autres termes, à ce moment,-là le sous-marin de type Sango qui avait été détecté à l'époque n'était pas considéré comme directement lié au naufrage, quand le sous-marin de type Yono n'avait pas été détecté du tout.

 

L'équipe d'enquête a confirmé que, vers le moment de l'attaque, il n'avait pas été possible d'identifier clairement les sous-marins qui avaient quitté leur base. Un officiel du renseignement militaire avait déclaré plus tard que l'analyse exhaustive de tous les éléments de renseignement, y compris les interceptions de communication, les enregistrements vidéos et le renseignement humain, avaient appris ensuite qu'un sous-marin miniature de type Yono avait quitté le navire mère.

 

Cette explication, toutefois, échoue à clarifier toutes les questions. Un exercice naval conjoint américano - sud-coréen impliquant plusieurs bâtiments de guerre Aegis était en cours à ce moment, et le Cheonan était un patrouilleur de combat de type corvette (PCC) spécialisé dans la guerre anti-sous-marine. La question demeure s'il était possible pour un sous-marin nord-coréen d'infiltrer le cordon maritime alors que la sécurité avait atteint son niveau le plus élevé, et sans avoir été détecté par le Cheonan.

 

"Si les Nord-Coréens voulaient essayer de tendre un guet-apens pour se venger de l'incident naval de l'île Daecheong, ils ne l'auraient fait qu'après être certains du succès suite à plusieurs exercices d'infiltration au large de l'île Baengnyeong", a déclaré un ancien amiral. "L'annonce de l'équipe d'enquête déclare fondamentalement que la Corée du Nord a planifié une attaque avec une faible probabilité de succès sur le papier et l'a réussie à la première tentative, mais cette affirmation manque de crédibilité au plan militaire."

 

En fait, si les choses se sont passées comme l'a annoncé l'équipe d'enquête, alors un sous-marin nord-coréen a franchi le réseau de protection américano-sud-coréen, a attendu précisément l'approche du Cheonan, a coulé le Cheonan en un seul tir, et est alors disparu à loisir après avoir entièrement évité un réseau naval anti-sous-marin qui comprenait le navire Sokcho et des hélicoptères Linx.

 

Certains ont déclaré que, s'il était possible que le Cheonan ne puisse pas détecter le sous-marin, il reste difficile d'expliquer pourquoi il n'a pas pu détecter le tir de torpille.

 

"Un sous-marin est supposé être difficile à détecter militairement, mais la plupart des torpilles peuvent être détectées", a déclaré Kim Jong-dae, rédacteur en chef du journal D&D Focus, spécialisé dans les questions de défense. "Il est douteux qu'ils aient été entièrement incapables de détecter le lancement [de torpille]."

 

Un officiel militaire a déclaré qu'ils avaient été incapables de détecter la torpille car celle utilisée dans l'attaque avait une portée radio différente de celles établies par l'armée sud-coréenne, mais certaines répondent qu'il est difficile de comprendre pourquoi ils n'avaient pas des informations audio contenues déjà dans des brochures relatives à un sous-marin produit depuis les années 1980. Par conséquent, afin de lever ces doutes, les autorités militaires sont appelées à rendre public les interceptions de communication qui montrent l'intention d'attaquer du sous-marin nord-coréen. Il a été dit que l'équipe d'enquête, pourtant, n'avait pas pu se procurer des données de renseignement qui confirmeraient clairement les circonstances de l'attaque, à part le fait qu'un sous-marin de type Yono avait quitté sa base en Corée du Nord.

 

Un fragment de torpille ?

 

1_beon_number_1.jpg

 

Il y a aussi des interrogations concernant le fragment de torpille nord-coréenne, qui a été présenté comme une preuve concluante. Tout d'abord, certains experts ont relevé que l'inscription "1 beon", "No. 1", présentée comme une preuve clé qu'il s'agissait d'une torpille nord-coréenne, était différente des inscriptions nord-coréennes typiques.

 

"La Corée du Nord n'utilise pas fréquemment pas le terme 'beon'", a déclaré un expert de la Corée du Nord. "A la place, ils utilisent le terme 'ho', comme dans Daepodong 1-ho, Gangnam 1-ho, etc."

 

De fait, une torpille d'entraînement nord-coréenne obtenue par les militaires sud-coréens il y a sept ans était marquée "4 ho". A la lumière du fait que le "beon" découvert sur le fragment de torpille et que le "ho" trouvé sur la torpille d'entraînement sont différents, l'équipe d'enquête n'a pas pu conduire une analyse d'écriture précise. L'équipe a dit envisager un programme pour déterminer une similarité dans l'analyse de l'encre utilisée, sans qu'il soit sûr qu'il en résultera une réponse claire.

 

Les deux inscriptions semblent avoir été écrites à la main pour des raisons d'organisation et de conservation, mais la question est pourquoi l'une est écrit "beon" et l'autre "ho".

 

Source : "Questions raised following Cheonan announcement", Hankyoreh, 21 avril 2010 (traduit de l'anglais par l'AAFC). Les liens ont été ajoutés par l'AAFC. 

 

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