Le 20 mai 2010, le groupe mixte civil et militaire constitué par le gouvernement sud-coréen pour enquêter, avec l'assistance d'experts étrangers - en majorité américains -, sur le naufrage du Cheonan a rendu ses premières conclusions : la corvette sud-coréenne aurait sombré le 26 mars en mer de l'Ouest, suite à l'explosion d'une torpille nord-coréenne. Ces accusations, rejetées par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), ont contribué à accroître les tensions autour de la péninsule coréenne. Pourtant, le moins qu'on puisse dire est que le rapport du groupe d'enquête mixte a pris quelques libertés avec la science... C'est ce que démontre Seung-hun Lee, physicien d'origine coréenne travaillant à l'Université de Virginie (Etats-Unis). Pour lui, il y a tellement d'incohérences dans ce rapport que certaines données pourraient purement et simplement avoir été fabriquées afin de servir la thèse d'une attaque à la torpille nord-coréenne. En attendant que les grands médias français et francophones fassent état des contre-expertises sur les causes du naufrage du Cheonan, l'Association d'amitié franco-coréenne propose la traduction d'un article du professeur Seung-hun Lee, assisté du professeur Jae-jung Suh de l'Université Johns Hopkins, résumant ses travaux et réfutant de manière scientifique les conclusions du groupe d'enquête mixte. Les professeurs Lee et Suh appellent à l'ouverture d'une nouvelle enquête « aussi exhaustive, objective et scientifique qu'il est humainement possible » afin de connaître – enfin - la vérité sur le naufrage du Cheonan. Les avis de chimistes et de physiciens sont les bienvenus, cette question étant primordiale pour la paix en Asie et dans le monde.
Un jugement hâtif
Les incohérences du rapport sud-coréen sur le naufrage du Cheonan
Par Seung-hun Lee, Département de physique de l'Université de Virginie,
et Jae-jung Suh, Ecole des études internationales avancées de l'Université Johns Hopkins
The Asia-Pacific Journal, 12 juillet 2010
Dans la nuit du 26 mars 2010, le Cheonan, corvette de 1.200 tonnes de la Marine de la République de Corée (RdC, Corée du Sud) a été coupé en deux avant de couler au large de l'île de Baengnyeong en mer de l'Ouest (mer Jaune). Quarante-six membres d'équipage ont trouvé la mort dans cet incident. Après presque deux mois d'enquête, le gouvernement sud-coréen a publié un rapport intermédiaire imputant la cause du naufrage du Cheonan à l'explosion d'une torpille nord-coréenne. [1] Cependant, ce rapport comporte de nombreuses incohérences remettant en question les conclusions du gouvernement et l'intégrité même de l'enquête. Afin de répondre à ces incohérences et de restaurer la confiance du public dans l'enquête, le gouvernement sud-coréen doit constituer une nouvelle équipe et reprendre l'enquête depuis le début. Nous recommandons à la communauté internationale de continuer à insister pour une enquête objective et exhaustive, tout en réaffirmant son engagement pour la paix et la stabilité de la péninsule coréenne.
Le groupe mixte d'enquêteurs civils et militaires (Joint Civil-Military Investigation Group, JIG), composé de 22 experts militaires, de 25 experts venant d'instituts de recherche liés à l'armée, et de trois experts civils recommandés par le Parlement [sud-coréen] [2], a mené une enquête scientifique presque digne des Experts [3] avec test d'explosion, simulation par ordinateur, et analyses faisant appel à des techniques de pointe telles que la spectrométrie dispersive en énergie (energy dispersive spectrometry, EDS) et la diffractométrie de rayons X (X-ray diffraction, XRD). Dans son rapport intermédiaire rendu public lors d'une conférence de presse le 20 mai, le JIG a fait trois constatations principales :
1) Le naufrage du Cheonan a été provoqué par une explosion extérieure au navire.
2) Cette explosion était celle d'une torpille.
3) Cette torpille a été fabriquée par la Corée du Nord.
Sur la base de ces constatations, le JIG a logiquement conclu que la Corée du Nord était responsable du naufrage du Cheonan. Il s'agit en effet d'une conclusion logique, pour peu que les trois constatations soient correctes.
Cependant, après avoir examiné minutieusement le rapport et les preuves du JIG, et après avoir effectué nos propres tests physiques, nous découvrons que le JIG n'a réussi ni à justifier son affirmation d'une explosion extérieure, ni à établir un lien de cause à effet entre le naufrage du Cheonan et la torpille, ni à démontrer que la torpille a été fabriquée en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).
Les trois « constats » du JIG ne s'appuient sur aucune preuve crédible, et ils sont en contradiction et incompatibles avec les faits. Tous les trois présentent des failles si sérieuses que la conclusion du JIG en devient indéfendable. En outre, il existe de fortes chances que les données des analyses EDS ou XRD aient été fabriquées. Nos résultats montrent que les « preuves décisives » avancées par le JIG ne supportent pas sa conclusion que le naufrage du Cheonan a été provoqué par la prétendue torpille nord-coréenne. Au contraire, des données contradictoires renforcent les soupçons qu'il ait lui-même fabriqué ces données.
Premièrement, le JIG n'a pas pu avancer de preuve concluante, ou au moins convaincante au-delà du doute raisonnable, d'une explosion extérieure. Alors que le JIG soutient dans son rapport que le type des déformations et ruptures subies par le navire est cohérent avec les dommages causés par un effet de bulle dû à explosion extérieure, aucune preuve ne vient appuyer cette affirmation. Au moment de la publication de son rapport, le JIG n'avait pas effectué de simulation montrant comment une bulle aurait pu se former suite à une explosion sous-marine, et comment elle aurait pu sectionner le Cheonan, comme l'a reconnu le 24 mai la Commission spéciale du Parlement [sud-coréen] sur le naufrage du Cheonan. [4] La simulation présentée lors de la conférence de presse montre seulement une bulle se former et toucher la partie inférieure du navire, déformant le navire et provoquant une petite fissure dans la coque. [5] Cette simulation ne montre jamais le Cheonan être entièrement sectionné en son milieu par la bulle, comme décrit dans le rapport du JIG. Le magazine scientifique sud-coréen Dong-a Science, appartenant au groupe conservateur de médias Dong-a, a publié davantage d'informations sur cette simulation, vraisemblablement grâce à des données fournies ou à des fuites organisées par le JIG, au lendemain des questions soulevées par Jae-jung Suh au sujet de l'effet de bulle. [6] Etonamment, ces nouvelles informations n'ont pas réussi à montrer comment une bulle pourrait avoir brisé le Cheonan. D'après les fuites, après que la bulle eut touché le navire et provoqué une petite fissure, il a commencé à se contracter et a montré des signes de craquement. Au moment de la rédaction du présent article, soit plus de 30 jours après le 20 mai et la publication du rapport d'enquête du JIG, le ministère sud-coréen de la Défense, s'exprimant au nom des enquêteurs du JIG, admet qu'il n'existe aucune simulation de bulle cohérente avec les informations présentées dans le rapport du JIG. Si tel est le cas, sur quelles bases s'appuie le JIG pour affirmer que le Cheonan a été endommagé et brisé par un effet de bulle? Nous avons posé publiquement cette question, sans recevoir de réponse. [7]
Non seulement la simulation présentée par le JIG en conférence de presse n'a pas réussi à démontrer qu'un effet de bulle pourrait avoir brisé le Cheonan, mais cette simulation n'est pas non plus cohérente avec le type de dommages subis par le navire. Si la partie inférieure du navire avait été touchée par une bulle, elle devrait présenter une déformation sphérique concave épousant la forme de ladite bulle, comme le suggère la propre simulation du JIG (voir la partie droite de la figure 1), mais ce n'est pas le cas. La partie inférieure de l'avant du navire est soulevée en formant des angles, comme le montre la ligne jaune à gauche de la figure 1, ce qui correspond davantage à une collision avec un objet dur. La ligne de rupture dans la simulation du JIG a une forme circulaire correspondant à une déchirure dans la zone de la coque touchée par la bulle. Tout aussi important, si un jet de bulle a été provoqué par l'explosion externe d'une charge de 250 kg, comme le soutient le JIG, cette explosion aurait dû générer tout de suite avant la bulle une onde de choc d'une force d'au moins 5.000 psi (livres par pouce carré) touchant la partie inférieure du Cheonan. [8] Le fond et la surface brisée du navire ne comportent aucun signe d'un choc d'une telle ampleur (comparer la figure 1 avec la figure 2 montrant les dégâts causés par une surpression de 5 psi sur une maison), les instruments et éléments internes sont restés intacts à leur place initiale, et aucun membre d'équipage n'a subi le genre de blessure qu'on peut attendre d'un tel choc (figure 3). Etant donné qu'une explosion sous-marine produit à la fois un effet de bulle et une onde de choc, cette dernière étant d'habitude de 6 à 10 fois plus destructrice, on peut dire que ni l'état du navire ni celui de l'équipage ne correspondent aux dommages attendus d'une explosion extérieure. [9]
Même si le JIG pouvait présenter une simulation montrant un effet de bulle brisant le Cheonan, rien ne prouve que cet effet de bulle a vraiment été produit par une explosion. La preuve repose sur un type de dommage causé au navire, cohérent avec la simulation d'un effet de bulle. Mais, en l'occurrence, la simulation présentée par le JIG lors de la conférence de presse du 20 mai n'a pas montré de cassure du navire et le ministère sud-coréen de la Défense a lui-même admis qu'il n'existe aucune simulation d'effet de bulle aboutissant à une telle cassure. De plus, la simulation du 20 mai ne correspond pas aux déformations subies par le navire. La prétendue première constatation du JIG n'est donc qu'une allégation sans fondement et est contredite par les propres preuves avancées par le JIG et par au moins une analyse des explosions sous-marines figurant dans la littérature militaire.
Deuxièmement, même si le JIG parvenait à prouver qu'une explosion extérieure a bien eu lieu – et il ne l'a pas fait –, il reste à démontrer que cette explosion était due à la torpille retrouvée par le JIG. Mais l'affirmation selon laquelle la torpille « retrouvée » a explosé à l'extérieur du Cheonan ne s'appuie sur aucune base scientifique. Deux éléments de preuve ont été avancés pour soutenir cette affirmation : les composés blancs – les « matériaux absorbés » dans le rapport du JIG (nous avons analysé la version coréenne du rapport) – trouvés sur la torpille correspondent à ceux trouvés à la surface de l'épave du Cheonan ; et ces composés sont le résultat d'une explosion. Nous sommes d'accord avec le JIG sur le premier point, mais nous croyons que le second ne repose sur rien. [10] Les analyses par spectrométrie dispersive en énergie (EDS) et par diffractométrie de rayons X (XRD), effectuées par le JIG, prouvent sans ambiguïté que les composés blancs trouvés sur le navire (AM-1 [AM pour absorbed materials, matériaux absorbés]) [11] et sur la torpille (AM-2) ont des compositions atomique et chimique identiques, confortant le premier élément de preuve. Mais, dans les données EDS de AM-1 et AM-2, le rapport d'intensité entre le pic d'oxygène et le pic d'aluminium est très différent de l'oxyde d'aluminium (alumine) AI2O3 formé, selon le JIG, au cours de l'explosion. Cela signifie que les échantillons AM-1 et AM-2 n'ont rien à voir avec une explosion, et sont plus vraisemblablement de l'aluminium qui a rouillé après une longue exposition à l'humidité ou à l'eau. [12] Un scientifique indépendant, le Dr. Panseok Yang, membre du département des sciences géologiques de l'Université du Manitoba, a découvert que le rapport d'intensité entre l'oxygène et l'aluminium dans les composés, mesuré par EDS, est loin d'atteindre celui de l'alumine AI2O3 qui, d'après le JIG, constitue ces mêmes composés. Il correspond plutôt à de l'hydroxyde d'aluminium AI(OH)3. [13] Cela suffit pour dire que AM-1 et AM-2 ne sont pas liés à une explosion. En outre, le type de diffraction des rayons X sur un troisième échantillon AM-3 extrait d'un test d'explosion effectué par le JIG est totalement différent du type de diffraction des rayons X sur AM-1 et AM-2. La principale différence est la présence de nets pics pour AM-3, indiquant que
1) seule une fraction d'aluminium AI s'est oxydée pendant l'explosion,
2) l'aluminium non oxydé a conservé sa forme cristalline,
alors qu'il n'y a aucun signe de présence d'aluminium dans les échantillons AM-1 et AM-2. [14] Le JIG prétend que les composés ont des structures cristallines différentes parce que la vraie explosion de torpille a généré une température plus élevée et a été refroidie plus rapidement par l'eau de mer que lors de d'explosion reproduite en laboratoire par le JIG, et que, en conséquence, presque 100% de l'aluminium s'est oxydé et presque 100% de l'alumine oxydée est devenue amorphe. Cependant, plusieurs expériences scientifiques approchant les conditions d'une explosion réelle ont permis de conclure que les composés d'aluminium qui en résultent sont à la fois de l'alumine cristalline, appelée alpha-AI2O3, et de l'alumine amorphe, appelée gamma-AI2O3. [15] L'un d'entre nous, Seung-hun Lee, a effectué en laboratoire un test consistant à chauffer un échantillon d'aluminium au-delà de sa température de fusion et à le refroidir rapidement avec de l'eau, imitant ainsi les conditions de l'explosion. Quand les matériaux obtenus ont été examinés par EDS et rayons X, il s'est avéré que seule une fraction de l'aluminium était oxydée, le composé contenant de l'aluminium non oxydée et de l'alumine alpha-AI2O3, cristallins tous les deux. Cela est cohérent avec les études scientifiques précédentes, et indique que l'expérience de réchauffement et de refroidissement de l'aluminium ressemble à une vraie explosion, sur le plan qualitatif si ce n'est quantitatif. En fait, les données de l'étude par rayons X de l'échantillon AM-3 (les données de l'expérience effectuée par le JIG) révèlent de forts signaux d'aluminium cristallin et de faibles signaux d'alumine cristalline, cohérents avec les résultats de l'expérience de Lee. Toutefois, quand les médias ont rapporté les résultats de nos expériences et les incohérences entre AM-3 et les deux autres échantillons, le ministère sud-coréen de la Défense a répondu que le signal d'aluminium cristallin trouvé dans l'échantillon AM-3 était dû à une erreur d'expérimentation, ce que nous considérons être un pur mensonge. [16] En résumé, nos expériences et nos analyses scientifiques nous amènent à conclure que
1) les échantillons AM-1 et AM-2 du JIG ne provenaient pas d'une explosion,
2) certaines données du JIG, et très probablement les données EDS de AM-3, pourraient avoir été fabriquées. [17]
Ainsi, les « preuves décisives »avancées par le JIG pour établir un lien entre le naufrage du Cheonan et une prétendue explosion de torpille n'ont aucun fondement scientifique et ont peut-être été fabriquées.
Figure 4 - Analyses par spectrométrie dispersive en énergie (EDS) et par diffractométrie de rayons X (XRD) effectuées par le JIG
Troisièmement, le JIG a présenté les fragments de torpille retrouvés sur la zone de l'explosion présumée comme des « preuves décisives » reliant l'explosion à la Corée du Nord, mais ces « preuves décisives » présentent de sérieuses incohérences jetant un doute sur leur intégrité. La surface externe de l'élément de propulsion de torpille qui a été retrouvé était fortement corrodé, vraisemblablement parce que la couche de peinture protégeant le métal a brûlé pendant l'explosion. La peinture brûlée et la corrosion du métal qui en a résulté sont cohérentes avec la forte chaleur communément dégagée par l'explosion de bombes et de torpilles. Et pourtant, l'inscription en coréen faite à l'encre bleue - « 1bon » [« numéro 1 »] - est restée intacte en dépit du fait que le point d'ébullition de l'encre – environ 150 degrés Celsius – est plus faible que celui de la peinture – environ 350 degrés Celsius -, ce qui aurait dû faire brûler l'encre de l'inscription avec le revêtement de peinture externe. Une simple estimation suggère que la torpille a dû être soumise à une température d'au moins 350 degrés Celsius, et probablement de plus de 1.000 degrés, suffisamment élevée pour brûler la peinture et donc l'encre. Cette incohérence – une peinture supportant les fortes chaleurs a été brûlée alors qu'une encre ne supportant qu'une faible chaleur ne l'a pas été – ne peut pas être expliquée et jette un doute sérieux sur la validité de la torpille en tant que « preuve décisive ». [18] En outre, des Coréens du Sud comme du Nord peuvent inscrire « 1bon » en coréen, et nous doutons qu'un tribunal normal considère cette marque comme preuve d'une inscription exclusivement nord-coréenne. [19]
En résumé, le JIG a la charge de démontrer au-delà de tout doute raisonnable ces trois constatations afin d'appuyer la conclusion selon laquelle une torpille nord-coréenne a détruit et coulé le Cheonan, mais chaque constatation contient de sérieuses incohérences. Compte tenu des graves failles de ces trois affirmations, la conclusion du JIG qui se base dessus est au moins aussi gravement atteinte. Tout en relevant que nos propres constatations ne prouvent pas que la Corée du Nord n'est pas responsable, notre conclusion est que le JIG n'a pas réussi à prouver qu'elle l'est. La gravité des incohérences fait douter non seulement de la validité des conclusions du JIG, mais aussi de l'intégrité de l'enquête. Nous soupçonnons au moins certaines données EDS d'avoir été fabriquées, et recommandons qu'une commission impartiale soit constituée afin de vérifier l'intégrité des données du JIG.
Compte tenu de la gravité de ces incohérences, nous recommandons que le gouvernement de la République de Corée ouvre une nouvelle enquête et forme une nouvelle, et plus objective, équipe d'enquêteurs. [20] Nous appelons le Parlement [sud-]coréen à ouvrir sa propre enquête sur l'enquête menée par le JIG afin d'en évaluer de manière critique l'intégrité, ainsi que celle des expériences et des données. Aux Etats-Unis, l'administration Obama devrait apporter son soutien et son aide à une enquête objective et exhaustive, tout en affirmant clairement l'engagement des Etats-Unis à contribuer au maintien de la paix et de la stabilité dans la péninsule coréenne. Compte tenu de la nature problématique des conclusions du JIG, le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait presser la République de Corée [du Sud] de fournir un rapport plus convaincant et objectif avant le début des délibérations du Conseil. Une enquête aussi exhaustive, objective et scientifique qu'il est humainement possible est nécessaire pour remonter aux origines de l'incident du Cheonan et en découvrir la cause et l'auteur. Après tout, 46 vies ont été perdues, et la paix et la sécurité en Corée et en Asie du Nord-Est sont en jeu. Les marins décédés méritent une telle enquête. La communauté internationale aussi.
La liste des membres du groupe d'enquête mixte (JIG) est consultable ici.
Notes
[1] Le rapport publié le 20 mai 2010 par la République de Corée [du Sud] est bien un rapport intermédiaire. Le rapport final était prévu pour la fin juillet 2010. Non seulement le gouvernement sud-coréen a émis un jugement hâtif sur les causes de l'incident du Cheonan, comme écrit dans cet article, mais il a pris précipitamment des mesures punitives contre la RPDC, y compris en demandant au Conseil de sécurité des Nations Unies d'agir sur la base de ce rapport intermédiaire.
[2] Un des trois experts civils, Shin Sang-cheol, recommandé par le Parti démocratique (opposition), a été exclu du JIG avant la publication du rapport. Shin a alors été poursuivi par la Marine sud-coréenne pour l'avoir « diffamée » en propageant la « fausse allégation » d'un échouement du Cheonan. Voir Kim Kwi-kun, « La Marine poursuit Shin Sang-cheol pour l'avoir "diffamée" », Yonhap News, 19 mai 2010 (en coréen).
[3] Les Experts (CSI, Crime Scene Investigation, en version originale) est une populaire série télévisée américaine qui décrit l'utilisation de techniques scientifiques et médico-légales de pointe par la police pour enquêter et résoudre les crimes.
[4] Yun Deok-yong, coprésident du JIG, a déclaré le 24 mai 2010, lors de son audition par la Commission parlementaire spéciale sur le Cheonan, « nous continuons notre simulation et le résultat final en sera connu en juillet », tout en reconnaissant que « la simulation n'a pas encore réussi à montrer la colonne d'eau [normalement générée par un effet de bulle], mais elle sera entièrement démontrée quand la simulation sera achevée. » Park Jeong-i, autre coprésident, a ajouté que l'« Institut coréen de machinerie et de matériaux [Korea Institute of Machinery and Materials, KIMM, en charge de la simulation] a dit qu'il terminera la simulation le 15 juillet. » Voir Kim Nam-gwon et Kim Peom-hyeon, « Le ministre de la Défense Kim : "Nous répliquerons immédiatement si le Nord attaque [notre] matériel de guerre psychologique" », Yonhap News, 24 mai 2010 (en coréen), et « Commission spéciale sur le Cheonan : controverse sur la "présence d'une colonne d'eau" », Yonhap News, 24 mai 2010 (en coréen)
[5] Les résultats de la simulation du JIG sont consultables ici. Malgré la mise à jour de cette simulation par le ministère sud-coréen de la Défense, il n'a toujours pas été montré après le 2 juillet 2010 comment le Cheonan a été coupé en deux.
[6] Suh Jae-jung, « Il n'y a pas eu d'effet de bulle », Pressian, 27 mai 2010 (en coréen). Jeon Dong-hyeok, « Une seconde après l'explosion... Comment la partie inférieure du Cheonan a été déformée », Dong-A Science, 28 mai 2010 (en coréen)
[7] Suh Jae-jung, op.cit.
[8] Ce calcul de Suh s'appuie sur la formule figurant dans le rapport australien de Warren D. Reid, "The Response of Surface Ships to Underwater Explosions [La réaction des navires de surface aux explosions sous-marines]", Organisation des sciences et des technologies de Défense, département de la Défense, Melbourne, Australie, 1996
[9] Ibid., page 1. Le ministère sud-coréen de la Défense a d'abord déclaré que 70% de l'énergie dégagée par l'explosion d'une torpille se traduit par une onde de choc. Après que Suh eut demandé dans un article pourquoi le Cheonan ne montrait aucun signe de dommages provoqués par une onde de choc, le ministère abaissa ce pourcentage à 54% puis à 46%. Ces pourcentages varient en fonction du type d'explosif et de la proportion d'autres ingrédients tels que la poudre d'aluminium. Concernant la position initiale du ministère de la Défense, voir Kim Byeong-nyun, « Torpille et mine marine, la puissance d'une explosion sous-marine », ministère de la Défense nationale, 28 avril 2010 (en coréen). Concernant les nouveaux chiffres avancés, voir Kim Byeong-nyun, « L'explosion sous-marine de la torpille détruit le navire par onde de choc et effet de bulle », ministère de la Défense nationale, 22 mai 2010 (en coréen).
[10] Seung-hun Lee, "Comments on the Section "Adsorbed Material Analysis" of the CheonAn Report made by the South Korean Civil and Military Joint Investigation Group (CIV-MIL JIG) [Commentaire sur la partie 'Analyse des matériaux absorbés' du rapport sur le Cheonan rendu par le groupe d'enquête mixte civil et militaire sud-coréen]", ArXiv, 6 juin 2010
[11] Le terme « matériaux absorbés » n'apparaît pas dans la version en anglais du rapport d'enquête sud-coréen sur le Cheonan, mais apparaît en anglais (« absorbed materials ») dans la version coréenne. AM-1, AM-2 et AM-3 sont des désignations utilisées par Seung-hun Lee dans un article scientifique écrit par lui et passant en revue l'analyse du JIG sur les matériaux absorbés.
[12] Kang Yang-gu, « Les données sur le Cheonan comportent des failles fatales... L'aluminium ne ment pas », Pressian, 24 juin 2010 (en coréen)
[13] Suite à une analyse minutieuse des données EDS du JIG, Yang soupçonne que AM-1 et AM-2 ne soient pas de l'oxyde d'aluminium, mais plus vraisemblablement de hydroxyde d'aluminium AI(OH)3 qu'on trouve communément dans la nature sous le nom de gibbsite. Voir Kang Yang-gu et Hwang Chun-ho, « Le Cheonan au Pays des merveilles... Il n'y avait pas d'oxyde d'aluminium », Pressian, 30 juin 2010, et Hankyoreh, 30 juin 2010 (en coréen)
[14] Lee, 6 juin 2010, op. cit.
[15] Seung-hun Lee et Panseok Yang, “Was the 'Critical Evidence' presented in the South Korean Official Cheonan Report Fabricated? [les « preuves décisives » présentées par le rapport sud-coréen officiel sur le Cheonan ont-elle été fabriquées?]”, 28 juin 2010
[16] Seung-hun Lee, « La "preuve décisive" du JIG est une fabrication », Pressian, 16 juin 2010 (en coréen). Pour la réponse du ministère de la Défense sud-coréen, voir « Réponses aux allégations du professeur Lee Seung-hun rapportées par un média Internet », ministère de la Défense nationale, 21 juin 2010 (en coréen)
[17] Lee et Yang, op. cit.
[18] Le JIG soutient que l'explosion de la torpille a généré une température supérieure à 3.000 degrés Celsius et que la poudre d'aluminium contenue dans l'explosif a fondu et s'est transformée en oxydes d'aluminium amorphes qui ont adhéré à l'hélice de la torpille. Les oxydes d'aluminium en poudre ne peuvent pas adhérer à un autre métal, et doivent être à l'état liquide pour ça. Etant donné que la température de fusion est de 660 degrés Celsius pour l'aluminium et de 2.000 degrés pour l'oxyde d'aluminium, la partie arrière de la torpille doit donc avoir été soumise à une température comprise entre 660 et 2.000 degrés Celsius, pour que le JIG ait raison. Que la température ait été de 660, 2.000 ou 3.000 degrés Celsius, il est impossible d'expliquer scientifiquement pourquoi elle n'a eu aucun d'effet sur l'inscription à l'encre.
[19] Le ministère sud-coréen de la Défense a rapporté le 29 juin que l'encre est composée de « solvent blue-5 ». Reconnaissant qu'il s'agit d'un composant courant utilisé dans les marqueurs du monde entier, le ministère a concédé qu' « il pourrait être difficile de conclure que l'encre est fabriquée en Corée du Nord ». Un responsable militaire a ajouté que le résultat de l'analyse de l'encre ne sera pas inclus dans le rapport final sur l'incident du Cheonan, initialement prévu pour la fin juillet 2010. Voir « Du solvent blue-5 retrouvé dans l'encre de l'inscription "1bon" », Yonhap News, 29 juin 2010 (en coréen)
[20] Malgré son intitulé – groupe d'enquête mixte civil et militaire –, la majorité absolue des membres du JIG, soit 65 sur 74, travaillent pour le ministère sud-coréen de la Défense ou pour des instituts et centres d'études liés au ministère. Un des deux dirigeants du JIG, Park Jeong-i, était général trois étoiles au moment de l'enquête et a été promu à quatre étoiles après la publication du rapport.
Source (traduction AAFC) :
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