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28 mai 2015 4 28 /05 /mai /2015 16:04

Le 26 mars 2010, la corvette Cheonan de la marine sud-coréenne coulait au large de l'île de Baengnyeong, à l'ouest de la péninsule coréenne, entraînant la mort de 46 marins. Pour élucider les causes de ce naufrage, le gouvernement sud-coréen a mis en place un groupe d'enquête - largement dominé par la Corée du Sud et les Etats-Unis – qui a rendu le 20 mai 2010 son rapport intermédiaire (confirmé le 13 septembre suivant) selon lequel le Cheonan avait été coulé par une torpille tirée par un sous-marin de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Ces accusations ont aussitôt été rejetées par la RPDC, mais la thèse d'une torpille nord-coréenne ayant coulé le Cheonan a servi de justification à des mesures de rétorsion à l'encontre de la Corée du Nord, annoncées le 24 mai 2010 par le gouvernement sud-coréen. Au cinquième anniversaire des « mesures du 24 mai », la RPD de Corée a réitéré sa demande d'une enquête conjointe pour faire la lumière, de manière incontestable, sur les causes du naufrage du Cheonan, alors que la version officielle américano-sud-coréenne, dite de la torpille nord-coréenne, est d'autant plus remise en question qu'elle contribue à alimenter les tensions dans la péninsule coréenne.

Repéchage de l'épave du "Cheonan" en avril 2010

Repéchage de l'épave du "Cheonan" en avril 2010

Les mesures de rétorsion à l'encontre de la RPDC, annoncées le 24 mai 2010 par le gouvernement du président sud-coréen Lee Myung-bak (conservateur), comprenaient : la reprise de la diffusion de messages de propagande par tracts et par haut-parleurs à la frontière avec le Nord par l'armée sud-coréenne ; l'organisation de manœuvres sous-marines conjointes avec les Etats-Unis en mer de l'Ouest (mer Jaune) ; la fermeture du détroit de Jeju, à l'extrême sud de la péninsule coréenne, aux navires nord-coréens ; la suspension des relations commerciales avec la RPDC, à l'exception de la zone industrielle intercoréenne de Kaesong ; la restriction des contacts entre Coréens du Sud et du Nord. Sur le plan diplomatique, Séoul a saisi le Conseil de sécurité des Nations Unies pour alourdir les sanctions déjà en place contre la RPDC et en adopter de nouvelles. Toutefois, le 9 juillet 2010, le Conseil de sécurité, tout en condamnant l'« attaque » contre le Cheonan, s'est bien gardé de désigner la Corée du Nord comme l'agresseur.

Depuis leur divulgation, les conclusions de l'enquête officielle américano-sud-coréenne accusant la RPDC d'avoir coulé le Cheonan ont été remises en question, entre autres, par un ancien membre du groupe d'enquête (mai 2010), par des chercheurs de prestigieuses universités américaine (juillet 2010) et britannique (novembre 2014), et même par les experts de la marine russe (juillet 2010) invités par Séoul à examiner les « preuves » de la culpabilité de la Corée du Nord.

Au cinquième anniversaire des « mesures du 24 mai », le département politique de la Commission de la défense nationale (CDN), plus haute instance de la RPD de Corée, a publié le 24 mai 2015 une déclaration exposant sa « position de principe », appelant la présidente sud-coréenne Park Geun-hye à lever ces mesures et affirmant que la RPDC est prête à participer à l'enquête sur le naufrage du Cheonan :

1. Les "mesures du 24 mai" constituent une négation ouverte de l'historique déclaration conjointe du 15 juin [2000], réussite commune à toute la nation, et de son programme d'action qu'est la déclaration du 4 octobre [2007].

Le traitre Lee Myung-bak et son parti ont qualifié l'ère de la réunification consécutive au 15 juin [2000] de 'décennie perdue' et ont menacé d'ouvrir une 'décennie de confrontation' pour refroidir l'enthousiasme des compatriotes pour la réunification.

Cette menace a été mise à exécution avec l'affaire du naufrage du navire de guerre "Cheonan" et les "mesures du 24 mai" qui ont suivi.

Cinq années ont passé depuis et le chef de Chongwadae [le siège de la présidence de la République de Corée du Sud] a aussi changé.

Mais les "mesures du 24 mai" demeurent comme une tumeur cancéreuse, bloquant l'amélioration des relations entre le Nord et le Sud, entravant la concorde et l'unité nationale et faisant monter la confrontation et la tension.

Cela montre clairement que Park Geun-hye et son parti sont juste pareils à Lee Myung-bak.

2. Les "mesures du 24 mai" sont une initiative en vue de la confrontation, fabriquée sous le prétexte du naufrage du navire de guerre "Cheonan".

Les mesures basées sur une fabrication ne peuvent être que des mesures visant à la confrontation.

Saisissant cette opportunité, nous enjoignons poliment Park et son parti de faire ce qui suit.

S'ils ont le moindre élément leur permettant de prouver la responsabilité de la RPDC dans l'affaire du naufrage, ils doivent accepter sa demande d’inspection conjointe sur l’incident, face à toute la nation et au monde entier.

Il n'y a pas d'excuse possible pour eux de refuser notre demande, s'ils n'ont pas peur.

L'enquête sur la vérité sera d'autant plus facile à mener que la coque du navire "Cheonan", qui a été brisée en deux parties, a été récupérée et placée à terre.

Nous gardons un puissant groupe d'inspection de la CDN de la RPDC prêt à se joindre à une enquête sur l'incident.

Si Park et son parti refusent cette juste demande de la RPDC, ils ne feront qu'admettre que l'affaire est une mascarade montée par eux. Les "mesures du 24 mai" devraient donc naturellement être levées.

3. Les sinistres "mesures du 24 mai" sont le produit d'intrigues politiques qui devraient être jetées dans la décharge de l'histoire.

Ces mesures sont le produit d'escroqueries politiques, que personne ne veut, contre la nation, la réunification et la paix, et constituent la plus grande source d'ennuis pour tous les Coréens.

Park Geun-hye et son parti devront admettre devant toute la nation les crimes contre les compatriotes, commis en s'accrochant aux "mesures du 24 mai" et jeter ces dernières dans la décharge de l'histoire.

Leurs paroles pleines de non-sens telles que "d'abord le dialogue puis la levée des mesures" ne font que révéler leur stratagème cynique visant à pousser le dialogue Nord-Sud vers un autre théâtre de confrontation. Cela ne constitue qu'une perte de temps.

Les gens de tous les horizons en Corée du Sud devront se lever comme un seul homme afin de lutter au niveau national pour voir levées les "mesures du 24 mai".

Le grand tournant et l'amélioration des relations Nord-Sud dépendent de la levée de ces mesures.

En réaction à la déclaration de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée, le ministère sud-coréen de l'Unification a indiqué que la position du gouvernement sud-coréen « n'a pas changé. Il faut que la Corée du Nord assume la responsabilité du naufrage du Cheonan avant que soient levées les sanctions du 24 mai 2010 ». Pour Séoul, « une enquête internationale a déjà déterminé que la Corée du Nord est derrière l’attaque », comme l'a rappelé en mars le ministère de l’Unification. Toutefois, Séoul se garde bien de rappeler le groupe d'enquête « international » ayant imputé le naufrage du Cheonan à la Corée du Nord était composé de 47 experts civils et militaires mandatés par le gouvernement de Corée du Sud et de 15 autres mandatés par le gouvernement des Etats-Unis, ce qui ne constitue pas exactement la meilleure des garanties pour l'impartialité de l'enquête… Les autres membres du groupe d'enquête venaient de Suède (5), d'Australie (4) et du Royaume-Uni (3). Le gouvernement sud-coréen oublie aussi de rappeler que la Suède, seul pays neutre participant à l'enquête sur le naufrage du Cheonan, a pris ses distances avec les conclusions du rapport accusant la RPDC d'avoir torpillé le navire.

Pour la paix en Corée, en Asie et dans le monde, il est grand temps de lever les « mesures du 24 mai » et de mener - enfin - une enquête impartiale sur le naufrage du Cheonan, dont les conclusions seront, cette fois, incontestables.

 

Sources :

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