Le 26 mars 2010, un patrouilleur sud-coréen a fait naufrage en mer de l'Ouest, causant - selon un premier bilan provisoire - 46 disparus et 13 blessés, alors que diminuent les espoirs de retrouver des survivants. Cet incident tragique, dû à une explosion d'origine indéterminée, a alimenté les plus folles rumeurs - notamment celle d'une attaque nord-coréenne - complaisamment relayées par les médias occidentaux. Pourtant, la vérité, banale mais terrible, est celle de familles en colère, face au manque d'informations du gouvernement sud-coréen.
Elles veulent la vérité. Le samedi 27 mars 2010, 150 personnes ont tenté d'investir une base militaire au sud de Séoul, faute de savoir ce que sont devenus leurs proches, 46 marins portés disparus après l'explosion la veille au soir d'une corvette sud-coréenne de 1.200 tonnes, le Cheonan (PCC-772), près de l’île de Baekryeong, en mer de l'Ouest. Cinquante-huit marins ont pu être sauvés dans la nuit de vendredi à samedi, parmi lesquels 13 blessés.
Cet incident tragique - alors que les espoirs de retrouver des survivants se réduisent d'heure en heure - soulève la juste colère des familles des disparus, face à l'inacceptable manque d'informations - quand ce n'est pas la désinformation - qu'a privilégié le gouvernement sud-coréen.
En effet, l'accident étant survenu dans une zone contestée par les deux Corée, la thèse d'une attaque nord-coréenne a d'abord eu la faveur de certains médias en quête de sensationnalisme. L'état-major sud-coréen a finalement réagi en déclarant qu'il n'y avait pas de preuve d'une implication nord-coréenne. Mais pourquoi avoir laissé la rumeur courir pendant de longues heures ? Immédiatement après l'accident, la chaîne de télévision sud-coréenne YTN a déclaré que le gouvernement enquêtait pour savoir si le naufrage était dû à une attaque du Nord, pendant que Yonhap faisait état d'une réunion d'urgence des ministres chargés de la sécurité. Les médias occidentaux pouvaient alors reprendre, à l'envi, l'hypothèse d'une nouvelle guerre de Corée... causé par une attaque du Nord.
Ainsi, pour le quotidien français Le Figaro, la cause est entendue : "l'hypothèse d'une nouvelle provocation de Pyongyang a immédiatement semé un vent de panique." Car même si Pyongyang n'a pas provoqué l'attaque, il peut encore profiter lâchement de la faiblesse du Sud ! Et le quotidien français de poursuivre : "le président sud-coréen, Lee Myung-bak, présidait une réunion d'urgence alors que les forces militaires sur la frontière étaient mises en alerte pour parer à toute provocation communiste." Alors, doit-on s'inquiéter face à la menace nord-coréenne ? Non, car comme nous l'explique doctement Le Figaro, le Président Lee Myung-bak est là, tentant de "temporiser pour éviter une escalade avec le Nord." En quelques phrases, l'incurie - réelle - du Sud dans la gestion de ses forces militaires a cédé la place aux risques de guerre causés par des provocations imaginaires du Nord.
Car, selon la presse sud-coréenne, le Cheonan était, plus simplement, bourré de torpilles et d'autres munitions, ce que l'état major sud-coréen ne pouvait pas ignorer. Certains conservateurs sud-coréens, de retour au pouvoir à Séoul depuis deux ans, semblent avoir été tentés de renouer avec leurs mauvaises habitudes des années du régime militaire, lorsque la menace communiste venue du Nord servait de prétexte facile pour dissimuler les turpitudes de la junte au pouvoir à Séoul.
Cette attitude n'est pas digne. On ne travestit pas la réalité quand des vies humaines sont en jeu.
Pour l'AAFC, la course aux armements apparaît comme la cause de l'incident tragique du Cheonan. Pour que de telles tragédies ne se reproduisent pas, il est temps de mettre fin à la guerre de Corée, par un traité de paix en lieu et place de l'accord d'armistice qui perdure dans la péninsule coréenne depuis la fin de la guerre en 1953. Pour que d'autres Coréens ne soient plus les victimes d'une guerre qui doit désormais prendre fin.
Sources : AAFC, Euronews, Le Figaro, KBS World
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