Adoptée le 12 juin 2009 par le Conseil de sécurité des Nations-Unies à l'unanimité de ses quinze membres, la résolution 1874 a alourdi les sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), en condamnation de l'essai nucléaire nord-coréen du 25 mai dernier.
A l'issue de longues discussions - pendant plus de deux semaines - entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations-Unies (CSNU), le Japon et la Corée du Sud, la résolution 1874 du CSNU, adoptée le 12 juin 2009, a alourdi les sanctions à l'encontre de la Corée du Nord. Elle prévoit :
- le renforcement du régime de surveillance des cargaisons aériennes, maritimes et terrestres, à destination ou en provenance de la Corée du Nord, en permettant la saisie et la destruction des biens transportés en violation des sanctions ;
- l'élargissement de l'embargo sur les armes, à l'exclusion des seules importations d'armes de petite taille par la Corée du Nord, ce qui correspond à une concession accordée à la Chine par les Etats-Unis qui souhaitaient un embargo sur tout le commerce des armes nord-coréen ;
- l'inclusion de nouvelles entreprises nord-coréennes, mais aussi de personnes, sur la liste des entités nord-coréennes dont les avoirs à l'étranger sont gelés.
En condamnant à nouveau l'essai nucléaire nord-coréen, les cinq membres permanents du CSNU ont manifesté leur volonté de conserver leur monopole de l'arme atomique. Prolongeant la résolution 1718 du CSNU adoptée en octobre 2006 après le premier essai nucléaire nord-coréen, la résolution 1874 atteste que le droit international public, et singulièrement le droit des Nations-Unies, est conçu dans l'intérêt des grandes puissances et de leurs alliés. Par comparaison, les puissances nucléaires alliées des Etats-Unis - comme Israël et le Pakistan - n'ont jamais encouru la moindre sanction du CSNU au titre de leurs activités nucléaires militaires.
En affirmant que "en aucun cas il ne devait fait être usage de la force ou menacé d'y recourir", M. Zhang Yesui, ambassadeur de la République populaire de la Chine aux Nations-Unies, a exprimé la volonté de Pékin d'éviter que des arraisonnements de navires nord-coréens ne conduisent à des affrontements. Certains observateurs ont ainsi mis en doute la fermeté de la Chine, premier partenaire économique de la Corée du Nord, dans l'application des sanctions.
En tout état de cause, la résolution 1874 s'inscrit dans une logique d'escalade de la tension, attisant les risques de guerre : les autorités nord-coréennes pourraient réagir en procédant à un tir de missile intercontinental, ou à un troisième essai nucléaire. Compte tenu du rôle économique du complexe militaro-industriel en Corée du Nord, ces nouvelles sanctions, présentées comme visant ses ressources, vont d'abord aggraver la vie quotidienne de millions de Coréens, employés dans les usines d'armement ou dans des secteurs liés au complexe militaro-industriel, comme l'informatique.
Il n'est d'ailleurs pas anodin que, dans la même période, la Corée du Nord négocie avec les Sud-Coréens une forte revalorisation des salaires et des loyers dans la zone industrielle de Kaesong : ces discussions, actuellement dans l'impasse, peuvent se lire comme une réaction des autorités nord-coréennes aux tentatives d'étranglement financier à son encontre. N'est-il pas encore temps de refuser la politique du pire, et d'encourager la voie des négociations par une autre politique que celle du bâton ?
Sources : Le Monde, Pakistan Times
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