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4 décembre 2022 7 04 /12 /décembre /2022 17:22

Dans son ouvrage La France rouge (1871-1989) ; un siècle d'histoire dans les archives du PCF, l'historien Bruno Fuligni reproduit l'entretien qu'a eu à Pyongyang, le 19 mars 1975, Jean Kanapa, responsable de la section de politique extérieure du Parti communiste français (PCF), avec Kim Il-sung. Par ailleurs un des membres fondateurs de l'Association d'amitié franco-coréenne en 1969, Jean Kanapa visitait la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en tant que représentant de Georges Marchais qui, malade, n'avait pas pu honorer personnellement l'invitation des autorités nord-coréennes. Alors que Kim Il-sung a défendu l'indépendance d'action de chaque parti communiste ou ouvrier au sein du mouvement communiste international - ce qui pouvait faire écho à l'eurocommunisme, dont Jean Kanapa était l'un des artisans - la fin de l'entretien comporte, de manière intéressante, une référence à une possible visite en France et en Europe du président nord-coréen. S'il devait être présent aux funérailles de Tito en 1980 à Belgrade, il ne devait finalement jamais voyager en Europe occidentale.

Jean Kanapa

Jean Kanapa

En fin d'entretien, le fondateur de la RPD de Corée évoque que, s'il se rendait en France, il pourrait y rencontrer Georges Marchais, en l'absence notamment de relations diplomatiques officielles avec la France : 

Comme nous n'avons pas de relations diplomatiques avec la France, peut-être, si je vais en Europe, je pourrai rencontrer Georges Marchais là-bas.

Si ces propos peuvent laisser sous-entendre une rencontre une Europe avec Georges Marchais ailleurs qu'en France, la suite de l'entretien est toutefois assez claire quant à l'hypothèse d'une visite qui aurait bien lieu en France - en précisant que ce n'était pas alors qu'une hypothèse, qui nécessiterait les moyens de rechercher comment une telle visite serait possible. Kim Il-sung déclare en effet :

Notre comité politique n'en a pas encore décidé. Nous chercherons les moyens d'une telle possibilité.

Le choix de la France n'est alors pas anodin. Après l'ouverture effective d'un bureau commercial nord-coréen en France en 1972, un canal d'échanges officiel existait. Les années 1972-1973 avaient été marquées par une certaine intensification des échanges économiques, et la France pouvait apparaître comme un partenaire privilégié de Pyongyang en Europe occidentale. Faute que les archives du ministère des Affaires étrangères soient ouvertes sur le sujet, il est cependant difficile d'apprécier si les Nord-Coréens avaient effectivement entrepris des démarches auprès de la diplomatie française et comment elles ont pu être accueillies. L'ancien ambassadeur français en Chine Etienne Manac'h n'y fait pas non plus référence dans ses Mémoires d'extrême Asie, qui constituent une source de première main sur les relations franco - nord-coréennes au début des années 1970 - mais Etienne Manac'h a quitté son poste à Pékin en 1975, l'année de la visite à Pyongyang à Jean Kanapa.

Source :  Bruno Fuligni, La France rouge (1871-1989) ; un siècle d'histoire dans les archives du PCF, Les Arènes, 2011, citations p. 314 (l'entretien de Jean Kanapa et Kim Il-sung est reproduit pp. 280-385). Référence : AD 93, cote 264 J 20. 

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