Il y a quatre-vingts ans, le 25 avril 1932, l'actuelle Armée populaire de Corée (APC) était fondée, sous l'impulsion du camarade Kim Il-sung, en tant qu'Armée de guérilla populaire antijaponaise (AGPA). Il s'agit d'une date significative dans l'histoire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), dont la légitimité est fondée sur la lutte contre l'impérialisme japonaise puis la résistance face aux Etats-Unis pendant la guerre de Corée (1950-1953), avant que la politique de Songun, en donnant la priorité aux affaires militaires, fasse de l'Armée populaire de Corée un des fers de lance de la modernisation économique et technologique dans l'édification d'un pays puissant et prospère. L'AAFC revient sur le contexte historique de fondation de l'APC.
Issue de l'Armée révolutionnaire coréenne, fondée le 6 juillet 1930 à Guyushu comme première organisation armée révolutionnaire des communistes coréens, l'Armée de guérilla populaire antijaponaise (AGPA) a réuni des combattants aguerris aux méthodes de combat de la lutte clandestine. Equipés d'armes prises sur les troupes japonaises et leurs collaborateurs, les premiers détachements de la future AGPA ont été formés, à partir de 1932, à Antu, puis à Wangqing, Yanji, Helong, Hunchun et d'autres districts du bassin du fleuve Tumen, en Mandchourie, à proximité de la frontière sino-coréenne.
Ces initiatives furent menées dans un front commun avec les troupes chinoises antijaponaises. Préalablement à la création de l'AGPA, sur l'initiative de Kim Il-sung, des pourparlers s'engagèrent avec Wei, commandant d'une troupe chinoise antijaponaise, pour réaliser la stratégie de front uni : dès la mi-avril 1932, des détachements de Coréens furent ainsi établis au sein des troupes chinoises.
Le 25 avril 1932, l'Armée de guérilla populaire antijaponaise (AGPA) était fondée à Antu. Dans un discours intitulé "A l'occasion de la création de l'Armée de guérilla populaire antijaponaise", le camarade Kim Il-sung insista sur la nécessité d'un lien étroit entre le peuple et les troupes combattantes permanentes, formées d'ouvriers et de paysans, la lutte de libération nationale étant indissociable de l'établissement d'un pouvoir populaire.
Plusieurs troupes de guérilla se structurèrent en Mandchourie à partir de 1932 : dans la région de Ningan, sous la direction de Kim Hae-san ; dans la région de Panshi, sous l'impulsion de Ri Hong-gwang et Ri Tong-gwang ; à l'été 1933, à Zhuhe, où opérait Kim Chaek, et de la région de Raohe, où luttait Choe Yong-gon ; à Liuhe, Misan et Tangyuan. Prenant la direction du Sud de la Mandchourie, le 3 juin 1932, Kim Il-sung oeuvra à l'union nationale des forces actives dans la lutte antijaponaise, en parcourant pendant près d'un an l'ensemble de la Mandchourie pour consolider le front antijaponais.
Sur cette base, dans les régions de Mandchourie libérées de l'occupation nippone, la guérilla populaire antijaponaise établit des gouvernements populaires révolutionnaires, qui ont été les précurseurs des réformes démocratiques conduites après 1945 dans le Nord de la péninsule, après la capitulation du Japon : réforme agraire, abolition du régime de propriété féodale, égalité entre les hommes et les femmes.
L'organisation politique apparaît comme le préalable à la structuration militaire de la guérilla : lors de la réunion des cadres de Parti et de l'Union de la jeunesse communiste de Corée (UJCC), convoquée le 16 décembre 1931 à Mingyuegou, le camarade Kim Il-sung avait mis l'accent sur la guérilla comme moyen principal de la lutte de libération nationale, d'où avait résulté la formation de l'AGPA quatre mois plus tard.
Les conditions de la lutte de guérilla antijaponaise ont ainsi déterminé l'organisation politique et sociale ultérieure de la RPD de Corée, en conférant à l'armée un rôle essentiel dans le combat, hier pour la libération nationale, aujourd'hui pour l'indépendance et l'autonomie de la RPD de Corée dans tous les domaines (politique, économique, militaire) - alors que la réunification pacifique de la péninsule apparaît comme l'étape ultime de la lutte pour la pleine restauration de la souveraineté nationale. Par ailleurs, comme dans les autres régimes de démocratie populaire, "le Parti commande aux fusils" : l'armée populaire est une composante sociale à part entière, représentée à l'ensemble des niveaux de décision, mais la direction politique de l'Etat est assumée par le Parti du travail de Corée.
Source principale : Kim Chang-hwan et Kang Sok-hi, Histoire générale de la Corée. Tome II, éditions en langues étrangères, Pyongyang, RPD de Corée, 1995, p. 128 sq.