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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 22:26

Park-geun-hye_Jean-Marc-Ayrault_visite_Coree.jpgLa présidente sud-coréenne Park Geun-hye (à gauche, avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à Séoul, en juillet 2013) va visiter la France à l'occasion d'une tournée en Europe où les aspects économiques occuperont une place importante. Si le partenariat traditionnel entre la France et la République de Corée s'est renforcé dans la période récente, le lourd climat politique qui règne au Sud de la péninsule aura aussi des répercussions en France, où les opposants sud-coréens manifesteront les 2 et 3 novembre contre la venue de Mme Park en dénonçant les irrégularités qui ont émaillé la campagne électorale dont elle est sortie victorieuse, en décembre 2012.

Mme Park Geun-hye, présidente de la République de Corée (du Sud), visitera la France, la Grande-Bretagne et la Belgique du 2 au 9 novembre 2012. Comme lors de ses précédents déplacements à l'étranger, elle sera accompagnée d'une conséquente délégation d'hommes d'affaires, témoignant ainsi de l'importance attachée à la diplomatie économique... et traduisant accessoirement la place relative des différents Etats européens en termes d'échanges internationaux. En France, où commencera son périple européen, la chef d'Etat sud-coréenne sera accompagnée de 45 chefs d'entreprises ou responsables d'organisations économiques : c'est moins que pour la Grande-Bretagne (65) mais plus que pour la Belgique (22). De fait, la conclusion puis l'entrée en vigueur (en 2011) de l'accord de libre échange entre l'Union européenne et la Corée du Sud est perçue, en Extrême-Orient, comme une opportunité pour renforcer les échanges commerciaux avec le "Vieux continent".

Les relations entre la France et la République de Corée sont traditionnellement fondées sur la participation de quelque 3 400 combattants français (dont 270 sont morts au combat), dans les rangs des Nations Unies et aux côtés des Sud-Coréens, pendant la guerre de Corée (1950-1953). Cette intervention est à resituer dans le contexte de la guerre froide : en Corée, la France avait alors choisi de s'aligner sur les Etats-Unis et de soutenir le très autoritaire et farouchement anticommuniste Syngman Rhee, qui n'avait rien d'un démocrate et sera chassé du pouvoir par une révolution étudiante en 1960. Aujourd'hui encore, honorer les tombes des soldats du contingent des Nations Unies en Corée du Sud constitue le passage obligé de toute visite officielle française en République de Corée. A l'occasion des cérémonies ayant marqué le 60ème anniversaire de la fin de la guerre de Corée, la France était représentée à Séoul par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, soit l'un des plus haut niveaux de représentation parmi les Etats ayant participé à la guerre de Corée. Le Président François Hollande, qui a choisi comme conseiller diplomatique un ancien directeur d'Asie du ministère des Affaires étrangères, spécialiste de la Chine, a témoigné de sa volonté de mieux prendre en compte l'émergence de l'Asie dans la diplomatie française.

Le 19 juin 2012, un entretien à Los Cabos, au Mexique, entre le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et son homologue sud-coréen, Kim Sung-hwan, en marge du 7ème sommet du G20 avait porté sur une série de sujets d'intérêt commun : l'impact de la crise économique européenne sur l'économie mondiale, le renforcement de la lutte contre les effets du changement climatique et la situation dans la péninsule coréenne. En 2011, le Président sud-coréen Lee Myung-bak avait effectué une visite en France le 13 mai, qui avait été suivie d'une visite officielle en République de Corée, les 21 et 22 octobre, du Premier ministre François Fillon.

La Corée du Sud est le quatrième partenaire commercial de la France en Asie et la France est le deuxième partenaire commercial de la Corée du Sud dans l'Union européenne, le volume des échanges ayant atteint 8 milliards d'euros en 2012. Avec un stock d'investissements étrangers de 2,5 milliards de dollars en 2009, la France était le 7ème investisseur étranger en Corée du Sud. Plus de 250 entreprises françaises étaient implantées dans le Sud de la péninsule coréenne en 2010. Par ailleurs, la technologie du TGV français a été utilisée par la Corée du Sud pour son propre réseau ferroviaire à grande vitesse (KTX). Les investissements sud-coréens en France sont comparativement moins élevés, ayant atteint 322 millions d'euros en 2009. La Corée du Sud a dépassé la France pour le nombre de brevets, en atteignant le 4ème rang mondial, dès 2008.

La visite de Mme Park Geun-hye devrait également être l'occasion d'évoquer les commémorations du 130ème anniversaire des relations franco-coréennes, en 2016, dans le cadre des saisons culturelles croisées (2015-2016).

Le lourd climat politique et social qui règne aujourd'hui en Corée du Sud se traduira aussi par des manifestations en France à l'occasion de la visite de Mme Park : arrestations arbitraires d'opposants, poursuites judiciaires à l'encontre des journalistes faisant entendre une voix critique (sous prétexte de diffusion de "fausses informations"), toute puissance des services de renseignement sur la sellette après leur ingérence dans la campagne présidentielle (avec le silence assourdissant de la chef de l'Etat élue), exécution d'un homme ayant tenté de franchir la frontière pour rejoindre le Nord et, récemment, interdiction d'un syndicat d'enseignants dans un climat de répression syndicale... la liste est longue des atteintes aujourd'hui portées à la démocratie sud-coréenne, fruit du combat de milliers de démocrates qui ont donné leur vie pour l'avènement d'une ère de liberté.

Dans ce contexte, un collectif de citoyens sud-coréens qui résident en France appelle à manifester pour la démocratie, le samedi 2 novembre à 16 heures place du Trocadéro puis le dimanche 3 novembre à 16 heures place du Palais Royal. Cette manifestation aux bougies, dans la tradition des manifestations pacifiques en Corée du Sud, interviendra après les récentes déclarations de Moon Jae-in, qui était le principal opposant de Mme Park Geun-hye à l'élection présidentielle de décembre. Le 23 octobre dernier, Moon Jae-in a demandé à Mme Park de reconnaître les fraudes et manoeuvres des services de renseignement et de l'appareil d'Etat dans l'élection présidentielle. Une pétition réclame même l'invalidation de l'élection.

L'Association d'amitié franco-coréenne espère que le gouvernement français, si prompt à invoquer les droits de l'homme en Corée du Nord, entendra également les appels des citoyens sud-coréens qui ne veulent pas d'un retour vers le passé autoritaire en République de Corée.

Sources : blog Paris Copain, pages pays "Corée du Sud" sur le site du MAE français (notamment chronologie des relations bilatérales), Yonhap. Photo Metronews.

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