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13 octobre 2018 6 13 /10 /octobre /2018 19:30

Les 10, 11 et 13 octobre à Paris - respectivement, place Saint-Michel, place de la République et place du Trocadéro - des expositions de photos et des représentations du spectacle intitulé "Les fleurs fanées fleuriront à nouveau" ont eu lieu à Paris, à l'initiative de l'association Machangjin - qui défend les anciennes esclaves sexuelles de l'armée japonaise ("femmes de réconfort") dans les villes sud-coréennes de Masan, Changwon et Jinhae - et de Coréens de France regroupés engagés auprès des victimes du naufrage du ferry Sewol. Mobilisée de longue date sur la question toujours non résolue des femmes de réconfort, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) rend compte ci-après de la performance du 13 octobre 2018 des artistes Bae Dallae (peintre travaillant également sur le thème de la division de la Corée) et Lee Jung-hun (mime, travaillant en collaboration avec plusieurs artistiques), magnifiquement servis par les musiciens Moon Jiyoon (violoncelliste) et Lee Han-joo (enseignant de musique à l'université de typographie PaTI à Paju, producteur d'instruments de musique et auteur d'improvisations expérimentales). Rhee Jae-yong et Kim Tae-kyun ont photographié l'événement.

Femmes de réconfort : des représentations artistiques à Paris pour ne pas oublier

Comment exprimer la souffrance endurée par ces centaines de milliers de femmes, coréennes mais aussi chinoises, indonésiennes, philippines, vietnamiennes..., obligées de se prostituer pendant des années dans les bordels militaires japonais, avant et pendant la Seconde guerre mondiale ? Comment agir pour empêcher que de tels crimes de guerre ne se reproduisent ?

C'est le tour de force qu'ont réussi les artistes réunis pour l'occasion à l'initiative de l'association Machangjin : sobriété des couleurs - le blanc, symbole de pureté, et le noir, exprimant les blessures dans leur chair de ces femmes souvent vierges lorsqu'elles ont été prises de force à leurs familles - élégance des danses mais aussi violence muette du rapt de ces jeunes femmes, qui ont pris ici les traits de l'artiste plasticienne Bae Dallae, face aux attaques sexuelles des Japonais, figurés par Lee Jung-hun. Ces violences âpres sont contextualisées - en période de guerre, dans l'Asie et l'Est et le Pacifique : mais elles ont une portée qui dépasse les années 1932-1945, et qui rend aussi compte avec force de la violence que revêt la domination sexuelle masculine. C'est sur toutes les femmes victimes de viols que les artistes ont braqué les projecteurs.

Femmes de réconfort : des représentations artistiques à Paris pour ne pas oublier
Femmes de réconfort : des représentations artistiques à Paris pour ne pas oublier
Femmes de réconfort : des représentations artistiques à Paris pour ne pas oublier
Femmes de réconfort : des représentations artistiques à Paris pour ne pas oublier
Femmes de réconfort : des représentations artistiques à Paris pour ne pas oublier

Représentante de l'association Machangjin ayant accompagné la troupe artistique à Paris, Lee Kyung-hee a souligné l'exemplarité du combat pour que justice soit rendue aux femmes de réconfort, en surmontant l'histoire de cette tragédie et en agissant pour la justice et les droits de l'homme : les femmes ne doivent plus être les victimes des crimes commis en temps de guerre, hier en Asie-Pacifique, aujourd'hui et demain partout dans le monde.

A cet égard, l'association fait signer la pétition pour que les voix enregistrées des "femmes de réconfort", recueillies grâce à 14 organisations privées, des universitaires et des instituts de recherche dans 9 pays, soient inscrites au patrimoine mondial de l'humanité. L'AAFC soutient pleinement ce combat, pour la mémoire, pour l'honneur et pour la dignité.

Femmes de réconfort : des représentations artistiques à Paris pour ne pas oublier

Photos : AAFC.

Pour signer la pétition : contacter l'association Masangjin (hersstory@hanmail.net).

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11 octobre 2018 4 11 /10 /octobre /2018 12:46

La venue en Europe (et notamment en France) de Moon Jae-in, Président de la République de Corée (Corée du Sud), était largement connue depuis plusieurs semaines dans les milieux coréens en France (les Coréens en France étant appelés à s'inscrire pour rencontrer le chef de l'Etat), mais elle n'a été annoncée officiellement qu'en ce début de semaine. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) détaille les objectifs diplomatiques de cet important déplacement, qui conduira le Président Moon Jae-in en France, en Italie, au Vatican, en Belgique et au Danemark, du 13 au 21 octobre 2018 - alors que la délégation économique sud-coréenne comprendra notamment Lee Hae-jin, fondateur du moteur de recherche coréen Naver. Naver est très actif sur le marché français : l'entreprise a créé en 2017 la filiale française Naver France SA, racheté en juin 2017 le centre de recherche de Xerox à Grenoble et financé, à hauteur de 200 millions d'euros, le fonds d'investissement Korelya capital, fondé par l'ancienne ministre Fleur Pellerin, d'origine coréenne.

Le Président Moon Jae-in, catholique, rencontrera le pape François.

Le Président Moon Jae-in, catholique, rencontrera le pape François.

Des événements culturels sont prévus pour la partie française de la tournée européenne du Président Moon Jae-in, du 13 au 16 octobre 2018 : en particulier, le groupe Bangtan Boys (BTS) (lauréat en 2018 d'un Favorite Social Artist aux American Music Awards, et intervenu également à la tribune des Nations unies) donnera un concert à Paris, qui réunira également d'autres groupes de K-Pop.

Le Président Moon Jae-in et le groupe BTS

Le Président Moon Jae-in et le groupe BTS

Lors de sa visite en France, le Président Moon Jae-in tentera très certainement de gagner un soutien français plus explicite à sa politique d'ouverture et de paix avec la Corée du Nord, alors que des parlementaires français soulignaient récemment le nécessaire "réinvestissement" de la diplomatie française sur la question coréenne - les évolutions récentes étant enregistrées presque à regret dans certains cercles du pouvoir, plus à l'aise avec une politique de pression maximale (c'est-à-dire de sanctions) sur la Corée du Nord, bien que cette approche soit de nature à faire échouer le début du rapprochement en cours entre Pyongyang et Washington.

Sobrement, la présidence sud-coréenne indique que "les questions diplomatiques et sécuritaires" seront à l'ordre du jour des rencontres en France, dont il est rappelé qu'elle est un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.

Avec l'Italie, ce sont les domaines des "sciences et des technologies de pointe" qui sont mis en avant comme de possibles champs de coopération.

Catholique revendiqué (ce qui joue un rôle indéniable dans sa vision politique, notamment sa politique inter-coréenne de paix et de dialogue), le Président Moon Jae-in est attendu au Vatican les 17 et 18 octobre. Le 17 octobre, une messe pour la paix sur la péninsule coréenne devrait être célébrée par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'Etat du Saint-Siège, à la basilique Saint-Pierre. Lors d'une entrevue le lendemain avec la pape François, le Président Moon devrait recevoir une bénédiction et le soutien du pape sur sa politique de dialogue avec le Nord. A cette occasion, il remettra la lettre d'invitation du pape François en République populaire démocratique de Corée, que lui a remis le Président Kim Jong-un lors du sommet inter-coréen de Pyongyang des 18-20 septembre 2018 (visiblement sur la suggestion de Séoul).

En Belgique, le Président Moon Jae-in assistera au Dialogue Asie-Europe (Asem). il aura une rencontre avec le président du Conseil européen, dans le cadre d'un sommet entre l'Union européenne et la République de Corée (18-19 octobre 2018). Les deux parties ont établi en 2010 un partenariat stratégique.

Se rendant enfin au Danemark, le dirigeant sud-coréen assistera au sommet "Partenariat pour la croissance verte et les objectifs de développement durable (P4G)", alors que la République de Corée poursuit un programme d'essor de l'économie verte et qu'a été acté un plan de sortie progressive du nucléaire civil (à horizon 2060).

Sources principales :

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26 août 2018 7 26 /08 /août /2018 14:23

Alors que les rencontres internationales au sommet autour de la Corée en ce printemps 2018 prônent la dénucléarisation de l'ensemble de la péninsule, l'établissement d'un régime de paix par la mise en place de mécanismes de sécurité collective, la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale a préconisé, dans un rapport d'information sur l'arme nucléaire dans le monde 60 ans après l'adoption du traité de non-prolifération nucléaire (TNP), publié après six mois de travaux (auditions, déplacements), que la France cesse de faire cavalier seul dans l'Union européenne en continuant de refuser d'envisager l'établissement de relations diplomatiques  complètes avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Les recommandations sur ce point des deux auteurs du rapport, le centriste Michel Fanget et le communiste Jean-Paul Lecoq, sont apparues largement partagées au sein de la commission de l'Assemblée, et conformes à une position constante de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) pour laquelle cette non-reconnaissance diplomatiques constitue un facteur d'affaiblissement de la France sur la scène coréenne.

De haut en bas : les députés Jean-Paul Lecoq et Michel FangetDe haut en bas : les députés Jean-Paul Lecoq et Michel Fanget

De haut en bas : les députés Jean-Paul Lecoq et Michel Fanget

Dressant l'historique du programme nucléaire nord-coréen et soulignant la nécessité de parvenir à une dénucléarisation de toute la péninsule coréenne, les deux co-auteurs du rapport soulignent l'effacement de la diplomatie française - mais aussi européenne - sur le dossier nucléaire nord-coréen :

Dans le cas de la Corée du Nord, il faudrait donc que la France se positionne pour défendre la ratification du TICE [Traité d'interdiction complète des essais nucléaires]. Cela impliquerait qu’elle se positionne dans un processus diplomatique dont elle est, pour le moment, largement exclue, de même que tous les pays européens.

Pour pallier cette carence de la diplomatie française, les deux députés recommandent tout d'abord de renforcer l'expertise de la France, dans le cadre d'un "nécessaire réinvestissement intellectuel et diplomatique de la France sur la question nord-coréenne" en abordant d'autres thématiques que la seule question nucléaire :

Recommandation n°7 : La France devrait faire en sorte d’accroître son expertise sur la Corée du Nord, de façon à avoir une compréhension plus fine de la situation de ce pays et ne pas l’aborder trop exclusivement sous l’angle de la prolifération nucléaire.

Selon les deux représentants de la nation, ce "réinvestissement", au plan diplomatique, passe par envisager la mise en place d'une ambassade de plein exercice, alors qu'actuellement "la France n’a pas de relations diplomatiques avec la Corée du Nord, mais simplement un « bureau de représentation » au sein de l’ambassade allemande à Pyongyang", tout en rappelant la tradition diplomatique française consistant à reconnaître des Etats et non des régimes (ce qui implique qu'il n'y a pas de rupture des relations diplomatiques en cas de changement de gouvernement ou de régime dans un pays étranger) :

Recommandation n°8 : la France devrait envisager le rétablissement de relations diplomatiques avec la Corée du Nord, lequel ne vaudrait pas approbation du régime nord-coréen.

Bien qu'exprimées en termes mesurés, ces recommandations prennent à contre-pied la très conservatrice diplomatie française, qui consiste d'une part en une présence diplomatique minimale (en termes de moyens humains et financiers) pour un pays de l'importance politique et stratégique de la RPD de Corée, et d'autre part en une volonté de ne pas faire évoluer les grilles d'analyse traditionnelles malgré les changements en cours - la France s'alignant de facto sur les positions des "faucons" néo-conservateurs américains(pourtant en perte de vitesse à Washington) et japonais partisans, sinon de la guerre, tout au moins de sanctions maximales qui sont une alternative à un conflit ouvert et tuent de nombreux civils innocents, y compris des femmes et des enfants.

Dès lors, le débat en commission s'est focalisé sur ces deux propositions, néanmoins partagées par des élus de toutes sensibilités politiques.

Parmi les députés qui rejoignent les positions de Michel Fanget et Jean-Paul Lecoq figure le député (LREM) Jacques Maire, partisan d'un "rapprochement" avec la Corée du Nord :


 

(...) je pense que si nous sommes irréprochables sur la question iranienne, en termes d’implication et de présence, nous sommes très absents sur le sujet de la Corée du Nord. Plusieurs députés de cette commission, même issus de la majorité, ont exprimé le souhait d’un rapprochement avec cet Etat.

La députée LREM Jacqueline Maquet a rappelé que l'objectif des récents sommets internationaux était la dénucléarisation de toute la Corée, et pas seulement de sa moitié Nord - alors que la République de Corée est sous le parapluie nucléaire des Etats-Unis et que des équipements porteurs d'armes nucléaires peuvent y être stationnés, comme dans le base navale de l'île de Jeju :

(...) cette année 2018 aura été marquée par deux faits majeurs, tous deux corrélés directement à la politique américaine. D’un côté, une annonce en apparence saine sur la péninsule coréenne – j’insiste sur le terme de « péninsule » car la rencontre entre les deux présidents ne portait pas sur le seul désarmement de la Corée du Nord mais sur le désarmement de la péninsule.

Beaucoup plus prudente a été en revanche la position du député (également LREM) Joachim Son-Forget qui incite - au diapason du ministère français des Affaires étrangères... - à éviter toute précipitation dans l'établissement de relations diplomatiques entre la France et la RPD de Corée, en évoquant l'ouverture de "bureaux" de représentation... qui existent déjà (sic) et ont même été remplacés, à Paris, par une délégation nord-coréenne en place depuis plus de trois décennies (!). Le député des Français de l'étranger est en revanche plus audacieux s'agissant du renforcement des effectifs diplomatiques français et Pyongyang ainsi que d'échanges économiques (aujourd'hui proches du néant) :

S’agissant de nos relations avec la Corée du Nord, je pense que nous devons aller vers le rapprochement et la normalisation, mais très progressivement, en ouvrant par exemple un bureau réciproque. Je plaide pour qu’on élargisse la représentation française à Pyongyang. Mais nous ne devons pas nous précipiter : nous devons progresser de concert sur le rapprochement des peuples et les aspects de vérification, avec l’aide d’organismes multilatéraux. Nous pourrions aussi nouer un partenariat économique. Il est certain que notre désengagement sur cette question est problématique ; nous risquons de rater les développements importants qui se feront dans la péninsule coréenne.

Le député (LREM) Jean-François Mbaye propose de conditionner l'établissement de relations diplomatiques entre Paris et Pyongyang à la définition par la RPD de Corée d'un calendrier de dénucléarisation :

Je voulais revenir sur la recommandation n°8 concernant le rétablissement des relations diplomatiques avec la Corée du nord. Je trouve que c’est un objectif ambitieux ; mais est-ce que ces relations diplomatiques permettraient d’exiger de la Corée du Nord qu’elle établisse un véritable calendrier pour sa dénucléarisation ? On ne peut pas dialoguer avec elle si elle conçoit l’arme nucléaire non pas comme une arme de paix, mais comme un instrument de négociation, et n’envisage pas sérieusement de s’en séparer.

La seule voix réellement dissonante a finalement été celle de la députée (LR) Valérie Boyer, qui a adopté une position de principe de défense de "la civilisation" occidentale, dans la veine de la pensée néo-conservatrice :

Je me joins à mes collègues pour féliciter les co-rapporteurs pour leur travail passionnant. Ce rapport nous permet d’avoir une vision plus claire des dangers pour notre civilisation. Ces dangers sont d’abord celui de la Corée du Nord, avec le président Kim Jong-un qui menace la paix dans le monde, avec ce qu’il semble considérer comme des jouets destinés à attirer l’attention sur lui et à lui permettre de narguer la Corée du Sud, le Japon et l’Occident.

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29 juillet 2018 7 29 /07 /juillet /2018 14:17

L'affaire Alexandre Benalla a pris des proportions inédites dans la France de la Cinquième République - le comportement d'un proche du chef de l'Etat tendant à dominer la vie politique et à occulter d'autres débats pourtant essentiels, de la révision constitutionnelle à la politique économique et sociale du gouvernement. A l'Association d'amitié franco-coréenne, cette focalisation sur l'entourage d'un chef d'Etat évoque pour nous une autre affaire - l'affaire Choi Soon-sil, du nom de la confidente de l'ombre de la Présidente Park Geun-hye, dont les révélations ont entraîné la destitution de la présidente sud-coréenne, par ailleurs aujourd'hui en prison. Toutes proportions gardées (il n'y a pas de comportement fautif d'Emmanuel Macron au regard de la loi française, contrairement à Mme Park Geun-hye, et pas davantage aujourd'hui de mouvement de masse en France tendant au départ du Président de la République française), nous avons souhaité établir une comparaison quant aux ressorts et aux déroulés politiques des deux affaires, qui illustrent le poids pris par les médias et le rôle des oppositions politiques et de citoyens non membres d'un mouvement politique dans les régimes parlementaires, à tendance présidentialiste, que sont la République française et la République de Corée.

A gauche, manifestation "pour aller chercher Macron" à Paris, le 28 juillet 2018 ; à droite, manifestation contre la Présidente Park Geun-hye, à Séoul, le 10 décembre 2016.A gauche, manifestation "pour aller chercher Macron" à Paris, le 28 juillet 2018 ; à droite, manifestation contre la Présidente Park Geun-hye, à Séoul, le 10 décembre 2016.

A gauche, manifestation "pour aller chercher Macron" à Paris, le 28 juillet 2018 ; à droite, manifestation contre la Présidente Park Geun-hye, à Séoul, le 10 décembre 2016.

La question du rôle et de la place des confidents de l'ombre et de la réaction du chef d'Etat à la tempête médiatique

Le pouvoir moderne, dans les régimes dits de démocratie parlementaire, prône la transparence de la vie politique. Mais les conseillers de l'ombre et confidents ont toujours existé, et ne sont pas prêts de disparaître, car ils remplissent des fonctions essentielles pour les chefs d'Etat qui, ne serait-ce que parce que ce sont des êtres humains avec leurs forces et leurs faiblesses, ont besoin de s'appuyer sur des personnes de confiance, situées en dehors de tout organigramme officiel. Sur ce point, un bémol est cependant à souligner entre Choi Soon-sil et Alexandre Benalla : la première n'avait aucune fonction dans l'appareil d'Etat, quand le second était un chargé de mission (certes dont les fonctions n'apparaissent pas, comme d'autres, dans les publications de la composition des cabinets ministériels au Journal officiel de la République française), parfaitement identifié et identifiable dans l'entourage d'Emmanuel Macron - même si le grand public ne l'a découvert que tardivement.

Cependant, les opinions publiques ont des réactions de rejet comparables : à la dénonciation de la "gourou" Mme Choi fait écho celle du "barbouze" M. Benalla, l'un et l'autre réduits au statut d'affreux.

Dans ce contexte, la volonté de Mme Park Geun-hye - comme celle d'Emmanuel Macron - d'attendre pour réagir publiquement, de minimiser la portée des révélations des médias et (surtout) de ne pas se désolidariser de leurs (anciens) conseillers, sans présenter d'excuses, autorise toutes les interprétations, réelles ou fantasmées, quant au fait qu'on cacherait quelque chose de bien plus grave à l'opinion publique. Cette défiance à l'encontre du détenteur de l'autorité politique permet dès lors qu'il y ait place pour le déroulement d'un feuilleton médiatique, chaque jour apportant de nouvelles révélations.

Si la nature des relations entre Emmanuel Macron et Alexandre Benalla dépassait la seule sphère publique (comme dans le cas de Park Geun-hye et de Choi Soon-sil), puisqu'on vient d'apprendre qu'Alexandre Benalla possédait les clés de la résidence de Brigitte Macron au Touquet, mais reste encore peu connue, une différence de taille est qu'Emmanuel Macron existe politiquement indépendamment d'Alexandre Benalla, apparu tardivement dans l'entourage du chef de l'Etat (en 2016) - contrairement à Choi Soon-sil, qui dominait totalement l'ancienne présidente Park depuis les années 1970.

Pouvoir et contre-pouvoirs

La République de Corée, comme la République française, ayant mis des places des systèmes d'équilibre des pouvoirs, le rôle des médias et des oppositions est crucial et sujet à débats dans le développement des deux affaires.

Emmanuel Macron, comme avant lui Park Geun-hye, dénonce une tempête dans un verre d'eau, surmédiatisée et instrumentalisée selon lui par l'opposition. L'un et l'autre ont également choisi de ne pas affronter directement sur ce point les journalistes réputés proches de l'opposition, nourrissant ainsi des critiques sur leur prétendu autoritarisme (avéré dans le cas de la Présidente Park, objet pour le moins de débats dans le cas d'Emmanuel Macron si l'on considère les discussions que suscite le projet de révision constitutionnelle, mais entaché par l'attitude violente d'Alexandre Benalla). Cependant, quelque autoritaire qu'ait été Mme Park Geun-hye, et bien qu'ayant envisagé le recours à la loi martiale, elle n'a pas fait tirer sur les manifestants et n'a pas engagé l'appareil d'Etat dans une répression systématique. Dans un régime de démocratie parlementaire où s'exerce l'alternance politique, des freins puissants existent à l'usage immodéré de la force par la puissance publique.

S'agissant des oppositions politiques, celles-ci ont eu une attitude d'abord prudente en Corée du Sud (avant de se mettre au diapason des manifestants et de l'opinion publique), quand en France les parlementaires d'opposition sont au contraire aux avant-postes dans la dénonciation du pouvoir. Cette différence montre d'ailleurs que la tradition parlementaire est plus ancrée dans la vie politique française - en Corée du Sud, le Parlement a finalement eu le dernier mot, en votant la destitution de la Présidente Park, mais seulement après des mois de controverses politiques.

Si des manifestations - liées seulement marginalement aux mouvements politiques traditionnels - sont à relever dans les deux affaires, celles-ci ont pour l'heure une ampleur limitée dans le cas de l'affaire Benalla. En Corée du Sud, au contraire, elles ont été un facteur déterminant dans la chute de la Présidente Park Geun-hye. 

Les dénouements politiques et juridiques

Dans le cas de l'affaire Choi Soon-sil, la destitution de la Présidente Park Geun-hye n'était pas écrite d'avance, mais a été rendue possible par une conjonction de facteurs qui n'existent pas en France :

- la majorité parlementaire de la Présidente Park Geun-hye était étroite depuis les élections législatives d'avril 2016, ce qui n'est pas le cas pour Emmanuel Macron, qui dispose d'une large majorité à l'Assemblée nationale ;
- les luttes de factions sont intenses en Corée du Sud, si bien qu'une partie des députés conservateurs n'était pas favorable à la Présidente Park et a joint ses voix à celles de l'opposition pour la destituer ; en France, la République en Marche a été créée par et pour Emmanuel Macron et son groupe parlementaire à l'Assemblée nationale fait bloc autour du chef de l'Etat ; l'incertitude pourrait venir de députés issus d'autres partis politiques (notamment, PS, LR, UDI, PRG...), dont le destin politique est moins lié à celui du Président de la République française, mais jusqu'à présent et dans la tradition parlementaire française, la pratique des transfuges est exceptionnelle (et plutôt dans le sens de rejoindre les rangs de la majorité, comme en 1988) ; bref, si le droit constitutionnel français autorise théoriquement la destitution du chef de l'Etat, tous les constitutionnalistes s'accordent pour dire qu'une telle hypothèse n'a aucune chance de se produire aujourd'hui en France ; 
- non rééligible, la Présidente Park Geun-hye avait été affaiblie par une série de scandales et de mauvaises gestions de crise, notamment le naufrage du ferry Sewol, alors que dans le cas de l'affaire Benalla, il s'agit plutôt d'une première crise politique pour le Président Emmanuel Macron.

Enfin, le volet judiciaire de l'affaire Benalla est aujourd'hui très limité, et circonscrit au seul cas de l'ancien conseiller présidentiel : s'il y a bien eu usurpation d'attributs de la fonction publique, l'affaire n'a pas de volet financier, contrairement à l'affaire Park Geun-hye où les détournements de fonds publics ont conduit à des condamnations à des peines de plusieurs dizaines d'années de prison pour Choi Soon-sil et Park Geun-hye.

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14 juillet 2018 6 14 /07 /juillet /2018 11:28

Le défilé sur les Champs-Elysées du 14 juillet 2018 est toujours l'occasion pour la France de célébrer ses amitiés anciennes et nouvelles. Cette année, les observateurs attentifs auront ainsi pu apercevoir un drapeau de guerre japonais. Une provocation pour toutes les victimes de l'impérialisme japonais qui ne doit rien au hasard. Démonstration de l'influence du lobby militariste et révisionniste japonais dans les cercles des décideurs politiques français, avec des conséquences néfastes pour l'influence de la France dans le monde - résultant notamment de l'absence de relations diplomatiques complètes, à ce jour, avec la République populaire démocratique de Corée.

Vu le 14 juillet 2018 à Paris : le drapeau de guerre japonais (un disque solaire rouge rayonnant sur fond blanc), un symbole des atrocités de guerre japonaises.

L'armée impériale japonaise pendant le massacre de Nankin (décembre 1937-février 1938)

Imaginez un drapeau nazi vu lors d'une parade militaire : immédiatement, les protestations seraient - légitimement - unanimes. Mais lorsque le Japon impérial parade en France le jour de la fête nationale, les protestations des "femmes de réconfort" (euphémisme désignant les anciennes esclaves sexuelles de l'armée impériale nippone avant et pendant la Seconde guerre mondiale) n'ont que peu de poids face aux amitiés douteuses entretenues de longue date, au coeur du pouvoir français, par le lobby militariste japonais.

Il est en effet curieux de constater combien les positions les plus extrémistes au Japon reçoivent un accueil bienveillant dans notre pays. Un monument pour honorer les "femmes de réconfort", comme cela existe déjà dans d'autres pays ? Non, pas en France. Une évolution des positions de la France pour reconnaître que la nouvelle donne diplomatique autour de la Corée nécessite de revoir notre refus d'établir des relations diplomatiques avec Pyongyang ? Non, pas la France. Cette liste d'exemples significatifs n'est pas limitative : la France tend à s'aligner sur les desiderata de l'extrême-droite japonaise pour les questions touchant, hier, aux crimes de guerre nippons, et aujourd'hui à l'intransigeance vis-à-vis de la Corée du Nord au nom soi-disant des droits de l'homme... étonnamment oubliés dès lors qu'il s'agit des crimes de guerre japonais. Indignation sélective...

Certains beaux esprits diront naturellement que l'étendard aperçu sur les Champs Elysées est celui des actuelles forces terrestres de défense japonaises, hissées avec le drapeau national japonais. Fort bien, mais outre que la coïncidence avec le symbole de l'armée impériale nippone est tout sauf fortuite (et que la France n'est pas obligée de prêter la main, sur son territoire et le jour de sa fête nationale, à une opération de propagande révisionnistes japonaise), il existe d'autres symboles de l'armée japonaise : la cocarde des forces d'autodéfense, le drapeau des forces aériennes... qui, eux, n'ont rien de commun avec l'étendard symbole des crimes de guerre nippons. 

L'influence de l'armée japonaise, travaillée au corps par le révisionnisme, et singulièrement de ses services de renseignement, sur les militaires et le gouvernement français est discrète mais ancienne. Elle était déjà signalée dans l'ouvrage La guerre de Corée et ses enjeux stratégiques, de 1950 à nos jours, coordonné par Pierre Journoud, pour les activités des services : alors que les services sud-coréens sont très proches de leurs homologues américains, la France s'est appuyée sur les services japonais pour tout ce qui touche à la Corée du Nord, mais aussi à la Corée du Sud, comme l'AAFC l'avait déjà observé dans un article de 2013 faisant une analyse de la très documentée Histoire politique des services secrets français de la Seconde Guerre mondiale à nos jours, publié aux éditions La Découvert en 2012 :

En général, les espions français comptent sur l'aide de leurs collègues nippons pour comprendre ce qui se passe dans leur ancienne colonie, la Corée. D'ailleurs, au même moment [au printemps 2007] un trio du desk Asie de la Direction du renseignement militaire a débarqué à Tôkyô : une locutrice de chinois et un officier parlant coréen menés par le colonel Charles-Philippe Godard, ex-attaché de défense en Corée du Sud six ans plus tôt où - en même temps que le chef de poste de la DGSE - il assurait la liaison avec les Sud-Coréens du National Intelligence Service (NIS), autre source privilégiée sur les "frères ennemis" du Nord.

Roger Faligot, Jean Guisnel, Rémi Kauffer, "Histoire politique des services de renseignement français de la Seconde Guerre mondiale à nos jours", La Découverte, 2012, pp. 611-613.

Au moment où le dégel diplomatique autour de la péninsule coréenne s'opère notamment par les canaux des services de renseignement des différents pays intéressés, il serait utile que la France ne rate pas une nouvelle fois le coche. A cet égard, deux députés français - le communiste Jean-Paul Lecoq et le centriste Michel Fanget (Modem) - ont plaidé dans un rapport parlementaire sur l'arme nucléaire, présenté devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, pour que la France établisse des relations diplomatiques complètes avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) afin de pouvoir peser sur les débats relatifs aux questions de sécurité régionale et de désarmement nucléaire. Les deux parlementaires ont été cités par l'AFP et Europe 1 : 

La "situation singulière" de la France. "La France doit s'efforcer de faciliter le dialogue entre les puissances nucléaires" notamment "sur les problématiques de sécurité sur la péninsule coréenne", a déclaré le communiste Jean-Paul Lecoq en présentant le rapport, cosigné par le centriste Michel Fanget (Modem). "Mais il n'est pas de discussion possible sans relations (avec la Corée du Nord), selon nous. Notre pays est (de ce point de vue) dans une situation singulière en Europe", a-t-il ajouté devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.

Davantage de relations sans approbation du régime ? Outre la France, seuls les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud et l'Estonie ne reconnaissent pas la Corée du Nord, souligne le rapport sur "L'arme nucléaire dans le monde, 50 ans après l'adoption du Traité sur la non-prolifération nucléaire". Pour l'heure, la France n'a qu'un bureau de représentation au sein de l'ambassade allemande à Pyongyang, rappelle-t-il. Pour "jouer un rôle plus important et bénéfique" dans la région, elle doit développer "une expertise plus grande" de la Corée du Nord - y compris des "linguistes en nord-coréen" - et rétablir "un certain niveau de relations", ce qui "ne vaudrait pas (pour autant) approbation du régime nord-coréen", poursuit le rapport.

L'AAFC reviendra sur ce rapport, après sa publication, qui témoigne que les lignes commencent à évoluer en France, malgré les combats d'arrière-garde de certains lobbies influents - celui pro-militarisme japonais n'en étant qu'un parmi d'autres. 

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12 juin 2018 2 12 /06 /juin /2018 19:57

Le sommet de Singapour entre les présidents Donald Trump et Kim Jong-un n'a pas fait que des heureux : les partisans de la pression maximale sur la République populaire démocratique de Corée - voire de l'option militaire - ont cherché à minimiser la portée de la déclaration conjointe entre Washington et Pyongyang, voire à la critiquer sinon comme contre-productive, du moins comme insuffisante. Ces positions ont notamment des partisans dans les cercles gouvernementaux au Japon - mais aussi en France, où la ministre des Affaires européennes Mme Nathalie Loiseau, invitée de LCP, "en est presque venue à  critiquer la décision de Donald Trump de signer un document devant les caméras à l'issue d'une rencontre qui a duré plus de quatre heures" comme l'a observé Le Huffington Post. Sans ignorer que le sommet historique du 12 juin 2018 n'est que le début d'un processus long et incertain vers la paix et la dénucléarisation de la Corée, l'Association d'amitié franco-coréenne a jugé utile de répondre point par point aux arguments des sceptiques, relayés notamment dans des médias français

Nathalie Loiseau, ministre française des Affaires européennes, n'a pas été enthousiasmée par la rencontre, en déclarant sur LCP que "signer un document avec Kim Jong-un c'est quand même pratiquement récompenser quelqu'un qui a été à l'encontre de tous les traités internationaux"

Nathalie Loiseau, ministre française des Affaires européennes, n'a pas été enthousiasmée par la rencontre, en déclarant sur LCP que "signer un document avec Kim Jong-un c'est quand même pratiquement récompenser quelqu'un qui a été à l'encontre de tous les traités internationaux"

"La déclaration conjointe ne comporte aucun engagement nouveau / aucun engagement concret" (variante : "La déclaration conjointe marque un recul par rapport aux précédents engagements de Kim Jong-un")

Ceux qui critiquent la déclaration conjointe insistent notamment sur le fait qu'elle ne mentionne que la dénucléarisation "complète" de la Corée du Nord, et non sa dénucléarisation "complète, vérifiable et irréversible". Mais une dénucléarisation "complète" doit par nature être vérifiable vérifiée par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). De même une dénucléarisation complète est par définition totale et sans retour en arrière, sinon cela s'appellerait une suspension des programmes nucléaires.

Au demeurant, parler d'un processus irréversible, c'est ignorer l'adage "fontaine, je ne boirai pas de ton eau". La diplomatie est affaire de circonstances : pourquoi la RPD de Corée s'engagerait-elle à - tout - céder et définitivement aux Etats-Unis sur la question nucléaire, alors qu'elle n'a reçu à ce stade que d'encore vagues engagements de sécurité et de non-agression de la part de Washington ? Comment renoncerait-elle définitivement à sa force de dissuasion quand les motifs de la dissuasion (le risque d'une attaque) n'ont pas disparu ? N'en déplaise à ceux qui préféreraient qu'un diktat soit imposé à la Corée du Nord, il s'agit d'une processus de négociations, de discussions entre des Etats parties libres ou non de s'engager conformément à leurs intérêts. C'est le principe même de la diplomatie. 

Enfin, en termes de dénucléarisation la Corée du Nord s'est certes engagée auprès des Etats-Unis dans les mêmes termes que vis-à-vis de la Corée du Sud le 27 avril 2018 - mais avec cette différence (de taille) que les Etats-Unis sont le pays dont elle estime qu'il la menace directement, Pyongyang mettant en avant les précédents irakien de 2003 et libyen de 2011.

"Donald Trump a trop cédé à Kim Jong-un"

Dans le détail, Donald Trump n'a au contraire rien cédé sur la levée des sanctions économiques contre la RPD de Corée (qui constitue pour elle une priorité) et a renvoyé à plus tard l'éventuel établissement de relations diplomatiques bilatérales, sans davantage de calendrier sur ces deux points que la Corée du Nord concernant son processus de dénucléarisation. Ces détails - dont nous avons toujours souligné, à l'AAFC, qu'ils sont fondamentaux - sont renvoyés à des discussions ultérieures, qu'annonce précisément la déclaration conjointe en précisant qu'elles seront conduites, côté américain, par le secrétaire d'Etat Mike Pompeo.

Une concession importante a cependant été faite, mais lors de la conférence de presse du Président Donald Trump et non dans la déclaration elle-même : la suspension des manoeuvres militaires américano-sud-coréennes décrites par le chef d'Etat américain comme des "exercices de guerre" et des "provocations". Cette suspension en elle-même n'est toutefois en rien exceptionnelle : un quart de siècle plus tôt il s'agissait déjà d'une mesure mise en place par les Etats-Unis dans le cadre du dialogue avec Pyongyang, afin d'établir un climat de confiance. Pour donner une comparaison, la procédure est comparable à celle, lorsque deux pays sont en guerre, qu'ils évitent de continuer les combats. La proposition de Donald Trump est une mesure de bon sens de nature à favoriser la désescalade des tensions, et qui trouve son pendant dans la suspension des essais nucléaires et de ses tirs balistiques déjà annoncée par Pyongyang et qui constituaient la réponse, précisément, aux manoeuvres militaires des Américains et de leurs alliés - qui étaient jusqu'à aujourd'hui les plus importantes au monde en temps de paix.

Proposer de réduire l'ampleur des exercices militaires, comme le formulent certains, n'est pas un argument sérieux : que penserait-on d'une proposition similaire de Pyongyang de limiter la puissance de ses essais nucléaires, plutôt que de les suspendre ? Une telle proposition serait évidemment rejetée comme un leurre.

"Donald Trump a rehaussé le statut diplomatique d'un dirigeant qui ne respecte pas les droits de l'homme et ne mérite pas de tels égards"

L'argument est particulièrement spécieux car il présume qu'on ne peut pas discuter avec le dirigeant nord-coréen. La diplomatie est pourtant l'art de discuter avec ses partenaires, voire ses ennemis... Pendant la guerre froide, aurait-on dû refuser toute négociation avec l'Union soviétique au motif qu'elle n'était pas une démocratie libérale ? Les défenseurs d'une telle position sont, en fait, implicitement, des partisans de la guerre - ou de sa poursuite sous d'autres formes (embargo, blocus, sanctions). 

"Donald Trump affaiblit l'alliance américano - sud-coréenne"

Cet argument est une reprise en droite ligne de l'argument d'autorité des néo-conservateurs de tous pays, notamment sud-coréens, extrêmement hostiles à une approche conciliante avec le Nord. En outre, d'une part il résume l'alliance bilatérale à ses aspects militaires, et d'autre part il en donne une vision particulièrement étriquée : en quoi défend-on mieux la Corée du Sud en poursuivant des manoeuvres militaires qui ont justifié la poursuite de ses programmes nucléaires et balistiques par la Corée du Nord, potentiellement une menace pour Séoul en cas de conflit ? Enfin, lorsque l'on sait que c'est le Président Moon Jae-in qui a souhaité reporter en début d'année les manoeuvres militaires avec les Etats-Unis après les Jeux olympiques de Pyeongchang auxquels ont participé les Nord-Coréens, il est permis de douter que le refus du dialogue avec Pyongyang corresponde aux intérêts de l'actuelle administration sud-coréenne, qui n'a pourtant à aucun moment émis le désir de s'éloigner de l'alliance avec Washington...

"La signature d'un traité de paix est une chimère renvoyée à un avenir lointain"

Un traité de paix a au contraire une portée très concrète : mettre en place des mécanismes de sécurité collective qui préviennent les affrontements qui ont, à de trop nombreuses reprises, endeuillé la péninsule coréenne depuis la signature de l'accord d'armistice (ayant mis fin aux combats de la guerre de Corée) le 27 juillet 1953.

Comme la guerre de Corée a été menée par trois parties (y compris la Chine), et que la Corée du Sud aurait vocation à rejoindre un tel traité de paix, il est parfaitement logique que la déclaration de Singapour n'ait pas conduit à la signature d'un tel accord. Réaffirmer un tel objectif, dans un document signé en commun par les Présidents Kim Jong-un et Donald Trump, est le maximum de qui pouvait être fait. 

"Donald Trump a fait le jeu de la Chine"

L'intérêt de la Chine est de garantir la stabilité dans la péninsule coréenne et de permettre sa dénucléarisation : ce n'est pas parce que ces objectifs sont poursuivis par la déclaration commune qu'ils correspondent nécessairement à une manipulation chinoise... fort heureusement, les partisans de la paix ne sont pas tous les agents d'influence ou les mercenaires de Pékin. 

Au demeurant, Pyongyang a conduit depuis longtemps une politique indépendante de Pékin, et voir dans son attitude la main de la Chine est particulièrement méconnaître la nature des relations sino-nord-coréennes. 

"La Corée du Nord n'abandonnera jamais ses armes nucléaires, car elle n'a pas respecté ses précédents engagements"

C'est oublier que les Etats-Unis n'ont pas tenu non plus leurs engagements de l'époque : blâmer la seule Corée du Nord est une réécriture de l'histoire non conforme à la réalité des faits, chaque partie n'entendant alors pas abandonner ses intérêts unilatéralement et sans contreparties. Dans ce contexte, le processus était voué à l'échec.

La différence fondamentale est que le processus actuel traduit une implication directe des plus hauts dirigeants des pays concernés, à travers une série de rencontres au sommet sans précédent. Peut-on légitimement croire que tous ces acteurs jouent un double jeu consistant à n'afficher qu'un consensus de façade ? Il y a bien de toute évidence une volonté partagée d'aboutir, en prenant en compte les attentes des différentes parties. 

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23 décembre 2017 6 23 /12 /décembre /2017 23:16

"Nous voulons la paix en Corée !" c'est ce qu'ont exigé les bouddhistes coréens lors d'une manifestation pour la paix qu'ils ont organisée le samedi 23 décembre 2017, à Paris, au Mur de la Paix - à l'occasion d'une journée internationale de mobilisations de par le monde initiées par la Fondation pour la paix (The Peace Foundation). Le Mouvement de la Paix et l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) ont participé à la manifestation parisienne, dont ils soutiennent pleinement les objectifs pour le retour au dialogue dans la péninsule coréenne, la levée des sanctions, le double moratoire (des manoeuvres militaires américano-sud-coréennes et des essais balistiques et nucléaires par la Corée du Nord), afin de déclencher une dynamique qui permette la conclusion d'un traité de paix. 

Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris

Le défi était de taille : rassembler des citoyens originaires de quatre pays (Allemagne, Corée, France, Vietnam) l'avant-veille de Noël, pour exprimer - en quatre langues (allemand, anglais, coréen, français) - l'aspiration universelle à la paix, alors que la montée des tensions autour de la péninsule coréenne pourrait enclencher un conflit aux conséquences catastrophiques. Mais les bouddhistes coréens de Paris ont gagné leur pari, en réussissant leur seconde manifestation pour la paix en France en l'espace de quelques semaines. 

Le lien a été fait avec les manifestations qui ont vu, il y a d'un an, des millions de Coréens manifester, partout dans le monde, afin de renverser le régime autoritaire et corrompu de la Présidente Park Geun-hye, désormais déchue et emprisonnée. 

Les organisateurs, membres de l'église bouddhiste Jungto de Paris, ont appelé toutes celles et tous ceux qui aspirent à la paix à les rejoindre, à la veille de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver à Pyeongchang qui doivent symboliser la volonté de paix et de dialogue : 

La paix ne se fera pas seule. La paix doit être créée de notre propre volonté. La paix doit commencer par soi-même. Tous vos souhaits et vos efforts sincères ouvriront la voie à la réalisation de la paix dans la péninsule coréenne et dans le monde. Rejoignez-nous pour la paix. Avec vos prières, vos actions, vos contributions ou une campagne sur les réseaux sociaux. Quelle que soit la façon que vous ressentez le mieux, rejoignez-nous pour la paix dans la péninsule coréenne.

Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris

Au nom du Mouvement de la Paix, Gérard Halie a rappelé que la péninsule coréenne avait été divisée contre son gré, par le jeu des grandes puissances, après la fin de la Seconde guerre mondiale, et avait été ravagée par la guerre de Corée (1950-1953) qui avait causé des millions de morts. 

Benoît Quennedey, Président de l'Association d'amitié franco-coréenne, a dénoncé l'indifférence des gouvernements occidentaux et de l'opinion publique internationale face au renforcement continu des sanctions initiées par les Etats-Unis qui frappent d'abord, sinon exclusivement, les 26 millions de femmes, d'hommes et d'enfants de la Corée du Nord.

Le rassemblement a été ponctué de chants et de danses, se terminant par un parcours tout autour du Champ de Mars. Le combat pour la paix doit se poursuivre, jusqu'à la victoire !

Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris
Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris
Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris

Photos AAFC. 

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28 novembre 2017 2 28 /11 /novembre /2017 22:25

Si la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) s'est abstenue, depuis le 15 septembre 2017, de toute nouvelle initiative militaire (essai nucléaire, tir de missile) de nature à aggraver les tensions, tel n'est pas en revanche le choix opéré par l'administration américaine du Président Donald Trump : sous son impulsion, les Etats-Unis ont engagé de nouveaux exercices de guerre conjoints avec la République de Corée à compter du 11 novembre dernier, mis en place unilatéralement de nouvelles sanctions contre des organisations et des individus de nationalités chinoise et nord-coréenne et réinscrit la RPD de Corée sur la liste des Etats soutenant le terrorisme. Cette volonté américaine continue de faire peser des menaces de guerre, l'escalade n'étant évitée que par la retenue nord-coréenne - mais jusqu'à quand ? Dans ce contexte lourd de menaces, la Chine et la Russie ont présenté une feuille de route visant à revenir sur la voie de la paix et du dialogue en Asie du Nord-Est. Mais ces deux puissances seront-elles entendues ? Certains responsables politiques y font obstacle, comme le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

Donald Trump à la base militaire de Camp Humphreys, en Corée du Sud, le 7 novembre 2017

Donald Trump à la base militaire de Camp Humphreys, en Corée du Sud, le 7 novembre 2017

Ce n'est malheureusement pas parce que la question coréenne n'est plus à la une de l'actualité que les tensions diminuent : le fait est que seules les initiatives nord-coréennes sont mises en exergue par les médias occidentaux, celles des Etats-Unis et de leurs alliés étant systématiquement sous-évaluées quant aux dangers qu'elles font courir sur la paix dans la région Asie-Pacifique.

La menace est d'abord d'ordre militaire : comme l'a souligné un article publié par BFM TV le 11 novembre 2017, les manoeuvres militaires qui ont été engagées du 11 au 14 novembre 2017 ont été exceptionnelles par l'ampleur des moyens déployés, en ayant mobilisé trois porte-avions de l'armée américaine : 

L'exercice conjoint dans le Pacifique occidental, qui doit se poursuivre durant quatre jours, mobilise les porte-avions USS Ronald Reagan, USS Nimitz et USS Theodore Roosevelt, ainsi que sept navires sud-coréens, dont trois destroyers, a précisé le ministère sud-coréen de la Défense. C'est la première fois depuis dix ans que des manœuvres de ce type mobilisent trois porte-avions.

L'administration américaine resserre par ailleurs son étau économique sur la Corée du Nord : le 21 novembre 2017, le département du Trésor américain a annoncé sanctionner une nouvelle personnalité chinoise, 13 entités chinoises et nord-coréennes supplémentaires ainsi que 20 nouveaux navires appartenant à des compagnies nord-coréennes, qui seront donc désormais coupés du système financier américain. Si, selon l'agence sud-coréenne Yonhap, ces mesures sont justifiées par des "soupçons" de financement des programmes militaires de la RPDC, aucune preuve n'est apportée quant à la réalité de ces accusations, les autorités américaines multipliant les arguments d'autorité sur de prétendus contournements des sanctions. Au contraire figurent dans cette liste des entités administratives nord-coréennes ayant des activités commerciales très générales, dont le nom même ("bureau de l'administration maritime", "ministère des Transports terrestres et maritimes") ne corrobore pas véritablement l'hypothèse d'une quelconque implication dans des activités militaires. Celle-ci est d'autant plus douteuse qu'il existe une séparation stricte entre l'administration civile et l'administration militaire en RPDC.

Montrant son peu de connaissance des réalités économiques nord-coréennes, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson a par ailleurs déclaré, à la suite de Donald Trump, que les sanctions commenceraient à avoir de l'effet comme le prouveraient "de longues queues d'attente dans les stations-service" - dans un pays où pourtant la grande majorité des habitants n'ont pas de voiture individuelle ou de véhicule professionnel. 

Enfin, la réinscription par Washington, toujours fin novembre, de la Corée du Nord dans la liste des Etats soutenant le terrorisme, sans faits nouveaux de nature à justifier cette décision, relève autant de l'unilatéralisme discrétionnaire américain (destiné à provoquer une réaction de Pyongyang, laquelle justifierait ainsi de nouvelles sanctions ?) que d'un plan d'asphyxie économique de la RPDC poursuivi de manière constante par les Etats-Unis, afin de provoquer l'effondrement de son système économique et social.


Conscientes des risques de conflit que comporte une telle escalade des tensions, la Chine et la Russie plaident, de manière constante, pour un double gel : de ses essais nucléaires et balistiques par la Corée du Nord, de la poursuite de leurs manoeuvres militaires et de l'alourdissement continu des sanctions par les Etats-Unis et leurs alliés. Lors d'une session du club de discussions Valdaï, qui réunit hommes politiques, experts et universitaires ainsi qu'hommes d'affaires, qui s'est tenue à Séoul le 27 novembre 2017, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Igor Morgoulov a présenté les trois étapes de la feuille de route russo-chinoise :

- tout d'abord, le "double gel", avec une révision à la baisse des exigences attendues de la part de Washington (non plus la suspension des exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud, mais la diminution de leur intensité et de leur ampleur), afin de faire baisser les tensions diplomatiques et militaires ;

- puis l'engagement de négociations bilatérales directes entre Pyongyang et Washington d'une part, Séoul et Pyongyang d'autre part ;

- enfin, des négociations multilatérales portant sur la mise en place d'un dispositif collectif de maintien de la paix et de la sécurité en Asie du Nord-Est, impliquant notamment la dénucléarisation de la Corée du Nord.

Si le gouvernement allemand - dans un pays où le sentiment pacifiste est très puissant - a soutenu la proposition du "double gel", celle-ci continue de se heurter à l'hostilité de plusieurs puissances internationales de premier plan. Au premier rang de celles-ci figure, le Japon, dont le Premier ministre a profité des tensions militaires actuelles pour provoquer et remporter largement des élections législatives anticipées en se déclarant "100 % d'accord" avec Donald Trump - suivant une position réaffirmée par le ministre des Affaires étrangères Taro Kono lors d'une rencontre à Moscou avec son homologue russe Sergueï Lavrov, le 24 novembre 2017.


Mais la France serait peut-être aussi sur la ligne dure, de manière plus surprenante au regard des déclarations du Président Emmanuel Macron quant au nécessaire retour à une tradition diplomatique "gaullo-mitterrandienne". Il est vrai cependant que le porte-parole de ces étranges déclarations de sympathie pour les "faucons" américains était le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, lors d'une rencontre à Pékin avec le Premier ministre chinois Li Keqiang. Or M. Le Drian est effet un des "transfuges" les plus visibles de la présidence de François Hollande, sous le mandat duquel il avait exercé les fonctions de ministre de la Défense et été en pointe dans l'engagement de la France sur de multiples terrains de guerre à l'étranger, comme la Syrie. En prenant le contrepied de la ligne diplomatique du Président Emmanuel Macron, sans doute M. Le Drian jouait-il l'une de ses innombrables partitions personnelles qui lui ont valu de devoir changer de département ministériel au printemps 2017 et d'être encadré par une administration plus respectueuse des lignes politiques fixées par le nouveau chef de l'Etat.

Pour sa part, l'Association d'amitié franco-coréenne reste comme toujours solidaire de toute initiative tendant à favoriser la paix et le dialogue en Asie du Nord-Est, quels qu'en soient les initiateurs. 

Sources : 

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15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 23:48

 Le 3 octobre 2017, Mme Perrine Goulet, députée (LREM) de la majorité, interrogeait le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères en faisant notamment part de son souhait d'un renforcement des relations bilatérales entre la France et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Pour la députée, ce renforcement des relations serait de nature à apaiser les tensions en Corée tout en accroissant « la légitimité et le poids de la France dans les négociations [sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne] », négociations dont la France et l'Union européenne sont, pour le moment, totalement absentes. Mais quand Mme Goulet rappelle dans sa question que la plupart des pays européens ont des relations diplomatiques avec la RPDC, le ministère préfère, lui, souligner dans sa réponse que la France partage avec l'Estonie la caractéristique de pas en avoir ni en vouloir, « les conditions [n'étant] toujours pas réunies ». Quelles sont ces conditions? La réponse du ministère ne le dit pas, à la différence de celles apportées au cours des dernières années, notamment aux questions posées par le député Jean-Jacques Candelier. Etaient alors évoqués des motifs aussi divers que les relations intercoréennes, la question nucléaire et les droits de l'homme. Aujourd'hui, le gouvernement français entend suivre une « politique de fermeté » ayant  « pour objectif la dénucléarisation de la péninsule coréenne en vue d'empêcher l'escalade et de ramener Pyongyang à la table des négociations » application des sanctions existantes et soutien à de nouvelles sanctions. Une politique de fermeté qui, comme tout le monde a pu le constater, a démontré son efficacité et continue d'ignorer délibérément un autre grand facteur d'escalade : les exercices militaires des Etats-Unis dirigés contre la Corée du Nord et accompagnés de menaces d'anéantissement

 

Question de Mme Perrine Goulet, députée de la Nièvre (La République en Marche), n°1669 publiée au Journal officiel le 3 octobre 2017 

Mme Perrine Goulet attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la nécessité d'un renforcement des relations diplomatiques bilatérales avec la République populaire démocratique de Corée. La plupart des pays européens ont renoué des liens diplomatiques avec la Corée du Nord. Certains (Allemagne, Royaume-Uni, Pologne et Bulgarie) y ont même implanté des représentations diplomatiques. Les échanges commerciaux entre la France et la Corée du Nord ont représenté, en 2016, plus de 8,2 millions d'euros. De plus, la France mène deux projets de coopération en Corée du Nord, le premier visant à promouvoir la langue française et le second, d'ordre archéologique, à la recherche et à l'expertise de biens culturels. Le contexte géopolitique actuel, sur fond de tensions très fortes entre la Corée du Nord et les États-Unis en matière de nucléaire militaire, appelle une réponse décisive de la communauté internationale. La France peut prétendre être l'un des acteurs majeurs de ce dialogue pour la paix, en se posant notamment en arbitre de ces tensions. Une politique d'apaisement sur fond de coopération diplomatique et économique avec la Corée du Nord pourrait ainsi accroître la légitimité et le poids de la France dans les négociations. C'est pourquoi elle lui demande les mesures qu'il compte mettre en œuvre afin d'encourager un rapprochement diplomatique entre la France et la République populaire démocratique de Corée.

 

Réponse du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères publiée au Journal officiel le 14 novembre 2017

La Corée du Nord poursuit le développement de ses programmes nucléaire et balistique en violation répétée des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité, la France travaille avec ses partenaires à une mise en œuvre rigoureuse des sanctions actuelles, et soutient l'adoption de nouvelles sanctions, notamment au niveau de l'Union européenne. Cette politique de fermeté a pour objectif la dénucléarisation de la péninsule coréenne en vue d'empêcher l'escalade et de ramener Pyongyang à la table des négociations. Dans ce contexte, la France, qui est, avec l'Estonie, le seul Etat de l'Union européenne qui n'entretient pas de relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée, considère que les conditions ne sont toujours pas réunies pour les établir. Un Bureau de coopération a été ouvert à Pyongyang le 10 octobre 2011. Ses missions sont essentiellement d'ordre humanitaire et culturel. Les échanges commerciaux entre la France et la Corée du Nord sont limités (8,2 M€ en 2016), notamment du fait du régime de sanctions imposé par le Conseil de sécurité des Nations unies. La France est pleinement mobilisée pour répondre à la crise nord-coréenne.

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13 octobre 2017 5 13 /10 /octobre /2017 21:24

C'est la République de Corée (Corée du Sud) qu'a choisie comme destination l'ancien Président de la République française François Hollande pour son premier déplacement à l'étranger depuis son départ de l'Elysée. Il s'y rendra du 15 au 17 octobre 2017, à l'invitation du World Knowledge Forum, un groupe d'influence coréen qui rappelle la Commission trilatérale et le groupe Bilderbeg par ses objectifs (réfléchir sur les enjeux contemporains), son financement (privé) et sa composition (rassembler des dirigeants ou ex-dirigeants économiques et politiques). 

François Hollande en Corée du Sud à l'invitation du "World Knowledge Forum"

La comparaison est sans doute fortuite, mais elle n'a pas échappé à l'ancien chef de l'Etat : en 2014, c'était son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, qui était invité au World Knowledge Forum pour réaffirmer sa stature internationale et rappeler qu'il était un acteur politique avec lequel il faudrait continuer de compter, en France et dans le monde - avec cette différence que les services de François Hollande ont tenu à préciser que, si sa conférence au World Knowledge Forum d'une demi heure sur les enjeux géopolitiques serait bien rémunérée (comme l'ancien président Nicolas Sarkozy), "la rémunération fait partie des conditions" de participation et que celle-ci serait motivée parce qu' "elle lui permet de parler de sujets internationaux". Parmi les autres intervenants figurent Hillary Clinton, Ban Ki-moon (avec qui François Hollande déjeunera le 16 octobre), l'ancien maire de New York Rudy Giuliani, ou encore Reince Priebus, ancien secrétaire général de la Maison Blanche.

Alors que François Hollande avait soutenu sans réserves les administrations américaine et sud-coréenne sur la question coréenne, se rendant en Corée du Sud et recevant à plusieurs reprises la Présidente sud-coréenne Park Geun-hye (ensuite destituée et aujourd'hui en prison), il devrait à nouveau exprimer sa solidarité sans failles avec Washington, comme semble l'indiquer son agenda. Il 
a ainsi prévu de déjeuner avec le général Vincent K. Brooks, qui dirige les troupes américaines en Corée du Sud, sur la base militaire de Yongsan. Dans un contexte de tensions internationales autour de la Corée, il est par ailleurs programmé une visite dans la zone démilitarisée (DMZ) entre les deux Corée. Il devrait, enfin, rencontrer le Premier ministre sud-coréen Lee Nak-yeon. 

En dehors des rencontres stratégiques et politiques, François Hollande se rendra également au Musée du Meuble de Séoul.

Alors que François Hollande pourrait briguer un poste au sein des institutions européennes ou des organisations internationales, cette visite à Séoul, qui s'inscrit manifestement davantage dans un agenda personnel que pour s'affirmer comme un potentiel médiateur international, précédera un déplacement 
à Lisbonne, au Portugal, en novembre 2017, pour le Web Summit

Mise à jour 15 octobre 2017 : dans la première version de cet article, publiée le 13 octobre 2017, nous avions affirmé que la conférence de François Hollande ne serait pas rémunérée, en nous référant aux déclarations de l'ancien chef de l'Etat selon lesquelles il ne ne retirerait pas de bénéfices de ses anciennes fonctions après son départ de l'Elysée. En fait, cette conférence sera bien rémunérée et l'article a été modifié et mis à jour sur ce point le 15 octobre 2017. Nous avons par ailleurs rajouté un lien vers une source (L'Express). Nous présentons nos excuses à nos lecteurs pour avoir diffusé, pendant 36 heures, une information qui était erronée.


Sources : 

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