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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 10:39

Alors que les révélations suite au dramatique naufrage du ferry Sewol ont mis en évidence les liens entre certains milieux culturels français et l'évangéliste Yoo Byeong-eon, connu sous son nom de photographe Ahae, il existe d'authentiques artistes coréens contemporains, qui auraient mérité mille fois davantage d'être mis en lumière par les institutions publiques françaises. Portraits croisés d'un artiste reconnu, Lee Ufan, actuellement à l'honneur au château de Versailles, et d'un affairiste habile, Ahae, tombé en disgrâce, mais dont les soutiens intéressés n'ont pas quitté le devant le scène artistique parisienne.

Né en République de Corée (du Sud) en 1936, Lee Ufan a été en 1969 l'un des fondateurs, avec Nobuo Sekine, du mouvement artistique Mono-Ha - souvent traduit par "école des choses". L'accent porté sur la pureté des choses existantes à partir du matériau brut, dans une présence physique et sensible, n'est pas sans évoquer le minimalisme - contemporain de Mono-Ha. Mono-Ha a été représenté à la Biennale de Paris en 1971, et a été actif jusqu'au milieu des années 1970.

Peintre, Lee Ufan a ensuite mis en lumière la puissance évocatrice des monochromes. En tant que créateur d'installations, il choisit d'abord de s'imprégner du lieu pour - à la manière des architectes - créer un champ de perceptions nouvelles, par un travail approfondi sur le point et la ligne. Comme il l'a déclaré dans un entretien au quotidien Le Monde, "mon propos n'est pas d'installer des objets fabriqués par moi, mais d'inviter à regarder le lieu, le ciel, la nature". Dans les installations de Lee Ufan qui sont aujourd'hui à voir à Versailles (neuf dans le parc, une dans le château), du 17 juin au 2 novembre 2014, la tombe de Le Nôtre, à l'origine de l'aménagement du lieu et de la création du jardin à partir de 1662, ne se découvre qu'à proximité immédiate - en une grosse pierre noire, symbolisant et concentrant le temps. Mais l'oeuvre la plus spectaculaire et la plus emblématique est l'Arche qui, selon l'angle où se situe le spectateur, se fond ou non dans le ciel et absorbe la lumière. Car Lee Ufan n'est pas seulement artiste ou écrivain, comme philosophe, il donne à voir et à comprendre le monde.

Lee Ufan et l'arche installée dans le château de Versailles

Lee Ufan et l'arche installée dans le château de Versailles

Travailler sur la sensation et la perception, c'est aussi ce qu'a voulu faire Yoo Byeong-eon, dans une approche subliminale de Dieu (le pasteur Yoo vend beaucoup de livres) qui n'avait rien de très original, tant sur la forme que sur le principe. Au demeurant, les photos de Ahae ne sont pas le résultat d'une réflexion artistique : il s'agit plutôt des aimables clichés léchés d'un amateur, qui en a profité pour les vendre fort chers et développer des produits dérivés, à sa gloire et à celui de sa petite entreprise. Contre toutes les pratiques établies, Yoo Byeong-eon, malgré son absence de passé artistique, s'était vu catapulter dans des expositions au château de Versailles et au jardin des Tuileries (qui dépend du Louvre), entre autres expositions à New York et à Prague. Lors de la clôture de son exposition le 8 septembre 2013 à l'Orangerie, une fête somptueuse n'a-t-elle pas été l'occasion pour le compositeur Michael Nyman d'interpréter la Symphonie n° 6 "Ahae" ? Car l'homme a un épais carnet de chèques : n'a-t-il pas versé 1,1 million d'euros au Louvre ? Et n'est-il pas un des mécènes de Versailles ?

Après une demande d'asile politique en France, rejetée, Yoo Byeong-eon est traqué par la police sud-coréenne pour son implication dans le naufrage du ferry Sewol et des accusations de détournements de fonds : 50.000 policiers sont aux trousses de l'homme, introuvable, que l'on dit protégé par les membres de l'église qu'il dirige et qui compterait 20.000 adeptes. Sa fille, Yoo Somena, a été interpelée le 27 mai 2014 à Paris.

Au-delà de l'affaire Yoo Byeong-eon, des questions se posent sur le choix des artistes, d'une part, et le financement de la culture en France d'autre part : ne relève-t-il pas de la charte éthique du musée du Louvre de refuser les dons d'origine douteuse ? Si la Philharmonie de Paris a annulé les événements organisés autour de Ahae à l'occasion des années croisées France-Corée (2015-2016), le commissaire de l'année culturelle France-Corée est Henri Loyrette, ancien président du Louvre, qui a couvert de louanges Ahae, rejoint par Catherine Pégard, présidente de l'établissement public du château de Versailles. 

Il est temps de tirer toutes les conséquences de ce naufrage culturel et que les responsables impliqués rendent compte. C'est le sens de l'appel lancé par des Coréens en France dans une lettre ouverte à Mme Aurélie Filipetti, ministre de la culture, reproduite sur le site Louvre pour Tous - qui a été le premier à dénoncer, dans notre pays, l'imposture artistique qu'est Ahae.

Sources :

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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 11:04

Du 3 mai au 31 août 2014, le Musée national de Corée, à Séoul, donne à découvrir plus de soixante-dix tableaux, dessins, sculptures et photographies provenant du Musée d'Orsay dans l'exposition « Au-delà de l’impressionnisme : naissance de l’art moderne » - dans un parcours illustrant des expériences artistiques communément réunies sous l'expression de post-impressionnisme, au tournant des XIXème et XXème siècles.

"Femme à l'ombrelle tournée vers la droite" (Claude Monet, 1886, huile sur toile, 131 x 88 cm ). La peinture du Musée d'Orsay représentant Suzanne Hoschedé (dont il existe aussi une version tournée vers la gauche) s'inscrit dans un ensemble de toiles du maître impressionniste sur le thème de la femme à l'ombrelle.

"Femme à l'ombrelle tournée vers la droite" (Claude Monet, 1886, huile sur toile, 131 x 88 cm ). La peinture du Musée d'Orsay représentant Suzanne Hoschedé (dont il existe aussi une version tournée vers la gauche) s'inscrit dans un ensemble de toiles du maître impressionniste sur le thème de la femme à l'ombrelle.

Les correspondances sont anciennes entre l'art coréen moderne et les courants artistiques occidentaux de la même époque. Ainsi, « Crépuscule », peint en 1916 par Kim Kwan-ho, s'inspire de l'oeuvre du symboliste Pierre Puvis de Chavannes - et aujourd'hui encore les étudiants coréens en beaux-arts choisissent souvent la France pour compléter leur formation artistique. C'est donc en quelque sorte un retour aux sources qu'opère le Musée national de Corée en réunissant plus de 70 oeuvres du Musée d'Orsay, dans le cadre de l'exposition temporaire « Au-delà de l’impressionnisme : naissance de l’art moderne », du 3 mai au 31 août 2014.

Caroline Mathieu, conservateur en chef au Musée d'Orsay et commissaire de l'exposition, observe que "la dernière exposition du groupe impressionniste, en 1886, est le symbole même des dissensions qui agitent ses membres, aboutissement d'une lente désagrégation de l'idéal commun qui les avait réunis dans les années 1870 : peindre en plein air, sur le motif, en couleurs claires, des sujets de la vie moderne". Ce rejet d'un naturalisme - jugé fondé sur l'imitation - conduit à de nouvelles expressions artistiques, aujourd'hui qualifiées de "post-impressionnistes" - le symbolisme, les Nabis, l'art naïf (mais aussi sublimement onirique) du douanier Rousseau, ou encore les peintures à Pont-Aven de Van Gogh...

Parmi les oeuvres exposées au Musée national de Corée figurent la « Femme à l’ombrelle tournée vers la droite » de Claude Monet, le « Portrait d'Eugène Boch » de Vincent Van Gogh, « La Montagne Sainte-Victoire » de Paul Cézanne, « La Charmeuse de serpents » d’Henri Rousseau.

Informations pratiques :

« Au-delà de l’impressionnisme : naissance de l’art moderne », du 3 mai au 31 août 2014.
 Musée national de Corée
137, Seobinggo-ro, Yongsan-gu, Séoul.
Tél : +82 2-2077-9000.

Horaires d'ouverture : les mardi, jeudi et vendredi 9h - 18h ; mercredi et samedi 9h - 21h ; dimanche 9h-19h. Fermé le lundi.

"La charmeuse de serpents" (Henri Rousseau, 1907, huile sur toile, 169 x 189,5 cm)

"La charmeuse de serpents" (Henri Rousseau, 1907, huile sur toile, 169 x 189,5 cm)

Sources :

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25 avril 2014 5 25 /04 /avril /2014 23:01

Le 25 février 2014, le député Jean-Jacques Candelier (Gauche démocrate et républicaine, Nord) avait interrogé le ministère français des Affaires étrangères sur son appréciation de la main tendue au Sud par les autorités de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), en ce début d'année, pour améliorer les relations intercoréennes - notamment dans les voeux de nouvel an du Maréchal Kim Jong-un et la déclaration de la Commission de la défense nationale de la RPDC en date du 17 janvier 2014. Dans sa réponse publiée le 22 avril 2014, la France rappelle sa position habituelle en faveur du dialogue intercoréen et qu'elle "condamne" le programme nucléaire et balistique nord-coréen, en exhortant la RPD de Corée à "mettre en oeuvre pleinement et sans délai" les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. Au regard des termes, polis mais fermes, ainsi utilisés, la réponse du Gouvernement français, en se contentant de "prendre note" de la déclaration de la CDN de la RPDC du 17 janvier 2014, apparaît pour le moins prudente. En outre, prendre seulement note des rencontres de familles séparées survenues en février dernier - sans se féliciter de cette avancée, ou simplement l'apprécier à sa juste valeur - semble malheureusement suggérer que, dans l'échelle des priorités gouvernementales françaises en Corée, le dialogue intercoréen et la réunification de la péninsule ne sont qu'une priorité de second rang par rapport aux questions stratégiques.  Enfin, la réponse apportée indique que la France ne participe pas aux exercices militaires conjoints américano - sud-coréens en cours, sans toutefois préciser la présence ou non, cette année, d'observateurs français.

Jean-Jacques Candelier

Jean-Jacques Candelier

Texte de la question du député Jean-Jacques Candelier (N°50757) publiée au JO le 25 février 2014

M. Jean-Jacques Candelier attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur des propositions émises par la République populaire démocratique de Corée. Dans les voeux de nouvel an de son dirigeant, puis dans une déclaration de sa plus haute instance, la République populaire démocratique de Corée a exprimé sa volonté d'améliorer les relations intercoréennes. C'est une opportunité à saisir. La plus haute instance nord-coréenne, la commission de la défense nationale, a proposé en janvier à la Corée du sud l'arrêt de tous les actes de provocation et de diffamation contre la partie adverse, la prise de mesures pratiques pour stopper tous les actes militaires hostiles et la mise en oeuvre de mesures réciproques de désarmement nucléaire permettant d'aboutir à la dénucléarisation de toute la péninsule. Il faut saisir cette main tendue. Il lui demande si la France entend appuyer cette proposition par des initiatives, notamment au conseil de sécurité des Nations-unies, pour favoriser la paix et le désarmement dans l'ensemble de la péninsule coréenne. Il lui demande par ailleurs si notre pays entend participer aux exercices militaires annuels conjoints américano-sud-coréens prévus à partir de fin février 2014 qui, au printemps 2013, avaient provoqué de vives tensions.

 

Réponse du ministère des Affaires étrangères et européennes parue au JO le 22 avril 2014

La France encourage le dialogue intercoréen, qui doit permettre de faire baisser les tensions dans la péninsule coréenne. Elle soutient les efforts en vue d'un règlement pacifique, diplomatique et politique de la situation. La France a noté la déclaration de la Commission nationale de la défense de la République populaire démocratique de Corée du 17 janvier 2014, ainsi que la tenue du dialogue intercoréen en février et l'organisation des rencontres de familles séparées (du 20 au 25 février 2014). La RPDC doit mettre en oeuvre pleinement et sans délai les résolutions 1695, 1718, 1874, 2087 et 2091 du Conseil de sécurité des Nations unies selon lesquelles elle doit s'abstenir de toute activité liée à ses programmes nucléaire et balistique. La France condamne fermement la poursuite par la Corée du Nord de ces programmes et attend des engagements de la RPDC en ce sens. La France ne participe pas aux exercices militaires conjoints américano-sud-coréens actuellement en cours dans la région. 

 

Source :

 

Texte de la question du député Jean-Jacques Candelier (N°50757) publiée au JO le 25 février 2014

M. Jean-Jacques Candelier attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur des propositions émises par la République populaire démocratique de Corée. Dans les voeux de nouvel an de son dirigeant, puis dans une déclaration de sa plus haute instance, la République populaire démocratique de Corée a exprimé sa volonté d'améliorer les relations intercoréennes. C'est une opportunité à saisir. La plus haute instance nord-coréenne, la commission de la défense nationale, a proposé en janvier à la Corée du sud l'arrêt de tous les actes de provocation et de diffamation contre la partie adverse, la prise de mesures pratiques pour stopper tous les actes militaires hostiles et la mise en oeuvre de mesures réciproques de désarmement nucléaire permettant d'aboutir à la dénucléarisation de toute la péninsule. Il faut saisir cette main tendue. Il lui demande si la France entend appuyer cette proposition par des initiatives, notamment au conseil de sécurité des Nations-unies, pour favoriser la paix et le désarmement dans l'ensemble de la péninsule coréenne. Il lui demande par ailleurs si notre pays entend participer aux exercices militaires annuels conjoints américano-sud-coréens prévus à partir de fin février 2014 qui, au printemps 2013, avaient provoqué de vives tensions.

Réponse du ministère des Affaires étrangères et européennes parue au JO le 22 avril 2014

La France encourage le dialogue intercoréen, qui doit permettre de faire baisser les tensions dans la péninsule coréenne. Elle soutient les efforts en vue d'un règlement pacifique, diplomatique et politique de la situation. La France a noté la déclaration de la Commission nationale de la défense de la République populaire démocratique de Corée du 17 janvier 2014, ainsi que la tenue du dialogue intercoréen en février et l'organisation des rencontres de familles séparées (du 20 au 25 février 2014). La RPDC doit mettre en oeuvre pleinement et sans délai les résolutions 1695, 1718, 1874, 2087 et 2091 du Conseil de sécurité des Nations unies selon lesquelles elle doit s'abstenir de toute activité liée à ses programmes nucléaire et balistique. La France condamne fermement la poursuite par la Corée du Nord de ces programmes et attend des engagements de la RPDC en ce sens. La France ne participe pas aux exercices militaires conjoints américano-sud-coréens actuellement en cours dans la région. 

 

Source : Assemblée nationale

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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 23:54

Key Resolve 2013Malgré l'appel lancé le 16 janvier 2014 par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) à sa voisine du Sud, les exercices militaires conjoints américano-sud-coréens ont débuté le 24 février, au risque de provoquer un nouveau cycle de tensions en Corée. Le lendemain du début de ces exercices, un parlementaire français, Jean-Jacques Candelier, a posé une question écrite au ministre des Affaires étrangères quant aux initiatives que la France, membre éminent de la communauté internationale, entend prendre pour favoriser la détente dans la péninsule coréenne, faisant ainsi écho à des préoccupations déjà exprimées par l'Association d'amitié franco-coréenne.

Le 24 février 2014, les armées américaine et sud-coréenne ont entamé leurs exercices conjoints annuels Key Resolve et Foal Eagle qui se déroulent, respectivement, jusqu'au 6 mars et jusqu'au 18 avril. Cette année, Key Resolve, exercice de commandement, mobilise 5 200 soldats américains, soit 1 700 de plus qu'en 2013. L'exercice Foal Eagle, mené sur le terrain, implique 7 500 soldats des Etats-Unis. Le nombre de soldats sud-coréens prenant part à ces exercices est annoncé en diminution par rapport à l'an dernier.

En particulier, l'exercice Key Resolve de cette année permettra aux Etats-Unis et à la Corée du Sud d'appliquer le plan d'opération conjoint signé en mars 2013 par les chefs d'état-major des armées des deux pays. Ce plan est censé contenir les moyens de faire face à 30 types d'attaques localisées que la Corée du Nord pourrait lancer.

Présentés comme « défensifs par nature » par les autorités américaines et sud-coréennes, les exercices Key Resolve et Foal Eagle sont considérés par la RPD de Corée comme le prélude à une attaque contre elle. En 2013, ces exercices avaient mobilisé des moyens plus importants que cette année, dont des bombardiers stratégiques furtifs, accroissant les tensions dans la péninsule coréenne.

Pour prévenir la résurgence d'une telle crise, la Commission de la défense nationale de la RPDC a fait plusieurs propositions aux autorités sud-coréennes le 16 janvier. Elle a notamment demandé l'annulation des exercices Key Resolve et Foal Eagle, suggérant même, « si la 'coordination' et la 'coopération' avec les Etats-Unis sont si précieuses [pour la Corée du Sud] », que « ces exercices devraient prendre place dans une zone reculée ou aux Etats-Unis, loin de l'espace terrestre, maritime et aérien de la péninsule coréenne ».

JJCandelierConscient que les propositions émises en début d'année par la RPDC constituent une chance d'apaiser les tensions dans cette partie du monde, le député français Jean-Jacques Candelier, vice-président de la commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale, a posé une question écrite au ministre des Affaires étrangères le 25 février 2014 :

« M. Jean-Jacques Candelier attire l'attention de M. le ministre des Affaires étrangères sur des propositions émises par la République populaire démocratique de Corée. Dans les vœux de nouvel an de son dirigeant, puis dans une déclaration de sa plus haute instance, la République populaire démocratique de Corée a exprimé sa volonté d'améliorer les relations intercoréennes. C'est une opportunité à saisir. La plus haute instance nord-coréenne, la Commission de la défense nationale, a proposé en janvier à la Corée du sud l'arrêt de tous les actes de provocation et de diffamation contre la partie adverse, la prise de mesures pratiques pour stopper tous les actes militaires hostiles et la mise en œuvre de mesures réciproques de désarmement nucléaire permettant d'aboutir à la dénucléarisation de toute la péninsule. Il faut saisir cette main tendue. Il lui demande si la France entend appuyer cette proposition par des initiatives, notamment au Conseil de sécurité des Nations-Unies, pour favoriser la paix et le désarmement dans l'ensemble de la péninsule coréenne. Il lui demande par ailleurs si notre pays entend participer aux exercices militaires annuels conjoints américano-sud-coréens prévus à partir de fin février 2014 qui, au printemps 2013, avaient provoqué de vives tensions. »

La question posée par le député Candelier rejoint plusieurs préoccupations de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), exprimées notamment dans la déclaration adoptée le 14 février par son comité national. L'AAFC sera très attentive à la réponse du ministère des Affaires étrangères, en espérant qu'elle évitera les formules convenues, trop fréquentes lorsqu'il s'agit de la Corée du Nord.

 

Sources : YonhapAssemblée nationale

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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 21:22

Le 27 janvier 1964, un bref communiqué était publié simultanément à Paris et à Pékin : « Le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine ont décidé, d'un commun accord, d'établir des relations diplomatiques. Ils sont convenus à cet effet de désigner des ambassadeurs dans un délai de trois mois. » Pourquoi l'Association d'amitié franco-coréenne choisit-elle d'évoquer cet événement concernant les relations franco-chinoises, fût-il un moment capital de l'histoire des relations internationales de la seconde moitié du vingtième siècle? Parce que la France, premier grand pays occidental à nouer des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine (le Royaume-Uni avait nommé un chargé d'affaires en 1950 mais des ambassadeurs seront échangés seulement en 1972) reste aujourd'hui le seul pays européen, avec l'Estonie, à ne pas avoir établi de telles relations avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). La France a bien ouvert un bureau commercial de la RPDC à Paris en 1968élevé en 1984 au rang de délégation générale abritant aussi l'ambassade de la RPDC auprès de l'UNESCO dont le siège est à Paris, et un bureau français de coopération culturelle et humanitaire a été ouvert à Pyongyang en 2011mais il n'existe pas de relations au niveau d'ambassades entre les deux pays. Cette « anomalie » marque un effacement de la diplomatie française dans cette partie du monde et tourne délibérément le dos à la tradition diplomatique de la France, laquelle est de reconnaître des Etats et non des gouvernements. Ainsi, le général de Gaulle ne dissimulait pas son peu de sympathie pour le système politique en place à Pékin depuis 1949. Mais, malgré l'aggravation des tensions militaires en Asie du Sud-Est, dans un monde divisé en deux blocs, le président Charles de Gaulle plaça l'intérêt national de la France avant tout et, refusant tout alignement, eut le courage d'établir en premier des liens solides avec un pays de grande civilisation appelé à devenir une superpuissance. De même, une Corée réunifiée selon le souhait des Coréens du Nord, du Sud et d'outre-mer sera une puissance de premier plan et les pays qui auront su nouer des relations équilibrées avec les deux parties de la péninsule coréenne y auront une place privilégiée. Malheureusement, la France ne semble pas (encore) disposée à en faire partie et a raté plusieurs occasions « historiques » de normaliser ses relations avec la RPD de Corée, notamment après les déclarations Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, étapes décisives du rapprochement des deux Corée. La déclaration du président Charles de Gaulle, que nous reproduisons ci-après, extraite de sa conférence de presse du 31 janvier 1964, vient rappeler que, il n'y a pas si longtemps, les dirigeants français étaient prêts à prendre des décisions autrement risquées pour que leur pays tienne son rang.

Charles-De-Gaulle-31011964.jpg

« Nous allons parler de la Chine. Beaucoup m'ont posé des questions, multiples en réalité. Je crois que je répondrai à tout le monde, en même temps, en expliquant ce qu'il en est, et les raisons pour lesquelles ce qui est fait est fait.

« La Chine. Un grand peuple, le plus nombreux de la terre, une race où la capacité patiente, laborieuse, industrieuse des individus a, depuis des millénaires, compensé le défaut de cohésion et de méthode et a bâti une très particulière et très profonde civilisation. Un très vaste pays, géographiquement compact et pourtant sans unité. Etendu depuis l'Asie mineure et les marches de l'Europe jusqu'à la rive immense du pacifique, et puis des glaces sibériennes jusqu'aux régions tropicales de l'Inde et du Tonkin. Un Etat, plus ancien que l'histoire, toujours résolu à l'indépendance, qui s'est constamment efforcé à la centralisation, d'instinct replié sur lui-même et dédaigneux des étrangers, mais conscient et orgueilleux d'une immuable pérennité, telle est la Chine de toujours.

« L'entrée en contact de ce pays là avec les nations modernes lui a été très dure et très coûteuse. Les multiples sommations, interventions, expéditions, invasions, européennes, américaines, japonaises lui ont été autant d'humiliations et de démembrements. Alors, tant de secousses nationales, et aussi la volonté des élites de transformer, coûte que coûte, leur pays pour qu'il atteigne à la condition et à la puissance des peuples qui l'avaient opprimée, ont conduit la Chine à la révolution. Sans doute, le maréchal Tchang Kai-chek à la valeur, au patriotisme, à la hauteur d'âme de qui j'ai le devoir de rendre hommage, certain que l'histoire et le peuple chinois en feront un jour autant, le maréchal Tchang Kai-chek, après avoir conduit la Chine à la victoire alliée qui, dans le Pacifique, scella la Deuxième Guerre mondiale, avait essayé de canaliser le torrent. Mais les choses en étaient à ce point qu'elles excluaient tout sauf l'extrême, et dès que les Américains eurent retiré au maréchal le concours direct de leurs forces qu'ils lui donnaient sur le continent, il dut se replier sur Formose, et le régime communiste, longuement préparé par Mao Tse-toung, établit sa dictature, il y a quinze ans de cela.

« Depuis lors, un énorme effort qui s'imposait, de toute façon, au sujet de la mise en valeur des richesses naturelles, du développement industriel, de la production agricole, de l'instruction de la nation, de la lutte contre les fléaux inhérents à ce pays, la faim, les épidémies, l'érosion des sols, le débordement des fleuves, etc., cet immense effort a été entrepris sur l'ensemble du territoire. Comme toujours en système communiste, ce qui put être réalisé a comporté de terribles souffrances humaines, une implacable contrainte des masses, d'immenses pertes et gaspillages de biens, l'écrasement et la décimation d'innombrables valeurs humaines. Cependant au prix de tant de sacrifices, des résultats ont été atteints qui sont dus pour une partie à l'action de l'appareil totalitaire, et aussi à l'ardeur d'un peuple fier qui veut s'élever, en tous les cas, et qui est capable de déployer des trésors de courage et d'ingéniosité quelles que soient les circonstances. Il est vrai que la Russie soviétique a d'abord prêté à la Chine un assez large concours : ouverture de crédit pour l'achat d'outillages et d'approvisionnement, équipements miniers et industriels, installations d'usines entières, formation directe d'étudiants et de spécialistes, envoi sur place d'ingénieurs, de techniciens, d'ouvriers qualifiés, etc. C'était le temps où le Kremlin, utilisant, là comme ailleurs, la prépondérance rigoureuse qu'il s'est donné à l'intérieur de l'église communiste pour soutenir la suprématie de la Russie vis-à-vis de tous les peuples qu'un régime semblable au sien lui a subordonnés, comptait garder la Chine sous sa coupe et, par là, dominer l'Asie. Mais les illusions se sont dissipées. Sans doute demeure entre Moscou et Pékin une certaine solidarité doctrinale qui peut se manifester dans la concurrence des idéologies mondiales, mais, sous ce manteau de plus en plus déchiré, apparaît la différence des politiques nationales.

« Le moins qu'on puisse dire à ce sujet, c'est qu'en Asie, où la frontière qui sépare les deux Etats, depuis l'Indoukouch jusqu'à Vladivostok, est la plus longue qui soit au monde, l'intérêt de la Russie, qu'il conserve et qu'il maintient, et celui de la Chine, qui a besoin de croître et de prendre, ne sauraient être confondus. Et c'est pourquoi l'attitude et l'action d'un pays de 700 millions d'habitants ne sont réglées que par son propre gouvernement.

« Du fait que, depuis quinze ans, la Chine presque tout entière se trouve rassemblée sous un gouvernement qui lui applique sa loi, et qu'elle se manifeste au dehors comme une puissance indépendante et souveraine, la France était disposée, en principe et depuis des années, à nouer des relations régulières avec Pékin. D'ailleurs, certains échanges économiques et culturels étaient déjà pratiqués et nous avons été amenés, avec l'Amérique, l'Angleterre, l'Union soviétique, l'Inde et d'autres Etats, en 1954, à la conférence de Genève, quand on a réglé le sort de l'Indochine, à négocier avec les représentants chinois. Et il en fut de même en 1962, sous la même forme et dans la même ville, quand la situation du Laos a été quelque peu définie. Mais le poids de l'évidence et de la raison, pesant chaque jour davantage, la République française a décidé de placer ses rapports avec la République populaire de Chine sur un plan normal, autrement dit diplomatique. Nous avons rencontré à Pékin une intention identique, et on sait qu'à ce sujet le président Edgar Faure, chargé et prié d'effectuer sur place des sondages officieux, a rapporté des indications positives. C'est alors que les deux gouvernements se sont accordés pour accomplir le nécessaire.

« J'ai parlé du poids de l'évidence et de la raison. Et en effet, en Asie, il n'y a aucune réalité politique concernant le Cambodge, le Laos, le Vietnam, ou bien l'Inde, le Pakistan, l'Afghanistan, la Birmanie, la Corée, ou bien la Russie soviétique, ou bien le Japon, etc., qui n'intéresse et ne touche la Chine. Sur ce continent, il n'y pas une paix et il n'y a pas une guerre imaginable sans qu'elle y soit impliquée. Et il est inconcevable de supposer qu'on puisse jamais conclure un traité de neutralité concernant les Etats du sud-est asiatique auxquels nous, Français, portons une attention toute spéciale et cordiale, sans que la Chine en soit partie. Neutralité qui devrait comporter de la part de ces Etats, naturellement, leur acceptation, qui devrait être garantie sur le plan international, qui devrait exclure à la fois toute action armée soutenue par tels de ces Etats vis-à-vis ou chez tel ou tel autre, et excluant aussi les multiformes interventions extérieures. Neutralité qui paraît bien, dans la période où nous sommes, être la seule situation qui soit compatible avec la vie paisible et le progrès des populations. Mais aussi, la masse propre à la Chine, sa valeur et ses besoins présents, et la dimension de son avenir pour qu'elle se manifeste de plus en plus aux intérêts et aux soucis de l'univers tout entier. En vérité, il est clair que la France doit pouvoir entendre directement la Chine et aussi s'en faire écouter.

« Et puis, pourquoi ne pas évoquer, qui sait, ce qu'il pourra y avoir de fécond dans les rapports entre les deux peuples, à la faveur des relations entre les deux Etats. Ce qui est fait déjà au point de vue économique à l'égard de la Chine, qui est fait par nous, et ce qui peut d'ailleurs être amélioré sera sans doute longtemps limité. Et il en est de même des investissements que nous apportons déjà au développement industriel chinois. Mais le cas de la technique est sans doute très différent. De la technique dont les sources en France sont de plus en plus valables et à laquelle la Chine offre un champ, pour ainsi dire, infini. Et puis, qui sait si les affinités qui existent entre les deux nations pour tout ce qui concerne les choses de l'esprit, et compte tenu aussi du fait que, dans leurs profondeurs, elles se portent l'une à l'autre, depuis toujours, sympathie et considération, ne les conduiront pas à une coopération culturelle croissante. En tout cas, ici, cela est sincèrement souhaité.

« Pékin et Paris sont donc convenus d'échanger les ambassadeurs. Il n'y a évidemment là, de notre part, rien qui implique aucune sorte d'approbation à l'égard du régime qui domine actuellement la Chine. En nouant avec ce pays, avec cet Etat, des relations officielles, comme maintes autres nations libres l'ont fait auparavant, et comme nous l'avons fait avec d'autres pays qui subissent des régimes analogues, la France ne fait que reconnaître le monde tel qu'il est. Mais il se peut aussi que dans l'immense évolution actuelle du monde, en multipliant les contacts directs, de peuple à peuple, on serve la cause des hommes, c'est-à-dire celle de la sagesse, du progrès et de la paix. Il se peut que ces contacts contribuent à l'atténuation, déjà commencée, des contrastes et des oppositions dramatiques entre les camps qui divisent l'univers. Il se peut qu'ainsi les âmes, partout où elles sont sur la Terre, se retrouvent, un peu moins tard, au rendez-vous que la France a donné à l'univers, voici 175 ans, celui de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. »


Source : conférence de presse du président de la République française Charles de Gaulle, Palais de l'Elysée, Paris, 31 janvier 1964, sur le site de l'Institut national de l'audiovisuel (INA)

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 22:26

Park-geun-hye_Jean-Marc-Ayrault_visite_Coree.jpgLa présidente sud-coréenne Park Geun-hye (à gauche, avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à Séoul, en juillet 2013) va visiter la France à l'occasion d'une tournée en Europe où les aspects économiques occuperont une place importante. Si le partenariat traditionnel entre la France et la République de Corée s'est renforcé dans la période récente, le lourd climat politique qui règne au Sud de la péninsule aura aussi des répercussions en France, où les opposants sud-coréens manifesteront les 2 et 3 novembre contre la venue de Mme Park en dénonçant les irrégularités qui ont émaillé la campagne électorale dont elle est sortie victorieuse, en décembre 2012.

Mme Park Geun-hye, présidente de la République de Corée (du Sud), visitera la France, la Grande-Bretagne et la Belgique du 2 au 9 novembre 2012. Comme lors de ses précédents déplacements à l'étranger, elle sera accompagnée d'une conséquente délégation d'hommes d'affaires, témoignant ainsi de l'importance attachée à la diplomatie économique... et traduisant accessoirement la place relative des différents Etats européens en termes d'échanges internationaux. En France, où commencera son périple européen, la chef d'Etat sud-coréenne sera accompagnée de 45 chefs d'entreprises ou responsables d'organisations économiques : c'est moins que pour la Grande-Bretagne (65) mais plus que pour la Belgique (22). De fait, la conclusion puis l'entrée en vigueur (en 2011) de l'accord de libre échange entre l'Union européenne et la Corée du Sud est perçue, en Extrême-Orient, comme une opportunité pour renforcer les échanges commerciaux avec le "Vieux continent".

Les relations entre la France et la République de Corée sont traditionnellement fondées sur la participation de quelque 3 400 combattants français (dont 270 sont morts au combat), dans les rangs des Nations Unies et aux côtés des Sud-Coréens, pendant la guerre de Corée (1950-1953). Cette intervention est à resituer dans le contexte de la guerre froide : en Corée, la France avait alors choisi de s'aligner sur les Etats-Unis et de soutenir le très autoritaire et farouchement anticommuniste Syngman Rhee, qui n'avait rien d'un démocrate et sera chassé du pouvoir par une révolution étudiante en 1960. Aujourd'hui encore, honorer les tombes des soldats du contingent des Nations Unies en Corée du Sud constitue le passage obligé de toute visite officielle française en République de Corée. A l'occasion des cérémonies ayant marqué le 60ème anniversaire de la fin de la guerre de Corée, la France était représentée à Séoul par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, soit l'un des plus haut niveaux de représentation parmi les Etats ayant participé à la guerre de Corée. Le Président François Hollande, qui a choisi comme conseiller diplomatique un ancien directeur d'Asie du ministère des Affaires étrangères, spécialiste de la Chine, a témoigné de sa volonté de mieux prendre en compte l'émergence de l'Asie dans la diplomatie française.

Le 19 juin 2012, un entretien à Los Cabos, au Mexique, entre le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et son homologue sud-coréen, Kim Sung-hwan, en marge du 7ème sommet du G20 avait porté sur une série de sujets d'intérêt commun : l'impact de la crise économique européenne sur l'économie mondiale, le renforcement de la lutte contre les effets du changement climatique et la situation dans la péninsule coréenne. En 2011, le Président sud-coréen Lee Myung-bak avait effectué une visite en France le 13 mai, qui avait été suivie d'une visite officielle en République de Corée, les 21 et 22 octobre, du Premier ministre François Fillon.

La Corée du Sud est le quatrième partenaire commercial de la France en Asie et la France est le deuxième partenaire commercial de la Corée du Sud dans l'Union européenne, le volume des échanges ayant atteint 8 milliards d'euros en 2012. Avec un stock d'investissements étrangers de 2,5 milliards de dollars en 2009, la France était le 7ème investisseur étranger en Corée du Sud. Plus de 250 entreprises françaises étaient implantées dans le Sud de la péninsule coréenne en 2010. Par ailleurs, la technologie du TGV français a été utilisée par la Corée du Sud pour son propre réseau ferroviaire à grande vitesse (KTX). Les investissements sud-coréens en France sont comparativement moins élevés, ayant atteint 322 millions d'euros en 2009. La Corée du Sud a dépassé la France pour le nombre de brevets, en atteignant le 4ème rang mondial, dès 2008.

La visite de Mme Park Geun-hye devrait également être l'occasion d'évoquer les commémorations du 130ème anniversaire des relations franco-coréennes, en 2016, dans le cadre des saisons culturelles croisées (2015-2016).

Le lourd climat politique et social qui règne aujourd'hui en Corée du Sud se traduira aussi par des manifestations en France à l'occasion de la visite de Mme Park : arrestations arbitraires d'opposants, poursuites judiciaires à l'encontre des journalistes faisant entendre une voix critique (sous prétexte de diffusion de "fausses informations"), toute puissance des services de renseignement sur la sellette après leur ingérence dans la campagne présidentielle (avec le silence assourdissant de la chef de l'Etat élue), exécution d'un homme ayant tenté de franchir la frontière pour rejoindre le Nord et, récemment, interdiction d'un syndicat d'enseignants dans un climat de répression syndicale... la liste est longue des atteintes aujourd'hui portées à la démocratie sud-coréenne, fruit du combat de milliers de démocrates qui ont donné leur vie pour l'avènement d'une ère de liberté.

Dans ce contexte, un collectif de citoyens sud-coréens qui résident en France appelle à manifester pour la démocratie, le samedi 2 novembre à 16 heures place du Trocadéro puis le dimanche 3 novembre à 16 heures place du Palais Royal. Cette manifestation aux bougies, dans la tradition des manifestations pacifiques en Corée du Sud, interviendra après les récentes déclarations de Moon Jae-in, qui était le principal opposant de Mme Park Geun-hye à l'élection présidentielle de décembre. Le 23 octobre dernier, Moon Jae-in a demandé à Mme Park de reconnaître les fraudes et manoeuvres des services de renseignement et de l'appareil d'Etat dans l'élection présidentielle. Une pétition réclame même l'invalidation de l'élection.

L'Association d'amitié franco-coréenne espère que le gouvernement français, si prompt à invoquer les droits de l'homme en Corée du Nord, entendra également les appels des citoyens sud-coréens qui ne veulent pas d'un retour vers le passé autoritaire en République de Corée.

Sources : blog Paris Copain, pages pays "Corée du Sud" sur le site du MAE français (notamment chronologie des relations bilatérales), Yonhap. Photo Metronews.

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22 mai 2013 3 22 /05 /mai /2013 19:24

Le Foreign Broadcast Information Service (FBIS), devenu en 2005 l'Open Source Center (OSC), est un service de renseignement américain chargé de collecter, traduire, analyser et diffuser au gouvernement des Etats-Unis des informations d'accès public à l'étranger, et, à ce titre, est un des lecteurs les plus assidus du site Internet de l'AAFC. Le FBIS/OSC met en ligne des archives de presse qui apportent, notamment, des éclairages historiques sur les deux Corée. Alors que François Mitterrand s'était engagé, comme candidat à l'élection présidentielle, à l'établissement de relations diplomatiques complètes entre la France et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) s'il était élu, on sait que cette promesse n'a finalement pas été honorée, et ne l'est toujours pas en 2013. Pourtant, dès le printemps 1981, la nouvelle majorité de gauche avait reconsidéré les relations avec la République de Corée (du Sud), alors dirigée d'une poigne de fer par le général Chun Doo-hwan, artisan de la répression sanglante du printemps de Kwangju. Ainsi, en 1981, le groupe interparlementaire d'amitié avec la Corée du Sud de l'Assemblée nationale avait été dégradé au rang de groupe d'étude et de contact, comme pour les pays avec lesquels la France n'entretient pas de relations diplomatiques complètes, en établissant donc une relation d'équivalence dans les relations interparlementaires avec les deux Etats de la Corée, au regard qu'aucun des deux Etats coréens n'était alors membre des Nations Unies. La Corée du Sud n'avait ensuite eu de cesse d'exiger le rétablissement d'un groupe d'amitié à part entière. Dans l'article que nous avons utilisé ci-après, publié le 9 avril 1985 par le quotidien sud-coréen The Korea Herald, et cité par le FBIS, il apparaît que les pressions économiques exercées par la Corée du Sud à l'encontre de la France ont joué un rôle déterminant.

laurent_fabius-d.jpgL'annonce officielle qu'il ne serait pas établi de relations diplomatiques complètes entre la France et la RPD de Corée a été faite par Laurent Fabius, alors Premier ministre, lors de sa visite en Corée du Sud en avril 1985. Comme l'indique le quotidien sud-coréen de langue anglaise The Korea Herald dans son édition du 9 avril 1985, "ces assurances [...] doivent contribuer au renforcement des relations économiques bilatérales". Même si d'autres arguments ont été invoqués (notamment un attentat à Rangoon, en octobre 1983, contre le président et le gouvernement sud-coréens, dans lequel Pyongyang a nié toute responsabilité, ou encore l'observation de Séoul selon laquelle l'équilibre diplomatique serait rompu, puisque si la France reconnaissait la RPDC aucun Etat socialiste ne ferait de même vis-à-vis de la Corée du Sud), il ne fait guère de doutes que ce sont bien les considérations économiques qui ont alors pesé dans la décision française, vivement dénoncée par la RPDC comme un renoncement à exercer ses droits d'Etat souverain.

Selon le journal sud-coréen, "le gouvernement de Séoul ne cachait pas son intention de prendre des mesures de rétorsion économiques si la France mettait en oeuvre son plan de reconnaissance de Pyongyang". En 1984, le commerce extérieur français avec la Corée du Sud s'était élevé à 635 millions de dollars, contre 49 millions de dollars avec la Corée du Nord. Les contrats d'investissement avec la Corée du Sud - y compris pour la fourniture de deux centrales nucléaires - atteignaient 2 milliards de dollars, alors que la France négociait avec la Corée du Nord un contrat de construction hôtelière - qui sera d'ailleurs honoré - pour un montant de 45 millions de dollars. La France envisageait alors également la vente de trois avions Airbus à la Corée du Sud.

Toujours selon la même source, la France aurait ainsi décidé de ne pas reconnaître la RPD de Corée au regard de ses intérêts nationaux. Il avait toutefois été décidé, en décembre 1984, d'élever la délégation commerciale nord-coréenne en France au rang de délégation générale. Près de trente ans plus tard, la fin de la guerre froide et l'entrée des deux Corée aux Nations Unies, la délégation générale de la RPD de Corée en France n'a pas changé de statut. Contrairement à la tradition diplomatique française de reconnaître les Etats et non les régimes, la France est désormais l'un des deux derniers Etats membres de l'Union européenne, avec l'Estonie, à ne pas avoir établi de relations diplomatiques complètes avec la RPD de Corée. Les occasions manquées, en l'espace d'une génération, n'ont pas permis de franchir ce cap, préjudiciable aux intérêts français non seulement dans le Nord de la Corée, mais aussi dans cette partie du monde.

 

Source : Choe Nam-hyon, "French Decision Not To Recognize North Welcomed", The Korean Herald, 9 avril 1985, in Korean Affairs Report, Foreign Broadcast Indormation Service, 29 avril 1985, pp.25-26 

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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 10:58

jacques-cheminadeAu printemps 2012, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) avait adressé une lettre aux dix candidats à l'élection présidentielle afin de connaître leur position sur l'établissement de relations diplomatiques complètes entre la République française et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et sur les initiatives à prendre par la France pour favoriser la conclusion d'un traité de paix en Corée. Seul Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) avait alors répondu.  De son côté, Jacques Cheminade (Solidarité et Progrès) faisait parvenir une réponse d'attente. Le 19 mai 2013, l'AAFC a reçu par courrier électronique la réponse actualisée et détaillée de M. Cheminade, reproduite ci-après.


« Déclaration de Jacques Cheminade, ancien candidat à la présidence de la République

Les principes permettant de parvenir à une paix réelle dans la péninsule coréenne sont les suivants :

  • le respect de la souveraineté nationale et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, sans arrières pensées dominatrices ;

  • la réunification voulue par tous les Coréens et qui doit se réaliser par des voies pacifiques ;

  • le retrait de toutes les forces étrangères et l’abandon de toute forme de provocation militaire ;

  • la mise en place également progressive d’institutions communes, afin de parvenir à un développement économique mutuel et à une économie elle-même progressivement indépendante. La construction de la paix ne pourra se faire que dans cette dynamique de développement mutuel.

Dans ce contexte ainsi défini, les orientations suivantes sont nécessaires :

  • compte tenu que l’accord de Panmunjom du 27 juillet 1953 fut un accord d’armistice signé entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la Chine d’une part, et le Commandant en chef du commandement de l’ONU, d’autre part, la RDPC est en droit, au nom de la Charte des Nations Unies, de demander la protection de l’ONU contre tout recours à la force ou à la menace de la force. Ainsi, en droit international, les manœuvres et les bases américaines, ainsi que leur déploiement de forces aériennes ou navales, constituent des opérations de police qui sont illégales. L’arrêt des manoeuvres militaires américano-sud coréennes est bien entendu un préalable à toute négociation ;

  • le désir exprimé par les autorités nord-coréennes de parvenir à un traité de paix avec les Etats-Unis est par ailleurs légitime et dans l’intérêt des peuples américain et coréen. Il doit consister en une confirmation des garanties en faveur d’une réunification de la République de Corée et de la RPDC, avec pour Etats co-garants participant aux négociations la Chine et éventuellement le Japon. Il ne s’agit pas d’un enfermement dans une logique bilatérale, mais d’une volonté d’extension et de clarification des garanties ;

  • la suite de Panmunjom est la négociation pour la réunification, car il n’y a pas deux peuples coréens. Il appartient au peuple coréen de le dire sans ingérence extérieure d’aucune sorte, comme il appartient à ses deux représentations étatiques actuelles de négocier leur réunification, sans qu’une tierce partie participe à ces négociations ;

  • les deux parties doivent sortir de l’état de belligérance larvée par une culture de la paix fondée sur la civilisation plurimillénaire commune et le respect que tous les Coréens attachent aux valeurs familiales.

Des précédents existent, qui doivent servir de références historiques, notamment :

  • la déclaration commune des délégations de la République de Corée et de la RDPC du 4 juillet 1972, qui détermine les trois principes permettant la réunification : un processus accompli en toute indépendance, sans ingérence étrangère, effectué par la voie pacifique et en vue d'une "grande union nationale" réalisée par delà les différences des deux régimes ;

  • la déclaration commune du 15 juin 2000, signée par les deux chefs d’Etat d’alors, qui exclut une nouvelle fois toute ingérence étrangère, et prend en considération les points communs du projet nordiste de "confédération" et du projet sudiste de "communauté". Les deux chefs d’Etat s’y engagent dans les domaines économique, social, culturel, sportif et environnemental pour promouvoir la collaboration et les échanges en vue "d’approfondir la confiance mutuelle". Ils décident d’échanger des visiteurs et d’engager un dialogue intergouvernemental. L’on dispose ainsi d’un cadre pour mettre en place des institutions communes. Certaines compétences, pouvant progressivement s’élargir, pourront ainsi être mises en commun dans un esprit de coexistence pacifique et de co-développement ;

  • la reconnaissance des Etats-Unis, par la déclaration conjointe du 19 septembre 2005, de la nécessité de l’indépendance énergétique de la RPDC. La déclaration dispose en effet que "toutes les parties respectent le droit de la RDPC à l’usage de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques". La promesse de fournir un réacteur à eau légère, elle, n’a jamais été tenue ;

  • l’accord intercoréen du 4 octobre 2007 constitue en principe un système de paix permanent par l’organisation d’échanges réguliers entre des responsables de haut niveau de la défense des deux Etats.

La France, qui a pour principes de reconnaître le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, de respecter leur souveraineté nationale et de créer entre eux les conditions de la détente, de l’entente et de la coopération, doit changer de politique pour réaffirmer sa fidélité à ces principes :

  • nous devons reconnaître officiellement l’existence de la RPDC, qui est membre de l’ONU et que la grande majorité des pays a reconnue. Nos groupes d’amitié de l’Assemblée nationale et du Sénat doivent mettre leur poids dans la balance ;

  • nous devons jouer un rôle aussi déterminant que possible dans les négociations, en établissant des relations diplomatiques normales et symétriques avec la République de Corée et la RPDC. Le bon exemple est celui des négociations sur la paix au Vietnam : jamais les accords dits de l’avenue Kléber n’auraient pu se préparer et aboutir si le Vietnam du Nord n’avait pas eu de Délégation générale à Paris, comme celui du Sud y disposait d’une Ambassade ;

  • nous devons offrir à la RPDC l’aide alimentaire et l’assistance à la production agricole selon les besoins éventuels qu’elle exprimera et dans la mesure de nos propres moyens ;

  • nous devons en même temps offrir notre coopération au développement du nucléaire civil et du secteur aérospatial à la Corée réunifiée, sans nous opposer comme nous le faisons actuellement au développement technologique de la RPDC dans ces domaines ;

  • c’est dire que nous devons intervenir auprès de nos alliés actuels pour qu’ils adoptent une démarche politique à la fois plus réaliste et plus respectueuse des souverainetés nationales.

Je suis personnellement convaincu qu’un tel changement ne sera possible que si nous sortons de la logique actuelle de mondialisation financière et de guerre de tous contre tous pour parvenir à un développement économique mutuel et à un respect de nos divers apports culturels pour définir un vouloir vivre en commun dans le monde.

La paix et la réunification en Corée doivent être vues comme un signe et un repère fondamental de ce combat pacifique.  »


L'Association d'amitié franco-coréenne remercie Jacques Cheminade pour sa réponse très complète. L'AAFC partage très largement ses positions concernant la nécessité d'un traité de paix en Corée et la voie à suivre pour parvenir à une réunification de la Corée, par les efforts des Coréens eux-mêmes, dans le respect de leur indépendance et de leur souveraineté nationale. Avancer en ce sens suppose également, comme le rappelle le président de Solidarité et Progrès, l'établissement de relations diplomatiques complètes entre la France et la RPD de Corée. En revanche, l'Association d'amitié franco-coréenne ne juge ni possible ni souhaitable que le Japon, ancienne puissance colonisatrice, soit co-garant d'un dispositif de paix et de sécurité en Asie du Nord-Est si ce dispositif doit favoriser une réunification ultérieure de la péninsule coréenne.

L'Association d'amitié franco-coréenne continuera de publier les contributions que voudront bien lui adresser les responsables politiques français.

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18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 14:06

AN.jpgLe 2 mai 2013, le député Jean-Jacques Candelier (Gauche démocrate et républicaine, 16ème circonscription du Nord) a déposé une proposition de résolution en faveur d'un traité de paix en Corée. La précédente proposition de résolution sur le même sujet, déposée le 13 octobre 2010 par le député Candelier, n'avait pas été adoptée au cours de la treizième législature (2007-2012). Comme celle déposée en 2010, cette proposition de résolution fait suite à la pétition lancée en 2008 par l'organisation civique sud-coréenne Solidarité pour la paix et la réunification en Corée, et relayée par l'Association d'amitié franco-coréenne, pour la signature d'un véritable traité de paix en Corée, remplaçant l'accord d'armistice de 1953. L'article unique de cette résolution estime « urgent que la paix dans la péninsule coréenne soit signée entre la République de Corée, la République populaire démocratique de Corée, les États-Unis d’Amérique et la République populaire de Chine, conformément au projet de Traité » annexé. Une résolution n'a pas la force contraignante d'une loi ou un décret et la France n'est pas directement concernée par un traité de paix en Corée, mais, « alors que les tensions ne font que s’accroître dans la péninsule coréenne, l’adoption, par la Représentation nationale, de la présente proposition de résolution serait à même d’adresser un message fort de paix, de confiance et de sérénité aux différentes parties ». Voici l'exposé complet des motifs de la proposition de résolution n°1014 estimant urgent un traité de paix en Corée, enregistrée à la Présidence de l'Assemblée nationale le 2 mai 2013.

 

Mesdames, Messieurs,

Le 27 juillet 1953, après trois années et des millions de morts, les combats de la Guerre de Corée prirent fin avec la conclusion d’un simple accord d’armistice. Soixante ans après le cessez-le-feu, aucun traité de paix n’a été signé et la péninsule coréenne est toujours techniquement en état de guerre.

Après 1953, les États-Unis ont apporté leur soutien aux gouvernements militaires en place à Séoul, faisant obstacle au développement de la démocratie et à la souveraineté de la Corée du Sud. Aujourd’hui, l’armée américaine maintient toujours des dizaines de milliers de soldats dans la péninsule coréenne et conservera, au moins jusqu’en 2015, le contrôle opérationnel des forces armées sud-coréennes en cas de conflit avec le Nord, entraînant ainsi les Sud-Coréens dans une nouvelle guerre fratricide.

La Guerre froide est terminée, mais il faut redouter qu’un conflit éclate à cause de la pression qu’entendent maintenir les États-Unis sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC, ou « Corée du Nord »). Aujourd’hui, le risque de guerre est important, aucune des parties n’entendant céder de terrain dans l’escalade des tensions.

Le 19 septembre 2005, au cours des pourparlers sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, les deux Corée, les États-Unis, la Chine, la Russie et le Japon avaient publié une déclaration affirmant la nécessité de conclure un traité de paix et d’établir un mécanisme de paix dans la péninsule. Ces pourparlers à six sont aujourd’hui au point mort.

Au début de l’année 2013, les tensions ont atteint leur paroxysme en Corée. Après le lancement d’une fusée et la mise sur orbite d’un satellite par la Corée du Nord, le 12 décembre 2012, les nouvelles sanctions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations Unies à l’encontre de la RPDC ont été dénoncées par cette dernière comme un exemple du « deux poids et deux mesures » pratiqué par le Conseil de sécurité. De fait, aucun programme spatial n’a jamais donné lieu à des sanctions internationales. La Corée du Nord a réagi en procédant, le 12 février 2013, à son troisième essai nucléaire. Les nouvelles sanctions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations Unies suite à cet essai font aujourd’hui de la RPDC le pays soumis au régime de sanctions internationales le plus sévère au monde. Dans le même temps, les troupes américaines et sud-coréennes se sont engagées à partir du 1er mars 2013, dans des exercices militaires conjoints de grande envergure, accroissant la pression sur la Corée du Nord.

Il y a aujourd’hui urgence à faire entendre la voix de la paix et du dialogue, en créant les conditions d’un véritable système de sécurité collective en Asie du Nord-Est, une des régions les plus militarisées du monde.

Ainsi, des spécialistes et des juristes sud-coréens ont rédigé en 2008 un projet de ce que pourrait être un véritable Traité de paix en Corée. Il s’agit d’une démarche concrète proposant des objectifs atteignables, pour peu que les parties aient la volonté sincère de parvenir à la paix.

Ce Traité est divisé en 8 chapitres et 38 articles.

Le chapitre 1 définit les droits fondamentaux du peuple coréen : indépendance, souveraineté, intégrité territoriale et réunification.

Le chapitre 2 prévoit la fin de la guerre, la dissolution du Commandement des Nations Unies et le retrait des forces militaires étrangères.

Le chapitre 3 concerne la normalisation des relations entre la République populaire démocratique de Corée et les États-Unis.

Le chapitre 4 traite des relations de non-agression entre la Corée du Sud et la Corée du Nord jusqu’à la réunification, instaurant des limites et des zones terrestres, maritimes et aériennes qui constitueront des limites et zones de non-agression provisoires. Le retrait des forces et des bases militaires étrangères de la péninsule et l’évacuation des bases militaires étrangères sont décrétés, afin que la Corée puisse parvenir pacifiquement à sa réunification sans aucune ingérence extérieure par la voie d’un accord mutuel.

Le chapitre 5 prévoit l’établissement d’une Zone de paix et des mesures destinées à instaurer la confiance et le désarmement, notamment nucléaire, de la péninsule.

Le chapitre 6 prévoit la constitution de deux commissions : une Commission militaire composée des représentants du Sud et du Nord de la Corée, des États-Unis et de la Chine et une commission conjointe Sud-Nord composée des représentants du Sud-Nord pour l’application du Traité de paix. La Commission militaire mixte quadripartite et la Commission conjointe Sud-Nord pour le contrôle de la paix travailleront selon les principes de la concertation et du consensus.

En cas d’avis divergents, il en sera référé à une Équipe internationale de surveillance de la paix, constituée de la Suisse, de l’Inde, de la Malaisie, de la Suède et du Brésil, qui effectuera les médiations utiles (chapitre 7).

Enfin, le chapitre 8 comprend des dispositions diverses concernant l’entrée en vigueur du présent Traité, celui-ci étant valable jusqu’à la réunification complète de la Corée. Le Traité sera signé par les représentants des deux Corée, de la Chine et des États-Unis.

Ce projet de Traité n’est pas une vue de l’esprit, il est un impératif d’une brulante actualité.

S’il était signé, si les États-Unis renonçaient à mener une politique hostile à la RPDC, si des relations diplomatiques normales s’instauraient entre la Corée du Nord et les États-Unis d’une part, et entre la Corée du Nord et la Corée du Sud d’autre part, la réunification de la Corée irait de l’avant et la paix et la sécurité seraient mieux garanties en Asie et dans le monde. Nous avancerions vers le désarmement atomique.

La France, protagoniste de la Guerre de Corée, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, n’est certes pas directement concernée par un tel Traité. Toutefois, elle exprime le souhait que les pourparlers à six reprennent.

Alors que les tensions ne font que s’accroître dans la péninsule coréenne, l’adoption, par la Représentation nationale, de la présente proposition de résolution serait à même d’adresser un message fort de paix, de confiance et de sérénité aux différentes parties.

Alain expliquait que « le bonheur n’est pas le fruit de la paix, le bonheur c’est la paix même ». Il est urgent de se saisir de la question coréenne et de tout faire et tout tenter pour enfin instaurer cette paix dans la péninsule.

 

Sur le site Internet de l'Assemblée nationale : texte complet de la proposition de résolution n°1014 présentée le 2 mai 2013 par M. Jean-Jacques Candelier

 

 

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 23:07

Si la crise récente dans la péninsule coréenne a donné lieu à une présentation factuelle par les médias qui a, par trop souvent, largement occulté les responsabilités américaines, comme le dénonce une pétition soutenue par l'AAFC, plusieurs partis politiques français, ainsi que le Mouvement de la paix, ont critiqué la politique américaine, dont on sait désormais - suite à des révélations publiées dans le Wall Street Journal - qu'elle obéissait à un plan prédéterminé d'escalade des tensions. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) rend compte ci-après de ces prises de position, suivant un ordre chronologique, qui partagent avec l'AAFC plusieurs points de convergence : la nécessité d'un traité de paix dans la Corée, le retour au dialogue et la fin des exercices militaires conjoints entre les Etats-Unis et la République de Corée (du Sud). 

Dans un communiqué publié le 4 avril 2013, intitulé « Briser l'escalade des tensions et des provocations », le Parti communiste français (PCF) a déclaré :

« Il faut sortir de l'engrenage des provocations, des déclarations guerrières, des grandes manœuvres militaires, des sanctions, de la militarisation qui, en fait, apporte à Washington les prétextes nécessaires au maintien de 25 000 soldats américains en Corée du Sud, de plusieurs bases militaires stratégiques dans cette grande région asiatique, et de justifier sa volonté de renforcement de sa présence militaire. [...] Il est possible résoudre la question des relations inter-coréennes et de la sécurité commune par la nécessité d'un Traité de paix fondé sur la garantie des souverainetés, sur le retrait des bases étrangères, sur le respect mutuel et des mécanismes de confiance. C'est dans ce contexte que la question des droits de l'homme peut être positivement abordée. »

Toujours selon le PCF, des responsabilités incombent à la France et à l'Union européenne pour une sortie de crise négociée :

« On attend de la France et de l'Union européenne qu'elles contribuent, dans l'esprit de la Charte des Nations Unies, à briser l'escalade des menaces et empêcher tout recours à la force, par un engagement clair de concertation multilatérale et de règlement politique à la hauteur des problèmes légués par des dizaines d'années de confrontation stratégique régionale. »

Dans un communiqué en date du 10 avril 2013, l'Union des révolutionnaires communistes de France (URCF) souligne :

« Depuis plusieurs semaines, on assiste à une grave et dangereuse dégradation de la situation dans la péninsule coréenne. Une fois de plus le gouvernement français et l’appareil médiatique sont aux premières loges pour appeler à la guerre contre la République populaire et démocratique de Corée. Alors que tout au long de l’année 2012, les dirigeants de la RPDC ont multiplié les gestes de paix, les Etats-Unis et leurs alliés ont créé un climat de tension et de provocation. [...] L’URCF exprime sa condamnation de la politique belliqueuse et revancharde des Etats-Unis contre la RPDC. Elle condamne les manœuvres américano-sud-coréennes et demande leur arrêt immédiat, préalable à toutes négociations. Elle soutient la demande de la signature d’un traité de paix entre la Corée du nord et les USA que refusent ces derniers. Les troupes étrangères doivent évacuer la Corée du sud, permettant l’ouverture de négociations entre les deux États coréens, sans ingérence étrangère, et pour parvenir à la réunification. L’URCF appelle les travailleurs, les démocrates, à rejeter les calomnies contre la RPDC, et à rejeter la propagande de guerre. Elle exige que le gouvernement français reconnaisse diplomatiquement la RPDC, comme l’ont d’ailleurs déjà fait ses alliés. »

Le 17 avril 2013, le Mouvement de la Paix a publié un communiqué intitulé « La Corée du Nord et l'arme nucléaire. La solution : aller vers l'élimination totale de toutes les armes nucléaires », où il déclare notamment :

« Il y a urgence désormais à faire entendre la voix de la sagesse afin que les Etats acteurs ou voisins de la zone concernée (Etats-Unis, Corée du Nord, Corée du Sud, Chine, Russie et Japon) rejoignent la table des négociations sous l’égide de l’ONU pour éviter toute déflagration. Il est urgent que le monde se débarrasse très rapidement de son arsenal nucléaire. »

Le Mouvement de la Paix appelle à signer une pétition en ligne, qui affirme :

« La crise actuelle  dans la péninsule coréenne nécessite une action immédiate en vue de désamorcer les tensions. Les manoeuvres militaires qui ont lieu en Corée du Sud doivent être arrêtées et aucun test de missiles ou d’arme nucléaire ne doit avoir lieu dans les pays impliqués dans ce conflit. Nous appelons donc les six pays qui ont été parties à des négociations dans le passé à retourner immédiatement à la table des négociations pour discuter les termes d’un traité de paix. »

Dans son édition du 19 avril 2013 (p. 9), l'hebdomadaire Lutte ouvrière, de l'organisation d'Arlette Laguiller, reproduit et traduit un article de leurs homologues trotskystes américains du bimensuel The Spark, paru le 15 avril 2013, et intitulé « Corée du Nord. L'agresseur, ce sont les Etats-Unis ! ». L'article observe notamment :

« En octobre dernier, les Etats-Unis ont accordé à la Corée du Sud une dispense à un traité international sur le contrôle des missiles, afin de lui permettre d'augmenter la portée de ses missiles balistiques et lui permettre de couvrir la totalité du territoire nord-coréen. En même temps, les Etats-Unis et la Corée du Sud se sont mis d'accord sur un plan qui prévoit des opérations conjointes contre la Corée du Nord, pour riposter par des moyens disproportionnés à tout ce qu'ils considéreront comme une "provocation". Le plan inclut des attaques préventives contre les sites de missiles de la Corée du Nord, en d'autres termes, un chèque en blanc à une attaque. [...] Comme ils l'ont fait pour l'Afghanistan et l'Irak, les Etats-Unis sont en train de renforcer leur présence militaire en Asie. Leur objectif est de sécuriser leurs intérêts économiques et les profits de leurs grandes entreprises dans cette région. Depuis la Seconde Guerre mondiale, leur priorité économique a été le contrôle de l'Asie. Les Etats-Unis sont en train d'envoyer à la Corée du Nord un message selon lequel ils n'accepteront aucune tentative indépendante dans cette région, et cette pression sur la Corée du Nord est aussi une pression sur la Chine, afin qu'elle se montre coopérante. Les Etats-Unis et les médias à leur solde ont dépeint Kim Jong-un comme un fou brutal. Mais, quand il est question de force brutale, personne n'arrive à la cheville de la classe dirigeante américaine et de son armée. »

A l'occasion de la première conférence internationale du Pôle de renaissance communiste en France (PRCF), les 4 et 5 mai 2013, à laquelle l'Association d'amitié franco-coréenne était invitée et où elle a fait signer la pétition pour un traité de paix en Corée, Georges Gastaud, secrétaire national, a déclaré dans son rapport introductif :

« S’agissant encore des forces de résistance, comment ne pas évoquer aussi la RPDC ? Les traditions culturelles et politiques françaises et coréennes sont aux antipodes et avouons-le, nous sommes quelquefois surpris par le fonctionnement de l’Etat socialiste coréen. Mais faut-il pour autant oublier que l’Etat de Corée du Sud est fascisant sans que cela gêne personne à l’Ouest, que c’est la Corée du nord qui propose la réunification pacifique de la péninsule et que ce sont les USA, qui entretiennent une armada nucléarisée à deux pas de la Chine. Non, ce ne sont pas les éventuels défauts du régime de Pyongyang qui gênent Washington – lequel torture à ciel ouvert à Guantanamo – ! En réalité, ce qui est reproché à Pyongyang, c’est de vouloir maintenir l’unité du socialisme et de l’indépendance nationale sur la ligne qui fut celle du fondateur du Parti coréen du Travail.  Alors, quand un pays se réclamant du socialisme ose introduire un épieu dans la gueule du caïman qui veut tous nous avaler, faisons tous feu ensemble sur le crocodile au lieu de nous demander si le bâton est décoré aux couleurs chatoyantes qui nous plairaient davantage ! »

La plupart des autres formations politiques ont été discrètes sur l'escalade des tensions dans la péninsule coréenne. Par exemple, l'Union pour un mouvement populaire (UMP), le Mouvement démocrate (Modem) et le Parti de gauche (PG) n'ont publié aucun communiqué. Un bref communiqué de Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du Parti socialiste (PS) à l'Europe et à l'international, en date du 1er avril 2013, a réussi le tour de force de condamner les déclarations de la RPDC tout en évitant la moindre mention des Etats-Unis ou de leurs manoeuvres militaires alors en cours - mais sans s'immiscer dans les affaires intérieures de la RPDC, en évitant ainsi tout jugement sur sa politique intérieure. Si Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a d'abord dénoncé les armes nucléaires tout en étant la seule formation politique à critiquer le régime et les institutions de la RPD de Corée lors de la crise, on relève toutefois, dans le communiqué publié le 16 avril 2013 de Jean-Philippe Magnen et Elise Lowy, une mise en cause du statut de puissance nucléaire des Etats-Unis : « La menace nucléaire d’un grand pays comme les Etats-Unis ne sert à rien en retour pour obtenir quoi que ce soit d’un petit pays comme la Corée du Nord ou en général d’un adversaire déterminé. »

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