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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 22:46

Le 19 décembre 2015, une nouvelle manifestation à Séoul a rassemblé des milliers de participants - à l'appel notamment du syndicat KCTU, dont l'arrestation du président Han Sang-gyun, à la veille de cette nouvelle journée d'action, pour le grief de "sédition" (inusité depuis  1986, à l'époque du régime militaire à Séoul) témoigne d'un nouveau tour de vis dans la répression antisyndicale en cours à Séoul. Plus que jamais, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) est solidaire des militants qui luttent pour la démocratie politique et syndicale en Corée du Sud.

Nouveau rassemblement pro-démocratie à Séoul, pour faire entendre la voix de la liberté et de la justice

Si les motifs des précédentes manifestations n'avaient pas suffi - refus de l'imprimatur gouvernemental sur les futurs livres scolaires d'histoire, condamnation de la répression antisyndicale - l'arrestation pour "sédition" du président de la Confédération coréenne des syndicats (acronyme anglais, KCTU) Han Sang-gyun aurait suffi à galvaniser les participants pour la troisième journée d'action depuis celle du 14 novembre 2015, qui avait réuni un nombre record de manifestants - ce qui avait entraîné un raid policier sans précédent dans les locaux de la KCTU. Visiblement, après le Parti progressiste unifié banni il y a un an, la très autoritaire Park Geun-hye semble décidée à interdire à présent la KCTU.

A l'annonce de l'arrestation de son principal dirigeant, la KCTU a d'ailleurs publié, le 18 décembre 2015, un communiqué où elle a dénoncé les manoeuvres en cours visant in fine à l'interdire :

 

La police essaie de présenter toute la KCTU comme une organisation violente et illégale, afin retirer comme des voleurs les fondements de notre existence légale.

Par dérision, les organisateurs ont appelé la manifestation du 19 décembre "fête de la sédition" - un délit passible de dix ans de prison. Ils ont également déclarer espérer le prompt rétablissement de Baek Nam-gi, leader paysan toujours entre la vie et la mort après les affrontements lors de la manifestation du 14 novembre : si des échauffourées ont bien eu lieu, le sort de Baek nam-gi suffit à rappeler qui disposait de la capacité de tuer, entre les forces de l'ordre et les manifestants.

Plus sensibles que leurs confrères européens à l'évolution de la situation politique en Corée du Sud, les journalistes américains s'alarment de la dérive autoritaire en cours au Sud de la Corée, en rappelant que Park Geun-hye est la fille du général Park Chung-hee dont le régime avait assassiné des milliers d'opposants.

Soulignant que les conservateurs au pouvoir à Séoul n'aiment pas les divergences d'opinion ("distate for dissent"), l'agence Associated Press souligne que la répression antisyndicale s'inscrit dans le cadre plus général d'un recul de la liberté d'opinion :

Des poursuites ont été engagées ces derniers mois, pour crime de diffamation, à l'encontre de journalistes et de militants qui ont publiquement critiqué Park [Geun-hye].

De fait, au milieu des tambours et des cornes de brume, les participants ont appelé une nouvelle fois, le 19 décembre, à la démission de la chef de l'Etat.

Alors que les élections législatives se tiendront en Corée du Sud au printemps prochain, la volonté de faire taire l'opposition la plus déterminée témoigne de la volonté des autorités sud-coréennes de tout faire pour conserver un pouvoir gagné, en 2012, sur fond de manipulation de l'opinion, sinon des votes.

Sources :

Lire également, sur le blog de l'AAFC :

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