A l'occasion de la visite de la Présidente Park Geun-hye en France, les Sud-Coréens ont manifesté à deux reprises, samedi 2 novembre 2013 place du Trocadéro (photos) et le lendemain devant le Palais Royal. Ayant réuni au total près de 200 personnes, Coréens mais aussi Français, les manifestants ont dénoncé les conditions frauduleuses de l'élection de Mme Park Geun-hye en décembre 2012, en demandant l'invalidation du scrutin et une enquête indépendante sur l'ingérence des services de renseignement (NIS) dans le processus électoral.
C'est un collectif de citoyens sud-coréens vivant en France, profondément préoccupés par les atteintes à l'état de droit qui font peser de graves menaces sur la démocratie, qui a appelé pendant deux jours à manifester contre la visite de Mme Park Geun-hye en France.
Depuis des mois, les révélations se succèdent sur l'ingérence de l'appareil de sécurité dans l'élection présidentielle de décembre 2012 qui a vu l'élection de la candidate conservatrice (Parti Saenuri) Mme Park Geun-hye. Dans le pays le plus connecté à Internet au monde, plus de 70 agents des services de renseignement sont accusés d'avoir fait campagne pour la chef d'Etat élue en postant des messages sur Internet hostiles à ses adversaires démocrates. Ces pratiques ont été révélées par l'ouverture d'une enquête judiciaire en avril 2013. Pour discréditer le procureur Chae Dong-wook, les services de renseignement sud-coréens (NIS) ont utilisé leur relais de presse habituel - le très conservateur Chosun Ilbo, déjà impliqué dans d'autres campagnes de désinformation - pour lancer à son encontre une campagne de calomnie sur sa vie privée, qui a conduit à l'engagement d'une enquête administrative et à la démission d'un procureur réputé pour son indépendance et son intégrité.
Une enquête parlementaire sur le NIS - que ce dernier cherche à entraver - a révélé, en octobre dernier, qu'un autre procureur, Yoon Suk-yol, avait été relevé de ses fonctions après avoir cherché à interroger des agents du NIS, révélant une implication au plus haut niveau de l'Etat pour faire obstacle à la manifestation de la vérité.
Depuis, les Coréens manifestent par dizaines de milliers, jusqu'en France, où les manifestations aux chandelles de ce week-end se sont inscrites dans une tradition instaurée en 2002 sur le sol de la péninsule coréenne. Outre le collectif d'organisateurs regroupés autour du blog Paris Copain, Mme Kim Jinhee, représentante du Parti progressiste unifié à Paris, et des personnalités coréennes en France ont pris la parole. Les demandes sont multiples : invalidation du scrutin, fin de l'ingérence du pouvoir dans les enquêtes en cours sur le NIS, réforme d'une administration du renseignement tentaculaire au coeur des coups portés à la démocratie sud-coréenne ces cinq dernières années, marqués par les arrestations arbitraires d'opposants et de syndicalistes et les mises au pas de médias indépendants. En outre, Mme Park Geun-hye a remis en place les hommes de son père, le général Park Chung-hee, parvenu au pouvoir par un coup d'Etat militaire en 1961 et ayant instauré le régime le plus autoritaire qu'ait connu la Corée du Sud, de 1972 à son assassinat en 1979.
Quand la Corée du Sud était dirigée par une junte militaire, le Gouvernement français faisait bien trop souvent preuve d'un silence coupable - seule l'alternance politique, en 1981, avait conduit un temps à une certaine remise en cause, bien vite oubliée sous les promesses de contrats sonnants et trébuchants. Fidèle soutien aux démocrates sud-coréens dans les heures les plus difficiles du combat pour un Etat de droit en Corée du Sud, l'Association d'amitié franco-coréenne exhorte le Gouvernement français à ne pas jeter un voile pudique sur les régressions démocratiques en cours au Sud de la péninsule. Les Sud-Coréens qui ont aujourd'hui le courage de défendre la démocratie ne doivent être les laissés pour compte des accords économique avec la prospère Corée du Sud.
Plus d'informations sur le blog Paris Copain
Photos Alain Noguès
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