Planète Paix, mensuel du Mouvement de la paix, a consacré le dossier de son numéro 626 (novembre 2017) à la question coréenne, sous le titre "Corées : éviter l'engrenage". Dans un article faisant le point sur l'historique des armes nucléaires en Corée, Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a également rappelé la nécessité de relancer le dialogue multilatéral en engageant sans délai un "double moratoire" (de ses essais balistiques et nucléaires par la République démocratique de Corée, de leurs manoeuvres militaires par les Etats-Unis et leurs alliés) en vue, à terme, de parvenir à la conclusion d'un traité de paix, en lieu et place de l'accord d'armistice du 27 juillet 1953. L'AAFC lance un appel à l'ensemble des organisations et militants pacifistes pour refuser l'escalade vers un conflit dévastateur entre puissances nucléaires en Asie du Nord-Est.
Dans Planète Paix, nous avons rappelé que les Coréens, nombreux à Hiroshima et à Nagasaki en 1945, avaient été le deuxième peuple de l'histoire le plus touché (après les Japonais) par la seule utilisation à ce jour de l'arme nucléaire, et que les forces armées américaines, tout en détruisant méthodiquement la Corée du Nord pendant la guerre de Corée (1950-1953) en recourant à un usage massif du napalm, avaient alors menacé d'utiliser à nouveau l'arme nucléaire. Aujourd'hui, des voix s'élèvent dans les milieux néoconservateurs, à Washington, à Séoul et à Tokyo, pour suggérer la réintroduction d'armes nucléaires américaines en Corée du Sud, voire pour que la Corée du Sud devienne elle-même une puissance nucléaire américaine - mais cette dernière perspective a été rejetée par le président de la République de Corée (Corée du Sud), le démocrate Moon Jae-in.
Face aux menaces de "destruction totale" de leur pays par l'administration américaine, les Nord-Coréens ont développé l'arme nucléaire dans une logique de dissuasion (du faible au fort) comme, avant eux auparavant, les Français sous la présidence du Général de Gaulle.
Opposés par principe aux armes nucléaires (la République populaire démocratique de Corée a été le seul Etat doté de l'arme nucléaire à voter, en octobre 2016, la résolution L. 41 du premier comité de l'Assemblée générale des Nation unies en vue de l'élimination complète des armes nucléaires), les Nord-Coréens jugent cependant que les conditions ne sont aujourd'hui pas réunies pour un désarmement unilatéral, quand l'administration Trump envisage une guerre totale. C'est pourquoi, plus que jamais, nous estimons, de concert avec les responsables de la Campagne internationale pour l'élimination des armes nucléaires (ICAN, Prix Nobel de la paix 2017), qu'il est plus que jamais nécessaire de retrouver la voie du dialogue multilatérale en Corée. Il s'agirait d'avancer vers la conclusion d'un traité de paix dans la péninsule coréenne et l'établissement de mécanismes de sécurité collective qui apportent de réelles garanties de non-agression à la Corée du Nord.
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