Le nom de Ssangyong Motor est profondément attaché aux luttes ouvrières en Corée du Sud : de mai à août 2009, l'usine de Pyeongtaek du groupe a été le théâtre de l'une des principales luttes de l'histoire sociale récente du pays, en butte à la précarisation accrue de l'emploi, pour protester contre le licenciement et demander la réintégration de 2.646 salariés en partie remplacés par des travailleurs précaires.
La confrontation avec la police a été très violente. La situation désespérée des travailleurs a conduit à la mort d'au moins vingt-deux militants selon la KCTU : onze se sont suicidés, onze autres sont décédés de maladies cardiaques ou provoquées par le stress engendré par la précarité de leurs conditions de vie et la répression policière et judiciaire. En Corée du Sud, il est classique que les entreprises engagent des poursuites judiciaires contre les syndicalistes en demandant d'eux des sommes très élevées - qu'ils sont incapables de payer - au titre de la réparation du préjudice qu'elles disent avoir subi.
Les militants coréens ont décidé d'installer des tentes, notamment à Daehanmun, à Séoul, pour honorer leurs camarades de Ssangyong Motor qui sont morts et poursuivre leur combat, qui a valeur d'exemple : l'entreprise, la police et les tribunaux se sont opposés à ces démonstrations. Des tentes ont été brûlées, d'autres attaquées (cf. vidéo ci-dessous, source). Des militants ont été arrêtés.
Parmi eux, Kim Jeong-woo était le responsable pour Ssangyong Motor du syndicats des métallurgistes coréens, affilié à la KCTU. Il a été condamné à dix mois pour obstruction à la justice, après s'être opposé à la destruction par la police d'un mémorial mis en place près du palais Deoksu à la mémoire des travailleurs de Ssangyong Motor.
Le 17 mars, Amnesty International a lancé une action internationale, relevant de la catégorie de ses "actions urgentes", relayée par les plus de 150 organisations nationales qui sont affiliées à l'ONG, appelant à la libération de Kim Jeong-woo. Amnesty International souligne que la peine de prison ferme qui a été prononcée contre le dirigeant syndical s'inscrivait dans une "répression continue des syndicalistes en Corée du Sud". En outre, la peine contre Kim Jeong-woo risque d'être alourdie en appel.
Amnesty International dénonce également comme un outil de répression anti-ouvrière le montant des indemnités exigées à titre de compensation contre les syndicalistes (en mai 2013, les sommes exigées contre les syndicats affiliés à la KCTU s'élevaient à 122 millions de dollars), ce qui entraîne la saisie de leurs biens personnels.
Il s'agit de la première action urgente engagée par Amnesty International à propos de la Corée du Sud depuis 2011, traduisant une inquiétude grandissante sur la situation des droits de l'homme et des droits des travailleurs.A l'occasion du premier anniversaire de son entrée en fonctions, en février dernier, Mme Park Geun-hye avait reçu un courrier d'Amnesty International dans laquelle l'organisation internationale faisait part de ses préoccupations quant à la dégradation des droits de l'homme au Sud de la péninsule, en dénonçant également l'interdiction du principal syndicat enseignant et l'application arbitraire de la loi de sécurité nationale.
L'AAFC soutient totalement le combat pour la libération de Kim Jeong-woo, qui a valeur de symbole pour la liberté et les droits des travailleurs en Corée du Sud. Nous appelons également à mettre fin à toutes les sanctions pécuniaires (y compris sous forme de compensation des pertes subies par les entreprises) contre les syndicalistes sud-coréens, et plus généralement à garantir l'exercice plein et entier des libertés syndicales et du droit de grève.
Sources : AAFC, Hankyoreh, Youtube.
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